Le Marxiste-Léniniste

Numéro 190 - 16 décembre 2010

Criminalisation de la dissidence lors du G20

Les autorités doivent être tenues responsables!


1er juillet 2010 à Montréal lors de la manifestation contre la violence du G20 à Toronto.

Criminalisation de la dissidence lors du G20
Les autorités doivent être tenues responsables!

Au parlement
Le Canada abandonne sa souveraineté et le droit à la vie privée au programme de «sécurité aérienne» des États-Unis - Dana Gabriel
À titre d'information: Loi sur le renforcement de la sûreté aérienne

Listes noires et certificats de sécurité
Journée d'action en solidarité avec Abousfian Abdelrazik et contre la liste noire de l'ONU
Abolissez les certificats de sécurité! Justice pour Mohamed Harkat!

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Criminalisation de la dissidence lors du G20

Les autorités doivent être tenues responsables!

L'Ombudsman de l'Ontario a rendu un rapport accablant sur l'utilisation, par simple décret ministériel, d'une loi des mesures de guerre par le gouvernement de la province l'été dernier pour réprimer la dissidence politique lors du Sommet du G20 à Toronto. Le rapport établit que les autorités policières et les responsables du gouvernement provincial ont sciemment et impunément agi en violation de l'État de droit, de la démocratie et des droits des citoyens. Tout aussi accablant, sinon plus, est le fait que même après avoir été pris à enfreindre la loi, ces personnes et agences ne sont pas tenues responsables de leurs actes.

Cela est inacceptable. Que faut-il faire ? Des lois draconiennes adoptées prétendument pour combattre le terrorisme sont utilisées contre les citoyens sous prétexte de recherche d'un équilibre entre les droits et libertés et la sécurité publique. Comment se fait-il que la conspiration à laquelle ont participé des représentants du gouvernement, des corps policiers et de différentes agences publiques pour enfreindre la loi, suspendre les droits individuels et collectifs et déclencher une vague de violence et de terrorisme – qui se poursuit toujours avec des poursuites non fondées pour « conspiration » contre des manifestants – n'est pas punie par la loi ?

Soyez assurés que ce n'est pas le mandat qui a été donné à André Marin, l'Ombudsman de l'Ontario. On lui a tout simplement demandé d'enquêter et de faire rapport sur le Règlement 233/10, créé aux termes de la Loi sur la protection des ouvrages publics, une loi des mesures de guerre qui date de 1939 et qui donne aux autorités policières des pouvoirs extraordinaires de fouilles, arrestations et détentions. Le règlement « a été débattu et voté lors d'une réunion spéciale de cinq membres du cabinet provincial » le 2 juin et « le lendemain il a été signé par le gouverneur général ».

L'Ombudsman conclut que le règlement était illégal et que les pouvoirs donnés à la police n'existent pas dans la loi sur les ouvrages publics parce qu'ils ont été utilisés non pas pour protéger des endroits publics mais pour réprimer la dissidence publique. Autrement dit, le cabinet du gouvernement ontarien a illégitimement invoqué la loi, par décret gouvernemental, pour attaquer le droit à la dissidence et instituer des pouvoirs extraordinaires de détentions, de fouilles et d'arrestations.

L'enquête a également révélé que les représentants du gouvernement, comme les autorités policières, savaient que cette utilisation de la loi sur les travaux publics était illégale et inconstitutionnelle. Ils ont mis beaucoup de peine à cacher leur activité au public. C'est aussi pourquoi tout le monde, depuis le ministre fédéral de la Sécurité publique jusqu'au ministre responsable de la GRC, qui commandait le Groupe de sécurité intégré pour le G8 et le G20, en passant par la Police provinciale de l'Ontario, jurent qu'ils ne savaient rien et qu'ils ont appris l'existence du Règlement 233/10 en écoutant les nouvelles. Pour leur part, les ministres du gouvernement ontarien et leurs attachés de presse nient tout, même devant la preuve irréfutable. Le cabinet du gouvernement ontarien avait mis au point dès le 31 mai une « stratégie d'atténuation des impacts » qui consistait à ne rien divulguer et, si pris sur le fait, à « demeurer discret et réactif ». Les dénégations d'aujourd'hui sont l'application de cette stratégie !

Le rapport de l'Ombudsman ne clôt pas le débat sur les événements entourant le G20 à Toronto. Bien au contraire. D'abord, il y a le fait que les cinq ministres et le chef de police de Toronto ne sont pas tenus responsables de leurs activités. Puis il y a le fait que le Groupe de sécurité intégré, constitué de la GRC, de la Police provinciale et des Forces armées canadiennes (représentées par le commandement canadien, comprenant le US Northern Command), est disculpé tout simplement parce que ses porte-paroles affirment n'avoir pas été au courant du Règlement 233/10 et n'être pas responsables de la violence des policiers contre les manifestants et les piétons à Toronto. Ils disent que tout se résume à une « erreur de communication » avec la Police de Toronto. Une enquête publique sur les agissements du groupe intégré, sa composition et son rôle dans la violence contre la population est nécessaire si l'on veut connaître l'ampleur réelle de l'implication des gouvernements et des forces de sécurité du Canada et des États-Unis. Mais surtout, si le but de l'enquête publique n'est pas de tenir les autorités responsables et d'exiger réparation, alors la rupture de l'État de droit continue.

La vérité n'a pas encore été dite au complet. Justice n'a pas été faite. Même si les recommandations de l'Ombudsman sont appliquées concernant l'examen de la loi sur les travaux publics et l'établissement « d'une communication adéquate » lors de décret de règlement à l'avenir, cela ne change pas ce qui s'est passé. Il est clair que pas un seul ministre impliqué au niveau fédéral ou provincial, ni aucun des responsables au niveau de la police, de l'armée et des services de sécurité impliqués n'a pris position quand il le fallait, pour défendre les principes démocratiques, la primauté du droit et les droits individuels et collectifs des citoyens !

Le renouveau politique qui investit le peuple du pouvoir souverain et qui garantit les droits de tous est clairement à l'ordre du jour. Le Marxiste-Léniniste lance l'appel à tous d'appuyer les manifestants et simples citoyens qui sont poursuivis et d'exiger que les gouvernements, les agences policières et les tribunaux mettent un terme à la mascarade et à l'impunité.

Le Règlement du G20 était d'une « légalité douteuse » :
Les citoyens se sont injustement retrouvés pris au piège par l'expansion secrète des pouvoirs policiers

- Communiqué de presse de l'Ombudsman de l'Ontario, le 7 décembre 2010) -

Le ministère de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels a discrètement promu le recours à un règlement probablement illégal pour accorder des pouvoirs « extravagants » à la police à la veille du sommet du G20. C'est ce qu'a déclaré l'Ombudsman de l'Ontario, André Marin, dans son tout dernier rapport publié aujourd'hui.

La mesure controversée – le Règlement 233/10, adopté en vertu de la Loi sur la protection des ouvrages publics (LPOP), vieille de 71 ans – « était d'une légalité douteuse et tout à fait inutile ». Elle a entraîné une violation massive des droits civils, a dit M. Marin dans son rapport intitulé Pris au piège de la Loi. Le Service de police de Toronto, qui avait demandé ce Règlement car il devait assurer le maintien de l'ordre aux abords du périmètre de sécurité du G20, au centre-ville de Toronto, a aggravé la situation par ses erreurs de communication sur la portée des pouvoirs exceptionnels conférés par cette réglementation, a ajouté M. Marin.

L'Ombudsman a constaté que le ministère, qui avait décidé de ne pas publiciser cette nouvelle mesure de loi, « a été pris au dépourvu » quand la Police de Toronto a mal compris la portée du Règlement et a invoqué la LPOP pour interpeller et détenir des gens qui se trouvaient tout simplement aux abords de la clôture de sécurité. Durant toute la fin de semaine du sommet du G20, la police a exercé ses pouvoirs en vertu de la Loi bien au-delà des limites du périmètre de sécurité, même après rectification de l'erreur d'interprétation.

Appliquer la LPOP – une « mesure de guerre » qui accorde « des pouvoirs policiers extravagants » pour arrêter et fouiller les gens au nom de la protection des ouvrages publics – était « opportuniste et inapproprié » dans ce contexte, a dit M. Marin. « En 2010, la province de l'Ontario a conféré aux policiers, en temps de paix, des pouvoirs faits pour les temps de guerre. Cette décision n'aurait certes pas dû être prise à la légère, ni entourée de secret, surtout pas maintenant que nous avons la Charte canadienne des droits et libertés. »

À l'approche de la fin de semaine du G20, personne n'était au courant de ce Règlement – ni le public, ni la presse, ni les administrateurs municipaux et ni même les principaux dirigeants du Groupe intégré de la sécurité (GIS) responsable de gérer et de coordonner la sécurité du sommet, a conclu l'enquête de l'Ombudsman.

Pire encore, la décision ministérielle de ne pas publiciser ce Règlement a tendu une embuscade aux citoyens qui avaient pris la peine de s'informer de leurs droits et qui se sont retrouvés « pris au piège invisible de la Loi », a ajouté M. Marin. « En changeant le contexte juridique sans aucun avertissement, le Règlement 233/10 a fonctionné comme un piège pour ceux qui se sont fiés à leurs droits légaux habituels. »

De plus, le ministère a omis de s'assurer que les policiers étaient adéquatement formés à ce Règlement, ce qui a contribué en partie « au chaos et à la confusion » qui ont régné dans les rues de la ville durant le sommet, a dit M. Marin. « Le ministère a tout simplement donné au Service de police de Toronto des pouvoirs démesurés, sans faire le moindre effort pour s'assurer que ces pouvoirs ne seraient pas mal interprétés. »

Les simples citoyens ont été stupéfaits de découvrir que la police était en droit d'interpeller et de fouiller les gens même quand ils ne cherchaient pas à franchir la clôture de sécurité ou quand ils préféraient quitter les lieux après avoir refusé de montrer des papiers d'identité, a souligné M. Marin. « À l'exception d'initiés au gouvernement de l'Ontario, seuls les membres du Service de police de Toronto savaient que les règles du jeu avaient changé et qu'ils avaient maintenant en main les cartes 'Allez directement en prison'. »

L'enquête de l'Ombudsman a été menée par l'Équipe d'intervention spéciale de l'Ombudsman (EISO). Cette équipe a effectué 49 entrevues avec de hauts dirigeants gouvernementaux et de nombreux intéressés, dont plusieurs des 167 plaignants qui ont présenté leur cas. L'équipe a aussi analysé des centaines de pages de documents et de courriels gouvernementaux internes. Et pour la toute première fois, elle s'est penchée sur une profusion de preuves obtenues grâce aux médias sociaux comme YouTube, Twitter et Facebook.

M. Marin a recommandé que la Loi sur la protection des ouvrages publics soit réexaminée ou remplacée et que le ministère considère si certains des vastes pouvoirs policiers conférés par elle devraient être inclus dans la toute nouvelle version – et plus précisément que le ministère détermine s'il est approprié d'accorder à la police le droit d'arrêter des personnes à qui l'accès aux zones de sécurité a déjà été refusé. M. Marin a aussi déclaré que le ministère devrait élaborer un protocole demandant la tenue de campagnes d'information publique chaque fois que les pouvoirs policiers sont modifiés par des mesures législatives subordonnées.

Le ministère a accepté toutes les recommandations et s'est engagé à informer l'Ombudsman des progrès accomplis par lui dans leur mise en oeuvre. La réponse du ministre, incluse dans ce rapport, indique que la promulgation de la Loi aurait pu être mieux gérée et qu'à l'avenir le ministère veillera à mieux s'assurer que le public est informé.

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Au parlement

Le Canada abandonne sa souveraineté et
le droit à la vie privée au programme
de «sécurité aérienne» des États-Unis

Les représentants des États-Unis exercent des pressions sur le Canada pour qu'il se conforme aux règles de sécurité des États-Unis, qui dans certains cas portent atteinte à sa souveraineté et à la vie privée de ses citoyens. En conséquence de la lutte au terrorisme, le gouvernement américain a maintenant plus de pouvoir pour restreindre le transport aérien et il impose sa volonté non seulement à l'Amérique du Nord, mais à toute la sécurité internationale.

Le projet de loi C-42, Loi amendant la loi sur l'aéronautique, exigera des transporteurs canadiens survolant au-dessus des États-Unis qu'ils fournissent des renseignements sur leurs passagers au département de la sécurité intérieure (DHS) des États-Unis. Cela comprend le nom, la date de naissance, le sexe et les détails du passeport et de l'itinéraire s'il y a lieu. Les transporteurs qui atterrissent aux États-Unis doivent déjà fournir ces renseignements, mais l'obligation de partager ces renseignements personnels sur les passagers qui ne font que survoler l'espace aérien des États-Unis revient à toute fin pratique à annuler l'effet des lois sur la protection et la vie privée des Canadiens. Le projet de loi C-42 est en réponse au « Security Flight Program » de l'administration de la sécurité du transport (TAS) des États-Unis, qui entre en vigueur à l'échelle internationale au début de l'année prochaine. La plupart des vols commerciaux canadiens en route pour l'Amérique latine, les Caraïbes et l'Europe passent au-dessus des États-Unis, et cela revient à toute fin pratique à donner au DHS le pouvoir de décider qui peut voyager à provenance ou à destination du Canada.

Aux termes du Programme de protection des passagers du Canada, « les compagnies aériennes doivent comparer le nom des passagers aux noms qui figurent dans une liste contrôlée et gérée par Transports Canada avant de délivrer une carte d'embarquement ». Le programme Secure Flight transfère cette autorité des compagnies aériennes au DHS. La TSA se chargera de comparer les renseignements sur les passagers avec noms figurant sur les listes de surveillance du gouvernement fédéral. Selon la documentation publiée en 2008 sur ce programme, « si nécessaire l'analyste de la TSA passera les renseignements par les banques de données classifiées et non classifiées des agences de lutte au terrorisme, de maintien de l'ordre et du renseignement, y compris celles maintenues par le département de la Sécurité intérieure, le département de la Défense, le Centre national du contre-terrorisme et le FBI ». Les inexactitudes des renseignements contenus dans les listes de surveillance des États-Unis étant nombreuses et documentées, il faut prévoir que beaucoup d'autres Canadiens se verront privés du droit de voyager à l'étranger par les airs. On s'inquiète aussi que les renseignements recueillis sur les citoyens canadiens deviendront accessibles à plusieurs agences étasuniennes et serviront à d'autres fins.

La commissaire à la vie privée, Jennifer Stoddart, a récemment témoigné devant le comité parlementaire chargé d'étudier le projet de loi C-42. Elle a signalé que toutes ces mesures soulèvent des préoccupations en matière de protection de la vie privée car « elles ont conduit à la création de bases de données gouvernementales volumineuses, à l'utilisation de listes secrètes de personnes interdites de vol, à un examen plus approfondi des voyageurs et des employés des aéroports ainsi qu'à un plus grand partage de l'information avec les gouvernements étrangers ». Elle a expliqué que le projet de loi C- 42 « permettra plutôt aux autorités américaines ou autres de recueillir des renseignements personnels sur les passagers à destination et en provenance du Canada qui survolent l'espace aérien américain. Cette mesure permettra aussi aux autorités américaines d'interdire à certaines personnes de se rendre au Canada ou d'en revenir à bord d'un aéronef. » Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, insiste pour dire que les États-Unis ne se serviraient des renseignements personnels que pour des fins de sécurité, mais Mme Stoddart admet que « nous comprenons que l'information recueillie peut être communiquée et utilisée à des fins autres que celle de la sûreté aérienne, par exemple pour l'application de la loi et l'immigration ». Le gouvernement canadien a failli à sa responsabilité de protéger la vie privée de ses citoyens et il y a des raisons de croire que les informations recueillies pourraient servir à d'autres fins.

En octobre, le député néo-démocrate Don Davies a averti que le projet de loi C-42 donnerait aux agences de sécurité des États-Unis un accès sans précédent aux renseignements personnels des Canadiens. Il a souligné entre autres que les autorités américaines auraient ainsi accès à un sous-ensemble de données reliées au nom du passager, recueillies lors des réservations auprès des agences de voyage. Cela peut comprendre « notre numéro de carte de crédit, la ou les personnes avec lesquelles nous voyageons, l'hôtel que nous occuperons et d'autres renseignements relatifs au voyage tels les excursions réservées, les voitures louées, et ainsi de suite. De plus, on ferait part de toute condition médicale que le passager pourrait avoir déclarée, de ses préférences alimentaires, de son adresse courriel, de son employeur, de son numéro de téléphone, de ses bagages. » Le député ajoute : « Le projet de loi aurait pour effet de permettre aux Américains de décider quand les Canadiens peuvent quitter le Canada pour se rendre à diverses destinations dans le monde qui n'ont rien à voir avec les États-Unis. Cette mesure législative viole les libertés des Canadiens, notamment la liberté de circulation. » Le projet de loi C-42 est une atteinte à la souveraineté et donne aux États-Unis un pouvoir sans précédent de décider qui peut monter à bord d'un avion survolant leur espace aérien.

En janvier dernier, suite à l'attentat échoué de l'homme qui avait caché des explosifs dans ses sous-vêtements et à la demande des États-Unis, le Canada a installé des scanners corporels dans ses principaux aéroports. Le gouvernement canadien maintient jusqu'à présent qu'il n'instituera pas les fouilles-palpations agressives que pratique la TSA, mais un autre incident pourrait servir d'excuse pour une remise en question. Les nouvelles mesures de sécurité dans les aéroports ne peuvent être qualifiées que d'intrusives et dégradantes et certains remettent aussi en question leur efficacité. Aux États-Unis, il y a eu une levée des boucliers contre les scanners corporels qui exposent le corps au complet, nu, et d'autres méthodes de contrôle intrusives de TSA. Pour empêcher le mécontentement de se répandre au Canada, Transport Canada a commencé à établir des enclos pour le contrôle privé des passagers dans certains aéroports. On donnera ainsi aux passagers l'option de subir une fouille-palpation en privé. Dans un proche avenir, les méthodes de contrôle dans les aéroports pourraient être appliquées à d'autres moyens de transport public. L'institution d'une grille de contrôle de haute technologie permettraient de restreindre, retracer et contrôler davantage nos déplacements.

Bien que le Partenariat pour la sécurité et la prospérité ait été abandonné (du moins formellement), l'harmonisation de certaines de ses grandes priorités dans des domaines comme la sécurité des passagers, du fret et de l'aviation se poursuit avec différentes initiatives. Le Partenariat prévoyait également la fusion des listes d'interdiction de vol en une seule banque de données nord-américaine. Le Canada sera bientôt appelé à adopter une stratégie conjointe de sécurité dominée par les intérêts américains.

* Dana Gabriel est un activiste et chercheur indépendant. Il écrit au sujet du commerce, de la mondialisation, de la souveraineté, de la sécurité et d'autres sujets. L'adresse de son blog est : beyourownleader.blogspot.com

(Traduit de l'anglais par Le Marxiste-Léniniste)

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À titre d'information

Loi sur le renforcement de la sûreté aérienne

Le 17 juin, John Baird, alors ministre des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités, a déposé le projet de loi C-42, Loi modifiant la Loi sur le renforcement de la sûreté aérienne. Selon le Service de l'information du Parlement, le projet de loi « modifie la Loi sur l'aéronautique afin de créer une exception à la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE), pour les utilisateurs d'aéronefs ».

« La LPRPDE est la principale loi fédérale qui régit les droits et les obligations relatifs à la protection des renseignements personnels dans le secteur privé. À ce jour, son application dans le domaine de l'aviation vise surtout la gestion des renseignements personnels des passagers voyageant à bord des aéronefs canadiens. » Il empêche les exploitants d'aéronefs de recueillir ou de communiquer à une tierce partie des informations sur ses passagers sans leur consentement. Actuellement, la Loi sur l'aéronautique exonère les transporteurs aériens de cette restriction lorsque les lois d'un État étranger exigent de fournir des informations sur les passagers à bord d'un vol qui atterrit dans cet État.

Les compagnies aériennes canadiennes sont présentement tenues de fournir aux autorités américaines des informations personnelles sur les passagers durant un vol vers des destinations américaines, mais le projet de loi C-42 va donner aux États-Unis l'accès aux renseignements personnels sur les voyageurs canadiens à bord d'un avion qui survole l'espace aérien américain.

Lors des première et deuxième lectures : « Le projet de loi C-42 modifie l'article concerné afin d'en élargir l'application : il vise non seulement les États étrangers où le vol se pose, mais également tout État survolé. Par conséquent, peu importe si les lois de l'État étranger où atterrira le vol exigent que des renseignements personnels soient communiqués, le projet de loi autorise le transporteur aérien à procéder à la divulgation sans le consentement de l'intéressé (ou sans avoir à respecter les conditions de la LPRPDE auxquelles le transporteur serait normalement assujetti) si les lois d'un État étranger survolé exigent que des renseignements soient communiqués. » (Service d'information, le Parlement du Canada). Cette application élargie s'applique à tous les vols canadiens, qu'il provient ou non du Canada.

Le projet de loi a été adopté le 26 octobre en deuxième lecture à 241 voix pour et 34 contre. Il a été renvoyé au Comité permanent des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités où il a été modifié à nouveau le 7 décembre pour remplacer « ou survoler un État étranger et un territoire à l'extérieur du Canada » par « ou survoler les États-Unis et un territoire à l'extérieur du Canada », limitant ainsi les transporteurs aériens à fournir des renseignements sur les passagers uniquement pour les États-Unis lors du survol, mais pas lors d'atterrissage sur son territoire. Le 8 décembre, le Comité a soumis son rapport au Parlement.

En modifiant la Loi sur l'aéronautique afin d'exempter les transporteurs aériens canadiens des dispositions des lois canadiennes, le projet de loi C-42 permettra au Canada d'assurer la conformité avec le programme de sûreté aérienne du US Homeland Security, qui impose aux compagnies aériennes de fournir des informations personnelles sur les passagers 72 heures avant le départ du vol. Le programme intitulé « Secure Flight » est déjà obligatoire pour les compagnies aériennes des États-Unis, mais le US Homeland Security veut le mettre en oeuvre au niveau international d'ici la fin de l'année 2010.

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Listes noires et certificats de sécurité

Journée d'action en solidarité avec Abousfian Abdelrazik et contre la liste noire de l'ONU

Le 10 décembre 1948, l'Assemblée générale de l'ONU approuvait la Déclaration universelle des droits de l'homme et établissait la Journée internationale des droits de l'homme.

Pour marquer l'occasion, le Projet Retour au bercail a organisé une journée d'action en solidarité avec Abousfian Abdelrazik et contre le régime de liste noire de l'ONU.



Montréal le 11 décembre 2010:

Le Réseau de la Commission populaire explique la liste noire de l'ONU :

« La liste 1267 est un outil international servant à interdire de voyager et à imposer un gel des actifs financiers des individus et des organisations. La liste est gérée par le Conseil de sécurité des Nations unies mais mise en oeuvre par chaque État membre de l'ONU. La liste représente un nouveau régime mondial de contrôle étatique dans lequel les États coopèrent de manière transfrontalière afin d'imposer à des individus comme à des organisations, des sanctions fondées sur des motifs politiques. » Ce régime de contrôle politique est clairement en violation des droits de l'homme. Le Réseau de la commission populaire offre l'information suivante.

Contexte

Abousfian Abdelrazik

« Abdelrazik, un Canadien, a été détenu à la demande du SCRS alors qu'il effectuait un voyage au Soudan. Torturé pendant plusieurs années, il a finalement été relâché pour apprendre qu'il avait été placé sur la liste 1267, ce qui constitue un prétexte pour empêcher son retour au Canada. Après avoir rendu son histoire publique, Abdelrazik a été retenu pendant une année complète à l'ambassade canadienne au Soudan. Abdelrazik a finalement pu rentrer à Montréal en juin 2009.

« Il demeure cependant confiné dans une prison virtuelle : le régime 1267 gèle ses actifs financiers et l'empêche de voyager. Plus d'un an et demi après son retour, Abdelrazik continue de lutter pour que son nom soit retiré de la liste et pour que les fonctionnaires canadiens responsables de sa torture, de sa détention et de son exil forcé au Soudan, en soient tenus responsables. Le 10 décembre 2009, Journée internationale des droits humains, le projet Retour au bercail a tenu un rassemblement au centre-ville de Montréal afin de demander qu'Abdelrazik soit immédiatement retiré de la liste. Un an plus tard, nous sommes contraint-es de reprendre la rue, car son nom figure toujours sur la liste 1267. Depuis sa détention initiale au Soudan jusqu'à maintenant, Abdelrazik n'a été accusé d'aucun crime. Les deux agences de renseignement canadiennes ont déclaré en 2007 ne rien retenir contre Abdelrazik.

« Le cas d'Abdelrazik n'est pas unique : presque 450 personnes et organisations se trouvent sur la liste 1267 de l'ONU et encore davantage se trouvent sur d'autres listes terroristes ou d'interdiction de vol. Plusieurs personnes, comme Abdelrazik, n'ont jamais été accusées d'aucun crime. Certaines, comme Abdelrazik, ont été emprisonnées et torturées au nom de la sécurité.

« La liste 1267 est basée sur de vagues accusations « d'association » et sur la présomption de culpabilité plutôt que sur la présomption d'innocence. Les individus dont le nom y figure n'ont aucune occasion de remettre en question leur inscription à cette liste ni aucune chance de se voir retirer de la liste une fois qu'ils y ont été inscrits. Tout membre du Conseil de sécurité peut apposer son veto à une demande de retrait de la liste sans devoir fournir la moindre raison. »

« Le projet Retour au Bercail demande l'abolition de cette liste et des autres listes similaires qui permettent la globalisation du contrôle étatique et de la répression, qui font la promotion du racisme et de l'islamophobie, et qui encouragent un climat de peur et de paranoïa. »

Forum du Réseau de la Commission populaire
QUELLE SÉCURITÉ ? NOTRE SÉCURITÉ !
Organisons la riposte à la dérive sécuritaire

4 à 6 février 2011, Montréal
Plus d'info : www.commissionpopulaire.org/fr/forum

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Abolissez les certificats de sécurité!
Justice pour Mohamed Harkat!

Le 10 décembre était la Journée internationale des droits humains. C'était aussi le 8e anniversaire de l'arrestation de Mohamed en vertu d'un certificat de sécurité. Les certificats de sécurité, qui font partie de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, permettent au gouvernement fédéral de détenir et de déporter sans accusation des résidents permanents et des non-citoyens et de leur refuser l'accès à la preuve. À cette occasion, la Coalition Justice pour Mohamed Harkat a organisé un rassemblement devant le Monument des droits de la personne à Ottawa.

Le 9 décembre, le juge de la Cour suprême Simon Noël a émis son jugement que l'émission d'un certificat de sécurité contre Momahed Harkat est « raisonnable ». La cour fait ainsi fi des agissements du SCRS (qui conseille au gouvernement d'émettre le certificat) et accepte ses allégations de terrorisme contre M. Harkat. Cette décision le place encore une fois devant la possibilité d'être déporté en Algérie, où les allégations non prouvées du gouvernement canadien le mettent en danger.

Le gouvernement fédéral a maintenu Mohamed Harkat en détention sans accusation du 10 décembre 2002 jusqu'au 23 mai 2006, y compris un an en détention cellulaire et un passage à la prison de Millhaven en Ontario, appelée le « Guantanamo Nord », construite spécialement pour détenir des personnes visées par des certificats de sécurité. Il a été libéré pour une caution de 100 000 $ et des conditions extrêmement sévères, faisant de lui un prisonnier dans sa demeure.

En juin 2006, la Cour suprême du Canada a entendu la cause Harkat c. Canada sur la constitutionnalité des certificats de sécurité et le 22 décembre 2007 le juge en chef Allan Lutfy a autorisé une revue de l'ordre de déportation de la Cour fédérale.

L'affaire a langui devant les tribunaux depuis à cause du refus du Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) de donner accès à la preuve à la défense. Le 24 septembre 2008, le juge Noël a jugé que le SCRS devait divulguer sa preuve « secrète » contre Mohamed Harkat, à lui et à son avocat. Plus de sept mois plus tard, en mai 2009, le juge a trouvé qu'il était « troublant » que le SCRS ne soit pas disposé à partager sa preuve sur la fiabilité d'un dénonciateur et a ordonné au SCRS de donner accès à l'avocat de la défense à ses dossiers confidentiels. Le SCRS a prétendu avoir détruit les originaux de la preuve et la défense n'a eu droit qu'à des copies. Le Marxiste-Léniniste condamne cette décision de considérer de telles preuves comme « raisonnables ».

Abolissez les certificats de sécurité ! Justice pour Mohamed Harkat !

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