Les opérations d'intervention et d'enlèvement à Portland ont été testées durant le G20 à Toronto
- Steve Rutchinski -
La police attaque et enlève des manifestants sur
l'Avenue Eastern à Toronto
pendant le Sommet du G20, le 27
juin 2010
Les événements récents déclenchés par les forces
de police fédérales des États-Unis à Portland, en
Oregon, depuis la violence débridée jusqu'aux
opérations de style paramilitaire d'intervention
et d'enlèvement, nous rappellent ce qui s'est
produit au sommet du G20 à Toronto en
juin 2010. Aussi choquantes que soient ces
actions, elles ne relèvent pas d'un entraînement
inadéquat de la police pour le contrôle des
foules, ou de quelques mauvais éléments, ou d'un
président voyou. Ce sont des activités
conscientes, délibérées et planifiées pour
réprimer l'opposition et la résistance du peuple.
Dans les circonstances actuelles aux États-Unis,
il s'agit de la résistance qui a soulevé le pays
contre le racisme organisé par l'État et les décès
à caractère raciste aux mains de la police qui ont
été commis en toute impunité. Pendant le G20 à
Toronto, il s'agissait de l'opposition massive à
l'offensive antisociale des gouvernements des pays
du G20.
Voir les
manifestants brutalement attaqués à Portland,
enlevés dans les rues et poussés dans des
fourgonnettes banalisées par des assaillants non
identifiés –
qui sont en fait des forces de police
fédérales sous la direction du département de la
Sécurité intérieure –
présente de nombreux parallèles avec ce qui
s'est produit à Toronto en 2010. Quiconque a
participé aux rassemblements de masse devant les
centres de détention improvisés sur l'Avenue
Eastern en 2010, alors que ces opérations de
kidnapping se sont produites, n'oubliera jamais
ces événements. Appuyées par un grand nombre de
policiers anti-émeute, des escouades de policiers
en civil sont surgies de fourgonnettes banalisées,
ont assailli tout manifestant qui se trouvait à
portée de la main, se sont emparées d'une «
personne d'intérêt » et l'ont poussée dans
une de ces fourgonnettes et se sont enfuies[1].
Au moment du Sommet du G20, Le
Marxiste-Léniniste a indiqué que ces
événements de violence policière à Toronto
n'étaient pas une aberration, mais faisaient
partie d'un modèle en développement de l'activité
de l'État visant à empêcher les travailleurs et le
peuple d'avoir leur mot à dire dans la société – que ce soit
sur le droit à la santé, à l'éducation et aux
autres programmes sociaux, l'opposition à la
guerre ou une direction de la société servant un
objectif prosocial –
pour transformer la situation en leur
faveur. La violence contre les étudiants et les
Québécois qui se sont dressés en 2012 contre
le gouvernement Charest et son adoption de la loi
spéciale qui les criminalisait ont donné une
nouvelle preuve de la répression accrue par l'État
contre le peuple, son droit de conscience et son
droit collectif de s'organiser politiquement.
Le premier ministre de l'époque, Stephen Harper,
a décidé de tenir le G20 à Toronto pour créer une
occasion pour un exercice paramilitaire contre le
peuple. C'est précisément ce que le G20 a été, un
exercice paramilitaire massif orchestré par le
département de la Sécurité intérieure, mobilisant
de multiples forces policières fédérales,
provinciales et municipales, et autorisé par les
États-Unis de même que par les gouvernements du
Canada et de l'Ontario.
De nombreuses enquêtes ont été tenues pour
déterminer pourquoi la police était intervenue
avec une telle violence contre le peuple, mais peu
importe quel méfait a été identifié, aucun des
responsables n'a eu à rendre des comptes.
Une de ces enquêtes a été menée par l'Ombudsman
de l'Ontario. Dans son numéro du 15
décembre 2010, le Marxiste-Léniniste
a écrit :
« L'Ombudsman de l'Ontario a rendu un rapport
accablant sur l'utilisation, par simple décret
ministériel, d'une loi des mesures de guerre par
le gouvernement de la province l'été dernier pour
réprimer la dissidence politique lors du Sommet du
G20 à Toronto. Le rapport établit que les
autorités policières et les responsables du
gouvernement provincial ont sciemment et
impunément agi en violation de l'État de droit, de
la démocratie et des droits des citoyens. Tout
aussi accablant, sinon plus, est le fait que même
après avoir été pris à enfreindre la loi, ces
personnes et agences ne sont pas tenues
responsables de leurs actes.
« ... Comment se fait-il que la conspiration à
laquelle ont participé des représentants du
gouvernement, des corps policiers et de
différentes agences publiques pour enfreindre la
loi, suspendre les droits individuels et
collectifs et déclencher une vague de violence et
de terrorisme – qui se poursuit toujours avec des
poursuites non fondées pour 'conspiration' contre
des manifestants – n'est pas punie par la
loi ? »
LML poursuit :
« L'Ombudsman conclut que le règlement était
illégal et que les pouvoirs donnés à la police
n'existent pas dans la Loi sur la protection des les ouvrages
publics parce qu'ils ont été utilisés non
pas pour protéger des endroits publics, mais pour
réprimer la dissidence publique. Autrement dit, le
cabinet du gouvernement ontarien a illégitimement
invoqué la loi, par décret gouvernemental, pour
attaquer le droit à la dissidence et instituer des
pouvoirs extraordinaires de détentions, de
fouilles et d'arrestations.
« L'enquête a également révélé que les
représentants du gouvernement, comme les autorités
policières, savaient que cette utilisation de la Loi sur la
protection des les ouvrages publics était
illégale et inconstitutionnelle. Ils ont mis
beaucoup de peine à cacher leur activité au public[2].
Cinq ministres du gouvernement ontarien et le
chef de la police de Toronto Bill Blair n'ont
jamais eu à rendre des comptes de leurs activités.
En échange de services rendus, Blair s'est vu
offrir des fonctions au gouvernement fédéral, tout
d'abord comme ministre de la Sécurité frontalière
et de la Réduction du crime organisé et maintenant
comme ministre de la Sécurité publique et de la
Protection civile. En plus, le rôle du Groupe
intégré de la sécurité (GIS), qui comprend la
Gendarmerie royale du Canada (GRC), la Police
provinciale de l'Ontario (PPO) et les Forces
armées canadiennes (représentées par le
Commandement Canada qui comprend le US Northern
Command), a été entièrement ignoré par le rapport
de l'Ombudsman de l'Ontario simplement parce que
les porte-paroles du GIS ont dit ne pas avoir été
au courant et n'avoir joué aucun rôle dans la
violence policière qui a été déchaînée à la fois
contre les manifestants et les passants à Toronto.
Ils ont dit que tout ceci a été une « erreur de
communication » avec la police de l'Ontario.
Une des conclusions que LML a tirées est
que « il est clair que pas un seul ministre
impliqué au niveau fédéral ou provincial, ni aucun
des responsables au niveau de la police, de
l'armée et des services de sécurité impliqués n'a
pris position quand il le fallait pour défendre
les principes démocratiques, la primauté du droit
et les droits individuels et collectifs des
citoyens ! »
Un an et demi après que le rapport de l'Ombudsman
a été publié, la Commission des services policiers
de Toronto (TPSB) a produit son propre rapport
intitulé « Examen civil indépendant des questions
liées au G20 ». La principale critique qui
ressort de l'examen est que le TPSB n'a pas fait
le travail qui lui revient, tel que mandaté par la
Loi sur les
services policiers.
Le TML Daily a résumé ce rapport de la
façon suivante : « Ce que démontre cet examen
est que l'État canadien a jeté le discrédit sur
l'état de droit. Face à la résistance contre
l'offensive antisociale, l'État canadien a recours
à la force et à la violence pour criminaliser les
luttes du peuple qui réclame ses droits et les
droits de ses collectifs. Non seulement la classe
ouvrière et les Torontois et les Canadiens
rejettent-ils l'examen bidon réalisé pour le TPSB,
mais ils continuent de réclamer justice pour les
victimes du G20 et de brandir la
bannière 'Ensemble, défendons les droits de
tous !'. Ils s'organisent pour renouveler les
arrangements politiques au Canada et créer un état
de droit moderne qui protège les droits du peuple
contre l'impunité[3]. »
Ces conclusions sont aussi fraîches et
appropriées aujourd'hui que le jour où elles ont
été écrites. Tenons-nous tous fermement aux côtés
du peuple américain et condamnons de manière sans
équivoque la violence et la terreur débridées de
l'État qui sont déchaînées pour réprimer la
résistance contre la violence et le racisme de
l'État et les morts aux mains de la police qui
demeurent impunis.
Notes
1. On peut visionner des
vidéos sur les opérations d'intervention et
d'enlèvement au sommet du G20 à Toronto en
cliquant ici :
Snatch and Grab video Toronto G20 2010
Daily
Motion
Police
Kidnapping in Toronto
2. Lire
LML 16 décembre 2010
3. Lire TML Daily,
July 27, 2012
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 50 - 5 août 2020
Lien de l'article:
Les opérations d'intervention et d'enlèvement à Portland ont été testées durant le G20 à Toronto - Steve Rutchinski
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