Numéro 19 - 2 avril 2020

LE PCC(M-L) CÉLÈBRE SON 50e ANNIVERSAIRE

L'acte du Parti est sa parole

Nous sommes nos propres modèles

- Margaret Villamizar -


Réflexions

Un vétéran du mouvement étudiant de 1968

Une femme dirigeante des années soixante

Ouvrir une voie vers l'avant

Les premières années




L'acte du Parti est sa parole

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) a été fondé il y a 50 ans sur la base de l'analyse de la Nécessité du changement. Cette analyse a été présentée par Hardial Bains dans le cadre d'un groupe d'étude tenu sur le thème Nécessité du changement en 1967 et adoptée par les Internationalistes, l'organisation précurseur du PCC(M-L), lors d'une conférence tenue en août 1967. Cette analyse établit que la compréhension nécessite un acte de participation consciente de l'individu, l'acte de découvrir. Son adoption a conduit à une offensive résolue et approfondie contre la subversion idéologique et le blocage par les formes sociales et à la transformation des Internationalistes en un mouvement marxiste-léniniste de la jeunesse et des étudiants qui a entrepris le travail d'unir tous les marxistes-léninistes en un seul parti. S'appuyant sur l'expérience révolutionnaire acquise par le mouvement communiste et ouvrier au Canada et à l'étranger, elle établit l'objectif de construire le type d'organisation dont la classe ouvrière a besoin pour ouvrir la voie au progrès de la société. L'émancipation de la classe ouvrière par l'abolition de l'exploitation de l'être humain par l'être humain afin d'humaniser l'environnement naturel et social est au coeur de ses préoccupations. Sur la base de l'analyse de la nécessité de changement, le Parti a adopté en 1995 une initiative historique d'édification nationale pour jeter les fondements d'un parti communiste de masse créé par la classe ouvrière en se constituant en la nation et en investissant le peuple du pouvoir souverain.

Dans ce monde qui vénère la phrase, comme tous les vrais problèmes de la vie, la qualité elle-même est souvent réduite à une phrase. Mais nous nous sommes donné pour tâche de créer un type nouveau de communiste dans la forme d'une personnalité démocratique moderne en organisant la classe ouvrière et le peuple pour mener à bien l'édification nationale sur une base moderne, conforme aux besoins de notre époque. Cela nécessite de s'engager dans la définition et la réalisation des projets qui sont nécessaires pour ouvrir la voie au progrès de la société. En tout temps, l'objectif est que la classe ouvrière et le peuple s'investissent de pouvoir en faisant les réclamations qu'ils sont en droit de faire et qu'ils doivent faire. En défendant leurs propres droits, ils se battent pour les droits de tous.

Il s'agit d'un programme qui vise à mettre fin à la marginalisation du Parti afin de mettre fin à la marginalisation de la classe ouvrière et du peuple qui sont ceux qui sont gouvernés par des élites privilégiées et n'ont pas leur mot à dire sur les questions qui concernent la société. Cela comprend la direction de l'économie ainsi que les lois et règlements qui déterminent ce qui constitue le crime et la punition et les questions liées à la guerre et à la paix. Il est du devoir du parti communiste de veiller à ce que la classe ouvrière joue son rôle dirigeant afin que la crise actuelle de la pensée et de l'anarchie et la violence dans laquelle l'humanité est embourbée soit résolue en faveur du peuple, et non des riches qui ont usurpé le pouvoir par la force.

L'exigence est de créer un gouvernement antiguerre - une forme constituée par le peuple pour donner à sa volonté de paix, de liberté et de démocratie une garantie. Cela nécessite la mise en place de nouvelles formes de gouvernance à tous les niveaux qui sont établies par le peuple afin que sa voix soit entendue et que ses décisions déterminent le résultat. Cela nécessite une théorie éclairée telle qu'exprimée par la pensée marxiste-léniniste contemporaine pour guider les gens dans l'établissement de leurs propres points de référence et l'élaboration de définitions modernes afin que la tâche historique du renouveau politique démocratique soit accomplie.

Aujourd'hui, comme dans toutes les conditions et circonstances, les travailleurs ont besoin d'un parti éclairé comme le nôtre. Ce parti doit être capable de s'orienter de manière à pouvoir assumer le leadership sur une nouvelle base moderne. Cela nécessite de faire tout ce qui est nécessaire pour que les autres puissent apporter leur contribution pour changer les choses en leur faveur.

L'ensemble des relations sociales entre humains et entre les humains et la nature révèle la nécessité d'investir le peuple du pouvoir. Alors que les travailleurs s'emploient à vaincre la pression liquidatrice régressive que la bourgeoisie, l'impérialisme et toute la réaction imposent à l'ensemble de la société et aux peuples du monde entier, il est crucial que les travailleurs parlent en leur propre nom et utilisent leur propre voix pour formuler les revendications qu'ils doivent faire.

Aujourd'hui, les cercles dirigeants gouvernent uniquement par leurs pouvoirs de police. Ils se servent du pouvoir décisionnel pour désinformer le peuple afin de bloquer sa participation aux prises de décisions sur la direction de l'économie et sur les questions cruciales qui affectent sa vie. L'affrontement entre les conditions et l'autorité doit être résolu en faveur des travailleurs et des peuples du monde.

Les gouvernements des partis cartellisés ont pris le contrôle à tous les niveaux pour faire avancer l'ordre du jour antisocial néolibéral de l'oligarchie financière internationale. Ils représentent une force corrompue, dégénérée, antiouvrière, antinationale et antisociale. Les formes démocratiques libérales qu'ils épousent sont anachroniques, car elles représentent l'objectif fixé pour la société par des élites privilégiées qui avancent leurs propres intérêts. Cependant, les conditions matérielles ont dépassé la capacité de ces intérêts à propulser le progrès. Elles ont énormément changé par rapport au XXe siècle en raison du développement formidable des forces productives de la classe ouvrière du fait de la révolution scientifique et technologique. Malgré cela, les autorités continuent d'agir comme avant, comme si les humains étaient des choses qui leur appartiennent. Elles considèrent même que les découvertes de la science, qui appartiennent de droit à l'humanité tout entière, tout comme la terre, l'air, l'eau, l'espace et tous les fruits de son travail, leur appartiennent. Elles pensent pouvoir disposer à leur guise des êtres humains et des rapports qu'ils établissent entre eux. Cela a créé une situation intenable qui est socialement et écologiquement non durable. Plus important encore, cela signifie que les autorités qui tentent de contrôler les forces productives au profit d'intérêts privés étroits ne peuvent réussir parce que les êtres humains ne sont pas des choses. Les résultats de la révolution scientifique et technologique sont le produit du travail de l'humanité qui ne peut plus être contenu par des intérêts privés. Ces intérêts privés recourent à des méthodes qui détruisent les forces productives car elles dépassent leur capacité à les contrôler. Ils utilisent les pouvoirs de police et recourent à la guerre suivant leur conviction que la force fait le droit.

La force brute est à l'origine de la loi de l'esclavage à laquelle les êtres humains ne se sont jamais soumis. Aujourd'hui, le plus grand atout de l'humanité est une classe ouvrière internationale moderne qui fait des progrès dans son effort pour réaliser la paix, la liberté et la démocratie. Cette classe ouvrière moderne a besoin d'une force politique organisée constituée en un parti comme le nôtre, dont l'acte est la parole. Un tel parti apporte l'organisation dont la classe ouvrière a besoin pour s'orienter afin de résoudre les problèmes auxquels l'humanité est confrontée d'une manière qui la favorise, plutôt que d'une manière qui favorise les riches qui ont usurpé le pouvoir par la force.

Au cours de cette période de régression générale, où de terribles pressions sont exercées pour que tous succombent à tout ce qui est négatif dans la société, notre Parti appelle la classe ouvrière, les femmes et les jeunes à rester fermes. Tous ensemble, nous devons faire les réclamations que nous sommes en droit de faire à la société. La formulation de ces revendications constitue le facteur humain/conscience sociale. C'est la lutte des travailleurs pour énoncer et faire valoir les réclamations qu'ils ont le droit de faire à la société qui humanise l'environnement social et naturel et fait ressortir la personnalité démocratique moderne.

L'alternative au statu quo que le PCC(M-L) a proposée est son programme de renouveau politique et une constitution moderne, contenus dans son programme Arrêtez de payer les riches – augmentez les investissements dans les programmes sociaux. C'est le programme pour que la classe ouvrière constitue la nation et investisse le peuple du pouvoir souverain. Ce que l'on entend par « la volonté du peuple » trouvera son expression lorsque la classe ouvrière et le peuple élaboreront leur propre processus décisionnel sur une base moderne. Cela nécessite d'affirmer leur droit de participer à la prise de décisions et à leur mise en oeuvre.

Cela réglera les comptes avec les institutions qui disent une chose et en font une autre. Cela créera un monde moderne qui appartient à ceux dont les actes sont leur parole. Enfin, les Canadiens pourront dire avec fierté que l'acte du Canada est aussi sa parole.

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Nous sommes nos propres modèles

Une des positions qui ont caractérisé le travail du PCC(M-L) depuis le début est le rejet de la notion d'être l'agent de quiconque ou de dépendre de quiconque. Cette position a toujours différencié le PCC(M-L) des partis qui changent de position selon la direction dans laquelle le vent souffle dans les autres pays qu'ils considèrent comme leurs modèles. Cette conception du monde du PCC(M-L) est incarnée dans le slogan « Nous sommes nos propres modèles » adopté quand un parti étranger a tenté de dicter au Parti qui il accepterait comme représentant lors d'échanges entre les deux partis. À l'époque, on disait que l'approbation de ce parti étranger déterminerait si nous étions ou non de vrais marxistes-léninistes. Le PCC(M-L) a répondu en intensifiant son propre travail d'organisation du Parti et de la classe et a déclaré sans détour que c'est la reconnaissance de la classe ouvrière lorsqu'elle se joint au travail qui détermine la légitimité du Parti, et non la reconnaissance étrangère.

Cette position du Parti a été établie quand il a adopté l'analyse de la Nécessité de changement. L'analyse de la Nécessité de changement repose sur l'exigence que chacun doit se tenir debout en participant à la prise des décisions et à leur exécution. C'est le fil conducteur de son travail à différentes époques qui a conduit le Parti à défendre et à élaborer la pensée marxiste-léniniste contemporaine qui lui donne sa colonne vertébrale rouge. C'est cette conception du monde révolutionnaire qui a mené Hardial Bains à déclarer avec beaucoup de perspicacité en 1984-1985 qu'aucun individuel, aucun collectif et aucune force sociale ne pouvait désormais agir comme avant et que tous devaient trouver leur orientation dans les conditions nouvelles du repli de la révolution. C'est ainsi qu'est née l'initiative de créer le Parti du renouveau. On le retrouve dans l'Initiative historique lancée pour jeter les fondements d'un parti communiste de masse et dans le livre Le communisme moderne, ainsi que dans le travail du Projet d'organisation jeunesse dirigé par le camarade Bains en 1996 et sa méthode de travail Apprendre ensemble, travailler collectivement, prendre ses responsabilités sociales, adoptée par la suite par le Parti lui-même. Le Rapport d'activité du Comité central au VIIe Congrès du Parti, Le Canadien pensant, défend avec vigueur ce principe. En fait, ce principe est l'essence même du programme du Parti pour le renouveau démocratique, développé davantage au cours de la période récente par l'appel lancé aux Canadiens de parler pour eux-mêmes, en leur nom propre, et de se donner les moyens de s'investir de pouvoir maintenant !

Aujourd'hui, le Parti accorde la priorité au travail pour que les travailleurs parlent en leur propre nom sur les questions qui concernent la société, pour qu'ils posent les revendications nécessaires pour défendre les droits de tous. C'est l'essence du travail pour affirmer la nouvelle personnalité démocratique qui met la prise de décision entre les mains des larges masses du peuple et non de l'élite dirigeante.

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Réflexions

Un vétéran du mouvement étudiant de 1968

Je suis avec le Parti et les Internationalistes depuis plus de 52 ans. Je me souviens qu'en tant qu'étudiant en Ontario dans les années 1960, j'appuyais le mouvement des droits civiques aux États-Unis et contre la guerre du Vietnam et l'enrôlement militaire obligatoire des jeunes Américains. Les discussions et les questionnements étaient partout. Mais très peu de cela avait à voir directement avec le Canada et notre vie à nous.

Cela devait allait changer de bout en bout pour moi et mes collègues étudiants lorsqu'à l'été de 1968 un contingent des Internationalistes qui avaient été réorganisés à Montréal est venu à l'Université de Guelph. Ils ont enflammé le campus avec leurs discussions sur le rôle de la culture impérialiste américaine au Canada et comment elle empêchait les gens de s'organiser sur une base consciente pour changer la situation. Ces discussions ponctuées d'échanges, de débats et d'opinions se sont poursuivies pendant plus de 24 heures sans arrêt.

J'étais à l'extérieur de la ville pour un emploi d'été en construction mais à mon retour j'ai trouvé mes cercles d'amis en pleine ébullition et d'autres s'étaient joints à eux pour poursuivre la discussion. On m'a présenté à des étudiants de l'Université de Waterloo où j'étais étudiant. Ils organisaient des tables de littérature et des discussions sur les classiques du marxisme-léninisme et, surtout, la brochure Nécessité de changement.

C'était le début de deux années mouvementées qui allaient mener à la création du Mouvement étudiant canadien lors d'une conférence étudiante à Montréal en décembre 1968, un hiver particulièrement froid pour les étudiants d'Irlande, d'Angleterre, des États-Unis, de l'Inde et d'Afrique du Sud venus se joindre à leurs confrères du Québec, de l'Ontario, de la Colombie-Britannique, des Prairies et des Maritimes pour échanger les points de vue et les expériences dans des discussions présidées par Hardial Bains. La conférence a été suivie de l'ouverture de la librairie révolutionnaire à Toronto, sur la rue Gerrard, de la Conférence de la jeunesse anti-impérialiste à Régina en mai 1969, de la Conférence de Vancouver en décembre et mon déploiement avec un contingent de jeunes révolutionnaires canadiens dans le secteur industriel ainsi que ma participation au développement et à la consolidation des organes révolutionnaires de propagande de la classe ouvrière selon mes capacités dans le sud de l'Ontario. Après tout cela, nous avons fondé le Parti à Montréal en mars 1970.

Tout cela a été possible grâce à la direction des Internationalistes qui se sont battus pour fonder le Parti et grâce aux travailleurs, étudiants et jeunes qui ont répondu à leur appel.

Les cinquante années de travail que le Parti a soutenu dans des circonstances les plus difficiles attestent de la ténacité des camarades à tous les niveaux à fixer les tâches et le travail nécessaires pour aller de l'avant. C'est en effet l'occasion de célébrer notre travail collectif pour que le peuple s'investisse du pouvoir.


À la Conférence Nécessité de changement à Londres en août 1967

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Une femme dirigeante des années soixante

En tant que jeune femme militante dans les années 1960, avec tant d'autres, je cherchais un moyen de changer la situation : pour lutter contre les injustices subies par les femmes, les travailleurs et les étudiants ; mettre fin aux guerres d'agression contre le Vietnam, le Cambodge et l'Amérique latine ; pour créer un monde meilleur. Nous avons mis sur pied Étudiants pour une université démocratique, Vancouver Liberation Front, Red Collective, Partisan. Certains d'entre nous ont organisé des syndicats pour améliorer les conditions de travail et des organisations de libération des femmes pour lutter pour l'émancipation des femmes. Nous cherchions les moyens de faire une percée fondamentale. Et, pour moi, ce n'est que lorsque j'ai rencontré Hardial Bains et que beaucoup d'entre nous ont commencé à se renseigner sur le travail et les aspirations du Parti que les choses ont changé. J'étais inspirée par l'engagement du Parti à chercher la vérité dans les faits, cette compréhension qui exigeait un acte de participation consciente, l'acte de découvrir. Et, comme le Parti l'a fait à chaque moment important depuis, pour nous cela ouvrait la voie vers l'avant, la voie de l'unité des marxistes-léninistes, ce qui a mené au regroupement des militants, au renforcement du mouvement, et capturé les efforts de nombreux jeunes, étudiants et travailleurs.

C'est cette capacité à assurer un leadership théorique et pratique qui a placé le Parti au premier plan du mouvement progressiste ; et cela continue d'ouvrir la voie à chaque étape pour créer un espace permettant à la classe ouvrière et au peuple de se faire entendre mais aussi de créer, par leur propre programme et initiative, un monde qui réponde vraiment aux besoins et aux aspirations de ceux qui y vivent.

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Ouvrir une voie vers l'avant

L'effervescence politique à Montréal à l'été de 1968 était palpable. Chaque semaine, il y avait des manifestations, des réunions et des discussions sur la question de la libération nationale du Québec. Le monde était en mouvement. Moi, originaire de Toronto, et mon bon ami de Chicoutimi, participions à toutes les actions possibles lorsque nous n'étions pas à nos emplois d'été. Lui était étudiant à l'Université de Montréal, de l'autre côté de la montagne, et moi j'étais à Sir George Williams au centre-ville. Nous nous étions rencontrés pendant la grève du transport en commun en 1967. Je faisais du pouce, il m'a fait monter sur sa moto et nous sommes devenus de bons amis.

Une affiche annonçait un séminaire au mois d'août à Sir George, organisé par les Internationalistes, et cela a piqué mon intérêt. Nous avons décidé d'y participer et, croyez-moi, cette décision allait transformer nos vies d'une façon que ni l'un ni l'autre n'aurait pu anticiper. L'orateur principal était Hardial Bains et il a parlé avec une clarté et une conviction telles que nous sommes allés le retrouver après la présentation. Il nous a demandé dans quelles activités nous étions engagées et a laissé entendre qu'il serait bien qu'on se revoit pour partager les points de vue.

Nous nous sommes rencontrés quelques jours plus tard et nous lui avons dit que le premier ministre Pierre Trudeau allait être de passage à Montréal et que des militants préparaient une action pour dénoncer sa virulente opposition à l'indépendance du Québec. Hardial a dit qu'un contingent des Internationalistes y participerait et nous a demandé si nous comptions y participer comme force organisée. Nous avons répondu non sans éprouver un certain embarras que nous n'étions pas encore organisés, mais que nous étions intéressés à le faire. Il nous a suggéré d'écrire un tract contenant nos opinions sur la question de la libération nationale du Québec pour le distribuer et en discuter. Il a dit que c'étaient la mouvance et la vie politique au Québec qui l'avaient inspiré plus tôt dans l'année à venir à Montréal réorganiser les Internationalistes en tant que mouvement marxiste-léniniste de la jeunesse et des étudiants. Il a dit qu'une photographie dans les médias impérialistes avait capté son attention : on y voyait des jeunes Québécois courageusement tenir tête à la GRC.

Nous nous sommes rencontrés à nouveau quelques jours avant la manifestation et lui avons montré notre ébauche en anglais et en français d'une déclaration intitulée « Vive la libération nationale du Québec ! ». À notre grande surprise, il a seulement fait quelques suggestions, y compris d'y ajouter au moins une façon pour les lecteurs de nous contacter. Il a ensuite demandé comment nous comptions imprimer et défrayer les coûts de l'impression. Nous étions tellement motivés à exprimer nos idées que nous n'avions pas pensé à ces détails. Il nous a dit que les Internationalistes avaient les moyens de le faire et qu'ils nous assisteraient sur ce front. Hardial a dit qu'il serait bon de se revoir suite à notre action et d'en faire le bilan. C'est ce que nous avons fait et peu après nous avons commencé à participer aux discussions marxistes-léninistes à la salle de réunion de la rue Jeanne Mance.

Il s'est ensuivi une intense activité politique au cours de laquelle les Internationalistes ont organisé les Intellectuels et Ouvriers patriotes du Québec (marxistes-léninistes). Les membres des IOPQ ont travaillé inlassablement pour élargir l'influence des Internationalistes partout au Québec. Ils ont joué un rôle dans l'ouverture de nombreuses librairies partout à Montréal, Les livres et périodiques progressistes, participé aux conférences des étudiants et de la jeunesse à Régina et à Vancouver, discuté dans les moindres détails de la nécessité de la formation du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) et, en somme, joué un rôle positif dans la fondation du Parti le 31 mars 1970.

Tout le mérite revient à Hardial Bains et aux Internationalistes qui ont mobilisé les jeunes du Québec dans un développement historique d'une telle envergure qui ouvrait une voie vers l'avant !

Vive le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) !

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Les premières années

J'ai eu la chance d'être à l'Université de Colombie-Britannique au début des années soixante et de rencontrer les Internationalistes un an après leur formation en 1963 en tant que mouvement révolutionnaire. Les discussions, les colloques universitaires, les programmes d'action concrets associés à cette période d'effervescence de la jeunesse partout en Amérique du Nord ont été, sur la côte ouest, inspirés et orientés par ce mouvement naissant.

Le camarade Bains, avec une énergie et une détermination incroyables, était plongé dans la politique pratique de l'université car de très nombreux étudiants ont été attirés par l'activité politique. Les slogans étaient profondément simples : « Créons une atmosphère académique sur le campus», « Rechercher la vérité dans les faits pour servir le peuple » et « La compréhension nécessite un acte de participation conscience de l'individu, l'acte de découvrir ».

Hardial Bains devant la Maison internationale à l'Université de la Colombie-Britannique en 1962. C'est là qu'a eu lieu la fondation des Internationalistes le 13 mars 1963.

Venant d'un milieu de la haute classe moyenne où la propagande de la guerre froide et la manipulation des médias autour de la guerre du Vietnam étaient simplement la façon dont nous voyions le monde, les Internationalistes ont documenté et exposé au grand jour le grand rêve américain. Notre Parti a écrit sur cette première période et sur le profond impact transformationnel de ces premières années qui ont conduit à la formation d'un mouvement révolutionnaire et, en 1970, à la formation d'un parti de type nouveau.

Il y a eu des discussions de masse devant la bibliothèque de l'université, elle-même une image emblématique de l'ancien campus, où ce jeune étudiant diplômé en microbiologie, Hardial Bains, se plaçait à l'heure du dîner sur une tribune improvisée devant des foules de quelques dizaines et souvent plusieurs centaines d'étudiants. Ce type de rassemblement était connu comme une façon d'enseigner aux États-Unis, issue des manifestations et des actions directes à Berkeley autour de la guerre du Vietnam et du racisme dans le sud des États-Unis.

Durant ces premières années, nous les avons appelées des « réunions de démocratie de masse ». Il ne s'agissait pas de conférences scénarisées, tout comme les cours sur des sujets apparemment sans rapport. Il s'agissait plutôt d'un véritable échange d'idées où les explications les plus cohérentes et logiques dominaient.

C'était l'embryon du mouvement communiste moderne au Canada, qui remettait en question tous les vieux dogmes, tous ceux dont la politique « marxiste » et « de gauche » provenait d'une tablette universitaire poussiéreuse, ou enracinée dans une sorte d'activisme insensé. Il était basé sur notre expérience de la vie réelle en tant qu'étudiants soumis aux limites d'un système d'éducation qui renforçait le statu quo.

Cette première qualité, qui rompait avec l'ancien, a caractérisé toute la vie du PCC(M-L) et explique comment notre Parti a survécu à tant de défis et de points tournants pendant plus d'un demi-siècle.

Fidélité à la vérité, intégrité de l'organisation, établissement d'un programme qui répond aux besoins du peuple à chaque étape du développement et mobilisation de tous les membres et activistes comme organisateurs conscients, rompant avec la tendance « tu diriges - je te suis » qui donne lieu à diverses formes de bureaucratie. Dès le premier jour, des jeunes hommes et femmes de toutes origines combattaient sur un pied d'égalité.

Alors que le monde s'adapte à une pandémie mondiale et à des bouleversements économiques sans précédent depuis le krach de 1929, nous entrons dans une période où les anciens arrangements politiques sclérosés échouent manifestement. « Qui décide ? » est devenu un véritable problème visible. L'incapacité des anciens arrangements n'est pas « l'opinion » de quelqu'un, elle est devenue un trait objectif palpable de la conscience des masses. La désinformation constante des médias traditionnels anglo-américains est remise en question alors que de plus en plus de personnes se tournent vers les médias sociaux et l'internet pour des informations et des analyses.

Des questions très sérieuses à propos des fondements de l'économie sont posées. Par exemple, comment arrêtez-vous la production tout en ouvrant les portes à des dépenses massives ? Qui profite vraiment de ces annonces de plusieurs milliards de milliards de dollars ? Comment imprimer du papier-monnaie qui n'est pas ancré dans l'activité économique ? Il y a eu peu de discussions sur les effets négatifs des « plans de relance » massifs ou sur la manière dont une monnaie est affectée lorsque la masse monétaire va dans le sens inverse de la production. Assiste-t-on à un sauvetage sans précédent à la manière de Goldman-Sachs, mais déguisé en cadeau à chaque travailleur licencié ?

Plus que jamais, la nécessité d'une nouvelle direction de l'économie devient l'un des sujets brûlants de cette période. À l'occasion du 50e anniversaire du PCC(M-L), il est temps de déclarer qu'il existe un tel parti qui s'adresse aux préoccupations centrales.

Allons tous de l'avant, pour sortir de cette crise multilatérale et créer une société qui est rationnelle, planifiée, qui s'oppose au fléau de la guerre et de la diplomatie de la canonnière, et qui respecte tous les pays, tous les peuples et qui lutte pour le bien de l'humanité !

Vive le PCC(M-L) !

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