Numéro 19 - 2 avril 2020
LE PCC(M-L) CÉLÈBRE SON 50e ANNIVERSAIRE
L'acte du Parti est sa parole
• Nous
sommes nos propres modèles
- Margaret Villamizar -
Réflexions
• Un
vétéran du mouvement étudiant de 1968
• Une
femme dirigeante des années soixante
• Ouvrir
une voie vers l'avant
• Les
premières années
- Pauline Easton -
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) a été fondé il y a 50
ans sur la base de l'analyse de la Nécessité du
changement. Cette analyse a été présentée par
Hardial Bains dans le cadre d'un groupe d'étude
tenu sur le thème Nécessité du changement
en 1967 et adoptée par les
Internationalistes, l'organisation précurseur du
PCC(M-L), lors d'une conférence tenue en août
1967. Cette analyse établit que la
compréhension nécessite un acte de participation
consciente de l'individu, l'acte de découvrir.
Son adoption a conduit à une offensive résolue et
approfondie contre la subversion idéologique et le
blocage par les formes sociales et à la
transformation des Internationalistes en un
mouvement marxiste-léniniste de la jeunesse et des
étudiants qui a entrepris le travail d'unir tous
les marxistes-léninistes en un seul parti.
S'appuyant sur l'expérience révolutionnaire
acquise par le mouvement communiste et ouvrier au
Canada et à l'étranger, elle établit l'objectif de
construire le type d'organisation dont la classe
ouvrière a besoin pour ouvrir la voie au progrès
de la société. L'émancipation de la classe
ouvrière par l'abolition de l'exploitation de
l'être humain par l'être humain afin d'humaniser
l'environnement naturel et social est au coeur de
ses préoccupations. Sur la base de l'analyse de la
nécessité de changement, le Parti a adopté
en 1995 une initiative historique
d'édification nationale pour jeter les fondements
d'un parti communiste de masse créé par la classe
ouvrière en se constituant en la nation et en
investissant le peuple du pouvoir souverain.
Dans ce monde
qui vénère la phrase, comme tous les vrais
problèmes de la vie, la qualité elle-même est
souvent réduite à une phrase. Mais nous nous
sommes donné pour tâche de créer un type nouveau
de communiste dans la forme d'une personnalité
démocratique moderne en organisant la classe
ouvrière et le peuple pour mener à bien
l'édification nationale sur une base moderne,
conforme aux besoins de notre époque. Cela
nécessite de s'engager dans la définition et la
réalisation des projets qui sont nécessaires pour
ouvrir la voie au progrès de la société. En tout
temps, l'objectif est que la classe ouvrière et le
peuple s'investissent de pouvoir en faisant les
réclamations qu'ils sont en droit de faire et
qu'ils doivent faire. En défendant leurs propres
droits, ils se battent pour les droits de tous.
Il s'agit d'un programme qui vise à mettre fin à
la marginalisation du Parti afin de mettre fin à
la marginalisation de la classe ouvrière et du
peuple qui sont ceux qui sont gouvernés par des
élites privilégiées et n'ont pas leur mot à dire
sur les questions qui concernent la société. Cela
comprend la direction de l'économie ainsi que les
lois et règlements qui déterminent ce qui
constitue le crime et la punition et les questions
liées à la guerre et à la paix. Il est du devoir
du parti communiste de veiller à ce que la classe
ouvrière joue son rôle dirigeant afin que la crise
actuelle de la pensée et de l'anarchie et la
violence dans laquelle l'humanité est embourbée
soit résolue en faveur du peuple, et non des
riches qui ont usurpé le pouvoir par la force.
L'exigence est de créer un gouvernement
antiguerre - une forme constituée par le peuple
pour donner à sa volonté de paix, de liberté et de
démocratie une garantie. Cela nécessite la mise en
place de nouvelles formes de gouvernance à tous
les niveaux qui sont établies par le peuple afin
que sa voix soit entendue et que ses décisions
déterminent le résultat. Cela nécessite une
théorie éclairée telle qu'exprimée par la pensée
marxiste-léniniste contemporaine pour guider les
gens dans l'établissement de leurs propres points
de référence et l'élaboration de définitions
modernes afin que la tâche historique du renouveau
politique démocratique soit accomplie.
Aujourd'hui, comme dans toutes les conditions et
circonstances, les travailleurs ont besoin d'un
parti éclairé comme le nôtre. Ce parti doit être
capable de s'orienter de manière à pouvoir assumer
le leadership sur une nouvelle base moderne. Cela
nécessite de faire tout ce qui est nécessaire pour
que les autres puissent apporter leur contribution
pour changer les choses en leur faveur.
L'ensemble des relations sociales entre humains
et entre les humains et la nature révèle la
nécessité d'investir le peuple du pouvoir. Alors
que les travailleurs s'emploient à vaincre la
pression liquidatrice régressive que la
bourgeoisie, l'impérialisme et toute la réaction
imposent à l'ensemble de la société et aux peuples
du monde entier, il est crucial que les
travailleurs parlent en leur propre nom et
utilisent leur propre voix pour formuler les
revendications qu'ils doivent faire.
Aujourd'hui, les cercles dirigeants gouvernent
uniquement par leurs pouvoirs de police. Ils se
servent du pouvoir décisionnel pour désinformer le
peuple afin de bloquer sa participation aux prises
de décisions sur la direction de l'économie et sur
les questions cruciales qui affectent sa vie.
L'affrontement entre les conditions et l'autorité
doit être résolu en faveur des travailleurs et des
peuples du monde.
Les gouvernements des partis cartellisés ont pris
le contrôle à tous les niveaux pour faire avancer
l'ordre du jour antisocial néolibéral de
l'oligarchie financière internationale. Ils
représentent une force corrompue, dégénérée,
antiouvrière, antinationale et antisociale. Les
formes démocratiques libérales qu'ils épousent
sont anachroniques, car elles représentent
l'objectif fixé pour la société par des élites
privilégiées qui avancent leurs propres intérêts.
Cependant, les conditions matérielles ont dépassé
la capacité de ces intérêts à propulser le
progrès. Elles ont énormément changé par rapport
au XXe siècle en raison du développement
formidable des forces productives de la classe
ouvrière du fait de la révolution scientifique et
technologique. Malgré cela, les autorités
continuent d'agir comme avant, comme si les
humains étaient des choses qui leur appartiennent.
Elles considèrent même que les découvertes de la
science, qui appartiennent de droit à l'humanité
tout entière, tout comme la terre, l'air, l'eau,
l'espace et tous les fruits de son travail, leur
appartiennent. Elles pensent pouvoir disposer à
leur guise des êtres humains et des rapports
qu'ils établissent entre eux. Cela a créé une
situation intenable qui est socialement et
écologiquement non durable. Plus important encore,
cela signifie que les autorités qui tentent de
contrôler les forces productives au profit
d'intérêts privés étroits ne peuvent réussir parce
que les êtres humains ne sont pas des choses. Les
résultats de la révolution scientifique et
technologique sont le produit du travail de
l'humanité qui ne peut plus être contenu par des
intérêts privés. Ces intérêts privés recourent à
des méthodes qui détruisent les forces productives
car elles dépassent leur capacité à les contrôler.
Ils utilisent les pouvoirs de police et recourent
à la guerre suivant leur conviction que la force
fait le droit.
La force brute est à l'origine de la loi de
l'esclavage à laquelle les êtres humains ne se
sont jamais soumis. Aujourd'hui, le plus grand
atout de l'humanité est une classe ouvrière
internationale moderne qui fait des progrès dans
son effort pour réaliser la paix, la liberté et la
démocratie. Cette classe ouvrière moderne a besoin
d'une force politique organisée constituée en un
parti comme le nôtre, dont l'acte est la parole.
Un tel parti apporte l'organisation dont la classe
ouvrière a besoin pour s'orienter afin de résoudre
les problèmes auxquels l'humanité est confrontée
d'une manière qui la favorise, plutôt que d'une
manière qui favorise les riches qui ont usurpé le
pouvoir par la force.
Au cours de cette période de régression générale,
où de terribles pressions sont exercées pour que
tous succombent à tout ce qui est négatif dans la
société, notre Parti appelle la classe ouvrière,
les femmes et les jeunes à rester fermes. Tous
ensemble, nous devons faire les réclamations que
nous sommes en droit de faire à la société. La
formulation de ces revendications constitue le
facteur humain/conscience sociale. C'est la lutte
des travailleurs pour énoncer et faire valoir les
réclamations qu'ils ont le droit de faire à la
société qui humanise l'environnement social et
naturel et fait ressortir la personnalité
démocratique moderne.
L'alternative au statu quo que le PCC(M-L) a
proposée est son programme de renouveau politique
et une constitution moderne, contenus dans son
programme Arrêtez de payer les riches – augmentez
les investissements dans les programmes sociaux.
C'est le programme pour que la classe ouvrière
constitue la nation et investisse le peuple du
pouvoir souverain. Ce que l'on entend par « la
volonté du peuple » trouvera son expression
lorsque la classe ouvrière et le peuple
élaboreront leur propre processus décisionnel sur
une base moderne. Cela nécessite d'affirmer leur
droit de participer à la prise de décisions et à
leur mise en oeuvre.
Cela réglera les comptes avec les institutions
qui disent une chose et en font une autre. Cela
créera un monde moderne qui appartient à ceux dont
les actes sont leur parole. Enfin, les Canadiens
pourront dire avec fierté que l'acte du Canada est
aussi sa parole.
- Margaret Villamizar -
Une des positions qui ont caractérisé le travail
du PCC(M-L) depuis le début est le rejet de la
notion d'être l'agent de quiconque ou de dépendre
de quiconque. Cette position a toujours
différencié le PCC(M-L) des partis qui changent de
position selon la direction dans laquelle le vent
souffle dans les autres pays qu'ils considèrent
comme leurs modèles. Cette conception du monde du
PCC(M-L) est incarnée dans le slogan « Nous sommes
nos propres modèles » adopté quand un parti
étranger a tenté de dicter au Parti qui il
accepterait comme représentant lors d'échanges
entre les deux partis. À l'époque, on disait que
l'approbation de ce parti étranger déterminerait
si nous étions ou non de vrais
marxistes-léninistes. Le PCC(M-L) a répondu en
intensifiant son propre travail d'organisation du
Parti et de la classe et a déclaré sans détour que
c'est la reconnaissance de la classe ouvrière
lorsqu'elle se joint au travail qui détermine la
légitimité du Parti, et non la reconnaissance
étrangère.
Cette
position du Parti a été établie quand il a adopté
l'analyse de la Nécessité de changement. L'analyse
de la Nécessité de changement repose sur
l'exigence que chacun doit se tenir debout en
participant à la prise des décisions et à leur
exécution. C'est le fil conducteur de son travail
à différentes époques qui a conduit le Parti à
défendre et à élaborer la pensée
marxiste-léniniste contemporaine qui lui donne sa
colonne vertébrale rouge. C'est cette conception
du monde révolutionnaire qui a mené Hardial Bains
à déclarer avec beaucoup de perspicacité en
1984-1985 qu'aucun individuel, aucun collectif et
aucune force sociale ne pouvait désormais agir
comme avant et que tous devaient trouver leur
orientation dans les conditions nouvelles du repli
de la révolution. C'est ainsi qu'est née
l'initiative de créer le Parti du renouveau. On le
retrouve dans l'Initiative historique lancée pour
jeter les fondements d'un parti communiste de
masse et dans le livre Le communisme moderne,
ainsi que dans le travail du Projet d'organisation
jeunesse dirigé par le camarade Bains en 1996
et sa méthode de travail Apprendre ensemble,
travailler collectivement, prendre ses
responsabilités sociales, adoptée par la
suite par le Parti lui-même. Le Rapport d'activité
du Comité central au VIIe Congrès du Parti, Le
Canadien pensant, défend avec vigueur ce
principe. En fait, ce principe est l'essence même
du programme du Parti pour le renouveau
démocratique, développé davantage au cours de la
période récente par l'appel lancé aux Canadiens de
parler pour eux-mêmes, en leur nom propre, et de
se donner les moyens de s'investir de pouvoir
maintenant !
Aujourd'hui, le Parti accorde la priorité au
travail pour que les travailleurs parlent en leur
propre nom sur les questions qui concernent la
société, pour qu'ils posent les revendications
nécessaires pour défendre les droits de tous.
C'est l'essence du travail pour affirmer la
nouvelle personnalité démocratique qui met la
prise de décision entre les mains des larges
masses du peuple et non de l'élite dirigeante.
Réflexions
Je suis avec le Parti et les Internationalistes
depuis plus de 52 ans. Je me souviens qu'en
tant qu'étudiant en Ontario dans les
années 1960, j'appuyais le mouvement des
droits civiques aux États-Unis et contre la guerre
du Vietnam et l'enrôlement militaire obligatoire
des jeunes Américains. Les discussions et les
questionnements étaient partout. Mais très peu de
cela avait à voir directement avec le Canada et
notre vie à nous.
Cela devait allait changer de bout en bout pour
moi et mes collègues étudiants lorsqu'à l'été
de 1968 un contingent des Internationalistes
qui avaient été réorganisés à Montréal est venu à
l'Université de Guelph. Ils ont enflammé le campus
avec leurs discussions sur le rôle de la culture
impérialiste américaine au Canada et comment elle
empêchait les gens de s'organiser sur une base
consciente pour changer la situation. Ces
discussions ponctuées d'échanges, de débats et
d'opinions se sont poursuivies pendant plus
de 24 heures sans arrêt.
J'étais à l'extérieur de la ville pour un emploi
d'été en construction mais à mon retour j'ai
trouvé mes cercles d'amis en pleine ébullition et
d'autres s'étaient joints à eux pour poursuivre la
discussion. On m'a présenté à des étudiants de
l'Université de Waterloo où j'étais étudiant. Ils
organisaient des tables de littérature et des
discussions sur les classiques du
marxisme-léninisme et, surtout, la brochure Nécessité
de changement.
C'était le début de deux années mouvementées qui
allaient mener à la création du Mouvement étudiant
canadien lors d'une conférence étudiante à
Montréal en décembre 1968, un hiver
particulièrement froid pour les étudiants
d'Irlande, d'Angleterre, des États-Unis, de l'Inde
et d'Afrique du Sud venus se joindre à leurs
confrères du Québec, de l'Ontario, de la
Colombie-Britannique, des Prairies et des
Maritimes pour échanger les points de vue et les
expériences dans des discussions présidées par
Hardial Bains. La conférence a été suivie de
l'ouverture de la librairie révolutionnaire à
Toronto, sur la rue Gerrard, de la Conférence de
la jeunesse anti-impérialiste à Régina en
mai 1969, de la Conférence de Vancouver en
décembre et mon déploiement avec un contingent de
jeunes révolutionnaires canadiens dans le secteur
industriel ainsi que ma participation au
développement et à la consolidation des organes
révolutionnaires de propagande de la classe
ouvrière selon mes capacités dans le sud de
l'Ontario. Après tout cela, nous avons fondé le
Parti à Montréal en mars 1970.
Tout cela a été possible grâce à la direction des
Internationalistes qui se sont battus pour fonder
le Parti et grâce aux travailleurs, étudiants et
jeunes qui ont répondu à leur appel.
Les cinquante années de travail que le Parti a
soutenu dans des circonstances les plus difficiles
attestent de la ténacité des camarades à tous les
niveaux à fixer les tâches et le travail
nécessaires pour aller de l'avant. C'est en effet
l'occasion de célébrer notre travail collectif
pour que le peuple s'investisse du pouvoir.
À la Conférence Nécessité de changement à Londres
en août 1967
En tant que jeune femme militante dans les
années 1960, avec tant d'autres, je cherchais
un moyen de changer la situation : pour
lutter contre les injustices subies par les
femmes, les travailleurs et les étudiants ;
mettre fin aux guerres d'agression contre le
Vietnam, le Cambodge et l'Amérique latine ;
pour créer un monde meilleur. Nous avons mis sur
pied Étudiants pour une université démocratique,
Vancouver Liberation Front, Red Collective,
Partisan. Certains d'entre nous ont organisé des
syndicats pour améliorer les conditions de travail
et des organisations de libération des femmes pour
lutter pour l'émancipation des femmes. Nous
cherchions les moyens de faire une percée
fondamentale. Et, pour moi, ce n'est que lorsque
j'ai rencontré Hardial Bains et que beaucoup
d'entre nous ont commencé à se renseigner sur le
travail et les aspirations du Parti que les choses
ont changé. J'étais inspirée par l'engagement du
Parti à chercher la vérité dans les faits, cette
compréhension qui exigeait un acte de
participation consciente, l'acte de découvrir. Et,
comme le Parti l'a fait à chaque moment important
depuis, pour nous cela ouvrait la voie vers
l'avant, la voie de l'unité des
marxistes-léninistes, ce qui a mené au
regroupement des militants, au renforcement du
mouvement, et capturé les efforts de nombreux
jeunes, étudiants et travailleurs.
C'est cette capacité à assurer un leadership
théorique et pratique qui a placé le Parti au
premier plan du mouvement progressiste ; et
cela continue d'ouvrir la voie à chaque étape pour
créer un espace permettant à la classe ouvrière et
au peuple de se faire entendre mais aussi de
créer, par leur propre programme et initiative, un
monde qui réponde vraiment aux besoins et aux
aspirations de ceux qui y vivent.
L'effervescence politique à Montréal à l'été
de 1968 était palpable. Chaque semaine, il y
avait des manifestations, des réunions et des
discussions sur la question de la libération
nationale du Québec. Le monde était en mouvement.
Moi, originaire de Toronto, et mon bon ami de
Chicoutimi, participions à toutes les actions
possibles lorsque nous n'étions pas à nos emplois
d'été. Lui était étudiant à l'Université de
Montréal, de l'autre côté de la montagne, et moi
j'étais à Sir George Williams au centre-ville.
Nous nous étions rencontrés pendant la grève du
transport en commun en 1967. Je faisais du pouce,
il m'a fait monter sur sa moto et nous sommes
devenus de bons amis.
Une affiche annonçait un séminaire au mois d'août
à Sir George, organisé par les Internationalistes,
et cela a piqué mon intérêt. Nous avons décidé d'y
participer et, croyez-moi, cette décision allait
transformer nos vies d'une façon que ni l'un ni
l'autre n'aurait pu anticiper. L'orateur principal
était Hardial Bains et il a parlé avec une clarté
et une conviction telles que nous sommes allés le
retrouver après la présentation. Il nous a demandé
dans quelles activités nous étions engagées et a
laissé entendre qu'il serait bien qu'on se revoit
pour partager les points de vue.
Nous nous sommes rencontrés quelques jours plus
tard et nous lui avons dit que le premier ministre
Pierre Trudeau allait être de passage à Montréal
et que des militants préparaient une action pour
dénoncer sa virulente opposition à l'indépendance
du Québec. Hardial a dit qu'un contingent des
Internationalistes y participerait et nous a
demandé si nous comptions y participer comme force
organisée. Nous avons répondu non sans éprouver un
certain embarras que nous n'étions pas encore
organisés, mais que nous étions intéressés à le
faire. Il nous a suggéré d'écrire un tract
contenant nos opinions sur la question de la
libération nationale du Québec pour le distribuer
et en discuter. Il a dit que c'étaient la mouvance
et la vie politique au Québec qui l'avaient
inspiré plus tôt dans l'année à venir à Montréal
réorganiser les Internationalistes en tant que
mouvement marxiste-léniniste de la jeunesse et des
étudiants. Il a dit qu'une photographie dans les
médias impérialistes avait capté son
attention : on y voyait des jeunes Québécois
courageusement tenir tête à la GRC.
Nous nous sommes rencontrés à nouveau quelques
jours avant la manifestation et lui avons montré
notre ébauche en anglais et en français d'une
déclaration intitulée « Vive la libération
nationale du Québec ! ». À notre grande
surprise, il a seulement fait quelques
suggestions, y compris d'y ajouter au moins une
façon pour les lecteurs de nous contacter. Il a
ensuite demandé comment nous comptions imprimer et
défrayer les coûts de l'impression. Nous étions
tellement motivés à exprimer nos idées que nous
n'avions pas pensé à ces détails. Il nous a dit
que les Internationalistes avaient les moyens de
le faire et qu'ils nous assisteraient sur ce
front. Hardial a dit qu'il serait bon de se revoir
suite à notre action et d'en faire le bilan. C'est
ce que nous avons fait et peu après nous avons
commencé à participer aux discussions
marxistes-léninistes à la salle de réunion de la
rue Jeanne Mance.
Il s'est ensuivi une intense activité politique
au cours de laquelle les Internationalistes ont
organisé les Intellectuels et Ouvriers patriotes
du Québec (marxistes-léninistes). Les membres des
IOPQ ont travaillé inlassablement pour élargir
l'influence des Internationalistes partout au
Québec. Ils ont joué un rôle dans l'ouverture de
nombreuses librairies partout à Montréal, Les
livres et périodiques progressistes,
participé aux conférences des étudiants et de la
jeunesse à Régina et à Vancouver, discuté dans les
moindres détails de la nécessité de la formation
du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)
et, en somme, joué un rôle positif dans la
fondation du Parti le 31 mars 1970.
Tout le mérite revient à Hardial Bains et aux
Internationalistes qui ont mobilisé les jeunes du
Québec dans un développement historique d'une
telle envergure qui ouvrait une voie vers
l'avant !
Vive le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) !
J'ai eu la chance d'être à l'Université de
Colombie-Britannique au début des années soixante
et de rencontrer les Internationalistes un an
après leur formation en 1963 en tant que
mouvement révolutionnaire. Les discussions, les
colloques universitaires, les programmes d'action
concrets associés à cette période d'effervescence
de la jeunesse partout en Amérique du Nord ont
été, sur la côte ouest, inspirés et orientés par
ce mouvement naissant.
Le camarade Bains, avec une énergie et une
détermination incroyables, était plongé dans la
politique pratique de l'université car de très
nombreux étudiants ont été attirés par l'activité
politique. Les slogans étaient profondément
simples : « Créons une atmosphère académique
sur le campus», « Rechercher la vérité dans les
faits pour servir le peuple » et « La
compréhension nécessite un acte de participation
conscience de l'individu, l'acte de
découvrir ».
Hardial Bains devant la Maison
internationale à l'Université de la
Colombie-Britannique en 1962. C'est là
qu'a eu lieu la fondation des
Internationalistes le 13 mars 1963.
|
Venant d'un milieu de la haute classe moyenne où
la propagande de la guerre froide et la
manipulation des médias autour de la guerre du
Vietnam étaient simplement la façon dont nous
voyions le monde, les Internationalistes ont
documenté et exposé au grand jour le grand rêve
américain. Notre Parti a écrit sur cette première
période et sur le profond impact transformationnel
de ces premières années qui ont conduit à la
formation d'un mouvement révolutionnaire et,
en 1970, à la formation d'un parti de type
nouveau.
Il y a eu des discussions de masse devant la
bibliothèque de l'université, elle-même une image
emblématique de l'ancien campus, où ce jeune
étudiant diplômé en microbiologie, Hardial Bains,
se plaçait à l'heure du dîner sur une tribune
improvisée devant des foules de quelques dizaines
et souvent plusieurs centaines d'étudiants. Ce
type de rassemblement était connu comme une façon
d'enseigner aux États-Unis, issue des
manifestations et des actions directes à Berkeley
autour de la guerre du Vietnam et du racisme dans
le sud des États-Unis.
Durant ces premières années, nous les avons
appelées des « réunions de démocratie de
masse ». Il ne s'agissait pas de conférences
scénarisées, tout comme les cours sur des sujets
apparemment sans rapport. Il s'agissait plutôt
d'un véritable échange d'idées où les explications
les plus cohérentes et logiques dominaient.
C'était l'embryon du mouvement communiste moderne
au Canada, qui remettait en question tous les
vieux dogmes, tous ceux dont la politique «
marxiste » et « de gauche » provenait
d'une tablette universitaire poussiéreuse, ou
enracinée dans une sorte d'activisme insensé. Il
était basé sur notre expérience de la vie réelle
en tant qu'étudiants soumis aux limites d'un
système d'éducation qui renforçait le statu quo.
Cette première qualité, qui rompait avec
l'ancien, a caractérisé toute la vie du PCC(M-L)
et explique comment notre Parti a survécu à tant
de défis et de points tournants pendant plus d'un
demi-siècle.
Fidélité à la vérité, intégrité de
l'organisation, établissement d'un programme qui
répond aux besoins du peuple à chaque étape du
développement et mobilisation de tous les membres
et activistes comme organisateurs conscients,
rompant avec la tendance « tu diriges - je te
suis » qui donne lieu à diverses formes de
bureaucratie. Dès le premier jour, des jeunes
hommes et femmes de toutes origines combattaient
sur un pied d'égalité.
Alors que le monde s'adapte à une pandémie
mondiale et à des bouleversements économiques sans
précédent depuis le krach de 1929, nous
entrons dans une période où les anciens
arrangements politiques sclérosés échouent
manifestement. « Qui décide ? » est
devenu un véritable problème visible. L'incapacité
des anciens arrangements n'est pas «
l'opinion » de quelqu'un, elle est devenue un
trait objectif palpable de la conscience des
masses. La désinformation constante des médias
traditionnels anglo-américains est remise en
question alors que de plus en plus de personnes se
tournent vers les médias sociaux et l'internet
pour des informations et des analyses.
Des questions très sérieuses à propos des
fondements de l'économie sont posées. Par exemple,
comment arrêtez-vous la production tout en ouvrant
les portes à des dépenses massives ? Qui
profite vraiment de ces annonces de plusieurs
milliards de milliards de dollars ? Comment
imprimer du papier-monnaie qui n'est pas ancré
dans l'activité économique ? Il y a eu peu de
discussions sur les effets négatifs des « plans de
relance » massifs ou sur la manière dont une
monnaie est affectée lorsque la masse monétaire va
dans le sens inverse de la production.
Assiste-t-on à un sauvetage sans précédent à la
manière de Goldman-Sachs, mais déguisé en cadeau à
chaque travailleur licencié ?
Plus que jamais, la nécessité d'une nouvelle
direction de l'économie devient l'un des sujets
brûlants de cette période. À l'occasion
du 50e anniversaire du PCC(M-L), il est temps
de déclarer qu'il existe un tel parti qui
s'adresse aux préoccupations centrales.
Allons tous de l'avant, pour sortir de cette
crise multilatérale et créer une société qui est
rationnelle, planifiée, qui s'oppose au fléau de
la guerre et de la diplomatie de la canonnière, et
qui respecte tous les pays, tous les peuples et
qui lutte pour le bien de l'humanité !
Vive le PCC(M-L) !
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