Ouvrir une voie vers l'avant
L'effervescence politique à Montréal à l'été
de 1968 était palpable. Chaque semaine, il y
avait des manifestations, des réunions et des
discussions sur la question de la libération
nationale du Québec. Le monde était en mouvement.
Moi, originaire de Toronto, et mon bon ami de
Chicoutimi, participions à toutes les actions
possibles lorsque nous n'étions pas à nos emplois
d'été. Lui était étudiant à l'Université de
Montréal, de l'autre côté de la montagne, et moi
j'étais à Sir George Williams au centre-ville.
Nous nous étions rencontrés pendant la grève du
transport en commun en 1967. Je faisais du pouce,
il m'a fait monter sur sa moto et nous sommes
devenus de bons amis.
Une affiche annonçait un séminaire au mois d'août
à Sir George, organisé par les Internationalistes,
et cela a piqué mon intérêt. Nous avons décidé d'y
participer et, croyez-moi, cette décision allait
transformer nos vies d'une façon que ni l'un ni
l'autre n'aurait pu anticiper. L'orateur principal
était Hardial Bains et il a parlé avec une clarté
et une conviction telles que nous sommes allés le
retrouver après la présentation. Il nous a demandé
dans quelles activités nous étions engagées et a
laissé entendre qu'il serait bien qu'on se revoit
pour partager les points de vue.
Nous nous sommes rencontrés quelques jours plus
tard et nous lui avons dit que le premier ministre
Pierre Trudeau allait être de passage à Montréal
et que des militants préparaient une action pour
dénoncer sa virulente opposition à l'indépendance
du Québec. Hardial a dit qu'un contingent des
Internationalistes y participerait et nous a
demandé si nous comptions y participer comme force
organisée. Nous avons répondu non sans éprouver un
certain embarras que nous n'étions pas encore
organisés, mais que nous étions intéressés à le
faire. Il nous a suggéré d'écrire un tract
contenant nos opinions sur la question de la
libération nationale du Québec pour le distribuer
et en discuter. Il a dit que c'étaient la mouvance
et la vie politique au Québec qui l'avaient
inspiré plus tôt dans l'année à venir à Montréal
réorganiser les Internationalistes en tant que
mouvement marxiste-léniniste de la jeunesse et des
étudiants. Il a dit qu'une photographie dans les
médias impérialistes avait capté son
attention : on y voyait des jeunes Québécois
courageusement tenir tête à la GRC.
Nous nous sommes rencontrés à nouveau quelques
jours avant la manifestation et lui avons montré
notre ébauche en anglais et en français d'une
déclaration intitulée « Vive la libération
nationale du Québec ! ». À notre grande
surprise, il a seulement fait quelques
suggestions, y compris d'y ajouter au moins une
façon pour les lecteurs de nous contacter. Il a
ensuite demandé comment nous comptions imprimer et
défrayer les coûts de l'impression. Nous étions
tellement motivés à exprimer nos idées que nous
n'avions pas pensé à ces détails. Il nous a dit
que les Internationalistes avaient les moyens de
le faire et qu'ils nous assisteraient sur ce
front. Hardial a dit qu'il serait bon de se revoir
suite à notre action et d'en faire le bilan. C'est
ce que nous avons fait et peu après nous avons
commencé à participer aux discussions
marxistes-léninistes à la salle de réunion de la
rue Jeanne Mance.
Il s'est ensuivi une intense activité politique
au cours de laquelle les Internationalistes ont
organisé les Intellectuels et Ouvriers patriotes
du Québec (marxistes-léninistes). Les membres des
IOPQ ont travaillé inlassablement pour élargir
l'influence des Internationalistes partout au
Québec. Ils ont joué un rôle dans l'ouverture de
nombreuses librairies partout à Montréal, Les
livres et périodiques progressistes,
participé aux conférences des étudiants et de la
jeunesse à Régina et à Vancouver, discuté dans les
moindres détails de la nécessité de la formation
du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)
et, en somme, joué un rôle positif dans la
fondation du Parti le 31 mars 1970.
Tout le mérite revient à Hardial Bains et aux
Internationalistes qui ont mobilisé les jeunes du
Québec dans un développement historique d'une
telle envergure qui ouvrait une voie vers
l'avant !
Vive le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) !
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 19 - 2 avril 2020
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