Numéro 29 - 14 novembre 2019
Conférence de
solidarité anti-impérialiste de La Havane pour la démocratie et contre
le néolibéralisme
Cuba n'est pas
seule
- Miranda Jolie -
• Déclaration
finale
La Révolution cubaine à 60 ans:
Conférence internationale de Halifax, Nouvelle-Écosse
• Halifax
accueille le plus grand rassemblement de spécialistes
sur Cuba à l'extérieur de l'île
• Des
négociateurs de premier plan remémorent les efforts
de normalisation des relations entre les États-Unis et Cuba
• Le syndrome
de La Havane: une explication scientifique
• Panels de
discussion
Conférence de solidarité
anti-impérialiste de La Havane
pour la démocratie et contre le néolibéralisme
- Miranda Jolie -
La Conférence de solidarité anti-impérialiste pour la
démocratie et contre le néolibéralisme s'est déroulée à La Havane
(Cuba) du 1er au 3 novembre, avec la participation
de 1 400 délégués venus de 95 pays, selon Fernando
Gonzalez, président de l'Institut cubain de l'amitié avec les peuples
(ICAP).
Pendant trois jours, des militants de différents
mouvements sociaux, partis politiques et organisations sociales du
monde entier se sont réunis à Cuba pour exprimer leur solidarité avec
le peuple cubain et leur rejet du blocus imposé à Cuba par les
États-Unis en 1961 et pour dire leur opposition à l'escalade des
hostilités de l'administration Trump envers l'île.
La réunion a été appelée et organisée par l'ICAP et
l'Organisation centrale des syndicats cubains (CTC), ainsi que par le
Chapitre cubain des mouvements sociaux et la Conférence continentale
pour la démocratie et contre le néolibéralisme sous le slogan « Ne
touchez pas à Cuba ! ».
Selon un communiqué de l'ICAP, l'objectif de la
rencontre était « d'apporter une véritable contribution à l'opposition
à l'offensive contre-révolutionnaire actuelle de l'impérialisme
américain, à la recherche de la plus grande unité possible des forces
progressistes de la région et au renforcement de la solidarité
militante avec les justes causes défendues par les peuples. Dans la
situation politique actuelle, marquée par l'agressivité de
l'administration Trump, de nouvelles voies seront recherchées pour
renforcer la solidarité avec ces causes dans le monde, principalement
dans notre région. »
Discours d'ouverture : Fernando Gonzalez et Bruno
Rodriguez Parrilla
Dans son discours d'ouverture, Fernando Gonzalez, héros de
la République de Cuba, a dédié cet événement à la mémoire de Fidel
Castro, leader historique de la révolution cubaine « dont les concepts,
les idées et l'exemple personnel constituent notre guide sur la voie de
la victoire ».
Il a rappelé que Cuba a traversé 150 ans de lutte
et vécu 60 ans de révolution et que « nous sommes en train de
construire le projet socialiste auquel nous avons osé rêver, dont le
peuple est le protagoniste ».
« Les États-Unis menacent et calomnient Cuba pour qu'ils
ne soient pas obligés de reconnaître leur échec à renverser notre
révolution et déforment la réalité de coopération médicale altruiste
que Cuba offre dans plus de 80 pays. Il n'y a pas de meilleure
tribune que cet espace-ci pour réitérer que Cuba ne renoncera jamais à
ses principes, elle ne trahira jamais ses principes ni la solidarité
avec les autres peuples du monde », a souligné Gonzalez.
Pour sa part, le ministre cubain des Relations
extérieures, Bruno Rodriguez Parilla, qui a également participé à
l'inauguration de la rencontre, a assuré que le gouvernement de Donald
Trump constituait la principale menace pour la paix internationale en
raison de son ingérence croissante dans les affaires intérieures des
peuples du monde. Il a souligné qu'« il n'y aura pas de développement
durable sans le droit des pays du sud au développement et sans justice
sociale ».
Rodriguez Parrilla a remercié les militants pour la
solidarité témoignée envers Cuba et a souligné que des « temps
difficiles » étaient à venir.
Il a évoqué les dernières mesures prises par les
États-Unis contre Cuba, telles que la limitation des déplacements vers
l'île, l'augmentation du nombre de violations des droits humains et les
campagnes de diffamation.
« Les États-Unis doivent blâmer Cuba pour leur échec
total au Venezuela et justifier le renforcement du blocus. Nous ne
participons d'aucune manière aux manifestations qui se déroulent en
Amérique latine sinon que par l'exemple de la Révolution
cubaine », a dit le ministre des Relations extérieures.
Il a également dénoncé l'emprisonnement injuste de
l'ancien président brésilien Luis Inacio « Lula » da Silva, les
actions de l'Organisation des États américains (OÉA) et l'activation du
Traité interaméricain d'assistance réciproque (Traité de Rio) contre le
Venezuela « sous des prétextes absurdes ».
Étaient également présents José Ramon Machado
Ventura, deuxième secrétaire du Parti communiste de Cuba, Esteban Lazo
Hernandez, président de l'Assemblée nationale du pouvoir populaire et
président du Conseil d'État, Salvador Sanchez Ceren,
ancien président du Salvador, Ralph
Gonsalves, premier ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines
et d'autres personnalités exceptionnelles. Un spectacle culturel
présenté par les enfants de la troupe de théâtre Colmenita a également
été accueilli avec chaleur par les participants.
La première journée de la rencontre a débuté par une
table ronde au cours de laquelle des intellectuels et activistes bien
connus ont exposé leurs points de vue sur les développements actuels
des affaires politiques en Amérique latine et dans le monde, sur le
rôle que jouent les mouvements sociaux et ouvriers ainsi que sur les
défis auxquels la gauche est confrontée. Des interventions de
représentants de toutes les régions d'Amérique latine, des Caraïbes,
des États-Unis, du Québec et du monde ont suivi.
À la mi-journée, des discussions animées caractérisées
par des expressions de solidarité profonde ont eu lieu à l'extérieur du
Palais des congrès, où des délégués du monde entier ont également parlé
aux médias.
Dans la soirée, les comités de défense de la révolution
(CDR) du district de Barbosa, à la périphérie de La Havane, ont invité
les délégués à se joindre à eux dans une tribune anti-impérialiste.
Quand les autobus transportant les délégués sont arrivés à Barbosa, des
drapeaux et des slogans cubains étaient suspendus aux bâtiments, aux
fenêtres et aux balcons ainsi que dans les rues, créant une belle
atmosphère de fête. Des centaines de résidents locaux attendaient dans
les rues pour saluer les délégations et emmener des contingents dans
les différents CDR. Il y a un CDR par bloc et, à chaque passage, les
voisins expliquent aux visiteurs ce que font les CDR, comment ils
fonctionnent et sont organisés. Ils ont également expliqué comment le
peuple cubain s'organise en général pour la vie quotidienne et pour la
défense de la révolution. Des enfants de la communauté ont récité des
poèmes et ont présenté des cadeaux et des dessins aux visiteurs de leur
CDR. Les voisins ont offert la nourriture qu'ils préparent
traditionnellement lors de célébrations du CDR et ont échangé leurs
expériences avec les délégués qui ont exprimé leur gratitude pour cet
accueil si chaleureux.
Fernando Gonzalez, président de l'ICAP, s'est ensuite
adressé à toutes les personnes rassemblées dans une zone centrale. Des
vidéos étaient projetées sur grand écran au son de la musique du groupe
Pupy y Los que Son Son et les gens ont dansé et chanté jusqu'à tard
dans la soirée.
La tradition de tenir des tribunes anti-impérialistes a
débuté sur l'île à la fin de 1999 et au début de
l'année 2000, lorsque le peuple cubain s'est battu pour le retour
d'Elian Gonzalez - l'enfant cubain que la mère avait emmené
illégalement États-Unis, qui s'est retrouvé seul en mer après un
accident et a été emmené aux États-Unis. Son père a entamé une bataille
judiciaire pour le ramener à Cuba. Cette bataille a été initiée par
Fidel Castro, avec le soutien de l'ensemble du peuple cubain et un
grand appui aux États-Unis, au Canada et dans le monde. C'est au cours
de ce combat que Fidel Castro a lancé la « bataille des idées ».
Les tribunes anti-impérialistes sont devenues son lieu de réunion.
Elles avaient lieu tous les samedis dans différents quartiers pour
réclamer le retour d'Elian, qui est finalement revenu à Cuba en
juin 2000, ce qui fut considéré comme une grande victoire de la
révolution cubaine. Avec le temps, la tribune anti-impérialiste a été
construite dans le Vedado, en face du bâtiment de la Section des
intérêts des États-Unis. De nombreuses manifestations historiques y ont
convergé. Le site de cette tribune est en cours de rénovation, mais la
tradition se poursuit.
La célébration de l'unité et de l'amitié avec la
révolution cubaine à Barbosa a certainement montré l'enthousiasme des
habitants et des invités étrangers pour la révolution et le fait que
Cuba n'est pas seule.
Deuxième jour de la rencontre anti-impérialiste
À la deuxième journée de débat, une grande table ronde a
eu lieu dans la matinée avec la participation d'Ismael Drullet, du
Chapitre cubain des mouvements sociaux, qui a souligné l'importance de
l'unité et de la solidarité pour faire face à l'impérialisme et au
capitalisme ; de Ralph Gonsalves, premier ministre de
Saint-Vincent-et-les Grenadines, qui a exprimé le soutien de toutes les
personnes présentes au peuple vénézuélien et expliqué le rôle des pays
des Caraïbes dans la solidarité anti-impérialiste ; Manuel
Bertoldi d'Argentine, qui a souligné l'importance des soulèvements en
Amérique latine ; Félix César Navarro Miranda, ministre des Mines
de de la Métallurgie de la Bolivie ; et un représentant de la
République populaire de Chine, qui a souligné l'importance des
relations entre la Chine et Cuba et a déclaré que son pays « continuera
de soutenir, comme toujours, la juste cause de cette île des Caraïbes,
sa souveraineté et son socialisme suivant ses conditions
nationales. »
Ralph Gonsalves, premier ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines (à
gauche), et Gail Walker, directrice exécutive d'IFCO-Pastors for Peace,
ont notamment pris la parole au cours de la deuxième journée.
Dans l'après-midi, les délibérations se sont poursuivies
en commission :
Commission 1 : Solidarité avec Cuba et
d'autres causes justes
Commission 2 : Les peuples face au
libre-échange et aux transnationales
Commission 3 : Décolonisation et guerre
culturelle - communications stratégiques et lutte sociale
Commission 4 : Jeunesse : stratégies et
continuité dans les luttes
Commission 5 : Démocratie, souveraineté et
anti-impérialisme
Commission 6 : Intégration, identités et
luttes communes
Les rapports des commissions ont ensuite été présentés à
la session plénière.
Rangée du haut: la commission 1 se réunit à l'École de médecine
d'Amérique latine. Rangée du bas: réunion de la commission jeunesse au
cours de laquelle des jeunes autochtones de la Colombie-Britannique et
du Manitoba ainsi que d'autres personnes interviennent.
Les discussions au sein des commissions ont été
instructives et ont permis de relever les nombreux défis auxquels sont
confrontés les peuples. Par exemple, les participants de Porto Rico ont
parlé de la situation de leur pays, le plus ancien pays encore sous
domination coloniale. Maria Lourdes Santiago, vice-présidente du Parti
de l'indépendance portoricaine, de la commission de la décolonisation,
a expliqué en détail les nombreux problèmes auxquels Porto Rico est
confronté au quotidien sur les plans économique et culturel, mais elle
a également insisté sur le fait qu' « après 121 ans de domination,
nous parlons encore espagnol », et après l'ouragan Maria qui a
fait des ravages partout au pays et de nombreuses victimes, le drapeau
portoricain, son propre drapeau, a été brandi dans les endroits mêmes
les plus reculés.
« Porto Rico est la grande dette de l'Amérique latine
envers le colonialisme », a-t-elle déclaré.
La solidarité avec la cause du peuple vénézuélien, la
revendication du retour à l'Argentine des Malouines occupées par la
Grande-Bretagne et l'indépendance de la Guadeloupe occupée par la
France ainsi que la solidarité avec les luttes des peuples chilien,
bolivien, hondurien, salvadorien, nicaraguayen, sahraoui, palestinien
ont été exprimées à de nombreuses reprises au cours de l'événement.
L'un des faits saillants du Forum anti-impérialiste a
été l'annonce que plus de deux millions de signatures avaient été
recueillies à Cuba en seulement 14 jours pour exiger la liberté de
l'ancien président brésilien Luis Inacio Lula da Silva, emprisonné
arbitrairement et injustement par le président néolibéral actuel à
cause de la manipulation et de la corruption des procédures judiciaires.
Des signatures ont également été rassemblées dans
l'agora à l'extérieur du Palais des Congrès.
La lettre soulignait que la solidarité avec Cuba, « à
chaque étape de la révolution, est un devoir de toute personne attachée
à la démocratie et à la souveraineté des peuples, dans la lutte contre
le néolibéralisme et le blocus pervers imposé par le gouvernement
américain à l'île depuis plus d'un demi-siècle. »
Le cri « Lula libre ! » a retenti tout au long
de de l'événement.
Un grand enthousiasme a également été exprimé pour les
actions de solidarité cubaine avec le monde qui se manifeste par
l'envoi de médecins dans tous les coins du monde, où ils sont
nécessaires pour ceux qui n'ont aucun autre accès aux soins médicaux.
Ces médecins, certains d'entre eux présents à la conférence, soit
invités spécialement, soit en tant que délégués de leur pays, ont eu
droit à une ovation prolongée. C'était particulièrement significatif à
la lumière des campagnes de diffamation que les États-Unis mènent
contre eux et leurs missions.
Troisième jour de la rencontre
La journée a débuté avec la présentation des rapports
des commissions, la présentation du texte de la déclaration finale, les
interventions de nombreux délégués et l'adoption de la déclaration.
Dans l'après-midi, la séance de clôture de la rencontre
anti-impérialiste pour la démocratie et contre le néolibéralisme a
débuté par des applaudissements retentissants et des ovations qui ont
salué l'arrivée du général d'armée Raul Castro Ruz, premier secrétaire
du Parti communiste de Cuba, du président Miguel Diaz-Canel Bermudez,
du président Nicolas Maduro de la République bolivarienne du Venezuela,
de José Ramon Machado Ventura, deuxième secrétaire du Parti communiste
cubain, et d'Esteban Lazo, président de l'Assemblée nationale du
pouvoir populaire et du Conseil d'État.
.
Une déclaration de solidarité avec Cuba a été lue par
Gail Walker, directrice exécutive de la Interreligious Foundation for
Community Organization (IFC) basée aux États-Unis, et fille du pasteur
Lucius Walker, qui a lancé en 1992 les caravanes de Pasteurs pour
la paix à Cuba.
« Nous soutenons la construction d'une Cuba prospère,
partant du principe de José Marti quiconque se lève aujourd'hui avec
Cuba, se lève pour tous les temps », lit-on dans la déclaration qui
demande également la fin du blocus contre Cuba et répudie la mise en
oeuvre de la Loi Helms-Burton.
Gail Walker avait déjà indiqué qu'en tant que membres du
peuple américain, les communautés se sentent davantage engagées avec
Cuba.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro et le président cubain Miguel
Diaz-Canel Bermudez
s'adressent à la séance de clôture.
Le président Maduro a ensuite pris la parole. Son
discours exprimant le défi du peuple vénézuélien face aux actes
hostiles des États-Unis a été accueilli par des applaudissements
prolongés et une ovation debout.
Le président de la République de Cuba, Miguel Diaz-Canel
Bermudez, a ensuite prononcé le discours de clôture de la
manifestation. Il a commencé ses remarques en déclarant : « Un
salut spécial à tous ceux qui résistent et qui sont venus dans la
capitale cubaine, qui a toujours été et sera un point de rencontre pour
ceux qui défendent la paix et la solidarité entre les peuples. »
« La nouvelle génération de dirigeants cubains, formés
et éduqués par la génération historique de Fidel et de Raul, sont des
révolutionnaires, des socialistes fidèles à Fidel et à Martí, a-t-il
déclaré sous des applaudissements prolongés. Nous ne céderons pas un
millimètre dans nos positions en faveur de l'indépendance, de la
souveraineté et de la justice sociale. Et en tant que lien avec les
peuples qui luttent et qui résistent, nous défendrons toujours la
solidarité en tant que principe fondamental, auquel nous devons
beaucoup. »
C'était sans doute une fin qui ouvrait la voie à un
nouveau départ. Vivifiant et optimiste, il y avait une certitude que
Cuba n'est pas seule et qu'il existe en Amérique latine et dans les
Caraïbes la conscience que les peuples préservent la paix et la
solidarité pour créer une région plus prospère, une région qui met fin
à toutes les formes de colonialisme qui existent encore, une région de
démocratie populaire et de lutte contre le néolibéralisme. L'unité
anti-impérialiste est sans aucun doute la clé de la victoire.
Depuis cette Cuba solidaire, depuis ce Premier
Territoire libre d'Amérique, reconnaissant la résistance héroïque et
les conquêtes de son peuple en soixante ans de Révolution,
nous, 1 332 représentants de 789 organisations du mouvement
social et populaire et de la solidarité, représentants de réseaux, de
plateformes et d'articulations régionales et mondiales, représentants
de partis politiques, parlementaires, religieux et intellectuels
de 86 pays, nous avons partagé nos luttes et nos espoirs.
Exercés de longue date à la solidarité face à
l'agressivité impérialiste contre la Révolution cubaine, engagés avec
toutes les causes justes, participant aux efforts d'unité dans l'action
et d'articulations de luttes, nous sommes venus de tous les coins du
monde pour prendre part à La Havane aux Rencontres anti-impérialistes
de solidarité, pour la démocratie et contre le néolibéralisme,
du 1er au 3 novembre 2019.
Nous vivons un nouveau moment dans l'histoire. Dans les
urnes, dans les rues et sur les réseaux sociaux, les peuples prouvent
par leurs votes et leurs protestations que l'offensive impériale,
conservatrice, de restauration néolibérale, de la droite oligarchique,
en alliance avec le fondamentalisme religieux, le pouvoir médiatique,
le capital et les sociétés transnationales qui, commandé par
l'impérialisme étasunien, excluent de par leur nature prédatrice des
vastes couches de la population, détruisent le travail digne et la vie
en harmonie avec la Nature et mettent l'espèce humaine en danger, est à
bout de souffle.
Les peuples prouvent qu'il est possible de contrer
l'offensive de l'impérialisme qui, dans le droit fil de ses visées,
criminalise les protestations sociales, confine et déplace des
populations, assassine des leaders sociaux et politiques et des femmes,
poursuit des chefs de gouvernements progressistes et fait de la justice
un instrument politique.
L'heure est à l'espoir. L'unité, parce que vitale, est
un devoir ; la mobilisation, un mot d'ordre ; l'organisation
populaire, une tâche péremptoire ; l'intégration, une stratégie
qui nous conduira à la victoire.
En ce moment crucial, nous nous engageons à :
1. Faire nôtre la Déclaration de solidarité avec
Cuba que nous avons adoptée à ces Rencontres, et nous mobiliser
dans des actions permanentes, intensives et systématiques à fortes
retombées médiatiques contre l'escalade agressive de l'impérialisme
yankee, dans le cadre de la Campagne internationale « Touche pas à
Cuba ! ».
2. Exiger la levée du blocus économique,
commercial et financier, foncièrement criminel et génocidaire, que
l'administration étasunienne ne cesse de durcir contre Cuba, et appuyer
la Résolution que le gouvernement cubain soumettra une fois de plus à
l'Assemblée générale des Nations unies les 6 et 7 novembre
prochains, convaincus que la communauté internationale remportera une
nouvelle victoire écrasante.
3. Dénoncer les menaces et les agressions de
différente nature que la puissance hégémonique réalise contre tous les
gouvernements qui, parce que souverains, refusent de la servir quand
elle prétend installer des bases militaires sur leurs territoires et
s'emparer de leurs ressources stratégiques.
4. Réaffirmer et défendre l'actualité
de la Proclamation faisant de l'Amérique latine et des Caraïbes une
Zone de paix.
5. Dénoncer les graves périls que la décision de
l'administration étasunienne de réactiver le Traité interaméricain
d'entraide (TIAR) fait peser sur l'Amérique latine et les Caraïbes, et
sur le monde, dans la mesure où elle vise par là à étayer militairement
sa prétention de ressusciter la Doctrine Monroe.
6. Exprimer notre solidarité résolue avec la
Révolution bolivarienne et chaviste, avec l'union civico-militaire de
son peuple et avec son président légitime Nicolás Maduro Moros, qui a
su défendre fermement la souveraineté face aux agressions de toutes
sortes de l'administration étasunienne et de ses alliés soumis qui
adoptent des mesures contre les véritables représentants diplomatiques
du gouvernement vénézuélien. Appuyer le dialogue avec des
secteurs de l'opposition pour maintenir la paix au Venezuela.
7. Intensifier la mobilisation pour réclamer la
libération immédiate du compagnon Luiz Inácio Lula Da Silva, victime
d'une justice au service de la politique qui vise à poursuivre et à
emprisonner des dirigeants politiques latino-américains de gauche et
progressistes
8. Féliciter le peuple de l'État plurinational
de Bolivie pour sa victoire électorale et le président Evo Morales Ayma
pour sa réélection, lesquelles sont le fruit des mesures adoptées en
faveur de la population et en vue de la croissance économique. Dénoncer
également les tentatives de coup d'État et les campagnes de
déstabilisation orchestrées, à l'incitation des États-Unis, par des
secteurs de l'opposition contre la paix en Bolivie et la sécurité des
citoyens.
9. Condamner les tentatives de l'administration
étasunienne de déstabiliser le gouvernement nicaraguayen et réitérer
le droit de ce peuple à la paix.
10. Demander l'indépendance de Porto Rico,
nation latino-américaine et caribéenne, soumise depuis plus d'un siècle
à la domination coloniale des États-Unis et dont le peuple se soulève
victorieusement dans la rue contre les politiques du gouvernement
annexionniste.
11. Exprimer notre solidarité résolue avec les
nations antillaises qui réclament à juste titre une réparation pour les
séquelles de l'esclavage et un traitement juste et différencié dans
l'affrontement aux changements climatiques, conformément à leurs
circonstances spécifiques et à leur plus grande vulnérabilité.
12. Appuyer la demande du peuple argentin
concernant la récupération des îles Malvinas qui lui appartiennent au
nom du droit et de l'histoire.
13. Dénoncer les gouvernements qui, cédant aux
diktats de l'impérialisme yankee et aux recettes du Fonds monétaire
international, imposent à leurs peuples, à feu et à sang, des
politiques néolibérales de choc, empirant l'injustice sociale et
frappant en particulier les secteurs les plus vulnérables de la
société ; condamner énergiquement le recours à la force et
à la répression pour tenter d'étouffer les justes réclamations des
mouvements sociaux et populaires.
14. Défendre la décision du peuple chilien de se
révolter et de descendre courageusement dans la rue afin d'ouvrir les
grandes avenues contre les politiques répressives et antipopulaires du
gouvernement, et condamner les tortures, les viols, les
mutilations et les morts de citoyens par les organes de répression.
15. Condamner la répression en Équateur qui a
coûté de nombreuses vies humaines à ce peuple frère qui fait face aux
mesures de choc néolibérales.
16. Rejeter le gouvernement pro-impérialiste de
Jair Bolsonaro, soumis aux intérêts des États-Unis et acharné à annuler
les conquêtes faites dans ce pays frère, à détruire l'avancée vers
l'intégration et toutes expressions progressistes et de gauche dans la
région.
17. Appuyer le droit du peuple colombien à la
paix et défendre dans ce but l'application totale de l'Accord final, exiger
que le gouvernement respecte la vie des anciens combattants et des
leaders politiques et sociaux. Appeler à la reprise de la
Table de dialogue avec l'Armée de libération nationale.
18. Exprimer notre plus profonde solidarité avec
le peuple frère haïtien dans sa lutte pour la justice sociale, les
réparations historiques et une vie digne.
19. Manifester notre appui à la lutte du peuple
hondurien et à ses réclamations légitimes.
20. Féliciter le peuple argentin et son
président élu Alberto Fernández pour leur victoire méritée aux urnes,
qui inflige une déroute au néolibéralisme et redonne son espoir et sa
dignité à cette nation.
21. Féliciter le gouvernement d'Andrés Manuel
Lopez Obrador pour sa contribution à l'unité de l'Amérique latine et
des Caraïbes et pour sa défense des principes de non-ingérence et de
respect de la souveraineté.
22. Exprimer notre appui et notre solidarité au
Front élargi d'Uruguay qui défend la continuité des conquêtes
remportées ces quinze dernières années en faveur de peuple.
23. Dénoncer les ingérences de l'impérialisme
dans les affaires intérieures des pays d'Afrique et du Moyen-Orient,
les agressions et les guerres qu'il y déclenche, sous prétexte de lutte
contre le terrorisme, pour en contrôler les ressources naturelles. Rejeter
les mesures de coercition économiques contre le Zimbabwe.
24. Appuyer la lutte historique des peuples
sahraoui et palestinien pour leur droit à l'autodétermination.
25. Exiger la fin de l'intervention impérialiste
en Syrie et le respect total de sa souveraineté et de son intégrité
territoriale.
26. Nous féliciter du rapprochement et du
dialogue entre les deux Corées. Condamner les sanctions
unilatérales imposées à la République populaire démocratique de Corée.
27. Rejeter toutes les formes de discrimination
et de violence pour des motifs de sexe, de couleur de la peau, de
croyance religieuse, d'orientation sexuelle, et n'importe quelle autre
manifestation qui porte atteinte à la dignité et à l'intégrité de la
personne. Appeler à la solidarité avec les luttes
correspondantes et reconnaître la contribution des mouvements
de femmes et féministes en matière de libération.
28. Défendre les droits des peuples autochtones
à leurs cultures, à leurs territoires, à leurs traditions et à leurs
coutumes ancestrales. Appuyer la communauté d'origine africaine
et les minorités linguistiques, religieuses et ethniques dans leurs
luttes de revendication.
29. Reconnaître le protagonisme et la volonté de
lutte des jeunes en tant que continuateurs fidèles de l'héritage de
libération et d'internationalisme de nos grands hommes.
30. Condamner énergiquement la politique contre
les migrants des gouvernements des États-Unis et de l'Union européenne,
ainsi que toute manifestation de fascisme, de xénophobie et de racisme.
31. Dénoncer la croisade maccarthyste menée par
l'administration étasunienne et la campagne anticommuniste orchestrée
en Europe.
32. Convoquer une lutte mondiale pour défendre
les ressources naturelles, la biodiversité, la souveraineté et la
sécurité alimentaires, la Terre nourricière et les conquêtes et les
droits sociaux.
33. Renforcer la réponse à la guerre culturelle
et symbolique livrée contre la subjectivité de l'être humain en
articulant les batailles médiatiques sur la Toile et sur les réseaux
sociaux numériques, et en alimentant les réseaux par la vérité face à
l'offensive mensongère de l'impérialisme néolibéral.
Aussi :
Réitérons-nous combien il est important de bâtir l'unité
anti-impérialiste des forces politiques de gauche et des mouvements
sociaux et populaires, dans le respect de la pluralité, de la diversité
et du droit souverain des peuples de choisir librement leur forme
d'organisation politique, économique et sociale, car nous sommes
convaincus que seule l'unité nous permettra de remporter la victoire
sur le principal ennemi des peuples : l'impérialisme yankee et ses
alliés.
Remercions-nous le peuple et le gouvernement de l'île de
la Liberté et de l'Unité, ainsi que la Section cubaine des mouvements
sociaux, pour leur hospitalité et leur solidarité invariable. Nous
resterons à vos côtés, attachés à votre projet social et bien décidés à
divulguer la vérité sur cette Révolution invincible.
Ces Rencontres réaffirment la volonté de lutte de nos
peuples et constituent un élan formidable pour aller de l'avant ;
nous resterons en résistance jusqu'à la victoire.
Au plan désintégrateur de l'impérialisme et de la droite
conservatrice, oligarchique et néolibérale, opposons le plan
intégrateur, souverain et digne de nos peuples. Unissons-nous pour
exiger notre droit au développement, à la vie et à l'avenir. L'unité
anti-impérialiste, telle est la tactique et la stratégie de la victoire.
Messieurs les impérialistes,
touchez pas à Cuba !
La lutte des peuples continue !
Jusqu'à la victoire, à jamais !
La Révolution cubaine à 60 ans:
Conférence internationale de Halifax, Nouvelle-Écosse
Ouverture de la conférence le 31 octobre 2019
Une conférence
internationale importante de trois jours, La Révolution cubaine
à 60 ans, a eu lieu à Halifax du 31 octobre au 2
novembre. L'ambassadrice cubaine au Canada, Son Excellence Josefina
Vidal, une des oratrices à la Conférence, a dit que c'était l'événement
le plus important de la sorte à se tenir hors de Cuba.
L'événement a été planifié par deux éminents experts
canadiens sur Cuba de l'Université Dalhousie, les professeurs John Kirk
et Isaac Saney. En 1989, John Kirk avait organisé une autre
conférence internationale réussie pour évaluer les trente premières
années de la Révolution cubaine.
« Au moment de célébrer le 60e anniversaire de sa
révolution », a dit Kirk, « Cuba vit une période de
transformations historiques : un changement de leadership, une
réforme constitutionnelle et un processus complexe de développements
économiques. L'événement est donc une bonne occasion de discuter des
progrès réalisés par Cuba au cours des dernières soixante années et,
chose peut-être plus importante encore, d'analyser les développements
actuels. »
Kirk et Saney ont été appuyés par une équipe de
bénévoles du milieu communautaire et étudiant dirigée par Sheila
Savage, Marilyn MacMullin et Jeanie Kimber, qui se sont chargées de
l'organisation matérielle de l'événement et ont fait en sorte que tout
se déroule sans anicroche. « Sans elles, l'événement n'aurait pas eu
lieu », a dit Kirk.
Plus de 250 personnes ont participé à l'événement.
Des personnalités académiques et des experts de Cuba, du Canada, du
Mexique, de la Grande-Bretagne et des États-Unis, de même que des
étudiants, des activistes communautaires et des amis de Cuba ont tous
contribué au succès de cette conférence historique.
Quarante spécialistes de premier plan sur Cuba,
provenant de Cuba, du Royaume-Uni, de l'Amérique latine, d'Europe, des
États-Unis et du Canada ont participé à une série de panels pour
évaluer les succès et les défis de l'économie cubaine, des relations
Cuba-États-Unis et des relations internationales de Cuba. D'autres
panels ont abordé le changement climatique et les défis écologiques
auxquels l'île est confrontée, la question du changement social,
notamment les questions reliées à l'égalité (et à l'inégalité) raciale
et de genre, à la santé et à la diversité sexuelle. Les discussions en
table ronde, les présentations principales et les échanges informels
ont permis d'évaluer les succès et les défis de la révolution et du
système socialiste cubains et les défis qui devront être relevés (voir
les rapports ci-dessous).
Les présentations principales à la conférence ont été
faites par (de gauche à droite) S.E. Josefina Vidal, ambassadrice de
Cuba au Canada; Dr Alon Friedman, neuroscientifique au Centre de
traitement des lésions cérébrales de l'Université Dalhousie; et Jeffrey
DeLaurentis, ancien ambassadeur des États-Unis à Cuba.
Le premier jour de la Conférence a débuté par un message
de salutations du maire de Halifax Mike Savage. Dans son message, le
maire Savage a exprimé son admiration pour Cuba et souligné les liens
étroits qui lient Cuba et la Nouvelle-Écosse qui ont été mutuellement
avantageux et dont il espère se poursuivront et s'approfondiront.
Cela a été suivi du premier panel intitulé « Cuba et la
Révolution cubaine : aperçu et réflexions personnelles ».
Le deuxième jour, le 1er novembre, les tables
rondes ont porté sur l'évolution de la révolution cubaine pendant ses
soixante années, les changements climatiques et sur la façon dont Cuba
aborde ce problème, et sur comment Cuba s'adapte au changement social
pour faire en sorte que les droits de ses citoyens continuent d'avancer.
Le même jour, il y a eu une présentation principale très
attendue sur le soi-disant « syndrome de La Havane » par le
docteur Alon Friedman, un médecin et chercheur à l'Université Dalhousie
qui a dirigé une équipe de chercheurs financée par Affaires mondiales
Canada pour enquêter sur la cause des symptômes déclarés par les
diplomates des États-Unis et du Canada à La Havane à la fin 2016.
Sans détenir aucune preuve, le gouvernement canadien avait déjà blâmé
le gouvernement cubain. Dans cette présentation majeure, le docteur
Friedman présentait publiquement pour la première fois les conclusions
de son enquête (voir le rapport ci-dessous). Le problème n'était pas
une « attaque sonore » de la part de l'État cubain, comme le voulait la
désinformation diffusée par les médias impérialistes et, selon le Dr
Friedman, exagérée. Le Dr Friedman a souligné la coopération totale du
ministère cubain de la Santé et a exprimé l'espoir que les relations de
travail établies entre les chercheurs canadiens et cubains se
poursuivent.
Lors de la discussion qui a terminé la première journée,
le point principal qui est ressorti est que la révolution cubaine,
forte de ses soixante années, est en train de se rénover, en
particulier sur le plan économique, conformément aux conditions
actuelles. La solidarité sociale du peuple ne cesse de se renforcer, à
Cuba et sous la forme de l'internationalisme cubain.
Les événements de la journée du 1er novembre ont été
suivis d'une réception en soirée à l'hôtel de ville de Halifax
organisée par l'Association Nouvelle-Écosse-Cuba (NSCUBA), une
organisation communautaire qui oeuvre depuis 30 ans à renforcer
les liens avec Cuba. Il y a eu également une cérémonie de plantation
d'un arbre au cours de laquelle le maire de Halifax Mike Savage et
l'ambassadrice Josefina Vidal ont porté un toast aux liens de longue
date et productifs entre la Nouvelle-Écosse et Cuba. Les relations
entre la Nouvelle-Écosse et Cuba remontent à 1903, lorsque la
première ambassade cubaine a été ouverte en sol canadien, à Yarmouth,
en Nouvelle-Écosse, pour faciliter le commerce dans le secteur des
pêcheries.
Le troisième jour de la conférence a mis à l'ordre du
jour les questions importantes de l'économie cubaine, des relations
États-Unis-Cuba, des relations internationales de Cuba et une table de
ronde de clôture a examiné la question de l'avenir. En plus, une
présentation principale a été faite par l'ancien ambassadeur des
États-Unis à Cuba Jeffrey DeLaurentis.
Les participants à la table ronde sur l'économie cubaine
ont souligné que celle-ci a toujours fait face à de grandes difficultés
en raison du blocus économique et des sanctions des États-Unis.
La table ronde a été suivie d'une autre qui a traité des
relations États-Unis-Cuba et mis en lumière la capacité du peuple
cubain à faire face à la pression américaine sur le pays depuis plus
de 60 ans.
Dans sa présentation, Jeffrey DeLaurentis a abordé ce
thème et parlé avec franchise du temps où il était le négociateur
principal des États-Unis sous la présidence d'Obama, alors que de
grands efforts ont été faits pour normaliser les relations entre les
États-Unis et Cuba. Il a dit que lorsque l'annonce a été faite par les
présidents de Cuba et des États-Unis, le 17 décembre 2014, de
normaliser les relations, lui-même et son homologue Josefina Vidal ont
travaillé fort pour conclure 23 accords et initier 17
dialogues sur des sujets aussi variés que les droits humains et les
propriétés qui ont été expropriées par le gouvernement révolutionnaire
à Cuba. DeLaurentis a dit que lorsque le nouveau gouvernement Trump a
pris le pouvoir, ce travail s'est arrêté et qu'aujourd'hui les
relations entre les États-Unis et Cuba sont dans un creux historique.
Il s'est tout de même dit confiant que les négociations
ont marqué un point tournant. Et compte tenu du vaste appui pour un
engagement avec Cuba existant parmi les membres de l'administration
américaine, au sein du Pentagone et parmi le peuple américain,
DeLaurentis a exprimé l'espoir que dans un avenir rapproché, Cuba et
les États-unis réussiront à normaliser leurs relations pour le bénéfice
des deux peuples.
La dernière table ronde a porté sur la survie durable de
Cuba, son développement et sa défense de sa souveraineté.
La conférence s'est conclue par l'expression de
félicitations à tous les organisateurs, qui ont été fortement applaudis
pour avoir mis sur pied cet événement important et opportun et invités
ardemment à en organiser un autre dans un avenir rapproché.
Le site web conçu pour la conférence – cuba60.ca – a été créé et
géré par un autre spécialiste Canadien sur Cuba, Mark Rushton. Pour
donner suite à la conférence, on publiera sur le site web au cours de
la prochaine année plusieurs des documents et des allocutions présentés
à la conférence qui seront ainsi accessibles au public.
De plus, plusieurs livres spécialisés issus de la
conférence devraient être publiés.
L'événement « La Révolution cubaine à 60 ans
» a reçu l'appui de la Fondation Ford, de la Fondation
Christopher Reynolds, du Conseil de recherche des sciences sociales et
des humanités, du Bureau de Washington sur l'Amérique latine, de
l'Université Dalhousie, du Syndicat des travailleurs et travailleuses
des Postes , de l'Université Saint Mary's, du Bureau du maire de
Halifax, du Réseau canadien sur Cuba, de Santé mondiale Dalhousie et de
NSCUBA, entre autres organisations.
Ouverture de la conférence (de gauche à droite):
discours du maire de Halifax, Mike Savage, du professeur John Kirk,
organisateur de la conférence, et salutations avec cornemuse
Le professeur John Kirk, le maire Mike Savage et
l'ambassadrice Josefina Vidal témoignent de l'amitié de longue date
existant entre la Nouvelle-Écosse et Cuba, le 1er novembre 2019.
Réception à l'hôtel de ville d'Halifax, le 1er
novembre 2019. À droite: un des organisateurs de la conférence, le
professeur Isaac Saney, prend la parole à la réception.
Jeffrey DeLaurentis, qui a été ambassadeur des
États-Unis à Cuba sous l'administration Obama, a participé de près au
processus de deux ans qui a temporairement conduit à la normalisation
des relations entre les États-Unis et Cuba sous cette administration.
Il a présenté ses réflexions personnelles sur cette expérience dans un
discours à la conférence « La révolution cubaine à 60 ans » à
Halifax. Il a rappelé qu'au début de l'après-midi du 16
juin 2017, il était assis dans son bureau à La Havane à regarder
la télévision lorsqu'il a vu le président récemment élu, Donald Trump,
déchirer ce qu'il a appelé l'accord « terrible et erroné avec le régime
de Castro » conclu par l'administration Obama.
DeLaurentis se souvient d'avoir « regardé s'évanouir
tout notre dur travail. Et je savais au fond de moi que les choses
allaient s'aggraver ».
Vingt et un jours après le discours de Trump à Miami,
DeLaurentis a quitté Cuba. Alors qu'il traversait une haie d'honneur
formée du personnel de l'ambassade, il se rappelle s'être effondré en
larmes « après la première poignée de main ». Tout en
reconnaissant que ce n'était pas « très diplomatique » de sa
part, il note qu'après six mois de surveillance stoïque du nouveau
gouvernement américain qui inversait radicalement le cours des
relations avec Cuba, « je ne pouvais plus retenir ma réaction ».
Beaucoup de choses se sont produites depuis le 17
décembre 2014, lorsque DeLaurentis a annoncé aux 50 membres
du personnel de l'ambassade qu'après 18 mois de négociations
secrètes, Washington et La Havane avaient convenu d'essayer de
développer une nouvelle relation moins hostile entre eux. « Les
applaudissements ce jour-là, dit-il maintenant, étaient
assourdissants. »
Le périple personnel de DeLaurentis remonte à encore
plus loin, lui qui était arrivé à Cuba pour sa première de trois
missions en 1991, estimant au début que la politique américaine «
d'isolement et de pression » conduirait au « résultat
souhaité » pour se rendre compte rapidement que cette politique
n'était pas dans l'intérêt à long terme des États-Unis.
Il a dit à son auditoire d'Halifax que bien que la
relation entre les États-Unis et Cuba est maintenant « tombée » à
« son point le plus bas depuis des décennies » et que les choses
vont probablement s'aggraver encore alors que Cuba devient une fois de
plus un enjeu électoral pour Trump, il demeure optimiste pour le long
terme, en partie à cause des « vrais dialogues » qui ont commencé
en 2015-2016. « Bien que nous ne soyons pas allés assez loin pour
que les changements soient permanents, nous avons créé les conditions
pour revenir à la table », a-t-il dit.
Josefina Vidal, la principale négociatrice de Cuba à
l'époque et maintenant ambassadrice de Cuba au Canada, a présenté dans
son exposé « des réflexions personnelles sur le processus de
rapprochement qui s'est déroulé entre la fin de 2014 et le début
de 2017 ». Elle a dit à la Conférence qu'elle avait consacré
plus de 25 ans de sa vie professionnelle aux relations
américano-cubaines et que ce qui s'était passé pendant cette brève
période était « la seule chose entièrement différente qui se soit
produite dans nos relations bilatérales depuis 60 ans ».
Elle a rappelé qu'en 2015, au début des négociations,
un intervieweur lui avait demandé si le processus de rapprochement en
cours pouvait toujours être inversé. « Ma réponse a alors été de dire
que 'bien sûr, c'est possible', a-t-elle dit. « Et les événements
récents l'ont prouvé, malheureusement », a-t-elle ajouté. Elle a
dit que « les différences profondes qui existent entre nous
subsisteront et la normalisation des relations avec les États-Unis sera
toujours un processus complexe et prolongé que peut-être nous n'allons
jamais réaliser complètement ». Néanmoins, elle croit toujours
qu'« il est possible de développer une coexistence civilisée entre les
deux pays ».
Les relations se sont améliorées à ce moment-là,
explique-t-elle, parce que le gouvernement Obama « a finalement reconnu
la légitimité du gouvernement cubain et de sa direction
historique », sans imposer de conditions à Cuba ni exiger de
concessions sur le plan de sa politique intérieure et étrangère et en
traitant Cuba en égal. Bien que les États-Unis n'aient pas renoncé à
leur désir d'imposer leur volonté à Cuba, « des négociations et des
dialogues ont été organisés sur la base du respect et de la
réciprocité. Les deux parties ont engagé les négociations dans un
esprit constructif, prêtes à trouver des solutions aux problèmes en
suspens et à identifier les domaines d'intérêt commun où les deux pays
pourraient coopérer pour l'avantage réciproque. »
Bien sûr, l'éléphant dans la salle des négociations
était le blocus en vigueur depuis presque 60 ans, qui ne pouvait
être levé que par le Congrès américain. « Je dois vous rappeler, a dit
l'ambassadrice, que la levée totale des mesures unilatérales
américaines de coercition économique a précédé des processus similaires
avec d'autres pays. »
Cuba, a-t-elle dit, reconnaît « de manière
réaliste » le rôle du Congrès dans la levée du blocus, mais
comprend également « le large usage que le président peut faire de ses
prérogatives pour assouplir la mise en oeuvre de l'embargo. Nous avons
toujours insisté sur ce point. »
Ce que les deux pays ont réalisé en deux ans à peine,
a-t-elle dit, n'était pas sans importance et montrait qu'« un nouveau
type de relation basé sur le respect et l'égalité était possible ».
Il restait encore beaucoup à faire pour améliorer ces
relations, a-t-elle ajouté, lorsque Donald Trump est arrivé. Tout comme
l'administration Obama a utilisé ses pouvoirs exécutifs pour améliorer
les relations, l'administration Trump « a pratiquement tout démantelé
ce qui avait été fait sous l'administration Obama. [...] Trump est même
allé plus loin en mettant en oeuvre des mesures sans précédent par leur
niveau d'agressivité et leur portée », y compris l'activation du
titre III de la Loi Helms-Burton et même la tentative de couper
l'approvisionnement en carburant de Cuba.
Aujourd'hui, souligne-t-elle, l'ambassade des États-Unis
à La Havane est « pratiquement inopérante » et « il n'y a pas de
contacts officiels sinon à un très bas niveau, même pour traiter de
questions de la plus haute priorité ».
Malgré tout, Joséfina Vidal dit qu'elle voit l'avenir «
avec sérénité et toujours avec optimisme, j'oserais dire. [...] Comme
l'a récemment déclaré le ministre cubain des Affaires étrangères, nous
espérons qu'il s'agira d'une situation temporaire. »
Bien que les deux parties devront finalement travailler
à « restaurer et récupérer de nombreuses choses démantelées par le
gouvernement américain actuel », Mme Vidal affirme que même cela
ne suffira pas. « Le revers actuel confirme une nouvelle fois que la
volonté et les pouvoirs exécutifs du président américain ne suffisent
pas ; pour assurer l'irréversibilité à long terme d'une
amélioration des relations, des changements plus profonds sont
nécessaires dans le contexte politique américain, y compris dans les
lois sur l'embargo . »
Le Dr Alon Friedman s'adresse à la conférence le 1er
novembre 2019.
Vertiges, vision trouble, perte de mémoire, problèmes de
concentration ... Un problème grave semblait toucher les diplomates
américains postés à La Havane à la fin de 2016 et de 2017.
Mais quoi ? Et qui - ou quoi - était responsable ?
La nouvelle administration Trump, sans preuve, a blâmé
le gouvernement cubain et laissé entendre que le personnel diplomatique
américain avait été la cible « d'attaques sonores » utilisant une
arme secrète inconnue.
C'était la première des nombreuses théories avancées
pour expliquer ce qui se passait - de l'hystérie de masse à chant du
grillon à queue courte des Antilles. La plupart ont été
démystifiées ; rien n'a été prouvé.
Mais les diplomates américains n'étaient pas les seuls à
signaler les symptômes. Certains diplomates canadiens se sont également
plaints et, au printemps 2018, Affaires mondiales Canada a chargé
le Centre de traitement des lésions cérébrales de l'Université
Dalhousie à Halifax de mener une enquête et de faire rapport.
Le 1er novembre 2019, le Dr Alon Friedman,
chercheur principal du Centre de recherche sur le traitement des
lésions cérébrales pour le projet, a présenté ses conclusions au
symposium universitaire international de trois jours intitulé « La
révolution cubaine, 60 ans après » à Halifax.
L'équipe de Dalhousie comprenant 15 chercheurs
principaux et leurs équipes a commencé par essayer de reproduire les
résultats d'une étude préliminaire réalisée par des chercheurs de
l'Université de Pennsylvanie. Les chercheurs de l'UPenn avaient
rapporté que ce qui était arrivé aux Américains représentait un «
nouveau syndrome qui ressemble à une commotion cérébrale
persistante », mais ils étaient incapables d'en identifier la
cause.
Les chercheurs de Halifax voulaient passer à l'étape
suivante et déterminer la cause réelle des symptômes.
Ils ont commencé par tester les diplomates canadiens qui
avaient signalé les symptômes en utilisant une approche
multidisciplinaire pour étudier les lésions cérébrales, y compris de
nouvelles méthodes d'analyse du cerveau. Peut-être ce qui est le plus
important est qu'ils ont également procédé au cours de leurs études à
des analyses du cerveau de huit autres diplomates avant et après être
entrés en poste à La Havane.
Tous ceux qui avaient séjourné à La Havane présentaient
des lésions similaires dans des régions définies du cerveau, associées
à la consolidation de la mémoire, à la concentration et au cycle
sommeil-éveil.
Le Dr Friedman, un médecin formé en Israël et titulaire
d'un doctorat en neuroscience, a reconnu ce qu'il voyait sur les scans
de ses propres recherches 30 ans auparavant. « Il existe des types
très spécifiques de toxines qui affectent ces régions du
cerveau », explique-t-il. Ceux-ci incluaient des insecticides, en
particulier des pesticides organophosphatés ainsi que d'autres
organophosphorés - des neurotoxines qui agissent en inhibant l'action
de la cholinestérase, une enzyme essentielle au bon fonctionnement du
système nerveux.
Mais cela a soulevé une question fondamentale. Comment
les diplomates ont-ils été en contact avec ces neurotoxines ?
Alors qu'il y avait des explications potentiellement
néfastes - une attaque au gaz sarin dans un métro de Tokyo
en 1995, l'empoisonnement du demi-frère du dirigeant coréen Kim
Jong-Un en 2017, dans les deux cas une exposition unique à forte
dose -, cela n'expliquait pas ce qui s'était produit à La Havane.
« C'est comme une enquête médico-légale », a
rappelé le Dr Freidman. Les chercheurs ont exploré diverses pistes
d'explications potentielles, les ont mises à l'épreuve et ont constaté
leur faiblesse.
« Avec l'aide du Dr. Google », a-t-il dit à la
blague, ils ont fini par faire les liens qui les ont menés à une
campagne très annoncée de fumigation de masse lancée par le
gouvernement cubain en 2016 pour lutter contre une importante
épidémie de virus Zika transmis par les moustiques dans les Amériques,
y compris dans les Caraïbes.
L'analyse toxicologique des victimes canadiennes a
confirmé la présence de pyréthrinoïde et d'organophosphate, deux
composés entrant dans la composition des produits de fumigation que les
Cubains avaient pulvérisés.
En utilisant les registres de l'ambassade du Canada, les
chercheurs ont également découvert que des pulvérisations avaient été
effectuées à l'intérieur et à l'extérieur de leurs résidences. Les
installations ont été pulvérisées beaucoup plus souvent que prévu -
parfois toutes les deux semaines. Les chercheurs ont également constaté
une corrélation entre le nombre de fumigations effectuées chez un
diplomate et la gravité des symptômes rapportés.
Ce qui a amené les chercheurs à leur hypothèse de
travail. « Notre rapport indique des preuves cliniques, biochimiques et
d'imagerie compatibles avec l'hypothèse d'une surexposition aux
inhibiteurs de la cholinestérase en tant que cause de lésion
cérébrale », a conclu l'étude.
Ce n'est pas la fin, bien sûr. D'autres recherches
doivent être menées, notamment pour mieux comprendre les niveaux de
danger des différentes toxines. Bien entendu, le problème de santé
publique persiste. Qui d'autre aurait pu être touché ? Pensons
notamment aux citoyens cubains travaillant dans les ambassades, vivant
dans les mêmes quartiers ou impliqués dans la pulvérisation.
La bonne nouvelle est que le Dr. Friedman a rencontré
des professionnels de la santé cubains et ils travaillent actuellement
ensemble pour déterminer les prochaines étapes de la recherche.
Panel de discussion sur Cuba et la révolution cubaine le 31 octobre
2019 avec (de gauche à droite) Rafael Hernandez, rédacteur en chef de Temas;
l'ambassadrice Josefina Vidal; William LeoGrande, de l'École des
affaires publiques de l'Université américaine; et Emily Morris,
University College de Londres
Le soir du 31 octobre, à la séance d'ouverture de
la conférence « La révolution cubaine à 60 ans », sur le
thème « Cuba et la révolution cubaine : aperçu et réflexions
personnelles », le panéliste Rafael Fernandez, rédacteur en chef
de Temas, la revue cubaine en sciences sociales, a noté qu'au
cours de ses cinq premières années d'existence, les fondements de la
Révolution cubaine ont été établis lorsque Fidel Castro a mobilisé le
peuple, en particulier les jeunes, pour défendre la révolution dans une
guerre civile contre les forces contre-révolutionnaires financées et
appuyées par les États-Unis. Selon Hernandez, cette guerre civile est
gravée dans la mémoire historique du peuple cubain et l'a aidé à
s'orienter au cours de six décennies difficiles au cours desquelles
Cuba s'est renforcée. Il s'est dit confiant que, malgré tous les défis
économiques, politiques et sociaux auxquels Cuba est confrontée
aujourd'hui, le peuple continuera à défendre sa révolution et à décider
de son avenir.
L'ambassadrice de Cuba au Canada, son excellence
Josefina Vidal, était une autre membre du panel. Elle a partagé ses
réflexions sur les relations Cuba-États-Unis et leur impact sur les
peuples des deux pays. Elle a souligné que malgré les revers dans les
relations sous l'administration Trump, l'opinion publique à Cuba, aux
États-Unis et dans le monde entier est favorable à des relations
normalisées entre les États-Unis et Cuba. Elle a souligné que la
solidarité internationale et le soutien du peuple canadien et des
peuples du monde ont eu un impact profond sur le peuple cubain et a
rappelé que le vote prévu le 7 novembre à l'Assemblée générale des
Nations unies contre le blocus américain démontrera de nouveau le large
soutien des peuples du monde envers Cuba.
Le premier panel de la deuxième journée était intitulé :
« Établir le cadre historique : l'évolution de la
Révolution ». Les panélistes ont notamment abordé les défis posés
par la vie sous le régime brutal des sanctions et du blocus américains.
Ils ont également discuté du rôle des dirigeants révolutionnaires, en
allant de Fidel Castro, à Raúl Castro et maintenant le président Miguel
Díaz-Canel, qui ont mobilisé le peuple cubain pour défendre sa
souveraineté et son indépendance dans toutes les conditions et en s'en
tenant aux principes. Pendant la période de questions, on a demandé à
Carlos Alzugaray, ancien diplomate et membre de la rédaction de Temas,
d'expliquer la différence entre le Cuba de 1959 et le Cuba
d'aujourd'hui. Il a dit que depuis 1959, Cuba entretient davantage
de relations et un engagement plus profond avec les pays et les peuples
du monde, que la justice sociale a été élargie et approfondie avec la
participation démocratique du peuple et, qu'en ce qui concerne
l'économie, Cuba maintient toujours son indépendance et se mobilise
pour rénover l'économie afin de répondre aux besoins actuels du peuple.
Le panel suivant intitulé « Survivre aux changements
climatiques, envisager l'avenir », a donné lieu à des échanges sur
comment Cuba s'attaque aux changements climatiques et sur certaines des
mesures que l'État cubain prend à cet égard. Le panel a mis en exergue
Tarea Vida, ou Projet à vie, un plan de 100 ans adopté par le
Conseil des ministres cubain pour faire face aux ouragans et autres
catastrophes naturelles qui se multiplient dans la région en raison des
changements climatiques. Dans le cadre du programme Tarea Vida, il est
notamment prévu d'éduquer et de mobiliser les citoyens de tous âges
pour faire face aux tempêtes et aux ouragans afin de confronter ces
catastrophes de manière organisée, garantissant ainsi la sécurité des
personnes et la protection de la vie humaine. La professeure Emily
Kirk, de l'Université Dalhousie, a souligné que les mesures prises par
le gouvernement cubain avaient permis de réduire au minimum les pertes
en vies humaines et les dommages matériels, grâce à sa clairvoyance,
contrairement à l'expérience d'autres pays des Caraïbes et des
États-Unis eux-mêmes. Les quatre participantes, dont trois travaillent
pour des agences non gouvernementales américaines, ont souligné les
efforts remarquables de Cuba en matière de gestion de crise, de réforme
économique et de l'édification d'un avenir écologique durable pour ses
citoyens, en dépit de nombreux défis. Une des oratrices a noté que Cuba
est un chef de file mondial dans la lutte contre les changements
climatiques et que ceci, dans le contexte du blocus et des sanctions
brutales imposées par les États-Unis, est remarquable.
Panel sur Cuba et les changements climatiques le 1er novembre 2019 avec
Rebekah Stewart, du Centre for Responsible Travel ; Julia Sagbien, de
l'Université Dalhousie ; Valerie Miller, du Fonds de défense de
l'environnement; et Margarita Fernandez, de l'Institut caribéen du
Vermont
Le troisième panel de la deuxième journée avait comme
titre : « Les changements sociaux à Cuba : les succès passés et
les défis à venir ». Le panel a examiné les mesures prises et les
difficultés rencontrées au cours des 60 dernières années pour
garantir les droits du peuple dans le contexte du développement social
et politique de Cuba. On a mis en lumière les efforts remarquables
déployés par l'État cubain pour garantir les droits fondamentaux du
peuple cubain en dépit et au mépris de l'embargo, des sanctions et de
l'hostilité des États-Unis à l'égard de Cuba. Les panélistes ont noté
que, depuis 1959, l'État cubain avait promulgué des lois visant à
garantir les soins de santé, le logement, l'éducation et d'autres
droits fondamentaux, tout en prenant des mesures pour mettre fin au
racisme et à la discrimination hérités de la société précédente. Tout
en reconnaissant qu'il reste encore de nombreux défis, il a été noté
que la nouvelle constitution cubaine protège la communauté LGBT et
harmonise les réclamations des membres des collectifs minoritaires de
la société cubaine avec ceux du reste de la société.
La troisième journée a débuté par une table ronde sur
l'économie cubaine intitulée « Les changements économiques à
Cuba : succès et défis ». Cela inclut nécessairement la
situation actuelle où l'administration Trump intensifie le blocus
américain illégal. Plus récemment, il s'agit de la réactivation du
titre III de la Loi Helms-Burton, une loi injuste et brutale
adoptée en 1996. Cette législation permet aux parties dont les
biens ont été nationalisés en 1959 par le gouvernement cubain (par les
mécanismes légaux appropriés) d'intenter une action en réparation
devant les tribunaux américains, contre les sociétés réputées « d'avoir
trafiqué » des biens en question, y compris les entreprises
canadiennes et les individus faisant affaire à Cuba.
On a rappelé qu'avec l'effondrement de l'ex-Union
soviétique et des pays du bloc de l'Est, une pression supplémentaire
s'est exercée sur l'économie cubaine, ce qui a déclenché « la période
spéciale » au cours de laquelle le gouvernement a pris des mesures
spéciales pour protéger le peuple tout en sauvegardant l'indépendance
et la souveraineté de Cuba. Il a également été noté que la campagne
menée aujourd'hui par les États-Unis pour déstabiliser le gouvernement
Maduro au Venezuela avait créé un fardeau supplémentaire pour le peuple
et l'État cubains qui le confrontent courageusement, tout en prenant
des mesures telles que l'expansion du secteur privé, la mobilisation de
l'armée dans la production, la création de coopératives agricoles pour
encourager les investissements étrangers et l'autosuffisance
alimentaire.
Un des intervenants a souligné que « les Cubains ne font
pas de concessions sur la base de pressions ». La longue lutte
historique du peuple cubain pour son indépendance et son
autodétermination contre l'hégémonisme américain a renforcé sa
résilience et sa détermination à défendre ses principes et à préserver
sa dignité en tant que peuple.
Le panel a également mis en lumière que l'attitude des
gouvernements américains successifs à l'égard de Cuba était
contre-productive et incohérente. Elle n'est également pas au diapason
avec le désir du peuple américain qui souhaite entretenir des relations
pacifiques et normales avec le peuple cubain qui partage ce sentiment.
Lors de la table ronde sur le thème « Les relations
internationales de Cuba, aujourd'hui et demain », le profond
esprit internationaliste de Cuba et son désir de relations amicales
avec toutes les nations et tous les peuples, y compris les États-Unis
ont ressorti. Malgré ses difficultés et ses défis, le peuple cubain a
toujours depuis plus de 60 ans été prêt à faire son devoir
internationaliste et a fourni une assistance sans faille à ceux qui
demandent de l'aide. Ces efforts sans précédent comprennent les 15
années de contribution au peuple angolais pour vaincre les envahisseurs
sud-africains et briser le dos de l'apartheid, les 30 000
membres du personnel médical qui apportent désormais leurs
connaissances et leur expertise dans des pays partout dans le monde, y
compris au Venezuela. On a souligné que ces actes désintéressés avaient
contribué à isoler les États-Unis tout en rehaussant le prestige de
Cuba sur la scène internationale.
Panel sur les relations internationales de Cuba le 2 novembre 2019 avec
(de gauche à droite) le professeur Isaac Saney ; Ana Covarrubias,
Colegio de México ; le professeur John Kirk ; Mervyn Bain, Université
d'Aberdeen ; et H. Michael Erisman, Université d'État de l'Indiana
Cette conférence historique à Halifax s'est conclue par
une séance plénière de clôture intitulée « Survie, développement et
souveraineté », qui réunissait un panel comprenant l'ambassadrice
Josefina Vidal. Elle a noté que Cuba fait face à de nombreux défis, en
particulier sur le plan économique, et prend des mesures pour remédier
à ce problème, notamment en accordant une priorité élevée aux
ambassades et missions cubaines à l'étranger afin de rechercher de
nouveaux débouchés et partenariats économiques. Elle a souligné que
Cuba ne fera pas que survivre, mais résistera et prospérera à l'avenir.
Elle a également remercié les Canadiens pour leur soutien envers Cuba
et a dit que la collaboration avec le gouvernement canadien avait été à
certains égards fructueuse pour améliorer les relations. À titre
d'exemple, elle a indiqué que, grâce aux nombreuses lettres et appels
téléphoniques de Canadiens et de Cubains résidant au Canada, le bureau
canadien des visas à La Havane a été partiellement rouvert après sa
fermeture unilatérale en mai de cette année.
Un autre intervenant, Hal Klepak, professeur émérite au
Collège militaire royal de Kingston, a souligné les réalisations
remarquables de la révolution cubaine et s'est déclaré convaincu que le
peuple cubain, malgré ses nombreux problèmes au cours des 60
dernières années, restera une source d'inspiration pour les peuples du
monde.
(Photos: D. Salas.)
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individuellement, cliquer sur le titre de l'article.)
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