Bannière du Marxiste-Léniniste

Numéro 15

12 décembre 2021


Des sujets de préoccupation pour le corps politique

Le Parlement devient de moins en moins pertinent
dans la prise de décisions

- Anna Di Carlo -

La politique étrangère servile du gouvernement Trudeau

- Margaret Villamizar -


Mise à jour sur la COVID 19

La situation au Canada avec les vaccinations
et les nouveaux variants

- Nick Lin -

Les pays à faible ou moyen revenu privés de vaccins


Le « Sommet pour la démocratie » des États-Unis

Efforts futiles des États-Unis pour dicter l'issue de la crise
de la démocratie

- Kathleen Chandler -


Le succès revigorant des fermiers indiens

Ce succès historique mènera certainement à une victoire historique

- J. Singh -



Des sujets de préoccupation pour le corps politique

Le Parlement devient de moins en moins pertinent dans la prise de décisions

Le manque de pertinence du Parlement du Canada dans la prise de décisions importantes qui affectent l'avenir du pays est parfaitement évident à l'approche de la fin des travaux de la Chambre des communes et du Sénat le vendredi 17 décembre, 20 jours après l'ouverture de la législature. Il est de plus en plus difficile de voir dans les délibérations du Parlement canadien, qui est censé être un organe décisionnel, un but autre que d'être le lieu des querelles partisanes et des jeux de surenchère, lesquels ne font que discréditer davantage les partis cartellisés et le système de gouvernement de parti. Il y a absence de toute délibération sérieuse, sur quelque sujet que ce soit. Les problèmes urgents auxquels sont confrontés la population et le corps politique ne figurent pas à l'ordre du jour : de la crise climatique à la détérioration et à la précarité des conditions économiques qui voient l'utilisation des banques alimentaires monter en flèche et les travailleurs être traités comme des objets jetables, en passant par l'escalade de la violence contre les plus vulnérables et le déni des droits ancestraux des peuples autochtones, sans oublier l'instabilité de la situation internationale et la place qu'y occupe le Canada en tant que membre de l'OTAN.

Les délibérations du Parlement du Canada sont devenues un camouflage pour les décisions prises sur la base du fédéralisme exécutif. Les décisions sont également prises par des instances supranationales créées pour servir les intérêts néolibéraux des oligarques financiers mondiaux les plus puissants. Il est devenu courant pour les ministres et leurs suppléants de répondre aux questions sur ce que fait le gouvernement, par exemple sur des sujets liés à l'environnement ou à la pandémie de COVID-19, en débutant avec des phrases comme « nous consultons nos alliés », « nous travaillons avec nos partenaires » ou « nous discutons avec des pays aux vues similaires ».

L'insignifiance du Parlement a été illustrée par la formation d'un Comité spécial sur l'Afghanistan le 9 décembre, avec le soutien de tous les députés sauf les députés libéraux. La motion créant le comité avait comme préambule : « Étant donné que la dissolution du Parlement a rendu impossible pendant un certain temps la surveillance parlementaire en temps réel » de la chute de l'Afghanistan aux mains des talibans (parce que les élections avaient été déclenchées). Elle faisait valoir que le Comité spécial était nécessaire pour tenir des audiences et revoir les événements qui ont mené à la chute de l'Afghanistan. La raison pour laquelle le Canada était en Afghanistan n'est toutefois pas sujette à l'enquête, pas plus que l'imputabilité pour le désastre qui a résulté de la participation du Canada à l'agression américaine contre ce pays. Le Comité spécial se concentrera sur la façon dont le gouvernement a géré l'évacuation des personnes qui avaient collaboré avec les forces dirigées par l'OTAN en Afghanistan, mais il ne se penchera pas sur pourquoi les collaborateurs d'une agression et d'une occupation étrangères sont appelés des héros ou pourquoi les forces spéciales ukrainiennes formées par les forces spéciales canadiennes ont dû tirer les marrons du feu pour le Canada.

Pendant ce temps, dans l'ici-présent de la « surveillance parlementaire en temps réel », il n'y a pas eu la moindre délibération à la Chambre des communes avant que la nouvelle ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le nouveau ministre du Développement international, Harjit Sajjan, qui était auparavant au ministère de la Défense, aux commandes des forces canadiennes en Afghanistan, ne se rendent à la réunion des ministres des Affaires étrangères et du Développement du G7 du 10 au 12 décembre à Liverpool, en Angleterre. On savait que les États-Unis y imposeraient leur discours belliciste contre la Russie en ce qui concerne l'Ukraine. Le communiqué d'Affaires mondiales Canada pour l'occasion indique que « les ministres Joly et Sajjan chercheront à harmoniser les efforts du Canada avec ceux de partenaires aux vues similaires sur un certain nombre de priorités ». Rien de plus. Le communiqué indique que les ministres du G7 « échangeront également sur des questions géopolitiques urgentes, y compris la situation en Afghanistan, la Chine, la Corée du Nord, l'Éthiopie, l'Iran, le Myanmar, la Russie, le Soudan et l'Ukraine ». La ministre des Affaires étrangères, dont la principale expertise semble être sa capacité à inventer des façons de ne rien dire, a envoyé un gazouillis depuis Liverpool pour dire qu'elle était « impatiente d'avoir des discussions importantes avec mes collègues et de chercher des solutions réelles à certains des problèmes les plus pressants de notre époque ».

Les explications pour le manque de pertinence du Parlement

Le manque de pertinence du Parlement est devenu un sujet d'intérêt pour plusieurs experts. Un des aspects qui retient l'attention est l'extrême lenteur du Parlement à assumer ses fonctions après l'élection fédérale anticipée du 20 septembre, que le gouvernement prétendait nécessaire pour définir une nouvelle orientation dans les conditions de la pandémie. Le premier ministre Justin Trudeau, qui en est à son troisième mandat, a retardé la convocation du Parlement pendant plus de deux mois après cette élection qui a donné une Chambre des communes pratiquement identique à la précédente. Il a inauguré la session parlementaire avec un discours du Trône pratiquement identique aux déclarations d'intention qu'il avait publiées après la prorogation de la Chambre en août 2020.

Une fois le Parlement finalement réuni, le 22 novembre, le gouvernement n'a pas considéré que c'était une priorité de rétablir les comités parlementaires, qui sont censés être les forums permettant aux élus d'examiner les lois et d'étudier les questions importantes. Au 10 décembre, seuls deux comités avaient commencé leurs travaux : le Comité permanent des finances et le Comité permanent de la sécurité publique et nationale. La liste des membres de tous les autres comités a été déposée le 9 décembre et ceux-ci ont reçu l'ordre d'élire leur président avant que la Chambre n'ajourne ses travaux pour la pause de six semaines débutant le 17 décembre.

Par ailleurs, depuis le début de son deuxième mandat en octobre 2019, le gouvernement libéral a pris de nombreuses mesures et a tenté d'instituer des mesures caractérisées par un mépris de la Chambre des communes en tant qu'organe décisionnel présumé des représentants élus des Canadiens. Il a notamment tenté de déposer un projet de loi qui aurait donné au ministre des Finances le pouvoir d'augmenter les dépenses sans demander l'approbation du Parlement et de contester une décision du président de la Chambre devant la Cour fédérale lui ordonnant de fournir les documents demandés à la Chambre des communes.

Dans un éditorial du 9 décembre, le Globe and Mail déplore que la Chambre des communes ne sera pas « pleinement fonctionnelle » avant février. Il rappelle que depuis juin 2019, la Chambre n'a siégé que 169 jours. Il note que la prorogation d'août 2020 a servi à étouffer l'enquête sur le scandale de l'organisme UNIS et conclut : « M. Trudeau préfère de toute évidence ne pas être tenu responsable par les institutions démocratiques auxquelles il prétend croire. Il semble même qu'il se considère au-dessus de ces institutions [...]. Mais M. Trudeau n'est pas au-dessus du Parlement. Dans un gouvernement minoritaire, il n'est premier ministre qu'au bon plaisir de la Chambre des communes. Ce n'est pas à lui d'étouffer le débat et l'examen minutieux qui sont l'oxygène de notre démocratie, et le fait qu'il continue à s'en sauver devrait inquiéter tous les Canadiens. »

Dans la même veine, d'autres experts politiques ont appelé le premier ministre « M. Tergiversation » et ont inventé un terme pour décrire la lenteur du fonctionnement du Parlement comme étant « le temps de Justin ». L'absence de lettres de mandat pour les ministres du Cabinet est également dénoncée, surtout qu'au début de son premier mandat Justin Trudeau avait fait si grand cas de ces lettres comme outils essentiels avec lesquels son gouvernement allait assurer la « transparence » et la « responsabilité ». Des « sources » du gouvernement promettaient encore, 44 jours après l'assermentation du Conseil des ministres, qu'elles seraient publiées « bientôt ».

Les diversions se succèdent rapidement et la dernière en date est que, même dans les rangs du Parti libéral, personne ne s'oppose à ce que l'on parle de remplacer le premier ministre le plus tôt possible.

La situation ne peut être expliquée par un penchant personnel, par le narcissisme ou le manque de substance du premier ministre. L'explication se trouve dans les structures mêmes du système démocratique dominé par les partis, qui n'est tout simplement pas représentatif du peuple, car il représente des intérêts privés étroits qui sont habilités à dominer et à maintenir le peuple sous contrôle. L'état de décrépitude de toutes les institutions, structures et agences de la société civile, qui sont censées représenter la société civile – depuis les partis cartellisés jusqu'aux notions de responsabilité ministérielle qui ne sont plus pratiquées –, fait en sorte que le discours politique a disparu pour être remplacé par une chasse aux scandales qui mène dans des voies sans issue. Tout cela pour détourner l'attention des enjeux qui sont devenus les plus importants aujourd'hui : par qui sont prises les décisions et comment obliger les forces corrompues qui prennent ces décisions dans leurs propres intérêts à rendre des comptes.

Partout dans le monde, les peuples sont assaillis par le pouvoir d'instances décisionnelles et consultatives néolibérales établies aux niveaux national et international. Le Canada n'est pas le seul pays à constater que son Parlement n'est pas pertinent dans la prise de décisions sur la direction du pays. C'est un grave sujet de préoccupation pour tous les peuples du Canada et du monde qui se battent pour la dignité du travail, pour une solution à la crise qui paralyse l'environnement social et l'environnement naturel et pour mettre fin aux dangers de nouvelles guerres et aux ravages qu'elles laissent dans leur sillage. Nous sommes une seule humanité, qui mène une seule lutte pour le droit d'être – comme nous le définissons nous-mêmes, ensemble.

Le fait que le Parlement n'ait plus rien à voir avec les décisions qui affectent nos vies marque la fin des formes de gouvernement de parti et le début de quelque chose d'autre. Assurons-nous que ce qui vient favorise les intérêts des peuples du Canada et du monde, et non les intérêts privés étroits qui se battent pour tout contrôler et tout soumettre à leurs besoins.

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La politique étrangère servile
du gouvernement Trudeau

Le discours du Trône libéral prononcé le 23 novembre par la gouverneure générale Mary May Simon a clairement indiqué les intentions du gouvernement Trudeau en matière de politique étrangère pour la 44e législature. La gouverneure générale a identifié ce qu'elle a appelé les défis pressants de notre époque comme étant « la montée de l'autoritarisme » et « la lutte entre les grandes puissances » et a déclaré que cela exige un engagement accru du Canada auprès de ses alliés clés et des coalitions, des organisations et des partenaires internationaux. Elle a également annoncé que le Canada allait déployer des efforts conscients pour approfondir les partenariats dans la région indo-pacifique et dans l'ensemble de l'Arctique.

Pas besoin d'être un génie pour comprendre que cela signifie intensifier la participation du Canada aux tentatives de plus en plus désespérées de son « allié clé » d'imposer au reste du monde son soi-disant ordre international fondé sur des règles, mettant ainsi en danger la paix et la sécurité. Il s'agit d'accroître l'intégration du Canada dans la machine de guerre des États-Unis par l'entremise de l'OTAN, qui élargit son champ d'activité dans la région de l'Asie-Pacifique et au-delà, se livrant à de dangereuses provocations contre la Chine et la Russie. Il s'agit d'intensifier l'ingérence du Canada dans les affaires des nations et des peuples souverains qui refusent de se plier aux diktats des États-Unis et adoptent et défendent leur propre voie indépendante de développement.

Les intentions du gouvernement Trudeau de maintenir le cap avec une politique étrangère qui s'aligne sur l'ordre du jour hégémonique de l'impérialisme américain sont claironnées par sa nouvelle ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly. À sa première rencontre avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken, lors d'une séance d'information à Washington le 12 novembre, Mélanie Joly s'est enthousiasmée à l'idée qu'une de leurs priorités serait de travailler ensemble « pour protéger et promouvoir la démocratie et les droits de la personne dans le monde ». Il y a de nombreux exemples de ce que cela signifie en pratique.

La « promotion de la démocratie » de type américain
au Nicaragua et au Venezuela

Dans une déclaration arrogante faite au nom du Canada à la suite des élections générales du 7 novembre au Nicaragua, dans lesquelles les électeurs ont réaffirmé à une majorité écrasante leur soutien à la révolution sandiniste et à son dirigeant, le président Daniel Ortega, Mélanie Joly dit au peuple du Nicaragua que l'élection ne reflétait pas sa volonté et que « le régime » l'avait privé de son droit de voter dans des élections libres et équitables. D'autres accusations et calomnies sans fondement contre le président Ortega ont suivi. La déclaration concluait en disant que le Canada avait l'intention de « demander des comptes à ce régime oppressif et à ceux qui le soutiennent ».

Une semaine plus tard, le gouvernement Trudeau a annoncé qu'il étendait ses sanctions dites ciblées à onze autres personnes liées à l'État et au gouvernement du Nicaragua, prétendument pour violations des droits humains. Le Canada suit en cela l'exemple du Congrès américain qui, quelques jours avant les élections, a adopté la Loi RENACER (Reinforcing Nicaragua's Adherence to Conditions for Electoral Reform) pour renforcer ses mesures coercitives unilatérales dans une tentative évidente d'influencer les élections. La loi des États-Unis exige expressément une meilleure coordination de ces mesures avec l'Union européenne et le Canada.

D'autres sales coups, étroitement coordonnés avec les États-Unis, ont eu lieu lors de la 51e Assemblée générale de l'Organisation des États américains (OÉA) qui s'est tenue du 10 au 12 novembre.  C'est là que Mélanie Joly a pris l'initiative de présenter, au nom des États-Unis, du Canada et de six autres pays, un projet de résolution qui déclarait que les élections du 7 novembre au Nicaragua « n'étaient pas libres, justes ou transparentes et n'avaient aucune légitimité démocratique ».[1].

Une des choses que les pouvoirs en place à l'OÉA ne peuvent pardonner au Nicaragua est sans aucun doute son refus de permettre à une mission d'observation de l'OÉA de superviser son élection du 7 novembre. Ce refus s'explique par l'ingérence constante de l'organisation dans les affaires intérieures du pays au cours des dernières années et par le rôle malveillant que l'OÉA a joué dans l'instigation du coup d'État de 2019 en Bolivie, en soulevant des allégations sans fondement selon lesquelles Evo Morales avait été réélu par fraude. L'examen ultérieur par des enquêteurs indépendants des données recueillies et interprétées par la mission d'observation de l'OÉA a démontré sur tous les fronts qu'il n'y avait pas eu de fraude et qu'Evo Morales n'avait pas « volé » l'élection comme l'a déclaré à qui voulait l'entendre l'infâme secrétaire général de l'OÉA, Luis Almagro.

Le fait que son élection ait été jugée illégitime par l'OÉA a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour le Nicaragua. Comme le Venezuela l'avait fait quatre ans plus tôt, le Nicaragua a annoncé le 19 novembre qu'il se retirait de l'OÉA. Dans un communiqué, le ministre des Affaires étrangères Denis Moncada déclare que le Nicaragua n'est pas intéressé à faire partie d'une organisation interventionniste qui a pour mission de faciliter l'hégémonie des États-Unis sur les pays d'Amérique latine.

La décision du Nicaragua de quitter l'OÉA n'a pas empêché le Canada et la poignée d'autres pays qui ont coparrainé sa résolution condamnant l'élection du Nicaragua de demander la convocation d'une session extraordinaire du Conseil permanent de l'OÉA le 8 décembre. L'objectif était d'adopter une autre résolution d'ingérence, cette fois-ci à la suite de « l'évaluation de la situation au Nicaragua » demandée dans la résolution précédente. La résolution du 8 décembre, qui a été adoptée sans discussion, rappelait au Nicaragua que tant que le processus de retrait de l'OÉA, qui doit durer deux ans, n'est pas achevé, ses obligations envers l'organisation restent en vigueur, de même que son devoir de se conformer à ses obligations internationales en matière de droits humains. Il contenait une liste d'exigences et d'impositions auxquelles le Nicaragua devait se conformer, sans doute pour éviter d'être expulsé d'une organisation qu'il avait déjà dit vouloir quitter, mais plus probablement pour tenter de légitimer l'application de mesures plus coercitives par des pays comme les États-Unis et le Canada lorsqu'ils décideront de le faire. L'une des demandes les plus scandaleuses de la liste, surtout si l'on considère les sources, était que le Nicaragua mette en uvre les « réformes électorales complètes demandées dans les résolutions précédentes et conformément aux obligations du Nicaragua en vertu du droit international ». De toute évidence, le Canada et les autres pays qui ont soutenu cette résolution pompeuse se sentent non seulement qualifiés pour juger le système et les lois électorales du Nicaragua, mais ne se sentent pas non plus tenus de respecter le droit international lorsqu'il s'agit de respecter la souveraineté des pays et de ne pas s'ingérer dans leurs affaires intérieures. 

Le représentant du Nicaragua a déclaré que son pays rejetait la tenue de cette session illégitime et que celle-ci représentait une nouvelle attaque contre le Nicaragua et son peuple, en violation de la Charte des Nations unies, du droit international et de la charte de l'OÉA elle-même. Dans une déclaration faite le même jour, le ministre Moncada a déclaré que les positions du Nicaragua sont et ont été claires, à savoir que « nous ne sommes pas une colonie, nous ne sommes pas des esclaves, nous ne sommes pas les serviteurs de qui que ce soit, d'un empire ou d'un gouvernement qui se prend pour une puissance ». Au contraire, a-t-il dit, « nous accusons l'OÉA, qui n'a aucune autorité morale pour accuser qui que ce soit, parce qu'elle est, avec les États-Unis, selon les mots de Sandino, 'la tanière où l'on fabrique les crimes, les violences et les atrocités'contre tous les droits humains, politiques, économiques, climatiques et sociaux, et contre les libertés que nos peuples revendiquent et exigent avec toujours plus de force et de détermination ».

Les résultats des « mégas-élections » du 21 novembre au Venezuela, qui n'est plus membre de l'OÉA, n'ont pas non plus été du goût des États-Unis et du Canada, malgré la large participation des partis d'opposition et des candidats qu'ils soutiennent, notamment ceux qui avaient boycotté les élections précédentes. Les États-Unis et le Canada ont publié des déclarations peu après la fin des élections, affirmant qu'elles n'avaient été ni « libres » ni « équitables ». Le président Nicolas Maduro a été accusé de toutes sortes de crimes et de méfaits, et même des effets des sanctions brutales des États-Unis qui font tant de mal au peuple vénézuélien. Les deux gouvernements ont affirmé, sans apporter de preuve, que l'élection ne reflétait pas la volonté du peuple vénézuélien. Mélanie Joly a ajouté que le Canada soutenait les forces d'opposition et leur appel à une élection qui « reflète les véritables désirs du peuple vénézuélien ».

Le gouvernement Trudeau a beaucoup de comptes à rendre aux peuples nicaraguayen, vénézuélien et canadien au nom desquels sa ministre des Affaires étrangères prétend parler alors qu'elle ne fait que répéter comme un perroquet des lignes de conduite qui proviennent du département d'État des États-Unis

Note

1. La résolution a été présentée au nom d'Antigua-et-Barbuda, du Canada, du Chili, du Costa Rica, de la République dominicaine, de l'Équateur, des États-Unis et de l'Uruguay. Antigua-et-Barbuda, l'Argentine, les Bahamas, la Barbade, le Brésil, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, la République dominicaine, l'Équateur, le Salvador, la Grenade, le Guatemala, la Guyane, Haïti, la Jamaïque, le Panama, le Paraguay, le Pérou, le Suriname, Trinité-et-Tobago, les États-Unis et l'Uruguay ont voté pour. Le Nicaragua s'y est opposé, tandis que le Belize, la Bolivie, la Dominique, le Honduras, le Mexique, Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les-Grenadines se sont abstenus. Le représentant illégalement accrédité Juan Guaido, prétendant représenter le Venezuela, a également voté pour. Saint-Kitts-et-Nevis était absent.

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Mise à jour sur la COVID 19

La situation au Canada avec les vaccinations
et les nouveaux variants

À la fin du mois de novembre et au début du mois de décembre, la pandémie de COVID-19 persiste dans le monde entier, y compris au Canada.

En date du 9 décembre au Canada, il y avait eu 1 821 890 cas cumulatifs de COVID-19 et 29 863 décès. Il y a 31 197 cas actifs et 1 760 830 personnes se sont rétablies. Les deux cartes ci-dessous montrent les cas actuels et les vaccinations :


L'évolution du nombre quotidien de nouveaux cas depuis le début de la pandémie est illustrée dans le  graphique ci-dessous :

Cliquer pour agrandir.

Dans le contexte du variant Delta, qui représente maintenant la majorité des cas actuels, et du variant Omicron émergent, la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada, a noté dans sa dernière déclaration, publiée le 3 décembre :

« Les données de surveillance continuent de montrer que l'activité de la maladie à coronavirus (COVID-19) présente des variations régionales considérables à la grandeur du pays. Le nombre de cas signalés à l'échelle nationale chaque jour a connu une augmentation graduelle, les taux d'infection restant toujours élevés dans de nombreuses régions. Durant la plus récente période de sept jours (du 26 nov. au 2 déc.), 2 821 nouveaux cas ont été signalés en moyenne, ce qui représente une augmentation de 8 % par rapport à la semaine précédente. Les tendances actuelles montrent que le nombre d'hospitalisations et d'admissions aux soins intensifs diminue toujours lentement. Cependant, advenant une augmentation des taux d'infection, les tendances pourraient recommencer à augmenter. Les dernières données provinciales et territoriales montrent que, en moyenne, 1 540 personnes touchées par la COVID-19 recevaient des soins en milieu hospitalier chaque jour au cours de la période de sept jours la plus récente (du 26 nov. au 2 déc.), ce qui représente une baisse de 4 % comparativement à la semaine dernière. Cela comprend notamment une moyenne de 465 personnes aux soins intensifs, soit 1 % de moins que la semaine précédente, et une moyenne de 19 décès signalés chaque jour, du 26 nov. au 2 déc. Au cours des semaines et des mois à venir, il demeurera crucial de maintenir un faible taux d'infection pour éviter une nouvelle hausse des tendances relatives aux cas graves et pour alléger le fardeau qui continue de peser sur le système de santé, particulièrement dans les régions fortement affectées

« Bien que la grande majorité des récents cas de COVID-19 au Canada continue d'être attribuable au variant Delta, en date du 2 décembre 2021, 11 cas du nouveau variant préoccupant Omicron ont été signalés en Ontario, au Québec, en Alberta et en Colombie-Britannique. Alors que nous continuons à évaluer l'importance et l'incidence de ce nouveau variant préoccupant, les Canadiens sont priés de demeurer vigilants et de continuer de se protéger.

« Quel que soit le variant du SARS-CoV-2 qui domine dans une région, nous savons que la vaccination, combinée aux mesures de santé publique et aux pratiques individuelles, favorise toujours la réduction de la transmission de la COVID-19 et des complications graves. Plus particulièrement, les données probantes continuent d'indiquer qu'une série complète de vaccins contre la COVID-19 approuvée par Santé Canada fournit une protection importante contre la maladie grave surtout parmi les groupes d'âge jeunes. Selon les dernières données provenant des 9 provinces et territoires portant sur les populations âgées de 12 ans et plus, dans les dernières semaines (du 17 octobre au 13 novembre 2021), la moyenne hebdomadaire ajustée selon l'âge indique que les personnes non vaccinées étaient nettement plus nombreuses à être hospitalisées pour la COVID-19 que les personnes entièrement vaccinées.

« - Chez les jeunes et les adultes âgés de 12 à 59 ans, les personnes non vaccinées étaient 37 fois plus nombreuses à être hospitalisées que les personnes entièrement vaccinées.

- Chez les adultes de 60 ans et plus, les personnes non vaccinées étaient 18 fois plus nombreuses à être hospitalisées que les personnes entièrement vaccinées. »

La Dre Tam dit également que le Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI) recommande l'administration de trois doses de vaccins pour renforcer l'immunisation. Elle déclare :

« Le CCNI a réitéré que les avantages d'un vaccin à ARNm contre la COVID-19 continuent de l'emporter sur les risques d'effets secondaires rares associés à un vaccin à ARNm, ce qui comprend le faible risque d'une myocardite et/ou d'une péricardite à la suite d'une immunisation, le plus souvent observée chez les hommes âgés de 12 à 29 ans. Le CCNI recommande également, et les autorités sanitaires du Canada sont d'accord, que l'immunisation des personnes admissibles - mais qui n'ont pas encore reçu leur première série de vaccins - continue d'être la priorité absolue, au Canada et partout dans le monde.

« Concernant les doses de rappel, le CCNI a tenu compte des nouvelles données probantes sur le déclin de la protection des vaccins avec le temps ainsi que sur l'innocuité et les possibles avantages des doses de rappel des vaccins à ARNm. Dans le contexte du variant Delta, selon les données probantes dont nous disposons, l'efficacité du vaccin contre les infections et les maladies symptomatiques, et possiblement aussi contre les maladies graves, diminue avec le temps, surtout chez les personnes d'un certain âge. Aucune préoccupation supplémentaire relative à l'innocuité n'a été relevée à la suite de l'administration de doses de rappel des vaccins à ARNm. Le risque rare de myocardite et/ou de péricardite semble être plus faible après la dose de rappel qu'après la deuxième dose de la série primaire - quoique plus élevé qu'après la première dose. En fonction de cette information, le CCNI a augmenté la force de ses recommandations et affirme désormais qu'une dose de rappel d'un vaccin à ARNm autorisé contre la COVID-19 devrait être administrée 6 mois ou plus après la fin d'une première série de vaccins contre la COVID-19. »

Cependant, en octobre, les Nations unies et l'Organisation mondiale de la santé ont déconseillé aux pays riches de procéder à des injections de rappel, affirmant que cela se fait au détriment de l'accès aux vaccins des pays plus pauvres.

(Avec des informations de ASPC, OMS)

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Les pays à faible ou moyen revenu
privés de vaccins

Le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le président de l'Afrique du Sud ont récemment soulevé un point important : la meilleure protection contre le COVID-19 et ses variants consiste à s'assurer que les peuples du monde entier sont vaccinés. Les efforts déployés par l'OMS pour s'assurer que tous les pays reçoivent les vaccins dont ils ont besoin, afin de limiter l'émergence de nouvelles variants, ont été minés par le manque de coopération des pays qui ont des vaccins en réserve. Le Canada et d'autres pays ont réagi au variant Omicron du coronavirus responsable de la COVID-19, le dernier variant préoccupante, en imposant des restrictions de voyage à plusieurs pays, dont la plupart se trouvent en Afrique australe

Entretemps, les pays des peuples opprimés, anciennement colonisés et ceux qui sont victimes de l'agression impérialiste et de la guerre ont été laissés à eux-mêmes.

Cyril Ramaphosa, le président de l'Afrique du Sud, lors d'une conférence le 6 décembre à Dakar, au Sénégal, a condamné les nouvelles restrictions imposées par l'Union européenne, le Royaume-Uni, les États-Unis et d'autres pays à suite de la découverte du nouveau variant Omicron initialement repéré par des scientifiques sud-africains à la fin du mois de novembre, disant qu'il s'agissait d'« apartheid vaccinal ».

« Vous vous demandez où est la science là-dedans. Ils nous ont toujours dit de baser nos décisions sur la science, mais quand vient le moment pour eux de le faire, ils ne le font pas », a-t-il expliqué.

Cyril Ramaphosa a aussi accusé ces nations d'avoir « accaparé les vaccins », ajoutant : « La cupidité dont ils ont fait preuve est décevante, surtout quand ils disent être nos partenaires. Nos vies en Afrique sont tout aussi importantes que les vies en Europe, en Amérique du Nord et partout ailleurs . »

Le président sénégalais Mackay Sall a quant à lui prévenu que la réaction des pays augmentait le risque que des pays ne divulguent pas d'informations sur les variants de la Covid-19 dans le futur par crainte de devoir faire face à des répercussions similaires.

Allocution du président sud-africain à la 8e réunion du Conseil de facilitation du Dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT)

Le 9 décembre, le président Ramaphosa a étoffé ses remarques du 5 décembre à la 8e réunion du Conseil de facilitation du Dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la COVID-19.

Il a notamment déclaré : « Depuis sa formation, le dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la COVID-19 a fait des progrès remarquables dans l'exécution de son mandat de rendre disponibles aux pays les plus vulnérables les outils dont ils ont besoin pour combattre cette pandémie.

« La réunion d'aujourd'hui est aussi importante et nécessaire que la première.

« La pandémie de la COVID-19 est loin d'être terminée.

« Même avant l'émergence du nouveau variant Omicron, plusieurs pays ont subi des hausses d'infections, d'hospitalisations et de décès.

« Comme l'ont démontré les événements des derniers jours, nous vivons sous la menace de variants en mutation, qui ont le potentiel de faire déferler d'autres dévastations sur nos communautés dans le monde entier.

« Nous ne savons pas encore si le variant Omicron se propage plus facilement, si le variant augmente le risque d'infection, si le variant cause des maladies plus graves, ou si les vaccins actuels sont efficaces contre le variant.

« Et pourtant, plusieurs pays ont décidé d'isoler certains pays du continent africain.

« Nous devons être préoccupés que certaines décisions ne sont plus fondées sur la science et ne sont pas prises sur la base de la solidarité.

« Cette pandémie a montré comment nous réagissons à une crise véritablement mondiale.

« Elle a montré plusieurs lacunes et faiblesses.

« Mais nous pouvons et devons améliorer notre façon de répondre aux crises.

« La vie et le moyen de subsistance de milliards de personnes sont en jeu ici.

« Nous avons dit à plusieurs reprises que personne ne sera en sécurité si nous ne protégeons pas nos populations vulnérables partout.

« Nous possédons en partie la solution : le Dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la COVID-19 qui, s'il est pleinement financé, fournirait aux pays à faible ou moyen revenu des vaccins, des traitements, des tests et des ÉPI pour les travailleurs de la santé de premières lignes.

« Il y a deux leçons importantes à tirer de la situation actuelle.

« Premièrement, l'inégalité vaccinale est dangereuse mais elle est aussi tout à fait évitable.

« Après un an de campagne vaccinale la plus ambitieuse au monde, aucun pays ne devrait souffrir de manquer d'un accès suffisant aux vaccins.

« Et pourtant, sur les près de 7,5 milliards de doses de vaccins contre la COVID-19 administrées de par le monde en date du mi-novembre, 71 % ont été administrées aux pays à revenu élevé et intermédiaire. « Seulement 0,6 % ont été administrées aux pays à faible revenu.

« L'Afrique est la plus durement frappée par l'accès inéquitable à ces vaccins qui sauvent des vies.

« Deuxièmement, nous devons investir dans tous les aspects de la réponse à la pandémie.

« En plus de la vaccination, il faut des tests et la surveillance génomique pour identifier les points chauds de la maladie et localiser l'émergence de nouveaux variants.

« Il faut des traitements, y compris d'oxygène médicale, pour les personnes gravement atteintes de la COVID-19.

« Des traitements potentiellement efficaces sont en développement.

« Nous devons assurer que, dès qu'ils seront approuvés pour leur sécurité et leur efficacité, ils soient également disponibles pour tous les pays.

« Pour cette raison, nous réclamons toujours l'ADPIC [l'Accord sur les aspects de droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce de l'Organisation mondiale du commerce], même dans ses diverses formes pouvant être négociées.

« Nous devons investir dans le renforcement des systèmes de santé parce que les systèmes de santé sont ce qui transforment les vaccins en campagnes de vaccination et les tests de dépistage en dépistage sur le terrain.

« Nous avons besoin de recherche et de développement pour adapter nos outils et garder une longueur d'avance sur le virus en mutation.

« Nous avons besoin du plein éventail de contre-mesures que ce soit les vaccins, les traitements, des systèmes de santé qui fonctionnent, et de l'équipement de protection personnelle pour combattre la COVID-19 et sauver des vies.

« Et le monde a besoin de l'Accélérateur ACT pour que cela se produise.

« Cette initiative existe pour répondre à l'objectif le plus vital de tous : sauver des vies.

« Nous ne pouvons vaciller et j'aimerais ajouter que c'est un domaine dans lequel nous ne devons pas échouer.

« Il est donc nécessaire que les dirigeants mondiaux s'unissent pour financer intégralement le nouveau Plan stratégique de l'Accélérateur ACT pour que nous puissions sauver des vies, et pour que nous puissions mettre fin à cette pandémie, pas seulement pour quelques-uns, mais pour tous et toutes, surtout dans les communautés les plus vulnérables. »

La mise en réserve des vaccins dans les pays européens

Une étude publiée le 18 novembre par la Plate-forme internationale de responsabilisation par rapport à la COVID (PIR-COVID), intitulée « Tenir le monde responsable : des actions urgentes requises pour combler les écarts dans la réponse mondiale à la COVID-19 », confirme et quantifie les accusations voulant que les pays riches font des réserves de vaccins contre la COVID-19. PIR-COVID est une initiative du Centre mondial d'innovation en santé et de l'effort collaboratif de l'Université Duke.

PIR-COVID souligne que son plus récent rapport « s'attarde aux objectifs de couverture vaccinale, qui ont été largement adoptés par les dirigeants mondiaux mais en l'absence d'un plan d'action qui puisse garantir sa mise en oeuvre. Se basant sur des données du compteur Launch and Scale de recherche sur la COVID, de l'Équipe spéciale multilatérale de dirigeants contre la COVID-19, et de l'OMS, nous trouvons que 82 pays (notamment la plupart des pays à faible revenu et les pays africains) ne réussiront pas à atteindre la couverture vaccinale de 40 % avant la fin de 2021.

« Au niveau mondial, ce n'est pas une question d'approvisionnement mais de distribution. L'augmentation de la production des vaccins contre la COVID-19 au cours de cette année a été une réussite exceptionnelle ; le monde fabrique maintenant près de 1,5 milliards de doses par mois. Nous avons suffisamment de doses pour vacciner beaucoup plus que 40 % de la population dans chaque pays. Cependant, une grande part de ces réserves est concentrée dans un nombre restreint de pays riches, qui en ont plus que ce qui leur est nécessaire. Sur la base de données sur les taux de réserves et de vaccination, nous prévoyons que les pays du G7 et de l'UE auront collectivement plus de 830 millions de doses en surplus à la fin de 2021. Entretemps, plusieurs pays sont aux prises avec des manques importants de réserves. Pour les pays qui n'ont pas encore atteint la couverture à 40 %, notre analyse indique qu'un autre 1,05 milliards de doses sont requises pour atteindre cet objectif. Suite aux livraisons attendues de COVAX [un accès mondial et équitable aux vaccins contre la COVID-19] en novembre et en décembre, le manque dans ces pays se chiffre à 650 millions de doses. »

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Le rapport souligne que les pays du G7 possèdent 1 618 765 480 doses qui permettraient aux pays à faible ou moyen revenu d'atteindre le taux mondial minimal de 40 %, mais à ce jour ils n'ont expédié que près de 319 millions de ces doses ou environ 20 % de leur engagement. Pour ce qui est du Canada, il s'est engagé à faire don de 51, 542 080 doses. De ce nombre, seulement 10 % ont été expédiées.

Notamment, PIR-COVID souligne que « les pays à revenu élevé ont continué de s'en tenir à l'objectif d'un taux de vaccination de 40 % sans adopter des mesures d'envergure et d'urgence pour les atteindre de façon réaliste. »

Ce rapport ne s'attarde qu'aux vaccinations et PIR-COVID affirme : « De futures analyses cibleront la quantification des besoins et des engagements envers le dépistage lié à la thérapeutique, la diagnostique, l'oxygène, ainsi que l'état de préparation à venir. »

Pour lire le rapport de PIR-COVID dans son intégralité, cliquez ici.

Le manque d'accès fiable aux vaccins

Le 29 novembre, l'Union africaine, les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies, la Coalition pour l'innovation de la préparation épidémique, Gavi (l'Alliance vaccinale), l'Unicef et l'OMS ont émis une déclaration conjointe sur les dons de doses de vaccin contre la COVID-19 aux pays africains. Ils soulignent que les dons qui arrivent présentement en Afrique sont problématiques. Ils affirment que « la majorité des dons reçus jusqu'à présent étaient ponctuels et fournis avec peu de préavis, et leur durée de conservation était courte. Il est donc extrêmement difficile pour les pays de planifier des campagnes de vaccination et d'accroître leur capacité d'absorption. Pour atteindre des taux de couverture plus élevés sur le continent, et pour que les dons soient une source d'approvisionnement durable qui puisse compléter l'approvisionnement provenant des accords d'achat de l'AVAT et de COVAX, cette tendance doit changer.

« Les pays ont besoin d'un approvisionnement prévisible et fiable. Le fait de devoir planifier à court préavis et d'assurer l'utilisation de doses à courte durée de conservation augmente de façon exponentielle la charge logistique de systèmes de santé déjà mis à rude épreuve. En outre, ce type d'approvisionnement ponctuel utilise des capacités ressources humaines, infrastructures, chaîne du froid qui pourraient être orientées vers un déploiement efficace et durable à long terme. Il augmente aussi considérablement les risques de péremption lorsque des doses dont la durée de conservation est déjà courte arrivent dans le pays, ce qui peut avoir des répercussions à long terme sur la confiance dans les vaccins.

« Les dons à COVAX, à l'AVAT et aux pays africains doivent être faits de manière à permettre aux pays de mobiliser efficacement leurs ressources nationales pour soutenir le déploiement et permettre une planification à long terme afin d'augmenter les taux de couverture. Nous demandons à la communauté internationale, en particulier les donateurs et les fabricants, de s'engager à l'égard de cet effort en adhérant aux normes suivantes, à compter du 1er janvier 2022 :

« -quantité et prévisibilité : Les pays donateurs doivent s'efforcer de libérer les doses données en grandes quantités et de manière prévisible, afin de réduire les coûts de transaction. Nous reconnaissons et saluons les progrès réalisés dans ce domaine, mais nous constatons que la fréquence des exceptions à cette approche impose un fardeau accru aux pays, à l'AVAT et à COVAX.

- Mise en réserve : Ces doses ne doivent pas être mises en réserve, afin d'accroître l'efficacité et de soutenir la planification à long terme. Leur mise en réserve rend beaucoup plus difficile l'affectation de l'approvisionnement sur la base de l'équité et la prise en compte de la capacité d'absorption de certains pays. Cela augmente également le risque que les dons à courte durée de conservation mobilisent la capacité de la chaîne du froid des pays capacité qui n'est ensuite plus disponible lorsque l'AVAT ou le COVAX allouent des doses à plus longue durée de conservation dans le cadre de leurs propres accords d'achat.

- Durée de conservation : Par défaut, les doses données devraient avoir une durée de conservation d'au moins 10 semaines à leur arrivée dans le pays, avec des exceptions limitées uniquement lorsque les pays bénéficiaires indiquent leur volonté et leur capacité à absorber des doses ayant une durée de conservation plus courte.

- Préavis : Les pays bénéficiaires doivent être informés de la disponibilité des doses données au moins quatre semaines avant leur arrivée prévue.

- Temps de réponse : Toutes les parties prenantes doivent s'efforcer de fournir une réponse rapide aux informations essentielles. Il s'agit notamment des informations essentielles sur l'approvisionnement fournies par les fabricants (volumes totaux disponibles pour les dons, durée de conservation, site de fabrication), de la confirmation de l'offre de dons par les donateurs et de l'acceptation ou du refus des allocations par les pays. Les informations de dernière minute peuvent encore compliquer les processus, augmenter les coûts de transaction, réduire la durée de conservation disponible et augmenter le risque de péremption.

- Produits complémentaires : La majorité des dons reçus jusqu'à présent ne comprenaient pas les fournitures nécessaires à la vaccination, telles que des seringues et du diluant, et ne couvraient pas non plus les frais de transport. Par conséquent, ces fournitures doivent être achetées séparément, ce qui entraîne des coûts, une complexité et des délais supplémentaires. Les doses données devraient être accompagnées de tous les produits complémentaires essentiels afin de garantir une allocation et une absorption rapides. »

(Avec des informations de Eurativ, Présidence de l'Afrique du Sud, Centre d'innovation en santé mondiale de l'Université Duke, Afrique CDC)

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Le « Sommet pour la démocratie » des États-Unis

Efforts futiles des États-Unis pour dicter l'issue de la crise de la démocratie

L'administration Biden a organisé son « Sommet pour la démocratie » virtuel pour coïncider avec la Journée des droits de l'homme le 10 décembre. Le sommet a été présenté comme une occasion de « soutenir la démocratie et de défendre les droits humains dans le monde ». Le président américain Biden a déclaré : « Nous rassemblons des dirigeants de plus de 100 gouvernements aux côtés de militants, de syndicalistes et d'autres membres de la société civile, d'experts et de chercheurs de premier plan, et de représentants du milieu des affaires [pour] faire équipe et réaffirmer notre engagement commun à améliorer nos démocraties. » Il s'agit notamment de diverses organisations et personnes que les États-Unis financent et soutiennent déjà au niveau international, comme la Communauté des démocraties et son réseau de jeunes. Ce qui a toujours été appelé organisations non gouvernementales est désormais appelé organisations de la société civile (OSC).

La fiche d'information publiée par la Maison Blanche le 9 décembre décrit ce que l'administration Biden a en tête. Elle indique que le travail visant à « renforcer la démocratie et à faire progresser le respect des droits humains » est une question de sécurité nationale pour les États-Unis : « L'Initiative présidentielle pour le renouveau démocratique représente un accroissement significatif et ciblé des actions du gouvernement des États-Unis visant à défendre, soutenir et développer la résilience démocratique avec des partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux partageant les mêmes idées. Au cours de l'année à venir, les États-Unis prévoient de fournir jusqu'à 424,4 millions de dollars pour l'Initiative présidentielle. »

Les États-Unis, dont la démocratie est en lambeaux, parlent de cinq domaines de travail « essentiels au fonctionnement d'une gouvernance transparente et responsable ». Ces domaines sont :

- Soutenir les médias libres et indépendants
- Lutter contre la corruption
- Soutenir les réformateurs démocratiques
- Faire progresser la technologie au service de la démocratie
- Défendre des élections et des processus politiques libres et équitables.

L'initiative est une farce compte tenu de l'état actuel de la démocratie américaine, largement considérée comme un échec sur tous les fronts, notamment en matière d'élections. De manière significative, aux États-Unis même, ce que l'on appelle les institutions démocratiques ne sont plus capables de résoudre les conflits entre les forces en présence. En outre, étant donné que les intérêts privés qui se sont emparés des pouvoirs de l'État sont mondiaux, le discours actuel sur la représentation d'un « intérêt national » ne correspond plus à la réalité. Les forces en présence se livrent une lutte acharnée pour affirmer que leur faction représente l'intérêt national et que leurs rivaux commettent une trahison. Le Congrès est tellement dysfonctionnel qu'il ne parvient pas à adopter un budget, qui aurait dû être adopté en octobre dernier, et menace sans cesse de fermer le gouvernement. Ces menaces affectent des centaines de milliers de travailleurs fédéraux, de personnes âgées, de mères, d'enfants et de chômeurs qui ont besoin de paiements fédéraux comme la sécurité sociale pour simplement survivre.

La Cour suprême a également été discréditée, considérée comme une force politisée au service de l'une ou l'autre faction en lice, non seulement en ce qui concerne le droit à l'avortement, mais aussi dans d'autres domaines. Il y a aussi les conflits entre les États et le gouvernement fédéral, sur des questions comme l'immigration, les élections, etc. Puis il y a le contrôle monopoliste et la corruption des médias existants, avec une technologie de plus en plus utilisée par des forces comme Facebook et le gouvernement lui-même pour intensifier les divisions et attiser les passions au sein de la population, tout en justifiant davantage de violence gouvernementale, de détentions racistes, d'incarcération de masse et plus encore.

C'est dans ce contexte de rivalité entre les factions au pouvoir, d'institutions discréditées et dysfonctionnelles et d'un mouvement grandissant des peuples qui revendiquent leurs droits et un plus grand contrôle, que l'initiative de Biden est présentée. Joe Biden s'efforce d'unir ce qu'il appelle « nous tous », derrière la présidence et au-delà des séparations habituelles entre les pays, les niveaux de gouvernement et les peuples qui s'organisent pour affirmer les droits humains. À titre d'exemple, des maires des États-Unis et d'ailleurs ont été réunis, en contournant les forces des niveaux étatique, provincial et fédéral. Les diverses responsabilités et autorités doivent être écartées de manière à « rassembler » tous ceux dont on peut dire qu'ils ont rejoint l'initiative du président.

Ce que les impérialistes entendent par soutenir les
médias libres et indépendants

L'USAID (Agence américaine pour le développement international) a été désignée comme le principal instrument de financement d'un « Fonds international pour les médias d'intérêt public, un nouveau fonds regroupant plusieurs donateurs, conçu pour renforcer l'indépendance, le développement et la durabilité des médias indépendants, en particulier dans les contextes fragiles et pauvres en ressources ». En outre, l'USAID fournira jusqu'à 5 millions de dollars « pour lancer un accélérateur de viabilité des médias » et améliorer « la viabilité financière des médias indépendants dans les marchés des médias sous-développés et plus développés ».

L'idée même que les médias financés par le gouvernement américain soient indépendants montre la grandeur du défi auquel est confrontée l'imagination de Joe Biden. L'USAID est réputée au niveau international pour financer les forces politiques les plus réactionnaires et pour miner le développement indépendant des économies. Il est clair que la question n'est pas seulement le financement, mais aussi et surtout la mise en place des diverses formes d'organisation qui ne sont plus secrètes mais manifestes dans leur mission d'ingérence dans les affaires de divers pays. Les médias officiels se sont joints à l'administration Biden pour promouvoir des organismes tels que la Central Intelligence Agency (CIA) et ses appendices de la « société civile » comme des champions des droits humains et de la démocratie. Seules une imagination et une présidence gravement déficientes peuvent être détachées de la réalité au point de penser que cela va se produire.

L'initiative appelle également à une « protection physique, numérique et juridique des journalistes ». Cela comprend offrir à ceux qu'elle considère comme des journalistes « une formation en matière de sécurité numérique et physique, une prise en charge psychosociale, une aide juridique et d'autres formes d'assistance ». Étant donné l'exigence de départ que tous soutiennent ce que les États-Unis déclarent être des « valeurs démocratiques », cela fait de tout journaliste qui expose les crimes de génocide, les guerres d'agression et la torture des États-Unis tout en élaborant des droits une persona non grata. Ce programme met ainsi en danger tous ceux qui se considéraient jusqu'à présent comme des membres de bonne foi d'une société civile. Seuls les réactionnaires doivent postuler à des emplois et seuls les réactionnaires les conserveront. Les États-Unis trouveront ainsi une justification supplémentaire pour s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres pays et pour financer et aider ceux qui participent à leurs efforts de changement de régime.

Le « Sommet pour la démocratie » pose le problème de la démocratie comme une opposition entre ce qu'il considère comme le sommet de la démocratie le système raciste et misogyne des États-Unis basé sur l'oppression et l'exploitation et ce qu'il appelle les « autocraties ». Toute discussion sur la démocratie qui va au coeur du sujet est taboue. Seule la désinformation qui cible les efforts des peuples pour donner une garantie aux réclamations qu'ils sont en droit de faire à la société est considérée comme valable.

Lutter contre la corruption et soutenir
les réformateurs démocratiques

Sous la rubrique de « soutien aux agents de changement dans la lutte contre la corruption », 5 millions de dollars serviront à « soutenir et mettre en relation les acteurs de la lutte contre la corruption au sein de la société civile, des médias, du monde universitaire et des organisations syndicales ». Cinq autres millions de dollars serviront à promouvoir « des mesures de protection des lanceurs d'alerte, des activistes de la société civile, des journalistes et d'autres personnes en danger en raison de leur travail de lutte contre la corruption » et six millions de dollars serviront à « mettre en liaison les médias et les organisations de la société civile ».

La demande de protection des dénonciateurs intervient à un moment où les États-Unis ont réussi à obtenir l'extradition de Julian Assange de Grande-Bretagne vers les États-Unis et à emprisonner d'autres personnes qui ont exposé les crimes des États-Unis, en invoquant l'espionnage. Il s'agit d'un indicateur clair de la façon dont les États-Unis décideront qui est et n'est pas un « acteur de la lutte contre la corruption », tout en utilisant la corruption des fonds de l'USAID pour essayer d'unir « la société civile, les médias, le monde universitaire et les organisations syndicales ». Tous avaient des représentants participant au sommet sous diverses formes.

En outre, des millions de dollars supplémentaires seront alloués à « une plateforme de partenariat pour trouver des solutions participatives innovantes auprès d'entreprises, de technologues, de philanthropies et d'autres acteurs » afin « de dynamiser et d'institutionnaliser l'engagement existant du secteur public dans la lutte contre la corruption avec le monde des affaires ». Il semble également qu'au nom de la lutte contre la corruption des efforts seront faits pour augmenter le contrôle financier à l'échelle internationale. Combattre la corruption par la corruption fait partie de l'arsenal des guerres de territoire mafieuses, et c'est en fait ce qui se passe aux niveaux gouvernementaux aux États-Unis et, par extension, au Canada également. Avec des réformes et des initiatives telles que celles décrites dans le « Sommet pour la démocratie », les conflits entre ceux qui rivalisent pour le pouvoir aux États-Unis ne peuvent que poser davantage de dangers pour les peuples des États-Unis et du monde.

L'institutionnalisation des différents partenariats et la mise en place de moyens intégrés sous le commandement des pouvoirs exécutifs américains visent à placer les fonctions du gouvernement, du secteur public et de la « société civile » sous l'emprise d'intérêts privés étroits. Rien de plus et rien de moins ne fera l'affaire en ce qui concerne ces pouvoirs exécutifs.

Ceci est encore plus évident dans la section intitulée « Soutenir les réformateurs démocratiques ». Le langage et les demandes de droits formulés dans le monde entier sont utilisés pour confondre la résistance et l'amener à soutenir la soi-disant initiative démocratique. Il s'agit notamment de « renforcer l'autonomie des groupes historiquement marginalisés et veiller à ce que tous aient leur mot à dire dans la démocratie », ainsi que de cibler les femmes, les filles et la communauté LGBTQI+. Le secrétaire d'État Anthony Blinken s'est exprimé en ces termes : « Nos démocraties dépendent de leur réussite et la réussite dépend de la participation d'un plus grand nombre de jeunes en votant, en se présentant aux élections, en s'impliquant dans la vie civique, en améliorant nos démocraties ».

Dans cette veine, il y a une section « Soutenir les activistes, les travailleurs et les dirigeants réformateurs » et une autre intitulée « Initiative ‘Bridging Understanding, Integrity, and Legitimacy for Democracy (BUILD)' ». « BUILD » fait référence au slogan de Biden « Build Back Better » (reconstruire en mieux) et est ouvertement destiné à des fins d'ingérence pour « poser les bases pour fournir aux professionnels de carrière dans des espaces politiques fermés les compétences et les ressources nécessaires pour tirer parti des ouvertures démocratiques lorsqu'elles se produisent ».

Un autre volet de l'initiative présidentielle comprend l'octroi par USAID de 15 millions de dollars pour l'initiative « Powered by the People » (animé par le peuple), qui est spécifiquement conçue pour déstabiliser les vastes mouvements sociaux pour l'égalité, la justice et les droits. Elle vise à intervenir dans « les mouvements sociaux non violents en renforçant la coordination par le biais d'échanges, de subventions de démarrage et d'engagement avec des acteurs prodémocratie plus jeunes ».

Un des engagements les plus importants du point de vue financier, soit l'octroi de 122 millions de dollars provenant des départements du Travail et d'État et de l'USAID, permettra « d'établir un partenariat multilatéral pour l'organisation, l'octroi de pouvoir aux travailleurs et les droits (M-POWER) ». Ce partenariat est censé « aider les travailleurs du monde entier à faire valoir leurs droits et à améliorer les salaires ainsi que les conditions de travail, en renforçant les organisations de travailleurs démocratiques et indépendantes et en soutenant la réforme et l'application du droit du travail ».

Il est clair que les États-Unis craignent le mouvement grandissant de résistance organisée des travailleurs et leurs nombreuses luttes pour le changement qui cherchent à résoudre la crise en faveur des intérêts du peuple. L'hypocrisie de l'initiative est mise en évidence par le fait que les millions d'infirmières aux États-Unis et dans le monde réclament des conditions de travail sécuritaires et des soins de santé pour tous, dont des dizaines de milliers sont en grève présentement. « L'application du droit du travail » est inexistante. Loin d'avoir pour objectif de donner du pouvoir au peuple, il s'agit de créer des formes d'organisation qui éliminent l'état de droit et les normes existantes et d'institutionnaliser l'ordre américain fondé sur des règles où l'exécutif décide seul des règles. La classe ouvrière américaine ne sera jamais d'accord avec cela, et les peuples du monde non plus. Les tentatives de prétendre que ces mesures sont une alternative aux guerres de destruction et d'occupation sont carrément stupides.

Faire progresser la technologie au service de la démocratie

L'utilisation et la restriction de l'Internet est un autre domaine abordé par l'Initiative présidentielle. Cette section mentionne à plusieurs reprises le besoin de « concrétiser les avantages des technologies numériques qui soutiennent les valeurs démocratiques et respectent les droits humains, plutôt que les compromettre ». Là encore, c'est l'exécutif qui déterminera qui est dans le tort et qui est dans le droit. Des pays comme Cuba, le Venezuela, l'Iran et la République populaire démocratique de Corée sont déjà des cibles parce que, selon les États-Unis, elles minent les « valeurs démocratiques ». L'USAID va maintenant fournir jusqu'à 20,3 millions de dollars pour « s'appuyer sur la programmation soutenant les écosystèmes numériques ouverts, sécurisés et inclusifs. Cette programmation aidera les gouvernements à inscrire les principes démocratiques dans l'utilisation, le développement et la gouvernance des technologies dans leur pays, tout en permettant à la société civile, aux technologues et au secteur privé de les encourager. »

Les États-Unis sont habités par la croyance en leur propre supériorité. Ils sous-estiment donc toujours la créativité et les capacités des peuples libres à les surpasser dans de nombreux domaines.

Toujours dans le but de justifier davantage l'intervention dans les affaires des autres pays, l'« Initiative » appelle également à « se défendre contre l'autoritarisme numérique ». Cette initiative est censée « réduire le risque de violation des droits humains que permettent certaines technologies à double usage » et laisse présager une guerre brutale pour le contrôle de l'espace. Dans ce contexte, à l'issue du sommet, les États-Unis, l'Australie, le Danemark et la Norvège ont annoncé l'initiative « Contrôle des exportations et les droits humains » visant tous ceux qui ne se rallient pas à la « vision des technologies ancrées dans les valeurs démocratiques » définie par les États-Unis. Les quatre pays ont été rejoints par le Canada, la France, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne. Cette initiative de « contrôle des exportations » est censée s'attaquer à la « cyberintrusion, à la surveillance et à d'autres technologies à double usage » qui sont « utilisées à mauvais escient pour étouffer la dissidence, harceler les défenseurs des droits humains, intimider les communautés minoritaires, décourager les dénonciateurs, refroidir la liberté d'expression, cibler les opposants politiques, les journalistes et les avocats, ou interférer arbitrairement ou illégalement dans la vie privée ».

Tout cela sert à souligner que la bataille pour la démocratie et la bataille de la démocratie ont vraiment éclaté au grand jour.

Défendre des élections et des processus politiques
libres et équitables

Comme pour le reste de l'« Initiative », les États-Unis sont tellement discrédités sur le front électoral que peu de gens prêtent attention à leurs prétentions. En fait, la plupart s'en moquent, sachant qu'elles sont, au mieux, creuses. Néanmoins, Joe Biden affirme que le droit de voter, de voter librement, est « sacré ». « Le droit de voir son vote compté est le seuil de la liberté pour la démocratie, pour toute démocratie. Avec ce droit, tout est possible. Sans lui, pratiquement rien n'est possible », a-t-il déclaré. Ses efforts pour intégrer « la société civile, les médias, le monde universitaire et les organisations syndicales » visent tous à miner la résistance et à institutionnaliser la domination sous les pouvoirs exécutifs directs des États-Unis.

Cette institutionnalisation doit fournir jusqu'à 17,5 millions de dollars pour créer un « Fonds de défense des élections démocratiques » afin de « piloter, d'élargir et d'appliquer des réponses factuelles aux menaces à l'intégrité électorale et aux processus politiques connexes dans le monde entier. Ce Fonds s'attaquera à des problèmes tels que la cybersécurité, la manipulation électorale nationale et étrangère, la violence électorale, y compris la violence basée sur le genre, le financement politique national et étranger illicite, la désinformation liée aux élections et les obstacles à la participation politique des populations marginalisées. »

Bien que cela ne s'adresse pas seulement aux forces à l'étranger mais aussi à l'intérieur des États-Unis, il est difficile de concevoir comment les élections, qui ne servent plus à résoudre les conflits entre les factions en présence mais les intensifient, vont miraculeusement servir à unir les intérêts divergents ou à éliminer les divergences. Ce qui est évident, cependant, c'est que dans le grand schéma des choses, 17,5 millions de dollars, ce n'est pas beaucoup d'argent, ce qui signifie que des pays comme le Canada sont censés utiliser leurs propres pouvoirs exécutifs pour imposer la même chose dans les domaines qui relèvent de leurs compétences.

L'ensemble de l'« Initiative » est un effort grossier et désespéré pour faire face à la résistance et au rejet croissant, dans le monde entier, des institutions démocratiques libérales anglo-américaines existantes. Pour y parvenir, « deux nouveaux programmes transversaux de réponse rapide » seront également développés.

Le premier, « Prouver que la démocratie tient ses promesses » pour les pays « en transition démocratique », fournira 55 millions de dollars pour lancer des « Partenariats pour la démocratie ». Ce programme est censé permettre aux États-Unis de « renforcer l'assistance intersectorielle aux gouvernements réformateurs partenaires, afin de les aider à produire des bénéfices visibles pour leurs populations dans des domaines tels que les soins de santé et l'éducation ».

Le second, destiné au « renforcement de l'état de droit, la lutte contre la corruption, le renforcement de la sécurité civile et la promotion des droits humains », est le « Fonds pour le renouveau démocratique (FDR) ». Ce « fonds d'intervention rapide et flexible permettra aux bureaux du département d'État » de « réagir de manière collective et collaborative pour soutenir les partenaires qui travaillent sur les lignes de front de la démocratie ».

Le mot « partenaires » fait référence à une variété de forces en dehors des gouvernements existants. La pauvreté de leur matière intellectuelle est telle que tous les efforts sont faits pour diriger l'attention vers le passé, vers « l'Alliance pour le progrès » de Kennedy et le « New Deal » de Franklin Delano Rosevelt. Il s'agit d'une tentative futile de cacher ce qui ne peut l'être, à savoir que la sécurité et l'avenir du monde sont dans la volonté des peuples de s'émanciper. Décrire l'échec et le dysfonctionnement de la démocratie et des valeurs de type américain est une perte de temps et d'efforts. Leur prétention à garantir les droits humains des peuples dans leur pays et à l'étranger est creuse. Tous les efforts devraient être dirigés vers la satisfaction des demandes de l'époque pour que les peuples eux-mêmes gouvernent et décident.

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Le succès revigorant des fermiers indiens

Ce succès historique mènera certainement à une victoire historique

Le 11 décembre, par centaines de milliers, les fermiers indiens ont entrepris la marche du Fateh (de la Victoire), revenant des morchas (campements) pour regagner leurs demeures après avoir remporté un succès historique.

Le contingent pendjabi avance de façon unitaire, en procession. Des gens des deux côtés des routes ont installé des langars (des cuisines mobiles) et des fleurs sont lancées des avions et des maisons. Des remorques des tracteurs, les chants de la Morcha jouent à plein volume : Zindabad, Faslan De Fiasle Kisan Karuga (Les fermiers contrôleront ce qu'ils produisent). Les couleurs sont vives. Les Nihangs, à cheval, brandissent leurs armes traditionnelles ; les femmes portent leurs vêtements les plus colorés ; les chariots bondés de monde se frayent un chemin dans la mer humaine dans cette marche triomphale de retour à la maison. Le son des Gurbani est partout. Des robes bleues, des drapeaux safran, verts, jaunes, rouges et bleus les couleurs des fermiers, sont partout. Des cris de Bole So Nihal, Sat Sri Akal (gloire à la Victoire) résonnent. Les trompettes éclatent et les percussions battent la mesure. Sur la route, les gens dansent le Bhangra et le Giddha sous les drapeaux des fermiers qui battent au vent. Des affiches à l'effigie de Banda Singh Bahadur, Guru Nanak, Guru Gobind Singh, Kartar Singh Sarabha et Bhagat Singh sont hissées tandis qu'aînés et jeunes dansent ensemble au rythme de la caravane.

Le 13 décembre, la Marche de la victoire s'arrêtera au Temple d'Or à Amritsar pour l'offrande de prières et de remerciements. Les Pendjabis l'appellent le 20e Delhi Fateh la victoire sur Dehli. Entre 1716 et 1799, les Pendjabis ont assujetti Delhi 19 fois. Un orateur après l'autre a souligné à quel point le président Modi et d'autres ministres faisaient preuve d'arrogance en croyant qu'ils pouvaient imposer leur volonté au Pendjab. L'unité des fermiers a fait sauter leur arrogance et les a assujettis. Arde So Jharde (L'arrogance s'effrite) est un dicton souvent utilisé au Pendjab. Il rappelle ce que le dirigeant Hardial Bains avait prédit en 1985 : que le jour viendrait où les Pendjabis marcheraient sur Delhi, le forceraient à se soumettre à leurs réclamations et ouvriraient une nouvelle voie pour le peuple partout en Inde. Il a dit que ce sera une nouvelle Bataille de Panipat dans de nouvelles conditions et avec de nouvelles formes. Depuis 1526, Panipat est décisif dans le destin de l'Inde.

Le 15 décembre, toutes les agitations des fermiers seront suspendues partout en Inde jusqu'à nouvel ordre. Dans un communiqué de presse du 9 décembre 2021, l'organisme cadre Sanyukta Kisan Morcha (SKM) a dit : « SKM annonce officiellement notre réponse de lever les morchas aux frontières de Delhi sur les autoroutes nationales et à dans divers autres endroits. Les agitations actuelles sont suspendues. La bataille a été remportée ; la guerre pour assurer les droits des fermiers, elle, se poursuit. »

SKM se réunira le 15 janvier 2022 pour décider des actions à venir et évaluer la situation pour ce qui est des négociations avec le gouvernement central.

Des célébrations sont organisées partout dans le monde alors que les membres des communautés indiennes et leurs amis fêtent le succès de la lutte des fermiers. En plus des discours, des chansons et des slogans, les orateurs ont hâte aux annonces du SKM pour planifier les futures activités.

Plusieurs s'en prennent aussi aux médias monopolisés qui ont dépeint les fermiers comme des terroristes, des extrémistes et des éléments marginaux. Les fermiers ont dit que non seulement ils ont obtenu ce qu'ils réclamaient, mais ils ont conquis le coeur du peuple dans l'Haryana, dans l'Uttar Pradesh, dans le Madhya Pradesh, au Pendjab et dans toute l'Inde, où, selon les médias, les gens ne seraient que des fanatiques du BJP, des arriérés qui se préoccupent peu du sort de leurs confrères dans le nord. Cette désinformation véhiculée jour et nuit par la classe dirigeante a été contredite par les faits.

Des jeunes poètes et des chanteurs ont exprimé par leurs nouvelles chansons ce que le peuple ressent :

Soyez vigilants, la lutte des fermiers n'est pas terminée
Veillez à ce que nos sacrifices ne soient pas détournés au profit de votes aux élections
Pensez à pourquoi les dirigeants vous jettent du sable aux yeux
Pourquoi les politiciens jouent avec votre sort

Rappelle-toi de tout à ton retour
Ceux pour qui tu as voté t'ont trahi
Ne te fais de souci Baba pour les conditions
Cette terre fertile produira toujours des combattants

Notre mot d'ordre est l'unité fermier-travailleur
Vous serez forcés de dire Zindabad
Notre unité sonne le glas des dirigeants
Les fermiers décideront de ce qu'ils produisent.

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