Forum ouvrier

Numéro 52 - 2 juin 2021

Saluons le courage des défenseurs de la terre de l'île de Vancouver!

Tout en oeuvre pour défendre
les droits et les vies!

Marche « Notre terre, notre avenir » à Victoria
Les défenseurs de la terre reprennent pacifiquement le campement Waterfall - Vidéo publiée par Ecologyst
Protéger les forêts anciennes n'est pas un crime! - Barbara Biley
Hishuk ma cawak (tout est lié, tout est un) - Affiché sur Facebook par un jeune des Nuu-chah-nulth
Une organisation des libertés civiles et des observateurs juridiques condamnent les gestes de la GRC à Fairy Creek - Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique

Les travailleurs du secteur public à Vancouver s'opposent aux concessions
Une caravane de voitures militante pour soutenir les justes revendications des travailleurs de Granville Island
L'histoire de Granville Island - Anne Jamieson


Saluons le courage des défenseurs de la terre de l'île de Vancouver!

Tout en oeuvre pour défendre
les droits et les vies!

Barrage à Fairy Creek le 27 mai 2021

Des journalistes et l'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique contestent les actions de la police au cours desquelles les droits de centaines de personnes ont été violés aux barrages près de Port Renfrew sur l'ïle de Vancouver. Des barrages ont été érigés sur les chemins menant à la Licence d'exploitation forestière (TFL) 46 où le propriétaire de la licence, la compagnie forestière Teal-Jones, compte faire une coupe à blanc dans une zone où se trouvent des forêts anciennes, notamment à Fairy Creek. Les gens qui protègent les forêts anciennes accusent le gouvernement néodémocrate du premier ministre John Horgan de refuser de respecter son propre engagement électoral.

En 2019, le gouvernement avait commandé un rapport sur la gestion des forêts anciennes de la Colombie-Britannique qui a fait 14 recommandations, dont l'une était de « différer le développement de forêts anciennes où les écosystèmes courent un risque élevé et à court terme de perte irréversible de biodiversité ».

Le rapport a été publié le 11 septembre 2020. Dix jours plus tard, le gouvernement Horgan a déclenché des élections anticipées, partant du calcul intéressé que le moment était venu pour son parti d'obtenir une majorité. Cherchant délibérément à courtiser l'électorat préoccupé par la foresterie durable, il s'est engagé à mettre en oeuvre les 14 recommandations et a affirmé que son gouvernement retarderait tout développement dans les forêts anciennes[1]. À une occasion il a déclaré : « Plusieurs de nos forêts anciennes comprennent des arbres qui valent beaucoup plus debout que s'ils étaient coupés, surtout si nous adoptons une approche holistique qui reconnaît des avantages plus larges pour les communautés et l'environnement. » Les barrages à Fairy Creek, coordonnés par l'Escouade volante des forêts humides, ont été érigés en août dernier. Les engagements envers la protection des forêts anciennes n'ont pas été respectés. Les mois s'écoulant et que le gouvernement ne faisant rien pour empêcher la compagnie de procéder, les barrages ont été renforcés. Le 1er avril, la demande d'injonction de Teal-Jones pour lever les barrages a été accordée et, le 17 mai, la GRC a commencé à arrêter des gens, y compris des journalistes et des observateurs juridiques.

La GRC a établi des « zones d'exclusion » même si, comme l'a souligné l'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique dans une lettre ouverte au solliciteur général Mike Farnworth, à la commissaire de la GRC Brenda Lucki et à la sous-commissaire de la GRC Jennifer Strachan, « rien dans l'injonction n'interdit de se déplacer dans cette zone ou de tenir des protestations pacifiques ». Aussi, plutôt que de dire aux participants aux barrages qu'ils devaient quitter sans quoi ils seraient arrêtés, la police dans plusieurs cas a arrêté des gens sans avertissement, dont des observateurs juridiques et des journalistes. Lors d'un incident le 25 mai devant le campement Caycuse, un observateur a rapporté qu'un contingent de 50 à 60 policiers a commencé à arrêter des gens sans avertissement et qu'il « repoussait clairement certaines personnes pour arrêter spécifiquement des gens portant des vestes d'observateurs ou de jeunes autochtones ». Neuf jeunes autochtones faisant partie du groupe « Braided Warriors » ont été arrêtés. Plusieurs personnes qui ont été arrêtés cette journée-là n'avaient pas prévu se faire arrêter, mais personne n'a été autorisé à quitter les lieux une fois que les arrestations, qui ont duré 11 heures, ont débuté. L'arrestation des journalistes et des observateurs juridiques vise clairement à cacher les actions de la police aux Canadiens pour qu'elle continue à agir en toute impunité. C'est ce que John Horgan a appelé « la loi et l'ordre ». Sa « loi et ordre » viole les droits civils et les droits conférés par la Charte de même que la loi Nuu-chah-nulth law et le droit humain d'être.

L'Association canadienne des journalistes (ACJ), dans une déclaration du 26 mai, a annoncé que le 25 mai, une coalition composée de l'ACJ, Ricochet Media, The Narwahl, Capital Daily, le National Observer du Canada, le Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN), Journalistes canadiens pour la libre expression (CJFE), le Discourse et IndigiNews, avait fait parvenir une lettre officielle à la GRC. Parmi ses revendications on compte :

- Pesser immédiatement d'appliquer la mesure de zones d'exclusion aux journalistes pour qu'ils puissent faire des enregistrements sonores et visuels, mener des entrevues et prendre des photos à une distance « qui permet d'éviter toute interférence accidentelle dans les activités policières ».

- Ne pas faire usage d'obstructions physiques qui bloquent la vue des médias ou les empêchent de faire des enregistrements sonores. Ne pas déployer des bâches pour cacher les arrestations, ne pas placer des générateurs bruyants entre les journalistes et les arrestations, ou placer des policiers de façon à ce qu'ils bloquent les caméras.

- Permettre aux journalistes de se déplacer librement sur le site, ne pas les encercler ou les obliger à se déplacer en groupe ou avec une escorte policière.

- L'équipement des journalistes ne doit pas être saisi et le travail des journalistes ne doit pas être entravé.

- Cesser immédiatement d'arrêter ou de détenir des journalistes dans les zones d'injonction parce qu'ils affirment leur droit de documenter les événements.

Partout sur l'île de Vancouver et dans la province, les participants aux campements continuent de recevoir l'appui des communautés qui mènent des actions devant les bureaux de députés, tiennent des manifestations dans les rues, apportent un appui matériel et envoient des convois aux campements pour les renforcer. Le 25 mai, plus de 75 aînés ont fait du covoiturage jusqu'à Victoria pour exprimer leur appui.


Barrage à Fairy Creek le 28 mai 2021

Note

1. Un nouvel avenir pour les forêts anciennes : une étude stratégique sur comment la Colombie-Britannique gère ses forêts anciennes dans le cadre de ses écosystèmes anciens.

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Marche « Notre terre, notre avenir » à Victoria

Le 28 mai, plus de 800 personnes, organisées par les jeunes de Notre terre, Notre avenir, ont marché du bureau de circonscription du premier ministre Horgan au détachement local de la GRC en appui aux jeunes et aux aînés autochtones et à tous les défenseurs de la terre à Fairy Creek. Devant l'édifice de la GRC, ils ont fait une fresque dans la rue, avec le message « GRC, hors des terres volées ».




Photos: Fairy Creek Blockade, T. Dance-Bennink)

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Les défenseurs de la terre reprennent le campement Waterfall de façon pacifique

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Protéger les forêts anciennes n'est pas un crime!


Rassemblement au barrage de Fairy Creek, le 28 mai 2021

Une grande partie des immenses forêts anciennes en Colombie-Britannique ont été coupées. Le gouvernement provincial n'a rien fait pour empêcher les compagnies forestières d'aller de l'avant. Au contraire, il a facilité les coupes à blanc, en dépit de toutes ses promesses qu'il protégerait les forêts anciennes et il a autorisé la GRC à arrêter les manifestants.

Depuis qu'il a obtenu un gouvernement majoritaire aux élections, cependant, malgré les promesses qu'il a faites pendant la campagne électorale de reporter le développement des forêts anciennes, John Horgan a refusé de mettre fin aux coupes à blanc des arbres anciens, ce qui a mené à de nombreuses protestations partout dans la province. Les groupes environnementaux disent qu'il applique la même tactique de « parler et couper » des gouvernements précédents. Plus de 100 000 personnes ont signé des pétitions appelant à la protection des forêts anciennes, dont une pétition en ligne présentée à la Chambre des communes par Paul Manly, le député du Parti vert pour Nanaimo-Ladysmith. Une des pétitions en ligne à l'intention du gouvernement provincial compte maintenant plus de 90 000 noms, et ce nombre augmente à tous les jours. Dans les derniers mois, surtout depuis le 1er avril, il y a eu des rassemblements et des manifestations partout dans la province en appui aux barricades. Le 29 mai, des centaines de personnes ont traversé un barrage de la GRC pour accéder à un des campements et le reprendre.

Quelques-uns des plus de 75 aînés en provenance de Victoria ont fait du covoiturage pendant deux heures pour venir appuyer les barrages le 25 mai 2021.

En plus d'avoir trahi son engagement électoral, le premier ministre Horgan justifie le recours aux tribunaux et à la police pour assurer l'accès de Teal-Jones à la coupe des forêts anciennes en invoquant les mêmes excuses que son gouvernement a mises de l'avant pour justifier que la GRC se déchaîne contre les défenseurs de la terre Wet'sutwet'en en janvier 2020. Selon lui, c'est une question « de loi et d'ordre ». Il justifie l'inaction de son gouvernement relativement aux 14 recommandations en prétendant que « trouver le bon équilibre entre les emplois et l'environnement » prend du temps.
Ce qui est en jeu ici, le problème sous-jacent, c'est que la politique forestière est décidée par les monopoles et mise en oeuvre par les gouvernements qui se succèdent, qu'ils soient libéraux ou néodémocrates. Les travailleurs, les nations autochtones, les communautés forestières et le peuple de la province dans son ensemble n'ont pas un mot à dire mais devraient, par contre, année après année, se tenir tranquilles alors que la forêt est abattue dans des coupes à blanc et accepter sans mot dire les conséquences de cette pratique, y compris les dommages causés aux bassins hydrographiques, à la faune et à la stabilité des flancs de montagne, tout cela pour favoriser les intérêts étroits et les profits des grandes compagnies forestières.

https://cpcml.ca/francais/Images2019/Slogans/180127-MTL-ALENA-08cr2.jpgAlors que la ressource forestière s'épuise, les compagnies ont abandonné toute notion de secteur manufacturier à valeur ajoutée et, à quelques exceptions près, ont transformé leurs opérations sur l'île de Vancouver en activités de coupe et d'expédition de grumes vers des acheteurs étrangers. Après avoir profité pendant des années des forêts de la Colombie-Britannique, plusieurs compagnies ont déménagé leurs opérations manufacturières aux États-Unis et ailleurs. Teal-Jones elle-même a construit une usine de rabotage à Sumas, dans l'État de Washington, et acheté des scieries en Oklahoma et en Virginie.

La lutte pour une foresterie durable en Colombie-Britannique et une nouvelle direction de l'économie qui reposent sur l'affirmation des droits ancestraux des nations autochtones, sur la satisfaction des besoins du peuple, sur la création d'emplois et la protection de l'environnement se poursuit depuis plusieurs décennies. Les actions de désobéissance civile telles que les barrages routiers sont des actions de résistance au diktat de l'industrie et du gouvernement, une expression du fait que le gouvernement n'accomplit pas son devoir de soutenir le droit du peuple et le peuple doit donc le faire lui-même. Criminaliser la voix du peuple est un geste de couardise parce que cela ne repose pas sur le devoir du gouvernement de créer et de représenter une opinion publique mais sur le décret impérialiste de la raison du plus fort. Lorsque les gouvernements se révèlent incapables de régler les différences sur une base pacifique et ont recours à la force brute, il est clair que le peuple n'a d'autre alternative que de persister à affirmer son droit d'avoir son mot à dire sur les questions qui l'affectent, sur ce qui advient de la ressource forestière et sur comment organiser l'économie pour que les droits ancestraux des peuples autochtones, les réclamations des communautés forestières à un moyen de subsistance et les besoins de la Terre-Mère soient servis par les gouvernements au lieu d'être sacrifiés sur l'autel d'objectifs privés étroits.

(Photos : Fairy Creek Blockade)

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Hishuk ma cawak
(tout est lié, tout est un)

« Le 25 mai (je crois, c'est un peu flou dans ma tête pour ce qui est des dates), j'ai été détenu à tort par l'Équipe de liaison de la division (ELD) de la GRC envoyée sur le territoire Nuu-chah-nulth pour faire appliquer une prétendue injonction. Je n'ai pas lu cette injonction et encore moins ne m'a-t-elle été lue sur le hahoulthli (Territoire). J'ai été détenu pendant six heures avant d'être libéré au détachement de Lake Cowichan. Environ 40 personnes ont été arrêtées à Ditidaht hahoulthli (toutes sauf quatre présentes pour une vigile tenue en bordure de route pour notre nisma/terre) prétendument pour faire appliquer l'injonction conformément à la loi coloniale. Je suis sauf. Mon moral tient bon. Je suis prêt à consacrer mon amour infini et iisaak (respect de tous) à cette lutte pour la souveraineté et la libération des Nuu-chah-nulth. Grâce à ma compréhension du droit Nuu-chah-nulth et du droit colonial, j'ai pu comprendre et être témoin de la violation flagrante des droits garantis par la Charte, des droits humains et des droits des Nuu-chah-nulth, par l'escouade ELD de la GRC. J'appuie cette lutte parce que nos moyens de subsistance, nos esprits et notre capacité à être Quuas (personne/autochtone) sont en danger. Lorsque notre nisma (terre) est attaquée par les forces coloniales, beaucoup d'entre nous (en particulier nos jeunes Quuas) sont appelés à en assumer la responsabilité. Nous poursuivons l'oeuvre de ceux qui nous ont précédés. Nous affirmons nos droits et notre souveraineté avec le plus grand iisaak (respect de tous) et la compréhension de hishuk ma cawak (tout est lié, tout est un). Je m'engage à uu-ath-luk (prendre soin de tous) sur notre côte. Je m'engage non seulement à énoncer nos lois, mais à les vivre. Nos lois sont un mode de vie. Ce sont des directives sur la façon d'être humain, comment être Quuas. Je suis avec nos parents Pacheedaht et Ditidaht parce que c'est notre façon de faire. Nous nous défendons les uns les autres. Nous prenons soin les uns des autres. Nous devons également prendre soin des employés de l'industrie. Nous n'oublions pas nos familles qui sont dans la foresterie. À l'heure actuelle, la foresterie peut nourrir votre famille, mais nous avons besoin d'un moyen durable de prendre soin de vous tous pour les générations à venir. Nous luttons pour un moyen de coexister. Nous luttons pour sortir des conditions du colonialisme qui nous sont imposées à tous. Nous luttons pour vous, pas contre vous en tant qu'être humain. Lorsqu'une de nos nations ou un de nos peuples est attaqué, nous ressentons tous le désir de rester avec nos familles sur la côte. C'est notre chemin. C'est dans notre ADN en tant que Quuas.

« Je ne suis pas un leader. Je ne suis pas un manifestant. Je ne suis pas seulement un journaliste ou un ‘ndn' académique. Je ne suis pas qu'un mutt tupkuk mixte. Je ne suis pas qu'un jeune. Je ne suis pas seulement le porteur d'un immense privilège pour la vie que j'ai eue. Je suis là. Je suis un tout qui n'a pas à s'excuser. Je ne suis que l'Aya que vous avez tous appris à connaître au cours de mes 24 années. J'utiliserai mes forces, mes talents et mon pouvoir pour faire tout ce que je peux pour réaliser nos rêves de libération face à l'oppression coloniale. Parce que cela deviendra réalité. Des parties d'un monde Quuas décolonisé, en santé et heureux existent déjà. Il vit dans nos terres, teechmas (coeurs), nos thlimaqstis (esprits), nos chansons, nos histoires et plus encore.

« Je n'arrêterai jamais de dire la vérité. C'est notre loi en tant que peuples du Potlatch. Je n'arrêterai jamais de travailler pour la libération et la souveraineté des Nuu-chah-nulth. Je ne me reposerai pas (bien que beaucoup de repos soit nécessaire entre des jours d'arrestation très intenses et vaquer aux affaires des Quuas) jusqu'à ce que nous soyons tous libres. Aucun de nous n'est libre tant que nous ne le sommes pas tous.

« Mon esprit ne se brisera jamais parce que je défends la vérité. Je défends nos lois. Je défends tous ceux qui m'ont précédé et tous ceux plus âgés et plus jeunes que moi qui m'ont appris à être humain. »

Reprenons possession de Nisma/reprenons possession de la terre

Reprenons possession de la culture.

Reprenons possession des eaux.

Reprenons possession de tout.

(Traduit de l'anglais par Forum ouvrier)

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Une organisation des libertés civiles et des observateurs juridiques condamnent les agissements de la GRC à Fairy Greek

L'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique (BCCLA) a écrit au gouvernement provincial et au commissaire de la GRC pour condamner la zone d'exclusion arbitraire et illégale de la GRC sur le territoire non cédé des Ditidaht. La GRC a établi deux points de contrôle et des barrages routiers le long des routes principales McClure et Caycuse, près du blocus de Fairy Creek pour s'opposer aux coupes de la forêt ancienne.

Dans une lettre ouverte adressée au solliciteur général Mike Farnworth, à la commissaire de la GRC Brenda Lucki et à la sous-commissaire Jennifer Strachan, la BCCLA note que les actions de la GRC ont une portée excessive et constituent un exercice incohérent, arbitraire et illégal du pouvoir discrétionnaire de la police d'empêcher des membres du public, y compris des observateurs juridiques et des journalistes, d'accéder à la zone. Les barrages routiers ont également empêché l'accès à une importante route d'urgence vers la réserve de la Première Nation des Ditidaht, près du lac Nitinat.

Selon la conseillère juridique de la BCCLA, Veronica Martisius, « La BCCLA est profondément perturbée par la zone d'exclusion de la GRC près des barrages à Fairy Creek sur le territoire non cédé des Ditidaht. Il n'y a rien dans l'injonction qui interdit les déplacements dans la zone ou les manifestations pacifiques. La GRC, par ses actions, fait preuve d'un mépris flagrant pour les droits des autochtones et la Charte canadienne des droits et libertés. Cette situation rappelle de façon alarmante ce qui s'est passé sur les territoires des Wet'suwet'en l'année dernière. »

Les Observateurs juridiques de Victoria ont documenté un certain nombre de pratiques de la GRC visant à empêcher le public d'être témoin et de documenter les actions de la police. L'organisation a fait état d'agents de la GRC utilisant des bâches et d'autres revêtements pour dissimuler visuellement les arrestations aux médias et aux observateurs juridiques. Les Observateurs juridiques de Victoria ont également dévoilé des agents de la GRC qui tentaient de restreindre les mouvements des journalistes et des observateurs juridiques en les confinant à des zones désignées où ils ne sont pas en mesure de documenter l'application de la loi par la GRC. Plusieurs journalistes et observateurs juridiques ont été arrêtés et expulsés de force de la zone pour avoir tenté de documenter les actions de la police.

La BCCLA et Observateurs juridiques de Victoria exigent que la GRC maintienne et respecte le droit des individus de participer à des manifestations pacifiques et ne criminalise pas les peuples autochtones qui exercent leurs droits inhérents protégés par la Constitution. Les organisations demandent au gouvernement provincial et au commissaire de la GRC de mettre immédiatement un terme aux tentatives de la GRC d'interdire aux Ditidaht, aux médias, aux observateurs juridiques et aux membres du public d'accéder à la zone, y compris d'être témoins, et de documenter le comportement de la police et d'effectuer un reportage d'intérêt public national.

Les déclarations aux médias


Les déclarations aux médias ci-dessous représentent les opinions de chaque individu ou organisation.

« Les tentatives répétées de la GRC de faire en secret leurs opérations d'application de la loi à Fairy Creek ont soulevé de graves problèmes de sécurité publique dès le début. Maintenant, alors que les arrestations deviennent de plus en plus violentes et physiques, nous voyons exactement pourquoi la GRC est si déterminée à empêcher le public d'être témoin de ses activités. C'est la raison pour laquelle les observateurs juridiques existent — pour assurer la sécurité de la communauté par la responsabilité policière. L'hostilité continue de la GRC envers les observateurs et les journalistes est une tentative flagrante d'éviter d'avoir à rendre des comptes de leur rôle dans la violence coloniale continue envers les Défenseurs de la terre et les communautés autochtones, et la terre elle-même. » — Keith Cherry, organisateur auprès des Observateurs juridiques de Victoria.

« En tant que journalistes, nous avons besoin d'un accès sans intermédiaire à des situations d'intérêt public. J'ai moi-même été empêché de traverser un barrage routier de la GRC en violation des précédents établis dans la loi canadienne, tandis que mon journaliste a été confiné puis escorté avec d'autres représentants des médias au lieu d'être autorisé à accéder librement au site des arrestations. Ce contrôle strict est inacceptable dans une situation urgente où la sécurité et le respect des droits de tous les participants sont en jeu. La GRC profite de l'éloignement du lieu pour décourager des efforts en temps réel pour couvrir ce qui se passe. Personne n'est dupe lorsque des communiqués de presse destinés au public disent une chose tandis que les agents sur le terrain en font une autre. » — Jimmy Thomson, Capital Daily

« Le journalisme ne peut exister lorsque les journalistes sont exclus des zones des événements qu'ils sont censés couvrir. Cela devrait être une déclaration simple et sans controverse. Pourtant, pendant huit ans et dans au moins cinq situations au pays, la police a cherché à exclure les journalistes en utilisant de larges zones d'exclusion. Les tribunaux, dans l'affaire de Justin Brake qui a créé un précédent, et le propre organisme de surveillance de la GRC, la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes, ont tous deux jugé illégal d'utiliser ces restrictions pour entraver le travail des journalistes. Lorsque, généralement sous la menace de poursuites judiciaires, la GRC autorise l'accès, elle impose des conditions qui rappellent les régimes autoritaires : zones de confinement des médias, chaperons et arrestation ou détention de journalistes pour le crime d'essayer de faire leur travail. Cela ne respecte pas la liberté de la presse. Nous soutenons les groupes de l'industrie comme l'Association canadienne des journalistes et des groupes internationaux de la liberté de la presse comme le Comité pour la protection des journalistes, et dénonçons avec eux cet abus du pouvoir policier par cette entrave au droit des journalistes de faire leur travail et, surtout, au droit du public d'être bien informé sur les questions d'intérêt public évidentes. » — Ethan Cox, Ricochet Media

Contacts médias

Keith Cherry, Observateurs juridiques de Victoria : keithccherry@gmail.com
Noah Ross, avocat pour l'Équipe volante des forêts humides : noah@noahross.ca
xʷ is xʷ čaa  (Kati George Jim) : Kgeorgejim@gmail.com
Veronica Martisius, conseillère juridique (politiques), BCCLA : veronica@bccla.org

(xʷməθkʷəy̓əm (Musqueam),  Sḵwx̱wú7mesh (Squamish) and Stó:lō and Səl̓ílwətaʔ/Selilwitulh (Tsleil-Waututh)/Vancouver, Colombie-Britannique. - 21 mai 2021. Photos : Fairy Creek Blockade)

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Les travailleurs du secteur public à Vancouver s'opposent aux concessions

Une caravane de voitures militante pour
soutenir les justes revendications des travailleurs de Granville Island

La section locale 20378 de l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), région de la Colombie-Britannique, a organisé une caravane de voitures le dimanche 23 mai pour appuyer les membres qui travaillent à Granville Island et leur comité de négociation alors qu'ils s'engagent dans d'autres négociations pour une nouvelle convention collective avec leur employeur, la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). Granville Island est une destination populaire à Vancouver pour les touristes et le public.

« L'équipe de direction de la SCHL a mis sur la table des concessions inacceptables qui porteraient atteinte à une convention collective pour laquelle les membres se sont battus avec acharnement au cours des 40 dernières années », a déclaré un des organisateurs du rassemblement, ajoutant que la direction cherchait « à imposer des concessions à certains de ses travailleurs parmi les moins bien payés ». L'équipe de la section locale 20378 défend les termes de la présente convention collective et s'oppose aux concessions injustes et inacceptables proposées par la direction de la SCHL de Granville Island. L'équipe de l'AFPC cherche à améliorer les conditions du prochain règlement. Cela, disent-ils, fait partie de la lutte dans son ensemble pour faire cesser l'augmentation du « travail précaire, à temps partiel, atypique et temporaire au Canada. »

Des représentants de différentes sections locales de l'AFPC, ainsi que des alliés provenant d'autres syndicats, dont le Syndicat des fonctionnaires provinciaux de la Colombie-Britannique, MoveUP et le Syndicat des infirmières de la Colombie-Britannique, se sont rassemblés avec leurs voitures et leurs vélos dans le stationnement au coin de Fir et de la 2e avenue à 12 h 15, recouvrant les voitures de pancartes et de drapeaux. La file de voitures a ensuite parcouru bruyamment les rues de la région de Granville Island, à trois reprises, en klaxonnant. Des travailleurs de l'île qui sont membres de l'AFPC, et d'autres travailleurs, sont venus saluer le convoi avec des sourires et des poings levés. Les participants au convoi sont revenus à Fir et 2e avenue dans une atmosphère enthousiaste pour faire le point et planifier les événements futurs.

Les concessions inacceptables déposées par la direction de la SCHL de Granville Island et auxquelles la section locale 20378 de la Colombie-Britannique s'oppose sont :

1. Réduction de quatre heures de la période pendant laquelle les travailleurs reçoivent chaque jour des primes pour les quarts de travail. Face aux objections de l'équipe de négociation, la direction a révisé sa demande pour ne l'appliquer qu'aux nouvelles personnes embauchées, ce qui diviserait le syndicat et obligerait les nouveaux travailleurs à travailler à des salaires inférieurs.

2. Suppression du libellé de la convention collective qui garantit que si les congés annuels et les jours fériés payés sont améliorés pour le personnel cadre non syndiqué de l'entreprise, la même chose s'appliquerait au personnel syndiqué.

3. Augmentation de l'embauche de travailleurs occasionnels, sans limite de nombre, pour tous les emplois et dans tous les départements. Le syndicat soutient que le travail à Granville Island devrait être effectué par une main-d'oeuvre à temps plein et stable.

(Photos : AFPC)

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L'histoire de Granville Island

« L'île industrielle » (Granville Island) a été créée en 1916 par le gouvernement fédéral en tant qu'île artificielle et base d'un développement industriel croissant dans la région de False Creek à Vancouver. Les bancs de sable existants avaient été utilisés pour la pêche, la récolte de fruits de mer et d'autres activités de subsistance par les Salish, qui ont tous dû quitter la région en 1899. La Fondation du patrimoine de Vancouver déclare que « le Canadien Pacifique, le gouvernement et les hommes d'affaires locaux se sont battus pour qui s'approprierait le droit sur les bancs de sable et l'eau jusqu'en 1916, date à laquelle il a été transféré à la Commission nationale des ports (NHC). » La NHC a construit une digue autour d'elle, l'a remplie des matériaux dragués de False Creek, a mis en place un accès routier et ferroviaire, créant ainsi 40 acres de terres à louer pour des usines et des moulins. Dans les années 30, 1 200 travailleurs étaient employés dans 40 entreprises de fabrication de fibres, de cordes, de chaînes et de matériaux pour l'exploitation forestière, l'exploitation minière et la navigation. La production industrielle a diminué pendant les années de la Grande Dépression, jetant les travailleurs au chômage. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'île (rebaptisée Granville Island) a été « revigorée » par la fabrication de matériel de défense, employant de nombreuses femmes. Dans les années 1970, cependant, l'activité industrielle était à nouveau en déclin et l'île était décrite comme « un désert industriel ».

La Société canadienne d'hypothèques et de logement :
administratrice pour l'oligarchie financière

Une « réinvention » de Granville Island dans les années 1970 a transformé le « désert industriel » en une destination publique et touristique grâce à la construction de bâtiments notamment pour des marchés publics, des magasins, des artisans et une école des beaux-arts. Parallèlement à cette impulsion de construction, le parti au pouvoir au gouvernement fédéral a cédé la gestion de Granville Island en 1972 à la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) — une société d'État qui, comme la NHC, est dirigée en tant qu'entreprise fondée sur la recherche du profit.
Aujourd'hui, 200 membres de la section locale 20378 de l'AFPC de la région de la Colombie-Britannique effectuent des travaux essentiels sur l'île Granville, allant du nettoyage et de l'entretien aux travaux administratifs, ce qui permet à l'île de fonctionner. La SCHL — en dépit du fait qu'elle se décrit comme une société de bienfaisance (rendre le logement « accessible à tous » grâce à son rôle de garant des prêts hypothécaires) est tout sauf cela. Son attitude envers ses employés est la même que celle de l'oligarchie financière dont elle et le parti politique au pouvoir représentent les intérêts. Dans cette vision du monde capitaliste, les travailleurs sont simplement un coût à payer pour faire des affaires et sont remplaçables. D'où la volonté constante d'abaisser les salaires et d'embaucher davantage de travailleurs occasionnels.

http://www.cpcml.ca/francais/Images2019/Slogans/150228-Montreal-ArretezPayez-12crop2.jpgLe syndicat fait remarquer que Granville Island a été protégée des pertes économiques liées à la COVID-19 grâce à un financement d'urgence fédéral (16,7 millions de dollars en 2020 ; 22 millions de dollars proposés en 2021). Ainsi, il n'y a aucune justification, disent-ils, pour la demande de la SCHL d'imposer des concessions, supprimer des avantages sociaux et abaisser les salaires des travailleurs essentiels parmi les moins bien payés. Ils notent que le directeur général de la SCHL de Granville Island a déclaré que les propositions antitravailleurs n'étaient « pas par nécessité économique ». Cela semble confirmer un article paru dans The Globe & Mail (11 mai) rapportant que de nombreuses entreprises qui ont reçu un financement fédéral « ne faisaient pas face à des difficultés pendant les mois de vache maigre de 2020 ». Les fonds liés à la COVID-19 sont donc un autre exemple de stratagème pour payer les riches aux dépens de la classe ouvrière.

La lutte quotidienne des travailleurs comme celle des membres de la section locale 20378 de l'AFPC est un combat pour tenir bon face aux assauts incessants de la classe capitaliste monopoliste et de ses représentants. Chaque lutte de ce type, qu'elle soit grande ou petite, révèle à tout le monde comment fonctionne le système économique du capitalisme avancé, et elle dévoile ceux qui détiennent le pouvoir économique et politique pour ce qu'ils sont. Elle renforce la classe ouvrière et le peuple dans son ensemble car elle montre que la résistance est possible. Avec comme point de départ la lutte économique pour ne pas accepter de reculs, une lutte d'une plus grande portée commence à prendre forme où la classe ouvrière et ses alliés se battent pour un monde centré sur l'humain et non sur le capitalisme.

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