Des journalistes et l'Association des libertés
civiles de la Colombie-Britannique contestent les
actions de la police au cours desquelles les
droits de centaines de personnes ont été violés
aux barrages près de Port Renfrew sur l'ïle de
Vancouver. Des barrages ont été érigés sur les
chemins menant à la Licence d'exploitation
forestière (TFL) 46 où le propriétaire de la
licence, la compagnie forestière Teal-Jones,
compte faire une coupe à blanc dans une zone où se
trouvent des forêts anciennes, notamment à Fairy
Creek. Les gens qui protègent les forêts anciennes
accusent le gouvernement néodémocrate du premier
ministre John Horgan de refuser de respecter son
propre engagement électoral.
En 2019, le gouvernement avait commandé un
rapport sur la gestion des forêts anciennes de la
Colombie-Britannique qui a fait 14
recommandations, dont l'une était de « différer le
développement de forêts anciennes où les
écosystèmes courent un risque élevé et à court
terme de perte irréversible de
biodiversité ».
Le rapport a été publié le 11
septembre 2020. Dix jours plus tard, le
gouvernement Horgan a déclenché des élections
anticipées, partant du calcul intéressé que le
moment était venu pour son parti d'obtenir une
majorité. Cherchant délibérément à courtiser
l'électorat préoccupé par la foresterie durable,
il s'est engagé à mettre en oeuvre les 14
recommandations et a affirmé que son gouvernement
retarderait tout développement dans les forêts
anciennes[1].
À une occasion il a déclaré : « Plusieurs de
nos forêts anciennes comprennent des arbres qui
valent beaucoup plus debout que s'ils étaient
coupés, surtout si nous adoptons une approche
holistique qui reconnaît des avantages plus larges
pour les communautés et l'environnement. » Les
barrages à Fairy Creek, coordonnés par l'Escouade
volante des forêts humides, ont été érigés en août
dernier. Les engagements envers la protection des
forêts anciennes n'ont pas été respectés. Les mois
s'écoulant et que le gouvernement ne faisant rien
pour empêcher la compagnie de procéder, les
barrages ont été renforcés. Le 1er avril, la
demande d'injonction de Teal-Jones pour lever les
barrages a été accordée et, le 17 mai, la GRC a
commencé à arrêter des gens, y compris des
journalistes et des observateurs juridiques.
La GRC a établi des «
zones d'exclusion » même si, comme l'a
souligné l'Association des libertés civiles de la
Colombie-Britannique dans une lettre ouverte au
solliciteur général Mike Farnworth, à la
commissaire de la GRC Brenda Lucki et à la
sous-commissaire de la GRC Jennifer Strachan, «
rien dans l'injonction n'interdit de se déplacer
dans cette zone ou de tenir des protestations
pacifiques ». Aussi, plutôt que de dire aux
participants aux barrages qu'ils devaient quitter
sans quoi ils seraient arrêtés, la police dans
plusieurs cas a arrêté des gens sans
avertissement, dont des observateurs juridiques et
des journalistes. Lors d'un incident le 25 mai
devant le campement Caycuse, un observateur a
rapporté qu'un contingent de 50 à 60
policiers a commencé à arrêter des gens sans
avertissement et qu'il « repoussait clairement
certaines personnes pour arrêter spécifiquement
des gens portant des vestes d'observateurs ou de
jeunes autochtones ». Neuf jeunes autochtones
faisant partie du groupe « Braided Warriors »
ont été arrêtés. Plusieurs personnes qui ont été
arrêtés cette journée-là n'avaient pas prévu se
faire arrêter, mais personne n'a été autorisé à
quitter les lieux une fois que les arrestations,
qui ont duré 11 heures, ont débuté.
L'arrestation des journalistes et des observateurs
juridiques vise clairement à cacher les actions de
la police aux Canadiens pour qu'elle continue à
agir en toute impunité. C'est ce que John Horgan a
appelé « la loi et l'ordre ». Sa « loi et
ordre » viole les droits civils et les droits
conférés par la Charte de même que la loi
Nuu-chah-nulth law et le droit humain d'être.
L'Association canadienne des journalistes (ACJ),
dans une déclaration du 26 mai, a annoncé que
le 25 mai, une coalition composée de l'ACJ, Ricochet
Media, The Narwahl, Capital Daily,
le National Observer du Canada, le Réseau
de télévision des peuples autochtones (APTN),
Journalistes canadiens pour la libre expression
(CJFE), le Discourse et IndigiNews,
avait fait parvenir une lettre officielle à la
GRC. Parmi ses revendications on compte :
- Pesser immédiatement d'appliquer la mesure de
zones d'exclusion aux journalistes pour qu'ils
puissent faire des enregistrements sonores et
visuels, mener des entrevues et prendre des photos
à une distance « qui permet d'éviter toute
interférence accidentelle dans les activités
policières ».
- Ne pas faire usage d'obstructions physiques qui
bloquent la vue des médias ou les empêchent de
faire des enregistrements sonores. Ne pas déployer
des bâches pour cacher les arrestations, ne pas
placer des générateurs bruyants entre les
journalistes et les arrestations, ou placer des
policiers de façon à ce qu'ils bloquent les
caméras.
- Permettre aux journalistes de se déplacer
librement sur le site, ne pas les encercler ou les
obliger à se déplacer en groupe ou avec une
escorte policière.
- L'équipement des journalistes ne doit pas être
saisi et le travail des journalistes ne doit pas
être entravé.
- Cesser immédiatement d'arrêter ou de détenir
des journalistes dans les zones d'injonction parce
qu'ils affirment leur droit de documenter les
événements.
Partout sur l'île de Vancouver et dans la
province, les participants aux campements
continuent de recevoir l'appui des communautés qui
mènent des actions devant les bureaux de députés,
tiennent des manifestations dans les rues,
apportent un appui matériel et envoient des
convois aux campements pour les renforcer.
Le 25 mai, plus de 75 aînés ont fait du
covoiturage jusqu'à Victoria pour exprimer leur
appui.
Le 28 mai, plus de 800 personnes,
organisées par les jeunes de Notre terre, Notre
avenir, ont marché du bureau de circonscription du
premier ministre Horgan au détachement local de la
GRC en appui aux jeunes et aux aînés autochtones
et à tous les défenseurs de la terre à Fairy
Creek. Devant l'édifice de la GRC, ils ont fait
une fresque dans la rue, avec le message « GRC,
hors des terres volées ».
Rassemblement au barrage de Fairy Creek, le 28 mai
2021
Une grande partie des immenses forêts anciennes
en Colombie-Britannique ont été coupées. Le
gouvernement provincial n'a rien fait pour
empêcher les compagnies forestières d'aller de
l'avant. Au contraire, il a facilité les coupes à
blanc, en dépit de toutes ses promesses qu'il
protégerait les forêts anciennes et il a autorisé
la GRC à arrêter les manifestants.
Depuis qu'il a obtenu un
gouvernement majoritaire aux élections, cependant,
malgré les promesses qu'il a faites pendant la
campagne électorale de reporter le développement
des forêts anciennes, John Horgan a refusé de
mettre fin aux coupes à blanc des arbres anciens,
ce qui a mené à de nombreuses protestations
partout dans la province. Les groupes
environnementaux disent qu'il applique la même
tactique de « parler et couper » des
gouvernements précédents. Plus
de 100 000 personnes ont signé des
pétitions appelant à la protection des forêts
anciennes, dont une pétition en ligne présentée à
la Chambre des communes par Paul Manly, le député
du Parti vert pour Nanaimo-Ladysmith. Une des
pétitions en ligne à l'intention du gouvernement
provincial compte maintenant plus
de 90 000 noms, et ce nombre augmente à
tous les jours. Dans les derniers mois, surtout
depuis le 1er avril, il y a eu des
rassemblements et des manifestations partout dans
la province en appui aux barricades. Le 29
mai, des centaines de personnes ont traversé un
barrage de la GRC pour accéder à un des campements
et le reprendre.
Quelques-uns des plus de 75 aînés en provenance
de Victoria ont fait du covoiturage pendant deux
heures pour venir appuyer les barrages le 25 mai
2021.
En plus d'avoir trahi son engagement électoral,
le premier ministre Horgan justifie le recours aux
tribunaux et à la police pour assurer l'accès de
Teal-Jones à la coupe des forêts anciennes en
invoquant les mêmes excuses que son gouvernement a
mises de l'avant pour justifier que la GRC se
déchaîne contre les défenseurs de la terre
Wet'sutwet'en en janvier 2020. Selon lui,
c'est une question « de loi et d'ordre ». Il
justifie l'inaction de son gouvernement
relativement aux 14 recommandations en
prétendant que « trouver le bon équilibre entre
les emplois et l'environnement » prend du
temps.
Ce qui est en jeu ici, le problème sous-jacent,
c'est que la politique forestière est décidée par
les monopoles et mise en oeuvre par les
gouvernements qui se succèdent, qu'ils soient
libéraux ou néodémocrates. Les travailleurs, les
nations autochtones, les communautés forestières
et le peuple de la province dans son ensemble
n'ont pas un mot à dire mais devraient, par
contre, année après année, se tenir tranquilles
alors que la forêt est abattue dans des coupes à
blanc et accepter sans mot dire les conséquences
de cette pratique, y compris les dommages causés
aux bassins hydrographiques, à la faune et à la
stabilité des flancs de montagne, tout cela pour
favoriser les intérêts étroits et les profits des
grandes compagnies forestières.
Alors
que la ressource forestière s'épuise, les
compagnies ont abandonné toute notion de secteur
manufacturier à valeur ajoutée et, à quelques
exceptions près, ont transformé leurs opérations
sur l'île de Vancouver en activités de coupe et
d'expédition de grumes vers des acheteurs
étrangers. Après avoir profité pendant des années
des forêts de la Colombie-Britannique, plusieurs
compagnies ont déménagé leurs opérations
manufacturières aux États-Unis et ailleurs.
Teal-Jones elle-même a construit une usine de
rabotage à Sumas, dans l'État de Washington, et
acheté des scieries en Oklahoma et en Virginie.
La lutte pour une foresterie durable en
Colombie-Britannique et une nouvelle direction de
l'économie qui reposent sur l'affirmation des
droits ancestraux des nations autochtones, sur la
satisfaction des besoins du peuple, sur la
création d'emplois et la protection de
l'environnement se poursuit depuis plusieurs
décennies. Les actions de désobéissance civile
telles que les barrages routiers sont des actions
de résistance au diktat de l'industrie et du
gouvernement, une expression du fait que le
gouvernement n'accomplit pas son devoir de
soutenir le droit du peuple et le peuple doit donc
le faire lui-même. Criminaliser la voix du peuple
est un geste de couardise parce que cela ne repose
pas sur le devoir du gouvernement de créer et de
représenter une opinion publique mais sur le
décret impérialiste de la raison du plus fort.
Lorsque les gouvernements se révèlent incapables
de régler les différences sur une base pacifique
et ont recours à la force brute, il est clair que
le peuple n'a d'autre alternative que de persister
à affirmer son droit d'avoir son mot à dire sur
les questions qui l'affectent, sur ce qui advient
de la ressource forestière et sur comment
organiser l'économie pour que les droits
ancestraux des peuples autochtones, les
réclamations des communautés forestières à un
moyen de subsistance et les besoins de la
Terre-Mère soient servis par les gouvernements au
lieu d'être sacrifiés sur l'autel d'objectifs
privés étroits.
- Affiché sur Facebook par un
jeune des Nuu-chah-nulth -
« Le 25 mai (je crois, c'est un peu flou
dans ma tête pour ce qui est des dates), j'ai été
détenu à tort par l'Équipe de liaison de la
division (ELD) de la GRC envoyée sur le territoire
Nuu-chah-nulth pour faire appliquer une prétendue
injonction. Je n'ai pas lu cette injonction et
encore moins ne m'a-t-elle été lue sur le hahoulthli
(Territoire). J'ai été détenu pendant six heures
avant d'être libéré au détachement de Lake
Cowichan. Environ 40 personnes ont été
arrêtées à Ditidaht hahoulthli (toutes
sauf quatre présentes pour une vigile tenue en
bordure de route pour notre nisma/terre)
prétendument pour faire appliquer l'injonction
conformément à la loi coloniale. Je suis sauf. Mon
moral tient bon. Je suis prêt à consacrer mon
amour infini et iisaak (respect de tous) à
cette lutte pour la souveraineté et la libération
des Nuu-chah-nulth. Grâce à ma compréhension du
droit Nuu-chah-nulth et du droit colonial, j'ai pu
comprendre et être témoin de la violation
flagrante des droits garantis par la Charte, des
droits humains et des droits des Nuu-chah-nulth,
par l'escouade ELD de la GRC. J'appuie cette lutte
parce que nos moyens de subsistance, nos esprits
et notre capacité à être Quuas
(personne/autochtone) sont en danger. Lorsque
notre nisma (terre) est attaquée par les
forces coloniales, beaucoup d'entre nous (en
particulier nos jeunes Quuas) sont appelés
à en assumer la responsabilité. Nous poursuivons
l'oeuvre de ceux qui nous ont précédés. Nous
affirmons nos droits et notre souveraineté avec le
plus grand iisaak (respect de tous) et la
compréhension de hishuk ma cawak (tout est
lié, tout est un). Je m'engage à uu-ath-luk
(prendre soin de tous) sur notre côte. Je m'engage
non seulement à énoncer nos lois, mais à les
vivre. Nos lois sont un mode de vie. Ce sont des
directives sur la façon d'être humain, comment
être Quuas. Je suis avec nos parents
Pacheedaht et Ditidaht parce que c'est notre façon
de faire. Nous nous défendons les uns les autres.
Nous prenons soin les uns des autres. Nous devons
également prendre soin des employés de
l'industrie. Nous n'oublions pas nos familles qui
sont dans la foresterie. À l'heure actuelle, la
foresterie peut nourrir votre famille, mais nous
avons besoin d'un moyen durable de prendre soin de
vous tous pour les générations à venir. Nous
luttons pour un moyen de coexister. Nous luttons
pour sortir des conditions du colonialisme qui
nous sont imposées à tous. Nous luttons pour vous,
pas contre vous en tant qu'être humain. Lorsqu'une
de nos nations ou un de nos peuples est attaqué,
nous ressentons tous le désir de rester avec nos
familles sur la côte. C'est notre chemin. C'est
dans notre ADN en tant que Quuas.
« Je ne suis pas un leader. Je ne suis pas un
manifestant. Je ne suis pas seulement un
journaliste ou un ‘ndn' académique. Je ne suis pas
qu'un mutt tupkuk mixte. Je ne suis pas qu'un
jeune. Je ne suis pas seulement le porteur d'un
immense privilège pour la vie que j'ai eue. Je
suis là. Je suis un tout qui n'a pas à s'excuser.
Je ne suis que l'Aya que vous avez tous appris à
connaître au cours de mes 24 années.
J'utiliserai mes forces, mes talents et mon
pouvoir pour faire tout ce que je peux pour
réaliser nos rêves de libération face à
l'oppression coloniale. Parce que cela deviendra
réalité. Des parties d'un monde Quuas
décolonisé, en santé et heureux existent déjà. Il
vit dans nos terres, teechmas (coeurs),
nos thlimaqstis (esprits), nos chansons,
nos histoires et plus encore.
« Je n'arrêterai jamais de dire la vérité. C'est
notre loi en tant que peuples du Potlatch. Je
n'arrêterai jamais de travailler pour la
libération et la souveraineté des Nuu-chah-nulth.
Je ne me reposerai pas (bien que beaucoup de repos
soit nécessaire entre des jours d'arrestation très
intenses et vaquer aux affaires des Quuas)
jusqu'à ce que nous soyons tous libres. Aucun de
nous n'est libre tant que nous ne le sommes pas
tous.
« Mon esprit ne se brisera jamais parce que je
défends la vérité. Je défends nos lois. Je défends
tous ceux qui m'ont précédé et tous ceux plus âgés
et plus jeunes que moi qui m'ont appris à être
humain. »
Reprenons possession de Nisma/reprenons
possession de la terre
- L'Association des libertés
civiles de la Colombie-Britannique -
L'Association des libertés civiles de la
Colombie-Britannique (BCCLA) a écrit au
gouvernement provincial et au commissaire de la
GRC pour condamner la zone d'exclusion arbitraire
et illégale de la GRC sur le territoire non cédé
des Ditidaht. La GRC a établi deux points de
contrôle et des barrages routiers le long des
routes principales McClure et Caycuse, près du
blocus de Fairy Creek pour s'opposer aux coupes de
la forêt ancienne.
Dans une lettre ouverte adressée au solliciteur
général Mike Farnworth, à la commissaire de la GRC
Brenda Lucki et à la sous-commissaire Jennifer
Strachan, la BCCLA note que les actions de la GRC
ont une portée excessive et constituent un
exercice incohérent, arbitraire et illégal du
pouvoir discrétionnaire de la police d'empêcher
des membres du public, y compris des observateurs
juridiques et des journalistes, d'accéder à la
zone. Les barrages routiers ont également empêché
l'accès à une importante route d'urgence vers la
réserve de la Première Nation des Ditidaht, près
du lac Nitinat.
Selon la conseillère
juridique de la BCCLA, Veronica Martisius, « La
BCCLA est profondément perturbée par la zone
d'exclusion de la GRC près des barrages à Fairy
Creek sur le territoire non cédé des Ditidaht. Il
n'y a rien dans l'injonction qui interdit les
déplacements dans la zone ou les manifestations
pacifiques. La GRC, par ses actions, fait preuve
d'un mépris flagrant pour les droits des
autochtones et la Charte canadienne des droits et
libertés. Cette situation rappelle de façon
alarmante ce qui s'est passé sur les territoires
des Wet'suwet'en l'année dernière. »
Les Observateurs juridiques de Victoria ont
documenté un certain nombre de pratiques de la GRC
visant à empêcher le public d'être témoin et de
documenter les actions de la police.
L'organisation a fait état d'agents de la GRC
utilisant des bâches et d'autres revêtements pour
dissimuler visuellement les arrestations aux
médias et aux observateurs juridiques. Les
Observateurs juridiques de Victoria ont également
dévoilé des agents de la GRC qui tentaient de
restreindre les mouvements des journalistes et des
observateurs juridiques en les confinant à des
zones désignées où ils ne sont pas en mesure de
documenter l'application de la loi par la GRC.
Plusieurs journalistes et observateurs juridiques
ont été arrêtés et expulsés de force de la zone
pour avoir tenté de documenter les actions de la
police.
La BCCLA et Observateurs juridiques de Victoria
exigent que la GRC maintienne et respecte le droit
des individus de participer à des manifestations
pacifiques et ne criminalise pas les peuples
autochtones qui exercent leurs droits inhérents
protégés par la Constitution. Les organisations
demandent au gouvernement provincial et au
commissaire de la GRC de mettre immédiatement un
terme aux tentatives de la GRC d'interdire aux
Ditidaht, aux médias, aux observateurs juridiques
et aux membres du public d'accéder à la zone, y
compris d'être témoins, et de documenter le
comportement de la police et d'effectuer un
reportage d'intérêt public national.
Les déclarations aux médias
Les déclarations aux médias ci-dessous
représentent les opinions de chaque individu ou
organisation.
« Les tentatives répétées de la GRC de faire en
secret leurs opérations d'application de la loi à
Fairy Creek ont soulevé de graves problèmes de
sécurité publique dès le début. Maintenant, alors
que les arrestations deviennent de plus en plus
violentes et physiques, nous voyons exactement
pourquoi la GRC est si déterminée à empêcher le
public d'être témoin de ses activités. C'est la
raison pour laquelle les observateurs juridiques
existent — pour assurer la sécurité de la
communauté par la responsabilité policière.
L'hostilité continue de la GRC envers les
observateurs et les journalistes est une tentative
flagrante d'éviter d'avoir à rendre des comptes de
leur rôle dans la violence coloniale continue
envers les Défenseurs de la terre et les
communautés autochtones, et la terre
elle-même. » — Keith Cherry, organisateur
auprès des Observateurs juridiques de Victoria.
« En tant que journalistes, nous avons besoin
d'un accès sans intermédiaire à des situations
d'intérêt public. J'ai moi-même été empêché de
traverser un barrage routier de la GRC en
violation des précédents établis dans la loi
canadienne, tandis que mon journaliste a été
confiné puis escorté avec d'autres représentants
des médias au lieu d'être autorisé à accéder
librement au site des arrestations. Ce contrôle
strict est inacceptable dans une situation urgente
où la sécurité et le respect des droits de tous
les participants sont en jeu. La GRC profite de
l'éloignement du lieu pour décourager des efforts
en temps réel pour couvrir ce qui se passe.
Personne n'est dupe lorsque des communiqués de
presse destinés au public disent une chose tandis
que les agents sur le terrain en font une
autre. » — Jimmy Thomson, Capital Daily
« Le journalisme ne peut exister lorsque les
journalistes sont exclus des zones des événements
qu'ils sont censés couvrir. Cela devrait être une
déclaration simple et sans controverse. Pourtant,
pendant huit ans et dans au moins cinq situations
au pays, la police a cherché à exclure les
journalistes en utilisant de larges zones
d'exclusion. Les tribunaux, dans l'affaire de
Justin Brake qui a créé un précédent, et le propre
organisme de surveillance de la GRC, la Commission
civile d'examen et de traitement des plaintes, ont
tous deux jugé illégal d'utiliser ces restrictions
pour entraver le travail des journalistes.
Lorsque, généralement sous la menace de poursuites
judiciaires, la GRC autorise l'accès, elle impose
des conditions qui rappellent les régimes
autoritaires : zones de confinement des
médias, chaperons et arrestation ou détention de
journalistes pour le crime d'essayer de faire leur
travail. Cela ne respecte pas la liberté de la
presse. Nous soutenons les groupes de l'industrie
comme l'Association canadienne des journalistes et
des groupes internationaux de la liberté de la
presse comme le Comité pour la protection des
journalistes, et dénonçons avec eux cet abus du
pouvoir policier par cette entrave au droit des
journalistes de faire leur travail et, surtout, au
droit du public d'être bien informé sur les
questions d'intérêt public évidentes. » — Ethan
Cox, Ricochet Media
Contacts médias
Keith Cherry, Observateurs juridiques de
Victoria : keithccherry@gmail.com
Noah Ross, avocat pour l'Équipe volante des forêts
humides : noah@noahross.ca
xʷ is xʷ čaa (Kati George Jim) :
Kgeorgejim@gmail.com
Veronica Martisius, conseillère juridique
(politiques), BCCLA : veronica@bccla.org
(xʷməθkʷəy̓əm
(Musqueam), Sḵwx̱wú7mesh (Squamish)
and Stó:lō and Səl̓ílwətaʔ/Selilwitulh
(Tsleil-Waututh)/Vancouver,
Colombie-Britannique. -21
mai 2021. Photos : Fairy Creek
Blockade)
Les travailleurs du secteur public
à Vancouver s'opposent aux concessions
La section locale 20378 de l'Alliance de la
fonction publique du Canada (AFPC), région de la
Colombie-Britannique, a organisé une caravane de
voitures le dimanche 23 mai pour appuyer les
membres qui travaillent à Granville Island et leur
comité de négociation alors qu'ils s'engagent dans
d'autres négociations pour une nouvelle convention
collective avec leur employeur, la Société
canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).
Granville Island est une destination populaire à
Vancouver pour les touristes et le public.
« L'équipe de direction de la SCHL a mis sur la
table des concessions inacceptables qui
porteraient atteinte à une convention collective
pour laquelle les membres se sont battus avec
acharnement au cours des 40 dernières
années », a déclaré un des organisateurs du
rassemblement, ajoutant que la direction cherchait
« à imposer des concessions à certains de ses
travailleurs parmi les moins bien payés ».
L'équipe de la section locale 20378 défend
les termes de la présente convention collective et
s'oppose aux concessions injustes et inacceptables
proposées par la direction de la SCHL de Granville
Island. L'équipe de l'AFPC cherche à améliorer les
conditions du prochain règlement. Cela,
disent-ils, fait partie de la lutte dans son
ensemble pour faire cesser l'augmentation du «
travail précaire, à temps partiel, atypique et
temporaire au Canada. »
Des représentants de différentes sections locales
de l'AFPC, ainsi que des alliés provenant d'autres
syndicats, dont le Syndicat des fonctionnaires
provinciaux de la Colombie-Britannique, MoveUP et
le Syndicat des infirmières de la
Colombie-Britannique, se sont rassemblés avec
leurs voitures et leurs vélos dans le
stationnement au coin de Fir et de la 2e avenue
à 12 h 15, recouvrant les voitures de
pancartes et de drapeaux. La file de voitures a
ensuite parcouru bruyamment les rues de la région
de Granville Island, à trois reprises, en
klaxonnant. Des travailleurs de l'île qui sont
membres de l'AFPC, et d'autres travailleurs, sont
venus saluer le convoi avec des sourires et des
poings levés. Les participants au convoi sont
revenus à Fir et 2e avenue dans une
atmosphère enthousiaste pour faire le point et
planifier les événements futurs.
Les concessions inacceptables déposées par la
direction de la SCHL de Granville Island et
auxquelles la section locale 20378 de la
Colombie-Britannique s'oppose sont :
1. Réduction de quatre heures de la période
pendant laquelle les travailleurs reçoivent chaque
jour des primes pour les quarts de travail. Face
aux objections de l'équipe de négociation, la
direction a révisé sa demande pour ne l'appliquer
qu'aux nouvelles personnes embauchées, ce qui
diviserait le syndicat et obligerait les nouveaux
travailleurs à travailler à des salaires
inférieurs.
2. Suppression du libellé de la convention
collective qui garantit que si les congés annuels
et les jours fériés payés sont améliorés pour le
personnel cadre non syndiqué de l'entreprise, la
même chose s'appliquerait au personnel syndiqué.
3. Augmentation de l'embauche de travailleurs
occasionnels, sans limite de nombre, pour tous les
emplois et dans tous les départements. Le syndicat
soutient que le travail à Granville Island devrait
être effectué par une main-d'oeuvre à temps plein
et stable.
« L'île industrielle » (Granville Island) a
été créée en 1916 par le gouvernement fédéral
en tant qu'île artificielle et base d'un
développement industriel croissant dans la région
de False Creek à Vancouver. Les bancs de sable
existants avaient été utilisés pour la pêche, la
récolte de fruits de mer et d'autres activités de
subsistance par les Salish, qui ont tous dû
quitter la région en 1899. La Fondation du
patrimoine de Vancouver déclare que « le Canadien
Pacifique, le gouvernement et les hommes
d'affaires locaux se sont battus pour qui
s'approprierait le droit sur les bancs de sable et
l'eau jusqu'en 1916, date à laquelle il a été
transféré à la Commission nationale des ports
(NHC). » La NHC a construit une digue autour
d'elle, l'a remplie des matériaux dragués de False
Creek, a mis en place un accès routier et
ferroviaire, créant ainsi 40 acres de terres
à louer pour des usines et des moulins. Dans les
années 30, 1 200 travailleurs
étaient employés dans 40 entreprises de
fabrication de fibres, de cordes, de chaînes et de
matériaux pour l'exploitation forestière,
l'exploitation minière et la navigation. La
production industrielle a diminué pendant les
années de la Grande Dépression, jetant les
travailleurs au chômage. Pendant la Seconde Guerre
mondiale, l'île (rebaptisée Granville Island) a
été « revigorée » par la fabrication de
matériel de défense, employant de nombreuses
femmes. Dans les années 1970, cependant,
l'activité industrielle était à nouveau en déclin
et l'île était décrite comme « un désert
industriel ».
La Société canadienne d'hypothèques et de
logement :
administratrice pour l'oligarchie financière
Une « réinvention » de Granville Island
dans les années 1970 a transformé le « désert
industriel » en une destination publique et
touristique grâce à la construction de bâtiments
notamment pour des marchés publics, des magasins,
des artisans et une école des beaux-arts.
Parallèlement à cette impulsion de construction,
le parti au pouvoir au gouvernement fédéral a cédé
la gestion de Granville Island en 1972 à la
Société canadienne d'hypothèques et de logement
(SCHL) — une société d'État qui, comme la NHC, est
dirigée en tant qu'entreprise fondée sur la
recherche du profit.
Aujourd'hui, 200 membres de la section
locale 20378 de l'AFPC de la région de la
Colombie-Britannique effectuent des travaux
essentiels sur l'île Granville, allant du
nettoyage et de l'entretien aux travaux
administratifs, ce qui permet à l'île de
fonctionner. La SCHL — en dépit du fait qu'elle se
décrit comme une société de bienfaisance (rendre
le logement « accessible à tous » grâce à son
rôle de garant des prêts hypothécaires) est tout
sauf cela. Son attitude envers ses employés est la
même que celle de l'oligarchie financière dont
elle et le parti politique au pouvoir représentent
les intérêts. Dans cette vision du monde
capitaliste, les travailleurs sont simplement un
coût à payer pour faire des affaires et sont
remplaçables. D'où la volonté constante d'abaisser
les salaires et d'embaucher davantage de
travailleurs occasionnels.
Le syndicat fait
remarquer que Granville Island a été protégée des
pertes économiques liées à la COVID-19 grâce à un
financement d'urgence fédéral (16,7 millions de
dollars en 2020 ; 22 millions de
dollars proposés en 2021). Ainsi, il n'y a
aucune justification, disent-ils, pour la demande
de la SCHL d'imposer des concessions, supprimer
des avantages sociaux et abaisser les salaires des
travailleurs essentiels parmi les moins bien
payés. Ils notent que le directeur général de la
SCHL de Granville Island a déclaré que les
propositions antitravailleurs n'étaient « pas par
nécessité économique ». Cela semble confirmer
un article paru dans The Globe & Mail (11 mai)
rapportant que de nombreuses entreprises qui ont
reçu un financement fédéral « ne faisaient pas
face à des difficultés pendant les mois de vache
maigre de 2020 ». Les fonds liés à la
COVID-19 sont donc un autre exemple de stratagème
pour payer les riches aux dépens de la classe
ouvrière.
La lutte quotidienne des travailleurs comme celle
des membres de la section locale 20378 de
l'AFPC est un combat pour tenir bon face aux
assauts incessants de la classe capitaliste
monopoliste et de ses représentants. Chaque lutte
de ce type, qu'elle soit grande ou petite, révèle
à tout le monde comment fonctionne le système
économique du capitalisme avancé, et elle dévoile
ceux qui détiennent le pouvoir économique et
politique pour ce qu'ils sont. Elle renforce la
classe ouvrière et le peuple dans son ensemble car
elle montre que la résistance est possible. Avec
comme point de départ la lutte économique pour ne
pas accepter de reculs, une lutte d'une plus
grande portée commence à prendre forme où la
classe ouvrière et ses alliés se battent pour un
monde centré sur l'humain et non sur le
capitalisme.
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