Protéger les forêts anciennes n'est pas un crime!


Rassemblement au barrage de Fairy Creek, le 28 mai 2021

Une grande partie des immenses forêts anciennes en Colombie-Britannique ont été coupées. Le gouvernement provincial n'a rien fait pour empêcher les compagnies forestières d'aller de l'avant. Au contraire, il a facilité les coupes à blanc, en dépit de toutes ses promesses qu'il protégerait les forêts anciennes et il a autorisé la GRC à arrêter les manifestants.

Depuis qu'il a obtenu un gouvernement majoritaire aux élections, cependant, malgré les promesses qu'il a faites pendant la campagne électorale de reporter le développement des forêts anciennes, John Horgan a refusé de mettre fin aux coupes à blanc des arbres anciens, ce qui a mené à de nombreuses protestations partout dans la province. Les groupes environnementaux disent qu'il applique la même tactique de « parler et couper » des gouvernements précédents. Plus de 100 000 personnes ont signé des pétitions appelant à la protection des forêts anciennes, dont une pétition en ligne présentée à la Chambre des communes par Paul Manly, le député du Parti vert pour Nanaimo-Ladysmith. Une des pétitions en ligne à l'intention du gouvernement provincial compte maintenant plus de 90 000 noms, et ce nombre augmente à tous les jours. Dans les derniers mois, surtout depuis le 1er avril, il y a eu des rassemblements et des manifestations partout dans la province en appui aux barricades. Le 29 mai, des centaines de personnes ont traversé un barrage de la GRC pour accéder à un des campements et le reprendre.

Quelques-uns des plus de 75 aînés en provenance de Victoria ont fait du covoiturage pendant deux heures pour venir appuyer les barrages le 25 mai 2021.

En plus d'avoir trahi son engagement électoral, le premier ministre Horgan justifie le recours aux tribunaux et à la police pour assurer l'accès de Teal-Jones à la coupe des forêts anciennes en invoquant les mêmes excuses que son gouvernement a mises de l'avant pour justifier que la GRC se déchaîne contre les défenseurs de la terre Wet'sutwet'en en janvier 2020. Selon lui, c'est une question « de loi et d'ordre ». Il justifie l'inaction de son gouvernement relativement aux 14 recommandations en prétendant que « trouver le bon équilibre entre les emplois et l'environnement » prend du temps.
Ce qui est en jeu ici, le problème sous-jacent, c'est que la politique forestière est décidée par les monopoles et mise en oeuvre par les gouvernements qui se succèdent, qu'ils soient libéraux ou néodémocrates. Les travailleurs, les nations autochtones, les communautés forestières et le peuple de la province dans son ensemble n'ont pas un mot à dire mais devraient, par contre, année après année, se tenir tranquilles alors que la forêt est abattue dans des coupes à blanc et accepter sans mot dire les conséquences de cette pratique, y compris les dommages causés aux bassins hydrographiques, à la faune et à la stabilité des flancs de montagne, tout cela pour favoriser les intérêts étroits et les profits des grandes compagnies forestières.

https://cpcml.ca/francais/Images2019/Slogans/180127-MTL-ALENA-08cr2.jpgAlors que la ressource forestière s'épuise, les compagnies ont abandonné toute notion de secteur manufacturier à valeur ajoutée et, à quelques exceptions près, ont transformé leurs opérations sur l'île de Vancouver en activités de coupe et d'expédition de grumes vers des acheteurs étrangers. Après avoir profité pendant des années des forêts de la Colombie-Britannique, plusieurs compagnies ont déménagé leurs opérations manufacturières aux États-Unis et ailleurs. Teal-Jones elle-même a construit une usine de rabotage à Sumas, dans l'État de Washington, et acheté des scieries en Oklahoma et en Virginie.

La lutte pour une foresterie durable en Colombie-Britannique et une nouvelle direction de l'économie qui reposent sur l'affirmation des droits ancestraux des nations autochtones, sur la satisfaction des besoins du peuple, sur la création d'emplois et la protection de l'environnement se poursuit depuis plusieurs décennies. Les actions de désobéissance civile telles que les barrages routiers sont des actions de résistance au diktat de l'industrie et du gouvernement, une expression du fait que le gouvernement n'accomplit pas son devoir de soutenir le droit du peuple et le peuple doit donc le faire lui-même. Criminaliser la voix du peuple est un geste de couardise parce que cela ne repose pas sur le devoir du gouvernement de créer et de représenter une opinion publique mais sur le décret impérialiste de la raison du plus fort. Lorsque les gouvernements se révèlent incapables de régler les différences sur une base pacifique et ont recours à la force brute, il est clair que le peuple n'a d'autre alternative que de persister à affirmer son droit d'avoir son mot à dire sur les questions qui l'affectent, sur ce qui advient de la ressource forestière et sur comment organiser l'économie pour que les droits ancestraux des peuples autochtones, les réclamations des communautés forestières à un moyen de subsistance et les besoins de la Terre-Mère soient servis par les gouvernements au lieu d'être sacrifiés sur l'autel d'objectifs privés étroits.

(Photos : Fairy Creek Blockade)


Cet article est paru dans

 Numéro 52 - 2 juin 2021

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