Numéro 26 - 9 avril 2021
Des revendications pour que les
gouvernements assument
leur responsabilité sociale
Les travailleurs doivent avoir une voix
décisive sur ce que sont des
conditions de travail sécuritaires
- Peggy Morton -
Sécurité ferroviaire
• Les familles de
travailleurs du rail continuent leur lutte
- Peggy Askin
La sécurité d'emploi des travailleurs de
l'hôtellerie
• Se servir de la pandémie
pour priver les travailleurs de leur emploi
devrait être illégal
• De nouvelles actions en
appui aux travailleurs du secteur hôtelier de
la Colombie-Britannique
Il faut mettre fin à la violence contre les femmes
• Des milliers de femmes
manifestent au Québec contre les violences
envers elles et leurs enfants -
Geneviève Royer
Des revendications pour que les
gouvernements assument
leur responsabilité sociale
Sécurité ferroviaire
- Peggy Morton -
Le Canada a enregistré en
moyenne 1 091 accidents ferroviaires par
année au cours des cinq dernières années. Treize
membres de la Conférence ferroviaire de Teamsters
Canada (CFTC), qui représente plus de 16000
cheminots au Canada, ont été tués au travail au
cours des trois dernières années.
S'exprimant au sujet du décès de l'un de ces
travailleurs, Pierre-Luc (Sune) Levesque, Lyndon
Isaak, président de la CFTC, a dit :
« Les questions soulevées dans le rapport du BST
[Bureau de la sécurité des transports] sur le
décès du confrère Lévesque sont symptomatiques des
lacunes de la culture de santé et sécurité dans le
transport ferroviaire canadien[1]. L'accent mis
sur les profits et l'efficacité plutôt que sur la
santé et la sécurité des travailleurs-euses doit
changer. Tout accident est évitable et après plus
de 13 décès en trois ans, il nous apparaît
évident que les transporteurs ferroviaires et les
autorités réglementaires n'ont pas la volonté de
prendre les mesures nécessaires pour prévenir ces
tragédies. »
Des tragédies telles que
les accidents d'avion Boeing 737 MAX, qui ont
tué 437 personnes, la catastrophe de
Lac-Mégantic en 2013 où 47 personnes
sont mortes, le nombre élevé d'accidents
ferroviaires au Canada et de morts et de blessés,
et d'innombrables autres exemples révèlent les
terribles conséquences de la déréglementation
néolibérale ou autoréglementation par les
monopoles, qui sacrifient la sécurité à la
recherche du profit maximum.
Les services de police du Canadien Pacifique (CP)
sont une forme extrême d'autoréglementation, dans
laquelle l'entreprise peut déclarer que son
service de police a mené une enquête
satisfaisante, qu'il n'est pas nécessaire
d'examiner autre chose que les actions de
l'équipage et que ses conclusions sont une affaire
privée commerciale. CP n'est même pas tenu de
publier un rapport lorsqu'un travailleur est tué
ou qu'une collectivité est mise en danger par un
déraillement et un déversement de matières
dangereuses. Il n'est pas obligé de fournir les
informations aux familles ou aux travailleurs par
l'intermédiaire de leur syndicat. L'«
autoréglementation » dans laquelle les
intérêts privés contrôlent l'ensemble du processus
et la police, et les gouvernements qui permettent
à ces monopoles d'agir en toute impunité, est une
forme flagrante de corruption et doit cesser.
Le refus des gouvernements de défendre le droit
et la responsabilité des travailleurs de dénoncer
les conditions dangereuses et d'exercer leur droit
de refuser de travailler dans des conditions
dangereuses vise également à permettre aux
monopoles de fonctionner en toute impunité, à
dissimuler la négligence criminelle et à punir les
travailleurs et les experts techniques qui
assument leur responsabilité sociale. Cela doit
cesser !
Une restructuration
massive de l'État est en cours pour éliminer
l'espace pour les travailleurs et leurs
organisations d'avoir leur mot à dire en matière
de santé et de sécurité au travail. La nécessité
que les travailleurs et leurs syndicats aient une
voix décisive sur ce qui constitue des conditions
de travail sécuritaires est apparue comme le
facteur décisif. Ce devrait être un acte criminel
pour les agences gouvernementales ou les
entreprises de menacer ou de prendre des mesures
disciplinaires contre les travailleurs afin de les
faire taire. De même, le droit des familles et des
communautés de participer activement aux enquêtes
et de découvrir la cause des tragédies
lorsqu'elles se produisent doit être respecté,
afin de demander des comptes aux monopoles et de
prévenir de futures catastrophes.
Les familles des travailleurs tués au travail
persistent dans leur lutte pour mettre fin à cette
impunité et faire en sorte que les travailleurs,
les experts techniques et les enquêteurs puissent
assumer leurs responsabilités sociales, qui sont
devenues d'autant plus cruciales à un moment où
les gouvernements ne fonctionnent plus comme une
autorité publique, mais gouvernent au nom des
oligarques financiers.
Note
1.
Pierre-Luc Lévesque, un chef de
train/contremaître en formation a été tué dans
un accident dans la cour de triage d'Edmundston,
au Nouveau-Brunswick, le 4
décembre 2018.
- Peggy Askin -
Les familles des travailleurs du rail dont des
êtres chers ont perdu la vie en travaillant pour
le CN et le CP prennent des mesures encore une
fois pour réclamer justice pour leurs proches et
les travailleurs du rail. Ils ont lancé deux
pétitions, « Enquêtons les services privés de
police ferroviaire » et « Protégeons les
lanceurs d'alerte au BST ». Les pétitions
poursuivent la lutte pour des conditions
sécuritaires pour les travailleurs, les passagers,
les communautés et tous ceux qui sont touchés par
les chemins de fer.
La première pétition, «
Enquêtons les services privés de police
ferroviaire », demande la tenue d'une enquête
nationale en vertu de la Loi sur les enquêtes
afin de déterminer les conséquences du modèle
canadien où ce sont les entreprises de chemins de
fer privées qui mènent leurs propres enquêtes et
ses conséquences sur les enquêtes au criminel
portant sur des milliers d'accidents mortels, de
blessures graves, d'explosions et de catastrophes
écologiques associés aux chemins de fer. La
pétition souligne qu'à part l'enquête au criminel
annoncée par la GRC sur le déraillement fatal
survenu en 2019 près de Field, en
Colombie-Britannique, les forces policières des
sociétés de chemin de fer privées ont exercé une
compétence exclusive en matière de catastrophes
ferroviaires, y compris dans certains cas dans
lesquels les sociétés de chemin de fer qui en sont
propriétaires étaient en cause[1].
Teamsters Canada, qui représente plus
de 16 000 travailleurs canadiens du
rail, et la Fédération du travail de l'Alberta ont
tous deux demandé la tenue d'une enquête
indépendante sur le décès des trois travailleurs
dans le déraillement de Field et une pétition a
été lancée en même temps pour demander une enquête
criminelle indépendante[2].
Lorsque l'enquête au criminel sur la tragédie
de 2019 a été annoncée, le président de
Teamsters Canada, François Laporte a dit : «
Le syndicat réitère également sa demande d'abolir
les forces de police des transporteurs
ferroviaires au gouvernement fédéral. [...] Trois
de nos confrères sont morts dans ce déraillement.
Si le CP n'a rien à cacher, il devrait consentir à
une enquête indépendante pour le bien des familles
et des personnes touchées par cette
catastrophe. »
« De plus, les forces de police des transporteurs
ferroviaires n'ont pas leur place dans le monde
moderne. Il est absurde qu'une entreprise puisse
mener des enquêtes criminelles sur elle-même.
Elles ne se déclareront jamais coupables de quoi
que ce soit. Nous demandons une fois de plus au
gouvernement du Canada d'abolir toute forme de
police privée », a ajouté François Laporte.
La deuxième pétition, «
Protégeons les lanceurs d'alerte au BST »,
demande des changements à la Loi sur le Bureau
canadien d'enquête sur les accidents de
transport et de la sécurité des transports
pour autoriser le Bureau de la sécurité des
transports (BST) à soumettre les violations
criminelles potentielles à la GRC et au procureur
général du Canada. La pétition demande aussi que
les enquêteurs du BST soient inclus dans la Loi
sur la protection des fonctionnaires
divulgateurs d'actes répréhensibles.
Teamsters Canada souligne qu'« en 2019, un
enquêteur du BST a été sanctionné pour avoir
simplement suggéré une négligence criminelle dans
le déraillement de Field qui a entraîné la mort de
trois de nos confrères Teamsters. De toute
évidence, les fonctionnaires les plus qualifiés
pour rendre justice aux victimes d'accidents
ferroviaires et pour protéger le public ont les
mains liées par la loi ».
Les pétitions ont été affichées sur le site Web
de Teamsters Canada. « Après d'innombrables décès,
déraillements et blessures, la nécessité de
rectifier le tir est plus évidente que jamais.
Nous vous invitons à signer ces pétitions et à
partager ensuite cette page avec vos amis »,
écrit le syndicat.
Forum ouvrier lance l'appel à tous à
appuyer les travailleurs du rail et leurs familles
dans notre cause commune pour mettre fin aux
accidents de travail et aux décès au travail et à
défendre les droits de tous.
Pour signer les pétitions, cliquer
ici
Notes
1. Trois
travailleurs du rail sont morts le 4
février 2019 lorsque leur train parti à la
dérive a déraillé et plongé d'une hauteur
de 60 mètres d'un pont dans la rivière
Kicking Horse en Colombie-Britannique près de la
ville de Field, après que le système de freins à
air a cessé de fonctionner. La mère de Dylan
Paradis, un des travailleurs, a porté plainte
auprès de la GRC en novembre 2020 et a
demandé la tenue d'une enquête sur une possible
négligence dans l'écrasement et sur
l'obstruction faite par la compagnie à l'enquête
sur l'écrasement. Le mois suivant, l'unité des
crimes majeurs de la GRC en Colombie-Britannique
a ouvert une enquête criminelle sur l'écrasement
et des allégations de camouflage de la part de
Chemin de fer Canadien Pacifique.
2. Voir Un appel à des
actions pour défendre la sécurité des
travailleurs du rail - Lancement d'une enquête
sur le déraillement de 2019, Forum
ouvrier, 8 février 2021.
La sécurité d'emploi des
travailleurs de l'hôtellerie
Rassemblement devant l'hôtel Pan Pacific, le 23
mars 2021
Les travailleurs de l'hôtellerie continuent de
lutter pour la dignité et le respect. Le plus
récent d'une série de rassemblements de masse a eu
lieu le 23 mars pour sensibiliser le public
sur leurs revendications, en particulier que le
droit de tous les travailleurs d'hôtel de
retourner à leur emploi dès la réouverture des
hôtels soit garanti. L'action a eu lieu devant
l'hôtel Pan Pacific où il y a eu trois rondes de
congédiements de masse et où 200 emplois sont
à nouveau en danger. La responsabilité sociale de
protéger les emplois et le moyen de subsistance
des travailleurs de l'hôtellerie relève des
employeurs du secteur et du gouvernement
provincial dont les lois du travail établissent
les normes minimales requises pour ce qui est du
droit de rappel des travailleurs mis à pied.
Dès le mois de mars 2020, il était déjà
évident pour les travailleurs et leurs
organisations de défense dans l'industrie de
l'hôtellerie qu'ils étaient en territoire inconnu
et que la protection des emplois des travailleurs
en vertu des lois du travail et de la convention
collective ne suffirait pas dans ce contexte. Les
travailleurs et leurs syndicats ont présenté leurs
propositions aux employeurs afin de faire face à
cette situation extraordinaire en protégeant les
emplois, les salaires et les conditions de travail
des travailleurs mis à pied en raison de la
pandémie. Dans la plupart des cas, les employeurs
ont rejeté toutes les propositions du revers de la
main. Là où les négociations contractuelles
étaient en cours, non seulement les employeurs ont
rejeté les propositions syndicales, mais certains,
y compris le Hilton Metrotown, ont saisi l'«
occasion » de la pandémie pour exiger des
concessions, y compris des réductions aux
salaires, aux avantages sociaux et aux conditions
de travail tels que les droits liés aux horaires
et à l'ancienneté.
Les travailleurs ont
immédiatement fait valoir leurs demandes de
protection auprès du gouvernement provincial.
Alors que les ministres du cabinet ont constamment
refusé de rencontrer les travailleurs, le premier
ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan,
a répondu par une déclaration lors d'une
conférence de presse le 3
juin 2020 : « Nous appelons les
employeurs à faire ce qu'ils doivent faire et à
veiller à garder leur main-d'oeuvre intacte autant
que possible. C'est ce que nous espérons, et si
nous devons passer par l'Assemblée législative
pour protéger les travailleurs, nous le
ferons. »
UNITE HERE a organisé une grève de la faim
de 22 jours devant l'Assemblée législative
provinciale du 10 août au 2 septembre
2020 et des actions aux bureaux de plusieurs
ministres gouvernementaux en appui à leurs
revendications pour le droit de rappel garanti
pour tous les travailleurs.
Le 5 août 2020, le ministre du Travail
Harry Bains a nommé une avocate en droit du
travail, Sandra Banister, pour qu'elle mène une «
étude sur le secteur syndiqué de l'hôtellerie
relativement aux impacts de la COVID-19 ».
Elle a présenté son rapport le 24 août[1]. Son mandat,
qui lui interdisait spécifiquement de faire des
recommandations, était de « déterminer quelles
mesures sont prises par les employeurs et les
syndicats du secteur de l'hôtellerie de la
Colombie-Britannique pour confronter les problèmes
liés au rappel face aux impacts prolongés de
l'urgence COVID-19 sur les entreprises, et de
consulter les syndicats, les employeurs et les
organisations sectorielles connexes afin de sonder
leurs réactions concernant un amendement aux
règlements de la Loi sur les normes du travail
(ESA) proposé par UNITE HERE en réponse à
l'impact de la COVID-19 sur les droits de
rappel. »
Sandra Banister a présenté les faits mis de
l'avant par les syndicats qui indiquaient
clairement la nécessité d'amender l'ESA et a
rapporté que les syndicats « appuyaient
l'intervention du gouvernement pour assurer que
les travailleurs syndiqués réintégreraient leur
emploi tout en conservant leur ancienneté lorsque
le secteur rouvrirait et que les travailleurs non
syndiqués bénéficieraient aussi de cette
protection ». Elle a aussi dit que les
propriétaires d'hôtel et leurs associations
s'opposaient à tout changement à l'ESA qui
prolongerait le droit de rappel des travailleurs,
ce qui selon eux serait de l'ingérence indue de la
part du gouvernement dans le processus de
négociation et constituerait un dangereux
précédent pour toutes futures négociations.
Dans son rapport, elle a
soulevé qu'en ce qui concerne les propositions
syndicales sur les clauses de rappel liées à la
pandémie, « UNITE HERE indique que la réponse des
employeurs a été d'exiger des changements
permanents à la convention collective qui ramènent
la convention à des niveaux de normes de travail
non syndiquées, en particulier pour ce qui est des
heures de travail, les protections sur la charge
de travail, les horaires, les jours fériés, les
vacances, l'indemnité de départ et le fait que des
superviseurs effectuent le travail d'une unité
d'accréditation. »
Le gouvernement a répondu au rapport dans un
communiqué de presse publié par le ministre du
Travail Harry Bains le 31 août dans lequel il
dit : « [...] après un examen approfondi de
tous les faits et compte tenu du contexte de
négociation collective complexe tel que souligné
dans le rapport, j'ai décidé que la meilleure
marche à suivre était de ne pas s'ingérer dans le
processus de négociation collective. [...] Le
gouvernement n'outrepassera pas les conventions
collectives actuelles ni les négociations en cours
dans le secteur de l'hôtellerie, y compris les
négociations impliquant la section locale 40
de UNITE HERE et d'autres syndicats. »
Le ministre n'a rien dit au sujet de la
proposition de UNITE HERE contenue dans le rapport
que l'ESA devait être amendée pour assurer un
droit de rappel prolongé pour tous les
travailleurs, et pas seulement ceux qui sont dans
l'industrie de l'hôtellerie, en raison de la
pandémie.
Le 1er septembre, le
ministre du Travail a aussi déclaré que tout plan
de relance économique comprendrait « un engagement
de la part des employeurs à offrir un droit de
premier refus aux employés actuels à la reprise du
travail ». Autrement dit, ce serait aux
employeurs de « faire ce qu'ils doivent
faire ». Puis, le 17 septembre, le
gouvernement a présenté son plan de « relance
économique », qui ne comprenait aucune
disposition visant à protéger la sécurité d'emploi
des travailleurs ou leurs conditions de travail.
Tout en émettant des paroles de sympathie envers
les milliers de travailleurs qui ont été touchés,
le gouvernement a refusé totalement d'assumer sa
responsabilité sociale envers les travailleurs de
la Colombie-Britannique. Il a plutôt versé des
milliards de dollars aux entreprises privées par
le biais de diverses manoeuvres pour payer les
riches et a permis et facilité les activités
antiouvrières des employeurs de l'hôtellerie qui
servent uniquement leurs intérêts privés, ce qui
met en lumière que les travailleurs ne peuvent
compter sur le système de partis de cartel pour
défendre leurs intérêts ainsi que la nécessité du
renouveau de la démocratie et de l'habilitation du
peuple.
Les travailleurs de l'hôtellerie et les autres,
dont les enseignants de l'École internationale des
langues du Canada (ÉILC) de Vancouver, persistent
dans leur lutte pour la justice et le droit de
rappel et, ce faisant, défendent les droits et la
dignité de tous les travailleurs. Forum
ouvrier appelle tout le monde à les appuyer
dans leur lutte courageuse.
Ce devrait être illégal qu'un employeur congédie
des travailleurs et les prive des avantages
sociaux et des conditions de travail qu'ils ont
gagnés simplement pour satisfaire les objectifs
avides et antiouvriers de leurs employeurs. Le
gouvernement doit immédiatement prendre des
mesures pour amender l'ESA pour prolonger le droit
de rappel pour tous les travailleurs et déclarer
infraction criminelle tout recours à la pandémie
pour attaquer les droits des travailleurs.
Note
1. «
Étude du secteur syndiqué de l'hôtellerie
relativement aux impacts de la COVID-19, par
Sandra I. Banister, Q. C. », le 24
août 2020.
L'hôtel Hilton Metrotown à Burnaby est depuis de
nombreuses années un des principaux hôtels de la
région de Vancouver utilisés par les syndicats de
la Colombie-Britannique pour des réunions et des
conférences et pour accueillir des membres de
l'extérieur de la ville de Vancouver pour des
activités syndicales. Les propriétaires de l'hôtel
ont licencié des dizaines de travailleurs qui ont
été mis à pied en raison de la pandémie. Lorsque
la pandémie a frappé, la section locale 40 du
syndicat UNITE HERE et les propriétaires de
l'hôtel étaient en négociation pour le
renouvellement de la convention collective. Au
cours de l'année écoulée, les propriétaires de
l'hôtel ont à la fois refusé de négocier des
droits de rappel étendus pour les travailleurs et
introduit de nouvelles demandes de concessions
dans les négociations, concessions qui réduiraient
les salaires et les avantages sociaux et
mineraient d'autres conditions de travail
précédemment négociées.
Le 1er avril UNITE HERE a émis un communiqué
de presse contenant des messages d'appui des
dirigeants de cinq syndicats de la
Colombie-Britannique représentant plus
de 200 000 travailleurs que nous
reproduisons ci-dessous :
Teri Mooring, présidente de la Fédération des
enseignants
de la Colombie-Britannique
« La Fédération des enseignants de la
Colombie-Britannique et nos 47 000
membres sont solidaires des membres de la section
locale 40 de UNITE HERE ! Par
conséquent, nous avons décidé de retirer toutes
les activités de la Fédération de l'hôtel Hilton
Metrotown jusqu'à ce que les travailleurs, y
compris ceux licenciés pendant la pandémie de
COVID-19, bénéficient d'un droit de rappel garanti
et aient conclu une convention collective
équitablement négociée. Nous n'avons aucun intérêt
à faire affaire avec une société qui semble tenter
d'utiliser la pandémie pour méconnaître de façon
flagrante les droits des employés syndiqués, qui
sont principalement des femmes et des personnes de
couleur. Notre espoir est que notre action
collective envoie un message fort au Hilton
Metrotown. »
Stephanie Smith, présidente du Syndicat
des employés du gouvernement et des services de
la Colombie-Britannique (BCGEU)
« Le BCGEU refusera de faire des réservations à
l'hôtel Hilton Metrotown tant qu'il utilisera la
pandémie comme excuse pour éliminer les emplois du
personnel de longue date, principalement des
femmes et des personnes de couleur. Au nom de nos
plus de 80 000 membres, nous sommes
solidaires des employés de l'hôtel alors qu'ils
résistent à cette attaque contre leur moyen de
subsistance. Nous dirigerons toutes les
réservations futures vers les hôtels qui
s'engagent à réembaucher les travailleurs à leur
emploi à mesure que le tourisme revient. »
Betty Valenzuela, secrétaire financière,
Syndicat des employés
des hôpitaux
« Ce sont des temps difficiles pour les
travailleurs et les entreprises de nombreux
secteurs de l'économie, et l'impact sur les
travailleurs de l'hôtellerie a été
particulièrement dévastateur. Mais les choses
iront mieux, et nous nous serions attendus à ce
que le Hilton Metrotown envisage de réembaucher
ces travailleurs à leur poste une fois que les
affaires reprendront. Je suis déçue d'apprendre
que ce n'est pas le cas. Nous apprécions notre
relation avec l'hôtel Hilton Metrotown, mais je
tiens à préciser que nous retiendrons les
réservations futures en raison du traitement
injuste de ces travailleurs. »
Lori Mayhew, secrétaire trésorière, MoveUP
« Cette pandémie nous a rappelé à quel point il
est important de rester unis. MoveUP soutient les
travailleurs du Hilton Metrotown qui méritent
d'être traités avec dignité et respect. Si le
Hilton Metrotown ne peut pas respecter ses
travailleurs et garantir leur droit de retourner à
leur travail, nous ferons affaire ailleurs. »
Jamey Mills, vice-présidente exécutive de
l'Alliance de la fonction publique du Canada,
région de la Colombie-Britannique
« Notre syndicat est un client du Hilton
Vancouver Metrotown depuis de nombreuses années.
Notre position est claire, nous n'utiliserons pas
le Hilton Vancouver Metrotown, ni n'envisagerons
de futures réservations à l'hôtel, jusqu'à ce que
tous les travailleurs licenciés pendant la
pandémie de COVID-19 se voient garantir le droit
de retourner à leur emploi une fois que les
affaires ont repris. »
Il faut mettre fin à la violence
contre les femmes
- Geneviève Royer -
Montréal, le 2 avril 2021
Le vendredi 2 avril, des milliers de femmes
accompagnées de leur famille et de leurs alliés
ont marché dans les rues du Québec contre les
violences envers les femmes. En huit semaines, ce
sont 8 femmes qui ont été assassinées par
leur conjoint ou leur ex-conjoint, portant
à 15 le nombre de femmes décédées des suites
de violences conjugales depuis le début de la
pandémie. Refusant le silence et l'inaction devant
ces horribles tragédies, des organisations
d'hébergement pour femmes victimes de violence ont
lancé l'appel à une journée de mobilisation sous
les mots d'ordre « Pas une de plus ! C'est
assez ! » Des actions ont aussi été
tenues dans plus de 20 villes du Québec. Les
maisons d'hébergement pour les femmes victimes de
violence ont été au coeur de cette mobilisation.
À Montréal, à 13 h,
ce sont des milliers de femmes de tous âges et
leurs alliés qui se sont rassemblées au Parc
Lafontaine. Les demandes immédiates pour prévenir
et stopper les violences ont été réitérées :
augmenter les ressources pour les femmes victimes
de violence conjugale pour que les services soient
disponibles 24 h/ 24, offrir des cours
d'éducation à la sexualité dignes de ce nom,
assurer un salaire minimum viable, garantir des
conditions de vie décentes aux femmes en situation
de handicap, garantir des logements sociaux, et
combattre le racisme.
Les oratrices ont souligné que les violences
envers les femmes ne sont pas un problème de
femmes, mais un problème de société. La violence
domestique est un reflet de toutes les formes de
violence envers les femmes qui existent dans la
société, comme les violences psychologique,
verbale, physique, sexuelle et économique,
ont-elles dit.
Les femmes, leurs organisations et leurs alliés
affrontent ensemble ces drames et luttent pour y
apporter des solutions, et ce, depuis des années.
Le gouvernement Legault doit mettre en oeuvre ces
solutions pour prévenir et stopper cette tragédie
nationale. Les oratrices ont pratiquement toutes
souligné que ces demandes et propositions de
solutions ne sont pas nouvelles et sont connues
des gouvernements depuis des années. Viviane
Michel, parlant au nom de Femmes autochtones du
Québec, a dit : « Combien de fois vous nous
avez consultées ? Combien de mémoires on vous
a soumis ? Combien de solutions on vous a
proposées contre la violence conjugale ? Et
on est toujours en bas de la liste lorsque les
budgets sortent [...] Nos maisons d'hébergement
ont besoin de plus de services, de plus de
travailleuses [...] Combien de fois on a fait des
manifestations ? Combien de fois on a fait
des marches ? »
« Il est temps maintenant pour le gouvernement
Legault de mettre en oeuvre ces solutions en
plaçant au centre de celles-ci l'expertise des
femmes et de leurs organisations de défense contre
la violence. Voilà plus de 40 ans que
certaines organisations luttent contre la violence
faite aux femmes : le gouvernement Legault ne
peut se passer de notre expérience et de notre
expertise, nous devons faire partie des solutions,
pas juste être consultées », ont-elles affirmé.
Le droit de vivre en
sécurité doit être garanti par les autorités en
place. Alexandra Pierre, présidente de la Ligue
des droits et libertés, a dit que la violence
envers les femmes « mine le droit à la prospérité,
à l'égalité, à l'intégrité physique, le droit à la
vie même. Le droit au logement, à une sécurité
économique sont quotidiennement bafoués. On doit
bien sûr agir sur la violence des conjoints, mais
il faut regarder la négligence et la violence des
autorités policières, judiciaires et politiques et
les dénoncer. Le gouvernement du Québec doit
commencer à prendre au sérieux ces féminicides et
tout ce qui les rend possibles. »
Les milliers de participants ont marché sur les
rues Rachel, Saint-Denis et Mont-Royal pour se
rendre au pied du Mont-Royal, sous les klaxons et
les salutations des conducteurs et des passants.
En clôture de la manifestation, les oratrices ont
dit que cette lutte est pour les femmes ici et
maintenant, et pour celles qui viendront après,
pour que les droits de toutes soient enfin
respectés.
La fin des violences contre les femmes et leurs
enfants est une demande cruciale qui humanise la
société en entier. Le gouvernement Legault doit
rendre des comptes de ses refus d'investir de
façon à ce qu'au Québec, la violence contre les
femmes et les enfants soit chose du passé.
Montréal
Gatineau
Baie-Comeau
Îles-de-la-Madeleine
Laurentides
Mauricie
Québec
Rimouski
Rouyn-Noranda
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