Des revendications pour que les gouvernements assument
leur responsabilité sociale
Sécurité ferroviaire

Les travailleurs doivent avoir une voix décisive sur ce que sont des conditions de travail sécuritaires

Le Canada a enregistré en moyenne 1 091 accidents ferroviaires par année au cours des cinq dernières années. Treize membres de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC), qui représente plus de 16000 cheminots au Canada, ont été tués au travail au cours des trois dernières années.

S'exprimant au sujet du décès de l'un de ces travailleurs, Pierre-Luc (Sune) Levesque, Lyndon Isaak, président de la CFTC, a dit :

« Les questions soulevées dans le rapport du BST [Bureau de la sécurité des transports] sur le décès du confrère Lévesque sont symptomatiques des lacunes de la culture de santé et sécurité dans le transport ferroviaire canadien[1]. L'accent mis sur les profits et l'efficacité plutôt que sur la santé et la sécurité des travailleurs-euses doit changer. Tout accident est évitable et après plus de 13 décès en trois ans, il nous apparaît évident que les transporteurs ferroviaires et les autorités réglementaires n'ont pas la volonté de prendre les mesures nécessaires pour prévenir ces tragédies. »

Des tragédies telles que les accidents d'avion Boeing 737 MAX, qui ont tué 437 personnes, la catastrophe de Lac-Mégantic en 2013 où 47 personnes sont mortes, le nombre élevé d'accidents ferroviaires au Canada et de morts et de blessés, et d'innombrables autres exemples révèlent les terribles conséquences de la déréglementation néolibérale ou autoréglementation par les monopoles, qui sacrifient la sécurité à la recherche du profit maximum.

Les services de police du Canadien Pacifique (CP) sont une forme extrême d'autoréglementation, dans laquelle l'entreprise peut déclarer que son service de police a mené une enquête satisfaisante, qu'il n'est pas nécessaire d'examiner autre chose que les actions de l'équipage et que ses conclusions sont une affaire privée commerciale. CP n'est même pas tenu de publier un rapport lorsqu'un travailleur est tué ou qu'une collectivité est mise en danger par un déraillement et un déversement de matières dangereuses. Il n'est pas obligé de fournir les informations aux familles ou aux travailleurs par l'intermédiaire de leur syndicat. L'« autoréglementation » dans laquelle les intérêts privés contrôlent l'ensemble du processus et la police, et les gouvernements qui permettent à ces monopoles d'agir en toute impunité, est une forme flagrante de corruption et doit cesser.

Le refus des gouvernements de défendre le droit et la responsabilité des travailleurs de dénoncer les conditions dangereuses et d'exercer leur droit de refuser de travailler dans des conditions dangereuses vise également à permettre aux monopoles de fonctionner en toute impunité, à dissimuler la négligence criminelle et à punir les travailleurs et les experts techniques qui assument leur responsabilité sociale. Cela doit cesser !

http://www.pmlq.qc.ca/images/Slogans/StopImpuniteCR.jpgUne restructuration massive de l'État est en cours pour éliminer l'espace pour les travailleurs et leurs organisations d'avoir leur mot à dire en matière de santé et de sécurité au travail. La nécessité que les travailleurs et leurs syndicats aient une voix décisive sur ce qui constitue des conditions de travail sécuritaires est apparue comme le facteur décisif. Ce devrait être un acte criminel pour les agences gouvernementales ou les entreprises de menacer ou de prendre des mesures disciplinaires contre les travailleurs afin de les faire taire. De même, le droit des familles et des communautés de participer activement aux enquêtes et de découvrir la cause des tragédies lorsqu'elles se produisent doit être respecté, afin de demander des comptes aux monopoles et de prévenir de futures catastrophes.

Les familles des travailleurs tués au travail persistent dans leur lutte pour mettre fin à cette impunité et faire en sorte que les travailleurs, les experts techniques et les enquêteurs puissent assumer leurs responsabilités sociales, qui sont devenues d'autant plus cruciales à un moment où les gouvernements ne fonctionnent plus comme une autorité publique, mais gouvernent au nom des oligarques financiers.

Note

1. Pierre-Luc Lévesque, un chef de train/contremaître en formation a été tué dans un accident dans la cour de triage d'Edmundston, au Nouveau-Brunswick, le 4 décembre 2018.


Cet article est paru dans

Numéro 26 - 9 avril 2021

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