Forum ouvrier

Numéro 3 - 8 février 2021

La lutte pour le contrôle des régimes de retraite des travailleurs
de l'Alberta s'intensifie

Ne touchez pas aux pensions
des travailleurs!

http://www.cpcml.ca/images2017/WorkersEconomy/PostOffice/File/160806-Montreal-Postiers-63cr.jpghttp://www.cpcml.ca/images2017/WorkersEconomy/PensionsBenefits/170501-MontrealPremierMai-56.jpg

Le gouvernement Kenney veut contrôler les régimes de retraite pour payer les riches
Les syndicats de l'Alberta réagissent au décret arrogant du gouvernement pour s'emparer des régimes de retraite du secteur public

Le centre de tri de Postes Canada à Mississauga
Un travailleur des postes meurt parce que Postes Canada ne prend pas les mesures pour contrôler une éclosion de la COVID-19

Un appel à des actions pour défendre la sécurité des travailleurs du rail
Lancement d'une enquête sur le déraillement de 2019


La lutte pour le contrôle des régimes de retraite
des travailleurs de l'Alberta s'intensifie

Ne touchez pas aux pensions des travailleurs!

Le gouvernement de l'Alberta a entrepris de prendre le contrôle de tous les régimes de retraite du secteur public de la province. Sa cible est les régimes de retraite de plus de 450 000 travailleurs actifs et à la retraite. Les travailleurs de tous les secteurs dénoncent ce geste éhonté du gouvernement pour contrôler leurs pensions.

http://cpcml.ca/images2018/WorkersEconomy/PensionsBenefits/Slogans/170501-MontrealPremierMai-56cr.jpgLes décrets ministériels donnent un pouvoir de veto sur les décisions d'investissement des pensions du secteur public à une société d'État appelée AIMCo. Cette entreprise provinciale d'investissement contrôle déjà 119 milliards de dollars de fonds formés de fonds gouvernementaux et de régimes de retraite de l'Alberta et du fonds pour les accidents de la Commission d'indemnisation des travailleurs (WCB). Le PDG d'AIMCo est nommé par le ministre des Finances de l'Alberta, lui est redevable et en reçoit ses directives.

Le ministre albertain des Finances Travis Toews a signé des décrets ministériels le 23 décembre qui imposent des « ententes de gestion de l'investissement » contrôlées par le gouvernement sur les fonds des régimes de retraite du secteur public. Toews a avisé les régimes de retraite de ce diktat unilatéral le 4 janvier. Le décret ministériel fait suite à la Loi omnibus 22, la Loi sur la réforme des agences, des conseils d'administration et des commissions et des entreprises gouvernementales. La Loi 22 requiert que tous les régimes de retraite du secteur public utilisent l'AIMCo comme unique gestionnaire de l'investissement. Ce diktat s'applique aussi au Fonds de retraite des enseignants de l'Alberta qui gère son propre fonds depuis sa création.

La Loi ordonne aux conseils d'administration des régimes de pensions de négocier des ententes avec l'AIMCo en ce qui concerne leur gouvernance. Aucun conseil n'a pu jusqu'à maintenant négocier une entente satisfaisante bien qu'on ait parlé de « négociations intensives ». Au lieu de cela, le gouvernement a une fois de plus eu recours à ses pouvoirs de police et émis des décrets ministériels pour dicter ses conditions aux conseils d'administration des régimes de retraite, qui sont composés de représentants des employés et des employeurs, bien que les montants en pensions qu'ils contrôlent appartiennent aux seuls travailleurs en tant qu'épargne accumulée.

Les décrets ministériels donnent à l'AIMCo l'autorité d'apposer son veto sur toute décision des conseils d'administration si, selon la seule opinion de l'AIMCo, ces décisions sont susceptibles de menacer les « économies d'échelle ou l'efficience opérationnelle » de l'AIMCo. Une telle déclaration peut vouloir dire n'importe quoi mais elle indique clairement que, selon le gouvernement albertain, les régimes de retraite des travailleurs n'appartiennent pas aux travailleurs, mais sont une source d'argent pour le gouvernement afin qu'il paie les riches d'une façon ou d'une autre. Aucun recours et aucun arbitrage du veto ne sont permis.

Les décrets contredisent directement les déclarations que le gouvernement a faites lors du débat sur la Loi omnibus 22 en 2019. Le gouvernement avait dit à l'époque que le contrôle sur l'investissement des pensions demeurera entre les mains des conseils d'administration des régimes. Répondant à l'opposition à la Loi 22 de l'Association des enseignantes et des enseignants de l'Alberta, le ministre des Finances de l'Alberta avait dit le 7 novembre 2019 : « Le conseil d'administration du fonds de retraite des enseignants de l'Alberta (ATRF) continuera de déterminer comment les fonds de pension sont investis à un niveau stratégique et demeurera le propriétaire des actifs du régime. Autrement dit, l'AIMCo va faire des investissements selon les politiques établies par le conseil d'administration de l'ATRF ».

Les actions arbitraires commises en vertu de la Loi 22 et les décrets ministériels constituent une ingérence grossière dans les affaires financières de la classe ouvrière. Les régimes de retraite des travailleurs appartiennent aux travailleurs et ils doivent avoir le contrôle et le dernier mot sur la façon dont leur richesse sociale est investie et sur les formes institutionnelles dont ils ont besoin pour exercer un contrôle effectif sur leur argent.

La Loi 22 et les décrets subséquents sont un vol d'une richesse sociale qui n'appartient pas au gouvernement et cela revient à dire aux travailleurs comment ils doivent dépenser leur argent. Les pensions représentent la richesse sociale que la classe ouvrière reproduit par son travail et elle lui appartient au même titre que les salaires qu'elle reçoit lorsqu'elle travaille. Le gouvernement et l'oligarchie financière n'ont pas le droit de prendre le contrôle de la richesse sociale des travailleurs qui leur appartient de droit et qui doit être contrôlée par eux.

C'est aux travailleurs à décider et à élaborer, par le biais de leurs organisations et sans ingérence gouvernementale, comment leurs régimes de retraite doivent être investis et distribués. Les travailleurs actifs et à la retraite ont répondu en masse à la loi et au décret antipeuple du gouvernement de l'Alberta en disant Ne touchez pas aux pensions des travailleurs ! Ce sont nos pensions ! À nous de décider !

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Le gouvernement Kenney veut contrôler les régimes de retraite pour payer les riches

https://cpcml.ca/francais/Images2018/Slogans/180607-Quebec-02-carrieresylvie..jpgLe gouvernement accumule de gros déficits en empruntant de l'argent de l'oligarchie financière pour ses stratagèmes pour payer les riches afin de notamment garantir les profits des oligarques du pétrole. En même temps, le gouvernement dit qu'il n'a « pas d'argent » pour les soins de santé, l'éducation et pour veiller sur les Albertains. Il a maintenant placé sous son contrôle complet la façon dont les régimes de retraite des travailleurs sont investis afin de financer ses stratagèmes pour payer les riches.

L'indignation grandit face au geste scandaleux du gouvernement du Parti conservateur uni albertain de verser plus de 6,5 milliards de dollars de fonds publics aux propriétaires de TC Énergie en participation en capital et en garanties de prêts pour construire l'oléoduc Keystone XL qui va vers le sud, sur la côte du Golfe des États-Unis. L'effondrement imminent du projet était déjà prévu lorsque des milliards de fonds publics ont été versés sur un plateau d'argent aux riches, et le président des États-Unis Joe Biden a maintenant confirmé cet effondrement.

Le gouvernement Kenney a utilisé à la fois la loi et plus récemment des décrets ministériels pour prendre le contrôle des régimes de retraite du secteur public afin de donner aux oligarques mondiaux un contrôle encore plus grand de la richesse sociale regroupée des travailleurs afin d'utiliser ce qui appartient de droit aux travailleurs dans toujours plus de « stratégies d'investissement » pour payer les riches.

Les travailleurs du secteur public de l'Alberta ne sont pas les seuls à être confrontés à ce problème de contrôle de leurs fonds de pension. Comment et où ces régimes de retraite sont investis est une grosse question au Canada et ailleurs. Les régimes de retraite sont de vastes réserves de richesse sociale que la classe ouvrière a réclamée pour son travail et qui appartient de droit aux travailleurs. Cependant, dans la plupart des cas, les oligarques mondiaux exercent un contrôle et le pouvoir de décision sur les pensions et les épargnes des travailleurs par le biais de leurs entreprises financières. Ces fonds se retrouvent dans les coffres des oligarques mondiaux et servent leurs intérêts privés étroits partout dans le monde, d'une façon qui les favorise et ne favorise pas le peuple. Les travailleurs demandent que cesse cette exploitation de leur argent.

Récemment, les Canadiens ont été témoins des conséquences dévastatrices des investissements de leurs pensions dans des centres de soins de longue durée à but lucratif comme Revera Inc. Les centres de soins de longue durée, y compris Revera, ont connu un taux très élevé d'infections et de décès dus à la COVID-19 et ont été accusés d'avoir détourné l'argent qu'ils reçoivent des gouvernements et d'autres sources en profits, au lieu de l'utiliser pour le bien-être des gens âgés dont ils ont la charge. Investissements PSP, qui contrôle les régimes de retraite des travailleurs du secteur public fédéral, est la société d'investissement qui possède Revera.

Les régimes de retraite des travailleurs sont largement utilisés contre les intérêts de la classe ouvrière et l'édification nationale notamment pour renforcer la propriété privée des laboratoires médicaux et d'autres établissements de santé et de production, d'éducation publique et d'infrastructure. Il est paradoxal que les travailleurs et leurs alliés luttent pour la propriété publique et le contrôle centré sur l'humain de tous les secteurs du système de santé pendant que les régimes de retraite sont utilisés pour assurer la défaite de leur juste cause. Cela doit cesser ! Les travailleurs eux-mêmes, par le biais de leurs collectifs indépendants, ont le droit de décider comment leurs régimes de retraite sont investis afin de garantir que cela est fait d'une manière qui bénéficie directement à l'édification nationale, à la classe ouvrière et à la société.

La lutte pour le contrôle des régimes de retraite est une composante importante de la lutte pour une nouvelle direction de l'économie, pour arrêter de payer les riches et augmenter les investissements dans les programmes sociaux. Cela fait partie de la lutte pour le renouveau démocratique visant à investir les travailleurs du pouvoir et empêcher les gouvernements d'émettre des décrets qui bénéficient à l'oligarchie mondiale.

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Les syndicats de l'Alberta réagissent au décret arrogant du gouvernement pour s'emparer des régimes de retraite du secteur public

S'exprimant lors d'une conférence de presse tenue le 14 janvier, le président de la Fédération du travail de l'Alberta (AFL), Gil McGowan, a déclaré que les décrets du gouvernement visant à prendre le contrôle de tous les régimes de retraite du secteur public sont sans précédent, scandaleux et éhontés[1]. Le président de l'AFL a dit que la Loi 22 et les décrets subséquents du 23 décembre 2020 équivalent à un vol de fonds de pension qui appartiennent aux travailleurs et non au gouvernement. Les dirigeants syndicaux ont déclaré que l'arrêté ministériel du ministre des Finances Travis Toews est conçu pour parachever le travail que le gouvernement a commencé à l'automne 2019 avec l'adoption de la Loi omnibus 22.

Le président de la fédération a déclaré que les décrets ministériels seront contestés devant les tribunaux, ainsi que dans une vaste campagne publique qui revendiquera « Ne touchez pas à nos pensions ! » et l'annulation immédiate des arrêtés et des décrets ministériels antiouvriers.

http://www.cpcml.ca/francais/Images2017/Slogans/cdceibaj.jpgD'autres syndicats soulignent que le premier ministre Kenney ne s'en prend pas seulement aux régimes de retraite du secteur public. Il fait circuler l'idée de retirer l'Alberta du Régime de pensions du Canada et d'établir un régime provincial distinct où il pourra contrôler les fonds de pension pour payer les riches avec lesquels il est lié. Cette lutte fait partie de la lutte des intérêts privés en rivalité pour le contrôle de la pension des travailleurs et d'autres fonds.

Les travailleurs ne peuvent pas se permettre de regarder ce combat entre les riches pour leur argent sans intervenir fermement et de manière immédiate. C'est aux travailleurs à contrôler leurs fonds de pension et à décider où ils sont investis et comment ils sont distribués. Les fonds de pension font partie de la réclamation que font les travailleurs en échange de la vente de leur capacité de travailler à ceux qui possèdent et contrôlent l'économie. Les travailleurs ont le droit de contrôler et de décider de la manière dont ils dépensent leur salaire et les avantages tels que les pensions qu'ils peuvent recevoir de la vente de leur capacité de travail.

Comment les fonds de pension des travailleurs doivent être investis et distribués doit être décidé et résolu par les travailleurs eux-mêmes au sein de leurs propres organisations, sans ingérence du gouvernement. Les travailleurs du secteur public de l'Alberta ont forcé le gouvernement à reculer en ce qui concerne ses manoeuvres pour saccager leurs régimes de retraite à prestations déterminées en 2013 et ils continuent d'affirmer avec fermeté que leurs régimes de retraite leur appartiennent et que les travailleurs doivent en avoir le contrôle afin qu'ils soient investis d'une manière centrée sur l'humain. Les travailleurs actifs et retraités ont massivement répondu aux actions antiouvrières du gouvernement Kenney avec des slogans pour affirmer leur droit de décider : Ne touchez pas aux pensions des travailleurs ! Ce sont nos pensions ! À nous de décider !

Notes

1. Étaient également présents le 14 janvier à la conférence de presse des syndicats pour dénoncer le décret antiouvrier du gouvernement Kenney :

Guy Smith, président du Syndicat des employés provinciaux de l'Alberta (AUPE)

Heather Smith, présidente des Infirmières unies de l'Alberta (UNA)

Mike Parker, président de l'Association des sciences de la santé de l'Alberta (HSAA)

Rory Gill, président du Syndicat canadien de la fonction publique de l'Alberta (SCFP)

Le président de l'Association des enseignants de l'Alberta Jason Schilling a aussi émis une déclaration dans laquelle il demande que les décrets de Kenney pour s'emparer des pensions du secteur public soient abrogés.

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Le centre de tri de Postes Canada à Mississauga

Un travailleur des postes meurt parce que Postes Canada ne prend pas les mesures pour contrôler une éclosion de la COVID-19


Le 28 janvier 2021, les travailleurs des installations de Postes Canada à Scarborough ont tenu une minute de silence en l'honneur du travailleur des postes Godfrey Yeung qui est décédé de la COVID-19.

Les travailleurs des postes à Toronto et partout au pays pleurent un des leurs, Godfrey Yeung, un travailleur de nuit au centre de tri Gateway de Mississauga[1]. Il est décédé le 26 janvier alors qu'il était en confinement à la maison moins d'une semaine après avoir subi un test positif à la COVID-19 le 19 janvier.

Qaiser Maroof, le président de la section locale de Toronto du Syndicat des travailleurs et travailleuses des Postes, a dit de ce décès que c'était un « triste jour » et la « perte évitable d'une vie ». Il a ajouté : « Cette tragédie met en lumière pourquoi nous disons depuis le début au gouvernement que les travailleurs des postes sont en effet des travailleurs de première ligne. Quand le gouvernement va-t-il prendre les mesures pour que nos membres soient traités comme des travailleurs de première ligne ? Quand notre santé et notre sécurité seront-elles considérées comme étant de la plus haute importance ? »

Forum ouvrier condamne le mépris flagrant de Postes Canada pour la sécurité des travailleurs. Les travailleurs des postes nous disent que, depuis le début de la pandémie, c'est une bataille de tous les instants pour forcer l'employeur à prendre la sécurité des travailleurs au sérieux. Il y a eu de nombreuses éclosions dans les centres de tri de Postes Canada. Le syndicat a pris l'initiative de retirer des membres de la production et de leur assigner le contrôle de la santé et de la sécurité, d'encourager les travailleurs à porter leur ÉPI et à maintenir une bonne distanciation.

Le docteur Lawrence Loh, administrateur en chef de la Santé publique pour la région de Peel, a entrepris une enquête pour faire la lumière sur le tragique événement du centre de tri Gateway. Au cours du mois de janvier, il y a eu une augmentation alarmante d'infections de la COVID-19, 273 travailleurs ayant eu un test positif depuis le début du mois et il y a eu des douzaines de nouveaux cas par jour. Le 22 janvier, les représentants de la Santé publique de Peel ont ordonné à Postes Canada de fermer le quart de travail de l'après-midi (quart #3) et on a demandé à plus de 300 travailleurs d'aller chez eux en confinement pour 14 jours. En plus, tous les travailleurs du quart de jour (quart #2) ont été testés dans une clinique qui a été dressée sur place. Les autorités de la santé publique ont donné la directive que les tests obligatoires à la clinique de Gateway soient augmentés et que les employés qui avaient déjà été testés devaient être testés à nouveau. Postes Canada a mis en oeuvre les mesures suivantes :

- un assainissement intégral de l'usine;

- de meilleures mesures favorisant la distanciation physique;

- rendre disponible de l'équipement de protection individuelle approprié et en nombre suffisant;

- des inspections de sécurité accrues et de l'information fournie au syndicat.

Toutes les mesures que Postes Canada s'engage à mettre en oeuvre maintenant à Gateway sont exactement les mêmes pour lesquelles les travailleurs du centre de tri se battent depuis le début.

Depuis le début de la pandémie, les travailleurs des postes ont continué de trier et de livrer le courrier et les colis, et de fournir des services aux comptoirs de vente. En accomplissant ce travail, non seulement ont-ils couru le risque d'être infectés, mais ils se sont battus bec et ongles partout au pays pour veiller à ce que les droits à la santé et à la sécurité soient respectés dans chaque endroit de travail.

http://cpcml.ca/images2018/WorkersEconomy/Construction/180621-MTL-Grutiers-05.jpgIl y a d'innombrables exemples de travailleurs qui ont dû invoquer le droit de refuser un travail dangereux parce que la société d'État avait refusé de fournir l'équipement de protection individuelle adéquat, de voir au nettoyage adéquat des usines et des comptoirs, d'assurer une distanciation physique adéquate, etc. On a refusé des congés nécessaires aux travailleurs pour se protéger eux-mêmes et leur famille – même pour se faire tester – s'ils ne se sentaient pas bien. Ils subissent des mesures disciplinaires s'ils viennent au travail et sont ultérieurement infectés. Les travailleurs sont aussi menacés de mesures disciplinaires pour des messages sur les réseaux sociaux qui critiquent Postes Canada. Le maniement de colis est sans précédent en raison de l'explosion des achats en ligne. Selon Postes Canada, depuis le début de la pandémie de la COVID, un nombre record de colis ont été distribués : 181 jours consécutifs de 1 million de colis comparativement à 67 jours antérieurement. Cette augmentation accroît les risques que les travailleurs puissent contracter la COVID-19 alors qu'on les pousse à faire des quarts de travail de 12 heures pour venir à bout du volume, y compris remplacer les travailleurs qui tombent malades ou doivent se confiner. Des travailleurs temporaires qui avaient été embauchés pour le triage et les livraisons de Noël ont été rappelés. Plusieurs de ces travailleurs sont de nouveaux immigrants et sont particulièrement vulnérables à la pression de travailler autant d'heures possibles puisque leurs augmentations salariales sont basées sur l'accumulation d'au moins 1 000 heures par année. Malgré tout cela, Postes Canada blâme les travailleurs pour l'éclosion – pour le manque de distanciation sociale, ou parce qu'ils viennent travailler même s'ils ne se sentent pas bien. C'est inacceptable.

Forum ouvrier appuie totalement la lutte des travailleurs des postes et de tous les travailleurs pour qu'ils puissent travailler dans des conditions de travail saines et sécuritaires sur lesquelles ils ont un mot à dire exercent leur contrôle.

Notes

1. Le centre de tri de Gateway à Mississauga est l'installation la plus importante de Postes Canada, comprenant 4 500 travailleurs des postes qui travaillent au tri du courrier, dans les services techniques, le transport et l'administration.

(Photos: STTP Scarborough, OFL, STTP)

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Un appel à des actions pour défendre la sécurité des travailleurs du rail

Lancement d'une enquête sur le déraillement de 2019

Le 4 février était le deuxième anniversaire de la mort tragique de trois cheminots du Canadien Pacific (CP) dans un déraillement près de Field, en Colombie-Britannique. Le chef de train Dylan Paradis, l'ingénieur de locomotive Andrew Dockrell et le stagiaire Daniel Waldenberger-Bulmer sont décédés lorsque le train CP 301 a déraillé près de Field, en Colombie-Britannique, et a plongé dans la rivière Kicking Horse.

À l'occasion de l'anniversaire, Lyndon Isaak, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, a publié une déclaration commémorative qui dit, entre autres : « Avec la publication prévue de l'enquête du Bureau de la sécurité des transports dans les mois à venir et l'enquête de la GRC en cours, nous espérons avoir des réponses à bon nombre de questions en suspens concernant cet événement tragique. Nous sommes déterminés à lutter pour améliorer la sécurité ferroviaire et à mettre fin à ces tragédies insensées qui ont frappé l'industrie ferroviaire au cours des dernières années. »

La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, en collaboration avec Niki Ashton, députée néodémocrate de ChurchillKeewatinook Aski, et les familles des trois travailleurs, a organisé une pétition électronique au Parlement et des appels vidéo au premier ministre Trudeau. Le texte de la pétition dit que « L'enquête du CP a mené à des allégations inquiétantes, lesquelles doivent faire l'objet d'une enquête criminelle indépendante. Le déroulement de l'enquête soulève des questions importantes quant au rôle actuel des services de police ferroviaires. Le gouvernement du Canada, par l'intermédiaire du ministère des Transports et du ministère de la Sécurité publique, n'a pas demandé à la Gendarmerie royale du Canada de mener une enquête complète et indépendante sur l'accident. La sécurité des travailleurs du secteur ferroviaire, qui sont des travailleurs essentiels, est en jeu, et les familles de ceux qui ont perdu la vie ont le droit d'obtenir des réponses ». Les pétitionnaires appellent le gouvernement à « lancer une enquête criminelle exhaustive et indépendante sur le déraillement mortel du train 301 du CP ».

CBC rapporte que l'unité des crimes majeurs de la GRC en Colombie-Britannique a maintenant ouvert une enquête criminelle sur le déraillement. Un porte-parole de la GRC aurait déclaré que le bureau du procureur de la Colombie-Britannique avait convenu qu'« il pourrait y avoir de la criminalité dans cette affaire et que cela justifiait une enquête plus approfondie ».

Les deux principaux monopoles ferroviaires au Canada, le Canadien National (CN) et le Canadien Pacifique (CP), ont chacun leur propre service de police privé. La police du CP a mené une enquête initiale qui s'est terminée un mois seulement après la tragédie. L'enquête n'a porté que sur les actions de l'équipage pendant la période précédant le déraillement. Elle n'a examiné aucune des politiques et actions de l'entreprise. L'un des agents impliqués dans l'enquête, qui a démissionné par la suite et qui est maintenant agent de la GRC à Golden, en Colombie-Britannique, a déclaré à l'émission The Fifth Estate sur la chaîne CBC TV que l'enquête avait été entravée par le CP qui n'a pas fourni aux enquêteurs les renseignements dont ils avaient besoin. Une enquête distincte du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) n'est pas encore terminée. Sur son site Web, le BST indique que l'enquête R19C0015 sur le déraillement de Field, mise à jour en date du 1er février 2021, « en est à l'étape de production du rapport, la dernière étape d'une enquête du BST. Une copie confidentielle du rapport préliminaire sera envoyée aux personnes désignées aux fins de commentaires. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez vous reporter au processus d'enquête du BST. » Aucune date n'est indiquée pour la publication du rapport. Quoi qu'il en soit, le BST n'a pas le pouvoir de porter des accusations, et ne peut que publier des conclusions et faire des recommandations.

Les travailleurs du rail travaillent dans des conditions dangereuses. La nécessité d'un repos et d'une formation adéquats, de la mise en oeuvre de procédures de sécurité rigoureuses et de normes de sécurité liées à la taille de l'équipage, au transport de marchandises dangereuses et à des questions telles que la longueur des trains dans les cols de montagne, la modification ou l'arrêt des opérations dans des situations météorologiques extrêmes, sont des questions très préoccupantes. En 2019, les travailleurs ont mené une grève de huit jours sur les conditions de sécurité qui a mené à certaines améliorations, mais les conditions restent loin d'être satisfaisantes. Le BST, dans son rapport annuel de 2019 sur les « événements de transport ferroviaire », déclare que 72 personnes, dont cinq employés, sont décédées dans des « accidents ferroviaires » cette année-là, « contre 57 signalés l'année dernière et à peu près le même que la moyenne de 73 pour les 10 années précédentes ». En 2019, outre l'augmentation du nombre de décès par rapport à la moyenne des années 2009-2108, il y a eu une augmentation de 17 % des accidents ferroviaires, soit une augmentation de 42 % du nombre d'accidents sur les voies principales par million de milles de voie principale ferroviaire et une augmentation du nombre d'accidents mettant en cause des marchandises dangereuses. Le nombre d'accidents qui ont entraîné le déversement de matières dangereuses était de huit, soit le double de la moyenne de quatre déversements sur 10 ans.

Le recours par les compagnies ferroviaires à leurs propres forces de police pour faire enquête et l'autorèglementation de l'industrie par les compagnies ferroviaires sans surveillance publique ont entraîné des tragédies comme la catastrophe de Lac-Mégantic en 2013 et de nombreux autres incidents évitables. Les compagnies de chemin de fer et le gouvernement fédéral doivent être obligés de rendre des comptes et d'assumer la responsabilité de la sécurité des travailleurs du rail et de tous ceux qui vivent dans les communautés traversées par les trains.

(Sources : Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, CBC, Bureau de la sécurité des transports. Photos : CFTC, STTP)

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