Numéro 3 - 8 février 2021
La lutte pour le contrôle des régimes de
retraite des travailleurs
de l'Alberta s'intensifie
Ne touchez pas aux pensions
des travailleurs!
• Le
gouvernement Kenney veut contrôler les régimes
de retraite pour payer les riches
• Les syndicats de
l'Alberta réagissent au décret arrogant du
gouvernement pour s'emparer des régimes de
retraite du secteur public
Le centre de
tri de Postes Canada à Mississauga
• Un travailleur des
postes meurt parce que Postes Canada ne prend
pas les mesures pour contrôler une éclosion de
la COVID-19
Un appel à
des actions pour défendre la sécurité des
travailleurs du rail
• Lancement d'une enquête
sur le déraillement de 2019
La lutte pour le contrôle des
régimes de retraite
des travailleurs de l'Alberta s'intensifie
Le gouvernement de l'Alberta a entrepris de
prendre le contrôle de tous les régimes de
retraite du secteur public de la province. Sa
cible est les régimes de retraite de plus
de 450 000 travailleurs actifs et à la
retraite. Les travailleurs de tous les secteurs
dénoncent ce geste éhonté du gouvernement pour
contrôler leurs pensions.
Les
décrets ministériels donnent un pouvoir de veto
sur les décisions d'investissement des pensions du
secteur public à une société d'État appelée AIMCo.
Cette entreprise provinciale d'investissement
contrôle déjà 119 milliards de dollars de
fonds formés de fonds gouvernementaux et de
régimes de retraite de l'Alberta et du fonds pour
les accidents de la Commission d'indemnisation des
travailleurs (WCB). Le PDG d'AIMCo est nommé par
le ministre des Finances de l'Alberta, lui est
redevable et en reçoit ses directives.
Le ministre albertain des Finances Travis Toews a
signé des décrets ministériels le 23 décembre
qui imposent des « ententes de gestion de
l'investissement » contrôlées par le
gouvernement sur les fonds des régimes de retraite
du secteur public. Toews a avisé les régimes de
retraite de ce diktat unilatéral le 4
janvier. Le décret ministériel fait suite à la Loi
omnibus 22, la Loi sur la réforme des
agences, des conseils d'administration et des
commissions et des entreprises gouvernementales.
La Loi 22 requiert que tous les régimes de
retraite du secteur public utilisent l'AIMCo comme
unique gestionnaire de l'investissement. Ce diktat
s'applique aussi au Fonds de retraite des
enseignants de l'Alberta qui gère son propre fonds
depuis sa création.
La Loi ordonne aux conseils d'administration des
régimes de pensions de négocier des ententes avec
l'AIMCo en ce qui concerne leur gouvernance. Aucun
conseil n'a pu jusqu'à maintenant négocier une
entente satisfaisante bien qu'on ait parlé de «
négociations intensives ». Au lieu de cela,
le gouvernement a une fois de plus eu recours à
ses pouvoirs de police et émis des décrets
ministériels pour dicter ses conditions aux
conseils d'administration des régimes de retraite,
qui sont composés de représentants des employés et
des employeurs, bien que les montants en pensions
qu'ils contrôlent appartiennent aux seuls
travailleurs en tant qu'épargne accumulée.
Les décrets ministériels donnent à l'AIMCo
l'autorité d'apposer son veto sur toute décision
des conseils d'administration si, selon la seule
opinion de l'AIMCo, ces décisions sont
susceptibles de menacer les « économies d'échelle
ou l'efficience opérationnelle » de l'AIMCo.
Une telle déclaration peut vouloir dire n'importe
quoi mais elle indique clairement que, selon le
gouvernement albertain, les régimes de retraite
des travailleurs n'appartiennent pas aux
travailleurs, mais sont une source d'argent pour
le gouvernement afin qu'il paie les riches d'une
façon ou d'une autre. Aucun recours et aucun
arbitrage du veto ne sont permis.
Les décrets contredisent directement les
déclarations que le gouvernement a faites lors du
débat sur la Loi omnibus 22 en 2019. Le
gouvernement avait dit à l'époque que le contrôle
sur l'investissement des pensions demeurera entre
les mains des conseils d'administration des
régimes. Répondant à l'opposition à la Loi 22 de
l'Association des enseignantes et des enseignants
de l'Alberta, le ministre des Finances de
l'Alberta avait dit le 7
novembre 2019 : « Le conseil
d'administration du fonds de retraite des
enseignants de l'Alberta (ATRF) continuera de
déterminer comment les fonds de pension sont
investis à un niveau stratégique et demeurera le
propriétaire des actifs du régime. Autrement dit,
l'AIMCo va faire des investissements selon les
politiques établies par le conseil
d'administration de l'ATRF ».
Les actions arbitraires commises en vertu de la
Loi 22 et les décrets ministériels constituent une
ingérence grossière dans les affaires financières
de la classe ouvrière. Les régimes de retraite des
travailleurs appartiennent aux travailleurs et ils
doivent avoir le contrôle et le dernier mot sur la
façon dont leur richesse sociale est investie et
sur les formes institutionnelles dont ils ont
besoin pour exercer un contrôle effectif sur leur
argent.
La Loi 22 et les décrets subséquents sont un vol
d'une richesse sociale qui n'appartient pas au
gouvernement et cela revient à dire aux
travailleurs comment ils doivent dépenser leur
argent. Les pensions représentent la richesse
sociale que la classe ouvrière reproduit par son
travail et elle lui appartient au même titre que
les salaires qu'elle reçoit lorsqu'elle travaille.
Le gouvernement et l'oligarchie financière n'ont
pas le droit de prendre le contrôle de la richesse
sociale des travailleurs qui leur appartient de
droit et qui doit être contrôlée par eux.
C'est aux travailleurs à décider et à élaborer,
par le biais de leurs organisations et sans
ingérence gouvernementale, comment leurs régimes
de retraite doivent être investis et distribués.
Les travailleurs actifs et à la retraite ont
répondu en masse à la loi et au décret antipeuple
du gouvernement de l'Alberta en disant Ne
touchez pas aux pensions des travailleurs !
Ce sont nos pensions ! À nous de
décider !
Le
gouvernement accumule de gros déficits en
empruntant de l'argent de l'oligarchie financière
pour ses stratagèmes pour payer les riches afin de
notamment garantir les profits des oligarques du
pétrole. En même temps, le gouvernement dit qu'il
n'a « pas d'argent » pour les soins de santé,
l'éducation et pour veiller sur les Albertains. Il
a maintenant placé sous son contrôle complet la
façon dont les régimes de retraite des
travailleurs sont investis afin de financer ses
stratagèmes pour payer les riches.
L'indignation grandit face au geste scandaleux du
gouvernement du Parti
conservateur uni albertain de
verser plus de 6,5 milliards de dollars de
fonds publics aux propriétaires de TC Énergie en
participation en capital et en garanties de prêts
pour construire l'oléoduc Keystone XL qui va vers
le sud, sur la côte du Golfe des États-Unis.
L'effondrement imminent du projet était déjà prévu
lorsque des milliards de fonds publics ont été
versés sur un plateau d'argent aux riches, et le
président des États-Unis Joe Biden a maintenant
confirmé cet effondrement.
Le gouvernement Kenney a utilisé à la fois la loi
et plus récemment des décrets ministériels pour
prendre le contrôle des régimes de retraite du
secteur public afin de donner aux oligarques
mondiaux un contrôle encore plus grand de la
richesse sociale regroupée des travailleurs afin
d'utiliser ce qui appartient de droit aux
travailleurs dans toujours plus de « stratégies
d'investissement » pour payer les riches.
Les travailleurs du secteur public de l'Alberta
ne sont pas les seuls à être confrontés à ce
problème de contrôle de leurs fonds de pension.
Comment et où ces régimes de retraite sont
investis est une grosse question au Canada et
ailleurs. Les régimes de retraite sont de vastes
réserves de richesse sociale que la classe
ouvrière a réclamée pour son travail et qui
appartient de droit aux travailleurs. Cependant,
dans la plupart des cas, les oligarques mondiaux
exercent un contrôle et le pouvoir de décision sur
les pensions et les épargnes des travailleurs par
le biais de leurs entreprises financières. Ces
fonds se retrouvent dans les coffres des
oligarques mondiaux et servent leurs intérêts
privés étroits partout dans le monde, d'une façon
qui les favorise et ne favorise pas le peuple. Les
travailleurs demandent que cesse cette
exploitation de leur argent.
Récemment, les Canadiens
ont été témoins des conséquences dévastatrices des
investissements de leurs pensions dans des centres
de soins de longue durée à but lucratif comme
Revera Inc. Les centres de soins de longue durée,
y compris Revera, ont connu un taux très élevé
d'infections et de décès dus à la COVID-19 et ont
été accusés d'avoir détourné l'argent qu'ils
reçoivent des gouvernements et d'autres sources en
profits, au lieu de l'utiliser pour le bien-être
des gens âgés dont ils ont la charge.
Investissements PSP, qui contrôle les régimes de
retraite des travailleurs du secteur public
fédéral, est la société d'investissement qui
possède Revera.
Les régimes de retraite des travailleurs sont
largement utilisés contre les intérêts de la
classe ouvrière et l'édification nationale
notamment pour renforcer la propriété privée des
laboratoires médicaux et d'autres établissements
de santé et de production, d'éducation publique et
d'infrastructure. Il est paradoxal que les
travailleurs et leurs alliés luttent pour la
propriété publique et le contrôle centré sur
l'humain de tous les secteurs du système de santé
pendant que les régimes de retraite sont utilisés
pour assurer la défaite de leur juste cause. Cela
doit cesser ! Les travailleurs eux-mêmes, par
le biais de leurs collectifs indépendants, ont le
droit de décider comment leurs régimes de retraite
sont investis afin de garantir que cela est fait
d'une manière qui bénéficie directement à
l'édification nationale, à la classe ouvrière et à
la société.
La lutte pour le contrôle des régimes de retraite
est une composante importante de la lutte pour une
nouvelle direction de l'économie, pour arrêter de
payer les riches et augmenter les investissements
dans les programmes sociaux. Cela fait partie de
la lutte pour le renouveau démocratique visant à
investir les travailleurs du pouvoir et empêcher
les gouvernements d'émettre des décrets qui
bénéficient à l'oligarchie mondiale.
S'exprimant lors d'une conférence de presse
tenue le 14 janvier, le président de la
Fédération du travail de l'Alberta (AFL), Gil
McGowan, a déclaré que les décrets du gouvernement
visant à prendre le contrôle de tous les régimes
de retraite du secteur public sont sans précédent,
scandaleux et éhontés[1].
Le président de l'AFL a dit que la Loi 22 et les
décrets subséquents du 23 décembre 2020
équivalent à un vol de fonds de pension qui
appartiennent aux travailleurs et non au
gouvernement. Les dirigeants syndicaux ont déclaré
que l'arrêté ministériel du ministre des Finances
Travis Toews est conçu pour parachever le travail
que le gouvernement a commencé à
l'automne 2019 avec l'adoption de la Loi
omnibus 22.
Le président de la fédération a déclaré que les
décrets ministériels seront contestés devant les
tribunaux, ainsi que dans une vaste campagne
publique qui revendiquera « Ne touchez pas à nos
pensions ! » et l'annulation immédiate
des arrêtés et des décrets ministériels
antiouvriers.
D'autres
syndicats soulignent que le premier ministre
Kenney ne s'en prend pas seulement aux régimes de
retraite du secteur public. Il fait circuler
l'idée de retirer l'Alberta du Régime de pensions
du Canada et d'établir un régime provincial
distinct où il pourra contrôler les fonds de
pension pour payer les riches avec lesquels il est
lié. Cette lutte fait partie de la lutte des
intérêts privés en rivalité pour le contrôle de la
pension des travailleurs et d'autres fonds.
Les travailleurs ne peuvent pas se permettre de
regarder ce combat entre les riches pour leur
argent sans intervenir fermement et de manière
immédiate. C'est aux travailleurs à contrôler
leurs fonds de pension et à décider où ils sont
investis et comment ils sont distribués. Les fonds
de pension font partie de la réclamation que font
les travailleurs en échange de la vente de leur
capacité de travailler à ceux qui possèdent et
contrôlent l'économie. Les travailleurs ont le
droit de contrôler et de décider de la manière
dont ils dépensent leur salaire et les avantages
tels que les pensions qu'ils peuvent recevoir de
la vente de leur capacité de travail.
Comment les fonds de pension des travailleurs
doivent être investis et distribués doit être
décidé et résolu par les travailleurs eux-mêmes au
sein de leurs propres organisations, sans
ingérence du gouvernement. Les travailleurs du
secteur public de l'Alberta ont forcé le
gouvernement à reculer en ce qui concerne ses
manoeuvres pour saccager leurs régimes de retraite
à prestations déterminées en 2013 et ils
continuent d'affirmer avec fermeté que leurs
régimes de retraite leur appartiennent et que les
travailleurs doivent en avoir le contrôle afin
qu'ils soient investis d'une manière centrée sur
l'humain. Les travailleurs actifs et retraités ont
massivement répondu aux actions antiouvrières du
gouvernement Kenney avec des slogans pour affirmer
leur droit de décider : Ne touchez pas aux
pensions des travailleurs ! Ce sont nos
pensions ! À nous de décider !
Notes
1. Étaient
également présents le 14 janvier à la
conférence de presse des syndicats pour dénoncer
le décret antiouvrier du gouvernement
Kenney :
Guy Smith, président du Syndicat
des employés provinciaux de l'Alberta (AUPE)
Heather Smith, présidente des
Infirmières unies de l'Alberta (UNA)
Mike Parker, président de
l'Association des sciences de la santé de
l'Alberta (HSAA)
Rory Gill, président du Syndicat
canadien de la fonction publique de l'Alberta
(SCFP)
Le président de l'Association des
enseignants de l'Alberta Jason Schilling a aussi
émis une déclaration dans laquelle il demande
que les décrets de Kenney pour s'emparer des
pensions du secteur public soient abrogés.
Le centre de tri de Postes Canada
à Mississauga
Le 28 janvier 2021, les travailleurs des
installations de Postes Canada à Scarborough ont
tenu une minute de silence en l'honneur du
travailleur des postes Godfrey Yeung qui est
décédé de la COVID-19.
Les travailleurs des
postes à Toronto et partout au pays pleurent un
des leurs, Godfrey Yeung, un travailleur de nuit
au centre de tri Gateway de Mississauga[1]. Il est décédé
le 26 janvier alors qu'il était en
confinement à la maison moins d'une semaine après
avoir subi un test positif à la COVID-19
le 19 janvier.
Qaiser Maroof, le président de la section locale
de Toronto du Syndicat des travailleurs et
travailleuses des Postes, a dit de ce décès que
c'était un « triste jour » et la « perte
évitable d'une vie ». Il a ajouté : «
Cette tragédie met en lumière pourquoi nous disons
depuis le début au gouvernement que les
travailleurs des postes sont en effet des
travailleurs de première ligne. Quand le
gouvernement va-t-il prendre les mesures pour que
nos membres soient traités comme des travailleurs
de première ligne ? Quand notre santé et
notre sécurité seront-elles considérées comme
étant de la plus haute importance ? »
Forum ouvrier condamne le mépris flagrant
de Postes Canada pour la sécurité des
travailleurs. Les travailleurs des postes nous
disent que, depuis le début de la pandémie, c'est
une bataille de tous les instants pour forcer
l'employeur à prendre la sécurité des travailleurs
au sérieux. Il y a eu de nombreuses éclosions dans
les centres de tri de Postes Canada. Le syndicat a
pris l'initiative de retirer des membres de la
production et de leur assigner le contrôle de la
santé et de la sécurité, d'encourager les
travailleurs à porter leur ÉPI et à maintenir une
bonne distanciation.
Le docteur Lawrence Loh, administrateur en chef
de la Santé publique pour la région de Peel, a
entrepris une enquête pour faire la lumière sur le
tragique événement du centre de tri Gateway. Au
cours du mois de janvier, il y a eu une
augmentation alarmante d'infections de la
COVID-19, 273 travailleurs ayant eu un test
positif depuis le début du mois et il y a eu des
douzaines de nouveaux cas par jour. Le 22
janvier, les représentants de la Santé publique de
Peel ont ordonné à Postes Canada de fermer le
quart de travail de l'après-midi (quart #3) et on
a demandé à plus de 300 travailleurs d'aller
chez eux en confinement pour 14 jours. En
plus, tous les travailleurs du quart de jour
(quart #2) ont été testés dans une clinique qui a
été dressée sur place. Les autorités de la santé
publique ont donné la directive que les tests
obligatoires à la clinique de Gateway soient
augmentés et que les employés qui avaient déjà été
testés devaient être testés à nouveau. Postes
Canada a mis en oeuvre les mesures
suivantes :
- un assainissement intégral de l'usine;
- de meilleures mesures favorisant la
distanciation physique;
- rendre disponible de l'équipement de protection
individuelle approprié et en nombre suffisant;
- des inspections de sécurité accrues et de
l'information fournie au syndicat.
Toutes les mesures que Postes Canada s'engage à
mettre en oeuvre maintenant à Gateway sont
exactement les mêmes pour lesquelles les
travailleurs du centre de tri se battent depuis le
début.
Depuis le début de la pandémie, les travailleurs
des postes ont continué de trier et de livrer le
courrier et les colis, et de fournir des services
aux comptoirs de vente. En accomplissant ce
travail, non seulement ont-ils couru le risque
d'être infectés, mais ils se sont battus bec et
ongles partout au pays pour veiller à ce que les
droits à la santé et à la sécurité soient
respectés dans chaque endroit de travail.
Il
y a d'innombrables exemples de travailleurs qui
ont dû invoquer le droit de refuser un travail
dangereux parce que la société d'État avait refusé
de fournir l'équipement de protection individuelle
adéquat, de voir au nettoyage adéquat des usines
et des comptoirs, d'assurer une distanciation
physique adéquate, etc. On a refusé des congés
nécessaires aux travailleurs pour se protéger
eux-mêmes et leur famille – même pour se faire
tester – s'ils ne se sentaient pas bien. Ils
subissent des mesures disciplinaires s'ils
viennent au travail et sont ultérieurement
infectés. Les travailleurs sont aussi menacés de
mesures disciplinaires pour des messages sur les
réseaux sociaux qui critiquent Postes Canada. Le
maniement de colis est sans précédent en raison de
l'explosion des achats en ligne. Selon Postes
Canada, depuis le début de la pandémie de la
COVID, un nombre record de colis ont été
distribués : 181 jours consécutifs
de 1 million de colis comparativement
à 67 jours antérieurement. Cette augmentation
accroît les risques que les travailleurs puissent
contracter la COVID-19 alors qu'on les pousse à
faire des quarts de travail de 12 heures pour
venir à bout du volume, y compris remplacer les
travailleurs qui tombent malades ou doivent se
confiner. Des travailleurs temporaires qui avaient
été embauchés pour le triage et les livraisons de
Noël ont été rappelés. Plusieurs de ces
travailleurs sont de nouveaux immigrants et sont
particulièrement vulnérables à la pression de
travailler autant d'heures possibles puisque leurs
augmentations salariales sont basées sur
l'accumulation d'au moins 1 000 heures
par année. Malgré tout cela, Postes Canada blâme
les travailleurs pour l'éclosion – pour le manque
de distanciation sociale, ou parce qu'ils viennent
travailler même s'ils ne se sentent pas bien.
C'est inacceptable.
Forum ouvrier appuie totalement la lutte
des travailleurs des postes et de tous les
travailleurs pour qu'ils puissent travailler dans
des conditions de travail saines et sécuritaires
sur lesquelles ils ont un mot à dire exercent leur
contrôle.
Notes
1. Le
centre de tri de Gateway à Mississauga est
l'installation la plus importante de Postes
Canada, comprenant 4 500 travailleurs des
postes qui travaillent au tri du courrier, dans
les services techniques, le transport et
l'administration.
(Photos: STTP Scarborough,
OFL, STTP)
Un appel à des actions pour
défendre la sécurité des travailleurs du rail
Le 4 février était le deuxième anniversaire
de la mort tragique de trois cheminots du Canadien
Pacific (CP) dans un déraillement près de Field,
en Colombie-Britannique. Le chef de train Dylan
Paradis, l'ingénieur de locomotive Andrew Dockrell
et le stagiaire Daniel Waldenberger-Bulmer sont
décédés lorsque le train CP 301 a déraillé près de
Field, en Colombie-Britannique, et a plongé dans
la rivière Kicking Horse.
À l'occasion de l'anniversaire, Lyndon Isaak,
président de la Conférence ferroviaire de
Teamsters Canada, a publié une déclaration
commémorative qui dit, entre autres : « Avec la
publication prévue de l'enquête du Bureau de la
sécurité des transports dans les mois à venir et
l'enquête de la GRC en cours, nous espérons avoir
des réponses à bon nombre de questions en suspens
concernant cet événement tragique. Nous sommes
déterminés à lutter pour améliorer la sécurité
ferroviaire et à mettre fin à ces tragédies
insensées qui ont frappé l'industrie ferroviaire
au cours des dernières années. »
La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, en
collaboration avec Niki Ashton, députée
néodémocrate de Churchill—Keewatinook
Aski, et les familles des trois travailleurs, a
organisé une pétition électronique au Parlement et
des appels vidéo au premier ministre Trudeau. Le
texte de la pétition dit que « L'enquête du CP a
mené à des allégations inquiétantes, lesquelles
doivent faire l'objet d'une enquête criminelle
indépendante. Le déroulement de l'enquête soulève
des questions importantes quant au rôle actuel des
services de police ferroviaires. Le gouvernement
du Canada, par l'intermédiaire du ministère des
Transports et du ministère de la Sécurité
publique, n'a pas demandé à la Gendarmerie royale
du Canada de mener une enquête complète et
indépendante sur l'accident. La sécurité des
travailleurs du secteur ferroviaire, qui sont des
travailleurs essentiels, est en jeu, et les
familles de ceux qui ont perdu la vie ont le droit
d'obtenir des réponses ». Les pétitionnaires
appellent le gouvernement à « lancer une enquête
criminelle exhaustive et indépendante sur le
déraillement mortel du train 301 du
CP ».
CBC rapporte que l'unité des crimes majeurs de la
GRC en Colombie-Britannique a maintenant ouvert
une enquête criminelle sur le déraillement. Un
porte-parole de la GRC aurait déclaré que le
bureau du procureur de la Colombie-Britannique
avait convenu qu'« il pourrait y avoir de la
criminalité dans cette affaire et que cela
justifiait une enquête plus approfondie ».
Les deux principaux monopoles ferroviaires au
Canada, le Canadien National (CN) et
le Canadien Pacifique (CP), ont chacun leur
propre service de police privé. La police du CP a
mené une enquête initiale qui s'est terminée un
mois seulement après la tragédie. L'enquête n'a
porté que sur les actions de l'équipage pendant la
période précédant le déraillement. Elle n'a
examiné aucune des politiques et actions de
l'entreprise. L'un des agents impliqués dans
l'enquête, qui a démissionné par la suite et qui
est maintenant agent de la GRC à Golden, en
Colombie-Britannique, a déclaré à l'émission The
Fifth Estate sur la chaîne CBC TV que
l'enquête avait été entravée par le CP qui n'a pas
fourni aux enquêteurs les renseignements dont ils
avaient besoin. Une enquête distincte du Bureau de
la sécurité des transports du Canada (BST) n'est
pas encore terminée. Sur son site Web, le BST
indique que l'enquête R19C0015 sur le déraillement
de Field, mise à jour en date du 1er février 2021,
« en est à l'étape de production du rapport, la
dernière étape d'une enquête du BST. Une copie
confidentielle du rapport préliminaire sera
envoyée aux personnes désignées aux fins de
commentaires. Pour obtenir de plus amples
renseignements, veuillez vous reporter au
processus d'enquête du BST. » Aucune date n'est
indiquée pour la publication du rapport. Quoi
qu'il en soit, le BST n'a pas le pouvoir de porter
des accusations, et ne peut que publier des
conclusions et faire des recommandations.
Les travailleurs du rail
travaillent dans des conditions dangereuses. La
nécessité d'un repos et d'une formation adéquats,
de la mise en oeuvre de procédures de sécurité
rigoureuses et de normes de sécurité liées à la
taille de l'équipage, au transport de marchandises
dangereuses et à des questions telles que la
longueur des trains dans les cols de montagne, la
modification ou l'arrêt des opérations dans des
situations météorologiques extrêmes, sont des
questions très préoccupantes. En 2019, les
travailleurs ont mené une grève de huit jours sur
les conditions de sécurité qui a mené à certaines
améliorations, mais les conditions restent loin
d'être satisfaisantes. Le BST, dans son rapport
annuel de 2019 sur les « événements de
transport ferroviaire », déclare que 72
personnes, dont cinq employés, sont décédées dans
des « accidents ferroviaires » cette année-là, «
contre 57 signalés l'année dernière et à peu
près le même que la moyenne de 73 pour
les 10 années précédentes ».
En 2019, outre l'augmentation du nombre de
décès par rapport à la moyenne des
années 2009-2108, il y a eu une augmentation
de 17 % des accidents ferroviaires, soit
une augmentation de 42 % du nombre
d'accidents sur les voies principales par million
de milles de voie principale ferroviaire et une
augmentation du nombre d'accidents mettant en
cause des marchandises dangereuses. Le nombre
d'accidents qui ont entraîné le déversement de
matières dangereuses était de huit, soit le double
de la moyenne de quatre déversements sur 10
ans.
Le recours par les compagnies ferroviaires à
leurs propres forces de police pour faire enquête
et l'autorèglementation de l'industrie par les
compagnies ferroviaires sans surveillance publique
ont entraîné des tragédies comme la catastrophe de
Lac-Mégantic en 2013 et de nombreux autres
incidents évitables. Les compagnies de chemin de
fer et le gouvernement fédéral doivent être
obligés de rendre des comptes et d'assumer la
responsabilité de la sécurité des travailleurs du
rail et de tous ceux qui vivent dans les
communautés traversées par les trains.
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