Numéro
67 - 6 octobre 2020 Journée
d'action
le 8 octobre en Ontario
pour les soins de longue durée
Tous et
toutes à
la défense des droits des aînés et du
personnel soignant - Steve
Rutchinski
-
•
Les
hôpitaux de l'Ontario mettent à pied du personnel
Nouveaux décrets
du
gouvernement du Québec au nom du contrôle de la
pandémie
• Des prises de position
et des mesures qui ne
vont qu'aggraver la crise - Pierre
Chénier
• La participation
citoyenne à la lutte contre
la pandémie - Normand Chouinard
• Des revendications
importantes des
travailleurs et travailleuses de première ligne pour
affronter la
deuxième vague - Entrevue avec
Marjolaine Aubé
À titre d'information
• Nouveau
décret ministériel et utilisation des
forces policières au Québec
Journée
d'action du 8 octobre pour les
soins de longue durée en Ontario -
Steve Rutchinski - La Journée d'action
de l'Ontario pour les soins de
longue durée (SLD) organisée par la Coalition
ontarienne de la Santé,
les organisations de soins de première ligne et de
défense des droits
des aînés a lieu le jeudi 8 octobre. Elle
vise à améliorer les
soins dans les centres de soins de longue durée et
à mettre fin aux
soins de longue durée privatisés
dispensés pour le profit. Dix-neuf
villes ont maintenant annoncé un total de 21
événements. À
Toronto, la caravane de voitures se mettra en route
dès 9 h 30 à
Queen's Park et une conférence de presse aura lieu
à 9 h 45. Pour
tous les autres sites et heures de départ, consulter le
calendrier
d'événements. La
pandémie de la COVID a jeté une
lumière crue sur
plusieurs aspects de notre société, de sorte
qu'il est impossible pour
un être pensant de vouloir retourner à la vieille
normalité. Et au
moment où le Canada entre dans une deuxième
vague, une des choses qui
ressort est à quel point la gestion de la situation est
irrationnelle. Qui
aurait même osé penser que les mêmes
monopoles de SLD qui exploitent
ces établissements pour le profit et sont responsables du
décès de tant
d'aînés et de travailleurs en soins de
santé de première ligne seraient
récompensés en recevant plus d'argent du
gouvernement, en notre nom,
pour régler des problèmes qu'ils n'ont pas
réglés en plus de deux
décennies ? Qui aurait
osé imaginer qu'au septième
mois de cette pandémie, les tests et le dépistage
des
transmissions possibles seraient en si grand désarroi, que
les
travailleurs de la santé n'auraient toujours pas
l'équipement de protection individuelle (ÉPI)
nécessaire, que les écoles seraient rouvertes
sans aucune
mesure de distanciation physique dans les classes ou le transport des
élèves de la maison à
l'école et de
l'école à la maison ? Ou que les
hôpitaux
décideraient de mettre à pied du personnel
infirmier afin
d'équilibrer leurs budgets ! Pour
toute personne pensante, tout cela est
irrationnel ! Comment se peut-il que des travailleurs de la
santé
en première ligne, qui ont tout donné, puissent
devenir la cible de
décrets en conseil et d'arrêtés
ministériels qui annulent leurs droits
et leurs conventions collectives ? Comment est-ce possible que
des
travailleurs migrants, des étudiants étrangers et
d'autres sont
reconnus comme faisant un travail essentiel au fonctionnement de la
société canadienne mais, en même temps,
se font refuser un statut et
des droits ici ? Comment est-ce possible que les normes de
soins
pour les aînés préconisées
par les infirmières autorisées et d'autres
soignants de première ligne puissent être
simplement ignorées, ou que
des tribunaux et d'autres instances quasi-judiciaires puissent rejeter
du revers de la main les appels interjetés par les syndicats
des
enseignants et des éducateurs pour forcer les gouvernements
à mettre en
oeuvre dans nos écoles les normes établies par
les départements de la
Santé publique ? Tout cela vise
à empêcher les travailleurs d'être
partie
prenante des décisions qui affectent leur vie et
à réduire au silence
le rejet des stratagèmes néolibéraux,
de privatisation et pour payer
les riches qui ont désarmé la
société et préparé le
terrain pour ce qui
se passe aujourd'hui. À
mesure que la deuxième vague se propage, les
autorités gouvernementales
blâment le peuple parce que celui-ci ne prendrait pas au
sérieux le
respect des « bulles »
sécuritaires, blâment les jeunes parce
qu'ils feraient trop la fête, etc. Personne parmi elles ne
reconnaîtra
que la recrudescence pourrait être liée au fait
que les gens sont
retournés au travail, parce que s'ils devaient
reconnaître que les
contacts au travail pourraient être un facteur, alors ils
ouvriraient
la porte à des demandes d'indemnisation. Personne ne
reconnaîtra que le
va et vient entre le travail et la maison en empruntant le transport en
commun pourrait être un facteur ou que le fait de faire
voyager les
jeunes en autobus scolaire selon les «
vieilles » normes ou de
refuser de réduire la taille des classes à des
nombres raisonnables
pourraient être un facteur. De telles
mesures requièrent des investissements publics
et non des subsides aux riches. Elles requièrent la
mobilisation de la
participation active du corps politique pour résoudre ces
problèmes.
Mais l'autorité publique n'a manifestement pas
mobilisé le plein poids
de la société et de ses ressources pour maintenir
le peuple en sécurité
et pour élaborer comment repartir les activités
en toute sécurité, dans
le contexte de la pandémie. La pandémie de la
COVID a, en effet, mis en
évidence un grand nombre de choses, une des plus importantes
étant la
nécessité d'une autorité publique
crédible.
Tout en oeuvre pour
la Journée
d'action de l'Ontario pour les soins de longue durée !
Luttons pour les droits de nos
aînés et de notre
personnel soignant de première ligne !
Aussi incroyable que cela puisse paraître, des
hôpitaux ontariens mettent à pied du personnel
infirmier
afin de pouvoir équilibrer leurs budgets ! Ces
mesures sont
prises alors que le gouvernement ontarien, avec sa Loi 195,
s'est
donné le pouvoir d'annuler les conventions collectives des
travailleurs de la santé en première ligne, sous
prétexte que des mesures extraordinaires sont requises en
raison
de circonstances extraordinaires. De toute évidence, ces
mesures
ne comprennent pas le financement adéquat des
hôpitaux.
Voici seulement quelques-unes des annonces de mises à pied
dans
les hôpitaux : Le 11
septembre, Lakeridge Health, qui comprend les cinq hôpitaux
de la
région de Durham (dont ceux d'Oshawa, Pickering et Whitby) a
informé
l'Association des infirmières et infirmiers de l'Ontario
(AIIO) qu'il
supprimait huit postes d'infirmières autorisées
à temps plein et six
postes à temps partiel. La présidente de l'AIIO,
Vicki McKenna, a
dit : « C'est tout à fait scandaleux ce
qu'ont décidé de faire les
gestionnaires pour équilibrer le budget, et les
résidents de la région
de Durham, qui dépendent de Lakeridge pour leurs soins de
santé,
doivent être très inquiets. »
Les hôpitaux de Hamilton vont faire des coupures
de 42 millions de dollars cette année, et il doit y
en avoir
d'autres, afin de respecter les cibles de dépenses
provinciales
pour 2023. « Il ne reste plus rien à
couper », a dit Dave
Murphy, président de la section locale 7800 du
Syndicat canadien
de la fonction publique, qui
représente 3 500 membres du
personnel aux Sciences de la Santé de Hamilton (HHS). Cet
établissement
connaît un taux d'occupation de plus
de 100 % depuis le mois
d'août 2016. Le Centre de
santé régionale Southlake à Newmarket
compte mettre à pied 97 infirmières
autorisées. Ceci représente
une coupure de plus de 176 000 heures de soins
directs aux
patients, selon un communiqué de presse du 22
septembre de l'AIIO.
La présidente de l'unité de
négociation de l'Association, Jill Moor, a
dit : « Les infirmières travaillent dans
des conditions de pénurie
de personnel, mais une de nos plus grandes préoccupations
est notre
capacité de faire face à une augmentation
soudaine de patients. Lorsque
le nombre de nos patients augmente, comme on le voit habituellement en
temps de pandémie, nous n'avons souvent pas assez de
personnel pour
dispenser des soins de qualité aux patients, encore moins
pour essayer
de servir une population qui croît à vue d'oeil.
Ce qui est le plus
inquiétant, c'est que l'employeur a annoncé que
ces 97 mises à
pied font partie d'un scénario optimiste. Je n'ose pas
imaginer
l'impact que de nouvelles mises à pied auront sur les soins
aux
patients. » La directrice
exécutive de la Coalition ontarienne de la
santé, Natalie Mehra, a dit dans une déclaration
publiée le 2
octobre : « Les hôpitaux rapportent
partout en Ontario qu'on leur
a promis que leurs coûts extraordinaires liés
à la pandémie vont être
couverts, mais qu'une grande partie de l'argent ne leur a pas encore
été versée. Les hôpitaux
locaux rapportent des déficits, certains ont
recours aux mises à pied, d'autres puisent à
même leurs réserves de
trésorerie. » Elle a ajouté
que « les hôpitaux ont fermé des
milliers de lits alors même qu'ils étaient en
proie à un surpeuplement
accru. [...] La Coalition ontarienne de la santé appelle le
gouvernement Ford à financer les hôpitaux et
à verser l'argent
nécessaire afin de stabiliser la situation et de
développer la capacité
dont nous avons besoin. »
Nouveaux
décrets du gouvernement du Québec
au nom du contrôle de la pandémie -
Pierre Chénier - Le 30
septembre, le gouvernement du Québec a émis
un décret (voir l'article d'information ci-dessous) qui
comprend de
nouvelles mesures visant à enrayer la propagation de la
COVID-19. Les
données récentes révèlent
des éclosions à l'échelle du
Québec et une
augmentation des cas d'infections dans toutes les régions.
Les
hospitalisations et les décès sont
également en hausse. Le nombre
quotidien de nouveaux cas d'infection est passé
de 799 le 28
septembre à 1191 le 4 octobre. Les
hospitalisations liées à
la COVID-19 sont passées de 247
à 361 pendant la même
période. On a rapporté 44
décès entre le 28 septembre et
le 4 octobre. Dans la période du 1er juin
au 15 septembre, le
nombre quotidien de nouvelles infections était en dessous
de 300. Le gouvernement du
Québec affirme faire appel à la «
conscience » et au « sens des
responsabilités » des
Québécois
pour mettre en oeuvre le décret et prévenir une
plus vaste propagation
de la maladie. Cependant, d'un même souffle, il
blâme ce qu'il appelle
un relâchement d'un plus grand nombre de gens, en particulier
les
jeunes qui font la fête, pour la recrudescence des cas.
Le décret introduit de nouveaux pouvoirs de police,
mais
le premier ministre affirme qu'il n'y aura pas de chasse aux
sorcières.
Les rassemblements en public sont bannis alors que le gouvernement et
les ministres peuvent faire tout ce qu'ils veulent en toute
impunité en
autant qu'ils le font au nom de la « protection de la
santé de la
population ». En plus,
ces décrets, ces arrêtés
ministériels et ces
pouvoirs spéciaux sont utilisés pour attaquer les
travailleurs de
première ligne de la santé, les faire taire et
écarter les nombreuses
propositions qu'ils ont faites pour atténuer et surmonter la
crise.
Loin d'écouter leur voix et leurs propositions,
l'État s'est donné le
pouvoir d'annuler leurs conventions collectives
négociées pour que
leurs conditions de travail puissent être changées
à volonté. Les conditions de
travail déjà intenables, exacerbées
par la pandémie, ont mené à des
démissions massives dans la santé et
les services sociaux, ce qui a rendu la lutte contre la
pandémie encore
plus difficile. En fait, la pandémie a
été utilisée pour restructurer
l'État davantage, intensifier l'offensive antisociale pour
détruire les
institutions de la société civile qui
fournissaient un certain espace
pour que les gens interviennent, et les remplacer par le pouvoir sans
partage de l'élite dirigeante et de l'exécutif
gouvernemental. Pendant ce temps, le
dépistage de la COVID-19 et le traçage
sont dans un état de chaos à l'échelle
du Québec. Les écoles ont
été
rouvertes sans que soit respecté le guide pourtant
constamment évoqué
par le gouvernement d'une distanciation physique de deux
mètres. La
Cour supérieure vient tout juste de rejeter la demande de la
Fédération
autonome de l'enseignement d'une injonction provisoire pour forcer le
gouvernement à informer la Fédération
et les Québécois de son plan de
dépistage accéléré de la
COVID-19 dans le système scolaire. Un tel plan
n'existe pas ! Et on est censé croire qu'un
gouvernement de
pouvoirs de police et le déploiement des forces
policières vont
résoudre ces problèmes ! Premier
ministre Legault, la « conscience » et la
«
responsabilité » ne flottent pas dans les
airs. Elles sont
incarnées dans des institutions, dans des processus qui
existent dans
le monde réel et peuvent être utilisés
pour réaliser l'objectif que
s'est donné la société de garantir le
bien-être de tous et de toutes,
particulièrement en temps de crise. Les décrets
ne vont pas enrayer la
propagation de la maladie. Les mesures policières
n'inculquent pas la
conscience sociale. Ce sont la responsabilité sociale et la
mobilisation du peuple par le biais de ses collectifs et de ses
organisations qui peuvent le faire et c'est
précisément ce que les
travailleurs et le peuple font depuis le tout début de la
crise. C'est
cela qu'il faut intensifier et l'État doit appuyer cet
effort.
-
Normand Chouinard - Il y a en ce moment des
dizaines de milliers
d'enseignants qui se battent tous les jours pour garantir leur
sécurité
et celle de leurs élèves, mais le gouvernement
les empêche de pouvoir
décider de la marche à suivre. Dans le
système de santé, des dizaines
de milliers de travailleurs mettent leur vie en jeu pour soigner la
population et trouver des solutions à la crise. Le
gouvernement répond
par des arrêtés ministériels pour
garder le contrôle des décisions. Il
y a en ce moment des centaines de milliers de travailleurs industriels
qui luttent pour conserver les mesures qu'ils ont mises en place pour
se protéger, mais la direction des entreprises veut garder
la prise de
décision dans les mains des monopoles. Ceux-ci bloquent
carrément la
marche des travailleurs et leur enlèvent toute initiative.
La grande
masse des jeunes ne demandent pas mieux que d'être
responsables
vis-à-vis la société, et encore une
fois on leur enlève ce droit. Les
institutions démocratiques libérales
rongées par la
crise ont créé une situation où les
gouvernements et les partis cartels
en position de responsabilité publique empêchent
l'activation du
facteur humain/conscience sociale. Ils ne sont pas en poste pour
garantir que les mesures
adoptées sont socialement responsables. Ils ne
décident de rien, ils
sont paralysés par
l'inaction et la considération que la vie humaine est
sacrée leur
échappe totalement. Les
pouvoirs de police ne régleront pas le problème.
De
nouvelles formes sociales doivent être
créées pour que les travailleurs puissent
résoudre la situation à leur
avantage : des comités de citoyens dans les quartiers
où les gens
vivent et travaillent, dans lesquels ce sont les citoyens
eux-mêmes qui
prennent les décisions et élaborent ce qui peut
être fait pour assurer
leur mise en oeuvre.
Dans les centres de personnes âgées, là
où c'est possible, des
assemblées générales avec
distanciation doivent avoir lieu afin que les
personnes âgées soient mobilisées dans
la prise de décision.
Dans les endroits de travail, les comités de
santé et sécurité doivent
être élargis pour favoriser la discussion sur les
mesures à prendre au
travail et également dans la société.
Le peuple a besoin de
gouvernements qui considèrent comme leur devoir de garantir
que les
entreprises coopèrent.
Les jeunes désirent ardemment être
mobilisés directement en tant que
bénévoles de toutes sortes de
manières, dans leurs écoles et dans leurs
quartiers. On peut leur donner des responsabilités pour leur
inculquer
de manière pratique l'importance de la
sécurité publique.
D'autres mesures dans ce sens peuvent être
élaborées. Nous avons besoin
de gouvernements qui appuient toutes ces choses et financent le
processus par lequel les différents niveaux de la fonction
publique
sont mis à la disposition du peuple pour qu'il puisse
s'organiser. Nous
avons besoin de gouvernements qui facilitent ces projets de
mobilisation à l'échelle du Québec
pour combattre la pandémie.
Voilà ce que le gouvernement devrait faire au lieu de mettre
de l'avant
de nouvelles mesures policières. Si le gouvernement ne veut
pas nous
aider là-dessus, et bien, la classe ouvrière et
le peuple, les jeunes,
ont la responsabilité de le faire eux-mêmes.
-
Entrevue avec Marjolaine Aubé - Marjolaine
Aubé est la présidente du
Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS (Centre
intégré de santé et de services
sociaux) de
Laval-CSN. Les membres du syndicat font partie du personnel qui a
vécu
la
tragédie du Centre d'hébergement de soins de
longue
durée (CHSLD) de Sainte-Dorothée à
Laval dans
laquelle 101 résidents sont morts pendant la
première vague de la pandémie. L'entretien a
porté
principalement sur les revendications que le syndicat a mis de l'avant,
dès le début des éclosions au CHSLD,
pour
défendre la santé et la
sécurité des
patients et du personnel, pour faire face à l'urgence de
la situation et assurer que de telles tragédies ne se
reproduisent jamais plus. Forum
ouvrier : Peux-tu nous dire
combien de membres tu représentes et quel travail ils font
au CISSS de
Laval. Marjolaine Aubé
: Je représente 4200
membres qui font partie des catégories 2 et 3 au
CISSS de Laval.
La catégorie 2 comprend les
préposés aux bénéficiaires,
les gens
de l'entretien ménager, le personnel des cuisines, les
ouvriers
spécialisés, ce qu'on appelle le personnel
paratechnique. La
catégorie 3 est tout ce qui est personnel de
bureau,
administratif, informatique. Notre CISSS comprend 29
établissements sur toute l'île de Laval. Nous
avons toutes les missions
du réseau de la santé et des services sociaux
sauf la mission
universitaire. Nous avons la mission hospitalière, CHSLD,
CLSC (Centres
locaux de services communautaires), Centre-jeunesse, Centre de
réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI),
et la mission
réadaptation. FO :
Dès le début de la pandémie, le
syndicat s'est fait connaître par ses revendications pour
faire face à
la COVID-19. Peux-tu nous en dire plus ? MA :
Notre
principale revendication à l'heure actuelle, c'est d'avoir
au niveau local l'équipement nécessaire pour nous
protéger, nommément le masque N-95. Nous le
revendiquons
pour toutes les zones rouges (zones où sont les personnes
infectées à la COVID-19) de nos
établissements. Nous le revendiquons en
intersyndical pour tout le CISSS. Le N95 est offert
présentement
exclusivement à ceux qui travaillent à des
endroits comme
les soins intensifs ou à l'urgence. Pourtant, de nombreuses
études ont démontré que la
transmission de
COVID-19 par aérosols (voie aérienne) est aussi
possible.
C'est surtout le cas si tu mets les patients atteints de la COVID dans
une aire commune et que nos systèmes d'aération
ne
permettent pas d'évacuer correctement les particules du
virus.
Nous voulons être équipés correctement
pour ne pas
nous infecter et ne pas infecter nos patients. Nous revendiquons aussi
ce qu'on appelle le « fit test », qui est
un test
d'étanchéité lors du port du masque,
pour tous
ceux qui travaillent dans les zones chaudes, parce qu'il existe
plusieurs sortes de masques N95. Pour l'instant, l'employeur a
répondu par la négative à cette
revendication.
Nous avons interpellé la Commission des normes, de
l'équité, de la santé et de la
sécurité du travail (CNESST) pour qu'elle
remédie
à cette situation. En ce qui concerne
nos autres revendications, elles ont
été acceptées par l'employeur et notre
travail à l'heure actuelle est
d'assurer leur pleine mise en application. Dans tous les cas, en
présentant notre revendication à l'employeur,
nous nous sommes assurés
d'interpeller également le ministère de la
Santé et des Services
sociaux. Notre première revendication,
au jour un de la crise, a
été le dépistage de tous les patients
et de tous les employés de nos
CHSLD. Au début l'employeur ne voulait pas mettre en oeuvre
cette
mesure. Il n'y avait pas de dépistage si la personne n'avait
pas de
symptômes de la COVID-19 ou n'avait pas voyagé
à l'étranger. Le
personnel devait travailler même s'il avait des
symptômes, et sans
équipement de protection. Nous avons fini par
prévaloir, et c'est une
fois que le dépistage a été fait qu'on
s'est aperçu que le CHSLD de
Sainte-Dorothée était contaminé de
bord en bord. Par la suite, au mois
de mai, le gouvernement du Québec a instauré un
dépistage systématique
de tous les employés, sur une base volontaire, dans tous les
CHSLD du
Québec.
Les
travailleurs du CHSLD à Sainte-Dorothée
rendent hommage, le 15 juillet 2020, aux travailleurs et
résidents qui
sont morts de la COVID-19 durant la première vague de la
pandémie. |
Dès le début
également, nous avons revendiqué
l'arrêt du
déplacement du personnel inter-établissement.
Nous avons aussi demandé
l'arrêt du déplacement entre les
étages, pour qu'on ne se promène plus
d'une zone verte (où les patients ne sont pas
infectés à la COVID-19) à
une zone rouge. Nous avons aussi
revendiqué que l'employeur confirme les
gens à temps complet sur le poste qu'ils occupent, afin
qu'ils n'aient
pas un manque à gagner lorsqu'ils sont limités
à une place de travail.
Il faut se rappeler qu'au début, 20 %
seulement des postes de
préposés aux bénéficiaires
étaient à temps plein, tous les autres
postes étaient précaires Nous avons fait des
gains importants à ce
sujet, et nous avons également obtenu une interdiction de
créer des
équipes volantes partout au Québec pour les
préposés aux bénéficiaires.
Vous pouvez vous imaginer à quel point il est difficile pour
la santé
publique de faire une enquête en cas d'éclosion si
le travailleur était
sur une équipe volante, à quel point c'est
difficile de savoir comment
l'éclosion s'est produite, de retracer les contacts de la
personne, etc. En ce qui concerne les
équipements de protection
individuelle (ÉPI), nous avons obtenu certaines choses. Nous
avons
demandé le pairage. Par exemple, nous avons obtenu que si
deux
personnes travaillent ensemble, dans les périodes de pause,
un membre
du personnel s'assure que l'autre personne retire son ÉPI de
façon
sécuritaire. Et ceci s'applique à toute personne
qui met le pied dans
une zone rouge. Cela s'applique par exemple au personnel de l'entretien
ménager, pas seulement au personnel infirmier ou aux
préposés. Par notre travail
nous avons contribué à la mise sur
pied en juin d'un comité mixte post-pandémie qui
comprend, outre les
représentants de nos trois syndicats, des
représentants de la direction
de plusieurs établissements, pour que tout le monde se
parle. Nos
revendications, sauf celle sur l'équipement de
sécurité, ont été
acceptées en juillet. Les décisions ont
commencé à être mises en
application. Cela prend du temps, il y a beaucoup de paliers de prises
de décision, beaucoup de hiérarchie. Mais on peut
dire que nous avons
maintenant un plan au niveau local, qui n'est pas encore
complètement
actualisé, mais nous sommes en marche. Pour
y arriver, nous avons fait plus de 150
interventions publiques dans les médias pour qu'on nous
écoute. Nous
avons aussi revendiqué l'aide du ministère. Il
est certain que le ton a
changé dans notre CISSS à cause de notre travail.
En ce moment, les éclosions de la COVID-19 se
multiplient partout, y compris à Laval. Nous sommes dans la
deuxième
vague. Il faut que tout le monde prenne les précautions
nécessaires,
notamment le port du masque. Refuser de porter le masque, c'est risquer
de devenir notre patient, que ce soit la personne qui ne le porte pas
ou une personne avec qui elle est en contact. On ne veut pas revivre la
crise de la première vague. C'est pour cela que nous avons
mis de
l'avant toutes ces revendications et que nous travaillons à
ce qu'elles
soient mises en application.
À titre
d'information
Alors que les cas de COVID-19 augmentent au Québec et
que le nombre de morts augmente à nouveau, le gouvernement
du Québec a
annoncé un nouveau décret le 30
septembre qui est entré en vigueur
le 1er octobre[1].
Il est
basé sur les arrêtés
ministériels précédents qui donnaient
plein
pouvoir au gouvernement ou au ministre de la Santé et des
Services
sociaux d'ordonner toute mesure nécessaire au nom de la
protection de
la santé de la population. Les décrets et les
arrêtés accordent
également une impunité totale au gouvernement et
au ministre dans
l'exercice de ces pouvoirs. Les mesures prescrites
dépendent du taux d'infection à
la COVID. Le Québec est divisé à cette
fin en 18 zones[2],
chacune ayant un palier «
d'alerte » correspondant, allant de 1
à 4, 4 étant le
maximum. À compter du 1er octobre,
Montréal, Laval, la Montérégie,
Chaudière-Appalaches, la capitale nationale et
Lanaudière sont les
régions qui se situent entièrement ou
partiellement au palier 4. Les principales
mesures en vigueur dans les régions de
palier 4 incluent : - Aucun
visiteur dans les maisons privées et les
chalets, sauf dans le cas des personnes vivant seules qui peuvent avoir
un visiteur (les aides-soignants, les personnes de métier
qui
effectuent des travaux peuvent entrer dans les maisons
privées, un à la
fois) - Les activités
organisées dans un lieu public sont
interdites, à l'exception des lieux de culte et de
funérailles, où une
limite de 25 personnes est en vigueur et un registre doit
être
tenu. - Les manifestations sont
autorisées, mais le port d'un
masque ou d'un couvre-visage est obligatoire en tout temps. -
Voyager à l'extérieur du Québec n'est
pas recommandé.
Les déplacements interrégionaux ne sont pas
recommandés entre des zones
de classement différent de niveau d'alerte, sauf pour les
déplacements
essentiels, les étudiants, les travailleurs, la garde
partagée et le
transport de marchandises. Les règles qui s'appliquent aux
résidents
d'une zone demeurent en vigueur lorsqu'ils se déplacent dans
une autre
zone. - Les salles de réunion publiques,
ainsi que les
auditoriums, cinémas, théâtres et
musées sont fermés. Les bibliothèques
autres que celles des établissements d'enseignement sont
fermées, à
l'exception des comptoirs de prêt. - Les
restaurants sont fermés sauf pour les
livraisons, les plats à emporter et les commandes au volant
tandis que les bars, brasseries, tavernes et casinos sont
fermés. Les microbrasseries et distilleries sont
fermées
à la consommation d'aliments ou de boissons sur place.
Les mesures de confinement sont moins restrictives dans
les régions de paliers d'alerte un, deux et trois.
L'appel aux forces policières pour faire
respecter le
décret
En annonçant le décret en conférence
de presse
le 30 septembre, le premier ministre Legault et la ministre de
la
Sécurité publique et vice-première
ministre, Geneviève Guilbault, ont
expliqué que les nouvelles restrictions sont en vigueur
pour 28
jours, à partir de minuit le 1er octobre.
Cependant, le décret
lui-même ne comprend aucune date d'expiration pour les
mesures
annoncées et les pouvoirs exceptionnels
conférés au gouvernement ou au
ministre de la Santé et des Services sociaux. En
ce qui a trait aux domiciles, Legault a dit que « les
policiers vont pouvoir obtenir un télémandat
rapidement, d'un juge, et
là, ça veut dire le soir
même », qui va leur permettre d'entrer
dans une maison. Si une violation est observée, les
personnes seront
invitées à se conformer, et dans un tel cas
l'objectif du règlement
aura été atteint. Des contraventions
jusqu'à 1 000 $
peuvent être émises « sur
place » en cas de non-conformité.
Quant aux rassemblements à l'extérieur,
il a dit « À
partir de minuit [1er octobre], ça va être tous
les rassemblements qui
vont être interdits. Donc, ce qu'on a demandé aux
policiers, c'est
d'abord de disperser les gens, donc les inviter à cesser
d'être
rassemblés. Mais, s'il y a des personnes qui refusent de
collaborer,
bien, ils vont pouvoir aussi recevoir une
contravention. » En ce qui a
trait aux manifestations, il a dit : «
pour les manifestants, comme j'ai dit lundi, porter un masque devient
obligatoire. Ceux qui refusent de se conformer aux règles
peuvent aussi
recevoir une contravention de 1 000 $. Puis,
encore là,
les policiers vont avoir des constats portatifs pour être
capables de
donner rapidement des contraventions. » Notes
1. Pour lire
l'arrêté
ministériel 1020-2020, du 30
septembre 2020 du
gouvernement du Québec cliquer
ici 2. Pour la carte des paliers
d'alerte de COVID-19 par région, cliquer
ici.
(Pour
voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de l'article.) PDF
NUMÉROS
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