Numéro 42 - 18 juin 2020
Un statut pour tous !
Le Réseau des droits des migrants lance une
campagne pancanadienne
• Le
gouvernement mexicain freine l'arrivée de
travailleurs étrangers temporaires au Canada
• Déclaration de l'Union
nationale des fermiers-Ontario
• Éclosion du coronavirus
parmi les travailleurs étrangers agricoles
temporaires au Québec
La situation
des travailleurs de première ligne durant la
pandémie
• Les besoins urgents des
paramédics de l'Ontario en équipement de
protection adéquat - Entrevue, Jason
Fraser, président, comité ambulancier de
l'Ontario du Syndicat canadien de la fonction
publique (SCFP)
• Les syndicats québécois
de la santé demandent une préparation pour une
deuxième vague de la pandémie
Un statut pour tous !
Le dimanche 14 juin, le Réseau des droits
des migrants (Migrant Rights Network) a été l'hôte
d'un rassemblement en ligne pancanadien historique
qui a lancé une campagne pour amener le
gouvernement canadien à régulariser le statut et
reconnaître les droits de tous les travailleurs
migrants. Cet appel vise à mettre fin au système
de trafic des êtres humains parrainé par l'État
canadien qui cible les travailleurs migrants, les
sans-papiers et les réfugiés.
Plus de 700 personnes
se sont inscrites au forum en anglais dimanche
après-midi. La rencontre virtuelle a ensuite eu
lieu en espagnol le même jour. Beaucoup d'autres
personnes ont regardé l'événement en rediffusion
sur les médias sociaux et au moins 40
organisations de défense des droits ont appuyé
formellement l'appel. Ce rassemblement en ligne a
mis en lumière de manière frappante la lutte que
mènent les sections les plus vulnérables de la
classe ouvrière canadienne qui se dressent pour
affirmer leurs droits en tant que travailleurs et
en tant qu'êtres humains. Cette lutte et cette
cause appartiennent à la classe ouvrière et au
peuple canadien dans son ensemble.
Le rassemblement en ligne du 14 juin a débuté par
la reconnaissance par les travailleurs migrants
que la terre sur laquelle ils sont venus
travailler est une terre volée, où la
souveraineté autochtone n'est pas reconnue par les
mêmes autorités qui nient les droits des migrants,
où les disparitions et les assassinats des femmes
autochtones sont communs et où les autochtones
sont emprisonnés et tués par la police.
L'hôte a souligné qu'en réponse à la déclaration
du premier ministre Justin Trudeau que « le Canada
doit faire mieux », les travailleurs migrants
lui disent: « Fais-le maintenant et assure un
statut complet à tous. » L'injustice raciale et
les droits des migrants, a-t-elle dit, sont un
enjeu pour la classe ouvrière et le peuple
canadien dans son ensemble. Elle a ajouté que le
rétablissement de la pandémie de la COVID-19 ne
peut être intégral sans un statut complet
d'immigration pour tous, afin que les enfants des
migrants aient accès à l'éducation et aux soins de
santé, que les familles ouvrières migrantes soient
réunies et que cesse la discrimination systémique
dans les salaires et les conditions de vie de ces
travailleurs les plus vulnérables. Il faut
régulariser la situation de tout travailleur sans
statut, a-t-elle dit. Elle a lancé l'appel à tous
d'inviter quiconque n'est pas encore membre d'une
organisation de défense des droits à le devenir
afin de participer à cette lutte.
Voici un résumé des interventions qui ont été
faites par ceux qui ont pris la parole à la
défense de leurs droits.
Centre d'action des proches aidants de Toronto
Winnie a dit que, comme
tant d'autres, elle est venue au Canada pour
prendre soin des familles canadiennes, des
enfants, des personnes malades, de nous tous. «
Nous sommes des aidants. Nous vivons avec votre
famille, nous préparons vos enfants pour l'avenir.
Nous travaillons de longues heures et pourtant
nous sommes très mal payées et parfois même pas
payées pour nos nombreuses heures
supplémentaires. » Elle vit séparée de sa
famille depuis six ans. « Nous sommes obligées de
demeurer dans la maison de nos employeurs, même
quand nous ne travaillons pas. Si nous quittons la
maison, nous sommes congédiées. Nous sommes comme
des esclaves. Quand j'ai quitté mon emploi, je
n'avais pas d'argent et pas de place où aller
vivre. Mon employeur m'a très mal traitée et
plusieurs aidants ont vécu la même chose. Mais
j'ai été forte et j'ai défendu mes droits et
obtenu de l'aide des organisations d'appui aux
travailleurs migrants. Nous demandons un statut
maintenant. Nous voulons un statut sans
préconditions de langue, d'éducation ou autre.
Nous sommes des femmes de couleur. Nous sommes des
travailleuses essentielles. Nous sommes en deuil
en ce moment. Deux travailleurs migrants sont
morts au cours des dernières semaines. Nous ne
sommes pas venues au Canada pour y mourir. Nous
sommes venues travailler et appuyer nos familles.
Nous n'allons plus travailler et vivre dans la
peur. Nous ne demandons pas un traitement spécial.
Aujourd'hui, nous demandons un statut pour tous.
Nous exigeons nos droits. Joignez-vous à
nous ! »
Un travailleur agricole jamaïcain du Niagara en
Ontario
Claude a dit qu'il fait partie
des 60 000 travailleurs agricoles
migrants au pays. Il travaille dans la région
vinicole et productrice de fruits de Niagara, dans
le sud de l'Ontario. « J'ai dû me séparer de ma
famille pour venir produire des aliments pour
vous. Nous occupons les pires emplois, les emplois
les plus dangereux. Notre santé et notre sécurité
sont en danger. Deux travailleurs agricoles sont
morts de la COVID-19. Nous sommes venus au Canada
en quête d'une vie meilleure, pas pour mourir. Il
ne doit plus y avoir de morts ! Le Canada prétend
être un pays qui a à coeur la famille. Nous devons
être réunis avec nos familles. Nous voulons les
amener ici avec nous. Nous voulons un statut
complet. »
Une travailleuse dans les serres du Niagara
Blanca travaille dans les serres dans la région
du Niagara. Elle travaille au Canada
depuis 18 ans. « Mon mari est décédé
en 1990, a-t-elle dit, à cause de ces
conditions. Le gouvernement canadien devrait nous
accorder le statut de résident permanent en tant
que travailleurs migrants en reconnaissance de
l'important travail que nous faisons, à la mémoire
de mon mari et d'autres (Blanca a lu les noms des
travailleurs agricoles migrants décédés au
Canada). Nous voulons un statut de résidence
permanente maintenant ! »
Des travailleurs migrants du Mexique
Laura a dit qu'elle a déménagé au Canada avec son
mari et sa très jeune fille il y a cinq ans. «
Nous avons été arnaqués par des gens qui nous ont
pris notre argent et n'ont rien fait pour nous
aider. À cette époque, j'étais enceinte de mon
deuxième enfant. Nous n'avions même pas de refuge.
Un groupe local de soutien aux migrants nous a
aidés. Notre deuxième enfant est né au Canada,
mais se voit tout refuser parce que nous n'avons
pas de statut. Mon mari est un nettoyeur et un
travailleur de la construction. Nous sommes actifs
dans des groupes communautaires et contribuons à
la société canadienne de plusieurs façons. Notre
travail est digne. Il est essentiel à l'économie
canadienne. Le statut permanent pour tous les
travailleurs migrants, les travailleurs agricoles,
les soignants, est une demande tout à fait juste.
Nous croyons fermement que nous avons droit à
toutes les nécessités de base : un logement,
une éducation pour les enfants et un traitement
décent au travail - les mêmes que tout le
monde. »
Migrante Alberta
Evalyn Royo de Migrante Alberta a dit qu'elle est
venue au Canada dans le cadre d'un programme de
travailleurs temporaires. « Nous avons été invités
à venir travailler ici dans des emplois dangereux,
durs et mal payés. Pour un certain nombre de
raisons, plusieurs ont dû prendre la décision de
rester et de continuer à vivre et à travailler ici
sans papiers. De nombreux migrants et en
particulier les sans-papiers n'ont pas de soutien.
C'était le cas avant la COVID-19, mais maintenant
c'est flagrant. En Alberta, de nombreux
travailleurs migrants employés dans la
transformation de la viande, par exemple, doivent
choisir d'aller au travail et risquer une
infection, ou être forcés de rentrer chez eux.
Nous travaillons comme n'importe quel autre
travailleur. Ce sont des emplois permanents, pas
des emplois temporaires. Pourquoi n'avons-nous pas
droit à un statut permanent ? Appuyez l'appel
de notre organisation. Appuyez la demande de
statut pour tous ! »
Un travailleur haïtien sans-papiers vivant à
Montréal
Mamadu est un
travailleur haïtien sans-papiers vivant à
Montréal. « Nous sommes fatigués de vivre dans la
peur d'être arrêtés pour vérification d'identité
dans le métro ; peur de tomber malade ;
peur de perdre notre appartement. C'est pourquoi
je parle aujourd'hui en mon nom et au nom d'autres
comme moi pour dire à Trudeau que nous sommes
fatigués de nous cacher et de vivre dans l'ombre
et de voir des familles divisées par manque de
statut. Nous n'avons pas de soins de santé. Ce
sont des injustices imposées à des personnes sans
statut. La COVID-19 ne nous a pas rendus
essentiels. Nous étions essentiels avant la
COVID-19 et sommes essentiels maintenant.
C'est pourquoi nous exigeons un statut pour
tous. »
Une réfugiée sud-asiatique à Mississauga en
Ontario
Mika est une réfugiée sud-asiatique vivant à
Mississauga. Elle a dit qu'elle avait fait la
demande de statut, mais n'a aucune idée du progrès
de sa demande. Elle a été maltraitée par son mari,
par des avocats spécialisés en immigration, par
les services d'immigration et par la police. «
Mais je ne peux même pas me plaindre, a-t-elle
dit, parce que je n'ai pas de statut. Si j'ai le
statut, je peux me battre pour mes droits. Je ne
suis pas seule. Nous devons être entendus. Nous
avons besoin de votre aide pour lutter pour nos
droits. »
Une étudiante internationale migrante
Rahil a parlé de la situation à laquelle sont
confrontés de nombreux étudiants migrants et
étrangers. « Les étudiants internationaux,
a-t-elle dit, travaillent dans de nombreux
services essentiels, dans des conditions du
tiers-monde, avec des salaires très bas. Nous
sommes maltraités en raison de notre statut
temporaire. Souvent, nous ne pouvons pas trouver
d'emploi, payer notre loyer, payer nos factures.
Mais nous sommes en contact avec d'autres
organisations étudiantes partout au Canada pour
exiger un plein statut pour tous. Nous
continuerons de construire un pouvoir collectif
avec les migrants et d'autres pour lutter pour les
droits fondamentaux. »
Une membre de Migrante Canada à Toronto
Marisol a dit qu'elle était venue au Canada
en 2012. « Aujourd'hui, nous devons vivre
dans l'ombre, nous briser le dos, subir des abus
et l'exploitation au travail. Nous ne sommes pas
des machines. Nous sommes des êtres humains ayant
des besoins et des droits. C'est pourquoi nous,
les travailleurs migrants, les aides-soignants,
les réfugiés, les sans-papiers, voulons un statut
pour tous. Le Canada doit reconnaître nos droits.
Il est grand temps de s'organiser, de s'unir et de
se battre. Que notre voix soit entendue partout au
Canada. Soyons unis, forts et invincibles. Nous
faisons partie de l'épine dorsale de ce pays. Nous
voulons nos droits et nous les voulons
maintenant. »
Forum ouvrier appelle ses lecteurs à
faire leur cette lutte importante. On peut lire le
texte de la déclaration « Full Immigration for
All » (Un statut d'immigration complet pour
tous) en cliquant ici.
Ajoutez
votre nom à la campagne téléphonique pour dire à
votre député local et au premier ministre de
fournir un statut à tous en visitant le site
Web de Migrant Rights Network.
Le rassemblement en ligne a été précédé d'une
caravane de solidarité qui a fait le trajet de
Toronto à Niagara le 13 juin 2020. Elle a tenu des
rassemblements à Hamilton, Beamsville et St.
Catharines. Au bureau de circonscription du député
libéral de St. Catharines, Chris Bittle, des
messages ont été écrits à la craie dans le
stationnement et des pancartes collées sur la
porte demandant un plein statut pour les migrants.
(Migrant Workers Alliance for
Change)
Le 15 juin, l'ambassadeur du Mexique au Canada a
annoncé que son gouvernement n'enverra plus de
travailleurs étrangers temporaires au Canada tant
que la lumière ne sera pas faite sur la mort de
deux travailleurs ayant contracté la COVID-19. Il
s'agit de Bonifacio Eugenio Romero, 31 ans, qui
est mort le 30 mai, et de Rogelio Munoz Santos, 24
ans, qui est mort le 5 juin. Bonifacio travaillait
chez Woodside Greenhouses à Kingsville dans le
comté d'Essex et Rogelio chez Greenhill Produce à
Chatham-Kent.
En entrevue,
son excellence Juan José Gómez Camacho a dit que
ce changement donnera le temps au gouvernement
mexicain de « réévaluer avec les autorités
fédérales, les provinces et les agriculteurs
pourquoi ça s'est produit et s'il y a quoi que ce
soit à corriger ». Son gouvernement veut être
rassuré que la situation peut être contrôlée,
a-t-il dit, avant d'autoriser d'autres
travailleurs à se rendre au Canada. L'ambassadeur
Gómez Camacho a annoncé que, dans l'ensemble du
Canada, 300 Mexicains ont été infectés par le
nouveau coronavirus.
Ce changement a des répercussions pour pas moins
de 5 000 travailleurs étrangers
temporaires qui devaient se rendre au Canada dans
les mois à venir et pour les nombreuses
exploitations agricoles partout au pays où ils
devaient travailler. Les activités y ont déjà été
très touchées par les mesures prises pour contenir
la pandémie qui empêche les opérations normales.
Les travailleurs du Mexique constitueraient près
de la moitié des travailleurs étrangers
temporaires embauchés dans le secteur de
l'agriculture, ce qui en 2018 donnait un
total de 25 060 personnes embauchées sur
les fermes, dans les serres et dans des emplois
connexes.[1]
L'ambassadeur a souligné que des entreprises
agricoles touchées par les éclosions demandent au
Mexique de continuer à leur envoyer des
travailleurs et a dit que « cela ne se fera
pas ». Il a ajouté que la pause ne devrait
être que temporaire, compte tenu du fait que les
agriculteurs ont besoin de travailleurs dans des
périodes précises. Cependant, il a ajouté que les
travailleurs ne seraient pas autorisés à se rendre
au Canada jusqu'à ce que les représentants
canadiens aient accru leur surveillance de
l'application des règles de santé et de sécurité
et garanti que les travailleurs seront payés
pendant leur isolement.
L'ambassadeur a parlé des mesures que le
gouvernement canadien a adoptées pour limiter la
propagation de la COVID-19, dont l'obligation pour
les travailleurs migrants de passer 14 jours en
quarantaine à leur arrivée. Le gouvernement
fédéral a fourni des fonds aux employeurs pour
couvrir 60 heures de paie par travailleur et
défrayer d'autres frais liés à cette quarantaine
initiale de même que l'achat d'équipement de
protection individuelle. Gómez Camacho a dit que
le gouvernement mexicain a travaillé avec les
représentants canadiens pour mettre en place
certaines de ces mesures d'appui, y compris une
disposition prévoyant que les travailleurs soient
rémunérés pendant qu'ils sont en confinement à
leur arrivée au Canada. Comment et si ces mesures
sont mises en application varie d'une province et
d'un endroit de travail à l'autre tandis que les
conditions de travail, et surtout les conditions
de vie, des travailleurs migrants rendent
problématiques, voire impossibles, la
distanciation sociale et de strictes mesures
d'hygiène.
Le gouvernement mexicain a aussi mis sur pied un
programme cette année qui fait en sorte que
seulement les travailleurs demandés nommément par
les fermes et serres canadiennes sont autorisés à
venir ici. L'ambassadeur a dit que plusieurs
travailleurs sont liés à des petites fermes
familiales et ont développé des relations au fil
du temps. La pause pour permettre à plus de
travailleurs de venir est en reconnaissance de ces
relations, a-t-il dit. « Nous le faisons par
solidarité avec le Canada, dit l'ambassadeur. Nous
voulons comprendre le rôle que ces travailleurs
jouent dans votre chaîne agroalimentaire. »
Alors que l'ambassadeur a fait référence aux
petites exploitations agricoles familiales et à la
solidarité avec le Canada en contribuant à
garantir son approvisionnement alimentaire pendant
la pandémie, le gouvernement mexicain sait
également que le Canada compte sur la valeur créée
par ces travailleurs sous la forme d'exportations
agricoles. Dans un communiqué annonçant le départ
du premier contingent de travailleurs de cette
année au début du mois d'avril, le ministère
mexicain des Affaires étrangères a mentionné,
entre autres, que le Canada est le cinquième
exportateur mondial de produits agricoles et que
cela représente une partie centrale de son
économie. En outre, environ les deux tiers des
travailleurs migrants sont employés par de grandes
exploitations agricoles avec des recettes brutes
de plus de 2 millions de dollars par an.
En plus de l'annonce par le gouvernement mexicain
qu'il appelait à un arrêt temporaire des
travailleurs arrivant au Canada, des rapports
indiquent que la Commission nationale mexicaine
des droits humains a lancé une enquête sur la mort
des deux travailleurs et les conditions auxquelles
sont confrontés les travailleurs agricoles
migrants mexicains en Ontario. Elle enquêtera
également sur le manque allégué d'attention des
autorités consulaires mexicaines à l'égard de ces
travailleurs, ce qui pourrait, selon la
Commission, constituer des violations des droits
humains.
Note
1. Statistique Canada
signale que « les travailleurs étrangers
temporaires sont essentiels pour le secteur de
l'agriculture. Au Canada, leur nombre a crû de
manière constante au cours des vingt dernières
années. En 2018, des travailleurs étrangers
temporaires occupaient près de 55 000 emplois dans
l'industrie de l'agriculture au Canada. Ces postes
représentaient 20 % des emplois totaux dans le
secteur de l'agriculture primaire. Même si, en
2018, les travailleurs étrangers temporaires
venaient de près de 100 pays, la majorité d'entre
eux étaient originaires du Mexique (51 %), du
Guatemala (20 %) et de la Jamaïque (18 %). »
Le 30 mai, Bonifacio Eugenio Romero, un
travailleur agricole migrant mexicain de 31
ans, est décédé de la COVID-19. Il a perdu la vie
pour nous nourrir et pour subvenir aux besoins de
sa famille.
L'Union nationale des
fermiers[1]
est atterrée par la mort tragique de Bonifacio
Eugenio Romero. Nous présentons nos plus sincères
condoléances à sa famille, à ses amis et à tous
les travailleurs agricoles essentiels qui risquent
leur santé et leur sécurité pour apporter de la
nourriture aux tables canadiennes tous les jours.
Plus que 400 travailleurs agricoles migrants
ont été testés positifs à la COVID-19 lors
d'épidémies massives dans le sud de l'Ontario. Le
virus se propage parmi les travailleurs migrants
en raison de la surpopulation et de l'insalubrité
des logements et des conditions de travail
dangereuses et / ou une incapacité à identifier et
isoler rapidement les travailleurs infectés.
L'Union nationale des fermiers - Ontario (NFU-O)
craint que tous les agriculteurs ne se conforment
pas à la réglementation gouvernementale concernant
la pandémie. Nous craignons que les inspections
gouvernementales des exploitations agricoles et
des logements des travailleurs migrants soient
effectuées à distance et ne seront pas efficaces
en l'absence d'inspections non annoncées sur le
site. Nous sommes préoccupés par le fait que
certains travailleurs migrants ne reçoivent pas
une information continue et adéquate sur les
protocoles de santé et de sécurité dans la langue
de leur choix.
Les travailleurs agricoles migrants contractent
le virus dans la communauté locale. Ils arrivent
au Canada en bonne santé et respectent le
protocole de quarantaine de 14 jours. Des
mesures de quarantaine non coordonnées
stigmatisent injustement ces travailleurs, même
s'ils ne sont pas à l'origine des éclosions. La
NFU s'oppose aux mesures d'exclusion
discriminatoires qui ciblent les travailleurs
migrants, tels que les cartes d'identité et les
déplacements restreints et interdits à l'intérieur
et à l'extérieur de la ferme. Nous trouvons
répugnant le racisme persistant et systémique que
les travailleurs agricoles migrants éprouvent, y
compris des informations selon lesquelles on leur
refuse l'entrée dans les épiceries locales. Les
travailleurs migrants méritent de vivre et de
travailler dans la sécurité et la dignité.
La NFU a une position de longue date en faveur
des travailleurs migrants. La NFU a contribué aux
demandes de changements réglementaires afin que
les travailleurs migrants puissent changer
d'emploi sans menace d'expulsion, avoir pleinement
accès aux soins de santé et aux autres avantages
sociaux des employés, et obtenir le statut de
résident permanent. Nous sommes solidaires du
Réseau des droits des migrants et de Justice pour
les travailleurs migrants dans leur indignation
face à la mort de Bonifacio Eugenio Romero et
leurs efforts pour améliorer les conditions de
logement, de travail et de statut des travailleurs
migrants.
Note
1. L'Union nationale des
fermiers est une organisation à adhésion directe
composée de familles d'agriculteurs canadiennes
partageant des objectifs communs. Un de ses
objectifs est de « travailler ensemble pour mettre
en place des politiques agricoles qui garantissent
la dignité et la sécurité des revenus des familles
agricoles tout en améliorant les terres pour les
générations futures ». Elle est organisée sur
une base régionale. Chaque région organise un
congrès annuel où des représentants régionaux sont
élus et des résolutions adoptées et discutées par
les membres de la région. Les résolutions adoptées
au niveau régional sont ensuite débattues et
votées lors du Congrès national annuel. Un membre
du conseil d'administration de chacune des régions
assume la responsabilité de coordonnateur
régional.
La NFU s'engage à :
- faire en sorte que les exploitations familiales
constituent la principale unité de production
alimentaire ;
- promouvoir des pratiques agricoles respectueuses
de l'environnement ;
- donner aux agricultrices une voix égale dans
l'élaboration de la politique agricole ;
- travailler pour des prix alimentaires justes
pour les agriculteurs et les consommateurs ;
- impliquer, éduquer et responsabiliser la
jeunesse rurale pour un avenir meilleur ;
- bâtir des communautés rurales saines et
dynamiques ;
- assurer un approvisionnement adéquat en aliments
sains et nutritifs aux Canadiens ;
- bâtir la solidarité avec les agriculteurs
familiaux à l'échelle internationale.
Elle affirme qu'elle est « unique parmi les
organisations agricoles qui travaillent pour les
intérêts des gens contre le contrôle de notre
système alimentaire par les entreprises ».
Le jeudi 11 juin, les médias ont annoncé
qu'il y avait eu une éclosion de la COVID-19 à
Vegpro International[1],
situé dans la ville de Sherrington, dans la région
administrative de la Montérégie dans le sud-ouest
du Québec.
Vegpro International est l'un des plus grands
producteurs maraîchers de l'Amérique du Nord qui
vend notamment des produits prêts-à-laver et
prélavés tels que la laitue de marque Fresh
Attitude.
Le premier cas d'éclosion a été confirmé
le 28 mai, après qu'un travailleur
guatémaltèque eut manifesté des symptômes.
Comme les travailleurs étrangers temporaires de
la ferme partagent des locaux surpeuplés et
plusieurs aires communes, le virus s'est
rapidement propagé. Une porte-parole du Centre
intégré de santé et des services sociaux (CISSSO)
pour la région Montérégie-Centre a annoncé que
d'un total de 23 travailleurs qui ont été
déclarés positifs au virus après un test de
dépistage, 18 sont des travailleurs étrangers
temporaires.
L'éclosion a
ralenti les opérations de la compagnie, qui attend
l'arrivée d'autres travailleurs mexicains, qui
doivent être mis en quarantaine dès leur arrivée.
Le docteur Horacio Arruda, le sous-ministre
adjoint à la Direction de la Santé publique et
directeur de la Santé publique, a dit à la presse
que les protocoles de pandémie devant assurer que
les travailleurs temporaires arrivant au Québec
sont en bonne santé et qu'ils le restent «
recevront une attention particulière dans les
jours qui suivent ».
L'Union des producteurs agricoles du Québec (UPA)
a dit que cette année le Québec avait accueilli
seulement la moitié des travailleurs étrangers
temporaires de ce qu'il accueille d'habitude. Par
exemple, seulement un peu plus de 5 000
travailleurs étrangers temporaires du Guatemala et
du Mexique sont arrivés depuis le début de la
saison sur les 12 660 qu'on attendait.
En date du 11 juin, en fonction des
prédictions, il aurait dû y avoir près
de 10 000 travailleurs étrangers
agricoles au Québec.
Note
1. Vegpro International,
fondé en 1998, affirme être le plus
important maraîcher au Canada. Il distribue ses
produits partout au Canada ainsi que dans le
nord-est des États-Unis. Se spécialisant dans le
lavage et l'emballage des petites laitues,
Vegpro vend aussi une grande variété de légumes
cultivés sur ses terres et il a des champs au
Québec et en Floride. Parmi ses détaillants, il
y a les principales chaînes de distribution
alimentaires dont des géants de l'industrie
comme Walmart, Sobeys, Costco, Metro, IGA, Maxi,
Loblaws, Foodland et Provigo.
La situation des travailleurs de
première ligne durant la pandémie
- Entrevue, Jason Fraser,
président, comité ambulancier de l'Ontario du
Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) -
Forum ouvrier : Quelles sont
les préoccupations principales des paramédics à ce
moment-ci ?
Jason Fraser : Je pense que
nos préoccupations sont très similaires partout au
Canada. Nous sommes confrontés aux mêmes défis -
la pénurie d'équipements de protection
individuelle (ÉPI).
Notre médecin hygiéniste
en chef en Ontario a rétrogradé ce que nous
considérons comme la norme qui est d'utiliser un
masque N95, qui est comme l'étalon-or. Ils l'ont
déclassé, affirmant que le port d'un masque
chirurgical est suffisant pour lutter contre la
COVID-19 et protéger les travailleurs face à une
infection par le virus.
Nous sommes d'avis que les masques chirurgicaux
ne sont pas appropriés. Ça devrait être un N95. Je
dirais que la question des ÉPI est très similaire
à ce qui se passe à travers le pays et dans le
monde. Nous devons être prudents sur la quantité
d'ÉPI que nous portons ou utilisons lors des
appels. Différents services paramédicaux en
Ontario adoptent des approches différentes.
Certains services ont l'approche selon laquelle un
seul ambulancier doit mettre son ÉPI et peut gérer
l'appel en tant que préposé unique, tandis que
l'autre ambulancier reste à 2 mètres en
arrière pour lui venir en aide, afin de conserver
l'ÉPI et de le faire durer plus longtemps. Les
commandes d'équipement n'arrivent pas aussi
rapidement que nous le souhaiterions, c'est
certain. Je n'ai pas entendu parler de personne à
court de matériel pour l'instant, mais il est
certain que les services ont atteint des niveaux
critiques et nous avons dû compter sur la province
pour fournir l'ÉPI. Il y a des mois, la province
ne cessait de répéter qu'elle disposait d'un
approvisionnement suffisant en ÉPI, mais il y a
des pénuries et cela crée une situation difficile
pour les travailleurs.
À notre avis, la raison pour laquelle le médecin
hygiéniste en chef de l'Ontario est passé du N95
aux masques chirurgicaux est uniquement fondée sur
le manque d'ÉPI disponible. Si nous revenons
à 2003, pendant l'épidémie du SRAS, nous
portions des masques N95, des gants et des blouses
à chaque appel. Peu importait la nature de
l'appel. C'était la norme, la meilleure protection
disponible.
Avançons rapidement à 17 ans plus tard, avec
la COVID-19 et le manque d'ÉPI, cette norme est
soudainement rabaissée à des masques chirurgicaux.
Cela n'a tout simplement pas de sens. Nous ne
voulons pas le strict minimum. Nous voulons le
meilleur et le meilleur est le masque N95. Nous ne
devrions pas être forcés de prendre des décisions
en fonction de la disponibilité des équipements
cruciaux. Cet équipement devrait être facilement
disponible. Le gouvernement provincial a eu
amplement le temps de se préparer. Fin décembre,
début janvier, de nombreux indicateurs signalaient
que le virus se dirigeait vers nous, que le
Canada, y compris l'Ontario, n'allait pas pouvoir
échapper au virus. Il avait suffisamment de temps
pour préparer et obtenir un stock de masques N95
et de blouses pour garantir la protection de
chaque travailleur de première ligne. Ils ont
échoué. Ils n'ont pas réussi à planifier
correctement. Nous jouons au rattrapage et nous
courons toujours après le rattrapage. Nous ne
devrions jamais être dans cette position.
L'équipement doit être disponible et chaque
travailleur doit être protégé.
FO : Votre volume d'appels
augmente-t-il maintenant que plus d'endroits
ouvrent en Ontario et que les restrictions de
confinement se relâchent ?
JF : Fin mars, début avril, le
volume des appels avait baissé. Les gens étaient
prudents sur les déplacements à l'hôpital ou
l'utilisation du 911. Ils ont écouté les
conseils du gouvernement de rester à la maison et
de ne sortir que pour des choses essentielles. Le
volume des appels a recommencé à augmenter au
cours des deux dernières semaines, ce qui va nous
mettre encore plus à rude épreuve, rendant encore
plus urgente l'obtention d'ÉPI approprié. La seule
chose qui nous a peut-être sauvé en ce qui
concerne les ÉPI est que le volume des appels
était en baisse. Si notre volume d'appels était
resté au niveau pré-COVID-19, nous aurions eu de
gros ennuis. Cela peut encore se produire alors
que nos volumes d'appels augmentent à mesure que
de plus en plus d'endroits ouvrent et que les
activités de différents types reprennent. Cela
peut varier selon le type d'appels que nous allons
avoir, comme plus de collisions de véhicules à
moteur. Si nos approvisionnements en ÉPI ne
viennent pas, nous pourrions nous retrouver dans
une situation très difficile bientôt. C'est sans
parler d'une deuxième vague, dont nous entendons
parler.
FO : Veux-tu dire quelque
chose en conclusion ?
JF : Nous devons continuer de
faire preuve de diligence à mesure que le
confinement se relâche en Ontario. Nous devons
nous rappeler que le virus est toujours actif.
Nous devons continuer de porter notre ÉPI lors des
appels. Les ambulanciers paramédicaux se rendent
dans différents types d'endroits - entreprises,
foyers, établissements de soins de longue durée —
et entrent et sortent des hôpitaux régulièrement.
Nous ne voulons pas que les ambulanciers soient
des transporteurs du virus. Nous devons considérer
que tout le monde est positif jusqu'à preuve du
contraire et nous protéger en conséquence.
Il y a beaucoup d'inquiétude actuellement parmi
les travailleurs et la population à propos d'une
éventuelle deuxième vague de la COVID-19 au cours
des prochains mois. Les inquiétudes sont élevées à
cause des tragédies terribles qui continuent de se
produire dans ce qu'on appelle la première vague,
en particulier dans le système de santé qui a été
mis à mal par plus de trente ans d'offensive
antisociale des gouvernements successifs au
service d'intérêts privés étroits. Au Québec, le
nombre de décès attribuables à la COVID-19 a
atteint 5 298 au 17 juin, dont plus de 4
700 dans les CHSLD (3 642), les résidences pour
gens âgés et ce qu'on appelle les ressources
intermédiaires (des résidences de groupe, ou des
appartements supervisés pour des gens qui n'ont
pas une pleine autonomie et ont besoin d'aide
quotidienne dans leurs tâches quotidiennes). Une
autre source de préoccupation majeure est
l'opinion exprimée par les cercles dirigeants
qu'il est temps de « rouvrir le Québec » en
trouvant un équilibre entre « l'économie » et
la santé et la sécurité des travailleurs et de la
population. Il s'agit d'une équation fausse et
intéressée pour justifier la poursuite d'une
économie pour payer les riches dans laquelle la
santé et la sécurité des personnes sont
sacrifiées.
Le 8 juin, les syndicats
québécois de la santé ont publié un communiqué de
presse intitulé « Mieux préparer la deuxième vague
dans le réseau de la santé et des services
sociaux ». Les syndicats de la santé sont la
Fédération de la santé et des services sociaux
(FSSS-CSN), la Fédération interprofessionnelle de
la santé du Québec (FIQ), l'Alliance du personnel
professionnel et technique de la santé et des
services sociaux (APTS), la division québécoise du
Syndicat canadien de la fonction publique, la
Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ), le
Syndicat québécois des employées et employés de
services (SQEES-FTQ) et la Fédération des
professionnel(le)s (FP-CSN).
Les syndicats soulignent que « la première phase
de la crise de la COVID-19 a été un échec. En plus
d'avoir coûté la vie à six personnes salariées du
réseau de la santé et des services sociaux, elle a
mis en lumière les lacunes en prévention dans les
milieux de travail, comme en témoigne le fait
que 5000 travailleuses et travailleurs ont
été infecté(e)s. »
Ils affirment que cette situation qui dure depuis
longtemps doit être corrigée en prévision de la
deuxième vague de la COVID-19. Ils identifient
comme l'un des problèmes les plus importants le
manque de prévention face aux maladies
professionnelles et aux accidents du travail qui,
dans le secteur de la santé, sont directement liés
à la santé et à la sécurité des patients et des
résidents des établissements de soins de longue
durée. Ce problème a atteint de nouvelles
proportions dans les conditions de la pandémie,
disent-ils.
Les syndicats déclarent également que dès le
début de la pandémie, les recommandations de
l'Institut national de santé publique du Québec
étaient guidées par le peu d'équipements de
protection individuelle en stock. Ils croient que
les directives en matière de santé varient selon
l'inventaire disponible et affirment que le
gouvernement du Québec a refusé d'informer
correctement les travailleurs sur les inventaires
d'ÉPI disponibles et plusieurs résidences et CHSLD
ont souffert d'un approvisionnement insuffisant.
Ils soulignent également que les exigences
croissantes de mobilité imposées depuis la
restructuration des soins de santé qui ont forcé
de nombreux déplacements du personnel d'un
établissement à l'autre, le recours à la
main-d'oeuvre indépendante des agences de
placement privées et les salaires et les
conditions de travail qui obligent les
travailleurs des établissements de soins de longue
durée à travailler dans plusieurs établissements
pour gagner leur vie ont tous contribué à créer
des conditions favorables à la propagation de la
COVID-19. En plus d'un équipement adéquat,
disent-ils, la stabilité des équipes de soins doit
être une priorité.
Les syndicats présentent les revendications
suivantes qui, selon eux, sont nécessaires pour
rectifier la situation et se préparer adéquatement
à la deuxième vague de la COVID-19 :
« Avoir des données fiables sur le nombre de
membres du personnel infectés par établissement,
par mission, par service, par centre d'activités
et par titre d'emploi pour mieux planifier les
ressources disponibles. »
« Avoir l'heure juste sur l'état des stocks
d'équipements de protection individuelle (ÉPI)
pour assurer un approvisionnement adéquat et le
plus haut niveau de protection pour le personnel
du réseau.
« Avoir des moyens de faire de la prévention sur
le terrain pour limiter le nombre d'infections.
« Appliquer d'urgence l'intégralité des quatre
mécanismes de prévention prévus à la Loi sur la santé et
la sécurité du travail, dans l'ensemble
des établissements du réseau, à commencer par
l'identification d'un représentant à la
prévention. Cette mesure devra être suivie par
l'instauration de programmes de prévention et de
programmes de santé ainsi que la mise sur pied de
comités de santé et sécurité. »
La loi actuelle sur la santé et la sécurité au
travail a été adoptée en 1979. Elle a
notamment divisé arbitrairement les secteurs de
l'économie en secteurs prioritaires et non
prioritaires en termes de risques pour la santé et
la sécurité et de la nécessité de mesures de santé
et de sécurité. Elle a mis en place quatre
mécanismes de prévention des accidents du travail
et des maladies professionnelles qui sont le
représentant en prévention, le programme de
prévention, le programme de santé et les comités
mixtes de santé et de sécurité, dont l'application
dépend du secteur dont font partie les
travailleurs. On estime que seulement
environ 11 % des endroits de travail au
Québec sont actuellement couverts par ces
mécanismes. Même le secteur de la construction,
qui est le secteur le plus meurtrier en termes
d'accidents au travail et est considéré par la loi
comme un secteur prioritaire, n'est pas
entièrement couvert par les mécanismes en raison
de l'opposition de longue date des entreprises de
construction et du refus du gouvernement du Québec
de même mettre en oeuvre ce qui est dans sa propre
loi.
Les syndicats estiment que la nomination
immédiate par les travailleurs d'un délégué à la
prévention à plein temps, choisi parmi leurs
pairs, dans tous les secteurs et lieux de travail,
est très importante. Le seul mandat du
représentant à la prévention est de s'assurer que
les conditions de travail sont sécuritaires et
salubres. Cela contribuerait à améliorer la
situation et à se préparer adéquatement à ce qui
nous attend.
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