La situation des travailleurs de
première ligne durant la pandémie
Les besoins urgents des paramédics de l'Ontario en équipement de protection adéquat
- Entrevue, Jason Fraser,
président, comité ambulancier de l'Ontario du
Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) -
Forum ouvrier : Quelles sont
les préoccupations principales des paramédics à ce
moment-ci ?
Jason Fraser : Je pense que
nos préoccupations sont très similaires partout au
Canada. Nous sommes confrontés aux mêmes défis -
la pénurie d'équipements de protection
individuelle (ÉPI).
Notre médecin hygiéniste
en chef en Ontario a rétrogradé ce que nous
considérons comme la norme qui est d'utiliser un
masque N95, qui est comme l'étalon-or. Ils l'ont
déclassé, affirmant que le port d'un masque
chirurgical est suffisant pour lutter contre la
COVID-19 et protéger les travailleurs face à une
infection par le virus.
Nous sommes d'avis que les masques chirurgicaux
ne sont pas appropriés. Ça devrait être un N95. Je
dirais que la question des ÉPI est très similaire
à ce qui se passe à travers le pays et dans le
monde. Nous devons être prudents sur la quantité
d'ÉPI que nous portons ou utilisons lors des
appels. Différents services paramédicaux en
Ontario adoptent des approches différentes.
Certains services ont l'approche selon laquelle un
seul ambulancier doit mettre son ÉPI et peut gérer
l'appel en tant que préposé unique, tandis que
l'autre ambulancier reste à 2 mètres en
arrière pour lui venir en aide, afin de conserver
l'ÉPI et de le faire durer plus longtemps. Les
commandes d'équipement n'arrivent pas aussi
rapidement que nous le souhaiterions, c'est
certain. Je n'ai pas entendu parler de personne à
court de matériel pour l'instant, mais il est
certain que les services ont atteint des niveaux
critiques et nous avons dû compter sur la province
pour fournir l'ÉPI. Il y a des mois, la province
ne cessait de répéter qu'elle disposait d'un
approvisionnement suffisant en ÉPI, mais il y a
des pénuries et cela crée une situation difficile
pour les travailleurs.
À notre avis, la raison pour laquelle le médecin
hygiéniste en chef de l'Ontario est passé du N95
aux masques chirurgicaux est uniquement fondée sur
le manque d'ÉPI disponible. Si nous revenons
à 2003, pendant l'épidémie du SRAS, nous
portions des masques N95, des gants et des blouses
à chaque appel. Peu importait la nature de
l'appel. C'était la norme, la meilleure protection
disponible.
Avançons rapidement à 17 ans plus tard, avec
la COVID-19 et le manque d'ÉPI, cette norme est
soudainement rabaissée à des masques chirurgicaux.
Cela n'a tout simplement pas de sens. Nous ne
voulons pas le strict minimum. Nous voulons le
meilleur et le meilleur est le masque N95. Nous ne
devrions pas être forcés de prendre des décisions
en fonction de la disponibilité des équipements
cruciaux. Cet équipement devrait être facilement
disponible. Le gouvernement provincial a eu
amplement le temps de se préparer. Fin décembre,
début janvier, de nombreux indicateurs signalaient
que le virus se dirigeait vers nous, que le
Canada, y compris l'Ontario, n'allait pas pouvoir
échapper au virus. Il avait suffisamment de temps
pour préparer et obtenir un stock de masques N95
et de blouses pour garantir la protection de
chaque travailleur de première ligne. Ils ont
échoué. Ils n'ont pas réussi à planifier
correctement. Nous jouons au rattrapage et nous
courons toujours après le rattrapage. Nous ne
devrions jamais être dans cette position.
L'équipement doit être disponible et chaque
travailleur doit être protégé.
FO : Votre volume d'appels
augmente-t-il maintenant que plus d'endroits
ouvrent en Ontario et que les restrictions de
confinement se relâchent ?
JF : Fin mars, début avril, le
volume des appels avait baissé. Les gens étaient
prudents sur les déplacements à l'hôpital ou
l'utilisation du 911. Ils ont écouté les
conseils du gouvernement de rester à la maison et
de ne sortir que pour des choses essentielles. Le
volume des appels a recommencé à augmenter au
cours des deux dernières semaines, ce qui va nous
mettre encore plus à rude épreuve, rendant encore
plus urgente l'obtention d'ÉPI approprié. La seule
chose qui nous a peut-être sauvé en ce qui
concerne les ÉPI est que le volume des appels
était en baisse. Si notre volume d'appels était
resté au niveau pré-COVID-19, nous aurions eu de
gros ennuis. Cela peut encore se produire alors
que nos volumes d'appels augmentent à mesure que
de plus en plus d'endroits ouvrent et que les
activités de différents types reprennent. Cela
peut varier selon le type d'appels que nous allons
avoir, comme plus de collisions de véhicules à
moteur. Si nos approvisionnements en ÉPI ne
viennent pas, nous pourrions nous retrouver dans
une situation très difficile bientôt. C'est sans
parler d'une deuxième vague, dont nous entendons
parler.
FO : Veux-tu dire quelque
chose en conclusion ?
JF : Nous devons continuer de
faire preuve de diligence à mesure que le
confinement se relâche en Ontario. Nous devons
nous rappeler que le virus est toujours actif.
Nous devons continuer de porter notre ÉPI lors des
appels. Les ambulanciers paramédicaux se rendent
dans différents types d'endroits - entreprises,
foyers, établissements de soins de longue durée —
et entrent et sortent des hôpitaux régulièrement.
Nous ne voulons pas que les ambulanciers soient
des transporteurs du virus. Nous devons considérer
que tout le monde est positif jusqu'à preuve du
contraire et nous protéger en conséquence.
Cet article est paru dans
Numéro 42 - Numéro 42 - 18 juin 2020
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La situation des travailleurs de
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président, comité ambulancier de l'Ontario du
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