Les syndicats québécois de la santé demandent une préparation pour une deuxième vague de la pandémie
Il y a beaucoup d'inquiétude actuellement parmi
les travailleurs et la population à propos d'une
éventuelle deuxième vague de la COVID-19 au cours
des prochains mois. Les inquiétudes sont élevées à
cause des tragédies terribles qui continuent de se
produire dans ce qu'on appelle la première vague,
en particulier dans le système de santé qui a été
mis à mal par plus de trente ans d'offensive
antisociale des gouvernements successifs au
service d'intérêts privés étroits. Au Québec, le
nombre de décès attribuables à la COVID-19 a
atteint 5 298 au 17 juin, dont plus de 4
700 dans les CHSLD (3 642), les résidences pour
gens âgés et ce qu'on appelle les ressources
intermédiaires (des résidences de groupe, ou des
appartements supervisés pour des gens qui n'ont
pas une pleine autonomie et ont besoin d'aide
quotidienne dans leurs tâches quotidiennes). Une
autre source de préoccupation majeure est
l'opinion exprimée par les cercles dirigeants
qu'il est temps de « rouvrir le Québec » en
trouvant un équilibre entre « l'économie » et
la santé et la sécurité des travailleurs et de la
population. Il s'agit d'une équation fausse et
intéressée pour justifier la poursuite d'une
économie pour payer les riches dans laquelle la
santé et la sécurité des personnes sont
sacrifiées.
Le 8 juin, les syndicats
québécois de la santé ont publié un communiqué de
presse intitulé « Mieux préparer la deuxième vague
dans le réseau de la santé et des services
sociaux ». Les syndicats de la santé sont la
Fédération de la santé et des services sociaux
(FSSS-CSN), la Fédération interprofessionnelle de
la santé du Québec (FIQ), l'Alliance du personnel
professionnel et technique de la santé et des
services sociaux (APTS), la division québécoise du
Syndicat canadien de la fonction publique, la
Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ), le
Syndicat québécois des employées et employés de
services (SQEES-FTQ) et la Fédération des
professionnel(le)s (FP-CSN).
Les syndicats soulignent que « la première phase
de la crise de la COVID-19 a été un échec. En plus
d'avoir coûté la vie à six personnes salariées du
réseau de la santé et des services sociaux, elle a
mis en lumière les lacunes en prévention dans les
milieux de travail, comme en témoigne le fait
que 5000 travailleuses et travailleurs ont
été infecté(e)s. »
Ils affirment que cette situation qui dure depuis
longtemps doit être corrigée en prévision de la
deuxième vague de la COVID-19. Ils identifient
comme l'un des problèmes les plus importants le
manque de prévention face aux maladies
professionnelles et aux accidents du travail qui,
dans le secteur de la santé, sont directement liés
à la santé et à la sécurité des patients et des
résidents des établissements de soins de longue
durée. Ce problème a atteint de nouvelles
proportions dans les conditions de la pandémie,
disent-ils.
Les syndicats déclarent également que dès le
début de la pandémie, les recommandations de
l'Institut national de santé publique du Québec
étaient guidées par le peu d'équipements de
protection individuelle en stock. Ils croient que
les directives en matière de santé varient selon
l'inventaire disponible et affirment que le
gouvernement du Québec a refusé d'informer
correctement les travailleurs sur les inventaires
d'ÉPI disponibles et plusieurs résidences et CHSLD
ont souffert d'un approvisionnement insuffisant.
Ils soulignent également que les exigences
croissantes de mobilité imposées depuis la
restructuration des soins de santé qui ont forcé
de nombreux déplacements du personnel d'un
établissement à l'autre, le recours à la
main-d'oeuvre indépendante des agences de
placement privées et les salaires et les
conditions de travail qui obligent les
travailleurs des établissements de soins de longue
durée à travailler dans plusieurs établissements
pour gagner leur vie ont tous contribué à créer
des conditions favorables à la propagation de la
COVID-19. En plus d'un équipement adéquat,
disent-ils, la stabilité des équipes de soins doit
être une priorité.
Les syndicats présentent les revendications
suivantes qui, selon eux, sont nécessaires pour
rectifier la situation et se préparer adéquatement
à la deuxième vague de la COVID-19 :
« Avoir des données fiables sur le nombre de
membres du personnel infectés par établissement,
par mission, par service, par centre d'activités
et par titre d'emploi pour mieux planifier les
ressources disponibles. »
« Avoir l'heure juste sur l'état des stocks
d'équipements de protection individuelle (ÉPI)
pour assurer un approvisionnement adéquat et le
plus haut niveau de protection pour le personnel
du réseau.
« Avoir des moyens de faire de la prévention sur
le terrain pour limiter le nombre d'infections.
« Appliquer d'urgence l'intégralité des quatre
mécanismes de prévention prévus à la Loi sur la santé et
la sécurité du travail, dans l'ensemble
des établissements du réseau, à commencer par
l'identification d'un représentant à la
prévention. Cette mesure devra être suivie par
l'instauration de programmes de prévention et de
programmes de santé ainsi que la mise sur pied de
comités de santé et sécurité. »
La loi actuelle sur la santé et la sécurité au
travail a été adoptée en 1979. Elle a
notamment divisé arbitrairement les secteurs de
l'économie en secteurs prioritaires et non
prioritaires en termes de risques pour la santé et
la sécurité et de la nécessité de mesures de santé
et de sécurité. Elle a mis en place quatre
mécanismes de prévention des accidents du travail
et des maladies professionnelles qui sont le
représentant en prévention, le programme de
prévention, le programme de santé et les comités
mixtes de santé et de sécurité, dont l'application
dépend du secteur dont font partie les
travailleurs. On estime que seulement
environ 11 % des endroits de travail au
Québec sont actuellement couverts par ces
mécanismes. Même le secteur de la construction,
qui est le secteur le plus meurtrier en termes
d'accidents au travail et est considéré par la loi
comme un secteur prioritaire, n'est pas
entièrement couvert par les mécanismes en raison
de l'opposition de longue date des entreprises de
construction et du refus du gouvernement du Québec
de même mettre en oeuvre ce qui est dans sa propre
loi.
Les syndicats estiment que la nomination
immédiate par les travailleurs d'un délégué à la
prévention à plein temps, choisi parmi leurs
pairs, dans tous les secteurs et lieux de travail,
est très importante. Le seul mandat du
représentant à la prévention est de s'assurer que
les conditions de travail sont sécuritaires et
salubres. Cela contribuerait à améliorer la
situation et à se préparer adéquatement à ce qui
nous attend.
Cet article est paru dans
Numéro 42 - Numéro 42 - 18 juin 2020
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