27 novembre 2019
Près de six mois
de grève des travailleurs
forestiers en Colombie-Britannique
Le groupe
dirigeant des Métallos
est unanime à rejeter la proposition
de Western Forest Products
Des centaines de travailleurs de tous les secteurs
marchent à Nanaimo le 6 novembre 2019 en appui aux
travailleurs forestiers de la côte en grève (USW 1-1937).
• Un
rassemblement à Nanaimo en appui à la position « pas de
concessions » des travailleurs forestiers - Barbara Biley
Les travailleurs du
transport en commun défendent leurs droits et le transport public
• Les chauffeurs d'autobus et les travailleurs
d'entretien concluent une entente de principe - Annie
Jamieson et Brian Sproule
• Les travailleurs de SkyTrain votent en faveur
de moyens de pression
À titre d'information
• Le système de transport en commun dans la
grande région de Vancouver
Grève des professeurs
de l'Université du nord de la Colombie-Britannique
• Des salaires et des conditions de travail
convenables pour les professeurs, les bibliothécaires, les instructeurs
de laboratoire et les employés à contrat
• Lettre au président du conseil des gouveneurs
de l'Université du nord de la Colombie-Britannique - L'Union
des associations des professeurs
des universités de l'Ontario
Négociations dans le
secteur public au Québec
• Les travailleurs font connaître leurs
préoccupations et leurs besoins - Entrevue avec Jeff Begley,
président de la Fédération de la santé et des services sociaux
(FSSS-CSN)
Près de six mois de grève des
travailleurs forestiers en Colombie-Britannique
Les négociateurs de la section locale 1-1937 du
Syndicat des Métallos qui représentent les travailleurs forestiers
côtiers de la Colombie-Britannique employés par Western Forest Products
(WFP) et les sous-traitants de WFP ont fait part des séances de
médiation tenues les 12, 16 et 17 novembre aux
dirigeants des syndicats par téléconférence le 18 novembre. Les
travailleurs forestiers sont en grève depuis le 1er juillet pour
des questions relatives aux salaires, aux avantages sociaux, aux
conditions de travail dangereuses et à la politique abusive concernant
la consommation de drogues et d'alcool.
Le comité de négociation a rendu compte
de ce qui s'était passé lors de la médiation - qu'il y avait eu
progrès, mais que cela avait abouti à ce qu'ils qualifient d'« actions
pour retarder la médiation » par la compagnie qui refuse de
répondre à la dernière offre du syndicat, déposée le 17 novembre à
midi. Dans son bulletin de négociation no 32 daté du 18
novembre, le comité signale que « l'équipe dirigée par le syndicat, qui
est composée des présidents des syndicats représentants les
travailleurs de WFP et ceux à l'emploi des entrepreneurs de WFP, a
adopté à l'unanimité une motion enjoignant le comité de négociation de
rejeter la proposition de WFP dans sa totalité. L'équipe dirigeante a
également déclaré que WFP devrait arrêter ses tactiques dilatoires et
revenir à la table de médiation ».
Le comité signale que non seulement la compagnie n'a pas
répondu aux propositions du syndicat touchant aux préoccupations des
travailleurs, mais la proposition de la compagnie va en fait éliminer
« 17 autres accords provisoires conclus par les parties au cours
du processus de médiation, ce qui élimine essentiellement une grande
partie du travail déjà accompli ». Parmi ce que WFP avait déjà
négocié mais qu'elle a maintenant éliminé, il y avait des accords
relatifs à l'amélioration du langage autour de la sécurité du syndicat,
à l'amélioration du langage de la santé et sécurité, à la sélection des
apprentis, à la nomination d'arbitres et de tiers-arbitres pour
accélérer les arbitrages, au soutien accordé aux membres lors
d'enquêtes et dépistage de consommation d'alcool et autres.
Comme c'est devenu leur habitude
d'essayer de miner le syndicat et la solidarité des travailleurs
derrière leurs justes revendications et leur comité de négociation,
l'entreprise a adressé le 18 novembre, une lettre du PDG, Don
Demens, aux membres de la section locale 1-1937 du Syndicat des
Métallos, dans laquelle il affirme à tort que WFP avait retiré les
demandes de concession, que l'entreprise avait accepté d'étendre la
couverture d'invalidité de longue durée au-delà de 60 ans et
autres inexactitudes. Le bulletin du syndicat termine en disant :
« Le comité de négociation du Syndicat des Métallos reste disponible
tous les jours pour poursuivre la médiation. Nous invitons le comité de
négociation de WFP à contacter les médiateurs pour établir d'autres
dates. Nous sommes disponibles à partir de demain. »
Le 25 novembre, le comité de négociation a publié
une autre mise à jour signalant que WFP n'avait toujours pas répondu à
la proposition du 17 novembre du syndicat et que l'entreprise
n'avait pas contacté les médiateurs pour relancer les discussions. Les
médiateurs ont demandé une téléconférence avec le porte-parole du
syndicat le 26 novembre.
Les conseils du travail, les sections syndicales des
secteurs privé et public et les communautés touchées par la grève
restent solidaires de la lutte des travailleurs forestiers pour des
salaires et des conditions de travail acceptables pour eux et prennent
en compte les dangers liés à leur travail et les besoins des
travailleurs, de leurs familles et des communautés.
(Photos: USW
1-12937)
- Barbara Biley -
Rassemblement à Nanaimo, le 6 novembre 2019, en appui aux
travailleurs
forestiers de la côte en grève
Le 6 novembre, plusieurs centaines de personnes de
toute l'île de Vancouver se sont rassemblées devant les bureaux de
Western Forest Products (WFP) à Nanaimo pour demander à l'entreprise de
reprendre les négociations avec le syndicat. Les travailleurs, membres
de la section locale 1-1937 du Syndicat des Métallos, ont maintes
fois rejeté les tentatives de WFP d'imposer d'importantes concessions
qui élimineraient les salaires et les conditions de travail acquises
depuis plus de 40 ans.
Parmi la foule on pouvait voir plusieurs banderoles et
pancartes de nombreux syndicats. Des travailleurs de la santé, des
traversiers, des enseignants et des travailleurs en éducation membres
du SCFP, des débardeurs, plusieurs députés de l'île de Vancouver et de
nombreux autres se sont mobilisés pour appuyer la juste position des
travailleurs forestiers. Ces travailleurs sont restés fermes tout au
long de la grève pour un convention collective négociée qui respecte
leurs droits et leur dignité, à la fois en termes de conditions
précédemment convenues et en mettant fin aux actions unilatérales de
l'entreprise, dont beaucoup ont été facilitées par une convention
collective imposée en 2004 par voie d'arbitrage exécutoire. Après
le rassemblement très bruyant et animé qui s'est déroulé devant les
bureaux de WFP, il y a eu une courte marche vers le parc Nob Hill, où
un repas a été servi.
Le président de la section locale 1-1937 du Syndicat des Métallos,
Brian Butler, s'adressant au rassemblement du 6 novembre 2019
Plusieurs dirigeants des Métallos ont pris la parole
lors de la manifestation, notamment Brian Butler, président de la
section locale 1-1937 de du Syndicat des Métallos, Steve Hunt,
directeur du district 3 des Métallos, Al Bieksa, président de la
section locale 2009 de la vallée du Fraser, et le président de la
Fédération du travail de la Colombie-Britannique, Laird Cronk. Le
message des orateurs et des travailleurs était clair : le refus de
WFP de négocier et ses tentatives répétées d'obstruction, d'harcèlement
et d'intimidation en portant des accusations devant le Conseil du
travail sont reconnus comme des attaques contre les droits de tous et
condamnés par les travailleurs de tous les secteurs et le public en
général.
Jusqu'à présent, il y a eu quatre séances de médiation.
La dernière de ces séances s'est terminée le 20 octobre lorsque,
malgré les modifications apportées par le syndicat à ses
revendications, l'entreprise a refusé de renoncer à ses demandes de
concession. Au moins deux fois, l'entreprise a écrit directement aux
travailleurs pour tenter de contourner et miner le comité de
négociation du syndicat. La dernière action en date du 31 octobre
est une lettre du PDG de WFP, Don Demens, adressée à chaque travailleur
lui « offrant » un arbitrage exécutoire ainsi qu'une lettre
similaire du porte-parole du comité de négociation de WFP, Roger
MacDougall. La réponse immédiate et ferme du comité de négociation a
été un NON ! catégorique.
Dans le bulletin de négociation publié
le 1er novembre, le comité de négociation expliquait : « La
dernière fois que la section locale a été confrontée à un arbitrage
exécutoire sur la convention collective, c'était en 2004, lorsque
le gouvernement libéral de la Colombie-Britannique a imposé un
arbitrage exécutoire qui l'a obligé à accepter une convention
collective dans laquelle étaient retirés de nombreux droits acquis par
le syndicat au cours de décennies de négociations collectives ».
Les travailleurs ont été « forcés d'accepter le droit unilatéral des
employeurs de mettre en place des quarts de travail en alternance, ce
qui devait auparavant faire l'objet d'un accord entre les parties. Cela
a créé de nombreuses difficultés pour les membres forcés de travailler
selon des horaires de travail dangereux et épuisants » et « ont
également été contraints d'accepter que des opérations forestières
entières soient accordées en sous-traitance dans le cadre de ce qu'on
appelle aujourd'hui le ‘Woodlands Letter of Understanding', qui a
conduit à l'introduction de nombreux nouveaux entrepreneurs et
sous-traitants et a entraîné toutes sortes de problèmes de relations de
travail pour nos membres et la section locale. Ces pratiques étant
devenues répandues, l'industrie les a utilisées dans le cadre de sa
stratégie de diviser pour régner. »
Le comité de négociation a déclaré : « L'arbitrage
obligatoire a eu de nombreux effets négatifs sur la convention
collective imposée en 2004 et qui pèsent toujours sur les membres
à ce jour. La répétition des erreurs du passé n'est pas la façon dont
nous parviendrons à une convention collective. L'arbitrage exécutoire
est tout à fait inacceptable. Nous ne pourrons jamais céder le contrôle
de nos droits découlant de la convention collective à une autre partie
tierce, car le passé ne ment pas. Nous avons été témoins des dommages
et avons subi les conséquences de ce processus dangereux et ne pouvons
jamais l'accepter. »
Le lendemain du rassemblement, le syndicat a été informé
que WFP avait accepté de reprendre la médiation. Les parties se sont
rencontrées les 12, 16 et 17 novembre, jusqu'à ce que
WFP décide qu'il ne répondrait pas à la dernière offre du 17
novembre du syndicat et que la médiation prenait fin.
WFP fait partie d'une poignée de monopoles forestiers
qui dominent l'industrie en Colombie-Britannique et ont bénéficié des
politiques des gouvernements provinciaux qui leur ont permis de
soutirer des profits record de l'exploitation forestière et de la
transformation le long des côtes, principalement sur l'île de
Vancouver, tout en fermant des usines en Colombie-Britannique et
expédiant du bois non transformé à l'étranger et des produits à des
usines aux États-Unis. Depuis le début de 2018, Western Forest
Products a acheté deux usines dans l'État de Washington (une à
Arlington et l'autre à Vancouver, Washington). WFP est le principal
acteur de l'industrie forestière le long des côtes du Pacifique, avec
des exploitations forestières et des usines à Cowichan Bay, Chemainus,
Ladysmith, Duke Point et Port Alberni. La société a récemment fermé
l'usine de rabotage de sa division Saltair à Ladysmith après avoir
acheté les scieries de l'État de Washington. Le bois non transformé est
acheminé vers les deux usines de l'État de Washington pour y être
raboté afin de contourner les tarifs en effectuant la finition dans ses
usines de Washington.
Au cours des cinq dernières années, l'entreprise a
enregistré des profits record grâce à la valeur ajoutée créée par les
travailleurs forestiers employés par Western et ses sous-traitants,
sans se soucier du bien-être des travailleurs, y compris de leur
sécurité sur le lieu de travail et lors de leurs déplacements vers les
endroits de travail. Les efforts actuels pour imposer des concessions
sur les salaires, les avantages et les conditions de travail et pour
augmenter la sous-traitance afin d'affaiblir l'organisation des
travailleurs pour la défense de leurs droits, leur ont valu d'être
condamnés non seulement par les travailleurs forestiers, mais également
par les travailleurs et les communautés locales de la région.
Les travailleurs du transport en commun
défendent
leurs droits et le transport public
- Annie Jamieson et Brian Sproule -
Affiché sur le compte Twitter de la section locale 111 d'Unifor
le 23 novembre 2019 :« N'en déplaise au département des
relations publiques [...] les travailleurs du transport en commun sont
mieux qualifiés pour dire ce qu'il en est de la situation. Demandez-le
à n'importe quel travailleur du transport en commun présent dans cette
salle. »
Les 5 000 travailleurs des transports en
commun qui livrent les services d'autobus et de traversiers dans la
région métropolitaine de Vancouver veulent des salaires et des
avantages acceptables pour eux-mêmes ainsi que des conditions de
travail améliorées, conditions indispensables à la sécurité des
transports.
L'intransigeance de la Coast Mountain Bus Company (CMBC)
face aux préoccupations des travailleurs du transport en commun dans la
région métropolitaine de Vancouver concernant des salaires et des
conditions de travail convenables a poussé les travailleurs à annoncer
le 20 novembre une fermeture de trois jours du réseau
les 27, 29 et 29 novembre. Les négociations ont repris
le 26 novembre après une rupture il y a deux semaines.
Après 10 heures de négociations, le président national d'Unifor,
Jerry Dias, a annoncé une prolongation de 30 minutes du délai de
grève après minuit afin de permettre la poursuite des négociations. Un
accord de principe a été annoncé à 12 h 30 ce matin, évitant
ainsi un arrêt de service.
« Cette convention reconnaît que les membres d'Unifor
constituent l'épine dorsale du système de transport en commun du
Vancouver métropolitain, a déclaré Gavin McGarrigle, directeur régional
d'Unifor Ouest et négociateur en chef. Nous sommes impatients de faire
partie intégrante d'un système en expansion qui maintient cette région
en mouvement. » Les moyens de pression se termineront pendant les
votes de ratification dans les prochains jours, à la suite desquels les
détails de l'accord seront rendus publics.
Les conventions collectives entre les sections
locales 111 et 2200 d'Unifor et la Coast Mountain Bus Company
(CMBC) ont expiré le 31 mars. Il n'y a eu aucun progrès malgré
tous ces mois de négociations. C'est pour cette raison que les
travailleurs ont voté à 99 % pour la grève et ont émis un
avis de grève de 72 heures le 29 octobre. Ils mènent des
moyens de pression depuis le 1 novembre pour appuyer leurs
revendications.
La section locale 111 d'Unifor représente
les 4 000 chauffeurs du transport en commun du système
Translink et la section locale 2 220 représente près
de 1 000 personnes de métier et techniciens qui entretiennent
les autobus et la flotte de traversiers SeaBus. CMBC est la propriété
exclusive de TransLink, l'organisme qui gère les activités de transport
en commun du District de la grande région de Vancouver.
Dans le Bulletin de la grève du transport en commun
publié par Unifor, le syndicat affirme : « Au coeur de ce conflit
de travail il y a la reconnaissance du rôle important des travailleurs
du transport en commun dans un système qui est à la fois sous tension
et en expansion. »
Trois des revendications sur la table sont : la
parité de salaire entre les chauffeurs d'autobus de Vancouver et ceux
d'autres grandes villes telles que Toronto, des pauses adéquates
pendant un quart de travail pour se reposer, manger et aller à la
toilette, ainsi que la parité de salaire entre le personnel d'entretien
de CMBC de Vancouver et celui du Sky Train.
Selon le Bulletin de la grève du
transport en commun, en dépit de l'approche irrespectueuse et
intransigeante de la compagnie, les deux sections locales ont d'abord
opté pour des actions qui seraient le moins dérangeantes possibles pour
le public, comme le refus de porter l'uniforme et une interdiction du
temps supplémentaire par les mécaniciens.
L'interdiction de faire du temps supplémentaire pour les
travailleurs d'entretien a eu comme conséquence des annulations
quotidiennes de sorties des SeaBus et une réduction du service
d'autobus sur plusieurs itinéraires importants. Le fait que cette
action à elle seule ait occasionné d'importantes réductions de service
montre que les conditions de travail sont insoutenables, puisqu'un
système qui compte sur le temps supplémentaire pour fonctionner est
organisé sur la base d'une importante pénurie de travailleurs, ce qui
explique pourquoi les pauses sont un si grave problème, et pourquoi la
situation actuelle est dangereuse pour la sécurité et bien-être des
travailleurs, mais aussi pour la sécurité et le bien-être du public.
La position intransigeante de TransLink (via CMBC) est
vraisemblablement due au fait que TransLink a décidé que sa situation
financière « ne lui permet pas » de respecter les justes
revendications des travailleurs du transport en commun tout en
poursuivant son projet d'expansion.
McGarrigle a dit à Star Metro Vancouver
le 11 octobre que la question des chauffeurs qui n'ont pas le
temps de prendre leur pause afin de respecter l'horaire est restée non
résolue depuis des années. Il a dit que les travailleurs sont au «
point de rupture ». Les burnouts sont fréquents. « Les chauffeurs
d'autobus ont besoin de récupérer, ils doivent aller aux toilettes,
prendre une bouchée, se reposer la tête pour reprendre la route et
gérer des autobus pleins à craquer, être obligés de refuser des
passagers, tout en assistant les personnes âgées. Les chauffeurs ne
sont pas des machines, ce sont des êtres humains et ils ont besoin du
temps qu'il faut pour décompresser et pour récupérer. »
Selon TransLink, il y a eu une augmentation de passagers
de 18 % entre 2016 et 2018. McGarrigle affirme
qu'il en a résulté une augmentation d'autobus bondés de 36 %.
Les navettes qui desservent les petites communautés et dont les
itinéraires sont censés être moins achalandés ont des monte-charge
mécaniques à l'arrière pour les passagers se déplaçant en fauteuil
roulant ou en mobylette ou ayant des paniers de magasinage. Il faut
prendre un certain temps pour les faire monter et les faire descendre
en raison de ces monte-charges qu'il faut actionner à chaque fois. Les
chauffeurs doivent aussi avoir le temps d'ajuster leurs miroirs, le
siège du conducteur et voir à divers contrôles de sécurité.
Un chauffeur sur un des itinéraires les plus achalandés
de Vancouver a dit à Forum ouvrier :
« Cet emploi m'a achevé —- je ne peux plus continuer. » Interrogé
au sujet des pauses, il a dit que sur son itinéraire une pause
de 40 minutes est censée être intégrée à l'horaire, mais un
chauffeur doit « téléphoner à l'avance et demander sa pause ». Une
fois, il a téléphoné et demandé une pause mais on la lui a refusé sous
prétexte que « la pause est pour l'autobus, pas pour le
chauffeur » ! Bien qu'il soit loin de ses 65 ans, ce
travailleur a décidé de prendre une retraite prématurée le plus tôt
possible sans être pénalisé (pour qu'il puisse bénéficier d'un régime
de retraite convenable). Il a dit qu'il appuie pleinement la grève et
qu'il a décidé de rester jusqu'à la fin de la grève pour appuyer ses
collègues de travail qui devront rester et continuer de faire ce
travail stressant.
CMBC a refusé tout compromis raisonnable et campe sur
ses positions, forçant le syndicat à intensifier ses actions. Comme on
devait s'y attendre, CMBC a tenté de monter le public contre le
syndicat en disant des travailleurs du transport en commun qu'ils sont
égoïstes et insensibles et les médias monopolisés ont repris la
rengaine : « Le syndicat va laisser des centaines de milliers de
clients sans transport ». En réalité, ce sont les employeurs qui
sont égoïstes et insensibles aux besoins du public et aux travailleurs
du transport en commun qui livrent ce service essentiel au public.
Les passagers du transport en commun du District de la
grande région de Vancouver ne se sont pas laissé prendre par ces
tentatives de rejeter la responsabilité sur les travailleurs. Selon le
Bulletin de grève : « Les chauffeurs du transport en commun ont
été touchés par les signes d'appui et de solidarité de nos
passagers. »
Neuf cents travailleurs de SkyTrain négocient
actuellement avec leur employeur, la BC Rapid Transit Company de
TransLink. Ils comprennent des opérateurs de train, des opérateurs, des
techniciens, des mécaniciens et des administrateurs de deux des trois
lignes SkyTrain, les lignes Millenium et Expo dont le contrat a expiré
le 31 août. Ils sont représentés par la section locale 7000
du SCFP. Le 21 novembre, 96,8 % des membres ont voté
faveur de moyens de pression s'ils ne peuvent en venir à une entente
pour une convention collective. Huit jours de médiation ont également
commencé ce jour-là.
Dans une déclaration du 13 novembre, le président
du syndicat, Tony Rebelo, a expliqué que les questions en suspens
comprenaient les augmentations de salaire, les indemnités de maladie,
les effectifs insuffisants et les heures supplémentaires forcées.
La troisième ligne SkyTrain, la Canada Line, est une
propriété privée exploitée par ProTransBC, un consortium dirigé par
SNC-Lavalin en vertu d'un contrat à long terme avec TransLink.
À titre
d'information
TransLink est l'autorité de transport créée par la
province de la Colombie-Britannique pour fournir un service d'autobus
régional, le transport en commun rapide SkyTrain, les traversiers
SeaBus reliant la côte nord au centre-ville de Vancouver via la baie
Burrard, le service HandyDART pour les personnes à mobilité réduite, le
train de banlieue West Coast Express et le service de train entre
Vancouver et Mission dans la vallée du Fraser.
TransLink a des contrats avec plusieurs opérateurs :
Coast Mountain Bus Company
La société d'exploitation la plus importante de
TransLink est Coast Mountain Bus Company Ltd. (CMBC), qui exploite plus
de 96 % du service d'autobus de la région, ainsi que SeaBus.
Les chauffeurs et les préposés à l'entretien de la Coast Mountain Bus
Company, membres d'Unifor, participent à des actions en justice depuis
le début du mois de novembre. D'autres employés de Coast Mountain sont
membres du SCFP et de MoveUP et ne participent pas aux actions. Les
nettoyeurs sont employés par un autre sous-traitant, tout comme les
employés de l'administration et le service clientèle, y compris la
vente et la promotion des billets de transport en commun, sont gérés
directement par TransLink, de même que les services de sécurité et de
maintien de l'ordre.
Bombardier
Bombardier exploite le West Coast Express
BC Rapid Transit Company
La British Columbia Rapid Transit Company Ltd. (BCRTC),
pour le compte de TransLink, entretient et exploite deux des trois
lignes SkyTrain (réseau de transport léger et rapide) de la région
métropolitaine de Vancouver - Expo et Millennium -, ainsi que le train
de banlieue West Coast Express.
ProTransBC
ProTrans BC est une filiale de SNC-Lavalin Inc. et est
l'opérateur privé de la ligne Canada de SkyTrain, un système de
transport en commun rapide sur rail automatisé de 19 km reliant le
centre-ville de Vancouver au centre de Richmond et à l'aéroport
international de Vancouver.
West Vancouver Blue Bus
West Vancouver Blue Bus appartient à la municipalité de
district de West Vancouver, qui l'exploite en vertu d'un contrat avec
TransLink.
First Transit
Le service HandyDART est sous-traité à First Transit.
Les travailleurs des différentes sections du réseau de
transport en commun de la région métropolitaine de Vancouver
appartiennent à plusieurs syndicats, notamment Unifor, le SCFP, MoveUP,
les Teamsters et Amalgamated Transit Union.
Grève des professeurs de l'Université du
nord de la Colombie-Britannique
Ligne de piquetage de l'Association des professeurs de l'UNBC
Les membres de l'Association des professeurs de
l'Université du nord de la Colombie-Britannique (UNBC), dont la
convention collective s'est terminée le 30 juin, ont remis un
préavis de 72 heures le 4 novembre et déclenché la grève
le 7 novembre. Les négociations pour une nouvelle convention
collective ont commencé le 5 mars mais n'ont pas progressé en
dépit d'un mandat de grève voté à 84 % et d'une période de
médiation. Les quelque 350 membres de l'Association des
professeurs comprennent les professeurs permanents et en voie d'obtenir
la permanence, les professeurs à temps partiel et à contrat et les
instructeurs de laboratoire.
Un enjeu central des négociations est l'élimination du
retard salarial substantiel que vivent les professeurs de l'UNBC par
rapport aux professeurs des autres universités canadiennes. Selon le
président de l'Association des professeurs de l'UNBC, Stephen Rader,
ceux-ci occupent le 98e rang sur 100. Rader a indiqué que cela
fait plusieurs années que des tentatives sont faites pour corriger la
structure salariale, et qu'une grève a été menée sur cette question
lors de la dernière ronde de négociations en 2015. La persistance
de ce retard préoccupe beaucoup les professeurs de l'UNBC et entrave
l'embauche de nouveaux professeurs qualifiés alors que les départs à la
retraite vont se multiplier dans les cinq ou dix prochaines années.
Le salaire des professeurs n'est pas le seul enjeu. Tout
aussi préoccupant est le salaire des bibliothécaires, des instructeurs
de laboratoire et des professeurs à temps partiel et à contrat, qui
sont en nombre croissant parmi le personnel enseignant universitaire au
Canada, ce qui rend plus difficile aux enseignants de combler leurs
besoins et celui de leurs familles.
Les membres de l'Association des
professeurs de l'UNBC (UNBCFA) ont déclaré qu'ils ne vont jamais
accepter les concessions proposées par l'administration qui
modifieraient les importantes conditions de la gouvernance collégiale «
en échange » d'une amélioration des salaires et de la réduction de
la précarité des enseignants à temps partiel et à contrat. On lit dans
le Bulletin de négociation numéro 14 de l'Association des
professeurs : « L'employeur a déposé des propositions sur des
questions comme la titularisation qui joue un rôle clé dans la façon
dont les universités fonctionnent. Ces propositions sont inacceptables
en ce qui concerne l'Association des professeurs parce qu'elles
diminueraient la gouvernance collégiale et feraient de l'UNBC un
endroit de travail peu attrayant pour les professeurs même si nos
salaires seraient plus élevés. »
Le bulletin indique : « Sur la question des
salaires, les parties semblent se rapprocher, mais lentement.
L'Association des professeurs a travaillé sur la question salariale
depuis presque dix ans, lors de deux rondes de négociations, deux
arbitrages et une grève. Nos efforts déterminés visaient et visent un
seul but : un règlement du problème qui va garantir des relations
de travail sereines à l'UNBC dans un avenir prévisible. L'Association
des professeurs tient à obtenir une convention collective qui assure,
autant que possible, que les étudiants, les professeurs et le personnel
ne vont pas faire face à la même incertitude, ou aux mêmes moyens de
pression, dans trois ans. »
Les deux parties sont revenues à la table de négociation
les 12 novembre et les discussions se sont poursuivies, avec des
périodes d'interruption, pendant toute la semaine. Après la rupture des
négociations durant la fin de semaine les 23 et 24 novembre,
l'association des enseignants a demandé au ministre du Travail de
nommer un médiateur, ce avec quoi l'université était d'accord. Le
gouvernement a annoncé la nomination d'un médiateur spécial à la fin de
la journée le 26 novembre.
Rassemblement la veille du déclenchement de la grève
des professeurs, le 6 novembre 2019
Le soutien à l'UNBCFA est généralisé et visible sur les
lignes de piquetage de Prince George et de Terrace et sur les sites
régionaux de Quesnel et de Vancouver. Depuis le premier jour de la
grève, les collègues des sections locales du SCFP qui représentent le
personnel de soutien, les auxiliaires à l'enseignement et le personnel
des services alimentaires de la section locale de UNITE HERE 40
ont participé aux lignes de piquetage des membres de l'Association des
professeurs de l'université. Les membres des syndicats et des
communautés de Prince George et de toute la province ont manifesté leur
appui en se joignant à des piquets de grève et à des rassemblements, en
écrivant des lettres à l'administration et au conseil des gouverneurs
de l'UNBC, en faisant des dons et en faisant connaître les problèmes
que l'Association des professeurs est résolue à résoudre.
Malgré les difficultés que la grève leur cause, les
étudiants ont manifesté leur appui aux professeurs en organisant des
marches, en se joignant aux piquets de grève et en faisant part de
leurs préoccupations à l'administration de l'UNBC. Un exemple est une
récente lettre adressée au conseil des gouverneurs et au président de
l'UNBC par des étudiants des cycles supérieurs et du premier cycle qui
agissent en qualité d'ambassadeurs de l'UNBC pour promouvoir la
recherche. Ils écrivent entre autres : « Nous avons été témoins de
la mesure dans laquelle les professeurs et le personnel de l'UNBC
aiment et promeuvent notre université et notre communauté. [ ] Nous
sommes dévastés d'apprendre que le personnel enseignant, les
instructeurs et le personnel sont traités de manière inéquitable. [ ]
Nous sommes déçus que l'administration de l'UNBC ne défende pas les
valeurs qui nous avaient initialement incités à choisir cet
établissement d'enseignement et à agir en tant que leaders étudiants
dans le cadre du programme des ambassadeurs de la recherche. [ ] Nous
continuerons de nous abstenir de toute activité liée aux ambassadeurs
de la recherche afin de montrer notre solidarité avec l'Association des
professeurs. »
L'appui et la solidarité de l'Association canadienne des
professeures et professeurs d'université et des syndicats de
professeurs de tout le pays ont également été importants, notamment en
ce qui concerne l'aide financière, les messages de solidarité et les
lettres adressées à l'administration de de l'UNBC. Une lettre de ce
type au président du conseil des gouverneurs de l'UNBC, émanant de
l'Union des associations des professeurs des universités de l'Ontario,
déclare en partie : « Comme le montrent divers classements, les
professeurs de l'UNBC sont parmi les plus accomplis et les plus dévoués
du pays, mais leurs salaires sont systématiquement parmi les pires du
pays. C'est tout simplement inacceptable que l'administration continue
de tenter de tirer parti des concessions accordées par les
bibliothécaires et des professeurs contractuels en situation précaire
en échange du plus modeste des ajustements salariaux. Il est également
alarmant de voir que l'administration demande des concessions sur la
gouvernance collégiale en échange de sa proposition salariale. »
L'appui de partout au pays a été souligné par l'arrivée
de « piquets volants » dont les participants proviennent
de 15 établissements d'enseignement postsecondaire d'aussi loin
que l'Université Memorial de Terre-Neuve-et-Labrador, et qui se sont
joints aux piquets de grève et à un rassemblement sur l'heure du midi
le vendredi 15 novembre à l'UNBC.
Des employés de soutien de l'université se joignent aux lignes de
piquetage des enseignants.
Des travailleurs des services alimentaires montrent leur appui aux
professeurs en grève.
- L'Union des associations des
professeurs des universités de l'Ontario -
Je vous écris aujourd'hui, au nom de 17 000
professeurs d'université et bibliothécaires universitaires de
nos 30 associations membres, pour vous implorer de revenir à la
table et de négocier une convention collective de bonne foi avec
l'Association des professeurs à l'UNBC. Il est également temps que le
Conseil des gouverneurs exerce son leadership pour sortir du climat de
relations de travail toxiques qui sévit à l'UNBC ces dernières années.
Les membres du corps professoral de l'UNBC sont
constamment confrontés à une administration ouvertement hostile au
corps professoral, qui ne comprend pas et insulte régulièrement le rôle
du corps professoral dans une université vouée à la recherche. Le
déclenchement de grèves en moins de cinq ans témoigne d'une relation
profondément dysfonctionnelle qui mine la réputation de l'UNBC. Comme
en témoignent divers classements, les professeurs de l'UNBC sont parmi
les plus accomplis et les plus dévoués du pays, mais leur rémunération
se classe systématiquement parmi les pires du pays. Il est tout
simplement inacceptable que l'administration continue d'essayer de
tirer parti des concessions des bibliothécaires et des professeurs
contractuels en situation précaire en échange du plus modeste des
ajustements salariaux. Il est également alarmant que l'administration
demande des concessions sur la gouvernance collégiale en échange de sa
proposition salariale. En effet, le problème central à l'UNBC est
l'absence d'une gouvernance collégiale véritable et tout recul sur ce
front doit être rejeté.
Les membres du corps professoral de l'ensemble de
l'Ontario manifesteront leur solidarité avec leurs collègues de l'UNBC
jusqu'à ce qu'ils parviennent à un règlement équitable. Il est temps
que le Conseil des gouverneurs de l'UNBC fasse preuve de leadership et
demande à l'équipe de négociation de l'administration de revenir à la
table et de mettre fin à ce conflit.
Bien à vous,
Rahul Sapra
Président, OCUFA
(Le 10 novembre 2019)
Négociations dans le secteur public au
Québec
- Entrevue avec Jeff Begley, président de
la Fédération de la santé
et des services sociaux (FSSS-CSN) -
Marche des travailleurs du secteur public à Québec le 30
octobre 2019 lors de la soumission de leurs demandes au
gouvernement du Québec en vue des nouvelles conventions collectives
Les quelque 500 000 travailleurs et
travailleuses du secteur public du Québec amorcent leurs négociations
pour le renouvellement de leurs conventions collectives, qui se
terminent le 31 mars 2020. Les syndicats qui les représentent
ont présenté leurs demandes intersectorielles (salaires, régimes de
retraite, etc.) et sectorielles, lesquelles visent les conditions de
travail spécifiques aux différents corps d'emploi. Sous prétexte
d'assurer la santé des finances publiques, le gouvernement du Québec a
déclaré qu'il s'apprête à poursuivre l'imposition de l'austérité
antisociale qui a créé un désastre sur le plan des conditions des
employés du secteur public et par le fait-même dans la livraison des
services publics. Les travailleurs ne l'entendent pas du tout ainsi et
se préparent à intensifier leur lutte pour leurs droits.
Forum ouvrier appuie pleinement la lutte des
travailleurs du secteur public pour des salaires et des conditions de
travail qu'ils jugent adéquats pour vivre décemment, garder et attirer
les employés dans les services publics et livrer les services de façon
digne et humaine. Cette lutte se mène directement sur le terrain de
l'opinion publique et Forum ouvrier met ses pages à sa
disposition. Dans ce numéro, nous publions une entrevue avec Jeff
Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux
(FSSS-CSN), qui compte environ 110 000 membres,
dont 80 % sont des femmes.
***
Forum ouvrier : Alors que
s'amorcent les négociations du secteur public au Québec, quelles sont
les principales préoccupations des travailleurs et des travailleuses du
secteur en ce moment ?
Jeff Begley : Premièrement, la
dernière réforme du ministre de la Santé et des services sociaux du
gouvernement libéral Gaétan Barrette a fait des ravages qui continuent
et qui vont continuer pendant longtemps.[1]
La création des méga-établissements a fait très mal aux services, au
réseau, et la détérioration des services a un impact majeur sur les
gens qui livrent les services, qui sont nos membres. Le problème de
santé-sécurité, de santé mentale a augmenté en flèche depuis le début
de la réforme. C'est en train de causer de sérieux problèmes dans
toutes les conditions qui existent dans le système.
Pour donner un exemple, depuis le début de la réforme,
les demandes d'assurance-salaire, pour congés de maladie, ont augmenté
de 25 %. C'est substantiel. Dans la dernière année, les
demandes n'ont pas diminué. Nous n'avons pas encore les chiffres pour
l'année, mais cela continue de se produire. C'est très inquiétant. Cela
coûte une fortune en terme d'argent, et cela coûte une fortune en terme
de la santé de notre monde. C'est une roue qui tourne. Plus les
conditions empirent, plus nos membres tombent en maladie.
Il faut que les choses changent de façon significative
lors de la prochaine négociation, et rapidement, sinon la situation va
encore se dégrader.
La pénurie de la main-d'oeuvre est un élément qui
s'ajoute parce que cela se vit dans la santé comme ailleurs, et cela
c'est nouveau. Il y a dix ans, les directeurs de ressources humaines
avaient une filière pleine de CV auxquels ils n'avaient pas répondu et
maintenant ils ne trouvent pas de monde.
Et bien sûr, depuis la dernière négociation, nos membres
ont l'impression que la dernière fois qu'ils ont gagné la négociation
c'est en 1999. Cela fait 20 ans qu'on recule dans l'ensemble
de nos conditions.
Ce sont les principaux facteurs qui font qu'il y a un
désarroi parmi nos membres, en plus de la question salariale. C'est
primordial que nos membres puissent dire, avec la prochaine
négociation, qu'ils ont remporté une amélioration substantielle de
leurs conditions de vie et de travail.
FO :
Quel
est le lien entre la réforme Barrette et les problèmes que tu
viens d'évoquer ?
JB : En
voici un exemple. Auparavant, dans un CHSLD (Centre d'hébergement et de
soins de longue durée), quand il y avait un problème au niveau des
préposés aux bénéficiaires, qu'il en manquait, nous avions un conseil
d'administration qui était responsable de 400-500 résidents, et
peut-être de 100-120-130 employés, et dans de très gros CHSLD, le
nombre d'employés pouvait atteindre environ 400. Il y avait un
conseil d'administration qui, lorsqu'il voyait pointer des problèmes,
au niveau des cuisines, des préposés, des infirmières, ou de
l'administration, se réunissait chaque mois pour traiter des problèmes
de ce CHSLD. Il existait une pression sur le CA pour régler ces
problèmes avant que celui-ci ne devienne trop gros, trop sérieux pour
la santé des employés et des patients.
Maintenant, le CHSLD est noyé avec tous les autres CHSLD
de la région, avec les CLSC, et aussi avec le Centre-jeunesse, avec les
Centres de réadaptation en déficience intellectuelle et avec les
hôpitaux. Dans ces conditions, si tu as 10 minutes par année pour
parler du problème dans ce CHSLD, tu es chanceux.
En plus, les employeurs sont complètement perdus. Si on
demande à un de nos membres qui est ton patron, dans bien des cas, si
tu ne travailles pas dans le siège social de l'établissement, tu ne le
connais pas, tu ne le vois jamais. On appelle un numéro, on espère
qu'il a reçu le message. Le problème est encore plus grand en région,
où les distances entre les composantes de l'établissement et le siège
social sont encore plus grandes. C'est un sérieux problème pour
l'employé et pour le syndicat. Le syndiqué est face au désarroi de la
personne qui ne reçoit pas les services dont elle a besoin, il ne sait
pas comment répondre à ce besoin. Cela a un impact très négatif sur le
public et sur les employés. Ce problème existe partout au Québec, dans
les grands centres et dans les régions. Nous avons fait une tournée
partout au Québec et cette situation existe partout, quel que soit le
service. On a tellement éloigné la responsabilité du terrain où le
service est fourni que cela crée une crise de responsabilité dans le
système, un désarroi général. Tout le monde paie pour cela.
FO :
Qu'en est-il de la question des salaires ?
JB : Les
conditions salariales se sont grandement détériorées au fil des années.
L'inflation dépasse largement nos salaires depuis les derniers 20
ans. C'est pour cela que nous avons fait une demande d'un montant fixe
d'augmentation salariale. Ce montant est assez significatif pour les
personnes qui sont les mieux payées mais il est particulièrement
significatif pour les bas salariés. Nous demandons 3 $ de
l'heure d'augmentation fixe la première année, pour tous nos membres.
Trois dollars la première année en moyenne, cela représente un peu plus
que 9 % d'augmentation, mais pour les bas salariés cela représente
quelque chose comme 20 %.
FO :
Comment entrevois-tu la négociation qui s'amorce ?
JB : Nous
avons fait une tournée de nos membres afin d'élaborer nos demandes.
Maintenant que nos demandes sont déposées, nous allons faire une autre
tournée pour les enraciner.
Les attentes sont très fortes parmi nos membres. En ce
qui concerne l'annonce du gouvernement qu'il va nous offrir seulement
l'équivalent de l'inflation, et un peu plus en ce qui concerne les
préposés aux bénéficiaires et les enseignants au bas de l'échelle, on
espère que c'est juste une position pour amorcer la négociation, pour
se positionner sur la place publique mais qu'à la table de négociation
il va devenir sérieux. Sinon, si le gouvernement entend sérieusement
nous limiter à l'inflation, nous allons dire à nos membres qu'il faut
se mobiliser plus qu'on ne l'a fait ces dernières années.
À notre avis, si la CAQ a gagné l'élection en
octobre 2018, c'est parce que la population était écoeurée de la
réforme Barrette dans la santé et de la situation qui règne dans les
écoles. Il faut que le gouvernement Legault reconnaisse cela.
Chose certaine, si le gouvernement met en pratique ce
qu'il a annoncé, pour les proposés et les enseignants, ce ne sera pas à
la hauteur de ce que les employés ont besoin. Et pour les autres
catégories de travailleurs, il n'est pas question d'accepter d'être
limités à l'inflation.
En plus, il n'a pas dit un mot sur les conditions
d'exercice des services, les conditions de travail.
D'après ce que je sais, tous les syndicats qui vont
s'engager dans ces négociations ont déposé leurs demandes. Nous nous
attendons à une réponse du gouvernement avant les Fêtes.
C'est certain que cela va prendre un très sérieux coup
de barre pour améliorer les conditions dans les services publics.
Note
1. La pièce-maîtresse de ce qui a
été appelé la réforme Barrette, du nom de l'ancien ministre de la Santé
et des services sociaux Gaétan Barrette, est l'adoption de la
loi 10 restructurant les services de santé en 2015 par le
gouvernement libéral. Cette loi a créé des méga-établissements qui
couvrent parfois des régions entières et dont le conseil
d'administration est essentiellement nommé par le ministre de la Santé
et des Services sociaux et est redevable au ministre. La loi a éliminé
les niveaux intermédiaires de prise de décision qui existaient dans le
réseau, et écarté la prise de parole des travailleurs et travailleuses,
qui font fonctionner le système et sont souvent criminalisés.
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