Les travailleurs du transport en commun
défendent
leurs droits et le transport public
Les chauffeurs d'autobus et les travailleurs d'entretien concluent une entente de principe
- Annie Jamieson et Brian Sproule -
Affiché sur le compte Twitter de la section locale 111 d'Unifor
le 23 novembre 2019 :« N'en déplaise au département des
relations publiques [...] les travailleurs du transport en commun sont
mieux qualifiés pour dire ce qu'il en est de la situation. Demandez-le
à n'importe quel travailleur du transport en commun présent dans cette
salle. »
Les 5 000 travailleurs des transports en
commun qui livrent les services d'autobus et de traversiers dans la
région métropolitaine de Vancouver veulent des salaires et des
avantages acceptables pour eux-mêmes ainsi que des conditions de
travail améliorées, conditions indispensables à la sécurité des
transports.
L'intransigeance de la Coast Mountain Bus Company (CMBC)
face aux préoccupations des travailleurs du transport en commun dans la
région métropolitaine de Vancouver concernant des salaires et des
conditions de travail convenables a poussé les travailleurs à annoncer
le 20 novembre une fermeture de trois jours du réseau
les 27, 29 et 29 novembre. Les négociations ont repris
le 26 novembre après une rupture il y a deux semaines.
Après 10 heures de négociations, le président national d'Unifor,
Jerry Dias, a annoncé une prolongation de 30 minutes du délai de
grève après minuit afin de permettre la poursuite des négociations. Un
accord de principe a été annoncé à 12 h 30 ce matin, évitant
ainsi un arrêt de service.
« Cette convention reconnaît que les membres d'Unifor
constituent l'épine dorsale du système de transport en commun du
Vancouver métropolitain, a déclaré Gavin McGarrigle, directeur régional
d'Unifor Ouest et négociateur en chef. Nous sommes impatients de faire
partie intégrante d'un système en expansion qui maintient cette région
en mouvement. » Les moyens de pression se termineront pendant les
votes de ratification dans les prochains jours, à la suite desquels les
détails de l'accord seront rendus publics.
Les conventions collectives entre les sections
locales 111 et 2200 d'Unifor et la Coast Mountain Bus Company
(CMBC) ont expiré le 31 mars. Il n'y a eu aucun progrès malgré
tous ces mois de négociations. C'est pour cette raison que les
travailleurs ont voté à 99 % pour la grève et ont émis un
avis de grève de 72 heures le 29 octobre. Ils mènent des
moyens de pression depuis le 1 novembre pour appuyer leurs
revendications.
La section locale 111 d'Unifor représente
les 4 000 chauffeurs du transport en commun du système
Translink et la section locale 2 220 représente près
de 1 000 personnes de métier et techniciens qui entretiennent
les autobus et la flotte de traversiers SeaBus. CMBC est la propriété
exclusive de TransLink, l'organisme qui gère les activités de transport
en commun du District de la grande région de Vancouver.
Dans le Bulletin de la grève du transport en commun
publié par Unifor, le syndicat affirme : « Au coeur de ce conflit
de travail il y a la reconnaissance du rôle important des travailleurs
du transport en commun dans un système qui est à la fois sous tension
et en expansion. »
Trois des revendications sur la table sont : la
parité de salaire entre les chauffeurs d'autobus de Vancouver et ceux
d'autres grandes villes telles que Toronto, des pauses adéquates
pendant un quart de travail pour se reposer, manger et aller à la
toilette, ainsi que la parité de salaire entre le personnel d'entretien
de CMBC de Vancouver et celui du Sky Train.
Selon le Bulletin de la grève du
transport en commun, en dépit de l'approche irrespectueuse et
intransigeante de la compagnie, les deux sections locales ont d'abord
opté pour des actions qui seraient le moins dérangeantes possibles pour
le public, comme le refus de porter l'uniforme et une interdiction du
temps supplémentaire par les mécaniciens.
L'interdiction de faire du temps supplémentaire pour les
travailleurs d'entretien a eu comme conséquence des annulations
quotidiennes de sorties des SeaBus et une réduction du service
d'autobus sur plusieurs itinéraires importants. Le fait que cette
action à elle seule ait occasionné d'importantes réductions de service
montre que les conditions de travail sont insoutenables, puisqu'un
système qui compte sur le temps supplémentaire pour fonctionner est
organisé sur la base d'une importante pénurie de travailleurs, ce qui
explique pourquoi les pauses sont un si grave problème, et pourquoi la
situation actuelle est dangereuse pour la sécurité et bien-être des
travailleurs, mais aussi pour la sécurité et le bien-être du public.
La position intransigeante de TransLink (via CMBC) est
vraisemblablement due au fait que TransLink a décidé que sa situation
financière « ne lui permet pas » de respecter les justes
revendications des travailleurs du transport en commun tout en
poursuivant son projet d'expansion.
McGarrigle a dit à Star Metro Vancouver
le 11 octobre que la question des chauffeurs qui n'ont pas le
temps de prendre leur pause afin de respecter l'horaire est restée non
résolue depuis des années. Il a dit que les travailleurs sont au «
point de rupture ». Les burnouts sont fréquents. « Les chauffeurs
d'autobus ont besoin de récupérer, ils doivent aller aux toilettes,
prendre une bouchée, se reposer la tête pour reprendre la route et
gérer des autobus pleins à craquer, être obligés de refuser des
passagers, tout en assistant les personnes âgées. Les chauffeurs ne
sont pas des machines, ce sont des êtres humains et ils ont besoin du
temps qu'il faut pour décompresser et pour récupérer. »
Selon TransLink, il y a eu une augmentation de passagers
de 18 % entre 2016 et 2018. McGarrigle affirme
qu'il en a résulté une augmentation d'autobus bondés de 36 %.
Les navettes qui desservent les petites communautés et dont les
itinéraires sont censés être moins achalandés ont des monte-charge
mécaniques à l'arrière pour les passagers se déplaçant en fauteuil
roulant ou en mobylette ou ayant des paniers de magasinage. Il faut
prendre un certain temps pour les faire monter et les faire descendre
en raison de ces monte-charges qu'il faut actionner à chaque fois. Les
chauffeurs doivent aussi avoir le temps d'ajuster leurs miroirs, le
siège du conducteur et voir à divers contrôles de sécurité.
Un chauffeur sur un des itinéraires les plus achalandés
de Vancouver a dit à Forum ouvrier :
« Cet emploi m'a achevé —- je ne peux plus continuer. » Interrogé
au sujet des pauses, il a dit que sur son itinéraire une pause
de 40 minutes est censée être intégrée à l'horaire, mais un
chauffeur doit « téléphoner à l'avance et demander sa pause ». Une
fois, il a téléphoné et demandé une pause mais on la lui a refusé sous
prétexte que « la pause est pour l'autobus, pas pour le
chauffeur » ! Bien qu'il soit loin de ses 65 ans, ce
travailleur a décidé de prendre une retraite prématurée le plus tôt
possible sans être pénalisé (pour qu'il puisse bénéficier d'un régime
de retraite convenable). Il a dit qu'il appuie pleinement la grève et
qu'il a décidé de rester jusqu'à la fin de la grève pour appuyer ses
collègues de travail qui devront rester et continuer de faire ce
travail stressant.
CMBC a refusé tout compromis raisonnable et campe sur
ses positions, forçant le syndicat à intensifier ses actions. Comme on
devait s'y attendre, CMBC a tenté de monter le public contre le
syndicat en disant des travailleurs du transport en commun qu'ils sont
égoïstes et insensibles et les médias monopolisés ont repris la
rengaine : « Le syndicat va laisser des centaines de milliers de
clients sans transport ». En réalité, ce sont les employeurs qui
sont égoïstes et insensibles aux besoins du public et aux travailleurs
du transport en commun qui livrent ce service essentiel au public.
Les passagers du transport en commun du District de la
grande région de Vancouver ne se sont pas laissé prendre par ces
tentatives de rejeter la responsabilité sur les travailleurs. Selon le
Bulletin de grève : « Les chauffeurs du transport en commun ont
été touchés par les signes d'appui et de solidarité de nos
passagers. »
Cet article est paru dans
Numéro 27 - 27 novembre 2019
Lien de l'article:
Les travailleurs du transport en commun
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