6 juin 2019
Opposition
à l'offensive antisociale du gouvernement de l'Ontario
Journées
d'action les 7 et 8 juin à l'occasion du premier anniversaire de
l'élection du gouvernement Ford!
• Il faut faire des investissements
adéquats pour que les travailleurs puissent offrir aux citoyens
les services dont ils ont besoin - Entrevue avec Jason
Fraser,
paramédic et président
du comité ambulancier de l'Ontario du SCFP
• Les travailleurs accidentés refusent
d'être réduits au silence ou dissuadés de lutter
pour leurs droits
Les travailleurs
d'entretien de la Société de transport de Montréal
défendent la dignité du travail
• Une dure lutte pour une convention collective
qui est favorable aux travailleurs - Entrevue avec Gleason
Frenette, président du Syndicat du
transport de Montréal
Septième
semaine de lockout des travailleurs de la fonderie Brunswick
• Vigoureux rassemblement de masse des
Métallos et de leurs alliés
en appui aux travailleurs
de Glencore à Belledune
Les travailleurs
canadiens appuient les mineurs de l'Idaho
• Les métallos de la
Colombie-Britannique et des États-Unis manifestent devant
l'assemblée générale annuelle de Hecla Mining
Les travailleurs
d'Alcoa et d'Arconic aux États-Unis votent des mandats de
grève
• Les travailleurs défendent leurs
droits et leur dignité contre les demandes inacceptables qui
favorisent des intérêts privés étroits
- Pierre Chénier
Opposition à l'offensive
antisociale du gouvernement de l'Ontario
- Entrevue avec Jason Fraser,
paramédic et
président du comité ambulancier
de l'Ontario du SCFP -
Le contingent des paramédics à la Journée d'action
pour la santé à Queen's Park, le 30 avril 2019
Forum ouvrier : Le 17 mai, le
Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a publié un
communiqué de presse intitulé « Confrontés
aux terribles compressions budgétaires en Ontario, les
ambulanciers demandent : 'Y aura-t-il une ambulance si vous en
avez besoin ?' » Peux-tu nous en
dire plus ?
Jason Fraser :
Le modèle de financement des services paramédicaux en
Ontario est divisé environ moitié-moitié. La
province contribue à 50 % et les municipalités
à 50 %. C'est comme ça à chaque
année. Généralement, le gouvernement provincial
augmente d'environ
5 % par an les montants transférés. Ce qu'ils ont
fait, c'est qu'ils ont gelé la somme d'argent qu'ils
transfèrent aux taux de 2017-2018. Les municipalités
ont déjà adopté leur budget pour 2019. Elles
s'attendaient à ce que 50 % de leur budget provienne
du gouvernement provincial cette année, mais elles
reçoivent moins.
Elles obtiennent en réalité le budget de 2018 .
C'est un manque à gagner important pour les services
paramédicaux dans la
province.
Nous ne savons pas vraiment ce que les
municipalités vont faire pour compenser ces coûts.
Certaines municipalités s'étaient engagées
à mettre de nouveaux véhicules en service, à avoir
plus de personnel paramédical. À l'heure actuelle, nous
ne savons pas comment elles vont combler ce manque à gagner.
Par exemple, dans la région de Durham, il
manque 1,75 million de dollars. La question est de savoir comment
ils vont combler ce manque. Si le gouvernement provincial n'avait pas
gelé les taux, la région de Durham aurait reçu
cette somme de 1,75 million de dollars du gouvernement.
FO : Dans le communiqué, tu
écris que les services d'ambulance sont déjà
confrontés à des situations dans lesquelles ils ne sont
pas capables de fournir des services adéquats aux Ontariens.
JF : C'est exact. Partout dans la
province, dans plusieurs régions, nous avons ce qu'on appelle
des codes zéro, une situation dans laquelle les ressources sont
limitées ou alors aucune ambulance n'est disponible pour
répondre aux appels. Cela se produit déjà dans
certaines communautés de la province.
Ce manque de fonds entraînera-t-il le licenciement
de certains ambulanciers ? Nous ne le savons pas encore. Est-ce
que
cela va aggraver le manque de ressources, en particulier dans les
municipalités qui allaient mettre un véhicule sur la
route et qui dépendaient de ce financement de la province ?
Présentement, elles n'ont pas les fonds
nécessaires pour pouvoir mettre cet autre véhicule sur la
route.
Nous savons que le volume
d'appels augmente de 3,5 % à 5 % par an. Le
volume d'appels augmente en raison de nombreux facteurs, dont le
vieillissement de la population. De plus, à Toronto, le
gouvernement provincial a annulé le financement destiné
aux sites d'injection supervisée, qui avaient réduit le
nombre
d'appels au 911. Avec la fermeture des sites d'injection
supervisée faute de financement, plus de personnes appellent
le 911.
Nous sommes en train d'examiner quel sera l'impact de
ces choses-là.
De plus, pour ce qui est des services
paramédicaux et des centres de communication, le gouvernement
provincial envisage de tout restructurer. Nous avons
présentement 52 services d'ambulances terrestres
exploités
par des municipalités et la province envisage de les
restructurer, de réduire leur nombre. Nous n'avons pas encore
été
consultés à ce sujet. Nous avons eu un court briefing
technique et on nous a promis une place à la
table, mais nous n'avons pas encore eu de confirmation de date pour
cela. Ce ne sera certainement pas 52 services. Cela pourrait descendre
à 10 services. Chaque municipalité serait
regroupée dans une zone géographique plus étendue
Nous devrions couvrir une zone plus vaste alors que nous ne disposons
pas de suffisamment de ressources pour couvrir nos propres zones, ce
qui ne fera qu'empirer les choses. Cela ne présage rien de bon..
Nous voulons que le financement provincial soit
rétabli afin que les services reçoivent le montant
adéquat dont ils ont besoin pour fonctionner. En ce qui concerne
la restructuration, nous pensons que le meilleur modèle est le
modèle actuel. Ils doivent simplement investir
adéquatement dans nos services pour que nous soyons capables de
les
fournir aux citoyens de l'Ontario.
Pour la 36e année, les travailleurs
accidentés se sont réunis le 1er juin à
Queen's Park pour réclamer avec force que leur droit à
une pleine indemnisation en cas de blessure au travail ou de maladie
professionnelle soit garanti. Alors qu'ils marquent la Journée
des travailleurs accidentés, ces travailleurs, aux
côtés de plusieurs
autres secteurs de la société en Ontario, font face
à une offensive antisociale de plus en plus brutale menée
par le gouvernement actuel.
Un esprit de
détermination était palpable lors du rassemblement, qui
cette année en particulier a mis de l'avant la voix et
l'expérience des travailleurs accidentés, et
présenté à la fois les succès du travail
d'organisation et les difficultés sérieuses que les
travailleurs affrontent avec les compressions de plus en plus
importantes du
gouvernement Ford. Les
intervenants ont présenté leur expérience en tant
que travailleurs accidentés, discutant de comment s'organiser
pour changer la situation difficile à laquelle se heurtent de
nombreux travailleurs. Un important contingent de travailleurs à
la retraite de General Electric s'est rendu au rassemblement depuis
Peterborough, et d'autres sont venus de Barrie,
de Hamilton et d'autres régions.
Au cours de la dernière année, en plus de
réduire les cotisations que les employeurs paient à la
CSPAAT, ce qui va priver le régime de fonds indispensables, le
gouvernement Ford a mis fin au projet pilote sur le revenu de base
garanti et a réduit les fonds assignés au financement des
organismes gouvernementaux qui s'occupent de la
prévention des blessures et des maladies. Un projet de loi qui
autoriserait des entreprises à effectuer leurs propres
inspections en matière de santé et de
sécurité, qui a été mis de
côté en raison de l'opposition
généralisée, pourrait être
présenté à nouveau par le gouvernement Ford.
En outre, les réductions annoncées
récemment dans l'aide juridique auront de graves
conséquences pour les travailleurs accidentés dont les
réclamations sont de plus en plus refusées et qui sont
contraints d'aller en appel. Non seulement les cliniques d'aide
juridique aident-elles les travailleurs accidentés dans leurs
réclamations, a déclaré une
intervenante en colère face aux compressions, mais ils nous
enseignent comment nous battre pour la justice.
Une année consacrée au travail
d'organisation
Le président d'ONIWG Willie Noiles
|
Les succès remportés depuis un an dans l'organisation de
la campagne « L'indemnisation des travailleurs est un
droit ! » ont été évoqués
au rassemblement. Le président du Réseau ontarien des
groupes de travailleurs accidentés (ONIWG), Willie Noiles, a
parlé des succès de la campagne et souligné
que sa pétition a été déposée
plusieurs fois à l'assemblée législative afin de
rappeler aux députés les revendications de la
campagne. En
outre, grâce à leur travail d'organisation, ils ont
réussi à faire en sorte qu'un projet de loi
émanant d'un député visant à mettre fin
à la présomption (le « deeming »), qui
est une des trois revendications
principales de la campagne, soit examiné par l'Assemblée
législative. Noiles a dit que le rythme de travail
s'était accéléré et que de nouveaux groupes
ont été organisés dans différentes
régions.
Janice Martell du Projet de poudre McIntyre, qui oeuvre
dans les communautés minières du nord de l'Ontario, a
annoncé qu'au cours de la dernière année, des
efforts ont été déployés pour rassembler
ceux qui organisent là où il y a des concentrations de
maladies professionnelles, afin de lutter pour une juste indemnisation
des personnes touchées. De ce travail est né Allied
Forces (Forces alliées), qui
comprend présentement le Projet de poudre McIntyre, les
travailleurs de General Electric et les travailleurs du plastique
de Ventra à Peterborough, les travailleurs du caoutchouc de
Kitchener et les victimes de la Chemical Valley à Sarnia. Ils
travaillent ensemble pour faire valoir leurs demandes
d'indemnisation, tout en conservant la spécificité de
leur organisation locale. Janice Martell a dit que le nom de
l'organisation s'inspire des forces alliées de la
Deuxième Guerre mondiale, qui ont réussi à vaincre
un ennemi très puissant.
Martell a évoqué les difficultés
vécues par les travailleurs qui demandent à être
indemnisés en cas de maladie professionnelle, dont les
symptômes apparaissent souvent des années plus tard,
lorsque les entreprises ont fermé les usines ou que les
travailleurs ont pris leur retraite. « La CSPAAT a le pouvoir de
faire respecter notre droit à une
indemnisation équitable ou de nous refuser notre droit à
une indemnisation équitable et chaque refus provoque une
multitude d'autres refus. Vous nous refusez notre dignité, la
reconnaissance que nos années d'exposition aux toxines multiples
ont été responsables de façon significative de nos
maladies. Vous nous niez le droit de savoir combien
d'autres personnes, dans le même endroit de travail, sont
exposées aux mêmes toxines et souffrent des mêmes
maladies. Vous nous refusez l'avis de nos médecins pour y
substituer l'avis de vos mercenaires. Vous refusez de reconnaître
les preuves que nous portons dans nos corps, avec lesquelles nous
vivons, dont nous demandons la reconnaissance dans nos manifestations,
et dont
nous mourons en nombres qui démasquent vos décisions de
refus. Vous nous refusez la paix de mourir en sachant que nos familles
seront prises en charge grâce à une indemnisation
équitable qui nous a été promise.
« Votre pouvoir de nous nier est immense. Il
nous accable. Il nous met en colère. Il nous laisse sans espoir,
sans justice, sans aide ni moyens financiers pour nous défendre.
Pourtant, nous sommes ici. Nous sommes tous réunis ici à
défier votre pouvoir. [...] Nous vous refusons notre silence -
vous entendrez nos voix. Nous vous refusons le
réconfort de notre anonymat - vous verrez nos visages, vous
connaîtrez nos histoires, nos luttes, nos souffrances. Nous
refusons d'être isolés- nous nous trouverons,
rassemblerons, organiserons, resterons unis, et nous nous battrons.
Nous n'accepterons pas votre discours. Nous vous démasquerons et
défierons votre pouvoir de nous nier. »
Le rassemblement a aussi compris des performances
culturelles, dont les chansons « Oh What a Journey, Oh What a
Load » et « We Will Rise » de Justice
Singers, ainsi qu'un sketch « We Are the People » qui
a rejeté les slogans des gouvernements Ford qui prétend
parler au nom du peuple - en disant que le peuple, c'est
nous, et que nous parlerons pour nous-mêmes. Un poème
émouvant a été récité en conclusion
du programme.
Windsor
Un avertissement de tornade n'a pas empêché
la commémoration de la Journée des travailleurs
accidentés à Windsor. Des activistes à la
défense des travailleurs accidentés se sont
rassemblés aux bureaux de la CSPAAT pour demander des
réformes à la réglementation de la CSPAAT qui
favorisent les travailleurs.
Le lendemain, des activistes qui défensent les
travailleurs accidentés, des représentants du Conseil du
travail et du district de Windsor et des militants du PMLC ont
distribué plus de 1 000 tracts à Art in the Park,
à Windsor. Les tracts ont été bien accueillis par
le public et plusieurs personnes se sont arrêtées pour
discuter en entrant ou en
sortant du parc.
C'était la première fois qu'une telle
action de masse avait lieu lors de la Journée des travailleurs
accidentés et des plans sont en cours pour des distributions de
masse similaires à l'avenir.
Actions à London et Thunder Bay pour
la Journée des travailleurs accidentés
London
Thunder Bay
Les travailleurs d'entretien de la
Société de transport de Montréal
défendent la dignité du travail
- Gleason Frenette, président du
Syndicat du transport de Montréal (STM-CSN) -
Manifestation des travailleurs d'entretien de la STM, le 13
septembre 2018
Après 23 mois et 170 rencontres
de négociation, le Syndicat du transport de Montréal
(STM-CSN) a signé une nouvelle convention collective le 9
avril dernier pour les 2400 travailleurs d'entretien de la STM. En
assemblée générale le 10 mars, les
travailleurs avaient adopté le projet de convention
à 96.5 %, avec une participation d'environ 1600
travailleurs à l'assemblée, un nouveau record pour le
syndicat. Compte tenu du fait qu'environ 400 membres
étaient au travail au moment de l'assemblée et
qu'environ 100 travailleurs étaient en accidents de
travail, le taux de participation a été très
élevé. L'employeur
s'était présenté à la table de
négociation avec une longue liste de reculs, dont la
privatisation de certains emplois. Les travailleurs étaient
aussi sous le coup de deux nouvelles lois antiouvrières
adoptées par le gouvernement du Québec, une sur les
régimes de retraite et l'autre sur le régime de
négociation dans le secteur municipal. Forum
ouvrier s'est entretenu récemment avec le président du
syndicat Gleason Frenette sur l'évaluation que le syndicat fait
de cette intense période d'activités et de ce que les
travailleurs ont été capables d'accomplir.
Forum ouvrier : Le syndicat dresse
un bilan très
positif de ce que vous avez accompli dans cette négociation.
Peux-tu nous en dire plus ?
Gleason
Frenette : Nous avons réussi à bonifier
plusieurs primes, entre autres les primes pour les travailleurs de nuit
et pour ceux qui travaillent les fins de semaine. À la STM, nous
sommes ouverts sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Nous
n'avons pas le choix, il y a du monde qui travaille de nuit et il y a
du monde qui travaille les fins de semaine. Les primes aident à
améliorer le sort de ces travailleurs-là.
Nous avons fait beaucoup de gains en ce qui concerne les
garanties des postes de jour, les postes qu'on appelle 5-2, 5
jours de travail, deux jours de congé. Nous avons garanti tous
ces postes en échange de permettre à l'employeur de
créer des quarts de soir et de nuit à l'usine
Crémazie, qui répare les pièces d'autobus. Avant
de
créer un poste de soir ou de nuit, il faut que tous les postes
de jour soient comblés à tous les endroits de travail.
C'est rassurant pour les travailleurs qui ont moins
d'ancienneté, qui sont obligés de travailler de soir et
de nuit, car ils savent qu'à un moment donné il y aura de
la place pour travailler de jour.
C'est important que les postes de jour ont
été garantis. Selon notre convention, la STM peut couper
un poste par attrition, par exemple lorsqu'un travailleur part à
la retraite. Les employés qui partent à la retraite sont
souvent rendus de jour. Alors nous avons garanti ces postes-là.
C'était important parce que lorsqu'on garantit des postes, si
jamais l'ouvrage vient à manquer, ils sont obligés de
garder leur personnel. En échange nous avons aussi donné
la possibilité à la STM de créer des postes
de 12 heures, qui n'existaient pas auparavant. Nous avons beaucoup
encadré ces nouveaux postes. L'employeur est obligé de
les offrir par volontariat aux travailleurs qui sont
présentement
à l'emploi de la STM. Les seuls qui peuvent être
obligés de prendre ces postes c'est à l'embauche.
À l'embauche, c'est un moindre mal parce que lorsque tu sais que
c'est un poste de douze heures qui t'est offert, tu as le choix de
venir travailler ou non pour la STM. Les employés qui occupent
ces postes travaillent 36 heures et sont payés
pour 40 heures. Cela va commencer bientôt.
Il va y avoir de l'embauche massive à la STM.
C'est pour cela qu'on a réussi à négocier ces
garanties de postes, car l'employeur savait qu'il allait engager
beaucoup de travailleurs. Il y a beaucoup de projets dans le transport
en commun. La STM va grossir. C'était le temps pour nous d'agir
parce que l'employeur avait beaucoup de demandes.
Il veut avoir de la flexibilité, notamment créer des
postes de soir et de nuit. Il avait un cahier de charges avec plus
de 100 demandes de reculs ou de changements dans la convention.
Nous avons négocié pour faire des gains avec les
garanties de postes en échange de ce qu'on acceptait en terme de
flexibilité.
Nous avons eu des gains en ce qui concerne le rattrapage
salarial pour les gens de métier. Nous avions des
catégories de métier dont le salaire était
de 10-12 dollars de l'heure de moins qu'au privé.
Nous avons réussi à instaurer une nouvelle
prime, la prime-flex comme on l'appelle. C'est une prime qui compense
les effets de la loi 15 sur les régimes de retraite dans le
secteur municipal. [1] On va
avoir une prime, qui va augmenter graduellement, qui va compenser pour
les effets de la
loi 15 car on est maintenant obligé de contribuer
à 50-50 dans notre régime de retraite avec
l'employeur. Auparavant, la contribution était 66-33, deux
tiers par l'employeur et un tiers par les travailleurs. Nous avions des
conventions collectives négociées là-dessus. On
avait concédé beaucoup par le passé pour
améliorer notre
régime de retraite mais la loi est venue changer cela.
Même si nous avions des contrats avec l'employeur, cela a
été annulé.
FO : Vous avez
négocié sous l'égide de la loi 15, Loi
favorisant la santé financière et la
pérennité des régimes de retraite à
prestations déterminées du secteur municipal, et de
la loi 24, Loi concernant le régime de
négociation des conventions collectives et de règlement
des différends dans le secteur
municipal. Quel a été leur impact sur la
négociation ?
GF : En ce qui concerne la loi 15, cela
été vraiment complexe. Cela a engendré beaucoup de
coûts parce que nous devions tout le temps avoir un actuaire avec
nous pour négocier. La loi 15 augmente notre cotisation
à notre régime de
retraite à chaque paie.
En ce qui concerne la loi 24, qui a
été adoptée en 2016, elle vient régir
toute la négociation. Elle prévoit des
étapes : on a tant de temps pour négocier,
après cela l'employeur peut demander la présence d'un
médiateur. Tout est encadré, balisé, il y a des
délais pour toutes les étapes. L'employeur s'est servi de
la loi pour
demander un médiateur. Le médiateur est intervenu dans
notre négociation alors que cela faisait 8 mois qu'on
négociait après que la convention collective soit
arrivée à terme. Pendant la médiation, on
a 60 jours pour s'entendre, après cela le médiateur
peut prolonger lui-même la médiation ou à la
demande des deux parties. Une fois
qu'il a prolongé la médiation, il faut que les deux
parties consentent pour qu'il y ait une nouvelle prolongation
de 60 jours. Il a fallu insister beaucoup pour que l'employeur
soit d'accord avec cette nouvelle prolongation. Une fois ce 60
jours terminés, l'employeur nous menaçait de faire
intervenir le mandataire spécial prévu par la loi,
qui a le pouvoir à la limite de recommander le décret de
nos conditions de travail. En vertu de cette loi, nous négocions
constamment sous la menace. Aussi, nous n'avons pas le choix de signer
des contrats d'une durée minimum de cinq ans, alors que notre
tradition c'était des contrats de 3 ans.
En plus, la négociation a été
extrêmement judiciarisée. L'employeur nous a souvent
amenés au Tribunal administratif du travail. Il a constamment
utilisé le judiciaire pour aider son rapport de force. Cela
s'est produit sept fois. La judiciarisation est plus forte qu'avant
parce que l'employeur sait qu'il a la loi de son côté.
Pour contrer les effets de la loi 24, nous avons
négocié et mis dans la convention que dorénavant,
on commencerait à négocier un an avant
l'échéance de la convention, pour contrer les effets de
la loi 24 qui nous limite dans le temps.
Une assemblée de masse des travailleurs d'entretien, le 27
mai 2018
FO : Qu'est-ce qui vous a
guidés dans votre négociation compte tenu de toutes ces
embûches ?
GF : Nous avons mis beaucoup
d'accent sur la mobilisation. Nous sommes le seul des six syndicats
à la STM où le président n'est pas à la
table de négociation en tout temps. Vers la fin de la
négociation j'étais à la table en tout temps, mais
pendant les 23 mois que la négociation a duré, je
m'occupais de la
mobilisation au bureau du syndicat et dans les milieux de travail. Nous
avons été très présents dans les milieux de
travail, tout l'exécutif, Nous avons aussi organisé des
manifestations.
Nous avons écrit beaucoup de tracts. Nous nous
étions donné comme guide d'écrire un tract par
mois au lieu d'un tract aux deux ou trois mois comme on le fait
parfois. Nous distribuons les tracts partout dans les milieux de
travail. Nous les mettons aussi sur notre page Facebook. Nous y avons
donné tous les détails de la négociation, ce qui
achoppait, ce que l'employeur demandait. Nous nous sommes servis de ces
tracts notamment parce que l'employeur voulait privatiser certains
secteurs, par exemple en donnant au privé l'entretien
ménager de toutes les bâtisses de bureaux de la STM. En
échange, il nous promettait des compensations
financières. Il essayait de nous acheter. Nous
avons dit qu'il n'en était pas question, qu'on protège
tout le monde.
Nous avons essayé d'avoir recours aux
médias pour dire la vérité sur ce qui se passe.
Par exemple, la STM a changé la méthode de ravitaillement
des autobus en essence, ce qui a occasionné beaucoup de pannes
de carburant. La STM disait que c'était du sabotage par les
membres. Nous avons aussi expliqué aux clients et à la
population
pourquoi il manquait d'autobus sur la route. Ce n'était pas
à cause de moyens de pression mais d'erreurs de gestion, de
mauvaises décisions de gestionnaires par rapport à
l'entretien des véhicules, de mauvaise qualité des
autobus eux-mêmes. Nous avons eu recours aux médias
traditionnels, surtout les journaux, et aux médias sociaux pour
donner
l'heure juste, pour expliquer ce qui s'était réellement
passé pour essayer d'avoir l'opinion publique de notre
côté. Nous avons fait plusieurs mises au point dans les
médias, y compris dans les médias sociaux, par rapport
à ce que la STM déclarait. C'est une première en
ce qui nous concerne d'avoir eu l'opinion publique de notre
côté. Aussi, on a
opté pour une grève de temps supplémentaire au
lieu de faire une grève totale avec services essentiels On a
arrêté tout le monde de faire du temps
supplémentaire pendant six jours.
Nous nous sommes adaptés aux nouvelles
réalités. On ne peut pas négocier de la même
manière que cela se faisait avant ces nouvelles lois.
Il a fallu mettre beaucoup d'énergie, donner
beaucoup de notre temps. On a été très
présents dans les milieux de travail. Les membres
apprécient cela, qu'on soit présents là où
ils travaillent. Nous n'avons pas eu peur de nous tenir debout devant
ces lois. Nous ne nous sommes pas écrasés devant elles.
Si on n'avait pas eu les membres avec
nous, on n'aurait pas pu tenir tête a l'employeur, ça
c'est certain.
Note
1. En décembre 2014,
le
gouvernement du Québec a adopté la Loi 15, Loi
favorisant la santé financière et la
pérennité des régimes de retraite à
prestations déterminées du secteur municipal.
Entre autres choses, la loi a imposé une
cotisation 50-50 dans les régimes
de retraite actuels et à venir et forcé les travailleurs
municipaux à éponger 50 % des déficits
passés, bien que ceux-ci aient souvent été
causés par le refus délibéré des
administrations municipales de mettre l'argent requis dans les
régimes. La loi fait partie de l'arsenal de l'État pour
attaquer le droit des travailleurs de négocier leurs
conditions au travail et à la retraite.
(Photos: CSN)
Septième semaine de lockout des
travailleurs de la fonderie Brunswick
Mardi le 4 mai, les travailleurs de la fonderie
Brunswick à Belledune, au Nouveau-Brunswick, ont tenu un
rassemblement très réussi dans lequel plus de 300
travailleurs et membres de la communauté ont participé.
Les 280 travailleurs de la fonderie, membres de la section
locale 7085 du Syndicat des Métallos, ont
été mis en lockout le 24 avril par le géant
minier et métallurgique Glencore à qui la fonderie
appartient. La direction de Glencore essaie d'extorquer de grandes
concessions antiouvrières aux travailleurs et ceux-ci
résistent en mettant de l'avant que « C'est notre
tour ! Pas de concessions ! ».
L'objectif du rassemblement
était de mobiliser de l'appui pour les travailleurs de
Belledune. Les travailleurs rapportent que l'appui de la
communauté, des autres sections locales des Métallos et
d'autres travailleurs a été très fort depuis le
début et qu'ils tenaient aussi à remercier la
communauté et les travailleurs en organisant cette action.
L'événement a débuté devant
le Centre récréatif de Belledune à 14 h. Les
participants ont rempli deux autobus pour se rendre sur les lignes de
piquetage, alors que d'autres s'y rendaient en voiture, pour y appuyer
les travailleurs pendant environ une heure. Lorsqu'ils sont revenus au
centre, leur nombre avait grossi à environ 300
alors que les enfants étaient revenus de l'école avec
leurs parents.
Il y a eu un BBQ, des musiciens et des jeux pour les enfants pendant
que les participants discutaient avec les travailleurs de la fonderie,
s'informant davantage sur les enjeux et exprimant leur appui.
En plus des travailleurs de la fonderie, on comptait
parmi les participants les dirigeants du District 6 du Syndicat
des Métallos, qui est responsable des travailleurs de l'Ontario
et des provinces de l'Atlantique, une forte délégation du
Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), des travailleurs de
sections locales de syndicats
industriels de la province et des membres de la communauté. Des
entreprises de la communauté ont fourni la nourriture et les
jeux pour les enfants. Lorsque le temps est venu de présenter
les discours, une pluie battante s'est mise à tomber et le
président de la section locale Bart Dempsey a simplement
remercié tout le monde pour l'appui qui ne
cesse d'affluer et a informé les participants que le Directeur
du District 6 va écrire une lettre à tous les
membres leur faisant part de son opinion sur la situation.
Les travailleurs disent que
Belledune est une communauté tissée-serrée d'un
peu moins de 2 000 personnes où demeurent un grand nombre
de retraités de la fonderie, qui savent ce que vivent les
travailleurs, ayant eux-mêmes vécu de telles situations
pendant leurs années de travail. Ils s'assurent que la
communauté est bien informée des
enjeux. La communauté sait que la lutte a été
constante à la fonderie, que les propriétaires aient
été Glencore, Xstrata ou Falconbridge avant lui. La
communauté est aussi conscientisée à cause des
activités antiouvrières de la direction actuelle, en
particulier en ce qui concerne la santé et la
sécurité. Elle en a été informée
parce que les travailleurs
ont combattu sans relâche pour des conditions salubres et
sécuritaires, pour eux-mêmes et la communauté.
Les travailleurs rapportent qu'ils ont maintenant
contré l'offre monétaire de la compagnie avec leurs
propres revendications. Ils ont également choisi quelques
demandes de concessions qu'ils demandent à la compagnie de
retirer avant que les travailleurs ne reviennent à la table de
négociation. Ils demandent de garder les positions de
président
de la section locale et de responsable syndical à la
santé/sécurité en tant que positions à
temps plein et que le programme actuel de retraite anticipée
soit maintenu. Ils veulent aussi que la compagnie augmente ses
cotisations au régime de retraite à cotisations
déterminées dont sont membres une partie des
travailleurs. [1]
« Nous en sommes maintenant à notre
septième semaine. Nous sommes toujours unis et forts. Nous
demandons toujours que ces concessions soient retirées. Une fois
que c'est fait, nous reviendrons à la table pour signer la
convention. Nous voulons une négociation, pas un
diktat », a dit Bart Dempsey à Forum ouvrier.
Note
1. Pour de plus amples
informations sur les demandes de concessions de Glencore et la position
des travailleurs, lire « Les travailleurs
défendent leurs
droits et leur dignité » dans le numéro
du 2 mai 2019 de Forum ouvrier
Des travailleurs canadiens appuient les
mineurs de l'Idaho
Vancouver, le 23 mai 2019
Le 23 mai, les métallos de la
Colombie-Britannique et leurs alliés se sont joints aux mineurs
en grève de l'Idaho pour dénoncer les pratiques
antiouvrières de la compagnie minière Hecla basée
aux États-Unis. L'action a eu lieu alors que la compagnie tenait
son assemblée générale annuelle à Vancouver.
Environ 240 membres de la section locale 5114
du Syndicat des Métallos sont en grève depuis plus de
deux ans à la mine Lucky Friday de Hecla à Mullan, en
Idaho, le plus long conflit dans l'histoire de la Silver Valley de cet
État. Les mineurs ont travaillé avec une convention
collective échue depuis onze mois avant que la
direction de Hecla ne les force à déclencher la
grève en mars 2017 par son refus de négocier avec
les travailleurs et ses demandes de concessions antiouvrières.
Lucky Friday est une mine souterraine d'argent, de plomb
et de zinc située dans le district minier de Coeur
d'Alène dans le nord de l'Idaho. La compagnie minière
Hecla produit de l'argent par l'exploitation de mines d'argent en
Alaska (Greens Creek),en Idaho (Lucky Friday), et au Mexique (San
Sebastian) et produit de l'or par l'exploitation
de mines d'or au Québec (Casa Berardi dans la région de
l'Abitibi) et dans le Nevada (Fire Creek et Hollister).
À la manifestation, les travailleurs ont dit aux
actionnaires qui se rendaient à l'assemblée que les
activités antiouvrières de Hecla font mal aux
travailleurs, à leurs familles et aux actionnaires. Ils ont
demandé aux actionnaires de faire pression sur les dirigeants de
Hecla Mining pour que ceux-ci négocient une convention
collective que les travailleurs jugent acceptable.
Selon les travailleurs, les concessions que cherche
à imposer Hecla feraient en sorte que la mine fonctionnerait
sans syndicat et que les travailleurs n'auraient pas un mot à
dire sur leurs conditions de travail.
Un gréviste a publié ceci sur la page
Facebook de la section locale du syndicat : « Avec leur
offre de convention collective, Hecla vise à briser le syndicat
et à contrôler totalement la main-d'oeuvre, point à
la ligne ! [...] Une convention équitable est une
convention qui respecte notre voix collective en tant que syndicat pour
que
nous puissions maintenir notre sécurité d'emploi et notre
santé et sécurité au travail. [...] Je ne
décrirai pas en détail l'offre inacceptable de Hecla -
notre équipe de négociation va s'en charger - mais je
dois dire que c'est un recul sur toute la ligne et que la
majorité de nos membres vont perdre des milliers de dollars par
année [...] Je peux vous dire
sans hésitation que la grande majorité des travailleurs
de notre syndicat n'apprécient pas du tout que la compagnie
Hecla
Mining nous étrangle collectivement pour tenter de faire taire
nos voix. Nous exigeons plus de respect. Nous méritons plus de
respect, et comme en témoigne une longue liste de nos
collègues qui ont laissé leur vie à Lucky Friday,
nous avons MÉRITÉ ce droit à un plus grand respect
que cela. »
Parmi les concessions exigées par l'entreprise,
les travailleurs soulignent les points suivants : ils devront
payer davantage pour leur assurance-santé et Hecla veut la
latitude d'apporter des modifications au régime de santé
sans l'approbation des travailleurs ; Hecla veut éliminer
le régime d'offre de positions qui détermine les
équipes
de travail et les assignations de postes à la mine ; elle
veut être la seule à décider qui travaille à
la mine et être libre de remplacer sans restriction les
travailleurs syndiqués par des travailleurs non
syndiqués ; l'avancement dépendrait uniquement de la
compagnie ; les superviseurs et l'administration
désigneraient chaque jour les
tâches de chaque travailleur ; les quarts de travail
varieraient entre 8 et 12 heures, à la discrétion de
la compagnie, etc. Pour les travailleurs, ce serait l'équivalent
d'avoir un syndicat juste pour la forme, ce qu'ils rejettent.
Les mineurs de Lucky Friday mènent des actions
à la défense de leurs droits et de leur dignité
dans la Silver Valley et dans plusieurs villes des États-Unis et
du Canada.
Des grévistes se rendent à New Westminster le 24
mai 2019 pour discuter
de leur lutte avec le Conseil du travail du district local.
Les travailleurs d'Alcoa et d'Arconic aux
États-Unis votent des mandats de grève
- Pierre Chénier -
Rassemblement des travailleurs d'Alcoa et
d'Arconic à Massena
dans l'État de New York, le 14 mai 2019
Lors de la grande marche familiale de solidarité
en appui aux travailleurs d'ABI en lockout, le 25 mai à
Trois-Rivières, les travailleurs ont été
très heureux d'avoir parmi eux des membres de la section
locale 420A du Syndicat des Métallos, représentant
les travailleurs d'Alcoa et Arconic à Massena, dans
l'État de New York. Les
membres de la section locale venaient juste, le 24 mai, de voter
de façon très massive en faveur d'un mandat de
grève pour résister aux demandes de concessions de la
même bande de propriétaires que celle d'ABI.
Depuis ce temps, les travailleurs d'Arcoa et d'Arconic
aux États-Unis ont tenu des votes de grève dans plusieurs
autres endroits. Le 31 mai, le Syndicat des Métallos a
annoncé, sur son site web international, que plus
de 1 500
travailleurs d'Alcoa ont maintenant voté pour autoriser la
grève dans les installations de la compagnie de
Warrick, en Indiana, de Gum Springs en Arkansas, de Point Comfort au
Texas et de Wenatchee dans l'État de Washington. Pendant ce
temps, les 1 900 travailleurs de l'usine de Bettendorf en
Iowa ont aussi donné un mandat de grève et les
travailleurs de l'usine d'Arconic de Lafayette en Indiana vont voter
le 6 juin. On évalue
qu'en tout environ 6 000 travailleurs participent à
cette ronde de négociation. La convention collective des
travailleurs s'est terminée le 15 mai et les travailleurs
ont continué de travailler en vertu des termes et des conditions
de cette convention après que le Syndicat des Métallos,
Alcoa et Arconic aient accepté temporairement de
la prolonger. Aucune négociation ne se tient en ce moment entre
le syndicat et les compagnies.
Il s'agit d'un premier contrat pour ces travailleurs
depuis qu'Arconic a été formée à la suite
de la scission d'Alcoa en 2016 en deux entités distinctes.
Alcoa a conservé l'extraction et la production de bauxite et la
production d'alumine et d'aluminium primaire, tandis qu'Arconic se
concentre sur la transformation de l'aluminium et
d'autres métaux légers en produits manufacturés
destinés aux secteurs de l'aérospatiale, de l'automobile
et d'autres secteurs. Lorsque la compagnie s'est scindée en deux
entités, il a été décidé par les
compagnies et le Syndicat des Métallos qu'un accord-cadre
serait négocié pour l'ensemble des travailleurs tandis
que les enjeux locaux seraient
négociés localement et que les ententes locales
entreraient en vigueur uniquement à la conclusion de
l'accord-cadre.
Les travailleurs rapportent
qu'Alcoa et Arconic demandent toute une série de concessions
dans pratiquement chaque aspect de leur convention collective : la
réduction des avantages sociaux, des attaques au régime
de retraite à prestations déterminées des
travailleurs, l'augmentation de leurs paiements
d'assurance-santé, l'élimination de la couverture des
soins de santé des retraités pour les travailleurs non
encore admissibles au régime fédéral
d'assurance-maladie, et plus encore.
Un travailleur d'Alcoa de Massena écrit ce qui
suit sur la page Facebook de la section locale : « Tout ce
que nous voulons c'est un salaire équitable qui reflète
le travail que nous faisons. Nous voulons des soins de santé
abordables. Et nous voulons un régime de retraite qui nous aide
après qu'on ait pratiquement donné la moitié de
notre
vie à cette compagnie. Travailler à la fonderie pendant
l'été, c'est l'enfer. Ce n'est pas facile. Nos corps et
nos vies sont en péril à chaque jour. On ne peut pas
simplement se pointer le nez dans la place et faire le travail. Le taux
de roulement à la fonderie est très élevé
parce que cela prend des hommes et des femmes à toute
épreuve pour faire
fonctionner la fonderie. Si nos soins de santé coûtent
cher et que notre régime de retraite ne vaut rien, pourquoi
voudrions-nous travailler dans une place comme celle-là ? [...]
C'est
dur pour votre corps et la rotation des quarts de travail est dure pour
la famille. Vous devriez récompenser vos travailleurs pour un
tel sacrifice et non les pénaliser
en leur volant leur régime de retraite. On me demande souvent si
je suis prêt à faire la grève pour obtenir une
convention ÉQUITABLE. Bien sûr que je suis
prêt ! ! Je suis prêt à me battre pour ce
qui est juste et ÉQUITABLE, même si cela me rend
inconfortable. »
En guise de réponse aux préoccupations et
aux revendications des travailleurs, les dirigeants d'Alcoa ont repris
les mêmes balivernes néolibérales irresponsables
qu'ils lancent à la tête des travailleurs d'ABI et des
travailleurs en général dans le contexte de l'offensive
antisociale de destruction nationale des monopoles mondiaux et des
États
qu'ils ont à leur disposition. « Nos employés
continuent de se présenter au travail normalement et nous sommes
prêts à reprendre les discussions en vue d'une convention
qui est équitable et compétitive et qui assure le
succès d'Alcoa et de nos employés », a dit une
porte-parole d'Alcoa à l'usine de Warrick. Selon le diktat
d'Alcoa, les
travailleurs n'ont pas de réclamation, en tant que droit,
à la richesse sociale qu'ils créent. Ils sont
censés s'aligner derrière tout ce que les entreprises
mondiales définissent comme la «
compétitivité » et le «
succès ». Ces mots-là peuvent même
vouloir dire des fermetures d'installations entières, briser des
syndicats et annuler des
conventions collectives ou encore décréter de longs
lockouts comme celui qui est
imposé aux travailleurs d'ABI et à leur communauté.
La détermination des travailleurs d'Alcoa aux
États-Unis à résister à l'extorsion de
concessions antiouvrières démontre le militantisme des
travailleurs qui insistent pour que leur dignité et leurs droits
et ceux de leurs communautés aient préséance et
soient respectés lors des négociations.
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