Les travailleurs accidentés refusent d'être réduits au silence ou dissuadés de lutter pour leurs droits

Pour la 36e année, les travailleurs accidentés se sont réunis le 1er juin à Queen's Park pour réclamer avec force que leur droit à une pleine indemnisation en cas de blessure au travail ou de maladie professionnelle soit garanti. Alors qu'ils marquent la Journée des travailleurs accidentés, ces travailleurs, aux côtés de plusieurs autres secteurs de la société en Ontario, font face à une offensive antisociale de plus en plus brutale menée par le gouvernement actuel.

Un esprit de détermination était palpable lors du rassemblement, qui cette année en particulier a mis de l'avant la voix et l'expérience des travailleurs accidentés, et présenté à la fois les succès du travail d'organisation et les difficultés sérieuses que les travailleurs affrontent avec les compressions de plus en plus importantes du gouvernement Ford. Les intervenants ont présenté leur expérience en tant que travailleurs accidentés, discutant de comment s'organiser pour changer la situation difficile à laquelle se heurtent de nombreux travailleurs. Un important contingent de travailleurs à la retraite de General Electric s'est rendu au rassemblement depuis Peterborough, et d'autres sont venus de Barrie, de Hamilton et d'autres régions.

Au cours de la dernière année, en plus de réduire les cotisations que les employeurs paient à la CSPAAT, ce qui va priver le régime de fonds indispensables, le gouvernement Ford a mis fin au projet pilote sur le revenu de base garanti et a réduit les fonds assignés au financement des organismes gouvernementaux qui s'occupent de la prévention des blessures et des maladies. Un projet de loi qui autoriserait des entreprises à effectuer leurs propres inspections en matière de santé et de sécurité, qui a été mis de côté en raison de l'opposition généralisée, pourrait être présenté à nouveau par le gouvernement Ford.

En outre, les réductions annoncées récemment dans l'aide juridique auront de graves conséquences pour les travailleurs accidentés dont les réclamations sont de plus en plus refusées et qui sont contraints d'aller en appel. Non seulement les cliniques d'aide juridique aident-elles les travailleurs accidentés dans leurs réclamations, a déclaré une intervenante en colère face aux compressions, mais ils nous enseignent comment nous battre pour la justice.

Une année consacrée au travail d'organisation


Le président d'ONIWG Willie Noiles
Les succès remportés depuis un an dans l'organisation de la campagne « L'indemnisation des travailleurs est un droit ! » ont été évoqués au rassemblement. Le président du Réseau ontarien des groupes de travailleurs accidentés (ONIWG), Willie Noiles, a parlé des succès de la campagne et souligné que sa pétition a été déposée plusieurs fois à l'assemblée législative afin de rappeler aux députés les  revendications de la campagne. En outre, grâce à leur travail d'organisation, ils ont réussi à faire en sorte qu'un projet de loi émanant d'un député visant à mettre fin à la présomption (le « deeming »), qui est une des trois revendications principales de la campagne, soit examiné par l'Assemblée législative. Noiles a dit que le rythme de travail s'était accéléré et que de nouveaux groupes ont été organisés dans différentes régions.

Janice Martell du Projet de poudre McIntyre, qui oeuvre dans les communautés minières du nord de l'Ontario, a annoncé qu'au cours de la dernière année, des efforts ont été déployés pour rassembler ceux qui organisent là où il y a des concentrations de maladies professionnelles, afin de lutter pour une juste indemnisation des personnes touchées. De ce travail est né Allied Forces (Forces alliées), qui comprend présentement le Projet de poudre McIntyre, les travailleurs de General Electric et les travailleurs du plastique de Ventra à Peterborough, les travailleurs du caoutchouc de Kitchener et les victimes de la Chemical Valley à Sarnia. Ils travaillent ensemble pour faire valoir leurs demandes d'indemnisation, tout en conservant la spécificité de leur organisation locale. Janice Martell a dit que le nom de l'organisation s'inspire des forces alliées de la Deuxième Guerre mondiale, qui ont réussi à vaincre un ennemi très puissant.

Martell a évoqué les difficultés vécues par les travailleurs qui demandent à être indemnisés en cas de maladie professionnelle, dont les symptômes apparaissent souvent des années plus tard, lorsque les entreprises ont fermé les usines ou que les travailleurs ont pris leur retraite. « La CSPAAT a le pouvoir de faire respecter notre droit à une indemnisation équitable ou de nous refuser notre droit à une indemnisation équitable et chaque refus provoque une multitude d'autres refus. Vous nous refusez notre dignité, la reconnaissance que nos années d'exposition aux toxines multiples ont été responsables de façon significative de nos maladies. Vous nous niez le droit de savoir combien d'autres personnes, dans le même endroit de travail, sont exposées aux mêmes toxines et souffrent des mêmes maladies. Vous nous refusez l'avis de nos médecins pour y substituer l'avis de vos mercenaires. Vous refusez de reconnaître les preuves que nous portons dans nos corps, avec lesquelles nous vivons, dont nous demandons la reconnaissance dans nos manifestations, et dont nous mourons en nombres qui démasquent vos décisions de refus. Vous nous refusez la paix de mourir en sachant que nos familles seront prises en charge grâce à une indemnisation équitable qui nous a été promise.

« Votre pouvoir de nous nier est immense. Il nous accable. Il nous met en colère. Il nous laisse sans espoir, sans justice, sans aide ni moyens financiers pour nous défendre. Pourtant, nous sommes ici. Nous sommes tous réunis ici à défier votre pouvoir. [...] Nous vous refusons notre silence - vous entendrez nos voix. Nous vous refusons le réconfort de notre anonymat - vous verrez nos visages, vous connaîtrez nos histoires, nos luttes, nos souffrances. Nous refusons d'être isolés- nous nous trouverons, rassemblerons, organiserons, resterons unis, et nous nous battrons. Nous n'accepterons pas votre discours. Nous vous démasquerons et défierons votre pouvoir de nous nier. »

Le rassemblement a aussi compris des performances culturelles, dont les chansons « Oh What a Journey, Oh What a Load » et « We Will Rise » de Justice Singers, ainsi qu'un sketch « We Are the People » qui a rejeté les slogans des gouvernements Ford qui prétend parler au nom du peuple - en disant que le peuple, c'est nous, et que nous parlerons pour nous-mêmes. Un poème émouvant a été récité en conclusion du programme.







Windsor

Un avertissement de tornade n'a pas empêché la commémoration de la Journée des travailleurs accidentés à Windsor. Des activistes à la défense des travailleurs accidentés se sont rassemblés aux bureaux de la CSPAAT pour demander des réformes à la réglementation de la CSPAAT qui favorisent les travailleurs.

Le lendemain, des activistes qui défensent les travailleurs accidentés, des représentants du Conseil du travail et du district de Windsor et des militants du PMLC ont distribué plus de 1 000 tracts à Art in the Park, à Windsor. Les tracts ont été bien accueillis par le public et plusieurs personnes se sont arrêtées pour discuter en entrant ou en sortant du parc.

C'était la première fois qu'une telle action de masse avait lieu lors de la Journée des travailleurs accidentés et des plans sont en cours pour des distributions de masse similaires à l'avenir.

Actions à London et Thunder Bay pour
la Journée des travailleurs accidentés

London


Thunder Bay

(Photos : FO, ONIWG, P. Stacho, Occupy CSPAAT, M. Jee, S. Mantle)


Cet article est paru dans

Numéro 20 - 6 juin 2019

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