Les travailleurs d'Alcoa et d'Arconic aux États-Unis votent des mandats de grève

Les travailleurs défendent leurs droits et leur dignité contre des demandes inacceptables qui favorisent des intérêts privés étroits

Rassemblement des travailleurs d'Alcoa et d'Arconic à Massena 
dans l'État de New York, le 14 mai 2019

Lors de la grande marche familiale de solidarité en appui aux travailleurs d'ABI en lockout, le 25 mai à Trois-Rivières, les travailleurs ont été très heureux d'avoir parmi eux des membres de la section locale 420A du Syndicat des Métallos, représentant les travailleurs d'Alcoa et Arconic à Massena, dans l'État de New York. Les membres de la section locale venaient juste, le 24 mai, de voter de façon très massive en faveur d'un mandat de grève pour résister aux demandes de concessions de la même bande de propriétaires que celle d'ABI.

Depuis ce temps, les travailleurs d'Arcoa et d'Arconic aux États-Unis ont tenu des votes de grève dans plusieurs autres endroits. Le 31 mai, le Syndicat des Métallos a annoncé, sur son site web international, que plus de 1 500 travailleurs d'Alcoa ont maintenant voté pour autoriser la grève dans les installations de la compagnie de Warrick, en Indiana, de Gum Springs en Arkansas, de Point Comfort au Texas et de Wenatchee dans l'État de Washington. Pendant ce temps, les 1 900 travailleurs de l'usine de Bettendorf en Iowa ont aussi donné un mandat de grève et les travailleurs de l'usine d'Arconic de Lafayette en Indiana vont voter le 6 juin. On évalue qu'en tout environ 6 000 travailleurs participent à cette ronde de négociation. La convention collective des travailleurs s'est terminée le 15 mai et les travailleurs ont continué de travailler en vertu des termes et des conditions de cette convention après que le Syndicat des Métallos, Alcoa et Arconic aient accepté temporairement de la prolonger. Aucune négociation ne se tient en ce moment entre le syndicat et les compagnies.

Il s'agit d'un premier contrat pour ces travailleurs depuis qu'Arconic a été formée à la suite de la scission d'Alcoa en 2016 en deux entités distinctes. Alcoa a conservé l'extraction et la production de bauxite et la production d'alumine et d'aluminium primaire, tandis qu'Arconic se concentre sur la transformation de l'aluminium et d'autres métaux légers en produits manufacturés destinés aux secteurs de l'aérospatiale, de l'automobile et d'autres secteurs. Lorsque la compagnie s'est scindée en deux entités, il a été décidé par les compagnies et le Syndicat des Métallos qu'un accord-cadre serait négocié pour l'ensemble des travailleurs tandis que les enjeux locaux seraient négociés localement et que les ententes locales entreraient en vigueur uniquement à la conclusion de l'accord-cadre.

Les travailleurs rapportent qu'Alcoa et Arconic demandent toute une série de concessions dans pratiquement chaque aspect de leur convention collective : la réduction des avantages sociaux, des attaques au régime de retraite à prestations déterminées des travailleurs, l'augmentation de leurs paiements d'assurance-santé, l'élimination de la couverture des soins de santé des retraités pour les travailleurs non encore admissibles au régime fédéral d'assurance-maladie, et plus encore.

Un travailleur d'Alcoa de Massena écrit ce qui suit sur la page Facebook de la section locale : « Tout ce que nous voulons c'est un salaire équitable qui reflète le travail que nous faisons. Nous voulons des soins de santé abordables. Et nous voulons un régime de retraite qui nous aide après qu'on ait pratiquement donné la moitié de notre vie à cette compagnie. Travailler à la fonderie pendant l'été, c'est l'enfer. Ce n'est pas facile. Nos corps et nos vies sont en péril à chaque jour. On ne peut pas simplement se pointer le nez dans la place et faire le travail. Le taux de roulement à la fonderie est très élevé parce que cela prend des hommes et des femmes à toute épreuve pour faire fonctionner la fonderie. Si nos soins de santé coûtent cher et que notre régime de retraite ne vaut rien, pourquoi voudrions-nous travailler dans une place comme celle-là ? [...] C'est dur pour votre corps et la rotation des quarts de travail est dure pour la famille. Vous devriez récompenser vos travailleurs pour un tel sacrifice et non les pénaliser en leur volant leur régime de retraite. On me demande souvent si je suis prêt à faire la grève pour obtenir une convention ÉQUITABLE. Bien sûr que je suis prêt ! ! Je suis prêt à me battre pour ce qui est juste et ÉQUITABLE, même si cela me rend inconfortable. »

En guise de réponse aux préoccupations et aux revendications des travailleurs, les dirigeants d'Alcoa ont repris les mêmes balivernes néolibérales irresponsables qu'ils lancent à la tête des travailleurs d'ABI et des travailleurs en général dans le contexte de l'offensive antisociale de destruction nationale des monopoles mondiaux et des États qu'ils ont à leur disposition. « Nos employés continuent de se présenter au travail normalement et nous sommes prêts à reprendre les discussions en vue d'une convention qui est équitable et compétitive et qui assure le succès d'Alcoa et de nos employés », a dit une porte-parole d'Alcoa à l'usine de Warrick. Selon le diktat d'Alcoa, les travailleurs n'ont pas de réclamation, en tant que droit, à la richesse sociale qu'ils créent. Ils sont censés s'aligner derrière tout ce que les entreprises mondiales définissent comme la « compétitivité » et le « succès ». Ces mots-là peuvent même vouloir dire des fermetures d'installations entières, briser des syndicats et annuler des conventions collectives ou encore décréter de longs lockouts comme celui qui est imposé aux travailleurs d'ABI et à leur communauté.

La détermination des travailleurs d'Alcoa aux États-Unis à résister à l'extorsion de concessions antiouvrières démontre le militantisme des travailleurs qui insistent pour que leur dignité et leurs droits et ceux de leurs communautés aient préséance et soient respectés lors des négociations.

(Photos : Section locale 420A du Syndicat des Métallos)


Cet article est paru dans

Numéro 20 - 6 juin 2019

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Les travailleurs d'Alcoa et d'Arconic aux États-Unis votent des mandats de grève: Les travailleurs défendent leurs droits et leur dignité contre des demandes inacceptables qui favorisent des intérêts privés étroits - Pierre Chénier


    

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