16 mai, 2019
Grande marche
familiale de solidarité
avec les travailleurs en lockout d'ABI
Tous à
l'action du 25 mai pour appuyer
les travailleurs d'ABI — Leur
lutte
est notre lutte!
Trois-Rivières
Samedi
25
mai
-
10
h
30
Devant
l'amphithéâtre Cogéco au 100, avenue des Draveurs
Pour plus de renseignements et
réserver des places
sur les autobus cliquer ici
Les
Métallos
du
district
6
(Ontario
et provinces de l'Atlantique)
intéressés à organiser des autobus pour
Trois-Rivières doivent contacter Tony
DePaulo au bureau du district 6: 416-243-8792 ou d6@usw.ca
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• Les
travailleurs d'ABI et leurs alliés présentent leur cause
aux actionnaires d'Alcoa à leur assemblée annuelle
à Pittsburgh
• Discussion sur la convention et le protocole
de retour au travail dictés par Alcoa/Rio Tinto et le
gouvernement - Entrevue avec Alexandre Fréchette,
président du Syndicat des travailleurs de l'aluminium d'Alma,
section locale 9490 du Syndicat des Métallos
Lockout à la
fonderie de Glencore à Belledune, au Nouveau-Brunswick
• Les travailleurs exigent le retrait des
demandes irresponsables de concessions
36e Journée
annuelle des travailleurs accidentés de l'Ontario
• Des actions à l'échelle de la
province donnent un élan pour les activités du 1er
juin et la campagne «L'indemnisation des travailleurs est un
droit!»
100e anniversaire de
la grève générale de Winnipeg
• La fière histoire de résistance
organisée et de défense des droits des travailleurs
canadiens
Grande marche familiale de
solidarité avec les travailleurs en lockout d'ABI
Le cartel mondial Alcoa/Rio Tinto maintient maintenant
les travailleurs d'ABI en lockout depuis plus de 16 mois. Le
samedi 25 mai, les travailleurs d'ABI organisent une marche
familiale dans les rues de Trois-Rivières pour affirmer la
justesse de leur cause et rallier tout le monde derrière la
lutte importante qu'ils mènent pour les
droits des travailleurs et le bien-être de leurs
communautés.
Les travailleurs d'ABI
luttent sans relâche depuis le début du lockout et les
mois qui l'ont précédé pour négocier une
convention collective qu'ils jugent acceptable et défendre leur
syndicat contre les manoeuvres du cartel mondial pour le
détruire.
Les travailleurs d'ABI appellent tout le monde à
marcher ensemble pour appuyer leur lutte, qui concerne les droits et
les standards de travail et de vie de tous et le bien-être des
communautés où ils vivent. Ils luttent à la
défense de conditions d'emploi à un standard moderne
acceptable dans la région de la Mauricie-Centre-du-Québec
et partout
au Québec et au Canada.
Tous les travailleurs soucieux de la dignité du
travail considèrent inacceptable
qu'un cartel mondial refuse de négocier avec ceux qui font le
travail et leurs représentants. Le cartel utilise son immense
richesse sociale et la production d'autres alumineries qu'il
contrôle pour mettre les travailleurs en lockout pendant des mois
et les forcer à accepter des conditions de travail qui
vont abaisser les conditions générales dans la
région et au Canada. Alors que cette lutte se mène pour
les droits et
un niveau de vie acceptable pour ceux qui font le travail, le
gouvernement du Québec se couvre de honte en ne défendant
pas ses propres travailleurs et en agissant comme le valet d'un cartel
mondial. Le gouvernement a ouvertement appuyé les
demandes du cartel d'offrir le travail en sous-traitance, d'abaisser le
niveau de vie dans la région et de briser le syndicat. Le
gouvernement permet même à Alcoa de ne pas respecter son
contrat d'hydroélectricité pendant le lockout, de ne pas
payer le bloc d'énergie qu'Hydro-Québec a
préparé,
budgété et mis de côté pour le monopole
à un tarif préférentiel, ce qui
prive le peuple Québécois de centaines de millions de
dollars.
Tous à la marche du 25 mai !
Le Syndicat des Métallos organise des autobus
à partir de plusieurs régions pour se rendre à
Trois-Rivières : Côte-Nord,
Gaspésie-Bas-St-Laurent, Nord-du-Québec,
Saguenay-Lac-St-Jean, Québec, Laurentides-Lanaudière,
Montérégie, Abititi-Témiscamingue. Estrie,
Montréal et Outaouais. Des autobus partiront de
différentes villes dans ces
régions. Le district 6 du Syndicat des Métallos a
annoncé la participation des métallos de l'Ontario
à la marche et nolise lui aussi des autobus pour l'occasion. Le
district 6 du Syndicat des Métallos représente
également les métallos des provinces de l'Atlantique qui
appuient eux aussi la juste cause des travailleurs d'ABI.
Forum ouvrier appelle tous les travailleurs
et leurs familles à participer à la marche pour en faire
le plus grand
succès possible. Forum ouvrier y sera et en fera un
reportage avec photos et entrevues. Dans ce numéro, nous
publions une entrevue avec Alexandre Fréchette, le
président du Syndicat des travailleurs de l'aluminium d'Alma. En
se
basant sur l'expérience vécue des travailleurs d'Alma
pendant et après le lockout de 2012, il démontre le
caractère frauduleux de l'hypothèse de règlement
du ministre du Travail, qui appuie entièrement le cartel mondial
et nie les droits des travailleurs d'ABI.
Depuis le début de ce
lockout injuste et face au refus du cartel mondial de négocier,
un
facteur important qui soutient les travailleurs d'ABI et leur permet de
poursuive leur lutte a été l'appui organisé,
notamment financier, que les autres travailleurs leur ont
apporté. Ils ont reçu l'appui financier de plus
de 400 syndicats locaux du Québec, du
Canada, des États-Unis, d'Australie et du Guatemala. C'est un
geste important par lequel les travailleurs ont pris l'initiative afin
de contrer l'énorme pouvoir mondial d'oligopoles comme Alcoa et
Rio Tinto et les gouvernements qui sont à leur service, dont le
gouvernement du Québec. Les cartels mondiaux sont animés
par le seul objectif de faire le
profit privé maximum sans égard aux conséquences
pour les travailleurs, l'environnement social et naturel et la nation.
Les travailleurs peuvent contrer ce pouvoir mondial avec leur propre
pouvoir humain et leur détermination à défendre
leurs droits, les communautés et la nation.
Le 25 mai, allons tous à
Trois-Rivières exprimer notre appui à la juste cause des
travailleurs d'ABI, de leurs familles et de leur communautés et
dire clairement à Alcoa/Rio Tinto que nous sommes aux
côtés des travailleurs, de leurs familles et de leurs
communautés. Leur lutte est la nôtre et, ensemble, nous
pouvons
faire une différence dans cette lutte contre un géant
mondial. Ensemble, nous pouvons faire une contribution à la
lutte de tous les
travailleurs pour leurs droits, en ces moments les plus difficiles
marqués par l'offensive antisociale et la destruction nationale
imposées par l'oligarchie financière dominante.
Le cartel Alcoa/Rio Tinto doit négocier une
convention collective avec ses travailleurs et en arriver à un
arrangement que les travailleurs peuvent accepter. Le cartel doit
abandonner sa tentative de faire taire les travailleurs et de briser
leur syndicat. Les travailleurs constituent le facteur humain
essentiel. Ils ont des droits et une voix qui doit être
entendue en ce qui concerne leurs conditions de travail et de vie et la
direction de l'économie et de la nation.
Tous à la
marche du 25 mai !
Plein appui à la juste lutte des travailleurs d'ABI !
Le 8 mai, près de 200 travailleurs
d'ABI et leurs alliés ont manifesté dans les rues de
Pittsburgh à l'occasion de la réunion annuelle des
actionnaires
d'Alcoa. Les manifestants ont réclamé un accord
négocié et la fin du lockout de 16 mois. Les
travailleurs ont également pris la parole à la
réunion des actionnaires et présenté leur
demande que l'entreprise négocie une convention collective
acceptable pour ceux qui effectuent le travail.
Le siège social d'Alcoa est situé à
Pittsburgh. Le fait que près de 200 des 1 030
travailleurs d'ABI aient effectué le trajet de 13 heures en
autobus montre leur détermination à défendre la
dignité du travail et leur communauté.
Les travailleurs ont rencontré des membres des
syndicats d'Alcoa et d'Arconic aux États-Unis pour discuter de
leur expérience et partager leurs préoccupations. Arconic
a été formée à la suite de la scission
d'Alcoa en 2016 en deux entités distinctes. Alcoa a
conservé l'extraction et la production de bauxite et la
production d'alumine et
d'aluminium primaire, tandis qu'Arconic se concentre sur la
transformation de l'aluminium et d'autres métaux légers
en produits manufacturés destinés aux secteurs de
l'aérospatiale, de l'automobile et d'autres secteurs.
Les travailleurs ont également rencontré
le président international du Syndicat des Métallos, Leo
Gerard, qui a dit que le syndicat faisait pression sur Alcoa pour que
la
compagnie signe une convention collective acceptable pour les
travailleurs d'ABI. Les Métallos américains tentent
présentement de négocier un accord-cadre avec Alcoa et
Arconic. Leo Gerard a dit avoir souligné aux
représentants des employeurs que le conflit de Bécancour
portait atteinte à leurs propres négociations et les
rendait plus difficiles.
Les travailleurs d'ABI étaient accompagnés
d'une délégation de métallos de l'aluminerie Rio
Tinto à Alma, membres de la section locale 9490 du Syndicat
des Métallos. Des travailleurs américains d'Alcoa et
d'Arconic se sont joints à eux pour manifester dans les rues de
la ville, drapeaux et banderoles déployés. Ils ont
terminé leur
manifestation devant les portes de l'hôtel où se tenait
l'assemblée annuelle des actionnaires.
Munis de procurations d'actionnaires, les travailleurs
sont intervenus à la réunion d'Alcoa pour dire aux
actionnaires que le lockout, qui dure maintenant depuis plus de 16
mois, est inacceptable pour tous. Un dirigeant international du
Syndicat des Métallos a déclaré aux actionnaires
qu'il était frappant de constater que le nom Alcoa
était associé à des problèmes dans de
nombreux endroits où il opère. Il a mentionné
l'Australie, l'Espagne et maintenant le Canada. En Australie,
en 2018, Alcoa a demandé et obtenu l'accord du tribunal des
relations de travail pour annuler la convention collective
de 1 500 travailleurs. Alcoa et le tribunal d'État ont
utilisé le
prétexte frauduleux et arrogant que la convention collective ne
permettait pas à la compagnie d'être flexible et
concurrentielle sur les marchés mondiaux. À la fin de
2018, Alcoa a annoncé la fermeture de deux fonderies en Espagne,
provoquant une lutte que les travailleurs et leurs communautés
continuent de mener.
Clément Masse, le président de la section
locale 9700 du Syndicat des Métallos, qui représente
les travailleurs d'ABI, est aussi intervenu à l'assemblée
des actionnaires. Il a dit à Forum
ouvrier qu'il a parlé aux actionnaires des valeurs
qu'Alcoa
prétend défendre. « Je leur ai dit qu'Alcoa
déclare qu'une des valeurs qu'il défend c'est
l'environnement. Je leur ai
demandé qu'est-ce qu'Alcoa fait de l'environnement social ?
Je leur ai dit que l'environnement social s'est dégradé
avec le conflit qui a beaucoup affecté la communauté.
Beaucoup de gens sont touchés. Il faut penser à cela
aussi. » Clément a également dit aux
actionnaires que l'usine d'Alcoa est très performante, que la
main-d'oeuvre
est experte, et que les actionnaires perdent beaucoup d'argent sans
raison. Ils ont tout à gagner à demander que les
dirigeants d'Alcoa signent une convention négociée pour
mettre fin au lockout. Le PDG d'Alcoa, Roy Harvey, a répondu
qu'il était préoccupé mais n'a fait aucun autre
commentaire.
Selon Clément Masse, les actionnaires ont
écouté attentivement le message des travailleurs et
certains sont venus leur serrer la main à la suite de leur
intervention. Les représentants des travailleurs d'ABI ont
également rencontré deux membres de la direction du
siège social d'Alcoa à Pittsburgh et leur ont
présenté leurs préoccupations.
- Entrevue avec Alexandre
Fréchette, président du Syndicat des travailleurs de
l'aluminium d'Alma, section locale 9490 du Syndicat des
Métallos -
Manifestation en appui aux travailleurs de l'aluminium d'Alma,
le 31 mars 2012
Dans cette entrevue, Alexandre Fréchette
mentionne que le ministre québécois du Travail, Jean
Boulet, a déjà représenté ABI à
titre d'avocat chez Heenan Blaikie avant d'entrer au gouvernement.
« À voir son comportement, la façon dont il
favorise l'employeur systématiquement, et qu'il met de la
pression sur les travailleurs, je crois
qu'on peut se questionner très sérieusement et
certainement dire à tout le moins que ce ministre n'est pas
neutre dans le conflit », dit-il.
Forum ouvrier : Dans
l'hypothèse de règlement qu'il a présentée
sur le conflit à ABI le 17 avril, le ministre
québécois du Travail
Jean Boulet dit qu'il a tenu compte du lockout de 2012 à
Alma décrété par Rio Tinto. Il a
suggéré qu'en fait il a respecté ce qui s'est
passé à Alma pour obtenir un résultat semblable
dans
le cas du lockout à ABI. Peux-tu nous en dire plus sur ce qui
s'est passé à la suite du lockout à Alma ?
Alexandre Fréchette, le président
de la section locale 9490 du Syndicat
des Métallos, exprime l'appui des travailleurs d'Alma lors d'un
rassemblement pour les travailleurs d'ABI, le 8
février 2018.
|
Alexandre Fréchette :
Concernant la durée du retour au travail, après le
lockout, de deux choses l'une : ou le ministre est un
incompétent, ou c'est un menteur. Pour essayer de justifier son
hypothèse de règlement, le ministre dit qu'à Alma,
nous avons réussi de peine et de misère à
réussir le retour au travail en six
mois, d'où sa proposition que le protocole de retour au travail
à ABI prévoit un retour qui se fait en six mois.
En fait, c'est marqué noir sur blanc dans notre
convention collective de 2012 que l'employeur s'engage à
rappeler au
travail à temps plein tous les employés à son
emploi au 31 décembre 2011 et ce, au plus tard, 90
jours après le redémarrage de la toute première
cuve. C'est l'entente 13 de notre convention collective. Il y a
même
une annexe, un tableau, avec l'échéancier
détaillé de redémarrage par semaine,
jusqu'à 14 semaines. Donc 90 jours, au plus tard, tout
le monde est rappelé. Cette entente fait partie de notre
convention collective, elle est même encore dans notre convention
collective de 2015. Et dans les faits, chez nous, le retour a
été effectué
en 90 jours. Ce qui a été un peu difficile dans
notre retour au travail, ça n'a pas été la
durée, mais l'ordre de rappel, l'ancienneté. Il y a eu
des erreurs de rappel, qui ont été d'ailleurs
compensées pleinement par la compagnie. En ce qui concerne la
durée, elle a été entièrement
respectée.
Comme je l'ai dit, ou le ministre est un
incompétent, qui dit des choses dont il n'est pas au courant,
ou il est bien conscient de ce qu'il dit et il sait que c'est un
mensonge qu'il utilise contre les travailleurs.
FO : Le ministre a aussi dit
qu'il a « modernisé » la clause de
sous-traitance à ABI dans son hypothèse de
règlement. Qu'a-t-il fait exactement ?
AF : C'est très simple. Dans la
convention collective des travailleurs d'ABI, Alcoa avait le droit
d'avoir recours à la sous-traitance dans une liste
d'activités où la sous-traitance est permise. En la
« modernisant », le ministre a en fait enlevé
cette liste-là, pour qu'Alcoa puisse prendre les emplois
sous-traitables et les
appliquer partout dans l'usine.
Ce qu'il a fait, c'est éliminer la liste des
emplois sous-traitables. Cette liste est une contrainte pour la
compagnie. Si je fais le parallèle avec Alma, pour avoir une
liste d'emplois sous-traitables, cela nous a coûté six
mois de lockout. Je dirais que 90 % de notre conflit visait
à obtenir cette liste-là. C'était pour obtenir une
limitation
au droit de gérance de l'employeur, en ayant une clause qui
limite à la fois la quantité de sous-traitance et les
endroits où elle va s'appliquer.
Notre clause de sous-traitance dit essentiellement
qu'ils ont le droit de prendre 15 % des heures
travaillées par opération pour la sous-traitance et de
les appliquer dans une liste d'emplois négociée. C'est
important parce qu'on choisissait des emplois où ça fait
moins mal, où il n'y a pas nécessairement la connaissance
du procédé,
des emplois plus de manutention et de choses accessoires. C'est une
concession importante que le ministre introduit et c'est certain selon
nous que c'est quelque chose qu'il faut dénoncer haut et fort.
Juste pour cela, juste pour cette clause de
sous-traitance, à mon avis cette hypothèse de
règlement est pire que l'offre de la compagnie du mois de mars.
Alors de voir le ministre parler de cela comme si c'est quelque chose
d'accessoire dans ce conflit-là, nous lui disons que nous avons
fait six mois pour avoir cette liste-là, et lui, il
l'enlève dans
l'hypothèse de règlement. Alors, pour qui
travaille-t-il ?
Selon nous, ces deux éléments-là
sont tellement flagrants qu'il s'agit soit d'incompétence ou de
mensonge. Je ne suis pas capable avec certitude de prouver l'intention.
Maintenant, si je regarde le passé du ministre, monsieur Boulet
a déjà obtenu des contrats pour représenter ABI
dans le passé. Il a eu des contrats avec ABI comme avocat dans
le temps qu'il travaillait pour Heenan Blaikie. À voir son
comportement, la façon dont il favorise l'employeur
systématiquement, et qu'il met de la pression sur les
travailleurs, je crois qu'on peut se questionner très
sérieusement et certainement dire à tout le moins que ce
ministre n'est pas neutre dans le conflit.
Lockout à la fonderie de Glencore
à Belledune, au Nouveau-Brunswick
Des représentants de la section locale 7085 du syndicat des
Métallos
ont participé à l'assemblée annuelle des
actionnaires de Glencore à
Zoug, en Suisse, le 9 mai 2019, pour s'opposer aux demandes
de
concessions de la compagnie.
Le lockout des travailleurs de la fonderie de Glencore
à Belledune, au
Nouveau-Brunswick, dure depuis plus de trois semaines
déjà. Les
travailleurs en lockout, membres de la section locale 7085 du
Syndicat
des Métallos, disent qu'ils sont déterminés
à défendre leurs droits et
demandent que l'oligopole minier et métallurgique retire ses
demandes de concessions lourdes de conséquences.
Le 9 mai, deux membres de la section
locale 7085 des Métallos, qui
représente les travailleurs de Belledune, et un permanent
syndical de
la section locale se sont rendus à Zoug, en Suisse, pour
participer à
l'assemblée annuelle des actionnaires de Glencore.
Appuyés par IndustriAll Global Union, dont le
syndicat des
Métallos est un affilié, ils y sont intervenus pour
s'opposer aux demandes de concessions de Glencore en ce qui a trait
à
la santé et la sécurité, la représentation
syndicale, les régimes de
retraite et les avantages sociaux.[1]
Ils ont rencontré le PDG de Glencore, un des membres du conseil
d'administration qui est président du Comité de
santé, de sécurité,
d'environnement et des communautés et d'autres membres du
conseil.
Selon un rapport du district 6 du Syndicat des
Métallos, qui est
responsable de l'Ontario et des provinces de l'Atlantique, les
travailleurs de Glencore ont présenté les enjeux qui
existent à la
fonderie du Nouveau-Brunswick et brossé un portrait du
harcèlement et
de la culture non sécuritaire qui prédominent à
l'entreprise. Les
membres de
l'équipe ont clairement indiqué qu'ils s'attendaient
à un suivi et
qu'ils étaient prêts à négocier mais pas sur
la base de ces concessions
antiouvrières provocatrices qui mettent en danger la
santé et la
sécurité des travailleurs. Selon le rapport, ils ont
aussi déclaré
qu'ils sont prêts à entreprendre une campagne publique
mondiale à la
défense des droits
des travailleurs de la fonderie s'il le faut.
Pendant ce temps, au niveau local, il n'y a aucune
communication
entre la direction de Glencore et le syndicat. La direction a
été
informée que le syndicat est prêt à retourner
à la table de
négociations, mais qu'elle doit d'abord retirer ses concessions
sur la
santé et la sécurité. Les travailleurs se disent
confiants que quelque
chose de positif va
se produire parce que la fonderie est très productive, mais ils
n'abandonnent pas leur juste revendication que Glencore retire ses
demandes de concessions.
La direction de Glencore à l'endroit de travail
fait tout pour
tromper le public en écrivant des articles dans les journaux
locaux
dans lesquels elle dit que le conflit porte sur les questions
monétaires. Le président du syndicat, Bart Dempsey, a dit
aux médias
qu'en effet les travailleurs aimeraient une augmentation mais que
leur lutte ne porte
pas sur les salaires mais leur revendication que Glencore retire ses
demandes de concessions. Comme le syndicat l'a souligné à
maintes
reprises, les travailleurs, au point où ils en sont rendus, ne
demandent qu'à préserver ce qu'ils ont.
Le président Dempsey a dit à Forum
ouvrier que les
travailleurs s'opposent à la désinformation de Glencore
en expliquant
au public les détails et la nature du conflit. Jusqu'en
avril 2018,
Glencore
n'avait demandé aucune de ces concessions. La direction avait
même dit
qu'elle était prête à laisser la convention
collective telle
qu'elle est pour les cinq prochaines années, si les travailleurs
acceptaient une augmentation salariale de 0,45 cents de l'heure.
À ce moment-là, les travailleurs avaient
dit qu'une aussi faible
augmentation n'était pas acceptable, surtout après qu'ils
aient fait
d'importantes concessions, notamment dans les régimes de
retraite, dans
la convention collective de 2014 après que Glencore eut
fusionné avec
Xstrata et acquis la fonderie. Les travailleurs avaient dit
cependant qu'ils tiendraient compte de l'offre de Glencore lorsque les
négociations officielles commenceraient. À la table de
négociation,
cette très faible augmentation salariale serait discutée
de pair avec
le libellé de certaines clauses de la convention qui causait des
problèmes.
Tout à coup, sans avertissement, la direction de
Glencore a présenté
une longue liste de concessions et a refusé d'examiner les
propositions
des travailleurs. Ceux-ci disent qu'ils n'ont jamais reçu de
réponse
formelle à leurs propositions. La situation a alors
dégénéré en un
diktat et une entreprise d'extorsion de la part de la compagnie
où
le cartel a cherché à abaisser les conditions de
travail et à briser
le syndicat.
Un autre exemple de cette intransigeance s'est produit
le 24 avril
dernier lorsque Glencore a physiquement empêché les
travailleurs
du quart de
jour d'entrer dans l'usine alors que les travailleurs
s'apprêtaient à
débrayer légalement à 18 h. Plutôt que
de s'opposer au geste
irresponsable de Glencore et à son refus de négocier, la
Cour
supérieure du Nouveau-Brunswick l'a approuvé en accordant
deux
ordonnances demandées par la compagnie qui entravent la
capacité des
travailleurs de dresser des lignes de piquetage efficaces à la
défense
de leurs droits.
Les travailleurs de Glencore et d'ABI affrontent des
oligopoles mondiaux
La similitude entre la situation dans laquelle se
trouvent les
travailleurs de Belledune, au Nouveau-Brunswick, et celle des
travailleurs de Bécancour au Québec, est frappante. Dans
les deux cas,
les travailleurs semblaient se rapprocher d'une entente, qui se serait
concrétisée si les deux cartels mondiaux avaient
négocié de bonne foi.
Au
contraire, les oligopoles ont miné les relations et sont
passés à
l'offensive pour attaquer les droits fondamentaux des travailleurs et
tenter de briser le syndicat, tout en déformant la nature du
conflit et
en calomniant les travailleurs en les accusant d'être
responsables de leur lockout.
Les travailleurs métallurgiques d'ABI et de
Glencore et les
travailleurs en général ont une cause commune dans
l'unité à la défense
de leurs droits contre le pouvoir des oligopoles et leurs
représentants
étatiques. Partout au pays, l'oligarchie financière au
pouvoir, avec
son offensive antisociale, a politisé ses demandes,
usurpé les pouvoirs
de
l'État et changé les lois afin d'imposer des mesures
d'austérité qui
affaiblissent et démantèlent les programmes sociaux et la
réglementation, afin que les compagnies ne soient pas redevables
de
leurs mauvaises pratiques. Des attaques spécifiques contre les
travailleurs comme ceux d'ABI, de Glencore, de GM et de Postes Canada,
visent clairement à
rendre inefficaces les organisations de défense des
travailleurs. Les
partis qui forment le système de partis cartellisés, qui
fait en sorte
que le peuple ne peut pas parler en son nom mais demeure
marginalisé et
privé de toute voix effective, sont tous de la partie. Pour
mettre fin
au déséquilibre qui existe dans les relations
entre les deux
principales classes sociales, celle qui possède et
contrôle les forces
productives et achète la capacité de travailler des
travailleurs, et
les travailleurs qui vendent leur capacité de travailler
à ceux qui
sont en contrôle, il faut que les travailleurs prennent leurs
affaires
en main et luttent pour leurs droits dans le contexte de la lutte pour
les droits de
tous.
Les entreprises et leurs représentants
étatiques tentent de
transformer cette relation sociale en un diktat unilatéral en
utilisant
leur richesse et leur influence mondiales et les pouvoirs de police de
l'État pour déstabiliser la classe ouvrière, miner
sa volonté de se
battre, et nier aux travailleurs ce qui leur appartient de droit. La
lutte courageuse des
travailleurs d'ABI et de Glencore pour donner une signification aux
droits en ce 21e siècle, est historique. Tout aussi
historique est la
lutte vaillante des Métallos de la section 1005, qui, en
défendant
leurs pensions, ont mis à nu le recours aux lois et aux
tribunaux de
l'insolvabilité pour briser les syndicats et qui
défendent ce qui
appartient de droit aux travailleurs. Se sont joints à eux les
travailleurs de tous les secteurs de l'économie qui
défendent leurs
droits et les droits de tous. Ces luttes, et le vaste appui national et
international que les travailleurs d'ABI et de Glencore
reçoivent,
illustrent la détermination de la classe ouvrière
à s'unir à la défense
de sa dignité et de ses
droits, et à développer de nouvelles méthodes de
lutte conformes aux
nouvelles conditions de déséquilibre et de pouvoir des
cartels.
Note
1. Pour de plus amples
informations
sur comment le lockout a été
décrété par Glencore et sur les concessions
antiouvrières qu'il tente d'arracher aux travailleurs, et sur la
position courageuse adoptée par les travailleurs de la section
locale 7085 à la défense de leurs droits et de leur
dignité,
lire « Les
travailleurs défendent leurs droits et leur dignité »
dans
le
numéro
du 2
mai
de Forum ouvrier
36e Journée annuelle des
travailleurs accidentés de l'Ontario
1er juin: 36e
Journée des travailleurs accidentés de l'Ontario
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|
Les organisations qui forment le Réseau ontarien
des travailleurs accidentés (ONIWG) ont tenu une série
d'actions à l'échelle de la province le 14 mai en
préparation pour la 36e Journée annuelle des
travailleurs accidentés le 1er juin à Queen's Park,
à Toronto, et dans d'autres villes.
Les actions du 14 mai et les rassemblements
du 1er juin contribuent à la campagne «
L'indemnisation des travailleurs est un droit » qu'ONIWG a
lancée en 2017. Cette campagne défend les des droits
de tous en revendiquant que tous les travailleurs de l'Ontario
bénéficient du régime d'indemnisation des
travailleurs et
que le régime fournisse aux travailleurs accidentés ce
dont ils ont besoin pour vivre dans la dignité. Forum
ouvrier lance l'appel à tous les travailleurs à
participer à la journée du 1er juin.
ONIWG explique qu'il a lancé cette campagne
« parce que nous devons nous opposer aux injustices qui sont
commises contre nous, les travailleurs accidentés. Depuis trop
longtemps, la Commission de la sécurité professionnelle
et de l'assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) s'en tire
à bon compte avec la violation de nos droits par des coupures
et l'austérité, sans rendre de comptes à personne.
Le régime a été transformé d'un
régime qui est censé nous protéger en un
régime qui nous est hostile.
« Nous refusons de l'accepter. Nous prenons
position partout en Ontario pour reprendre notre voix et revendiquer un
régime d'indemnisation des travailleurs public et fort qui
fonctionne selon ses principes fondateurs.
« Avec la campagne 'L'indemnisation des
travailleurs est un droit', nous, les travailleurs accidentés,
nous unissons à l'échelle de toute la province et
organisons autour de trois revendications
clés :
« 1. Non aux coupures qui reposent sur des
emplois fantômes !
«2. Écoutez les professionnels de la
santé qui traitent les travailleurs accidentés !
«3. Cessez de couper les prestations sur la base
de 'conditions préexistantes' !
« Ensemble, nous sommes puissants et nous avons la
force collective de bâtir notre mouvement jusqu'à ce que
nos revendications soient satisfaites et que justice soit rendue aux
travailleurs accidentés. »
Journée d'action du 14 mai
Toronto
London
Windsor
Barrie; Thunder Bay
100e anniversaire de la grève
générale de Winnipeg
Rassemblement le 4 juin 1919, devant l'édifice qui
abritait le comité des citoyens
Cette année est le 100e anniversaire de la
grève générale de Winnipeg. Le Premier
mai 1919, découragés par l'inflation et le
chômage de l'après-guerre, les monteurs d'acier et les
ouvriers du bâtiment de Winnipeg se sont mis en grève pour
réclamer des salaires plus élevés. Les ouvriers du
bâtiment de Winnipeg ont débrayé pour
gagner de meilleurs salaires et de meilleures heures de travail. Ils
ont été rejoints par des monteurs d'acier qui se
battaient pour que leur syndicat, le Metal Trades Council, soit reconnu
par l'entreprise.
Le 15 mai, avec l'appui écrasant de
ses 12 000 membres, le Conseil du travail de Winnipeg a
appelé à une grève générale. Trente
mille syndiqués et non syndiqués ont
débrayé. Les téléphonistes de la ville ont
été parmi les
premiers à le faire. Winnipeg n'a pas eu de service
téléphonique pendant une semaine. Des
grèves ont été organisées à Edmonton
et à Calgary pour appuyer la grève générale
de Winnipeg.
Le contexte de cette grève a été la
grave crise économique dans laquelle la Grande-Bretagne et, par
extension, le Canada se sont retrouvés après la
Première Guerre mondiale, ainsi que les traitements
inadmissibles infligés aux travailleurs après leur retour
de la guerre des tranchées au cours de laquelle des milliers de
soldats ont trouvé une des
morts les plus horribles à la suite de l'euphorie pour l'empire
qui a
précédé la guerre. Des milliers d'autres sont
morts de la grippe espagnole à la suite de la guerre. La guerre
a rapidement mis fin à cette euphorie, laissant le Canada
à la croisée des chemins, non seulement avec une
économie dont l'ancienne base avait été
brisée par la guerre, mais aussi
sans but ancré dans l'ancienne édification d'empire. Les
services rendus par les gouvernements aux intérêts
étrangers et au moloch du capital, auxquels les travailleurs ne
s'identifiaient pas, ont mis à rude épreuve la
capacité des gouvernements à maintenir la paix au travail.
Le gouvernement fédéral et le gouvernement
provincial craignaient clairement une révolution semblable
à celle qui venait de se produire en Russie. Ils ont
répandu des mensonges selon lesquels « les
immigrants » étaient à l'origine de la
grève, Le gouvernement du Canada a modifié la Loi sur
l'immigration afin que même les
immigrants nés en Grande-Bretagne à qui on accordait
automatiquement à cette époque les droits de
citoyenneté puissent être déportés. Ils ont
mobilisé les forces policières contre les
grévistes et ont eu recours à la violence pour
écraser la grève. La réponse du gouvernement
à la terrible situation dans laquelle se trouvaient les
travailleurs à l'époque
révélait clairement le rôle de l'État dans
la répression des luttes des travailleurs qui venaient de tant
sacrifier dans la guerre des tranchées de la Première
Guerre mondiale.
En juin les autorités fédérales ont
eu recours aux menaces de déportation pour réprimer la
politique de la classe ouvrière, bien qu'elles tentaient de
tromper le public en évitant d'utiliser le mot «
politique » dans leurs accusations. Des amendements ont
été apportés à l'article 41 de la Loi
sur l'immigration et ont défini le terme «
immigrant interdit » comme « toute personne
intéressée à renverser un gouvernement
organisé soit dans l'Empire (également au niveau
provincial au Canada), ou en général, ou à
détruire des biens ou à promouvoir une émeute ou
un
désordre public, ou à appartenir à une
organisation
secrète essayant de contrôler des personnes par la
menace ou le chantage ».[1]
Après presqu'un mois, le maire de Winnipeg a fait
appel à des agents spéciaux dont la présence ne
faisait qu'alimenter la détermination des grévistes.
Leurs dirigeants ont été arrêtés. La Police
montée du Nord-Ouest (qui est devenue la Gendarmerie royale du
Canada en 1920) et des gendarmes spéciaux ont tiré
sur les travailleurs, tuant
deux hommes. De plus, 34 autres personnes ont été
blessées et 80 autres arrêtées. Quelques jours
plus tard, le 21 juin, la grève s'est terminée par
une marche de protestation organisée par des anciens combattants.
La grève générale de Winnipeg est
devenue la plus grande révolte sociale de l'histoire canadienne
et fait l'objet de nombreuses études portant non seulement sur
le rôle du gouvernement et des forces de police, mais aussi sur
celui des syndicats, des communistes, des socialistes et des partis
politiques traditionnels. La signification de cette grève
et de l'époque à laquelle elle s'est
déroulée sera examinée davantage pour informer nos
lecteurs.
Note
1. Barbara Roberts, Whence
They Came: Deportation from Canada (Ottawa: University of Ottawa
Press, 1988), p. 84
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