Les travailleurs d'ABI et leurs alliés présentent leur cause aux actionnaires d'Alcoa à leur assemblée annuelle à Pittsburgh
Le 8 mai, près de 200 travailleurs
d'ABI et leurs alliés ont manifesté dans les rues de
Pittsburgh à l'occasion de la réunion annuelle des
actionnaires
d'Alcoa. Les manifestants ont réclamé un accord
négocié et la fin du lockout de 16 mois. Les
travailleurs ont également pris la parole à la
réunion des actionnaires et présenté leur
demande que l'entreprise négocie une convention collective
acceptable pour ceux qui effectuent le travail.
Le siège social d'Alcoa est situé à
Pittsburgh. Le fait que près de 200 des 1 030
travailleurs d'ABI aient effectué le trajet de 13 heures en
autobus montre leur détermination à défendre la
dignité du travail et leur communauté.
Les travailleurs ont rencontré des membres des
syndicats d'Alcoa et d'Arconic aux États-Unis pour discuter de
leur expérience et partager leurs préoccupations. Arconic
a été formée à la suite de la scission
d'Alcoa en 2016 en deux entités distinctes. Alcoa a
conservé l'extraction et la production de bauxite et la
production d'alumine et
d'aluminium primaire, tandis qu'Arconic se concentre sur la
transformation de l'aluminium et d'autres métaux légers
en produits manufacturés destinés aux secteurs de
l'aérospatiale, de l'automobile et d'autres secteurs.
Les travailleurs ont également rencontré
le président international du Syndicat des Métallos, Leo
Gerard, qui a dit que le syndicat faisait pression sur Alcoa pour que
la
compagnie signe une convention collective acceptable pour les
travailleurs d'ABI. Les Métallos américains tentent
présentement de négocier un accord-cadre avec Alcoa et
Arconic. Leo Gerard a dit avoir souligné aux
représentants des employeurs que le conflit de Bécancour
portait atteinte à leurs propres négociations et les
rendait plus difficiles.
Les travailleurs d'ABI étaient accompagnés
d'une délégation de métallos de l'aluminerie Rio
Tinto à Alma, membres de la section locale 9490 du Syndicat
des Métallos. Des travailleurs américains d'Alcoa et
d'Arconic se sont joints à eux pour manifester dans les rues de
la ville, drapeaux et banderoles déployés. Ils ont
terminé leur
manifestation devant les portes de l'hôtel où se tenait
l'assemblée annuelle des actionnaires.
Munis de procurations d'actionnaires, les travailleurs
sont intervenus à la réunion d'Alcoa pour dire aux
actionnaires que le lockout, qui dure maintenant depuis plus de 16
mois, est inacceptable pour tous. Un dirigeant international du
Syndicat des Métallos a déclaré aux actionnaires
qu'il était frappant de constater que le nom Alcoa
était associé à des problèmes dans de
nombreux endroits où il opère. Il a mentionné
l'Australie, l'Espagne et maintenant le Canada. En Australie,
en 2018, Alcoa a demandé et obtenu l'accord du tribunal des
relations de travail pour annuler la convention collective
de 1 500 travailleurs. Alcoa et le tribunal d'État ont
utilisé le
prétexte frauduleux et arrogant que la convention collective ne
permettait pas à la compagnie d'être flexible et
concurrentielle sur les marchés mondiaux. À la fin de
2018, Alcoa a annoncé la fermeture de deux fonderies en Espagne,
provoquant une lutte que les travailleurs et leurs communautés
continuent de mener.
Clément Masse, le président de la section
locale 9700 du Syndicat des Métallos, qui représente
les travailleurs d'ABI, est aussi intervenu à l'assemblée
des actionnaires. Il a dit à Forum
ouvrier qu'il a parlé aux actionnaires des valeurs
qu'Alcoa
prétend défendre. « Je leur ai dit qu'Alcoa
déclare qu'une des valeurs qu'il défend c'est
l'environnement. Je leur ai
demandé qu'est-ce qu'Alcoa fait de l'environnement social ?
Je leur ai dit que l'environnement social s'est dégradé
avec le conflit qui a beaucoup affecté la communauté.
Beaucoup de gens sont touchés. Il faut penser à cela
aussi. » Clément a également dit aux
actionnaires que l'usine d'Alcoa est très performante, que la
main-d'oeuvre
est experte, et que les actionnaires perdent beaucoup d'argent sans
raison. Ils ont tout à gagner à demander que les
dirigeants d'Alcoa signent une convention négociée pour
mettre fin au lockout. Le PDG d'Alcoa, Roy Harvey, a répondu
qu'il était préoccupé mais n'a fait aucun autre
commentaire.
Selon Clément Masse, les actionnaires ont
écouté attentivement le message des travailleurs et
certains sont venus leur serrer la main à la suite de leur
intervention. Les représentants des travailleurs d'ABI ont
également rencontré deux membres de la direction du
siège social d'Alcoa à Pittsburgh et leur ont
présenté leurs préoccupations.
Cet article est paru dans
Numéro 17 - 16 mai, 2019
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