100e anniversaire de la grève générale de Winnipeg

La fière histoire de résistance organisée et de défense des droits des travailleurs canadiens


Rassemblement le 4 juin 1919, devant l'édifice qui abritait le comité des citoyens

Cette année est le 100e anniversaire de la grève générale de Winnipeg. Le Premier mai 1919, découragés par l'inflation et le chômage de l'après-guerre, les monteurs d'acier et les ouvriers du bâtiment de Winnipeg se sont mis en grève pour réclamer des salaires plus élevés. Les ouvriers du bâtiment de Winnipeg ont débrayé pour gagner de meilleurs salaires et de meilleures heures de travail. Ils ont été rejoints par des monteurs d'acier qui se battaient pour que leur syndicat, le Metal Trades Council, soit reconnu par l'entreprise.

Le 15 mai, avec l'appui écrasant de ses 12 000 membres, le Conseil du travail de Winnipeg a appelé à une grève générale. Trente mille syndiqués et non syndiqués ont débrayé. Les téléphonistes de la ville ont été parmi les premiers à le faire. Winnipeg n'a pas eu de service téléphonique pendant une semaine. Des grèves ont été organisées à Edmonton et à Calgary pour appuyer la grève générale de Winnipeg.

Le contexte de cette grève a été la grave crise économique dans laquelle la Grande-Bretagne et, par extension, le Canada se sont retrouvés après la Première Guerre mondiale, ainsi que les traitements inadmissibles infligés aux travailleurs après leur retour de la guerre des tranchées au cours de laquelle des milliers de soldats ont trouvé une des morts les plus horribles à la suite de l'euphorie pour l'empire qui a précédé la guerre. Des milliers d'autres sont morts de la grippe espagnole à la suite de la guerre. La guerre a rapidement mis fin à cette euphorie, laissant le Canada à la croisée des chemins, non seulement avec une économie dont l'ancienne base avait été brisée par la guerre, mais aussi sans but ancré dans l'ancienne édification d'empire. Les services rendus par les gouvernements aux intérêts étrangers et au moloch du capital, auxquels les travailleurs ne s'identifiaient pas, ont mis à rude épreuve la capacité des gouvernements à maintenir la paix au travail.

Le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial craignaient clairement une révolution semblable à celle qui venait de se produire en Russie. Ils ont répandu des mensonges selon lesquels « les immigrants » étaient à l'origine de la grève, Le gouvernement du Canada a modifié la Loi sur l'immigration afin que même les immigrants nés en Grande-Bretagne à qui on accordait automatiquement à cette époque les droits de citoyenneté puissent être déportés. Ils ont mobilisé les forces policières contre les grévistes et ont eu recours à la violence pour écraser la grève. La réponse du gouvernement à la terrible situation dans laquelle se trouvaient les travailleurs à l'époque révélait clairement le rôle de l'État dans la répression des luttes des travailleurs qui venaient de tant sacrifier dans la guerre des tranchées de la Première Guerre mondiale.

En juin les autorités fédérales ont eu recours aux menaces de déportation pour réprimer la politique de la classe ouvrière, bien qu'elles tentaient de tromper le public en évitant d'utiliser le mot « politique » dans leurs accusations. Des amendements ont été apportés à l'article 41 de la Loi sur l'immigration et ont défini le terme « immigrant interdit » comme « toute personne intéressée à renverser un gouvernement organisé soit dans l'Empire (également au niveau provincial au Canada), ou en général, ou à détruire des biens ou à promouvoir une émeute ou un désordre public, ou à appartenir à une organisation secrète essayant de contrôler des personnes par la menace ou le chantage ».[1]

Après presqu'un mois, le maire de Winnipeg a fait appel à des agents spéciaux dont la présence ne faisait qu'alimenter la détermination des grévistes. Leurs dirigeants ont été arrêtés. La Police montée du Nord-Ouest (qui est devenue la Gendarmerie royale du Canada en 1920) et des gendarmes spéciaux ont tiré sur les travailleurs, tuant deux hommes. De plus, 34 autres personnes ont été blessées et 80 autres arrêtées. Quelques jours plus tard, le 21 juin, la grève s'est terminée par une marche de protestation organisée par des anciens combattants.

La grève générale de Winnipeg est devenue la plus grande révolte sociale de l'histoire canadienne et fait l'objet de nombreuses études portant non seulement sur le rôle du gouvernement et des forces de police, mais aussi sur celui des syndicats, des communistes, des socialistes et des partis politiques traditionnels. La signification de cette grève et de l'époque à laquelle elle s'est déroulée sera examinée davantage pour informer nos lecteurs.


Note

1. Barbara Roberts, Whence They Came: Deportation from Canada (Ottawa: University of Ottawa Press, 1988), p. 84

(Photos : L.B. Foote, Manitoba Public Archives)


Cet article est paru dans

Numéro 17 - 16 mai, 2019

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