Discussion sur la convention et le protocole de retour au travail dictés par Alcoa/Rio Tinto et le gouvernement chez ABI
- Entrevue avec Alexandre
Fréchette, président du Syndicat des travailleurs de
l'aluminium d'Alma, section locale 9490 du Syndicat des
Métallos -
![](http://cpcml.ca/images2019/WorkersEconomy/MiningMetallurgy/File/120331-Alma-BanniereTete2crop.jpg)
Manifestation en appui aux travailleurs de l'aluminium d'Alma,
le 31 mars 2012
Dans cette entrevue, Alexandre Fréchette
mentionne que le ministre québécois du Travail, Jean
Boulet, a déjà représenté ABI à
titre d'avocat chez Heenan Blaikie avant d'entrer au gouvernement.
« À voir son comportement, la façon dont il
favorise l'employeur systématiquement, et qu'il met de la
pression sur les travailleurs, je crois
qu'on peut se questionner très sérieusement et
certainement dire à tout le moins que ce ministre n'est pas
neutre dans le conflit », dit-il.
Forum ouvrier : Dans
l'hypothèse de règlement qu'il a présentée
sur le conflit à ABI le 17 avril, le ministre
québécois du Travail
Jean Boulet dit qu'il a tenu compte du lockout de 2012 à
Alma décrété par Rio Tinto. Il a
suggéré qu'en fait il a respecté ce qui s'est
passé à Alma pour obtenir un résultat semblable
dans
le cas du lockout à ABI. Peux-tu nous en dire plus sur ce qui
s'est passé à la suite du lockout à Alma ?
![](http://cpcml.ca/images2019/WorkersEconomy/MiningMetallurgy/File/180208-QuebecCityABIWorkersrally-Metallos-10cr3.jpg)
Alexandre Fréchette, le président
de la section locale 9490 du Syndicat
des Métallos, exprime l'appui des travailleurs d'Alma lors d'un
rassemblement pour les travailleurs d'ABI, le 8
février 2018.
|
Alexandre Fréchette :
Concernant la durée du retour au travail, après le
lockout, de deux choses l'une : ou le ministre est un
incompétent, ou c'est un menteur. Pour essayer de justifier son
hypothèse de règlement, le ministre dit qu'à Alma,
nous avons réussi de peine et de misère à
réussir le retour au travail en six
mois, d'où sa proposition que le protocole de retour au travail
à ABI prévoit un retour qui se fait en six mois.
En fait, c'est marqué noir sur blanc dans notre
convention collective de 2012 que l'employeur s'engage à
rappeler au
travail à temps plein tous les employés à son
emploi au 31 décembre 2011 et ce, au plus tard, 90
jours après le redémarrage de la toute première
cuve. C'est l'entente 13 de notre convention collective. Il y a
même
une annexe, un tableau, avec l'échéancier
détaillé de redémarrage par semaine,
jusqu'à 14 semaines. Donc 90 jours, au plus tard, tout
le monde est rappelé. Cette entente fait partie de notre
convention collective, elle est même encore dans notre convention
collective de 2015. Et dans les faits, chez nous, le retour a
été effectué
en 90 jours. Ce qui a été un peu difficile dans
notre retour au travail, ça n'a pas été la
durée, mais l'ordre de rappel, l'ancienneté. Il y a eu
des erreurs de rappel, qui ont été d'ailleurs
compensées pleinement par la compagnie. En ce qui concerne la
durée, elle a été entièrement
respectée.
Comme je l'ai dit, ou le ministre est un
incompétent, qui dit des choses dont il n'est pas au courant,
ou il est bien conscient de ce qu'il dit et il sait que c'est un
mensonge qu'il utilise contre les travailleurs.
FO : Le ministre a aussi dit
qu'il a « modernisé » la clause de
sous-traitance à ABI dans son hypothèse de
règlement. Qu'a-t-il fait exactement ?
AF : C'est très simple. Dans la
convention collective des travailleurs d'ABI, Alcoa avait le droit
d'avoir recours à la sous-traitance dans une liste
d'activités où la sous-traitance est permise. En la
« modernisant », le ministre a en fait enlevé
cette liste-là, pour qu'Alcoa puisse prendre les emplois
sous-traitables et les
appliquer partout dans l'usine.
Ce qu'il a fait, c'est éliminer la liste des
emplois sous-traitables. Cette liste est une contrainte pour la
compagnie. Si je fais le parallèle avec Alma, pour avoir une
liste d'emplois sous-traitables, cela nous a coûté six
mois de lockout. Je dirais que 90 % de notre conflit visait
à obtenir cette liste-là. C'était pour obtenir une
limitation
au droit de gérance de l'employeur, en ayant une clause qui
limite à la fois la quantité de sous-traitance et les
endroits où elle va s'appliquer.
Notre clause de sous-traitance dit essentiellement
qu'ils ont le droit de prendre 15 % des heures
travaillées par opération pour la sous-traitance et de
les appliquer dans une liste d'emplois négociée. C'est
important parce qu'on choisissait des emplois où ça fait
moins mal, où il n'y a pas nécessairement la connaissance
du procédé,
des emplois plus de manutention et de choses accessoires. C'est une
concession importante que le ministre introduit et c'est certain selon
nous que c'est quelque chose qu'il faut dénoncer haut et fort.
Juste pour cela, juste pour cette clause de
sous-traitance, à mon avis cette hypothèse de
règlement est pire que l'offre de la compagnie du mois de mars.
Alors de voir le ministre parler de cela comme si c'est quelque chose
d'accessoire dans ce conflit-là, nous lui disons que nous avons
fait six mois pour avoir cette liste-là, et lui, il
l'enlève dans
l'hypothèse de règlement. Alors, pour qui
travaille-t-il ?
Selon nous, ces deux éléments-là
sont tellement flagrants qu'il s'agit soit d'incompétence ou de
mensonge. Je ne suis pas capable avec certitude de prouver l'intention.
Maintenant, si je regarde le passé du ministre, monsieur Boulet
a déjà obtenu des contrats pour représenter ABI
dans le passé. Il a eu des contrats avec ABI comme avocat dans
le temps qu'il travaillait pour Heenan Blaikie. À voir son
comportement, la façon dont il favorise l'employeur
systématiquement, et qu'il met de la pression sur les
travailleurs, je crois qu'on peut se questionner très
sérieusement et certainement dire à tout le moins que ce
ministre n'est pas neutre dans le conflit.
Cet article est paru dans
![](http://cpcml.ca/francais/FO2019/Articles/LogoForumOuvrier300.jpg)
Numéro 17 - 16 mai, 2019
Lien de l'article:
Discussion sur la convention et le protocole de retour au travail dictés par Alcoa/Rio Tinto et le gouvernement chez ABI - Entrevue avec Alexandre
Fréchette, président du Syndicat des travailleurs de
l'aluminium d'Alma, section locale 9490 du Syndicat des
Métallos
Site Web: www.pccml.ca
Email: redaction@cpcml.ca
|