Lockout à la fonderie de Glencore
à Belledune, au Nouveau-Brunswick
Les travailleurs exigent le retrait des demandes irresponsables de concessions
Des représentants de la section locale 7085 du syndicat des
Métallos
ont participé à l'assemblée annuelle des
actionnaires de Glencore à
Zoug, en Suisse, le 9 mai 2019, pour s'opposer aux demandes
de
concessions de la compagnie.
Le lockout des travailleurs de la fonderie de Glencore
à Belledune, au
Nouveau-Brunswick, dure depuis plus de trois semaines
déjà. Les
travailleurs en lockout, membres de la section locale 7085 du
Syndicat
des Métallos, disent qu'ils sont déterminés
à défendre leurs droits et
demandent que l'oligopole minier et métallurgique retire ses
demandes de concessions lourdes de conséquences.
Le 9 mai, deux membres de la section
locale 7085 des Métallos, qui
représente les travailleurs de Belledune, et un permanent
syndical de
la section locale se sont rendus à Zoug, en Suisse, pour
participer à
l'assemblée annuelle des actionnaires de Glencore.
Appuyés par IndustriAll Global Union, dont le
syndicat des
Métallos est un affilié, ils y sont intervenus pour
s'opposer aux demandes de concessions de Glencore en ce qui a trait
à
la santé et la sécurité, la représentation
syndicale, les régimes de
retraite et les avantages sociaux.[1]
Ils ont rencontré le PDG de Glencore, un des membres du conseil
d'administration qui est président du Comité de
santé, de sécurité,
d'environnement et des communautés et d'autres membres du
conseil.
Selon un rapport du district 6 du Syndicat des
Métallos, qui est
responsable de l'Ontario et des provinces de l'Atlantique, les
travailleurs de Glencore ont présenté les enjeux qui
existent à la
fonderie du Nouveau-Brunswick et brossé un portrait du
harcèlement et
de la culture non sécuritaire qui prédominent à
l'entreprise. Les
membres de
l'équipe ont clairement indiqué qu'ils s'attendaient
à un suivi et
qu'ils étaient prêts à négocier mais pas sur
la base de ces concessions
antiouvrières provocatrices qui mettent en danger la
santé et la
sécurité des travailleurs. Selon le rapport, ils ont
aussi déclaré
qu'ils sont prêts à entreprendre une campagne publique
mondiale à la
défense des droits
des travailleurs de la fonderie s'il le faut.
Pendant ce temps, au niveau local, il n'y a aucune
communication
entre la direction de Glencore et le syndicat. La direction a
été
informée que le syndicat est prêt à retourner
à la table de
négociations, mais qu'elle doit d'abord retirer ses concessions
sur la
santé et la sécurité. Les travailleurs se disent
confiants que quelque
chose de positif va
se produire parce que la fonderie est très productive, mais ils
n'abandonnent pas leur juste revendication que Glencore retire ses
demandes de concessions.
La direction de Glencore à l'endroit de travail
fait tout pour
tromper le public en écrivant des articles dans les journaux
locaux
dans lesquels elle dit que le conflit porte sur les questions
monétaires. Le président du syndicat, Bart Dempsey, a dit
aux médias
qu'en effet les travailleurs aimeraient une augmentation mais que
leur lutte ne porte
pas sur les salaires mais leur revendication que Glencore retire ses
demandes de concessions. Comme le syndicat l'a souligné à
maintes
reprises, les travailleurs, au point où ils en sont rendus, ne
demandent qu'à préserver ce qu'ils ont.
Le président Dempsey a dit à Forum
ouvrier que les
travailleurs s'opposent à la désinformation de Glencore
en expliquant
au public les détails et la nature du conflit. Jusqu'en
avril 2018,
Glencore
n'avait demandé aucune de ces concessions. La direction avait
même dit
qu'elle était prête à laisser la convention
collective telle
qu'elle est pour les cinq prochaines années, si les travailleurs
acceptaient une augmentation salariale de 0,45 cents de l'heure.
À ce moment-là, les travailleurs avaient
dit qu'une aussi faible
augmentation n'était pas acceptable, surtout après qu'ils
aient fait
d'importantes concessions, notamment dans les régimes de
retraite, dans
la convention collective de 2014 après que Glencore eut
fusionné avec
Xstrata et acquis la fonderie. Les travailleurs avaient dit
cependant qu'ils tiendraient compte de l'offre de Glencore lorsque les
négociations officielles commenceraient. À la table de
négociation,
cette très faible augmentation salariale serait discutée
de pair avec
le libellé de certaines clauses de la convention qui causait des
problèmes.
Tout à coup, sans avertissement, la direction de
Glencore a présenté
une longue liste de concessions et a refusé d'examiner les
propositions
des travailleurs. Ceux-ci disent qu'ils n'ont jamais reçu de
réponse
formelle à leurs propositions. La situation a alors
dégénéré en un
diktat et une entreprise d'extorsion de la part de la compagnie
où
le cartel a cherché à abaisser les conditions de
travail et à briser
le syndicat.
Un autre exemple de cette intransigeance s'est produit
le 24 avril
dernier lorsque Glencore a physiquement empêché les
travailleurs
du quart de
jour d'entrer dans l'usine alors que les travailleurs
s'apprêtaient à
débrayer légalement à 18 h. Plutôt que
de s'opposer au geste
irresponsable de Glencore et à son refus de négocier, la
Cour
supérieure du Nouveau-Brunswick l'a approuvé en accordant
deux
ordonnances demandées par la compagnie qui entravent la
capacité des
travailleurs de dresser des lignes de piquetage efficaces à la
défense
de leurs droits.
Les travailleurs de Glencore et d'ABI affrontent des
oligopoles mondiaux
La similitude entre la situation dans laquelle se
trouvent les
travailleurs de Belledune, au Nouveau-Brunswick, et celle des
travailleurs de Bécancour au Québec, est frappante. Dans
les deux cas,
les travailleurs semblaient se rapprocher d'une entente, qui se serait
concrétisée si les deux cartels mondiaux avaient
négocié de bonne foi.
Au
contraire, les oligopoles ont miné les relations et sont
passés à
l'offensive pour attaquer les droits fondamentaux des travailleurs et
tenter de briser le syndicat, tout en déformant la nature du
conflit et
en calomniant les travailleurs en les accusant d'être
responsables de leur lockout.
Les travailleurs métallurgiques d'ABI et de
Glencore et les
travailleurs en général ont une cause commune dans
l'unité à la défense
de leurs droits contre le pouvoir des oligopoles et leurs
représentants
étatiques. Partout au pays, l'oligarchie financière au
pouvoir, avec
son offensive antisociale, a politisé ses demandes,
usurpé les pouvoirs
de
l'État et changé les lois afin d'imposer des mesures
d'austérité qui
affaiblissent et démantèlent les programmes sociaux et la
réglementation, afin que les compagnies ne soient pas redevables
de
leurs mauvaises pratiques. Des attaques spécifiques contre les
travailleurs comme ceux d'ABI, de Glencore, de GM et de Postes Canada,
visent clairement à
rendre inefficaces les organisations de défense des
travailleurs. Les
partis qui forment le système de partis cartellisés, qui
fait en sorte
que le peuple ne peut pas parler en son nom mais demeure
marginalisé et
privé de toute voix effective, sont tous de la partie. Pour
mettre fin
au déséquilibre qui existe dans les relations
entre les deux
principales classes sociales, celle qui possède et
contrôle les forces
productives et achète la capacité de travailler des
travailleurs, et
les travailleurs qui vendent leur capacité de travailler
à ceux qui
sont en contrôle, il faut que les travailleurs prennent leurs
affaires
en main et luttent pour leurs droits dans le contexte de la lutte pour
les droits de
tous.
Les entreprises et leurs représentants
étatiques tentent de
transformer cette relation sociale en un diktat unilatéral en
utilisant
leur richesse et leur influence mondiales et les pouvoirs de police de
l'État pour déstabiliser la classe ouvrière, miner
sa volonté de se
battre, et nier aux travailleurs ce qui leur appartient de droit. La
lutte courageuse des
travailleurs d'ABI et de Glencore pour donner une signification aux
droits en ce 21e siècle, est historique. Tout aussi
historique est la
lutte vaillante des Métallos de la section 1005, qui, en
défendant
leurs pensions, ont mis à nu le recours aux lois et aux
tribunaux de
l'insolvabilité pour briser les syndicats et qui
défendent ce qui
appartient de droit aux travailleurs. Se sont joints à eux les
travailleurs de tous les secteurs de l'économie qui
défendent leurs
droits et les droits de tous. Ces luttes, et le vaste appui national et
international que les travailleurs d'ABI et de Glencore
reçoivent,
illustrent la détermination de la classe ouvrière
à s'unir à la défense
de sa dignité et de ses
droits, et à développer de nouvelles méthodes de
lutte conformes aux
nouvelles conditions de déséquilibre et de pouvoir des
cartels.
Note
1. Pour de plus amples
informations
sur comment le lockout a été
décrété par Glencore et sur les concessions
antiouvrières qu'il tente d'arracher aux travailleurs, et sur la
position courageuse adoptée par les travailleurs de la section
locale 7085 à la défense de leurs droits et de leur
dignité,
lire « Les
travailleurs défendent leurs droits et leur dignité »
dans
le
numéro
du 2
mai
de Forum ouvrier
Cet article est paru dans
Numéro 17 - 16 mai, 2019
Lien de l'article:
Lockout à la fonderie de Glencore
à Belledune, au Nouveau-Brunswick: Les travailleurs exigent le retrait des demandes irresponsables de concessions
Site Web: www.pccml.ca
Email: redaction@cpcml.ca
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