Numéro 78 - 30 novembre 2020

Les résultats des élections aux États-Unis

Un Congrès dysfonctionnel signifie la poursuite des affrontements entre les cercles dirigeants

Les tribunaux rejettent les poursuites de Trump en déclarant que l'élection a été « libre et équitable »

- Voice of Revolution -

La situation aux États-Unis

- Lettre à la rédaction -


La suspension de Jeremy Corbyn du Parti travailliste britannique

• La nécessité de régler les comptes avec les institutions anachroniques britanniques

- Pauline Easton -


Résistance massive à l'impunité en Inde

Des millions de personnes réclament justice et l'exercice
de leurs droits


Coup d'État au Chili

Nouvelles révélations sur le coup d'État des États-Unis qui a renversé Salvador Allende



Les résultats des élections aux États-Unis

Un Congrès dysfonctionnel signifie la poursuite des affrontements entre les cercles dirigeants

Les affrontements entre les cercles dirigeants se manifestent au Congrès maintenant que différents États ont certifié le vote en faveur de Joe Biden et que divers PDG et autres intervenants demandent à Trump de concéder. Parmi les fronts de discorde, citons le processus de transition, la confirmation par le Sénat des choix de Joe Biden pour son cabinet, l'adoption d'un énorme projet de loi budgétaire omnibus ou d'un projet de loi de dépenses d'urgence pour éviter la fermeture du gouvernement le 11 décembre et les différends concernant la Loi d'autorisation de la défense nationale (NDAA) qui est habituellement adoptée sans difficulté.

La transition et les menaces de guerre civile

Après que le Michigan a certifié son vote le 23 novembre et que 166 hommes d'affaires ont demandé dans une lettre ouverte que commence la transition, l'Administration des services généraux (GSA), qui avait bloqué le soutien officiel à la transition pour Joe Biden, a « confirmé » qu'il était le vainqueur. Ce geste a permis de libérer des millions de dollars et a ouvert la voie à des briefings entre les deux camps concernant la COVID-19, les questions de sécurité intérieure et étrangère et bien d'autres choses. Cependant, il n'est pas encore clair si les différents départements du cabinet, qui font tous partie du Bureau de la présidence, vont coopérer. Le procureur général William Barr refuse toujours de coopérer. Le conseiller à la sécurité nationale Robert O'Brien a promis une « transition professionnelle » avec l'équipe Biden. Ces divergences au sein du cabinet, ainsi que les poursuites engagées par Donald Trump pour bloquer la participation des grands électeurs de Biden pour la Pennsylvanie et l'Arizona au collège électoral, par exemple, indiquent que les règles et normes habituelles ne sont toujours pas respectées.

Les allégations persistantes de Trump de fraude électorale et la prétention, comme l'a dit son avocat, que « les Américains doivent être assurés que les résultats finaux sont justes et légitimes », ont également été répétées lors d'une audience convoquée par les sénateurs républicains de l'État de Pennsylvanie le 25 novembre. Trump a choisi Gettysburg comme lieu de l'audience et a appelé pour dire : « Cette élection a été perdue par les démocrates. Ils ont triché. C'était une élection frauduleuse. » L'ancien gouverneur de la Pennsylvanie, Tom Ridge, a répondu : « L'histoire retiendra l'ironie honteuse qu'un président qui a menti pour éviter le service militaire a organisé un faux événement sur les terres sacrées de Gettysburg dans une tentative effrontée de saper la République pour laquelle de nombreux vrais patriotes se sont battus et sont morts depuis sa fondation. »

Gettysburg est connu comme le lieu d'une des grandes batailles de la guerre civile, qui a fait de très nombreuses morts des deux côtés. C'est également là que le président Lincoln s'est demandé « combien longtemps peut perdurer » l'union, fondée sur les revendications de « liberté » de la Déclaration d'indépendance et « vouée à la thèse selon laquelle tous les hommes sont créés égaux ».

L'administration Trump, les élections et la transition ont mis en évidence la guerre civile féroce qui se mène au sein des cercles dirigeants, où seule manque la violence ouverte. Les appels lancés par de nombreux fonctionnaires et PDG en faveur d'une « transition pacifique » sont des appels à maintenir cette situation. La lettre des 166 hommes d'affaires a par exemple soulevé des inquiétudes quant à la légitimité des élections et à la nécessité de maintenir l'Union unie :

« Chaque jour pendant lequel un processus de transition présidentielle ordonnée est retardé, notre démocratie s'affaiblit aux yeux de nos propres citoyens et la stature de la nation sur la scène mondiale est diminuée. »

« En tant que chefs d'entreprises et dirigeants civiques qui reflètent la diversité politique du pays, nous exhortons au respect du processus démocratique et à un soutien unifié à nos dirigeants dûment élus », ont-ils conclu.

Parmi les 166 signataires il y a Larry Fink, président et chef de la direction de BlackRock, l'un des plus grands gestionnaires de fonds spéculatifs, David Solomon, président et chef de la direction de la société financière Goldman Sachs et Steve Schwarzman, fondateur de la société d'actions Blackstone et principal donateur de Trump.

Les nombreux conflits entre les forces des États et les forces fédérales, non seulement sur les résultats de l'élection, mais aussi sur le maintien de l'ordre, sont parmi les fronts où la violence ouverte menace d'éclater. La Déclaration d'indépendance stipulait que « toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructive » du droit « à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur », le peuple « a le droit de la changer ou de l'abolir ». Faire ainsi référence à la guerre civile tout en rappelant si ouvertement le potentiel de division de l'union est peut-être pour Trump une façon de dire que quel que soit le résultat de l'élection, la bataille pour le pouvoir n'est pas terminée. Et il a des forces derrière lui, non seulement parmi les élus, mais aussi au sein des corps policiers et des milices armées qu'ils soutiennent.

La confirmation du cabinet Biden

Joe Biden a commencé à annoncer ses nominations aux différents postes ministériels, notamment ceux de secrétaire d'État, de directeur du département de la Sécurité intérieure et de directeur du renseignement national. Le Sénat doit confirmer ces postes et 1 200 autres dans la bureaucratie par un vote à majorité simple. Les audiences de confirmation débutent le jour de l'investiture, le 20 janvier, ou dans les jours qui suivent. Normalement, ces confirmations ne sont pas contestées, par une courtoisie générale accordée au président élu qui est dans ce cas un ancien sénateur. Dans l'histoire, seulement neuf candidats n'ont pas été confirmés, dont quatre remontent au temps du président John Tyler, de 1841 à 1845. Dix-sept autres ont été retirés.

Joe Biden a demandé « que les audiences commencent rapidement » et demandé au Sénat de « commencer le travail de guérison et d'unification de l'Amérique et du monde ». Les républicains s'opposent déjà aux candidats etMitch McConnell, l'actuel chef du Sénat, n'a pas encore accepté Joe Biden comme président élu. Les normes et les courtoisies habituelles ne s'appliquent évidemment plus.

L'indignation devant la possibilité d'une éventuelle
fermeture du gouvernement

La possibilité d'une fermeture du gouvernement le 11 décembre demeure. Une loi sur les dépenses d'urgence a été adoptée à la fin de l'exercice financier en octobre. Ce financement se termine le 11 décembre. La Chambre et le Sénat négocient présentement un projet de loi omnibus de grande envergure. Une enveloppe de 1,4 trillion de dollars, couvrant les 12 crédits budgétaires nécessaires aux différents départements, est en négociation. Les différends portent sur les montants, qui sont gardés secrets. Trump a dit qu'il préférait le projet de loi omnibus à une autre mesure d'urgence, à laquelle il pourrait mettre son veto. Son chef de cabinet a déclaré qu'il « ne peut pas garantir » que la fermeture sera évitée.

Auparavant, chacun des 12 crédits budgétaires était débattu séparément et faisait l'objet d'audiences publiques. Aujourd'hui, aucune audition de ce type n'a lieu et les chiffres sont cachés au public, et même aux législateurs, souvent jusqu'au vote final sur un projet de loi de 1 000 pages. Ce processus en dit long sur la détérioration du Congrès en tant qu'organe législatif et l'élimination de la nécessité de servir le bien public, ou du moins de donner au public la possibilité de s'exprimer. Cela signifie également que le budget n'est plus l'occasion d'atténuer les conflits entre les factions au pouvoir, ayant fait place aux menaces de paralysie, voire à la fermeture du gouvernement. Compte tenu de la COVID-19 et du nombre déjà important de chômeurs, une telle fermeture entrainant le licenciement de centaines de milliers de fonctionnaires est largement considérée comme une attaque inacceptable et odieuse contre le peuple.

Le financement du Pentagone

La Loi d'autorisation de la défense nationale, qui est généralement adoptée facilement par une large majorité, n'a pas non plus été adoptée. Il s'agit d'une loi annuelle établissant le financement du Pentagone, y compris les guerres d'agression des États-Unis à l'étranger. Cette année, 740,5 milliards de dollars sont prévus. Parmi les points litigieux, on trouve des amendements allant dans le sens d'affirmer le contrôle du Congrès dans des situations où le président usurpe le pouvoir. L'un d'eux exige que le président obtienne l'approbation du Congrès avant de retirer d'autres soldats d'Allemagne ou d'Afghanistan. Un autre exige que le président consulte le Congrès avant d'invoquer la Loi sur l'insurrection. Trump avait menacé d'y recourir en juin pour justifier le déploiement des forces armées contre les manifestants qui dans tout le pays réclamaient la fin des morts racistes aux mains de la police, l'égalité et la justice.

La Loi d'autorisation de la défense nationale comprend également des dispositions exigeant le changement de nom de dix bases militaires portant le nom de généraux confédérés. Il s'agit notamment de Fort Bragg, Hood, Robert E. Lee et d'autres. Trump a déclaré qu'il mettrait son veto au projet de loi s'il comprenait ces mesures. Le chef du Sénat, Mitch McConnell, a déclaré qu'il ne soumettrait pas le projet de loi au vote si celui-ci faisait l'objet d'un veto. Certains font valoir qu'un veto pourrait avoir un impact sur les deux courses sénatoriales en Géorgie le 5 janvier. Ces courses détermineront si le Sénat sera partagé à 50-50 ou si les républicains en garderont le contrôle, à 52 contre 48 ou 51 contre 49. Certains disent que le veto pourrait favoriser les démocrates, d'autres croient qu'il favorisera les républicains.

Comme pour l'ensemble du débat sur la Loi d'autorisation de la défense nationale, ce qui est laissé de côté, c'est la militante position antiguerre du peuple qui réclame des coupes massives au Pentagone et un financement accru pour la lutte contre la COVID-19, notamment pour la sécurité, les soins de santé, l'éducation et le logement. De même, l'opposition à honorer les généraux confédérés a été renforcée par des manifestations et le retrait des statues par les manifestants. La lutte ne consiste pas simplement à retirer des statues et à rebaptiser des bases, il s'agit surtout d'honorer l'histoire et les contributions des peuples dans leur lutte pour les droits.

Tous les conflits en cours montrent clairement que les institutions gouvernementales actuelles ne fonctionnent plus, ce qui soulève la possibilité de violence à la fois entre les factions et plus probablement contre le peuple, car il continue de renforcer sa résistance et d'exiger un contrôle sur ses affaires. Le peuple refuse d'être divisé et rejette les structures gouvernementales qui renforcent l'inégalité. Ses nombreuses actions de toutes sortes montrent qu'il s'organise pour donner au pays une nouvelle direction qui favorise ses intérêts et représente sa volonté antiguerre et prosociale. Cette nouvelle direction se reflète dans la lutte pour un gouvernement antiguerre, une économie de paix et une démocratie où c'est nous, le peuple, qui décidons !

À titre d'information

166 dirigeants d'entreprises font parvenir une lettre ouverte sur la
transition présidentielle
- Partnership for New York City, le 23 novembre 2020 -

Les préoccupations soulevées dans cette lettre ouverte révèlent l'ampleur de l'impact qu'aura un manque de « transition pacifique » sur les intérêts d'affaires au pays et à l'étranger. Ces préoccupations touchent aussi à la légitimité et aux inquiétudes des dirigeants quant à la façon dont le peuple considère ces développements.

En plus de Larry Fink, président et directeur général de BlackRock, un des plus importants gestionnaires de fonds spéculatifs, David Solomon, président et directeur général de Goldman Sachs, et Steve Schwarzman, fondateur de Blackstone et principal donateur de Trump, il y a d'autres signataires du domaine de la finance, des assurances et de plusieurs autres domaines influents dont : John Bruckner, président du National Grid de New York ; Kelly J. Grier, président américain et associé directeur et associé directeur des Amériques de Ernst & Young LLP ; Alfred F. Kelly Jr., président et PDG de Visa Inc. ; Michel A. Khalaf, président et PDG de MetLife, Inc. ; Kewsong Lee, directeur général de The Carlisle Group ; Theodore Mathas, président et PDG de New York Life Insurance Company ; John McAvoy, directeur, président et PDG de Con Edison, Inc. ; Michael Roberts, président et PDG de HSBC Bank USA. (Voir ici pour la liste intégrale). Jamie Dimon, président et directeur de JPMorgan Chase et Tom Donohue, PDG de la US Chamber of Commerce, qui ont tenu des propos similaires.

L'Amérique est ravagée par une pandémie mortelle dont les répercussions sociales et économiques sont énormes. L'attention et l'énergie des dirigeants des secteurs public et privé devraient être entièrement vouées à unir notre pays dans la lutte contre le coronavirus, apporter de l'aide aux gens dans le besoin, prévenir de nouvelles perturbations des entreprises et de nouvelles pertes d'emplois, et investir dans notre reprise et notre revitalisation économiques.

Chaque jour pendant lequel un processus de transition présidentielle ordonnée est retardé, notre démocratie s'affaiblit aux yeux de nos propres citoyens et la stature de la nation sur la scène mondiale est diminuée. Notre intérêt national et le respect pour l'intégrité de notre processus démocratique exigent que l'administrateur fédéral de l'Administration générale des services confirme sans plus tarder que Joseph R. Biden et Kamala D. Harris sont le président élu et la vice-présidente élue afin qu'une transition en bonne et due forme puisse s'opérer. Le fait de retenir des ressources et de ne pas divulguer de l'information vitale à la nouvelle administration met en danger la santé publique et économique ainsi que la sécurité de l'Amérique.

En tant que chefs d'entreprises et dirigeants civiques qui reflètent la diversité politique du pays, nous exhortons à respecter le processus démocratique et à soutenir de manière unifiée nos dirigeants dûment élus. Il n'y a pas un moment à perdre dans la bataille contre la pandémie et pour que le rétablissement et la guérison de notre nation puissent commencer.

Les associations d'hôpitaux et médicales exhortent l'administration
Trump à partager l'information sur la COVID-19
- Association américaine des hôpitaux, Association médicale américaine,
Association américaine des infirmières
, le 17 novembre 2020

Cher président Trump,

En tant qu'organisations qui représentent les systèmes hospitaliers et de la santé, les médecins et infirmières autorisées qui sont toujours sur les premières lignes dans la bataille contre la COVID-19 et soignent présentement des dizaines de milliers de patients de la COVID-19, nous travaillons avec votre administration pour vaincre la pandémie. Maintenant, alors que de nouveaux traitements et vaccins sont en développement et commenceront à être déployés, nous exhortons votre administration à travailler en collaboration avec l'équipe de transition de Biden et à partager toute information essentielle au sujet de la COVID-19.

Notre nation connaît présentement une nouvelle recrudescence de cas de COVID-19, d'hospitalisations et de décès alors que nous commençons une période des fêtes qui occasionnera fort probablement une plus grande exposition au virus mortel. Pouvoir relever les défis que pose la pandémie est fondamental si nous voulons sauver les vies américaines. Les données et l'information en temps réel sur l'approvisionnement en traitements, en matériel de dépistage, en équipement de protection individuelle, en ventilateurs, en capacité de lits d'hôpitaux et en effectifs de main-d'oeuvre doivent être partagées pour permettre la planification du futur déploiement des ressources de la nation et pour sauver des vies. Toute information sur la capacité de la Réserve nationale stratégique, sur les ressources de l'opération Warp Speed, et sur les plans de diffusion des traitements et des vaccins doit être partagée le plus vite possible afin d'assurer une continuité dans la planification stratégique pour éviter toute faille dans notre capacité de soigner les patients.

En tant que personnel soignant de tous les Américains, nous voyons la souffrance dans nos communautés en raison de la COVID-19. Nous voyons des familles qui ont perdu leurs deux parents à la COVID-19. Nous voyons des enfants souffrir des séquelles à long terme d'une infection à la COVID-19. Et nous voyons les populations issues de minorités souffrir de façon disproportionnée de la dévastation de la pandémie de la COVID-19. C'est à partir de cette perspective humaine de première ligne que nous vous exhortons à partager vos données et informations essentielles le plus tôt possible.

Nous sommes prêts à travailler avec votre administration pour tout mettre en oeuvre pour empêcher la propagation de la COVID-19 et dispenser des soins à ceux qui ont été infectés.

Sincèrement,

Richard J. Pollack, président et PDG, Association américaine des hôpitaux
James L. Madara, PDG, Association médicale américaine
Debbie Dawson, PDG, Association américaine des infirmières

(Photos : VOR)

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Les tribunaux rejettent les poursuites de Trump en déclarant que l'élection a été « libre et équitable »

Alors que plusieurs États clés, dont le Michigan, la Pennsylvanie et le Nevada, ont certifié leurs résultats électoraux dans les délais, d'autres poursuites alléguant des fraudes électorales sont en cours. Plusieurs représentants élus des États, républicains et démocrates, comme ceux de Géorgie et de Pennsylvanie, déclarent que l'élection a été « libre et équitable ». Le secrétaire d'État républicain de Géorgie, qui a procédé à un recomptage manuel supplémentaire, a déclaré : « Je veux que 100 % des gens comprennent que le processus a été juste et que le comptage a été précis ». Tant ceux qui prétendent qu'il y a eu fraude que ceux qui disent que le comptage était juste disent défendre la démocratie pour le peuple.

Le 23 novembre, le Michigan a officiellement certifié ses résultats. Les quatre membres du Conseil des solliciteurs de l'État ont voté : trois voix pour et une abstention, un républicain. Cette certification faite, le gouverneur du Michigan a certifié la liste des électeurs pour Joe Biden. En même temps, le Conseil des solliciteurs de l'État s'est joint à la demande de vérification des suffrages du comté de Wayne, où se trouve Détroit, et de réformes électorales. L'Assemblée législative du Michigan a commencé ses délibérations sur le vote de 2020 et de futures réformes.

Le 25 novembre, une nouvelle poursuite devant la cour fédérale a été intentée par un groupe de républicains du Michigan, dont trois sont sur la liste des électeurs de Donald Trump du Collège électoral. Ils demandent à un juge fédéral d'annuler les bulletins de vote par la poste et d'exclure tous les électeurs de l'État du Michigan du dépouillement des votes de l'élection de 2020.

Le 26 novembre, une équipe juridique conservatrice a demandé à la Cour suprême du Michigan de prendre possession de l'ensemble du matériel électoral du 3 novembre afin de donner à l'Assemblée législative du Michigan le temps de vérifier les résultats, d'enquêter sur toutes les allégations d'irrégularités et de fraude électorale. Dans son recours, elle demande à la cour d'empêcher le secrétaire d'État et le Conseil des solliciteurs de l'État de donner une certification finale aux résultats des élections de l'État jusqu'à ce qu'un procureur spécial soit nommé pour examiner les allégations d'irrégularités de vote et la légalité des bulletins de vote par la poste du comté de Wayne.

Ces deux poursuites font partie des tentatives de Donald Trump de bloquer la nomination des électeurs tout en déclarant que l'élection est frauduleuse. De cette manière, il met en place les motifs d'une intervention fédérale pour examiner la Loi électorale, comme cela s'est également produit après le conflit électoral entre Bush et Gore en 2000. À l'époque, la Loi Help America Vote Act (la Loi « Aider l'Amérique à voter ») a concentré le pouvoir, en particulier l'inscription sur les listes électorales et l'éligibilité des électeurs, dans les mains des secrétaires d'État des États. Une telle intervention aujourd'hui aurait probablement comme résultat d'accroître le contrôle fédéral, notamment en instituant le suffrage direct pour l'élection du président et un contrôle des listes d'électeurs, de l'éligibilité et du dépouillement des votes par le gouvernement fédéral. Cela entraînera une concentration accrue des pouvoirs du Bureau du président, affaiblira le rôle des États et privera davantage le peuple de son droit de parole. Le refus de Donald Trump de concéder l'élection et ses déclarations que l'élection était une fraude le mette en position de poursuivre de telles réformes et de recueillir de l'appui au niveau fédéral.

Le 24 novembre, la Pennsylvanie et le Nevada ont tous deux certifié leurs suffrages. Les résultats du Nevada avaient déjà été certifiés par ses solliciteurs au niveau du comté. Le même jour, le secrétaire d'État a confirmé la certification devant la Cour suprême du Nevada qui l'a ensuite confirmée.

En Pennsylvanie, le secrétaire d'État a certifié les suffrages de 67 comtés et a confirmé la victoire de Joe Biden. Le gouverneur a ensuite signé un « Certificat de vérification » qui certifie la liste des électeurs de Joe Biden. Le gouverneur, Tom Wolf, a remercié les fonctionnaires électoraux qui « ont organisé des élections libres et équitables à une époque incroyablement difficile de l'histoire de notre pays et de notre communauté ».

Le 27 novembre, un collège de trois juges de la Cour d'appel fédérale a rejeté l'une des poursuites de Trump qui demandait l'annulation de 1,5 million de bulletins de vote postaux et d'empêcher la certification des électeurs de Pennsylvanie. Donald Trump a fait appel de cette décision devant la Cour suprême.

Bien que les trois juges de la cour d'appel aient tous été nommés par Trump, ils ont été obligés de conclure qu'il n'y avait pas de fraude et ont jugé nécessaire de confirmer la légitimité des suffrages : « Ce sont les électeurs, et non les avocats, qui choisissent le président, lit-on dans leur décision. Ce sont les bulletins de vote et non les mémoires déposés devant le tribunal, qui décident des élections. Ici, les suffrages sont régis par la Loi électorale de la Pennsylvanie ». Ils ont ajouté : « Des élections libres et équitables sont la pierre angulaire de notre démocratie, des accusations d'injustice sont graves, mais le dire ne signifie pas qu'elles sont inéquitables. Les accusations exigent des allégations précises et des preuves. Nous n'avons ni l'une ni l'autre. »

Des poursuites similaires au Michigan, en Géorgie, au Nevada et en Arizona ont également été rejetées. En Arizona, un cinquième recours a été déposé le 25 novembre par le chef du Parti républicain de l'État qui demande également que la certification de la liste des électeurs de Joe Biden soit annulée et que l'élection soit annulée. Ce sont les bulletins de vote postaux qui sont à nouveau ciblés. Les comtés de l'Arizona ont tous certifié leurs votes le 23 novembre. La certification d'État n'aura lieu que le 30 novembre. Pour cela, le procureur général de l'État, le gouverneur et le juge en chef de la Cour suprême doivent confirmer les résultats présentés par le secrétaire d'État.

Alors que toutes les parties affirment défendre la démocratie, ce qui est totalement ignoré est le fait que le peuple ne décide pas qui sont les candidats, ne décide pas quel est le processus électoral, n'a pas de rôle dans le débat sur les problèmes et les solutions et ne décide pas du résultat, comme l'a montré le processus de certification. Nous sommes face à une situation où Donald Trump, Joe Biden et les tribunaux s'efforcent tous de cacher que le processus électoral est frauduleux, criblé d'inégalités et conçu pour priver le peuple du pouvoir.

Quelle que soit la façon dont les votes sont dépouillés, cela ne reflète pas la conscience et les positions du peuple et les solutions aux problèmes qu'il propose. Elles se voient dans ses revendications pour obtenir le contrôle des services de police, des soins de santé et des budgets, exprimées dans de nombreuses manifestations, pétitions, webinaires et d'autres moyens. La vigilance s'impose face aux tentatives du fédéral d'utiliser l'élection présidentielle pour priver encore davantage le peuple de sa voix et de son droit de parole sur la direction du pays et bloquer la lutte pour une démocratie qui donne au peuple le pouvoir de gouverner et de décider.

Voice of Revolution est un journal de l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis.

(Photos : VOR, A. Azikiwe)

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La situation aux États-Unis

Les conditions aux États-Unis continuent de se détériorer. L'endettement du peuple grimpe en flèche. On rapporte que 75 % des résidents américains meurent avec une dette moyenne de 62 000 dollars. Les diplômés collégiaux ont une dette moyenne de 32 000 dollars. Plus de 40 millions de personnes feront face à l'éviction dès que le moratoire sur les évictions prendra fin à la fin de cette année. On prévoit une crise hypothécaire alors que 60 millions de personnes seraient menacées de saisies, faute d'avoir payé leur hypothèque. On rapporte que 54 millions de personnes souffrent de la faim. Des milliers et des milliers d'entre elles font la file devant les banques alimentaires.

L'État que Biden a représenté, le Delaware, est la capitale américaine de la carte de crédit. Il est fort probable que l'endettement et l'incapacité de payer les dettes contractées par cartes de crédit vont augmenter dans les prochaines années. Biden a aussi une dette envers les entreprises de cartes de crédit et il compte la rembourser. Elles ont pris soin de lui pendant des décennies. Lorsque Biden a annoncé son cabinet, il était clair que le vieil ordre allait se poursuivre, avec ses vieux hommes et ses vieilles femmes en habits sombres, qui ont commis des crimes contre l'humanité et la nature. C'est la continuation de la doctrine de Lyndon Johnson : « Je ne leur donnerai pas ce qu'ils veulent, mais je vais définitivement faire en sorte qu'ils auront eu l'impression qu'ils ont eu ce qu'ils veulent. » L'élite dominante a amené Trump au pouvoir pour qu'il fasse toutes ces choses dégoûtantes que le club des « Old Boys » ne pouvait faire, et maintenant ils sont de retour. Mais les gens sont déterminés à continuer de se battre. Plusieurs ont dénoncé le cabinet de Biden.

[signé]

Un lecteur du Massachusetts

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La suspension de Jeremy Corbyn du Parti travailliste britannique

La nécessité de régler les comptes avec les institutions anachroniques britanniques


Jeremy Corbyn participe à une action contre le bombardement de Gaza par Israël,
en juillet 2014. (Ron F)

Le 29 octobre, l'ancien chef du Parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, a été suspendu du parti parce qu'il a refusé de se rétracter sur un récent rapport de la Commission pour l'égalité et les droits humains (EHRC). Ce rapport alléguait que le Parti travailliste sous la direction de Corbyn avait enfreint la Loi de 2010 sur l'égalité avec une combinaison de « participation inappropriée » et de harcèlement dans les procédures de plaintes relatives à « l'antisémitisme », et une « formation inadéquate pour ceux qui traitent les plaintes ».Jeremy Corbyn a été suspendu, dit-on, pour avoir refusé d'accepter toutes les conclusions du rapport de la EHRC et pour avoir affirmé que « l'ampleur du problème était aussi gravement surestimée pour des raisons politiques par nos adversaires ». En réponse, Jeremy Corbyn a annoncé son intention de « contester fermement l'intervention politique visant à le suspendre ».

Le tollé de la base du Parti travailliste contre la suspension de Corbyn a été tel que sa suspension a été levée le 17 novembre par un comité disciplinaire du Comité exécutif national du Parti. Malgré cela, l'actuel chef du Parti travailliste, Keir Starmer, a ordonné que le whip du Parti travailliste ne soit pas rendu à Jeremy Corbyn. Dans le système de parti britannique, les « whips » sont les « responsables du respect de la discipline » du parti dont le rôle est de s'assurer que leurs collègues députés assistent aux séances de vote et votent conformément à la politique officielle de leur parti. Les membres qui votent contre la politique du parti peuvent « perdre le whip », ce qui revient dans les faits à les expulser des bancs parlementaires du parti. Cela signifie qu'officiellement, Jeremy Corbyn est actuellement considéré comme député indépendant plutôt qu'un député du parti travailliste (c'est-à-dire qu'il ne fait pas partie du caucus).

Cette mesure a également été fortement condamnée dans le Parti travailliste et par le mouvement syndical. Les directions de plusieurs syndicats ont adopté des motions exigeant la réintégration de Jeremy Corbyn. Bon nombre de partis travaillistes de circonscription – l'équivalent des sections locales du parti – ont adopté des motions soutenant Jeremy Corbyn et exprimant leur défiance envers la direction actuelle, actions qui ont elles-mêmes conduit à des suspensions du parti.

Le 31 octobre, les secrétaires généraux de syndicats affiliés au Parti travailliste – Associated Society of Locomotive Engineers and Firemen, le Syndicat des boulangers, de l'alimentation et des travailleurs connexes, le Syndicat des travailleurs de la communication, l'Union des pompiers, le Syndicat national des mineurs, l'Association des employés des transports et Unite – ont condamné dans une déclaration commune cette suspension qu'ils considèrent comme « malavisée et injuste ».

Jeremy Corbyn a intenté une action en justice contre le parti travailliste pour le retrait de son whip.

La suspension de Jeremy Corbyn du Parti travailliste par son secrétaire général David Evans et les poursuites en cours contre lui montrent à quel point les partis cartellisés sont réactionnaires et arriérés, non seulement en Grande-Bretagne, mais également dans le monde entier. Qui établit la ligne de parti que tous les membres du parti en fonction doivent suivre est une question très préoccupante quand ce ne sont pas les membres du parti ni les électeurs de la circonscription concernée qui décident. La manière dont la discipline de parti est appliquée est également complètement désuète et antidémocratique. Tout cela souligne la nécessité urgente du renouveau démocratique pour investir le peuple du pouvoir.

Toute cette affaire montre clairement au public que les décisions des partis cartellisés se prennent en secret et que les procédures pour faire appliquer des décisions sont elles aussi décidées en secret. Selon plusieurs informations, Jeremy Corbyn a été informé que son whip du parti sera suspendu pendant trois mois, le temps que soit menée une enquête, et que le whip en chef, Nick Brown, lui a demandé de présenter des excuses « sans équivoque, sans ambiguïté et sans réserve » pour ses déclarations faites lors de la publication du rapport de la EHRC.

La réponse de Corbyn au rapport se lit comme suit : « Quiconque prétend qu'il n'y a pas d'antisémitisme au sein du Parti travailliste a tort ... Les membres juifs de notre parti et de la communauté au sens large avaient raison d'attendre de nous que nous nous en occupions et je regrette qu'il ait fallu plus de temps qu'il ne le fallait pour apporter ce changement. Un antisémite est un antisémite de trop, mais l'ampleur du problème a été aussi gravement surestimée pour des raisons politiques par nos adversaires à l'intérieur et à l'extérieur du parti, ainsi que par une bonne partie des médias. Cette combinaison a fait du tort au peuple juif et ne doit plus jamais se reproduire. Mon espoir sincère est que les relations avec les communautés juives puissent être reconstruites et ces craintes surmontées. Bien que je n'accepte pas toutes ses conclusions, j'espère que ses recommandations seront rapidement appliquées pour que nous puissions sortir de cette période. »

Keir Starmer, l'actuel chef du parti travailliste, visant Jeremy Corbyn, a déclaré : « Si vous êtes antisémite, vous ne devriez pas être à proximité de ce parti... Et si après toute la douleur, tout le chagrin et toutes les preuves contenues dans ce rapport, il y a encore des gens qui pensent... que tout cela est exagéré, ou qu'il s'agit d'une attaque de faction... vous faites alors partie du problème. Et vous ne devriez pas non plus vous tenir près du parti travailliste. »

Cela montre que Keir Starmer est en plein déni que son parti est rongé par les factions et que la vieille garde de l'establishment tente d'imposer, par des procédés le plus souvent odieux, ses positions et ses décisions à la base du parti représentée par Jeremy Corbyn. Tous les discours vertueux sur les « whips » ne font que révéler la décrépitude du système et non son dynamisme ou sa pertinence aujourd'hui. Depuis que Jeremy Corbyn a été élu pour la première fois par une grande vague de soutien de la base, les forces de l'establishment – qui, selon le système des partis, doivent prêter allégeance à la préservation des institutions désuètes – ne voulaient pas d'un gouvernement Corbyn. Sans tenir compte des conséquences, ces forces ont comploté, ont fait collusion et se sont sali les mains pour s'assurer que cela n'arrive pas. Une vraie démonstration de trahison et de traîtrise sur toute la ligne.

Dans le cas présent, l'establishment a voulu utiliser sa position sioniste qui assimile le soutien à la juste cause du peuple palestinien pour la reconnaissance de ses droits et la fin de sa criminalisation et de sa persécution à l'antisémitisme. Toutefois, il est clair que les accusations d'antisémitisme contre Jeremy Corbyn ne sont que mensonges et n'ont aucun écho parmi les gens. Si quelqu'un est reconnu pour ses positions à la défense des droits de tous, c'est Jeremy Corbyn dont l'action s'étend d'organisateur antifasciste dans les années 1970 à celle de remarquable militant contre la guerre aujourd'hui[1].

Avant de devenir le chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn était surtout connu dans le mouvement contre la guerre, notamment comme président de la coalition « Stop the War » de 2011 à 2015, années au cours desquelles le mouvement contre la guerre et Jeremy Corbyn lui-même ont défendu le droit d'être du peuple palestinien contre les crimes de guerre sionistes.

L'opposition ouverte de Jeremy Corbyn à l'ordre du jour d'austérité néolibérale et de guerre est la raison pour laquelle il a un soutien aussi large parmi les membres à la base, en particulier les jeunes et les travailleurs du Parti travailliste. De plus, son élection à la tête du Parti travailliste a représenté l'exigence grandissante d'un nouveau type de politique. Sa propre campagne a montré la nécessité d'un changement fondamental de l'approche de la politique. Son slogan de campagne pour une nouvelle « people-powered politics » (une politique dont le peuple est le moteur) exprimait la nécessité de bâtir un mouvement social en accord avec le droit de l'électorat de participer aux affaires politiques, d'élire et d'être élu et de transformer sa volonté en volonté juridique par un système politique au service de ses intérêts.

Suivant les principes de sa plateforme, Jeremy Corbyn n'a jamais hésité à prendre position sur les problèmes importants de la société et a refusé de suivre la voie de l'opportunisme ou d'adhérer à la conception selon laquelle les fins justifient les moyens qui caractérisent le « consensus » néolibéral.

L'élection de Corbyn a capté l'imagination du peuple et de son mouvement pour le changement. Le Parti travailliste a attiré des milliers de nouveaux adhérents, principalement des jeunes et des personnes démocratiques, éprises de paix et antiracistes, qui ont rejoint le parti dans l'espoir d'occuper l'espace qui s'était ouvert pour discuter des problèmes graves auxquels fait face le corps politique et pour transformer la situation.

Lorsqu'il a été élu au premier tour de scrutin avec 59,5 % des voix, il a déclaré : « Nous sommes un parti qui a des liens organiques avec les syndicats, les membres du parti et toutes les organisations affiliées. C'est de là que nous tirons notre force. »

Toutefois, il était impossible que les partis cartellisés tolèrent qu'un espace soit utilisé pour le programme indépendant de la classe ouvrière. Un tel développement devait être contré à tout prix.

C'est dans cette situation que les allégations d'antisémitisme contre Jeremy Corbyn ont été propagées alors que rien ne pouvait être plus éloigné de la vérité. Les mouvements progressistes, dont Jeremy Corbyn fait partie et que sa direction du Parti travailliste représentait, ont toujours défendu les droits de tous et de toutes, sans exception. L'instrumentalisation du problème de l'antisémitisme pour détourner et désorienter ces forces et la destruction de l'opinion publique pour empêcher les gens de se forger une opinion indépendante sont en soi odieuses.

Les organisations Jewish Voice for Labour, Juifs pour la justice pour les Palestiniens, Groupe des socialistes juifs, Jewdas et Voix juives indépendantes ont toutes rejeté l'accusation d'antisémitisme et l'an dernier, en février, 200 membres et sympathisants juifs du Parti travailliste ont salué le soutien constant de Jeremy Corbyn aux « initiatives contre l'antisémitisme ».

Régler les comptes avec le passé

Cette question ne concerne pas que Jeremy Corbyn et le Parti travailliste. Elle est beaucoup plus large. La technique du « grand mensonge » hitlérien est utilisée pour présenter toutes les voix dissidentes et les forces politiques et sociales qui représentent les travailleurs comme étant extrémistes, de la « gauche dure ». C'est le pendant de la fiction de « l'extrême droite » créée par l'establishment avec le soutien de l'État. Leur fiction de « l'antisémitisme » amalgame cette « gauche dure » et cette « extrême droite ». Le « centre », quant à lui, devient synonyme de « sécurité », d'« intérêt national », d'« équilibre » et de « prospérité » malgré toutes les preuves du contraire.

Un problème majeur des forces du statu quo est que les conditions de vie réelles contredisent le récit fictif de leur pouvoir et de ce qu'il représente. Ce « centre » officiel vante l'adhésion aux institutions démocratiques libérales qui sont en crise totale précisément parce qu'elles sont incapables de persuader le peuple de rentrer dans le rang et de soutenir, ouvertement ou passivement, le programme néolibéral et son recours à la force pour régler les problèmes tant au niveau national qu'international. Alors que l'utilisation des pouvoirs de police a toujours été au centre de la société civile que les forces néolibérales tentent de défendre, les tentatives actuelles pour garder les choses sous contrôle révèlent un régime dictatorial de plus en plus ouvert qui réorganise l'État autour de la règle de droit par le recours aux pouvoirs de police, gouverné par une petite clique qui exerce ces pouvoirs et qui criminalise toute pensée qui s'oppose au dogme officiel.

Des accusations comme celles lancées contre Corbyn pour le diffamer et le criminaliser ont comme but de créer un climat d'hystérie dans le cadre d'une campagne généralisée visant à discréditer et à semer la division parmi le peuple pour l'empêcher de s'organiser d'une manière qui le favorise. Les tentatives pour cacher la réalité que « le centre » n'est rien d'autre que l'extrême droite, que tout est mis au service des monopoles les plus puissants, sont vaines. Loin d'abandonner cette voie néfaste, des mesures de plus en plus réactionnaires sont mises en place pour garantir qu'aucune opposition organisée de travailleurs indépendants n'émerge et que personne n'ait à rendre des comptes.

Qui ne comprend pas que le fardeau de la crise économique est rejeté sur le dos des travailleurs et du peuple par des mesures d'austérité qui ont pour pilier la privation de droits ? Un article sur la suspension de Corbyn dans le Workers' Weekly, l'organe du Parti communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne (marxiste-léniniste) souligne clairement que les gens n'ont pas leur mot à dire sur les questions les plus importantes qui touchent leur vie, comme la direction de l'économie, alors que le corps politique est détruit.

« Les problèmes politiques sont transformés en problèmes de loi et d'ordre. La police se voit donner de nouveaux pouvoirs pour agir en toute impunité au nom de la théorie fallacieuse de l'équilibre entre les droits et la sécurité, contrairement à la conception moderne qui affirme que la sécurité réside dans la défense des droits de tous et de toutes. Des lois sont adoptées qui violent le droit de conscience et tentent d'établir un ensemble officiel de « valeurs britanniques » autour de l'idée que tous devraient se rallier aux objectifs nationaux chauvins, objectifs qui sont de plus en plus souvent poursuivis par l'intervention et la guerre.

« Jeremy Corbyn était considéré comme représentant de la lutte contre cette direction.

« Sous le drapeau du retour du Parti travailliste à l'éligibilité et de sa transformation en une 'grande église', Keir Starmer représente le retour à la politique des partis cartellisés. Pour cela, il ne suffit pas que Jeremy Corbyn soit vaincu. Il fallait ne jamais permettre que Jeremy Corbyn devienne premier ministre et détruire continuellement tout ce qu'il défendait. Aucune alternative n'est tolérée dans le cadre des arrangements actuels. Maintenant qu'il a été écarté, tous les vestiges de son héritage doivent être éradiqués et sa personne même doit être discréditée, tout cela dans le but d'empêcher à jamais qu'un phénomène comme celui de Jeremy Corbyn ne réapparaisse. L'objectif final, futile, est d'effacer toute idée d'alternative de l'esprit du parti et du public en général.

« Les forces de l'establishment doivent purger le Parti travailliste de tous les éléments qui aspirent au Nouveau. Il doit rester un parti fermement ancré dans l'Ancien, un parti cartellisé qui agit dans le cadre des arrangements de l'État et agit comme gardien du pouvoir qui bloque l'accès au pouvoir de décision du peuple.

« De plus, le nettoyage du Parti travailliste fait partie de l'élimination de l'opposition au Parlement afin de garantir qu'il n'y a pas de représentants du peuple au Parlement.

« Ces attaques contre Jeremy Corbyn et ses partisans exposent tout le système de parti. Elles montrent que le peuple ne peut faire confiance à une autre force, mais doit s'appuyer sur l'affirmation de ses propres formes d'organisation pour pouvoir parler et agir en son propre nom, ce qui lui donne une autorité directe dans sa lutte pour s'investir du pouvoir et pour le renouveau démocratique. Quels que soient ses efforts, l'élite dominante ne peut tuer cette vision. »

Pour résumer, ce que Jeremy Corbyn représente est une aspiration à rompre avec le système de partis cartellisés, ce que les forces de l'establishment ne toléreront pas. De plus, elles ne reculeront devant aucun crime contre les « intrus » pour conserver le pouvoir entre leurs mains. La vision de Jeremy Corbyn implique que c'est le peuple, et non les partis, qui doit détenir le pouvoir politique. Les conditions dans lesquelles Jeremy Corbyn a dû agir avec une aile réactionnaire du Parti travailliste qui s'est rapidement opposée brutalement et ouvertement à lui à chaque étape, ont fait que même la plus petite expression de cette vision dans l'opposition officielle n'allait jamais être acceptée par l'élite au pouvoir.

Toute cette expérience fait qu'il est inadmissible pour la classe dirigeante et son système de gouvernance que les travailleurs occupent l'espace nécessaire au changement. Elle est prête à commettre n'importe quelle infamie pour protéger son pouvoir. C'est l'une des principales caractéristiques de leur système depuis sa création dans les années 1660 lors de la guerre civile anglaise et perfectionné au milieu du XXIe siècle par l'imposition de l'État-nation européen aux peuples du monde au nom de « la paix, de l'ordre et du bon gouvernement ». Dans ce jargon, la paix signifie les moyens utilisés pour réprimer les rébellions anticoloniales. L'ordre fait référence au système de crimes et de punitions utilisé pour réprimer la classe ouvrière et ses luttes pour les droits. Le bon gouvernement se réfère aux institutions dites démocratiques maintenues par le système de gouvernement de partis qui défendent loyalement les prérogatives qui concentrent le pouvoir décisionnel dans les mains de l'exécutif du parti au service de la classe dirigeante. Ce système de gouvernance dont le but est de garder le pouvoir entre les mains d'une élite dominante corrompue a été imposé après la Deuxième Guerre mondiale sur la base de l'idéologie et des préoccupations de la guerre froide afin de diviser les peuples du monde en deux camps et de défaire l'Union soviétique. Aujourd'hui, au moment où cette gouvernance élitiste ne jouit d'aucun consentement des gouvernés, des tentatives perfides sont faites pour la justifier au nom de l'humanitarisme, la paix, la démocratie, l'opposition à l'antisémitisme et autres choses du genre.

Ce que la classe ouvrière, les jeunes, les femmes et le mouvement contre la guerre en Grande-Bretagne vont faire maintenant ne tardera pas à se révéler, car ces forces s'attaquent à la situation de leur propre point de vue, d'une manière qui favorise leurs intérêts. Les conditions auxquelles sont confrontés les travailleurs en Grande-Bretagne et les peuples du monde entier sont si terribles qu'il n'y a pas d'autre alternative que de régler les comptes avec l'impérialisme britannique et ses institutions élitistes en putréfaction dont la désuétude fait peser un énorme fardeau sur la société.

Les travailleurs canadiens ont pleinement confiance que les travailleurs d'Angleterre, d'Irlande, d'Écosse et du Pays de Galles tiendront profondément compte de ce qui a été fait et de ce qui est fait à Jeremy Corbyn. La classe ouvrière de ces pays est internationale dans sa composition. Elle règle ses comptes avec tous les vieux arrangements de cette machine monstrueuse et réactionnaire que constitue la classe dirigeante britannique, que ses dirigeants vont jusqu'à appeler le « berceau de la civilisation ». Les travailleurs britanniques vont pourtant montrer au monde de quoi ils sont faits !

Note

1. Ce que Corbyn représente est de notoriété publique. Il a été actif dans les années 1970 lorsqu'il a organisé une manifestation contre une manifestation du Front national à Wood Green. Il a pris la parole lors du 80e anniversaire de la bataille de Cable Street et a rappelé que sa mère était à l'époque une manifestante qui a signé de nombreuses motions de protestation contre l'antisémitisme. En 1987, il a fait campagne pour faire annuler la décision du conseil d'Islington d'accorder une demande de permis de construction qui aurait entraîné la destruction d'un cimetière juif et, en 2010, il a lancé l'appel au gouvernement britannique à faciliter l'installation des Juifs yéménites en Grande-Bretagne. Il a également pris part à une cérémonie dans sa circonscription d'Islington pour commémorer le site original de la synagogue du nord de Londres et a visité le ghetto de Theresienstadt qu'il a qualifié de rappel des dangers de la politique d'extrême droite, de l'antisémitisme et du racisme.

(Workers' Weekly, Wikipedia and encyclopedia.ushmm.org)

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Résistance massive à l'impunité en Inde

Des millions de personnes réclament justice et l'exercice de leurs droits


Une section de la marche des fermiers qui a amené 12 millions de fermiers, avec quelque 96 000 tracteurs, aux frontières de New Delhi, la capitale de l'Inde, le 28 novembre 2020. On dit que cette action est la plus grande marche de l'histoire jamais entreprise par des fermiers.


La police tente d'empêcher les fermiers de se rendre à Delhi, le 26 novembre 2020.

Dans ce qui constitue une fermeture presque totale de l'Inde, plus de 250 millions de travailleurs ont participé à une grève générale le 26 novembre et des centaines de milliers de fermiers ont organisé une vaste mobilisation les 26 et 27 novembre appelée Chalo Dilli (Allons à Delhi) pour condamner l'appauvrissement du peuple organisé par l'État au nom des riches, perpétré en pleine pandémie de la COVID-19, et pour condamner la violence et l'impunité de l'État.

La grève générale a mobilisé les travailleurs des secteurs privé et public, de l'acier, des ports, du pétrole et du gaz, des télécommunications, de la santé, de l'éducation et de plusieurs autres secteurs. Des actions en appui à la grève ont aussi été organisées par les employés du gouvernement, les travailleurs des postes, du rail et d'autres secteurs. On évalue que les grèves et les actions en appui aux grèves ont touché presque toutes les villes grandes et petites, y compris New Delhi. Dans certains États, les travailleurs ont bloqué des voies ferrées et des routes pour faire pression pour que leurs revendications soient satisfaites.

Les travailleurs ont appuyé fermement la marche des fermiers vers New Delhi et ont dénoncé la répression de l'État contre eux pendant leur marche et à mesure qu'ils s'approchaient de la capitale. Les organisations de fermiers ont elles aussi exprimé leur appui pour la grève générale des travailleurs.


Marche à Delhi en appui à la marche des fermiers, le 27 novembre 2020


Les étudiants de Delhi manifestent en appui au Chalo Dilli des fermiers, le 26 novembre 2020.

Les fermiers se sont défendus héroïquement contre la violence de la police, en particulier à la frontière entre les États du Pendjab et de l'Haryana et lorsqu'ils s'apprêtaient à traverser la frontière de l'Haryana pour se diriger vers New Delhi. Les fermiers qui cherchaient à atteindre New Delhi par l'État d'Uttar Pradesh ont aussi fait face à la violence brutale de la police. Les fermiers ont été attaqués aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau en pleine nuit. La police avait érigé des barricades et installé des barbelés pour essayer de bloquer la marche des fermiers. Ceux-ci ne se sont pas laissé intimider et ont repoussé les barricades, insistant pour se rendre à New Delhi pour que le gouvernement central entende directement leurs revendications.

Ils sont prêts pour un long combat et ont voyagé avec des chariots remplis de riz et de grains et ont préparé eux-mêmes leur nourriture. Plusieurs sont venus en tracteurs et en voitures alors que d'autres ont marché. La police de New Dehli a finalement autorisé les fermiers à entrer dans la ville tout en continuant ses attaques aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau et des fermiers ont été blessés. La police a désigné un site à Burari en périphérie de New Delhi où les fermiers pourraient manifester. Certains se sont installés sur le site mais la plupart ont décidé de camper à la frontière de l'État parce qu'ils tenaient à manifester près des édifices du Parlement. Ils ont continué à bloquer au moins trois autoroutes menant à New Delhi. Les fermiers ont indiqué qu'ils avaient apporté tout ce qu'il fallait pour continuer leur action pendant des mois et qu'ils ne quitteront pas les lieux avant que l'État central ne retire ses lois contre les fermiers.


Les fermiers sont attaqués aux canons à eau le 27 novembre 2020.

La grève générale des travailleurs est une action commune organisée par 10 centrales syndicales. Le principal organisateur des actions des fermiers est le All India Kisan Sangharsh Coordination Committee (AIKSCC), une organisation présente dans toute l'Inde qui regroupe environ 250 organisations de fermiers.

Ces journées d'action ont été organisées en réponse à une série de lois antiouvrières et anti-fermiers qui ont été adoptées par le Parlement indien en septembre dernier sans débat et en dépit de la ferme opposition de ceux qui sont directement touchés. Les lois antiouvrières amalgament 44 lois du travail en 4 lois et constituent un démantèlement de tous les arrangements précédents en matière de salaires, de relations de travail, de sécurité sociale, de santé et sécurité, et de conditions de travail.


Les fermiers à Bilaspur, dans l'État du Chhattisgarh

Les lois concernant les fermiers démantèlent même la forme limitée d'achat public des produits des fermiers par des agences de l'État qui existe présentement, et placent les fermiers à la merci des négociants privés qui agissent au nom des entreprises agricoles multinationales internationales. Les fermiers s'attendent à ce que les nouvelles lois éliminent même les prix minimaux de soutien qui sont établis pour les marchés en gros qui sont contrôlés par le gouvernement.

Les revendications immédiates des travailleurs comprennent des versements de montants mensuels d'argent comptant pour les familles pauvres, des rations de nourriture gratuites, le retrait des nouvelles lois antiouvrières et anti-fermiers, la fin de la privatisation des services publics et la fin de la privatisation d'installations manufacturières appartenant au secteur public et d'institutions de services comme les chemins de fer et les ports.

Les revendications immédiates des fermiers sont le retrait des nouvelles lois agricoles et une véritable protection par l'État, en particulier la garantie qu'ils obtiendront de meilleurs prix pour leurs produits. Les fermiers revendiquent depuis longtemps que les produits de leurs récoltes soient achetés à un prix qui représente au moins 50 % de plus que leur coût de production.

Ce saccage, qualifié de soi-disant réformes, est mené par l'État central sous une impunité complète et est présenté comme la réponse au besoin de « flexibilité », de « liberté » et de « choix ». Elle ne fera qu'aggraver la misère des travailleurs et des fermiers et elle est une attaque contre leur dignité humaine au nom des riches.

Le Marxiste-Léniniste salue l'action héroïque des travailleurs et des fermiers de l'Inde qui réclament justice et la capacité d'exercer leurs droits.

Rampur, Uttar Pradesh



Sitmahri, Bihar

Panjipara, Bengale-Occidental



Bilaspur, Chhattisgarh

Pune, Maharashtra

Odisha

(Photos : PTI, AIKSCC, ajplus)

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Coup d'État au Chili

Nouvelles révélations sur le coup d'État des États-Unis qui a renversé Salvador Allende


Discours d'investiture du président Allende en 1970

Des chercheurs aux archives de la sécurité nationale des États-Unis (un projet basé à l'Université Georgetown, qui déclassifie les documents du gouvernement des États-Unis) ont révélé des documents inédits qui offrent de nouvelles preuves des plans des États-Unis pour renverser le gouvernement socialiste chilien démocratiquement élu de Salvador Allende (1970-1973), sous le règne de l'administration du président Richard Nixon. Les documents ont été rendus publics le 3 novembre, à l'occasion du 50e anniversaire de l'investiture d'Allende. Ces documents ont été étouffés par l'administration du président Gerald Ford.

L'une de ces archives révèle la conversation entre Nixon et certains de ses représentants, pour évaluer comment le gouvernement des États-Unis devrait procéder compte-tenu de la victoire d'Allende aux élections du 4 septembre 1970, au coeur de la guerre froide. Une des notes de service du 5 novembre 1970 indique que le conseiller de la sécurité nationale de l'époque, Henry Kissinger, a alerté Nixon que la Maison-Blanche allait devoir prendre la « décision la plus historique et la plus difficile touchant aux affaires étrangères », compte-tenu des conséquences négatives qu'aurait la présidence d'Allende sur la relation entre le Chili et les États-Unis, ainsi que son influence possible dans l'hémisphère. À la suite de la déclassification d'autres documents, il est clair qu'il y avait des divergences d'opinions au sein des responsables américains sur comment mener à bien ce plan. Tandis que le secrétaire d'État, William Rogers, proposait de promouvoir le renversement d'Allende « sans trop de contre-coups », c'est-à-dire, sans que l'hostilité et l'agression des États-Unis envers le Chili ne soient trop évidentes aux yeux du monde, le secrétaire de la Défense, Melvin Laird, affirmait tout simplement : « Nous devons faire tout ce qui est possible pour lui [Allende] faire mal et pour le renverser. » Dans ce choc des idées sur la politique étrangère, Kissinger a défendu la position la plus agressive.

« Les États-Unis tenteront de maximiser la pression exercée sur le gouvernement Allende afin d'empêcher sa consolidation et limiter sa capacité de mettre en oeuvre des politiques contraires aux intérêts des États-Unis et de l'hémisphère », avait-il dit, selon un autre document. Parmi les politiques qui seraient mises en oeuvre, des efforts ont été déployés pour redoubler les interventions dans la région en coordination avec d'autres gouvernements, y compris le Brésil et l'Argentine, qui se termineront par le coup d'État et l'assassinat du dirigeant socialiste chilien, le 11 septembre 1973.

Les responsables américains ont décidé d'exercer la pression sur le gouvernement d'Allende en empêchant les prêts des banques multilatérales au Chili et en manipulant sur le marché international la valeur du cuivre, la principale source d'exportation du Chili « afin d'endommager davantage l'économie chilienne », selon les documents. De plus, la CIA était autorisée à préparer des plans d'actions pour les mettre en oeuvre à l'avenir.

Selon les documents des archives de la sécurité nationale, Kissinger a réussi à reporter une rencontre entre Nixon et le conseil de la sécurité nationale, parce qu'il voulait lui parler seul avant la tenue de la réunion, à laquelle il tenterait de convaincre le président que les risques allaient au-delà de la relation bilatérale entre les deux pays. Il lui fait rapport comment il devrait promouvoir auprès de la bureaucratie en politique étrangère qu'elle adopte une posture de changement de régime.

Dans une note de service, l'ancien chef de l'état-major, Harry Robbins Haldeman, a décrit la position de Kissinger et son argumentaire pour avoir retardé la réunion : « Pour Henry, le Chili pourrait finir par représenter le pire échec de notre administration : 'notre Cuba' de 1972 », a-t-il dit. Plus tard, lors d'une conversation avec Kissinger, Nixon dit : « Si [Allende] peut montrer qu'il peut établir une politique marxiste antiaméricaine, d'autres feront de même. » Kissinger est allé plus loin : « Il y aura des répercussions jusqu'en Europe, pas seulement en Amérique latine[1] ».

L'économie du Chili s'enfoncerait de plus en plus dans un marasme, alors que l'accès aux banques multilatérales était bloqué, la fin par les États-Unis des prêts et crédits à l'exportation ainsi que le déploiement des médias monopolisés contre lui. Les problèmes financiers, en plus de la baisse des activités économiques, ont créé un environnement propice au coup d'État. Trois ans après ces pourparlers à Washington, sous la direction du commandant en chef de l'armée chilienne de l'époque, Augusto Pinochet, les forces armées mettraient fin, violemment, au gouvernement socialiste de l'Unité populaire en assassinant Salvador Allende le 11 septembre 1973.

Kissinger et d'autres responsables impliqués dans la planification et l'exécution du coup d'État ont par la suite justifié leurs actions en disant qu'ils étaient pour la « préservation de la démocratie ». Cette même logique de l'époque de la guerre froide est encore donnée aujourd'hui par les impérialistes américains et leurs alliés pour justifier leur bellicisme et leurs crimes brutaux, visant à affirmer leur domination sur les peuples du monde qui luttent pour la libération nationale, la souveraineté et des relations internationales justes et pacifiques.


Les participants à la marche à Santiago au Chili lors du 40e anniversaire du coup d'État contre le gouvernement Allende, qui a porté au pouvoir Augusto Pinochet, réclament justice pour son règne brutal, le 11 septembre 2013.

Note

1. Pour voir l'ensemble de la documentation fournie par les archives de la sécurité nationale, cliquer ici.

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