Numéro 78 - 30 novembre 2020
Les résultats des élections aux États-Unis
Un Congrès dysfonctionnel signifie la poursuite des affrontements entre les cercles dirigeants
- Kathleen Chandler -
• Les tribunaux
rejettent les poursuites de Trump en déclarant que
l'élection a été « libre et équitable
»
- Voice of Revolution -
• La situation aux États-Unis
- Lettre à la rédaction -
La suspension de Jeremy Corbyn du Parti travailliste britannique
• La nécessité de régler les comptes avec les institutions anachroniques britanniques
- Pauline Easton -
Résistance massive à l'impunité en Inde
• Des millions de personnes réclament justice et l'exercice
de leurs droits
Coup d'État au Chili
• Nouvelles révélations sur le coup d'État des
États-Unis qui a renversé Salvador Allende
Les résultats des élections aux États-Unis
- Kathleen Chandler -
Les affrontements entre les cercles dirigeants se
manifestent au
Congrès maintenant que différents États ont
certifié
le vote en faveur de Joe Biden et que divers PDG et autres intervenants
demandent à Trump de concéder. Parmi les fronts de
discorde, citons le processus de transition, la confirmation par le
Sénat des choix de Joe Biden pour son
cabinet, l'adoption d'un énorme projet de loi budgétaire
omnibus ou d'un projet de loi de dépenses d'urgence pour
éviter
la fermeture du gouvernement le 11 décembre et les
différends concernant la Loi d'autorisation de la défense
nationale (NDAA) qui est habituellement adoptée sans
difficulté.
La transition et les menaces de guerre civile
Après
que le Michigan a certifié son vote le 23 novembre et que
166 hommes d'affaires ont demandé dans une lettre ouverte que
commence la transition,
l'Administration des services généraux (GSA), qui avait
bloqué le soutien officiel à la transition pour Joe
Biden, a
« confirmé » qu'il était le vainqueur.
Ce geste a permis de libérer des millions de dollars et a ouvert
la voie à des briefings entre les deux camps concernant la
COVID-19, les questions de sécurité intérieure et
étrangère et bien d'autres choses. Cependant, il n'est
pas encore clair si les différents départements du
cabinet, qui font tous partie du Bureau de la présidence, vont
coopérer. Le procureur général William Barr refuse
toujours de coopérer. Le conseiller à la
sécurité nationale Robert O'Brien a promis
une « transition professionnelle » avec
l'équipe Biden. Ces divergences au sein du cabinet, ainsi que
les poursuites engagées par Donald Trump pour bloquer la
participation des grands électeurs de Biden pour la Pennsylvanie
et l'Arizona au collège électoral, par exemple, indiquent
que les règles et normes habituelles ne sont toujours pas
respectées.
Les allégations persistantes de Trump de fraude
électorale et la prétention, comme l'a dit son avocat,
que « les Américains doivent être assurés que
les résultats finaux sont justes et
légitimes », ont également été
répétées lors d'une audience convoquée par
les sénateurs républicains de l'État de
Pennsylvanie le 25 novembre. Trump a
choisi Gettysburg comme lieu de l'audience et a appelé pour
dire : « Cette élection a été perdue
par les démocrates. Ils ont triché. C'était une
élection frauduleuse. » L'ancien gouverneur de la
Pennsylvanie, Tom Ridge, a répondu : « L'histoire
retiendra l'ironie honteuse qu'un président qui a menti pour
éviter le service militaire a
organisé un faux événement sur les terres
sacrées de Gettysburg dans une tentative effrontée de
saper la République pour laquelle de nombreux vrais patriotes se
sont battus et sont morts depuis sa fondation. »
Gettysburg est connu comme le lieu d'une des grandes batailles de la
guerre civile, qui a fait de très nombreuses morts des deux
côtés. C'est également là que le
président Lincoln s'est demandé « combien longtemps
peut perdurer » l'union, fondée sur les
revendications de « liberté » de la
Déclaration d'indépendance et « vouée
à
la thèse selon laquelle tous les hommes sont créés
égaux ».
L'administration Trump, les élections et la transition ont
mis en évidence la guerre civile féroce qui se
mène au sein des cercles dirigeants, où seule manque la
violence ouverte. Les appels lancés par de nombreux
fonctionnaires et PDG en faveur d'une « transition
pacifique » sont des appels à maintenir cette
situation. La lettre
des 166 hommes d'affaires a par exemple soulevé des
inquiétudes quant à la légitimité des
élections et à la nécessité de maintenir
l'Union unie :
« Chaque jour pendant lequel un processus de transition
présidentielle ordonnée est retardé, notre
démocratie s'affaiblit aux yeux de nos propres citoyens et la
stature de la nation sur la scène mondiale est
diminuée. »
« En tant que chefs d'entreprises et dirigeants civiques qui
reflètent la diversité politique du pays, nous exhortons
au respect du processus démocratique et à un soutien
unifié à nos dirigeants dûment
élus », ont-ils conclu.
Parmi les 166 signataires il y a Larry Fink, président
et chef de la direction de BlackRock, l'un des plus grands
gestionnaires de fonds spéculatifs, David Solomon,
président et chef de la direction de la société
financière Goldman Sachs et Steve Schwarzman, fondateur de la
société d'actions Blackstone et principal donateur de
Trump.
Les nombreux conflits entre les forces des États et les
forces fédérales, non seulement sur les résultats
de l'élection, mais aussi sur le maintien de l'ordre, sont parmi
les fronts où la violence ouverte menace d'éclater. La
Déclaration d'indépendance stipulait que « toutes
les fois qu'une forme de gouvernement devient destructive »
du droit
« à la vie, à la liberté et à la
recherche du bonheur », le peuple « a le droit de la
changer ou de l'abolir ». Faire ainsi
référence à la guerre civile tout en rappelant si
ouvertement le potentiel de division de l'union est peut-être
pour Trump une façon de dire que quel que soit le
résultat de l'élection, la bataille pour le pouvoir n'est
pas
terminée. Et il a des forces derrière lui, non seulement
parmi les élus, mais aussi au sein des corps policiers et des
milices armées qu'ils soutiennent.
La confirmation du cabinet Biden
Joe Biden a commencé à annoncer ses
nominations aux différents postes ministériels, notamment
ceux de
secrétaire d'État, de directeur du département de
la Sécurité intérieure et de directeur du
renseignement national. Le Sénat doit confirmer ces postes
et 1 200 autres dans la bureaucratie par un vote
à majorité simple. Les audiences de confirmation
débutent le jour de l'investiture,
le 20 janvier, ou dans les jours qui suivent. Normalement, ces
confirmations ne sont pas contestées, par une courtoisie
générale accordée au président élu
qui est dans ce cas un ancien sénateur. Dans l'histoire,
seulement
neuf candidats n'ont pas été confirmés, dont
quatre remontent au
temps du président John Tyler, de 1841 à 1845.
Dix-sept autres ont été retirés.
Joe Biden a demandé « que les audiences
commencent rapidement » et demandé au Sénat de
« commencer le travail de
guérison et d'unification de l'Amérique et du
monde ». Les républicains s'opposent
déjà aux candidats etMitch McConnell, l'actuel chef du
Sénat, n'a pas encore accepté Joe Biden comme
président élu. Les normes et les courtoisies habituelles
ne s'appliquent évidemment plus.
L'indignation devant la possibilité d'une éventuelle
fermeture du gouvernement
La possibilité d'une fermeture du gouvernement le 11
décembre demeure. Une loi sur les dépenses d'urgence a
été adoptée à la fin de l'exercice
financier en octobre. Ce financement se termine le 11
décembre. La Chambre et le Sénat négocient
présentement un projet de loi omnibus de grande envergure. Une
enveloppe
de 1,4 trillion de dollars, couvrant les 12 crédits
budgétaires nécessaires aux différents
départements, est en négociation. Les différends
portent sur les montants, qui sont gardés secrets. Trump a dit
qu'il préférait le projet de loi omnibus à une
autre mesure d'urgence, à laquelle il pourrait mettre son veto.
Son chef de cabinet a déclaré
qu'il « ne peut pas garantir » que la fermeture sera
évitée.
Auparavant, chacun des 12 crédits
budgétaires
était débattu séparément et faisait l'objet
d'audiences publiques. Aujourd'hui, aucune audition de ce type n'a lieu
et les chiffres sont cachés au public, et même aux
législateurs, souvent jusqu'au vote final sur un projet de loi
de 1 000 pages. Ce processus en dit long sur la
détérioration
du Congrès en tant qu'organe législatif et
l'élimination de la nécessité de servir le bien
public, ou du moins de donner au public la
possibilité de s'exprimer. Cela signifie également que le
budget n'est plus l'occasion d'atténuer les conflits entre les
factions au pouvoir, ayant fait place aux menaces de paralysie, voire
à la fermeture du
gouvernement. Compte tenu de la COVID-19 et du nombre
déjà important de chômeurs, une telle fermeture
entrainant le licenciement de centaines de milliers de fonctionnaires
est largement considérée comme une attaque inacceptable
et odieuse contre le peuple.
Le financement du Pentagone
La Loi d'autorisation de la défense nationale, qui est
généralement adoptée facilement par une large
majorité, n'a pas non plus été adoptée. Il
s'agit d'une loi annuelle établissant le financement du
Pentagone, y compris les guerres d'agression des États-Unis
à l'étranger. Cette année, 740,5 milliards de
dollars sont prévus. Parmi les
points litigieux, on trouve des amendements allant dans le sens
d'affirmer le contrôle du Congrès dans des situations
où le président usurpe le pouvoir. L'un d'eux exige que
le président obtienne l'approbation du Congrès avant de
retirer d'autres soldats d'Allemagne ou d'Afghanistan. Un autre exige
que le président consulte le Congrès avant
d'invoquer la Loi sur l'insurrection.
Trump avait
menacé d'y recourir en juin pour justifier le déploiement
des forces armées contre les manifestants qui dans tout le
pays réclamaient la fin des morts racistes aux mains de la
police, l'égalité et la justice.
La Loi d'autorisation de la défense nationale comprend
également des dispositions exigeant le changement de
nom de dix bases militaires portant le nom de généraux
confédérés. Il s'agit notamment de Fort Bragg,
Hood, Robert E. Lee et d'autres. Trump a déclaré qu'il
mettrait son veto au projet de loi s'il comprenait ces mesures. Le
chef du Sénat, Mitch McConnell, a déclaré qu'il ne
soumettrait pas le projet de loi au vote si celui-ci faisait l'objet
d'un veto. Certains font valoir qu'un veto pourrait avoir un impact sur
les deux courses sénatoriales en Géorgie le 5
janvier. Ces courses détermineront si le Sénat sera
partagé à 50-50 ou si les républicains en
garderont le
contrôle, à 52 contre 48 ou 51
contre 49. Certains disent que le veto pourrait favoriser les
démocrates, d'autres croient qu'il favorisera les
républicains.
Comme pour l'ensemble du débat sur la Loi d'autorisation de la défense nationale, ce qui est laissé de côté, c'est la militante
position antiguerre du peuple qui réclame des coupes massives au
Pentagone et un financement accru pour la lutte contre la COVID-19,
notamment pour la sécurité, les soins de santé,
l'éducation et le logement.
De même, l'opposition à honorer les généraux
confédérés a été renforcée
par des manifestations et le retrait des statues par les manifestants.
La lutte ne consiste pas simplement à retirer des statues et
à rebaptiser des bases, il s'agit surtout d'honorer l'histoire
et les contributions des peuples dans leur lutte pour les droits.
Tous les conflits en cours montrent clairement que les institutions
gouvernementales actuelles ne fonctionnent plus, ce qui soulève
la possibilité de violence à la fois entre les factions
et plus probablement contre le peuple, car il continue de renforcer sa
résistance et d'exiger un contrôle sur ses affaires. Le
peuple refuse d'être divisé et rejette les
structures gouvernementales qui renforcent l'inégalité.
Ses nombreuses actions de toutes sortes montrent qu'il s'organise pour
donner au pays une nouvelle direction qui favorise ses
intérêts et représente sa volonté antiguerre
et prosociale. Cette nouvelle direction se reflète dans la lutte
pour un gouvernement antiguerre, une économie de paix et
une démocratie où c'est nous, le peuple, qui décidons !
À titre d'information
166 dirigeants d'entreprises font parvenir une lettre ouverte sur la
transition présidentielle
- Partnership for New York City, le 23 novembre 2020 -
Les préoccupations soulevées dans cette lettre
ouverte révèlent l'ampleur de l'impact qu'aura un manque
de « transition pacifique » sur les
intérêts d'affaires au pays et à l'étranger.
Ces préoccupations touchent aussi à la
légitimité et aux inquiétudes des dirigeants quant
à la façon dont le peuple considère ces
développements.
En plus de Larry Fink, président et directeur
général de BlackRock, un des plus importants
gestionnaires de fonds spéculatifs, David Solomon,
président et directeur général de Goldman Sachs,
et Steve Schwarzman, fondateur de Blackstone et principal donateur de
Trump, il y a d'autres signataires du domaine de la finance, des
assurances et
de plusieurs autres domaines influents dont : John Bruckner,
président du National Grid de New York ; Kelly J. Grier,
président américain et associé directeur et
associé directeur des Amériques de Ernst & Young
LLP ; Alfred F. Kelly Jr., président et PDG de Visa
Inc. ; Michel A. Khalaf, président et PDG de MetLife,
Inc. ; Kewsong Lee, directeur général de The
Carlisle Group ; Theodore Mathas, président et PDG de New
York Life Insurance Company ; John McAvoy, directeur,
président et PDG de Con Edison, Inc. ; Michael Roberts,
président et PDG de HSBC Bank USA. (Voir ici
pour la
liste intégrale). Jamie Dimon, président et directeur de
JPMorgan Chase et Tom Donohue, PDG de la US Chamber of Commerce, qui
ont tenu des propos similaires.
L'Amérique est ravagée par une pandémie
mortelle dont les répercussions sociales et économiques
sont énormes. L'attention et l'énergie des dirigeants des
secteurs public et privé devraient être entièrement
vouées à unir notre pays dans la lutte contre le
coronavirus, apporter de l'aide aux gens dans le besoin,
prévenir de nouvelles perturbations
des entreprises et de nouvelles pertes d'emplois, et investir dans
notre reprise et notre revitalisation économiques.
Chaque jour pendant lequel un processus de transition
présidentielle ordonnée est retardé, notre
démocratie s'affaiblit aux yeux de nos propres citoyens et la
stature de la nation sur la scène mondiale est diminuée.
Notre intérêt national et le respect pour
l'intégrité de notre processus démocratique
exigent que l'administrateur fédéral de
l'Administration générale des services confirme
sans plus tarder que Joseph R. Biden et Kamala D. Harris sont le
président élu et la vice-présidente élue
afin qu'une transition en bonne et due forme puisse s'opérer. Le
fait de retenir des ressources et de ne pas divulguer de l'information
vitale à la nouvelle administration met en danger la
santé
publique et économique ainsi que la sécurité de
l'Amérique.
En tant que chefs d'entreprises et dirigeants civiques
qui
reflètent la diversité politique du pays, nous exhortons
à respecter le processus démocratique et à
soutenir de manière unifiée nos dirigeants
dûment élus.
Il n'y a pas un moment à perdre dans la bataille contre la
pandémie et pour que le rétablissement et la
guérison de notre nation puissent
commencer.
Les associations d'hôpitaux et médicales exhortent l'administration
Trump à partager l'information sur la COVID-19
- Association américaine des hôpitaux, Association médicale américaine,
Association américaine des infirmières, le 17 novembre 2020
Cher président Trump,
En tant qu'organisations qui représentent les systèmes
hospitaliers et de la santé, les médecins et
infirmières autorisées qui sont toujours sur les
premières lignes dans la bataille contre la COVID-19 et soignent
présentement des dizaines de milliers de patients de la
COVID-19, nous travaillons avec votre administration pour vaincre la
pandémie.
Maintenant, alors que de nouveaux traitements et vaccins sont en
développement et commenceront à être
déployés, nous exhortons votre administration à
travailler en collaboration avec l'équipe de transition de Biden
et à partager toute information essentielle au sujet de la
COVID-19.
Notre nation connaît présentement une nouvelle
recrudescence de cas de COVID-19, d'hospitalisations et de
décès alors que nous commençons une période
des fêtes qui occasionnera fort probablement une plus grande
exposition au virus mortel. Pouvoir relever les défis que pose
la pandémie est fondamental si nous voulons sauver les vies
américaines. Les données et l'information en temps
réel sur l'approvisionnement en traitements, en matériel
de dépistage, en équipement de protection individuelle,
en ventilateurs, en capacité de lits d'hôpitaux et en
effectifs de main-d'oeuvre doivent être partagées pour
permettre la planification du futur déploiement des ressources
de la nation et
pour sauver des vies. Toute information sur la capacité de la
Réserve nationale stratégique, sur les ressources de
l'opération Warp Speed, et sur les plans de diffusion des
traitements et des vaccins doit être partagée le plus vite
possible afin d'assurer une continuité dans la planification
stratégique pour éviter toute faille dans notre
capacité de soigner
les patients.
En tant que personnel soignant de tous les Américains, nous
voyons la souffrance dans nos communautés en raison de la
COVID-19. Nous voyons des familles qui ont perdu leurs deux parents
à la COVID-19. Nous voyons des enfants souffrir des
séquelles à long terme d'une infection à la
COVID-19. Et nous voyons les populations issues de
minorités souffrir de façon disproportionnée de la
dévastation de la pandémie de la COVID-19. C'est à
partir de cette perspective humaine de première ligne que nous
vous exhortons à partager vos données et informations
essentielles le plus tôt possible.
Nous sommes prêts à travailler avec votre
administration pour tout mettre en oeuvre pour empêcher la
propagation de la COVID-19 et dispenser des soins à ceux qui ont
été infectés.
Sincèrement,
Richard J. Pollack, président et PDG, Association américaine des hôpitaux
James L. Madara, PDG, Association médicale américaine
Debbie Dawson, PDG, Association américaine des infirmières
- Voice of Revolution -
Alors que plusieurs États clés, dont le Michigan, la
Pennsylvanie et le Nevada, ont certifié leurs résultats
électoraux dans les délais, d'autres poursuites
alléguant des fraudes électorales sont en cours.
Plusieurs représentants élus des États,
républicains et démocrates, comme ceux de Géorgie
et de Pennsylvanie, déclarent que l'élection a
été «
libre et équitable ». Le secrétaire
d'État républicain de Géorgie, qui a
procédé à un recomptage manuel
supplémentaire, a déclaré : « Je veux
que 100 % des gens comprennent que le processus a
été juste et que le comptage a été
précis ». Tant ceux qui prétendent qu'il y a
eu fraude que ceux qui disent que le
comptage était juste disent défendre la
démocratie pour le peuple.
Le 23
novembre, le Michigan a officiellement certifié ses
résultats. Les quatre membres du Conseil des solliciteurs de
l'État ont voté : trois voix pour et une abstention, un
républicain. Cette certification faite, le gouverneur du
Michigan a certifié la liste des électeurs pour Joe
Biden. En même temps, le Conseil des solliciteurs de
l'État s'est
joint à la demande de vérification des suffrages du
comté de Wayne, où se trouve Détroit, et de
réformes électorales. L'Assemblée
législative du Michigan a commencé ses
délibérations sur le vote de 2020 et de futures
réformes.
Le 25 novembre, une nouvelle poursuite devant la cour
fédérale a été intentée par un
groupe de républicains du Michigan, dont trois sont sur la liste
des électeurs de Donald Trump du Collège
électoral. Ils demandent à un juge fédéral
d'annuler les bulletins de vote par la poste et d'exclure tous les
électeurs de l'État du Michigan du
dépouillement des votes de l'élection de 2020.
Le 26 novembre, une équipe juridique conservatrice a
demandé à la Cour suprême du Michigan de prendre
possession de l'ensemble du matériel électoral du 3
novembre afin de donner à l'Assemblée
législative du Michigan le temps de vérifier les
résultats, d'enquêter sur toutes les allégations
d'irrégularités et de fraude électorale.
Dans son recours, elle demande à la cour d'empêcher le
secrétaire d'État et le Conseil des solliciteurs de
l'État de donner une certification finale aux résultats
des élections de l'État jusqu'à ce qu'un procureur
spécial soit nommé pour examiner les allégations
d'irrégularités de vote et la légalité des
bulletins de vote par la poste du comté de
Wayne.
Ces deux poursuites font partie des tentatives de Donald Trump de
bloquer la nomination des électeurs tout en déclarant que
l'élection est frauduleuse. De cette manière, il met en
place les motifs d'une intervention fédérale pour
examiner la Loi électorale, comme cela s'est également
produit après le conflit électoral entre Bush et Gore
en 2000. À l'époque, la Loi Help America Vote Act (la Loi « Aider l'Amérique à voter ») a
concentré le pouvoir, en particulier l'inscription sur les
listes électorales et l'éligibilité des
électeurs, dans les mains des secrétaires d'État
des États. Une telle intervention aujourd'hui aurait
probablement comme résultat d'accroître le
contrôle fédéral, notamment en instituant le
suffrage direct pour l'élection du président et un
contrôle des listes d'électeurs, de
l'éligibilité et du dépouillement des votes par le
gouvernement fédéral. Cela entraînera une
concentration accrue des pouvoirs du Bureau du président,
affaiblira le rôle des États et privera davantage le
peuple de son droit de
parole. Le refus de Donald Trump de concéder l'élection
et ses déclarations que l'élection était une
fraude le mette en position de poursuivre de telles réformes et
de recueillir de l'appui au niveau fédéral.
Le 24 novembre, la Pennsylvanie et le Nevada ont tous deux
certifié leurs suffrages. Les résultats du Nevada avaient
déjà été certifiés par ses
solliciteurs au niveau du comté. Le même jour, le
secrétaire d'État a confirmé la certification
devant la Cour suprême du Nevada qui l'a ensuite confirmée.
En Pennsylvanie, le secrétaire d'État a
certifié les suffrages de 67 comtés et a
confirmé la victoire de Joe Biden. Le gouverneur a ensuite
signé un « Certificat de vérification »
qui certifie la liste des électeurs de Joe Biden. Le gouverneur,
Tom Wolf, a remercié les fonctionnaires électoraux qui
« ont organisé des élections libres et
équitables à une époque incroyablement difficile
de l'histoire de notre pays et de notre communauté ».
Le 27 novembre, un collège de trois juges de la Cour
d'appel fédérale a rejeté l'une des poursuites de
Trump qui demandait l'annulation de 1,5 million de bulletins de
vote postaux et d'empêcher la certification des électeurs
de Pennsylvanie. Donald Trump a fait appel de cette décision
devant la Cour suprême.
Bien que les trois juges de la cour d'appel aient tous
été nommés par Trump, ils ont été
obligés de conclure qu'il n'y avait pas de fraude et ont
jugé nécessaire de confirmer la légitimité
des suffrages : « Ce sont les électeurs, et non les
avocats, qui choisissent le président, lit-on dans leur
décision. Ce sont les bulletins de vote et non les
mémoires déposés devant le tribunal, qui
décident des élections. Ici, les suffrages sont
régis par la Loi électorale de la
Pennsylvanie ». Ils ont ajouté : « Des
élections libres et équitables sont la pierre angulaire
de notre démocratie, des accusations d'injustice sont graves,
mais le dire ne signifie pas qu'elles sont inéquitables. Les
accusations exigent des allégations précises et des
preuves. Nous n'avons ni l'une ni l'autre. »
Des poursuites similaires au Michigan, en Géorgie, au Nevada
et en Arizona ont également été rejetées.
En Arizona, un cinquième recours a été
déposé le 25 novembre par le chef du Parti
républicain de l'État qui demande également que la
certification de la liste des électeurs de Joe Biden soit
annulée et que l'élection soit annulée. Ce
sont les bulletins de vote postaux qui sont à nouveau
ciblés. Les comtés de l'Arizona ont tous certifié
leurs votes le 23 novembre. La certification d'État n'aura
lieu que le 30 novembre. Pour cela, le procureur
général de l'État, le gouverneur et le juge en
chef de la Cour suprême doivent confirmer les résultats
présentés par le secrétaire
d'État.
Alors
que toutes les parties affirment défendre la démocratie,
ce qui est totalement ignoré est le fait que le peuple ne décide pas qui sont les candidats, ne
décide pas quel est le processus électoral, n'a pas de rôle dans le
débat sur les problèmes et les solutions et ne
décide pas du résultat, comme l'a montré le
processus de certification. Nous sommes
face à une
situation où Donald Trump, Joe Biden et les tribunaux
s'efforcent tous de cacher que le processus électoral est
frauduleux, criblé d'inégalités et conçu
pour priver le peuple du pouvoir.
Quelle que soit la façon dont les votes sont
dépouillés, cela ne reflète pas la conscience et
les positions du peuple et les solutions aux problèmes qu'il
propose. Elles se voient dans ses revendications pour obtenir le
contrôle des services de police, des soins de santé et des
budgets, exprimées dans de nombreuses manifestations,
pétitions,
webinaires et d'autres moyens. La vigilance s'impose face aux
tentatives du fédéral d'utiliser l'élection
présidentielle pour priver encore davantage le peuple de sa voix
et de son droit de parole sur la direction du pays et bloquer la lutte
pour une démocratie qui donne au peuple le pouvoir de gouverner
et de décider.
Voice of Revolution est un journal de l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis.
- Lettre à la rédaction -
Les conditions aux États-Unis continuent de se
détériorer. L'endettement du peuple grimpe en
flèche. On rapporte que 75 % des résidents
américains meurent avec une dette moyenne de 62 000
dollars. Les diplômés collégiaux ont une dette
moyenne de 32 000 dollars. Plus de 40 millions de
personnes feront face à l'éviction dès que le
moratoire sur les évictions prendra fin à la fin de cette
année. On prévoit une crise hypothécaire alors
que 60 millions de personnes seraient menacées de saisies,
faute d'avoir payé leur hypothèque. On rapporte
que 54 millions de personnes souffrent de la faim. Des milliers et
des milliers
d'entre elles font la file devant les banques alimentaires.
L'État que Biden a représenté, le
Delaware, est
la capitale américaine de la carte de crédit. Il est fort
probable que l'endettement et l'incapacité de payer les dettes
contractées par cartes de crédit vont augmenter dans les
prochaines années. Biden a aussi une dette envers les
entreprises de cartes de crédit et il compte la rembourser.
Elles ont pris
soin de lui pendant des décennies. Lorsque Biden a
annoncé son cabinet, il était clair que le vieil ordre
allait se poursuivre, avec ses vieux hommes et ses vieilles femmes en
habits sombres, qui ont commis des crimes contre l'humanité et
la nature. C'est la continuation de la doctrine de Lyndon
Johnson : « Je ne leur donnerai pas ce qu'ils
veulent, mais je vais définitivement faire en sorte qu'ils
auront eu l'impression qu'ils ont eu ce qu'ils veulent. »
L'élite dominante a amené Trump au pouvoir pour qu'il
fasse toutes ces choses dégoûtantes que le club des
« Old Boys » ne pouvait faire, et maintenant ils sont
de retour. Mais les gens sont déterminés à
continuer de se
battre. Plusieurs ont dénoncé le cabinet de Biden.
[signé]
Un lecteur du Massachusetts
La suspension de Jeremy Corbyn du Parti travailliste britannique
- Pauline Easton -
Jeremy Corbyn participe à une action contre le bombardement de Gaza par Israël,
en juillet 2014. (Ron F)
Le
29 octobre, l'ancien chef du Parti travailliste britannique, Jeremy
Corbyn, a été suspendu du parti parce qu'il a
refusé de se rétracter sur un récent rapport de la
Commission pour l'égalité et les droits humains (EHRC).
Ce rapport alléguait que le Parti travailliste sous la direction
de Corbyn avait enfreint la Loi de 2010 sur l'égalité
avec une combinaison de « participation inappropriée
» et de harcèlement dans les procédures de plaintes
relatives à « l'antisémitisme », et une
« formation inadéquate pour ceux qui traitent les plaintes
».Jeremy Corbyn a été suspendu, dit-on, pour avoir
refusé d'accepter toutes les conclusions du rapport de la EHRC
et pour avoir affirmé que « l'ampleur du problème
était aussi gravement surestimée pour des raisons
politiques par nos adversaires ». En réponse, Jeremy
Corbyn a annoncé son intention de « contester fermement
l'intervention politique visant à le suspendre ».
Le
tollé de la base du Parti travailliste contre la suspension
de Corbyn a été tel que sa suspension a été
levée le 17 novembre par un comité disciplinaire du
Comité exécutif national du Parti. Malgré cela,
l'actuel chef du Parti travailliste, Keir Starmer, a ordonné que
le whip du Parti travailliste ne soit pas rendu à Jeremy Corbyn. Dans le
système de parti britannique, les « whips » sont les
« responsables du respect de la discipline » du parti dont
le rôle est de s'assurer que leurs collègues
députés assistent aux séances de vote et votent
conformément à la politique officielle de leur parti. Les
membres qui votent contre la politique du parti peuvent « perdre
le whip », ce qui revient dans les faits à les expulser des bancs parlementaires du parti. Cela signifie
qu'officiellement, Jeremy Corbyn est actuellement
considéré comme député indépendant
plutôt qu'un député du parti travailliste
(c'est-à-dire qu'il ne fait pas partie du caucus).
Cette
mesure a également été fortement condamnée
dans le Parti travailliste et par le mouvement syndical. Les directions
de plusieurs syndicats ont adopté des motions exigeant la
réintégration de Jeremy Corbyn. Bon nombre de partis
travaillistes de circonscription – l'équivalent des sections
locales du parti – ont adopté des motions soutenant Jeremy
Corbyn et exprimant leur défiance envers la direction actuelle,
actions qui ont elles-mêmes conduit à des suspensions du
parti.
Le
31 octobre, les secrétaires généraux de syndicats
affiliés au Parti travailliste – Associated Society of
Locomotive Engineers and Firemen, le Syndicat des boulangers, de
l'alimentation et des travailleurs connexes, le Syndicat des
travailleurs de la communication, l'Union des pompiers, le Syndicat
national des mineurs, l'Association des employés des transports
et Unite – ont condamné dans une déclaration commune
cette suspension qu'ils considèrent comme «
malavisée et injuste ».
Jeremy Corbyn a intenté une action en justice contre le parti travailliste pour le retrait de son whip.
La
suspension de Jeremy Corbyn du Parti travailliste par son
secrétaire général David Evans et les poursuites
en cours contre lui montrent à quel point les partis
cartellisés sont réactionnaires et
arriérés, non seulement en Grande-Bretagne, mais
également dans le monde entier. Qui établit la ligne de
parti que tous les membres du parti en fonction doivent suivre est une
question très préoccupante quand ce ne sont pas les
membres du parti ni les électeurs de la circonscription
concernée qui décident. La manière dont la
discipline de parti est appliquée est également
complètement désuète et antidémocratique.
Tout cela souligne la nécessité urgente du renouveau
démocratique pour investir le peuple du pouvoir.
Toute
cette affaire montre clairement au public que les décisions des
partis cartellisés se prennent en secret et que les
procédures pour faire appliquer des décisions sont
elles aussi décidées en secret. Selon plusieurs
informations, Jeremy Corbyn a été informé que son
whip du parti sera suspendu pendant trois mois, le temps que soit
menée une enquête, et que le whip en chef, Nick Brown, lui
a demandé de présenter des excuses « sans
équivoque, sans ambiguïté et sans réserve
» pour ses déclarations faites lors de la publication du
rapport de la EHRC.
La
réponse de Corbyn au rapport se lit comme suit : «
Quiconque prétend qu'il n'y a pas d'antisémitisme au sein
du Parti travailliste a tort ... Les membres juifs de notre parti et de
la communauté au sens large avaient raison d'attendre de nous
que nous nous en occupions et je regrette qu'il ait fallu plus de temps
qu'il ne le fallait pour apporter ce changement. Un antisémite
est un antisémite de trop, mais l'ampleur du problème a
été aussi gravement surestimée pour des raisons
politiques par nos adversaires à l'intérieur et
à l'extérieur du parti, ainsi que par une bonne partie
des médias. Cette combinaison a fait du tort au peuple juif et
ne doit plus jamais se reproduire. Mon espoir sincère est que
les relations avec les communautés juives puissent être
reconstruites et ces craintes surmontées. Bien que je n'accepte
pas toutes ses conclusions, j'espère que ses recommandations
seront rapidement appliquées pour que nous puissions sortir de
cette période. »
Keir
Starmer, l'actuel chef du parti travailliste, visant Jeremy Corbyn, a
déclaré : « Si vous êtes antisémite,
vous ne devriez pas être à proximité de ce parti...
Et si après toute la douleur, tout le chagrin et toutes les
preuves contenues dans ce rapport, il y a encore des gens qui
pensent... que tout cela est exagéré, ou qu'il s'agit
d'une attaque de faction... vous faites alors partie du
problème. Et vous ne devriez pas non plus vous tenir près
du parti travailliste. »
Cela
montre que Keir Starmer est en plein déni que son parti est
rongé par les factions et que la vieille garde de
l'establishment tente d'imposer, par des procédés le plus
souvent odieux, ses positions et ses décisions à la base
du parti représentée par Jeremy Corbyn. Tous les discours
vertueux sur les « whips » ne font que
révéler la décrépitude du système et
non son dynamisme ou sa pertinence aujourd'hui. Depuis que Jeremy
Corbyn a été élu pour la première fois par
une grande vague de soutien de la base, les forces de
l'establishment – qui, selon le système des partis, doivent
prêter allégeance à la préservation des
institutions désuètes – ne voulaient pas d'un
gouvernement Corbyn. Sans tenir compte des conséquences, ces
forces ont comploté, ont fait collusion et se sont sali les
mains pour s'assurer que cela n'arrive pas. Une vraie démonstration
de trahison et de traîtrise sur toute la ligne.
Dans
le cas présent, l'establishment a voulu utiliser sa position
sioniste qui assimile le soutien à la juste cause du peuple
palestinien pour la reconnaissance de ses droits et la fin
de sa criminalisation et de sa persécution à
l'antisémitisme. Toutefois, il est clair que les accusations
d'antisémitisme contre Jeremy Corbyn ne sont que mensonges et
n'ont aucun écho parmi les gens. Si quelqu'un est reconnu pour
ses positions à la défense des droits de tous, c'est
Jeremy Corbyn dont l'action s'étend d'organisateur antifasciste
dans les années 1970 à celle de remarquable militant
contre la guerre aujourd'hui[1].
Avant
de devenir le chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn était
surtout connu dans le mouvement contre la guerre, notamment comme
président de la coalition « Stop the War » de 2011
à 2015, années au cours desquelles le mouvement contre la
guerre et Jeremy Corbyn lui-même ont défendu le droit
d'être du peuple palestinien contre les crimes de guerre
sionistes.
L'opposition
ouverte de Jeremy Corbyn à l'ordre du jour
d'austérité néolibérale et de guerre est la
raison pour laquelle il a un soutien aussi large parmi les membres
à la base, en particulier les jeunes et les travailleurs du Parti
travailliste. De plus, son élection à la tête du
Parti travailliste a représenté l'exigence grandissante
d'un nouveau type de politique. Sa propre campagne a montré la
nécessité d'un changement fondamental de l'approche de la
politique. Son slogan de campagne pour une nouvelle « people-powered politics » (une politique dont le peuple est le moteur) exprimait la nécessité de
bâtir un mouvement social en accord avec le droit de
l'électorat de participer aux affaires politiques,
d'élire et d'être élu et de transformer sa
volonté en volonté juridique par un système
politique au service de ses intérêts.
Suivant
les principes de sa plateforme, Jeremy Corbyn n'a jamais
hésité à prendre position sur les problèmes
importants de la société et a refusé de suivre la
voie de l'opportunisme ou d'adhérer à la conception selon
laquelle les fins justifient les moyens qui caractérisent le
« consensus » néolibéral.
L'élection
de Corbyn a capté l'imagination du peuple et de son mouvement
pour le changement. Le Parti travailliste a attiré des milliers
de nouveaux adhérents, principalement des jeunes et des personnes
démocratiques, éprises de paix et antiracistes, qui ont
rejoint le parti dans l'espoir d'occuper l'espace qui s'était
ouvert pour discuter des problèmes graves auxquels fait face le
corps politique et pour transformer la situation.
Lorsqu'il
a été élu au premier tour de scrutin avec 59,5 %
des voix, il a déclaré : « Nous sommes un parti qui
a des liens organiques avec les syndicats, les membres du parti et
toutes les organisations affiliées. C'est de là que nous
tirons notre force. »
Toutefois,
il était impossible que les partis cartellisés
tolèrent qu'un espace soit utilisé pour le programme
indépendant de la classe ouvrière. Un tel
développement devait être contré à tout prix.
C'est
dans cette situation que les allégations d'antisémitisme
contre Jeremy Corbyn ont été propagées alors que
rien ne pouvait être plus éloigné de la
vérité. Les mouvements progressistes, dont Jeremy Corbyn
fait partie et que sa direction du Parti travailliste
représentait, ont toujours défendu les droits de tous et
de toutes, sans exception. L'instrumentalisation du problème de
l'antisémitisme pour détourner et désorienter ces
forces et la destruction de l'opinion publique pour empêcher les
gens de se forger une opinion indépendante sont en soi odieuses.
Les
organisations Jewish Voice for Labour, Juifs pour la justice pour les
Palestiniens, Groupe des socialistes juifs, Jewdas et Voix juives
indépendantes ont toutes rejeté l'accusation
d'antisémitisme et l'an dernier, en février, 200 membres
et sympathisants juifs du Parti travailliste ont salué le
soutien constant de Jeremy Corbyn aux « initiatives contre
l'antisémitisme ».
Régler les comptes avec le passé
Cette
question ne concerne pas que Jeremy Corbyn et le Parti travailliste.
Elle est beaucoup plus large. La technique du « grand mensonge
» hitlérien est utilisée pour présenter
toutes les voix dissidentes et les forces politiques et sociales qui
représentent les travailleurs comme étant
extrémistes, de la « gauche dure ». C'est le pendant
de la fiction de « l'extrême droite »
créée par l'establishment avec le soutien de
l'État. Leur fiction de « l'antisémitisme »
amalgame cette « gauche dure » et cette «
extrême droite ». Le « centre », quant à
lui, devient synonyme de « sécurité »,
d'« intérêt national », d'«
équilibre » et de « prospérité »
malgré toutes les preuves du contraire.
Un
problème majeur des forces du statu quo est que les conditions
de vie réelles contredisent le récit fictif de leur
pouvoir et de ce qu'il représente. Ce « centre »
officiel vante l'adhésion aux institutions démocratiques
libérales qui sont en crise totale précisément
parce qu'elles sont incapables de persuader le peuple de rentrer dans
le rang et de soutenir, ouvertement ou passivement, le programme néolibéral et son recours à la force pour
régler les problèmes tant au niveau national
qu'international. Alors que l'utilisation des pouvoirs de police a
toujours été au centre de la société civile
que les forces néolibérales tentent de défendre,
les tentatives actuelles pour garder les choses sous contrôle
révèlent un régime dictatorial de plus en plus
ouvert qui réorganise l'État autour de la règle de
droit par le recours aux pouvoirs de police, gouverné par une
petite clique qui exerce ces pouvoirs et qui criminalise toute
pensée qui s'oppose au dogme officiel.
Des
accusations comme celles lancées contre Corbyn pour le diffamer
et le criminaliser ont comme but de créer un climat
d'hystérie dans le cadre d'une campagne
généralisée visant à discréditer et
à semer la division parmi le peuple pour l'empêcher de
s'organiser d'une manière qui le favorise. Les tentatives pour
cacher la réalité que « le centre » n'est
rien d'autre que l'extrême droite, que tout est mis au service
des monopoles les plus puissants, sont vaines. Loin d'abandonner cette
voie néfaste, des mesures de plus en plus réactionnaires
sont mises en place pour garantir qu'aucune opposition organisée
de travailleurs indépendants n'émerge et que personne
n'ait à rendre des comptes.
Qui
ne comprend pas que le fardeau de la crise économique est
rejeté sur le dos des travailleurs et du peuple par des mesures
d'austérité qui ont pour pilier la privation de droits ?
Un article sur la suspension de Corbyn dans le Workers' Weekly,
l'organe du Parti communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne
(marxiste-léniniste) souligne clairement que les gens n'ont pas
leur mot à dire sur les questions les plus importantes qui
touchent leur vie, comme la direction de l'économie, alors que
le corps politique est détruit.
«
Les problèmes politiques sont transformés en
problèmes de loi et d'ordre. La police se voit donner de
nouveaux pouvoirs pour agir en toute impunité au nom de la
théorie fallacieuse de l'équilibre entre les droits et la
sécurité, contrairement à la conception moderne
qui affirme que la sécurité réside dans la
défense des droits de tous et de toutes. Des lois sont
adoptées qui violent le droit de conscience et tentent
d'établir un ensemble officiel de « valeurs britanniques
» autour de l'idée que tous devraient se rallier aux
objectifs nationaux chauvins, objectifs qui sont de plus en plus
souvent poursuivis par l'intervention et la guerre.
«
Jeremy Corbyn était considéré comme
représentant de la lutte contre cette direction.
«
Sous le drapeau du retour du Parti travailliste à
l'éligibilité et de sa transformation en une 'grande
église', Keir Starmer représente le retour à la
politique des partis cartellisés. Pour cela, il ne suffit pas
que Jeremy Corbyn soit vaincu. Il fallait ne jamais permettre que
Jeremy Corbyn devienne premier ministre et détruire
continuellement tout ce qu'il défendait. Aucune alternative
n'est tolérée dans le cadre des arrangements actuels.
Maintenant qu'il a été écarté, tous les
vestiges de son héritage doivent être
éradiqués et sa personne même doit être
discréditée, tout cela dans le but d'empêcher
à jamais qu'un phénomène comme celui de Jeremy
Corbyn ne réapparaisse. L'objectif final, futile, est d'effacer
toute idée d'alternative de l'esprit du parti et du public en
général.
«
Les forces de l'establishment doivent purger le Parti travailliste de
tous les éléments qui aspirent au Nouveau. Il doit rester
un parti fermement ancré dans l'Ancien, un parti
cartellisé qui agit dans le cadre des arrangements de
l'État et agit comme gardien du pouvoir qui bloque
l'accès au pouvoir de décision du peuple.
«
De plus, le nettoyage du Parti travailliste fait partie de
l'élimination de l'opposition au Parlement afin de garantir
qu'il n'y a pas de représentants du peuple au Parlement.
«
Ces attaques contre Jeremy Corbyn et ses partisans exposent tout le
système de parti. Elles montrent que le peuple ne peut faire
confiance à une autre force, mais doit s'appuyer sur
l'affirmation de ses propres formes d'organisation pour pouvoir
parler et agir en son propre nom, ce qui lui donne une
autorité directe dans sa lutte pour s'investir du pouvoir et
pour le renouveau démocratique. Quels que soient ses efforts,
l'élite dominante ne peut tuer cette vision. »
Pour
résumer, ce que Jeremy Corbyn représente est une
aspiration à rompre avec le système de partis
cartellisés, ce que les forces de l'establishment ne
toléreront pas. De plus, elles ne reculeront devant aucun crime
contre les « intrus » pour conserver le pouvoir entre leurs
mains. La vision de Jeremy Corbyn implique que c'est le peuple, et non
les partis, qui doit détenir le pouvoir politique. Les
conditions dans lesquelles Jeremy Corbyn a dû agir avec une aile
réactionnaire du Parti travailliste qui s'est rapidement
opposée brutalement et ouvertement à lui à chaque
étape, ont fait que même la plus petite expression de
cette vision dans l'opposition officielle n'allait jamais être
acceptée par l'élite au pouvoir.
Toute
cette expérience fait qu'il est inadmissible pour la classe dirigeante et son système de
gouvernance que les
travailleurs occupent l'espace nécessaire au changement. Elle est prête à commettre n'importe quelle
infamie pour protéger son pouvoir. C'est l'une des principales
caractéristiques de leur système depuis sa création
dans les années 1660 lors de la guerre civile anglaise et
perfectionné au milieu du XXIe siècle par l'imposition de
l'État-nation européen aux peuples du monde au nom de
« la paix, de l'ordre et du bon gouvernement ». Dans ce
jargon, la paix signifie les moyens utilisés pour
réprimer les rébellions anticoloniales. L'ordre fait
référence au système de crimes et de punitions
utilisé pour réprimer la classe ouvrière et ses
luttes pour les droits. Le bon gouvernement se réfère aux
institutions dites démocratiques maintenues par le
système de gouvernement de partis qui défendent
loyalement les prérogatives qui concentrent le pouvoir
décisionnel dans les mains de l'exécutif du parti au
service de la classe dirigeante. Ce système de gouvernance dont
le but est de garder le pouvoir entre les mains d'une élite
dominante corrompue a été imposé après la
Deuxième Guerre mondiale sur la base de l'idéologie et
des préoccupations de la guerre froide afin de diviser les
peuples du monde en deux camps et de défaire l'Union
soviétique. Aujourd'hui, au moment où cette gouvernance
élitiste ne jouit d'aucun consentement des gouvernés, des
tentatives perfides sont faites pour la justifier au nom de
l'humanitarisme, la paix, la démocratie, l'opposition à
l'antisémitisme et autres choses du genre.
Ce
que la classe ouvrière, les jeunes, les femmes et le mouvement
contre la guerre en Grande-Bretagne vont faire maintenant ne tardera
pas à se révéler, car ces forces s'attaquent
à la situation de leur propre point de vue, d'une manière
qui favorise leurs intérêts. Les conditions auxquelles
sont confrontés les travailleurs en Grande-Bretagne et les
peuples du monde entier sont si terribles qu'il n'y a pas d'autre
alternative que de régler les comptes avec l'impérialisme
britannique et ses institutions élitistes en putréfaction
dont la désuétude fait peser un énorme fardeau sur
la société.
Les
travailleurs canadiens ont pleinement confiance que les travailleurs
d'Angleterre, d'Irlande, d'Écosse et du Pays de Galles tiendront
profondément compte de ce qui a été fait et de ce
qui est fait à Jeremy Corbyn. La classe ouvrière de ces
pays est internationale dans sa composition. Elle règle ses
comptes avec tous les vieux arrangements de cette machine monstrueuse
et réactionnaire que constitue la classe dirigeante britannique,
que ses dirigeants vont jusqu'à appeler le « berceau de la
civilisation ». Les travailleurs britanniques vont pourtant
montrer au monde de quoi ils sont faits !
Note
1.
Ce que Corbyn représente est de notoriété
publique. Il a été actif dans les années 1970
lorsqu'il a organisé une manifestation contre une manifestation
du Front national à Wood Green. Il a pris la parole lors du 80e
anniversaire de la bataille de Cable Street et a rappelé que sa
mère était à l'époque une manifestante qui
a signé de nombreuses motions de protestation contre
l'antisémitisme. En 1987, il a fait campagne pour faire annuler
la décision du conseil d'Islington d'accorder une demande de
permis de construction qui aurait entraîné la destruction
d'un cimetière juif et, en 2010, il a lancé l'appel au
gouvernement britannique à faciliter l'installation des Juifs
yéménites en Grande-Bretagne. Il a également pris
part à une cérémonie dans sa circonscription
d'Islington pour commémorer le site original de la synagogue du
nord de Londres et a visité le ghetto de Theresienstadt qu'il a
qualifié de rappel des dangers de la politique d'extrême
droite, de l'antisémitisme et du racisme.
Résistance massive à l'impunité en Inde
Une
section de la marche des fermiers qui a amené 12 millions de
fermiers, avec quelque 96 000 tracteurs, aux frontières de New
Delhi, la capitale de l'Inde, le 28 novembre 2020. On dit que cette
action est la plus grande marche de l'histoire jamais entreprise par
des fermiers.
La police tente d'empêcher les fermiers de se rendre à Delhi, le 26 novembre 2020.
|
Dans ce qui constitue une fermeture presque totale de l'Inde, plus
de 250 millions de travailleurs ont participé à une
grève générale le 26 novembre et des
centaines de milliers de fermiers ont organisé une vaste
mobilisation les 26 et 27 novembre appelée Chalo Dilli
(Allons à Delhi) pour condamner
l'appauvrissement du peuple organisé par l'État au nom
des riches, perpétré en pleine pandémie de la
COVID-19, et pour condamner la violence et l'impunité de
l'État.
La grève générale a mobilisé les
travailleurs des secteurs privé et public, de l'acier, des
ports, du pétrole et du gaz, des
télécommunications, de la santé, de
l'éducation et de plusieurs autres secteurs. Des actions en
appui à la grève ont aussi été
organisées par les employés du gouvernement, les
travailleurs des postes, du rail et d'autres secteurs.
On évalue que les grèves et les actions en appui aux
grèves ont touché presque toutes les villes grandes et
petites, y compris New Delhi. Dans certains États, les
travailleurs ont bloqué des voies ferrées et des routes
pour faire pression pour que leurs revendications soient satisfaites.
Les travailleurs ont appuyé fermement la marche des fermiers
vers New Delhi et ont dénoncé la répression de
l'État contre eux pendant leur marche et à mesure qu'ils
s'approchaient de la capitale. Les organisations de fermiers ont elles
aussi exprimé leur appui pour la grève
générale des travailleurs.
Marche à Delhi en appui à la marche des fermiers, le 27 novembre 2020
Les étudiants de Delhi manifestent en appui au Chalo Dilli des fermiers, le 26 novembre 2020.
Les fermiers se sont défendus héroïquement contre
la violence de la police, en particulier à la frontière
entre les États du Pendjab et de l'Haryana et lorsqu'ils
s'apprêtaient à traverser la frontière de l'Haryana
pour se diriger vers New Delhi. Les fermiers qui cherchaient à
atteindre New Delhi par l'État d'Uttar Pradesh ont aussi fait
face à la
violence brutale de la police. Les fermiers ont été
attaqués aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau
en pleine nuit. La police avait érigé des barricades et
installé des barbelés pour essayer de bloquer la marche
des fermiers. Ceux-ci ne se sont pas laissé intimider et ont
repoussé les barricades, insistant pour se rendre à New
Delhi pour que le
gouvernement central entende directement leurs revendications.
Ils sont prêts pour un long combat et ont voyagé avec
des chariots remplis de riz et de grains et ont préparé
eux-mêmes leur nourriture. Plusieurs sont venus en tracteurs et
en voitures alors que d'autres ont marché. La police de New
Dehli a finalement autorisé les fermiers à entrer dans la
ville tout en continuant ses attaques aux gaz
lacrymogènes et aux canons à eau et des fermiers ont
été blessés. La police a désigné un
site à Burari en périphérie de New Delhi où
les fermiers pourraient manifester. Certains se sont installés
sur le site mais la plupart ont décidé de camper à
la frontière de l'État parce qu'ils tenaient à
manifester près des édifices du Parlement. Ils ont
continué à
bloquer au moins trois autoroutes menant à New Delhi. Les
fermiers ont indiqué qu'ils avaient apporté tout ce qu'il
fallait pour continuer leur action pendant des mois et qu'ils ne
quitteront pas les lieux avant que l'État central ne retire ses
lois contre les fermiers.
Les fermiers sont attaqués aux canons à eau le 27 novembre 2020.
La grève générale des travailleurs est une
action commune organisée par 10 centrales syndicales. Le
principal organisateur des actions des fermiers est le All India Kisan
Sangharsh Coordination Committee (AIKSCC), une organisation
présente dans toute l'Inde qui regroupe environ 250
organisations de fermiers.
Ces journées d'action ont été organisées
en réponse à une série de lois
antiouvrières et anti-fermiers qui ont été
adoptées par le Parlement indien en septembre dernier sans
débat et en dépit de la ferme opposition de ceux qui sont
directement touchés. Les lois antiouvrières
amalgament 44 lois du travail en 4 lois et constituent un
démantèlement de tous les arrangements
précédents en matière de salaires, de relations de
travail, de sécurité sociale, de santé et
sécurité, et de conditions de travail.
Les fermiers à Bilaspur, dans l'État du Chhattisgarh
Les lois concernant les fermiers démantèlent
même la forme limitée d'achat public des produits des
fermiers par des agences de l'État qui existe
présentement, et placent les fermiers à la merci des
négociants privés qui agissent au nom des entreprises
agricoles multinationales internationales. Les fermiers s'attendent
à ce que les nouvelles lois
éliminent même les prix minimaux de soutien qui sont
établis pour les marchés en gros qui sont
contrôlés par le gouvernement.
Les revendications immédiates des travailleurs comprennent
des versements de montants mensuels d'argent comptant pour les familles
pauvres, des rations de nourriture gratuites, le retrait des nouvelles
lois antiouvrières et anti-fermiers, la fin de la privatisation
des services publics et la fin de la privatisation d'installations
manufacturières
appartenant au secteur public et d'institutions de services comme les
chemins de fer et les ports.
Les
revendications immédiates des fermiers sont le retrait des
nouvelles lois agricoles et une véritable protection par
l'État, en particulier la garantie qu'ils obtiendront de
meilleurs prix pour leurs produits. Les fermiers revendiquent depuis
longtemps que les produits de leurs récoltes soient
achetés à un prix qui représente au
moins 50 % de plus que leur coût de production.
Ce saccage, qualifié de soi-disant réformes, est
mené par l'État central sous une impunité
complète et est présenté comme la réponse
au besoin de « flexibilité », de «
liberté » et de « choix ». Elle ne
fera qu'aggraver la misère des travailleurs et des fermiers et
elle est une attaque contre leur dignité humaine au nom des
riches.
Le Marxiste-Léniniste salue l'action
héroïque des travailleurs et des fermiers de l'Inde qui
réclament justice et la capacité d'exercer leurs droits.
Rampur, Uttar Pradesh
Sitmahri, Bihar
Panjipara, Bengale-Occidental
Bilaspur, Chhattisgarh
Pune, Maharashtra
Odisha
Coup d'État au Chili
Discours d'investiture du président Allende en 1970
Des chercheurs aux archives de la sécurité nationale
des États-Unis (un projet basé à
l'Université Georgetown, qui déclassifie les documents du
gouvernement des États-Unis) ont révélé des
documents inédits qui offrent de nouvelles preuves des plans des
États-Unis pour renverser le gouvernement socialiste chilien
démocratiquement élu de
Salvador Allende (1970-1973), sous le règne de l'administration
du président Richard Nixon. Les documents ont été
rendus publics le 3 novembre, à l'occasion du 50e
anniversaire de l'investiture d'Allende. Ces documents ont
été étouffés par l'administration du
président Gerald Ford.
L'une de ces archives révèle la
conversation entre
Nixon et certains de ses représentants, pour évaluer
comment le gouvernement des États-Unis devrait procéder
compte-tenu de la victoire d'Allende aux élections du 4
septembre 1970, au coeur de la guerre froide. Une des notes de
service du 5 novembre 1970 indique
que le conseiller de la sécurité nationale de
l'époque, Henry Kissinger, a alerté Nixon que la
Maison-Blanche allait devoir prendre la « décision la plus
historique et la plus difficile touchant aux affaires
étrangères », compte-tenu des
conséquences négatives qu'aurait la présidence
d'Allende sur la relation entre le Chili et les États-Unis,
ainsi
que son influence possible dans l'hémisphère. À la
suite de la déclassification d'autres documents, il est clair
qu'il y avait des divergences d'opinions au sein des responsables
américains sur comment mener à bien ce plan. Tandis que
le secrétaire d'État, William Rogers, proposait de
promouvoir le renversement d'Allende « sans trop de
contre-coups », c'est-à-dire, sans que
l'hostilité et l'agression des États-Unis envers le Chili
ne soient trop évidentes aux yeux du monde, le secrétaire
de la Défense, Melvin Laird, affirmait tout simplement :
« Nous devons faire tout ce qui est possible pour lui [Allende]
faire mal et pour le renverser. » Dans ce choc des
idées sur
la politique étrangère, Kissinger a défendu la
position la plus agressive.
« Les États-Unis tenteront de maximiser la pression
exercée sur le gouvernement Allende afin d'empêcher sa
consolidation et limiter sa capacité de mettre en oeuvre des
politiques contraires aux intérêts des États-Unis
et de l'hémisphère », avait-il dit, selon un
autre document. Parmi les politiques qui seraient mises en oeuvre, des
efforts
ont été déployés pour redoubler les
interventions dans la région en coordination avec d'autres
gouvernements, y compris le Brésil et l'Argentine, qui
se termineront par le coup d'État et l'assassinat du
dirigeant socialiste chilien, le 11 septembre 1973.
Les responsables américains ont décidé
d'exercer la pression sur le gouvernement d'Allende en empêchant
les prêts des banques multilatérales au Chili et en
manipulant sur le marché international la valeur du cuivre, la
principale source d'exportation du Chili « afin d'endommager
davantage l'économie chilienne », selon les
documents.
De plus, la CIA était autorisée à préparer
des plans d'actions pour les mettre en oeuvre à l'avenir.
Selon les documents des archives de la sécurité
nationale, Kissinger a réussi à reporter une rencontre
entre Nixon et le conseil de la sécurité nationale, parce
qu'il voulait lui parler seul avant la tenue de la réunion,
à laquelle il tenterait de convaincre le président que
les risques allaient au-delà de la relation bilatérale
entre les deux pays. Il lui
fait rapport comment il devrait promouvoir auprès de la
bureaucratie en politique étrangère qu'elle adopte une
posture de changement de régime.
Dans une note de service, l'ancien chef de l'état-major,
Harry Robbins Haldeman, a décrit la position de Kissinger et son
argumentaire pour avoir retardé la réunion : «
Pour Henry, le Chili pourrait finir par représenter le pire
échec de notre administration : 'notre Cuba' de
1972 », a-t-il dit. Plus tard, lors d'une conversation
avec Kissinger, Nixon dit : « Si [Allende] peut montrer
qu'il peut établir une politique marxiste antiaméricaine,
d'autres feront de même. » Kissinger est allé
plus loin : « Il y aura des répercussions jusqu'en
Europe, pas seulement en Amérique latine[1] ».
L'économie du Chili s'enfoncerait de plus en plus dans un
marasme, alors que l'accès aux banques multilatérales
était bloqué, la fin par les États-Unis des
prêts et crédits à l'exportation ainsi que le
déploiement des médias monopolisés contre lui.
Les problèmes financiers, en plus de la baisse des
activités économiques, ont créé un
environnement propice au coup d'État. Trois ans après ces
pourparlers à Washington, sous la direction du
commandant en chef de l'armée chilienne de l'époque,
Augusto Pinochet, les forces armées mettraient fin, violemment,
au gouvernement socialiste de l'Unité populaire en assassinant
Salvador Allende le 11 septembre 1973.
Kissinger et d'autres responsables impliqués dans la
planification et l'exécution du coup d'État ont par la
suite justifié leurs actions en disant qu'ils étaient
pour la « préservation de la
démocratie ». Cette même logique de
l'époque de la guerre froide est encore donnée
aujourd'hui par les impérialistes américains et leurs
alliés pour
justifier leur bellicisme et leurs crimes brutaux, visant à
affirmer leur domination sur les peuples du monde qui luttent pour la
libération nationale, la souveraineté et des relations
internationales justes et pacifiques.
Les
participants à la marche à Santiago au Chili lors du 40e
anniversaire du coup d'État contre le gouvernement Allende, qui
a porté au pouvoir Augusto Pinochet, réclament justice
pour son règne brutal, le 11 septembre 2013.
Note
1. Pour voir l'ensemble de la documentation fournie par les archives de la sécurité nationale, cliquer ici.
(Pour voir les articles individuellement, cliquer sur le titre de l'article.)
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