Résistance massive à l'impunité en Inde

Des millions de personnes réclament justice et l'exercice de leurs droits


Une section de la marche des fermiers qui a amené 12 millions de fermiers, avec quelque 96 000 tracteurs, aux frontières de New Delhi, la capitale de l'Inde, le 28 novembre 2020. On dit que cette action est la plus grande marche de l'histoire jamais entreprise par des fermiers.


La police tente d'empêcher les fermiers de se rendre à Delhi, le 26 novembre 2020.

Dans ce qui constitue une fermeture presque totale de l'Inde, plus de 250 millions de travailleurs ont participé à une grève générale le 26 novembre et des centaines de milliers de fermiers ont organisé une vaste mobilisation les 26 et 27 novembre appelée Chalo Dilli (Allons à Delhi) pour condamner l'appauvrissement du peuple organisé par l'État au nom des riches, perpétré en pleine pandémie de la COVID-19, et pour condamner la violence et l'impunité de l'État.

La grève générale a mobilisé les travailleurs des secteurs privé et public, de l'acier, des ports, du pétrole et du gaz, des télécommunications, de la santé, de l'éducation et de plusieurs autres secteurs. Des actions en appui à la grève ont aussi été organisées par les employés du gouvernement, les travailleurs des postes, du rail et d'autres secteurs. On évalue que les grèves et les actions en appui aux grèves ont touché presque toutes les villes grandes et petites, y compris New Delhi. Dans certains États, les travailleurs ont bloqué des voies ferrées et des routes pour faire pression pour que leurs revendications soient satisfaites.

Les travailleurs ont appuyé fermement la marche des fermiers vers New Delhi et ont dénoncé la répression de l'État contre eux pendant leur marche et à mesure qu'ils s'approchaient de la capitale. Les organisations de fermiers ont elles aussi exprimé leur appui pour la grève générale des travailleurs.


Marche à Delhi en appui à la marche des fermiers, le 27 novembre 2020


Les étudiants de Delhi manifestent en appui au Chalo Dilli des fermiers, le 26 novembre 2020.

Les fermiers se sont défendus héroïquement contre la violence de la police, en particulier à la frontière entre les États du Pendjab et de l'Haryana et lorsqu'ils s'apprêtaient à traverser la frontière de l'Haryana pour se diriger vers New Delhi. Les fermiers qui cherchaient à atteindre New Delhi par l'État d'Uttar Pradesh ont aussi fait face à la violence brutale de la police. Les fermiers ont été attaqués aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau en pleine nuit. La police avait érigé des barricades et installé des barbelés pour essayer de bloquer la marche des fermiers. Ceux-ci ne se sont pas laissé intimider et ont repoussé les barricades, insistant pour se rendre à New Delhi pour que le gouvernement central entende directement leurs revendications.

Ils sont prêts pour un long combat et ont voyagé avec des chariots remplis de riz et de grains et ont préparé eux-mêmes leur nourriture. Plusieurs sont venus en tracteurs et en voitures alors que d'autres ont marché. La police de New Dehli a finalement autorisé les fermiers à entrer dans la ville tout en continuant ses attaques aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau et des fermiers ont été blessés. La police a désigné un site à Burari en périphérie de New Delhi où les fermiers pourraient manifester. Certains se sont installés sur le site mais la plupart ont décidé de camper à la frontière de l'État parce qu'ils tenaient à manifester près des édifices du Parlement. Ils ont continué à bloquer au moins trois autoroutes menant à New Delhi. Les fermiers ont indiqué qu'ils avaient apporté tout ce qu'il fallait pour continuer leur action pendant des mois et qu'ils ne quitteront pas les lieux avant que l'État central ne retire ses lois contre les fermiers.


Les fermiers sont attaqués aux canons à eau le 27 novembre 2020.

La grève générale des travailleurs est une action commune organisée par 10 centrales syndicales. Le principal organisateur des actions des fermiers est le All India Kisan Sangharsh Coordination Committee (AIKSCC), une organisation présente dans toute l'Inde qui regroupe environ 250 organisations de fermiers.

Ces journées d'action ont été organisées en réponse à une série de lois antiouvrières et anti-fermiers qui ont été adoptées par le Parlement indien en septembre dernier sans débat et en dépit de la ferme opposition de ceux qui sont directement touchés. Les lois antiouvrières amalgament 44 lois du travail en 4 lois et constituent un démantèlement de tous les arrangements précédents en matière de salaires, de relations de travail, de sécurité sociale, de santé et sécurité, et de conditions de travail.


Les fermiers à Bilaspur, dans l'État du Chhattisgarh

Les lois concernant les fermiers démantèlent même la forme limitée d'achat public des produits des fermiers par des agences de l'État qui existe présentement, et placent les fermiers à la merci des négociants privés qui agissent au nom des entreprises agricoles multinationales internationales. Les fermiers s'attendent à ce que les nouvelles lois éliminent même les prix minimaux de soutien qui sont établis pour les marchés en gros qui sont contrôlés par le gouvernement.

Les revendications immédiates des travailleurs comprennent des versements de montants mensuels d'argent comptant pour les familles pauvres, des rations de nourriture gratuites, le retrait des nouvelles lois antiouvrières et anti-fermiers, la fin de la privatisation des services publics et la fin de la privatisation d'installations manufacturières appartenant au secteur public et d'institutions de services comme les chemins de fer et les ports.

Les revendications immédiates des fermiers sont le retrait des nouvelles lois agricoles et une véritable protection par l'État, en particulier la garantie qu'ils obtiendront de meilleurs prix pour leurs produits. Les fermiers revendiquent depuis longtemps que les produits de leurs récoltes soient achetés à un prix qui représente au moins 50 % de plus que leur coût de production.

Ce saccage, qualifié de soi-disant réformes, est mené par l'État central sous une impunité complète et est présenté comme la réponse au besoin de « flexibilité », de « liberté » et de « choix ». Elle ne fera qu'aggraver la misère des travailleurs et des fermiers et elle est une attaque contre leur dignité humaine au nom des riches.

Le Marxiste-Léniniste salue l'action héroïque des travailleurs et des fermiers de l'Inde qui réclament justice et la capacité d'exercer leurs droits.

Rampur, Uttar Pradesh



Sitmahri, Bihar

Panjipara, Bengale-Occidental



Bilaspur, Chhattisgarh

Pune, Maharashtra

Odisha

(Photos : PTI, AIKSCC, ajplus)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 78 - 30 novembre 2020

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