Numéro 48 - 27 juillet 2020
Aux États-Unis, la sécurité est dans la
défense
des droits de tous et de toutes
À Portland, le peuple lutte contre le
déploiement des forces fédérales pour réprimer
les manifestations
Portland, Oregon, le Mur des mamans au premier
rang d'une manifestation le 22 juillet 2020
• Les
tentatives d'imposer le contrôle fédéral pour
résoudre le conflit d'autorités
- Kathleen Chandler -
• Ce
que Trump essaie d'accomplir en envoyant les
forces de police fédérales à Chicago déjà armées
jusqu'aux dents
- Voice of Revolution -
À titre d'information
• Des maires demandent le
retrait des forces fédérales
• La
procureure générale de l'Oregon intente un
procès pour empêcher les attaques contre les
manifestants par les forces fédérales
• Des
organisateurs de Chicago intentent un procès
Aux États-Unis, la sécurité est
dans la défense des droits de tous et de toutes
Les manifestations à Portland, Oregon, se
poursuivent et prennent de l'ampleur, car beaucoup
de gens se joignent aux manifestations contre
l'utilisation et la violence des forces fédérales
et l'absence totale de responsabilité pour leurs
actions. Les forces fédérales ont été envoyées à
Portland le 29 juin et ont continué à
intervenir, utilisant des gaz lacrymogènes sans
avertissement ni discernement. Elles ont matraqué
deux médecins de rue, un vétéran et d'autres
personnes et utilisé des balles en caoutchouc
létales et du poivre de cayenne contre les
journalistes. Au moins un manifestant a été
atteint au visage par une balle en caoutchouc
et a dû être hospitalisé pour une fracture du
crâne. Les gaz lacrymogènes sont utilisés tous les
soirs, couvrant littéralement le centre-ville d'un
nuage de gaz, malgré une ordonnance de la cour
fédérale – obtenue
par les manifestants en juin – interdisant l'utilisation des
gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc.
En date du 25 juillet, cela fait 58
jours que les manifestants de Portland
poursuivent leurs actions, dont plusieurs où ils
étaient plus de 10 000, en mai, pour se joindre
aux millions de personnes qui ont manifesté
partout aux États-Unis, pour exiger justice pour
la mort raciste de George Floyd aux mains de la
police. De nouveau, des milliers de personnes
exigent encore chaque
jour que les forces fédérales se retirent de
Portland et que les droits de tous et de toutes
soient protégés.
Le 17 juillet, des vidéos virales ont montré
les forces fédérales circulant dans des fourgons
banalisés enlever des manifestants dans les rues,
matraquer des manifestants pacifiques et tirer
encore une fois sans avertissement des gaz
lacrymogènes.
Le 18 juillet, des dizaines de mères sont
sorties et, coude à coude, se sont interposées
entre les forces fédérales lourdement armées et
les jeunes et les manifestants. Elles aussi ont
été la cible de tirs de gaz lacrymogène et
attaquées et, le lendemain, elles sont revenues
plus nombreuses. Une maman, exprimant l'opinion de
beaucoup, a déclaré : « Nous sommes devant
les lignes pour leur dire : 'Agents fédéraux,
rentrez chez vous, les mamans sont là'. Nous, les
mamans, nous disons : « Vous ne ferez pas de
mal à nos enfants'. » Ce rassemblement de mamans
s'appelle maintenant le « Mur des mamans » et
des sections de mamans sont en train d'être créées
dans plusieurs des villes du pays pour contribuer
à renforcer la résistance organisée. Les mamans
appellent également les forces fédérales à refuser
d'obéir à des ordres illégaux en scandant « Ne
tirez pas sur votre maman ».
Un large groupe de pères, connu sous le nom de
Leaf Blowers Against Tear Gas (Les souffleurs de
feuilles contre les gaz lacrymogènes) les a
rejointes. Les pères utilisent des souffleurs de
feuilles pour disperser les gaz lacrymogènes et
les souffler vers les forces fédérales. Comme l'a
dit l'un d'entre eux, « Tout le monde sait qu'un
souffleur de feuilles est l'outil que les papas
utilisent pour nettoyer les dégâts ».
Plus la police se fait juge, jury et bourreau,
plus elle s'engage dans des actions qui frôlent
les crimes de guerre et les crimes contre
l'humanité. Elle entrave également la liberté de
la presse. Elle met en colère des gens qui n'ont
jamais jusqu'ici participé aux manifestations..
Les forces fédérales déployées par le département
de la Sécurité intérieure (DHS) comprennent une
unité d'élite spéciale de l'Agence des douanes et
de la protection des frontières (BORTAC), une
unité tactique de patrouille frontalière,
couramment utilisée pour des missions très
dangereuses et violentes, notamment en Irak et en
Afghanistan. La BORTAC comprend des tireurs
d'élite et est équipée de grenades assourdissantes
qui étourdissent tous ceux et celles qui sont à
leur portée et elles peuvent provoquer la surdité,
de graves brûlures et sectionner des membres. Les
deux ont été utilisés à Portland.
Le service de contrôle de l'immigration et des
douanes (ICE) est également présent, ainsi que le
Service fédéral de protection qui est responsable
de la protection des édifices fédéraux. Les agents
du Service des Marshals des États-Unis sont
également impliqués ainsi que plusieurs autres
corps policiers. Tous sont généralement vêtus de
la même tenue militaire, lourdement armés et
agissent sans insigne ni veste d'identification et
sans porte-nom.
Des unités d'intervention rapide et d'arrestation
sont également déployées. Ces tactiques policières
pratiquées par la Sécurité intérieure des
États-Unis ont été utilisées lors du G-20 à
Toronto. Elles consistent en un double processus
de collecte de renseignements et d'extraction de
cibles.
« À Portland, Oregon, depuis plusieurs jours, des
agents fédéraux en tenue de combat patrouillent
les rues alors que se déroulent des manifestations
contre la brutalité policière. Ces forces, qui
travaillent pour le département de la Sécurité
intérieure, ont enlevé des gens dans les rues de
la ville, refusé de s'identifier et détenu des
personnes sans qu'aucune accusation ne soit
retenue contre elles. Elles sont apparemment
présentes pour protéger les édifices fédéraux des
manifestants. En pratique, elles semblent agir sur
un mandat beaucoup plus large qui est soit de
réprimer les manifestations, soit (à des fins plus
cyniques) de provoquer des confrontations au nom
d'une Maison-Blanche en perte de vitesse qui
espère qu'elles lui feront gagner des
votes », écrit David A. Graham dans The
Atlantic.
Le DHS a créé des unités de déploiement rapide de
« protection des communautés américaines »
après la proclamation du décret présidentiel de
Donald Trump du 26 juin. Ce décret fait de la
dégradation ou du déboulonnage des statues
fédérales un crime, alors que ces actions sont en
ce moment un des principaux moyens de protestation
contre le racisme gouvernemental et la
glorification des généraux confédérés et des
propriétaires d'esclaves. Les responsables du DHS
ont déclaré qu'ils s'attendent à une escalade des
« troubles » dans tout le pays au moins
jusqu'à l'élection de novembre.
Alors que la protection des édifices fédéraux,
comme les palais de justice, sert de justification
à cette intervention, il est clair que l'objectif
est d'accroitre la répression de la résistance et
de semer la terreur dans les villes, tout en
imposant un contrôle fédéral de la police sur les
autorités des États et des villes. Sous bien des
aspects, Portland est un exercice réel de Donald
Trump pour tester la capacité des forces du DHS à
exécuter des ordres injustes et illégaux, la
réaction des responsables des États et des
autorités locales, et la résistance des
manifestants.
À Portland et partout aux États-Unis, les forces
qui luttent pour un changement qui met fin au
racisme, aux morts aux mains de la police, à la
brutalité et à l'impunité, pour la justice,
l'égalité et la sécurité, ont répondu haut et fort
qu'elles étaient déterminées et nullement
intimidées par les tentatives des forces locales
et fédérales de réprimer leur mouvement de
protestation.
- Kathleen Chandler -
Oregon, 19 juillet 2020
L'un des principaux devoirs du président des
États-Unis est de préserver l'union et le pouvoir
de l'élite dirigeante. Un des principaux problèmes
qu'il rencontre actuellement est d'unifier la
bureaucratie militaire et d'établir le contrôle
présidentiel sur les nombreux services de police,
fédéraux, des États et des villes. Sans cela, en
raison des conflits entre et dans les rangs des
autorités fédérales, des États et des villes,
l'union pourrait éclater ou une autre guerre
civile violente pourrait éclater, ce que la classe
dirigeante dans son ensemble cherche désespérément
à éviter. L'utilisation actuelle des forces
fédérales dans les grandes villes fait partie de
cet effort pour imposer un plus grand contrôle
présidentiel. Cela est fait au nom du maintien de
l'ordre public et de la démocratie contre la « loi
de la foule » et la « violence
populaire ».
Donald Trump a déjà menacé de recourir à l'armée
dans les villes où les manifestations se
poursuivent, ce à quoi s'opposent même son propre
secrétaire à la Défense, Mark Esper, et de
nombreuses autres forces militaires. Aujourd'hui,
pour imposer un contrôle fédéral, il tente
d'utiliser les forces paramilitaires du
département de la sécurité intérieure (DHS) comme
le Service de contrôle de l'immigration et des
douanes (ICE) et une unité d'élite spéciale de
l'Agence des douanes et de la protection des
frontières (BORTAC) ainsi que celles du
département de la Justice, du FBI, de la Drug
Enforcement Administration et du Bureau des
alcools, tabacs, armes à feu et explosifs. La
police municipale de Portland, comme celle des
autres villes, n'a pas demandé d'aide et n'est pas
consultée. Comme l'ont également indiqué les
autorités de la ville, elle n'a pas le pouvoir
d'empêcher le déploiement des forces fédérales ou
de leur donner des ordres. Donald Trump a dit
qu'il allait envoyer des forces fédérales à
Albuquerque, Milwaukee, Chicago, Detroit, New
York, Philadelphie, Baltimore et Oakland.
Le maire de Portland, Ted Wheeler, s'est opposé à
l'intervention des forces fédérales. S'y opposent
également la gouverneure de l'Oregon, Kate Brown,
les deux sénateurs et les deux représentants de
l'Oregon. Le 20 juillet, Ted Wheeler et les
maires de Chicago, Seattle, Atlanta, Washington et
Kansas City ont envoyé une lettre au secrétaire à
la Sécurité intérieure, Chad Wolf, et au procureur
général des États-Unis, William Barr, dans
laquelle ils expriment leur opposition au
déploiement des forces fédérales : « Nous
vous écrivons pour exprimer notre profonde
inquiétude et notre objection au déploiement de
forces fédérales dans nos villes, car ces forces
mènent des activités de maintien de l'ordre sans
autorisation ni coordination avec les responsables
locaux de l'application de la loi. [...] Le
déploiement unilatéral de ces forces de type
paramilitaire dans nos villes est totalement
incompatible avec notre système démocratique et
nos valeurs les plus fondamentales. »
Portland, Oregon
Depuis, d'autres maires ont signé cette lettre,
notamment ceux de Los Angeles, San Jose, Oakland,
Tucson, Denver et Philadelphie. De plus, le
procureur de Philadelphie, Larry Krasner, a
déclaré que les forces fédérales qui arrêtent les
manifestants à Philadelphie seront arrêtées :
« Toute personne, y compris les agents des forces
de l'ordre fédérales, qui agresse et kidnappe
illégalement des gens fera face à des accusations
criminelles de mon bureau. » Faisant
référence à la lutte contre le fascisme pendant la
Deuxième Guerre mondiale, Larry Krasner a indiqué
que son bureau « n'excusera pas les actes
criminels commis par les forces de l'ordre qui
affaiblissent les libertés démocratiques pour
lesquelles tant d'Américains ont combattu et sont
morts ».
Philadelphie est l'une des villes où Donald Trump
prévoit déployer les forces fédérales, les autres
étant Albuquerque, Chicago, Detroit, Milwaukee,
Baltimore, New York et Oakland.
Le sénateur de l'Oregon, Jeff Merkley, a
déclaré : « Les forces fédérales ont tiré sur
un manifestant non armé et l'ont blessé au visage.
Ces forces de l'ombre ont provoqué une escalade de
la violence, au lieu de l'empêcher ». À la
suite de ce tir du 11 juillet, le sénateur
Ron Wyden a déclaré : « Trump et sa sécurité
intérieure doivent maintenant expliquer pourquoi
les agents fédéraux agissent comme une armée
d'occupation ». Comme le maire de Portland,
Ted Wheeler, et la gouverneure de l'Oregon, Kate
Brown, ils ont exigé que les forces fédérales
quittent Portland parce que cela constitue « un
abus de pouvoir flagrant du gouvernement
fédéral ».
Cependant, il faut souligner que ces mêmes
personnes n'ont pas condamné la violence et
l'utilisation de gaz lacrymogènes et de balles en
caoutchouc contre les manifestants par la police
municipale –
qui était à un tel niveau qu'un juge
fédéral a interdit leur utilisation. Leur
préoccupation, comme celle des maires et des
gouverneurs ailleurs au pays, ne porte pas sur les
droits du peuple et ses revendications d'égalité
et de changement, mais plutôt sur qui exerce le
monopole du recours à la force. Le président agit
de manière à avoir le monopole du recours à la
force dicté par le bureau du président, avec ou
sans le consentement des autorités locales et des
États.
L'« exercice réel » en cours permet
également d'établir des relations directes entre
les services de police fédéraux et les services de
police municipaux en contournant les élus, comme
le fait à l'étranger le Pentagone avec les forces
militaires des autres pays. À Portland, c'est le
diktat qui est utilisé plutôt que les négociations
avec les autorités politiques et policières
locales. À Chicago, une approche différente a été
adoptée : celle de la négociation avec le
maire et les forces de police de la ville. Cela
s'explique sans doute en partie par le fait que
les responsables de la police ont spécifiquement
demandé à Donald Trump d'intervenir. De plus,
Chicago est une ville beaucoup plus grande avec
des effectifs policiers imposants. Les
manifestations sont également beaucoup plus
importantes, tout comme la population.
La résistance montre la voie à suivre pour
l'affirmation du peuple
Le secrétaire à la Sécurité intérieure, Chad
Wolf, a clairement indiqué que les forces
fédérales allaient intensifier leurs actions
illégales et la répression de la résistance. Pour
justifier une intervention fédérale plus forte, il
ne cesse de traiter les manifestations de « meute
violente » et les manifestants de « criminels
violents » et d'« anarchistes
subversifs ». Le 16 juillet, il a
déclaré : « La ville de Portland est assiégée
depuis 47 jours consécutifs par une foule
violente alors que les dirigeants politiques
locaux refusent de rétablir l'ordre pour protéger
leur ville. [...] Un palais de justice fédéral est
un symbole de justice –
l'attaquer, c'est attaquer
l'Amérique. »
Wolf fait ainsi écho aux tentatives de Donald
Trump d'usurper le droit de déclarer qui est et
qui n'est pas un « Américain ». Les récents
discours de Trump, le décret présidentiel faisant
de la dégradation des statues un crime, qui a
renforcé l'utilisation des forces fédérales dans
les villes, sont tous des tentatives de
criminaliser les personnes qui défendent les
droits, et des justifications pour des mesures
fédérales plus larges et plus violentes.
Face à la recrudescence de la résistance à
Portland, Donald Trump a déclaré le 20
juillet : « Nous allons avoir plus
d'application de la loi fédérale, je peux vous le
dire... À Portland, ils ont fait un travail
fantastique... Ils les attrapent, beaucoup de gens
sont en prison. Ce sont des leaders. Ces gens sont
des anarchistes, ce ne sont pas des manifestants.
Les gens disent 'manifestants'. Ces gens sont des
anarchistes. Ce sont des gens qui détestent notre
pays. »
Le 21 juillet, dans une entrevue à Fox News,
Chad Wolf a déclaré : « Parce que nous
n'avons pas ce soutien des forces de l'ordre
locales, nous devons sortir et arrêter des
individus de manière proactive, et nous devons le
faire parce que nous devons les tenir
responsables ». D'après l'expérience
actuelle, cela signifie que, sans motif probable
et en agissant contre des personnes qui n'ont
commis aucun crime, toute personne considérée
comme « attaquant l'Amérique » sera arrêtée
et détenue. Également, les forces fédérales
détiennent, fouillent et interrogent des
personnes, puis les libèrent sans trace de leur
détention, ce qui rend toute responsabilisation
d'autant plus difficile que les agents fédéraux
prétendent que la détention n'a jamais eu lieu.
Donald Trump, Chad Wolf et Mark Morgan, le
commissaire aux douanes et à la protection des
frontières, tentent de criminaliser la résistance
en imposant leur seule autorité sur la manière et
le moment d'utiliser la force. Des millions de
manifestants ne font clairement pas partie de «
leur Amérique ». Ceux qui sont aux côtés des
manifestants et qui soutiennent leurs
revendications, la grande majorité des gens, ne le
sont pas non plus. Tous doivent être soumis à la
violence et aux attaques préventives.
Les affirmations des différents responsables
politiques locaux et des États selon lesquelles
les actions de Donald Trump sont
inconstitutionnelles ou « incompatibles avec notre
système démocratique » sèment la confusion,
car la Constitution dont ils parlent n'est plus
capable d'exercer l'autorité dans le pays. En
raison de la restructuration inhérente de l'État
dont les fonctions ont été usurpées par des
intérêts privés étroits à cause de l'offensive
néolibérale antisociale de l'État, le pouvoir de
décision a été largement concentré dans la
présidence. Le Congrès est dysfonctionnel et les
tribunaux consolident le pouvoir de l'exécutif,
même si certains jugements défendent le partage
des pouvoirs entre les autorités fédérales et
celles des États comme cela est inscrit dans la
Constitution et la Déclaration des droits. La
Constitution ne met fin ni aux pouvoirs de police
du président ni à l'utilisation des forces
fédérales contre le peuple.
En réalité, l'idée que l'on peut s'appuyer sur la
Constitution n'atténue pas les conflits de plus en
plus profonds entre les autorités fédérales, les
autorités des États et les autorités locales,
comme le montre l'exemple de Portland. À
l'approche de l'élection présidentielle, les
conditions de guerre civile ouverte entre les
factions qui se disputent le pouvoir sont toujours
présentes. Donald Trump tente de prendre le dessus
en mettant en place des forces du DHS et du
département de la Justice qui lui sont loyales au
cas où l'armée ferait scission ou que d'autres
services de police refuseraient ses ordres.
La résistance courageuse de Portland et des
autres villes, en rejetant la violence de tous les
services de police, la militarisation généralisée
de la vie et en s'en tenant au principe selon
lequel le changement doit être en faveur du
peuple, montre la voie à suivre. Ceux qui
gouvernent actuellement à tous les niveaux sont
considérés comme inaptes à gouverner. La façon
dont ils gèrent non seulement les morts aux mains
de la police et le racisme du gouvernement, mais
aussi la pandémie de la COVID-19, en est une
preuve flagrante. Par leur résistance organisée,
les forces du peuple s'investissent du pouvoir,
comme le montre le Mur des mamans. Elles refusent
les efforts faits pour les rallier à une faction
ou une autre des représentants des riches. Elles
s'obstinent à atteindre leurs objectifs de
justice, d'égalité, de sécurité et de paix.
- Voice of Revolution -
Chicago, 28 juin 2020
Le 22 juillet, le président Donald Trump a
annoncé qu'il enverra des centaines de membres des
forces fédérales du FBI et du département de la
Sécurité intérieure (DHS) et du département de la
Justice à Chicago. Ils sont déployés au nom de
l'aide à la lutte contre le crime violent, en
particulier les homicides et les fusillades.
Cependant, si on se fie à ce qui se passe à
Portland, ils seront vraisemblablement utilisés
contre les manifestations qui se poursuivent pour
exiger la fin de la brutalité policière raciste et
l'inégalité raciale, et réclamer que les droits de
tous soient garantis. La communauté
afro-américaine de Chicago est grande et active
politiquement, comme le sont les communautés
mexicaines, portoricaines et immigrantes qui
participent activement aux manifestations
actuelles de Black Lives Matter.
Il n'est pas surprenant que les organisateurs de
Black Lives Matter et d'autres soient diffamés et
étiquetés comme des trafiquants de drogues et
ciblés par les forces fédérales de Trump au nom de
la lutte contre la drogue. Dans ce sens, le
prétexte diffère de celui utilisé à Portland en
Oregon, mais l'objectif du pouvoir exécutif
présidentiel de contrôler les pouvoirs de police à
tous les niveaux (fédéral, État, municipal) et de
supprimer la résistance au nom de la loi et de
l'ordre demeure le même.
Les forces fédérales comprennent le FBI, la Drug
Enforcement Administration (DEA) et le Bureau
américain des alcools, du tabac, des armes à feu
et des explosifs (ATF), toutes notoires pour leurs
coups montés et leurs pièges pour incriminer des
gens à tort, notamment les organisateurs du
mouvement populaire pour l'affirmation des droits,
par des accusations de trafic de drogues et de
meurtre, alors qu'elles-mêmes fournissent des
armes et de la drogue aux cartels.
La DEA et le FBI travaillent depuis longtemps
avec le service de police de Chicago (CPD),
notamment au centre de détention connu sous le nom
d'Homan Square. À ce centre, des milliers de
personnes, principalement des Afro-Américains ou
Latino-Amméricains et des manifestants comme ceux
qui manifestent contre l'OTAN, ont été
illégalement interrogées et torturées, battues,
privées de sommeil, privées de nourriture et d'eau
pendant de longues périodes, menacées de fausses
accusations et ainsi de suite, tout en se voyant
refuser de communiquer avec des avocats. Homan
Square a été la cible des manifestations et
beaucoup prévoient que les forces fédérales seront
utilisées pour la protéger.
Le Service de contrôle de l'immigration et des
douanes (ICE) et une unité d'élite spéciale de
l'Agence des douanes et de la protection des
frontières (BORTAC) sont déjà présents à Chicago
et leurs effectifs pourraient y être augmentés. La
BORTAC a été déployée à Chicago en février dans le
cadre de la campagne de représailles de Trump
contre les villes sanctuaires qui ont donné
l'ordre à la police locale de ne pas coopérer avec
l'ICE pour détenir des immigrants.
La police de Chicago a un long passé de coups
montés contre les organisateurs et d'assassinats
purs et simples comme, par exemple, celui de Fred
Hampton du parti Black Panthers. Le mouvement à
Chicago s'attend maintenant à des interventions de
ce genre de la part de la police fédérale et
locale, ou à des accusations comme celle de
participer à une émeute. On s'attend également à
ce que le département de la sécurité intérieure
déploie des forces additionnelles de même que de «
unités de déploiement rapide de protection des
communautés américaines » formées récemment
et qui ont pour mandat de protéger les édifices et
les propriétés fédéraux et de prévenir les «
agitations sociales ».
En annonçant le déploiement, Trump a blâmé les
manifestants, les accusant de violence
criminelle : « Ces dernières semaines, il y a
eu un mouvement radical pour démanteler et
dissoudre nos services de police. Des politiciens
extrémistes ont rejoint cette croisade antipolice
et dénigrent sans relâche nos héros des forces de
l'ordre. Les appels à mettre fin aux services de
police dans leurs propres communautés ont conduit
à une explosion choquante de fusillades, de
meurtres et de crimes de violence odieux. »
Trump établit ainsi la justification pour
criminaliser davantage les manifestants et les
cibler comme responsables de la criminalité tout
en essayant d'obtenir le soutien des forces de
police locales.
Les représentants élus sont contournés
Un des objectifs que Trump cherche à accomplir à
Chicago est le renforcement du contrôle fédéral
sur le monopole du recours à la force sans heurter
directement le puissant service de police de
Chicago (CPD). C'est la raison pour laquelle des
négociations ont lieu et que des promesses sont
faites de s'attaquer au crime et non aux
manifestants. Ces forces sont censées porter les
uniformes réguliers du FBI, de l'ICE et de la DEA,
mais elles agissent à couvert lorsqu'il s'agit de
la lutte contre la drogue et elles pourraient
déployer secrètement des agents dans les
communautés. Cela fait longtemps que le FBI
infiltre les organisations dans les mouvements et
il intensifiera vraisemblablement ses efforts dans
ce sens. De plus, une fois ces agents déployés, il
n'est pas certain que la « coordination »
promise se réalisera.
Il est possible aussi que si les politiciens
locaux s'opposent aux actions des forces
fédérales, les forces policières, elles, ne s'y
opposent pas. Des relations directes sont en train
d'être établies entre les agences de police
fédérales et locales, contournant les
représentants élus, comme à Homan Square. Cela
renforce le contrôle fédéral sur le monopole du
recours à la force qui est un objectif principal
du pouvoir exécutif présidentiel en ce moment.
« Si les agents fédéraux sont déployés, il est
essentiel qu'ils coordonnent leur action avec le
service de police de Chicago et travaillent avec
nous pour combattre le crime violent à
Chicago », a déclaré la porte-parole de la
police de Chicago, Kellie Bartoli. Aucune mention
n'a été faite d'une coordination avec les élus.
Le chef du syndicat de la police a écrit à Trump
pour lui demander l'envoi des forces fédérales.
Reprenant à son compte les attaques de Trump
contre les maires des villes, il a dit : « Je
suis certain que vous êtes au courant du chaos
continuel qui règne présentement dans notre ville.
J'écris pour vous demander formellement de l'aide
du gouvernement fédéral. La mairesse Lightfoot a
lamentablement échoué dans ses fonctions et elle
n'a ni la volonté ni la capacité de maintenir la
loi et l'ordre ici. »
Les élus ont exprimé leurs doutes sur le rôle des
forces fédérales. Si la mairesse Lori Lighfoot et
le gouverneur J.B. Pritzker se sont dit d'accord
avec le déploiement, ils l'ont d'abord rejeté et
continuent d'exprimer des réservations.
« Notre démocratie est en jeu, et il n'est pas
question que je laisse quiconque – même
s'il porte le nom de président –
amener ce type de troupes dans notre ville et
essayer de s'en prendre à nos résidents, a dit la
mairesse Lightfoot dans un premier temps. Cela
n'arrivera pas à Chicago. Et je vais utiliser tout
ce que j'ai à ma disposition pour les
arrêter. »
Le 20 juillet, la mairesse Lightfoot a aussi
signé une lettre des maires de plusieurs villes
des États-Unis contre le déploiement de forces
fédérales dans leur ville. Cependant, le même
jour, dans une lettre à Trump, elle a accepté le
déploiement sur la base de lutter contre le crime
et la « drogue ». « Ce dont nous n'avons pas
besoin et qui va certainement rendre notre ville
moins sécuritaire, ce sont des agents fédéraux
agissant en secret à Chicago. Toute autre forme
d'aide militarisée sur notre territoire qui ne
serait pas sous notre contrôle ou sous le
commandement direct du service de police de
Chicago serait désastreuse. »
L'expérience actuelle démontre que ce sont les
forces fédérales et non le service de police de
Chicago qui prendront le contrôle, dressant deux
forces lourdement armées l'une contre l'autre et
contre le peuple.
Le gouverneur Pritzker s'est lui opposé aux
forces fédérales au début. Il a dit : « Nous
allons faire tout ce que nous pouvons pour
qu'elles ne soient pas déployées. Et si elles le
sont, nous allons faire tout ce que nous pouvons
d'un point de vue juridique pour qu'elles s'en
aillent. » Puis, après avoir parlé avec le
FBI, il a dit : « Je suis heureux de recevoir
les ressources légitimes du gouvernement fédéral
qui permettent de réduire la violence et aident
nos résidents à demeurer en sécurité. »
Parlant de la tactique d'enlèvement « snatch and
grab » de la sécurité intérieure, il a
ajouté : « Je parle de cette autre chose qui
se produit lorsque des gens portent des vêtements
de camouflage, sans identification, affirmant
protéger les édifices fédéraux alors qu'ils sont à
plusieurs rues des édifices et poussent des gens
dans des camionnettes et les arrêtent sans leur
dire pourquoi et les gardent pendant des heures
avant de les relâcher. C'est quelque chose
d'inacceptable dans l'État de l'Illinois. »
Selon des reportages, la mairesse et le
gouverneur auraient accepté le déploiement des
forces fédérales parce que, entre autres choses,
le procureur américain pour le District Nord de
l'Illinois, John Lausch, est « dans le coup »
en ce qui concerne le déploiement et « aide à
gérer les forces additionnelles ». Lausch
fait partie des forces fédérales et travaille à en
assurer le contrôle et il s'est engagé à
travailler dans un esprit de «
collaboration ». Les communautés
afro-américaines, portoricaines,
mexicaines-américaines et asiatiques et les
Autochtones savent très bien que cette «
collaboration » signifie en fait le diktat
brutal, les manoeuvres illicites et l'utilisation
de la force. Les peuples d'Irak, d'Afghanistan et
d'autres pays savent très bien ce que signifie
cette « collaboration ».
Le déploiement des forces fédérales à Chicago,
comme à Portland et dans les autres villes plus
grandes que Trump a dans sa mire, est
principalement un moyen d'exercer un contrôle
fédéral sur les forces de police et de réprimer la
résistance, ce qui est un test pour déterminer si
le président est capable de préserver l'union qui
est minée par la rivalité d'intérêts privés
étroits et par des divisions de toutes sortes.
Depuis les attentats du 11 septembre, toutes
les nouvelles agences fédérales ont été créées
avec l'objectif d'assurer la domination d'intérêts
privés étroits aux États-Unis et dans le monde.
L'affrontement entre différents niveaux d'autorité
a provoqué une résistance et une opposition
déterminées au niveau local et de l'État et au
sein des agences de police et de la bureaucratie
militaire. Plusieurs invoquent la Constitution et
la division des pouvoirs bien que les
développements démontrent que ces arrangements ne
leur permettent plus de contenir ou de gérer les
différends dans les rangs de ceux qui gouvernent
et entre ces derniers et le peuple.
Chicago, 11 juillet 2020
Quelles forces seront loyales au bureau du
président et lesquelles ne le seront pas ?
Trump réussira-t-il à demeurer président en disant
que la loi et l'ordre résouddront la crise au pays
ou la classe dirigeante décidera-t-elle qu'elle
peut mieux atteindre ses objectifs en trouvant un
meilleur champion qui puisse unir les
bureaucraties civiles, industrielles et
militaires ? Les élections vont-elles se
dérouler sans violence au pays et sans une guerre
à l'étranger ? Telles sont les préoccupations
que beaucoup partagent en ce moment et auxquelles
seul le mouvement du peuple pour l'affirmation de
ses droits peut répondre d'une façon qui le
favorise et qui écarte les dangers de la situation
actuelle.
Le mouvement ouvrier et populaire aux États-Unis
a une riche expérience. Il sait que l'enjeu n'est
pas de savoir si les forces fédérales peuvent agir
en secret ou doivent porter l'uniforme en ce qui
concerne leur déploiement dans les villes et les
communautés. Les travailleurs et le peuple savent
que les forces policières des États sont
militarisées et que ce n'est ni mieux ou
préférable que ce soient elles qui soient
déployées. La lutte au sein des cercles dirigeants
pour le contrôle du monopole de l'usage de la
force porte sur où réside le pouvoir décisionnel.
Son enjeu est de déterminer si le bureau
présidentiel peut contrôler les autorités locales
et des États ou si les autorités locales et des
États vont défier cette centralisation, tout cela
en faveur d'intérêts privés étroits rivaux.
Au nom d'éviter la guerre civile et de préserver
l'union, une guerre civile de facto se mène sur
plusieurs fronts et de mille et une façons. Malgré
leur rivalité, les autorités étatiques et
fédérales sont d'un commun accord pour attaquer le
mouvement de résistance du peuple et le faire
disparaître. Loin de prendre parti pour l'un ou
l'autre côté dans cette guerre civile, le peuple
prend parti pour lui-même.
Les développements qui se produisent aux
États-Unis nous enseignent avant toute autre chose
que nous avons besoin d'une démocratie moderne
centrée sur le peuple qui s'oppose au recours à la
force pour résoudre les problèmes en activant le
facteur humain/conscience sociale et en unissant
le peuple sans relâche, courageusement et
héroïquement, comme dans le mouvement actuel,
comme le font les membres des communautés, en
parlant en leur propre nom, en faveur de leurs
intérêts et des droits de tous.
La résistance croissante a démontré clairement
que le peuple américain n'accepte pas d'être
réprimé par les forces de police, qu'elles soient
locales ou fédérales, et qu'il n'accepte pas les
attaques brutales qui sont perpétrées par les deux
niveaux. La sécurité et la santé résident dans la
défense des droits, dans la lutte pour le droit
humain au logement, à la santé et à un emploi et
dans une démocratie qui est bâtie par le peuple.
C'est ce mouvement qui investit le peuple du
pouvoir et déjoue la mainmise des oppresseurs,
leur pouvoir et leur brutalité, leur violence
meurtrière, leurs institutions et leur impunité.
Une organisation de Chicago a dit que Trump «
devrait financer les services de santé et soutenir
les programmes d'aide à la population. Il devrait
financer l'éducation publique pour que les écoles
puissent rouvrir en sécurité. Nous savons ce qui
fonctionne et la dernière chose dont nous avons
besoin, ce sont des agents fédéraux qui harcèlent
les résidents et violent leurs droits. »
« L'intensification du niveau de surveillance et
la militarisation de nos communautés n'augmentent
pas notre sécurité, qu'elles soient le fait des
agents fédéraux ou du service de police de
Chicago, écrit une autre organisation. Le retrait
du financement de la police, l'investissement dans
l'éducation, les emplois et la santé mentale,
voilà ce qui va augmenter notre sécurité. »
La sécurité est dans la lutte pour les droits de
tous et toutes. Tel est le principe qui guide les
actions du peuple dans tout le pays.
À titre
d'information
La lettre suivante s'opposant à
l'utilisation des forces fédérales dans leur
ville a été écrite le 20 juillet par le
maire Ted Wheeler de Portland, Oregon avec les
maires de Seattle, Chicago, Atlanta, Washington
et Kansas City, au Missouri, au chef du
département de la Sécurité intérieure Chad Wolf
et au procureur général américain William Barr.
D'autres maires ont signé depuis, y compris ceux
de Los Angeles, San José, Oakland, Tucson,
Denver et Philadelphie.
Cher procureur général Barr et secrétaire par
intérim Wolf,
Nous écrivons pour exprimer notre profonde
préoccupation et notre objection au déploiement de
forces fédérales dans nos villes, car ces forces
mènent des activités d'application de la loi sans
coordination ni autorisation des responsables
locaux de l'application des lois.
Le déploiement unilatéral de ces forces dans les
villes américaines est sans précédent et viole les
protections constitutionnelles fondamentales et
les principes du fédéralisme. Comme vous le savez
bien, le président Trump a menacé de déployer des
forces fédérales à Seattle pour « nettoyer »
une zone de manifestations et à Chicago pour «
nettoyer » la ville. Les autorités de Seattle
et de Chicago se sont opposées et ont menacé de
poursuites judiciaires pour arrêter de telles
actions. À Washington, près de Lafayette Park, des
mesures extrêmes ont été prises par les forces de
l'ordre fédérales contre les manifestants sans
l'approbation de la mairesse. Le secrétaire
adjoint par intérim de la Sécurité intérieure, Ken
Cuccinelli, a déclaré ces derniers jours que
l'administration avait l'intention « de continuer
non seulement à Portland, mais dans toutes les
installations dont nous sommes responsables
partout au pays ». Cet abus de pouvoir ne
peut pas continuer.
Le déploiement des forces fédérales dans les rues
de nos communautés n'a pas été demandé et n'est
pas acceptable. Alors que les marshal américains
ont compétence à l'intérieur des palais de justice
fédéraux depuis des décennies, il est inacceptable
et effrayant que cette administration ait formé et
mis en action l'unité de déploiement rapide du
département américain de la Sécurité intérieure et
envoie les autorités fédérales pour contrôler les
foules dans les rues de la ville et détenir des
individus. À Portland, leurs actions ont
intensifié les événements et accru le risque de
violence contre les civils et les agents des
forces de l'ordre locaux.
À Portland, les forces fédérales ont utilisé tous
les soirs une force importante contre les
manifestants, notamment en tirant sur un individu
à la tête avec une munition, lui fracturant le
crâne, selon les rapports. D'autres ont «
saisi » un individu dans la rue sans
identification appropriée et l'ont placé dans un
véhicule banalisé.
Ce sont des tactiques que nous attendons des
régimes autoritaires –
pas de notre démocratie.
Dans beaucoup de nos villes, nos communautés ont
des attentes en matière d'application de la loi, y
compris l'identification des agents, la formation
et les images enregistrées par des caméras
corporelles, parmi de nombreuses autres attentes
et politiques.
Ces attentes sont ignorées de façon flagrante par
les forces fédérales. Dans la plupart des villes,
il existe également une surveillance indépendante
des politiques de recours à la force et des agents
qui agissent en dehors de la politique. Les agents
fédéraux n'ont pas été formés à la police
communautaire urbaine, y compris aux techniques
critiques de gestion des foules et de désescalade
des tensions. Il n'y a aucun contrôle sur les
actions des forces fédérales. Surtout, à Portland,
ils ne semblent même pas se conformer à une
ordonnance du tribunal fédéral concernant
l'utilisation de gaz lacrymogène et d'autres
outils de contrôle des foules. Ces actions mettent
également en péril les nombreuses façons
importantes dont les forces de l'ordre fédérales
et locales doivent travailler ensemble pour
protéger nos villes et notre pays.
En outre, il est préoccupant que la police
fédérale soit déployée à des fins politiques. Le
président et son administration attaquent
continuellement les dirigeants locaux et
amplifient la rhétorique fausse et qui divise
uniquement sous prétexte de la campagne
[présidentielle]. Leurs paroles et leurs actions
ont créé un environnement de peur et de méfiance.
Nous sommes une nation de lois et de garanties
constitutionnelles fondamentales. Le meurtre de
George Floyd à Minneapolis a déclenché un
soulèvement national et une demande de reddition
de comptes. Des millions de personnes ont rejoint
les manifestations et exercé leurs droits
constitutionnels. La majorité des manifestations
ont été pacifiques et visaient à améliorer nos
communautés. Là où ce n'est pas le cas, cela ne
justifie toujours pas le recours aux forces
fédérales. Le déploiement unilatéral de ces forces
de type paramilitaire dans nos villes est
totalement incompatible avec notre système
démocratique et nos valeurs les plus
fondamentales.
Des villes à travers l'Amérique sont confrontées
à des défis sans précédent : la menace
continue de la COVID-19, la dévastation économique
et un nouveau mouvement pour les droits civiques.
Les maires sont en première ligne pour résoudre
ces problèmes. Nous avons besoin de l'aide de
notre gouvernement fédéral et nous avons exhorté
une série d'actions pour lutter contre la
COVID-19, apporter une aide à nos travailleurs,
nos entreprises et nos villes, et instituer une
police plus juste en Amérique. Mais les actions
irresponsables de vos agences menacent la sécurité
de la communauté et les progrès de la police dans
nos communautés.
Nous vous demandons instamment de prendre des
mesures immédiates pour retirer vos forces et
d'accepter de ne plus les déployer unilatéralement
dans nos villes.
Cordialement,
Jenny A. Durkan
Mairesse de Seattle, Washington
Keisha Lance Bottoms
Mairesse d'Atlanta, Géorgie
Lori Lightfoot
Mairesse de Chicago, Illinois
Muriel Bowsera
Mairesse de Washington, district de
Columbia
Quinton D. Lucas
Maire de Kansas City, Missouri
Ted Wheeler
Maire de Portland, Oregon
Les manifestations à Portland continuent de
prendre de l'ampleur malgré
la répression par l'État, le 22
juillet 2020.
Le 18 juillet, la procureure générale de
l'Oregon, Ellen Rosenblum, a intenté une poursuite
contre les forces fédérales pour obtenir une
injonction restrictive qui empêcherait les agents
fédéraux de faire des arrestations. Dans sa
démarche, elle accuse les agents fédéraux
d'arrêter des manifestants sans raison valable, de
les emmener de force dans des véhicules banalisés
et d'utiliser une force excessive. La poursuite
vise les agents de la Sécurité intérieure, y
compris la Protection des douanes et des
frontières des États-Unis, le Service fédéral de
protection et le Service des Marshals des
États-Unis.
Selon le recours en
justice, les agents fédéraux « se servent depuis
au moins le mardi 14 juillet de véhicules
banalisés pour circuler autour du centre-ville de
Portland, détenir des manifestants et les jeter
dans les voitures banalisées de ces agents, les
retirant de la vue du public sans les arrêter ni
expliquer pourquoi on les arrête. ».
« L'identité des agents est inconnue et il est
impossible de savoir à quelle agence ils
appartiennent, alors que des vidéos et des
rapports montrent que les agents en question
portent des uniformes militaires avec des insignes
qui disent tout simplement 'POLICE', sans
aucune autre information permettant de les
identifier », peut-on lire dans le recours en
justice. Selon ce dernier, de telles actions
incitent les citoyens « qui craignent avec raison
d'être enlevés et poussés dans des fourgonnettes
banalisées – probablement par des agents fédéraux,
probablement par des individus opposés aux
manifestations » d'exercer leur droit de
rassemblement tel que stipulé par le Deuxième
amendement.
L'action en justice cible principalement le
phénomène des arrestations donc il n'est pas clair
si même avec l'obtention d'une injonction, la
violence et les attaques contre les manifestants
par les forces fédérales se poursuivront.
Rosenblum n'a pas encore affirmé si son bureau
irait jusqu'à arrêter les agents fédéraux
impliqués dans ces arrestations illégales et ce
recours à la force excessive. À ce jour, seul le
procureur général de la Philadelphie a affirmé
qu'il procéderait à de telles arrestations.
Plusieurs organisations de Chicago qui
participent activement aux manifestations
continues en ce moment ont intenté une poursuite
en justice pour tenter d'empêcher les forces
policières fédérales d'intervenir et de supprimer
la résistance. Plusieurs anticipent avec raison
qu'elles ciblent les manifestants ou les membres
de la communauté sous le prétexte de combattre la
drogue et le crime – en particulier les
Afro-Américains et les Américains d'origine
mexicaine ou portoricaine – et que les forces
fédérales auront recours à la violence contre les
résidents de Chicago.
Une organisatrice
affirme que la stratégie fédérale vis-à-vis
Chicago est de se servir du crime comme prétexte
pour « éteindre la juste rage et la colère face
aux meurtres continues contre les personnes noires
par la police ». Elle ajoute : « Nous ne
nous laisserons pas intimider. Nous ne serons pas
forcées à supprimer notre rage, nous allons
continuer de riposter ».
L'avocat responsable de la poursuite a dit :
« La poursuite judiciaire vise l'obtention d'une
injonction restrictive pour empêcher les agents
fédéraux de violer le premier et le quatrième
amendement des manifestants, des observateurs
juridiques et des journalistes », tous ceux
qui ont subi la violence policière contre eux. Le
premier amendement défend la liberté de parole et
d'assemblée tandis que le quatrième amendement les
protège contre les fouilles et les saisies
déraisonnables.
La poursuite vise l'obtention d'une injonction
pour empêcher les agents à Chicago de faire des
arrestations et de détenir les gens sans raison
valable, ainsi que pour exiger que les agents
s'identifient, eux et leur agence, et expliquent
pourquoi ils arrêtent quelqu'un. Il affirme que le
déploiement planifié d'agents fédéraux a déjà fait
en sorte que les membres de certaines
organisations n'osent pas se présenter aux
manifestations cette fin de semaine « en raison de
craintes fondées qu'ils seront brutalisés ou
enlevés par des agents fédéraux ». En
conclusion, elle dit : « Les plaignants ont
droit à la protection par les tribunaux de leur
droit constitutionnel de manifester pacifiquement.
Cette cour doit empêcher les actions effrénées et
illégales de la branche exécutive. »
L'action en justice nomme le procureur général
William Barr, le dirigeant du département de la
Sécurité intérieure (DHS) Chad Wolf et divers
représentants du DHS, y compris l'Agence de
l'Immigration et des Douanes (ICE), la Protection
des douanes et des frontières (CBP), et le
département de la Justice, y compris la Drug
Enforcement Agency (DEA), ainsi que les marshals
des États-Unis, le FBI et les « agents
inconnus » du gouvernement fédéral qui
doivent tous participer au déploiement.
Pour voir l'action en justice dans son intégrité,
cliquer
ici.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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