Aux États-Unis, la sécurité est dans la défense des droits de tous et de toutes

À Portland, le peuple lutte contre le déploiement des forces fédérales pour réprimer les manifestations

Les manifestations à Portland, Oregon, se poursuivent et prennent de l'ampleur, car beaucoup de gens se joignent aux manifestations contre l'utilisation et la violence des forces fédérales et l'absence totale de responsabilité pour leurs actions. Les forces fédérales ont été envoyées à Portland le 29 juin et ont continué à intervenir, utilisant des gaz lacrymogènes sans avertissement ni discernement. Elles ont matraqué deux médecins de rue, un vétéran et d'autres personnes et utilisé des balles en caoutchouc létales et du poivre de cayenne contre les journalistes. Au moins un manifestant a été atteint au visage par une balle en caoutchouc et a dû être hospitalisé pour une fracture du crâne. Les gaz lacrymogènes sont utilisés tous les soirs, couvrant littéralement le centre-ville d'un nuage de gaz, malgré une ordonnance de la cour fédérale  obtenue par les manifestants en juin  interdisant l'utilisation des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc.

En date du 25 juillet, cela fait 58 jours que les manifestants de Portland poursuivent leurs actions, dont plusieurs où ils étaient plus de 10 000, en mai, pour se joindre aux millions de personnes qui ont manifesté partout aux États-Unis, pour exiger justice pour la mort raciste de George Floyd aux mains de la police. De nouveau, des milliers de personnes exigent encore chaque jour que les forces fédérales se retirent de Portland et que les droits de tous et de toutes soient protégés.

Le 17 juillet, des vidéos virales ont montré les forces fédérales circulant dans des fourgons banalisés enlever des manifestants dans les rues, matraquer des manifestants pacifiques et tirer encore une fois sans avertissement des gaz lacrymogènes.

Le 18 juillet, des dizaines de mères sont sorties et, coude à coude, se sont interposées entre les forces fédérales lourdement armées et les jeunes et les manifestants. Elles aussi ont été la cible de tirs de gaz lacrymogène et attaquées et, le lendemain, elles sont revenues plus nombreuses. Une maman, exprimant l'opinion de beaucoup, a déclaré : « Nous sommes devant les lignes pour leur dire : 'Agents fédéraux, rentrez chez vous, les mamans sont là'. Nous, les mamans, nous disons : « Vous ne ferez pas de mal à nos enfants'. » Ce rassemblement de mamans s'appelle maintenant le « Mur des mamans » et des sections de mamans sont en train d'être créées dans plusieurs des villes du pays pour contribuer à renforcer la résistance organisée. Les mamans appellent également les forces fédérales à refuser d'obéir à des ordres illégaux en scandant « Ne tirez pas sur votre maman ».

Un large groupe de pères, connu sous le nom de Leaf Blowers Against Tear Gas (Les souffleurs de feuilles contre les gaz lacrymogènes) les a rejointes. Les pères utilisent des souffleurs de feuilles pour disperser les gaz lacrymogènes et les souffler vers les forces fédérales. Comme l'a dit l'un d'entre eux, « Tout le monde sait qu'un souffleur de feuilles est l'outil que les papas utilisent pour nettoyer les dégâts ».

Plus la police se fait juge, jury et bourreau, plus elle s'engage dans des actions qui frôlent les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité. Elle entrave également la liberté de la presse. Elle met en colère des gens qui n'ont jamais jusqu'ici participé aux manifestations..

Les forces fédérales déployées par le département de la Sécurité intérieure (DHS) comprennent une unité d'élite spéciale de l'Agence des douanes et de la protection des frontières (BORTAC), une unité tactique de patrouille frontalière, couramment utilisée pour des missions très dangereuses et violentes, notamment en Irak et en Afghanistan. La BORTAC comprend des tireurs d'élite et est équipée de grenades assourdissantes qui étourdissent tous ceux et celles qui sont à leur portée et elles peuvent provoquer la surdité, de graves brûlures et sectionner des membres. Les deux ont été utilisés à Portland.

Le service de contrôle de l'immigration et des douanes (ICE) est également présent, ainsi que le Service fédéral de protection qui est responsable de la protection des édifices fédéraux. Les agents du Service des Marshals des États-Unis sont également impliqués ainsi que plusieurs autres corps policiers. Tous sont généralement vêtus de la même tenue militaire, lourdement armés et agissent sans insigne ni veste d'identification et sans porte-nom.

Des unités d'intervention rapide et d'arrestation sont également déployées. Ces tactiques policières pratiquées par la Sécurité intérieure des États-Unis ont été utilisées lors du G-20 à Toronto. Elles consistent en un double processus de collecte de renseignements et d'extraction de cibles.

« À Portland, Oregon, depuis plusieurs jours, des agents fédéraux en tenue de combat patrouillent les rues alors que se déroulent des manifestations contre la brutalité policière. Ces forces, qui travaillent pour le département de la Sécurité intérieure, ont enlevé des gens dans les rues de la ville, refusé de s'identifier et détenu des personnes sans qu'aucune accusation ne soit retenue contre elles. Elles sont apparemment présentes pour protéger les édifices fédéraux des manifestants. En pratique, elles semblent agir sur un mandat beaucoup plus large qui est soit de réprimer les manifestations, soit (à des fins plus cyniques) de provoquer des confrontations au nom d'une Maison-Blanche en perte de vitesse qui espère qu'elles lui feront gagner des votes », écrit David A. Graham dans The Atlantic.

Le DHS a créé des unités de déploiement rapide de « protection des communautés américaines » après la proclamation du décret présidentiel de Donald Trump du 26 juin. Ce décret fait de la dégradation ou du déboulonnage des statues fédérales un crime, alors que ces actions sont en ce moment un des principaux moyens de protestation contre le racisme gouvernemental et la glorification des généraux confédérés et des propriétaires d'esclaves. Les responsables du DHS ont déclaré qu'ils s'attendent à une escalade des « troubles » dans tout le pays au moins jusqu'à l'élection de novembre.

Alors que la protection des édifices fédéraux, comme les palais de justice, sert de justification à cette intervention, il est clair que l'objectif est d'accroitre la répression de la résistance et de semer la terreur dans les villes, tout en imposant un contrôle fédéral de la police sur les autorités des États et des villes. Sous bien des aspects, Portland est un exercice réel de Donald Trump pour tester la capacité des forces du DHS à exécuter des ordres injustes et illégaux, la réaction des responsables des États et des autorités locales, et la résistance des manifestants.

À Portland et partout aux États-Unis, les forces qui luttent pour un changement qui met fin au racisme, aux morts aux mains de la police, à la brutalité et à l'impunité, pour la justice, l'égalité et la sécurité, ont répondu haut et fort qu'elles étaient déterminées et nullement intimidées par les tentatives des forces locales et fédérales de réprimer leur mouvement de protestation.

(Photos : Beezle Boss, pdx law grrrl, C.S. Ross, G. Davis)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 48 - 27 juillet 2020

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