La majorité des statues et des monuments qui sont renversés aux États-Unis à l'heure actuelle sont ceux qui glorifient le côté confédéré de la Guerre civile américaine parce qu'ils célèbrent ces individus qui faisaient la promotion de l'esclavage et de la dépossession des Afro-Américains et les privaient de leurs droits. Plus de 50 statues et monuments de ce genre ont été démolis, vandalisés ou déboulonnés par mesure de prévention par les autorités depuis que George Floyd a été tué par la police le 25 mai. Parmi eux, il y a diverses statues de Robert E. Lee, un commandant de l'Armée des États confédérés pendant la Guerre civile américaine. Le 1er juin, des manifestants ont déboulonné la statue de Robert E. Lee à une école secondaire qui porte son nom à Montgomery en Alabama. En Alabama ainsi que dans d'autres États du Sud, il y a des lois qui stipulent que le déboulonnage de monuments commémoratifs des confédérés est une infraction passible d'une amende de 25 000 dollars. Toutefois, à Birmingham, c'est la ville elle-même qui a enlevé le Monument des Soldats et Marins confédérés devenu le point de convergence des manifestations, disant que l'amende était moins chère que le coût de la sécurité requise pour préserver le monument. Dans la même veine, le 1er juin, les Fils des vétérans confédérés ont enlevé le buste de Robert E. Lee à Fort Myers en Floride.
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La statue de John A. Macdonald à Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard |
Déjà en 2018, une statue de Macdonald a été déboulonnée à Victoria en Colombie-Britannique. L'artiste qui l'avait créée a récemment dit au réseau CTV qu'il « avait honte d'avouer qu'il n'avait appris la réalité des pensionnats autochtones qu'après l'achèvement de la statue et croit maintenant que ces monuments doivent être déboulonnés ».
À Toronto, on demande à l'Université Ryerson de déboulonner la statue de son fondateur, Egerton Ryerson. Une pétition faisant cette demande fait valoir que Ryerson a « aidé le gouvernement canadien dans la création des écoles autochtones » et qu'il s'était « opposé à l'éducation des femmes ». Pour accéder à la pétition intégrale et la signer, cliquez ici.
Aussi à Toronto, il y a une pétition pour donner un nouveau nom à la rue Dundas, qui rend hommage au représentant de l'empire britannique Henry Dundas. On peut lire dans la pétition : « En tant que député de Midlothian à Westminster et secrétaire d'État, il a activement participé à faire entrave à l'abolition de l'esclavage dans l'empire britannique de 1791 jusqu'à la fin de sa carrière politique en 1806. L'esclavage a éventuellement été aboli en 1833 et officiellement en 1834 en Amérique du Nord. Mais les actions de Dundas visant à préserver le mercantilisme de ses amis dans le commerce d'esclaves a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et peut-être davantage. » Pour accéder à la pétition intégrale et la signer, cliquez ici.
Parmi les récentes suppressions de symboles glorifiant des individus qui ont commis des actes de génocide contre les peuples autochtones, il y a la rue Amherst qui a été renommée rue Atateken lors de la Journée nationale des peuples autochtones (le 21 juin 2019), l'aboutissement d'une revendication défendue depuis plusieurs décennies par les résidents et les entreprises locales. Le général britannique Amherst est notoire pour la guerre bactériologique qu'il a menée contre les peuples autochtones au moyen de couvertures contaminées à la petite vérole. Atateken est un mot mohawk qui veut dire « frères et soeurs ».
À Halifax, la statue d'Edward Cornwallis a été déboulonnée du parc du même nom en 2017. Cornwallis était le gouverneur britannique de la Nouvelle-Écosse qui aurait fondé Halifax. En 1749, Cornwallis a mis les têtes de chaque homme, femme et enfant micmacs de la province à prix — un acte équivalent à un génocide. Cette pratique a aussi été utilisée contre les Acadiens entre 1755 et 1763 pendant la prise en charge britannique d'une partie des anciennes colonies françaises. Les terres saisies par les Britanniques avaient été établies par les Acadiens lorsque ceux-ci sont arrivés en 1604.
La proposition de déboulonner la statue de Cornwallis et de renommer le parc « Parc de la Paix et de la Liberté » de Halifax a été faite pour la première fois le 21 novembre 2009, lorsque près de 200 personnes se sont rassemblées à cet endroit pour s'opposer à la réunion inaugurale du Forum de sécurité internationale de Halifax, l'agence belliciste basée à Washington et financée par le ministère de la Défense nationale du Canada ainsi que l'Agence de promotion économique du Canada atlantique. Avec l'approbation des Micmacs, les activistes ont couvert la statue de Cornwallis et ont décidé de renommer le parc, leur tout premier acte en ce sens.
En Angleterre, les gens ont déboulonné ou exigent qu'on déboulonne les statues de marchands d'esclaves et de racistes notoires, les symboles de la glorification par les élites dirigeantes de l'empire, du racisme et de l'esclavage.
La base de la statue d'Edward Colston à Bristol, après que celle-ci eut été renversée |
Le 7 juin, à Bristol, une statue d'Edward Colston a été renversée par des manifestants et jetée dans l'eau du port. Colston était un trafiquant notoire d'êtres humains de la fin du XVIIe siècle qui était associé à un des principaux ports britanniques liés à l'esclavage transatlantique. Aussi, à partir de 1680, Colston a été principalement lié à la Compagnie royale d'Afrique (CRA) basée à Londres, qui avait le monopole de l'esclavage britannique de l'époque, transportant les Africains aux colonies britanniques d'Amérique du Nord et des Caraïbes. En 1689, il est devenu gouverneur adjoint de la CRA. Les historiens ne semblent pas s'entendre sur la part de la fortune de Colston qui était liée directement à l'esclavage. Cependant, il était l'un des principaux trafiquants et était aussi lié à la production sucrière, une autre industrie qui reposait sur le travail des Africains réduits en esclavage. Sur la base de cette immense richesse, il est devenu plus tard un des principaux bienfaiteurs de diverses écoles et associations caritatives de Bristol ainsi que député tory. Il était aussi associé à la Société des aventures marchandes à Bristol, un monopole qui contrôlait le gouvernement et le commerce locaux, y compris le trafic d'Africains réduits à l'esclavage. La Société, avec l'appui de Colston, a pétitionné pour mettre fin au monopole royal sur le trafic d'Africains pour permettre aux marchands de Bristol de participer au trafic des Africains réduits à l'esclavage que la Société contrôlait. Il est devenu un des principaux bienfaiteurs de diverses écoles et d'organisations caritatives de Bristol pour avancer ses propres intérêts d'affaires en opposition à ceux de la couronne.
Plusieurs écoles de Bristol portent le nom d'Edward Colston comme, jusqu'à tout récemment, le Colston Hall, une importante salle de concert. Une statue a été érigée en son hommage en 1895 avec une plaque où on peut lire « Érigé par les citoyens de Bristol en mémoire de l'un des fils les plus vertueux et sages de leur ville ».
Des manifestations contre la statue se succèdent depuis plus de 20 ans. En 2018, une deuxième plaque a été proposée où était ajouté :
« En tant que haut responsable de la Compagnie
royale d'Afrique de 1680 à 1692, Edward
Coslton a joué un rôle actif dans l'asservissement
de plus de 84 000 Africains (y
compris 12 000 enfants) dont 19 000
sont morts en route pour les Caraïbes et
l'Amérique. Colston a aussi investi dans le
commerce d'esclaves espagnol et dans le sucre
produit par les esclaves. En tant que député des
tories pour Bristol (1710-1713), il a défendu le
'droit' de la ville de faire le commerce
d'Africains réduits à l'esclavage. Les Bristoliens
qui ne partageaient pas ses croyances religieuses
et politiques ne pouvaient bénéficier de ses
associations caritatives. »
Il y a eu opposition à cette formulation et après plusieurs autres tentatives sans issues, la statue a finalement été déboulonnée une fois pour toutes.
Le 9 juin, à Londres, la statue de Robert Milligan à West India Quay, dans les Docklands, a été déboulonnée par mesure préemptive des autorités. Érigée pour rendre hommage à Milligan lors de son décès en 1809, il y a depuis longtemps des revendications pour qu'elle soit déboulonnée. Tôt en juin, une pétition parrainée par un conseiller local exigeant le déboulonnage de la statue a recueilli des milliers de signatures. Le Musée de Londres dans les Docklands a publié un communiqué avant le déboulonnage de la statue qui disait en partie :
« Maintenant plus que jamais, alors que Black Lives Matter exige la suppression de monuments rendant hommage aux propriétaires d'esclaves, nous préconisons que la statue de Robert Milligan soit enlevée en raison de ses liens historiques avec la violence et l'exploitation coloniales.
« Nous travaillons présentement avec un consortium pour enlever cette statue et sommes conscients des autres legs et symboles dans la région. La statue est présentement couverte de pancartes et donne lieu à des manifestations. Nous croyons que ces manifestations doivent se poursuivre aussi longtemps que la statue demeure. »
Milligan avait hérité de plantations sucrières en Jamaïque et était le propriétaire de plus de 500 Africains réduits à l'esclavage. Plus tard, il a dirigé le consortium qui a construit les West India Docks de Londres pour faciliter l'importation de produits fabriqués par les esclaves dans les Caraïbes.
Aussi à Londres, dans un communiqué de l'association caritative de Guy et de St. Thomas, et du Trust de la fondation des services de santé de Guy et de St. Thomas, il a été annoncé le 11 juin que les statues représentant Robert Clayton et Thomas Guy seraient retirées des regards du public. « Tout comme de nombreuses organisations en Grande-Bretagne, nous savons que nous avons le devoir de traiter du legs du colonialisme, du racisme et de l'esclavage dans notre travail. Nous reconnaissons absolument la douleur et la colère publiques qu'évoquent d'une façon ou d'une autre les symboles de ces statues publiques de personnalités historiques associées au commerce des esclaves », lit-on dans le communiqué.
Clayton, un ancien lord-maire de Londres, avait des liens avec la Compagnie royale d'Afrique lorsque Guy a investi dans la Compagnie de la mer du Sud qui était impliquée dans le commerce d'esclaves de 4 800 hommes adultes par année.
Une autre statue dont le public exige le déboulonnage est celle de Cecil Rhodes à l'Université d'Oxford. Rhodes était un ardent défenseur de l'impérialisme britannique et de la suprématie de la « race anglo-saxonne ». Une pétition sur Change.org a près de 190 000 signatures exigeant que l'université enlève la statue. On peut y lire :
« Nous croyons que le colonialisme, le racisme et le patriarcat qui imprègnent cette statue n'ont pas leur place dans une université — qui, pour plusieurs d'entre nous, est notre demeure. Le déboulonnage de cette statue serait un heureux premier pas dans les efforts de l'université pour corriger ses agissements en tant que bénéficiaire active de l'empire. Tant qu'elle est debout, la statue de Rhodes sera une célébration non seulement des crimes qu'il a lui-même commis, mais du legs impérialiste sur lequel l'Université d'Oxford s'est développée et continue de se développer. Tant que la statue reste en place, l'Université d'Oxford continue de cautionner le racisme tenace qui hante cette institution. »
L'université a voté pour son déboulonnage, mais n'a pas encore dit quand elle le ferait. Les étudiants tentent de la faire déboulonner depuis au moins 2015, avec l'initiative « Rhodes doit tomber » qui a commencé à l'Université de Cape Town en Afrique du Sud et qui a réussi à faire déboulonner la statue de Rhodes dans cette ville.
Une statue d'un personnage encore plus récent, celle de l'ancien premier ministre Winston Churchill à Parliament Square à Londres, a été vandalisée au cours de récentes manifestations et peinte du slogan « Churchill était un raciste ». Il y a de nombreuses histoires au sujet de la conception du monde raciste de Churchill envers les Asiatiques orientaux, les Asiatiques du Sud et les personnes noires, et sa croyance à la suprématie blanche, une partie intégrante de sa conception du monde résolument impérialiste. La statue a maintenant été placardée pour éviter de nouveaux actes de vandalisme.
À Edinburg en Écosse, comme à Toronto, les manifestants exigent que cesse la glorification de Henry Dundas. Dans un bulletin de nouvelles de 570 News sur les manifestations continues pour le déboulonnage de sa statue, il est écrit : « Le feu politicien écossais du XVIIIe siècle est responsable d'avoir retardé l'abolition du commerce de l'esclavage de 15 ans, jusqu'en 1807. Au cours de cette période, plus d'un demi-million d'Africains réduits à l'esclavage ont été victimes de la traite transatlantique. » Tentant d'éviter l'inévitable, la ville d'Edinburgh a proposé un plan de rechange visant à conserver la statue mais d'inscrire, tout au haut d'une colonne, qu'il « a joué un rôle déterminant dans le report de l'abolition du commerce atlantique d'esclaves ».
Il y a de nombreuses statues rendant hommage au roi Léopold II « des Belges » partout en Belgique, lui qui a pillé l'État libre du Congo et perpétré des atrocités et toutes sortes de crimes contre le peuple, y compris des meurtres de masse, la mutilation de masse, les travaux forcés sous peine de mort, de viol, d'assassinat et davantage, sans oublier l'expropriation de la richesse du Congo, en particulier pour la production du caoutchouc pendant la période de 1885 à 1908.
Les statues servent à aseptiser et glorifier les crimes de la Belgique et du roi Léopold II au Congo. Elles sont vandalisées sur une base régulière depuis quelques années, en particulier depuis la mort de George Floyd. À Anvers, les autorités ont enlevé la statue du roi Léopold II le 9 juin après avoir subi des dommages pendant des manifestations.
(Photos : LML, Shara, M.
Edwards, B. Karp, China Daily, G. Davis, S.
Villiani, J. Lefty, J. Morris, T. Roache, N.
Khawaji, B.J. Sky, J. Biggs, C.Onyango-Obbo)
Des comités de citoyens enlèvent ou renomment des personnalités et des institutions impérialistes britanniques en Irlande comme partie intégrante du mouvement pour s'investir du pouvoir et s'opposer au colonialisme britannique.
Les rues autour de l'Hôtel de Ville de Belfast, y compris la rue May et Donegall Square ont été renommées en hommage à trois patriotes irlandais, les grévistes de la faim — Joe McDonnell, Bobby Sands et Kieran Doherty — qui ont sacrifié leur vie dans les H-blocks du camp d'internement de Long Kesh en 1981 pour les droits de prisonniers politiques et la cause de la liberté de l'Irlande. Une autre rue est nommée en hommage à James Connolly, le dirigeant communiste à la tête de l'Insurrection de Pâques en 1916. L'université Queen's a été rebaptisée « Mairéad Farrell University Belfast », où des panneaux saillants ont été dressés devant les clôtures d'entrée en hommage à l'ancienne étudiante et volontaire de l'IRA, tuée à Gibraltar alors qu'elle y était en service actif en 1988. Les noms sont aussi un important rappel de la brutalité impitoyable du gouvernement britannique en Irlande sous la direction de la première ministre de cette époque, Margaret Thatcher.
Depuis plusieurs années, de sévères critiques se font entendre sur la façon dont la période coloniale est commémorée en République d'Irlande. Certaines statues ont été officiellement déboulonnées, et d'autres « non officiellement ». Par exemple, il y a la statue d'Horatio Nelson, érigée au centre de ce qui s'appelait la rue Sackville (qui a été renommée rue O'Connell) à Dublin en Irlande. Érigée en 1809 alors que l'Irlande était contrainte à faire partie du Royaume-Uni, elle a survécu pendant plus de 150 ans, jusqu'en mars 1966. Il était fréquemment soulevé qu'une statue érigée en hommage à l'amiral britannique n'avait pas sa place à Dublin à la suite de la proclamation de l'indépendance de l'Irlande et la signature du traité anglo-irlandais en 1921 qui divisait l'île en deux. Après plusieurs années de discussions peu concluantes, la question a été réglée lorsque la statue a enfin été déboulonnée à l'aide de la gélignite, comme le fut l'énorme statue de George II et son cheval, détruite à Stephen's Green en 1937. Les restes de Nelson ont été détruits plus tard par l'Armée républicaine irlandaise, mais sa tête a été conservée dans un musée.
De récentes campagnes sont en cours en Irlande, comme celles de Cork, pour supprimer le nom « Queen Victoria », aussi nommée « la Reine de la Famine », des panneaux de rues. Que la principale statue en son effigie à Leinster House à Dublin ait survécu jusqu'en 1948 (26 ans après la création de l'État libre) relève du miracle. Elle était monarque lorsque l'Irlande était en proie à une famine organisée par les ultra riches propriétaires, alors que des millions de personnes sont mortes de faim ou ont émigré. Après avoir amassé la poussière en Irlande pendant plusieurs années, Victoria a eu droit à un voyage à Sydney en Australie, où elle a été « plantée » devant le Queen Victoria Building malgré certaines offres d'acheteurs canadiens. Le mois suivant, dans un article du Irish Times, Myles na gCopaleen (Brian O'Nolan/Flann O'Brien) n'était pas particulièrement impressionné par son déboulonnage — ses statuts étant plus dommageables que ses statues, affirmait-il. « En plus, pensez-y », écrivit-il. « Ce sont les années qui ont permis à l'Irlandais ordinaire de prendre sa revanche. Le fait est que Victoria a viré au vert. Sa couleur ressemble davantage à celle de nos bonnes vieilles boîtes aux lettres. C'est le prix qu'elle vaut. »
À Belfast, le porte-parole du comité actuel pour le changement des noms de rues et de lieux à Belfast, Pol Torboid, a dit que leur liste de noms de lieux dans chaque coin de la ville comprend « d'éminents individus responsables d'abus historiques en Irlande ».
« Les rues de Belfast, parsemées de l'indigence de son peuple, de ses itinérants et de ses sans-emplois, sont aussi parsemées de noms de ces individus dont l'attitude envers l'Irlande en était une de subjugation et qui, par la force des armes, ont imposé un système politique et économique sur notre peuple. Ce système est devenu la base de la partition et des luttes économiques actuelles menées par le peuple irlandais, a dit Torboid.
« Ces noms de rue et ces monuments en hommage aux individus qui ont semé la misère dans notre pays, sous une forme ou une autre, servent aussi de monuments au système politique et économique qui a contribué à bâtir l'Irlande.
« Ces noms de rue, symboles de l'oppression, de la haine et de la servitude, doivent être enlevés. Ils doivent être remplacés par les noms des personnes qui ont cherché à bâtir une meilleure Irlande, qui ont combattu l'oppression, la haine et la servitude.
« Ils doivent être remplacés par le nom de héros : de gens ordinaires. Non pas de lords, ni de rois ni de reines, mais de ceux et celles qui n'étaient pas les héritiers de leurs immenses fortunes.
« Le seul héritage de ces héros a été celui qu'ils ont tenté de soustraire au système politique qui les injuriait.
« Notre héritage à nous, Républicains, est de mettre fin à l'oppression immortalisée dans les noms de rue et les statues.
« Il est de notre devoir de mettre fin au
colonialisme, à la normalisation de l'impérialisme
et, par conséquent, au système politique et
économique qui les maintient en place. »
(Sources : Irish Republican News, Irish Times et Celtic League. Photos : Lasair Dhearg)
Le 19 juin, à la suite de la recrudescence mondiale qui a suivi la mort de l'Afro-américain George Floyd aux mains de la police et des manifestations en Grande-Bretagne contre la glorification de l'esclavage et de l'empire, la Banque d'Angleterre a publié une déclaration « sur ses liens historiques avec la traite des esclaves ».
Selon la Banque d'Angleterre : « Il ne fait aucun doute que la traite des esclaves des XVIIIe et XIXe siècles était une partie inacceptable de l'histoire anglaise. En tant qu'institution, la Banque d'Angleterre n'a jamais été elle-même directement impliquée dans la traite des esclaves, mais elle est consciente de certains liens inexcusables qui impliquent d'anciens gouverneurs et directeurs et elle s'excuse pour eux. La Banque a entamé un examen approfondi de sa collection d'images d'anciens gouverneurs et directeurs pour s'assurer qu'aucune référence à cette traite des esclaves ne reste exposée dans la Banque. La Banque s'est engagée à améliorer la diversité et s'engage activement avec le personnel, en particulier avec nos collègues membres des communautés noires, asiatiques ou des minorités ethniques, à identifier et à façonner des mesures concrètes qui peuvent être prises dès maintenant pour faire progresser les efforts de la Banque pour être aussi inclusive que possible. »
Il serait difficile de composer une déclaration qui falsifie de manière plus flagrante l'histoire, ou qui soit plus en désaccord avec les exigences actuellement formulées par le peuple de Grande-Bretagne.
La Banque d'Angleterre a été constituée en 1694 en même temps que l'institution de la dette nationale, à l'origine un prêt de 1,2 million de livres sterling, deux institutions nécessaires au gouvernement de l'époque pour mener deux guerres majeures - la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1689-1697) et la guerre de succession d'Espagne (1701-1713). En échange du prêt, au taux de 8 %, les prêteurs ont obtenu le monopole de l'émission de billets et sont devenus la banque d'État. La création de la Banque d'Angleterre et de la dette nationale a entraîné une croissance considérable des services bancaires, du crédit, de la ville de Londres, de la Bourse et de toutes les principales institutions financières du système économique centré sur le capital qui existent encore aujourd'hui. En outre, ils ont contribué au système d'imposition moderne afin de transférer la richesse des travailleurs aux prêteurs et aux spéculateurs qui ont grandement profité des guerres.
La Guerre de Succession d'Espagne s'est terminée avec le Traité d'Utrecht par lequel, entre autres, le gouvernement britannique a obtenu l'asiento - le droit de fournir aux colonies espagnoles du continent américain des Africains asservis. Bien que la Grande-Bretagne possédât déjà des colonies en Amérique du Nord et dans les Caraïbes dans lesquelles des milliers d'Africains réduits à l'esclavage étaient exploités, l'acquisition de l'asiento a fait de la Grande-Bretagne le premier trafiquant mondial d'hommes, de femmes et d'enfants africains réduits à l'esclavage tout au long du XVIIIe siècle.
Il ne fait aucun doute que la Banque d'Angleterre actuelle veut se distancer des criminels les plus notoires parmi ses anciens gouverneurs tels que Humphrey Morice qui a été appelé « le prince des marchands d'esclaves de Londres » dans les années 1720. Cependant, toute l'histoire de la Banque d'Angleterre est indissociable de la participation de la Grande-Bretagne à la traite des êtres humains et à l'esclavage, aux guerres et à l'empire, tout comme elle est indissociable de l'exploitation des travailleurs en Grande-Bretagne et de tout le système centré sur le capital. Le système centré sur le capital et toutes ses institutions financières peuvent donc être tenus pour responsables d'avoir tiré profit de la traite des Africains réduits à l'esclavage, des conquêtes coloniales et de l'empire.
En 1833, lorsque le gouvernement de l'époque a été contraint d'abolir l'esclavage dans tout l'Empire britannique, les principaux propriétaires d'esclaves ont été indemnisés par l'octroi de 20 millions de livres sterling. Comme on le sait, ni ceux qui ont été réduits à l'esclavage, ni les sociétés où ils ont été asservis ou d'où ils ont été kidnappés, n'ont jamais été indemnisés, ni se sont vu accorder de justice réparatrice. En 1833, 20 millions de livres sterling équivalaient à 40 % du total des dépenses publiques annuelles et ont été ajoutés à la dette nationale sous la forme d'une obligation ou d'un bon du Trésor qui verse des intérêts au détenteur, normalement aux grandes institutions financières ou à leurs investisseurs. Les titres gouvernementaux en question n'ont été rachetés qu'en 2015, ce qui signifiait qu'ils constituaient un fardeau pour les contribuables jusque-là, ainsi qu'un moyen de spéculation et de profit.
L'esclavage et l'empire étaient indispensables à l'émergence du système capitaliste en Grande-Bretagne et dans le monde. Le racisme était et est la vision du monde des marchands d'esclaves, des oligarques financiers et de tous ceux qui défendent le système centré sur le capital. Ce ne sont pas seulement les statues des criminels du passé qui doivent être détruites pour mettre fin au racisme et investir le peuple du pouvoir, c'est l'ensemble du système centré sur le capital. L'ancienne autorité doit tomber.
(Traduit de l'anglais par LML)
Le 26 juin marque un mois depuis la mort brutale de George Floyd aux mains de la police de Minneapolis. Les Noirs, les travailleurs, les jeunes et les personnes de tous horizons aux États-Unis et dans le monde continuent d'exiger par des actions militantes la fin de la militarisation, de la brutalité et de l'impunité policières et des morts aux mains de la police. Le peuple réclame également de profonds changements pour mettre fin à cet état de fait.
Le 12 juin à Atlanta, Rayshard Brooks, un Afro-américain de 27 ans, a été tué par balle par un officier du service de police d'Atlanta, Garrett Rolfe. Brooks s'était endormi dans sa voiture et bloquait la voie d'accès au restaurant. Les policiers allèguent qu'un alcootest a indiqué que la teneur en alcool dans le sang de Brooks était supérieure à la limite légale pour conduire et que cela leur a permis de le menotter. Quoi qu'il se soit passé durant l'altercation qui a suivi durant laquelle Brooks a saisi l'un des tasers des policiers et a tiré, ce qui est certain c'est que Rolfe a abattu Brooks en lui tirant deux fois dans le dos et que Brooks est décédé à la suite de l'opération chirurgicale.
Les deux policiers ont initialement été relevés de leurs fonctions après l'incident. Le 14 juin, Rolfe a été renvoyé et le deuxième policier impliqué - nommé Brosnan - a été réaffecté à des tâches administratives. Le 17 juin, le procureur du district de Fulton a annoncé 11 chefs d'accusation contre Rolfe : homicide involontaire, cinq chefs de voies de fait graves, quatre violations du serment de policier et dommages matériels. Il a dit que Rolfe aurait dû être conscient que le taser entre les mains de Brooks n'avait pas posé de danger, car après avoir été tiré deux fois, il ne pouvait pas tirer de nouveau ; que les policiers n'ont pas fourni d'aide médicale à Brooks en temps opportun après avoir été abattu ; et qu'avant de fournir de l'aide, Rolfe lui a donné des coups de pied et Brosnan s'est tenu sur ses épaules. Il a également indiqué que c'était une violation de la politique du service de police de commencer à menotter Rolfe avant de lui annoncer son arrestation. La chef de la police, Erika Shields, a démissionné le 13 juin en lien avec l'incident tandis que la mairesse d'Atlanta, Keisha Lance Bottoms, a appelé à un réexamen du recours à la force par la police. Le 16 juin, de nombreux policiers se sont déclarés malades pour protester contre le fait que leurs collègues policiers doivent rendre des comptes de la mort de Rayshard Brooks.
La mairesse a dit qu'elle transférerait des fonds de la ville affectés au service de police vers des programmes communautaires. Cependant, le budget de la ville a été approuvé le 22 juin sans aucun changement, les conseillers municipaux ayant cité les augmentations de salaire promises et la sécurité d'emploi pour les policiers.
À Wilmington en Caroline du Nord, trois policiers ont été licenciés le 24 juin après un examen de routine des images de la police où on les entend tenir des propos racistes sur les Afro-Américains, l'un d'eux appelant à une « guerre civile » contre les Noirs.
À Louisville dans le Kentucky, le 1er juin, David McAtee, qui possédait un commerce de barbecue mobile, a organisé un rassemblement social qui a été attaqué par la police. Les rapports initiaux indiquent que la police de Louisville a tiré des projectiles de poivre de cayenne sur la foule au niveau de la tête, incitant McAtee à sortir son arme et à tirer en l'air comme un coup de semonce. Il a été abattu par la Garde nationale présente sur les lieux. La mère de McAtee a déclaré plus tard aux journalistes que son fils était connu de la police et de la communauté et qu'il avait offert de la nourriture à tous les policiers et se joignait à eux pour des discussions pendant qu'ils mangeaient.
Un autre incident récent d'abus de la police a eu lieu lors d'une manifestation Black Lives Matter à Miami le 10 juin, où Alaa Massri a été illégalement arrêtée, puis ses droits ont encore été violés pendant sa détention. Une pétition en appui à Massri souligne : « Après avoir vu une personne se faire frapper par un véhicule de police, Alaa Massri a vu un autre véhicule s'approcher d'un petit groupe de manifestants. En tant que médecin de l'équipe, elle s'est précipitée pour venir en aide aux blessés, mais a été arrêtée par 6 à 8 policiers en tenue antiémeute. Après avoir demandé à plusieurs reprises aux policiers (l'agent Corral, matricule 41643) de ne pas la toucher, d'une manière polie mais inquiète, elle a tenté de s'éloigner. Elle a alors été entourée et arrêtée. Alaa a ensuite été menottée avec des attaches rapides et accusée plus tard de voies de fait, de résistance violente à un officier et de troubler à l'ordre public. Des témoins ont dit qu'elle n'agissait pas de manière désordonnée et venait simplement en aide à une personne blessée. » Massri s'est ensuite fait retirer son hijab de force, après quoi une photo d'identité judiciaire a été prise puis diffusée aux médias. Elle a été forcée de rester sans son foulard pour le reste de ses sept heures de détention. Des incidents semblables de violation du droit de manifester, des droits de Miranda (on ne lui a pas lu ses droits lors de son arrestation) et surtout de son droit de conscience par le retrait forcé de son hijab, ont eu lieu dans diverses villes américaines et les autorités ont dû dédommager les victimes de traitement raciste par des amendes substantielles.
Dans le cas de Breonna Taylor, tuée à son domicile le 13 mars par des policiers de Louisville qui exécutaient un mandat de perquisition intrusive, les protestations de masse dénonçant la brutalité et l'impunité policières ont conduit deux mois plus tard à l'envoi en congé administratif des trois policiers impliqués. Le 23 juin, un policier a été licencié pour avoir enfreint les politiques sur le recours à la force meurtrière. Les manifestants continuent d'exiger que les trois agents soient poursuivis au criminel et arrêtés pour la mort de Breonna.
Les deux justiciers qui ont tué Ahmaud Arbery le 23 février dans le comté de Glynn en Géorgie ont finalement été inculpés le 24 juin par un grand jury sous différents chefs d'accusation, notamment ceux d'homicide involontaire et d'homicide concomitant d'une infraction majeure.
(Photos : K.M. Mink, L. Sanchez)
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