Les manifestations contre le racisme, la brutalité et l'impunité policières et les morts aux mains de la police se poursuivent
Rassemblement à Frankfort au Kentucky, 25
juin 2020
Le 26 juin marque un mois depuis la mort
brutale de George Floyd aux mains de la police de
Minneapolis. Les Noirs, les travailleurs, les
jeunes et les personnes de tous horizons aux
États-Unis et dans le monde continuent d'exiger
par des actions militantes la fin de la
militarisation, de la brutalité et de l'impunité
policières et des morts aux mains de la police. Le
peuple réclame également de profonds changements
pour mettre fin à cet état de fait.
Le 12 juin à
Atlanta, Rayshard Brooks, un Afro-américain
de 27 ans, a été tué par balle par un
officier du service de police d'Atlanta, Garrett
Rolfe. Brooks s'était endormi dans sa voiture et
bloquait la voie d'accès au restaurant. Les
policiers allèguent qu'un alcootest a indiqué que
la teneur en alcool dans le sang de Brooks était
supérieure à la limite légale pour conduire et que
cela leur a permis de le menotter. Quoi qu'il se
soit passé durant l'altercation qui a suivi durant
laquelle Brooks a saisi l'un des tasers des
policiers et a tiré, ce qui est certain c'est que
Rolfe a abattu Brooks en lui tirant deux fois dans
le dos et que Brooks est décédé à la suite de
l'opération chirurgicale.
Les deux policiers ont initialement été relevés
de leurs fonctions après l'incident. Le 14
juin, Rolfe a été renvoyé et le deuxième policier
impliqué - nommé Brosnan - a été réaffecté à des
tâches administratives. Le 17 juin, le
procureur du district de Fulton a annoncé 11
chefs d'accusation contre Rolfe : homicide
involontaire, cinq chefs de voies de fait graves,
quatre violations du serment de policier et
dommages matériels. Il a dit que Rolfe aurait dû
être conscient que le taser entre les mains de
Brooks n'avait pas posé de danger, car après avoir
été tiré deux fois, il ne pouvait pas tirer de
nouveau ; que les policiers n'ont pas fourni
d'aide médicale à Brooks en temps opportun après
avoir été abattu ; et qu'avant de fournir de
l'aide, Rolfe lui a donné des coups de pied et
Brosnan s'est tenu sur ses épaules. Il a également
indiqué que c'était une violation de la politique
du service de police de commencer à menotter Rolfe
avant de lui annoncer son arrestation. La chef de
la police, Erika Shields, a démissionné le 13
juin en lien avec l'incident tandis que la
mairesse d'Atlanta, Keisha Lance Bottoms, a appelé
à un réexamen du recours à la force par la police.
Le 16 juin, de nombreux policiers se sont
déclarés malades pour protester contre le fait que
leurs collègues policiers doivent rendre des
comptes de la mort de Rayshard Brooks.
La mairesse a dit qu'elle transférerait des fonds
de la ville affectés au service de police vers des
programmes communautaires. Cependant, le budget de
la ville a été approuvé le 22 juin sans aucun
changement, les conseillers municipaux ayant cité
les augmentations de salaire promises et la
sécurité d'emploi pour les policiers.
À Wilmington en Caroline du Nord, trois policiers
ont été licenciés le 24 juin après un examen
de routine des images de la police où on les
entend tenir des propos racistes sur les
Afro-Américains, l'un d'eux appelant à une «
guerre civile » contre les Noirs.
À Louisville dans le Kentucky, le 1er juin,
David McAtee, qui possédait un commerce de
barbecue mobile, a organisé un rassemblement
social qui a été attaqué par la police. Les
rapports initiaux indiquent que la police de
Louisville a tiré des projectiles de poivre de
cayenne sur la foule au niveau de la tête,
incitant McAtee à sortir son arme et à tirer en
l'air comme un coup de semonce. Il a été abattu
par la Garde nationale présente sur les lieux. La
mère de McAtee a déclaré plus tard aux
journalistes que son fils était connu de la police
et de la communauté et qu'il avait offert de la
nourriture à tous les policiers et se joignait à
eux pour des discussions pendant qu'ils
mangeaient.
Un autre incident récent d'abus de la police a eu
lieu lors d'une manifestation Black Lives Matter à
Miami le 10 juin, où Alaa Massri a été
illégalement arrêtée, puis ses droits ont encore
été violés pendant sa détention. Une pétition en
appui à Massri souligne : « Après avoir vu
une personne se faire frapper par un véhicule de
police, Alaa Massri a vu un autre véhicule
s'approcher d'un petit groupe de manifestants. En
tant que médecin de l'équipe, elle s'est
précipitée pour venir en aide aux blessés, mais a
été arrêtée par 6 à 8 policiers en tenue
antiémeute. Après avoir demandé à plusieurs
reprises aux policiers (l'agent Corral, matricule
41643) de ne pas la toucher, d'une manière polie
mais inquiète, elle a tenté de s'éloigner. Elle a
alors été entourée et arrêtée. Alaa a ensuite été
menottée avec des attaches rapides et accusée plus
tard de voies de fait, de résistance violente à un
officier et de troubler à l'ordre public. Des
témoins ont dit qu'elle n'agissait pas de manière
désordonnée et venait simplement en aide à une
personne blessée. » Massri s'est ensuite fait
retirer son hijab de force, après quoi une photo
d'identité judiciaire a été prise puis diffusée
aux médias. Elle a été forcée de rester sans son
foulard pour le reste de ses sept heures de
détention. Des incidents semblables de violation
du droit de manifester, des droits de Miranda (on
ne lui a pas lu ses droits lors de son
arrestation) et surtout de son droit de conscience
par le retrait forcé de son hijab, ont eu lieu
dans diverses villes américaines et les autorités
ont dû dédommager les victimes de traitement
raciste par des amendes substantielles.
Dans le cas de Breonna Taylor, tuée à son
domicile le 13 mars par des policiers de
Louisville qui exécutaient un mandat de
perquisition intrusive, les protestations de masse
dénonçant la brutalité et l'impunité policières
ont conduit deux mois plus tard à l'envoi en congé
administratif des trois policiers impliqués.
Le 23 juin, un policier a été licencié pour
avoir enfreint les politiques sur le recours à la
force meurtrière. Les manifestants continuent
d'exiger que les trois agents soient poursuivis au
criminel et arrêtés pour la mort de Breonna.
Les deux justiciers qui ont tué Ahmaud Arbery
le 23 février dans le comté de Glynn en
Géorgie ont finalement été inculpés le 24
juin par un grand jury sous différents chefs
d'accusation, notamment ceux d'homicide
involontaire et d'homicide concomitant d'une
infraction majeure.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 43 - 30 juin 2020
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