Numéro 36 - 27 mai 2020
Pour une nouvelle direction de la politique
étrangère du Canada qui sera un facteur pour la
paix et la sécurité des peuples
Opposition aux sanctions et
blocus impérialistes
• Des
représentants de haut niveau des pays touchés
demandent la levée des sanctions économiques
• Lettre
du Congrès du travail du Canada au ministère
des Affaires étrangères
Attaque terroriste contre le Venezuela
• Déclaration
de la délégation du Venezuela lors de la session
publique virtuelle du Conseil de sécurité des
Nations unies
L'intensification des exercices de guerre durant
la COVID-19
• L'écrasement
d'un Snowbird
- Tony Seed -
Opposition aux sanctions et blocus
impérialistes
Le 9 mai, dans le cadre d'une campagne
internationale appelant à la levée des sanctions
et des blocus partout, un webinaire parrainé par
la coalition Sanctions Kill basée aux États-Unis a
fourni une plateforme aux représentants de six
pays soumis à des sanctions économiques
américaines pour expliquer comment cette forme de
la guerre affecte leurs pays, en particulier leur
capacité à faire face à la pandémie de la
COVID-19. Plus de 1 000 personnes du
monde entier ont assisté au webinaire
et 4 000 autres l'ont regardé en direct
sur Facebook.
Sur les 193 États membres des Nations
unies, 39 font actuellement l'objet d'une
guerre économique sous la forme de mesures
coercitives unilatérales, également appelées
sanctions économiques. Les seules sanctions
considérées comme légales en vertu du droit
international sont celles approuvées par le
Conseil de sécurité des Nations unies. Toutes les
autres, telles que celles que les États-Unis ont
mises en place unilatéralement contre plus
de 30 pays et une multitude d'individus et
d'organisations sous divers prétextes, violent la
Charte des Nations unies et les normes du droit
international et de la diplomatie. Elles sont
illégales et constituent des actes de guerre
visant les populations des pays ciblés, bien que,
par un cynisme éhonté, elles soient présentées par
ceux qui imposent et soutiennent ce type de
coercition comme étant « non violentes » et «
pacifiques ». Les États-Unis maintiennent des
mesures coercitives unilatérales de différents
types, y compris celles qui sont dites complètes
en ce sens qu'elles visent les populations de pays
ou de régions avec lesquels presque toute
transaction liée aux États-Unis est interdite. Ces
mesures s'appliquent actuellement à l'Iran, à la
Syrie, à Cuba, au Venezuela, à la République
populaire démocratique de Corée et à la République
de Crimée.[1]
Les États-Unis et certains de leurs alliés, y
compris les gouvernements d'Europe et du Canada,
appliquent également ce qu'ils appellent des
sanctions ciblées, qui visent des individus et des
entités et en vertu desquels les citoyens et
résidents américains n'ont pas le droit d'avoir
des transactions financières ou de tout autre type
avec eux. Les sanctions ciblées comprennent
également pour les personnes visées des
interdictions de voyager ou des « interdictions de
territoire » dans le pays appliquant les
sanctions et le gel ou la saisie de biens ou
d'avoirs que ces personnes ou entités pourraient
avoir dans le pays, etc.
Ce que les représentants des pays sanctionnés
avaient à dire
La Représentante permanente suppléante de Cuba
auprès de l'ONU, Ana Silvia Rodriguez, a ouvert la
conférence en rappelant que le blocus économique,
financier et commercial que les États-Unis
imposent à Cuba depuis 1962 a été renforcé
par un éventail de restrictions et de lois
adoptées au fil des ans. Elle a expliqué que
depuis un an en particulier, les États-Unis ont
intensifié leur agression en ciblant l'industrie
du tourisme et en bloquant des expéditions de
carburant, de matériel médical et d'autres
fournitures nécessaires pour lutter contre la
pandémie. La représentante cubaine a déclaré que
le multilatéralisme et la solidarité
anti-impérialiste sont nécessaires pour contrer le
blocus.
Dans une déclaration lue en son nom, le Dr Frank
Guni, un représentant de la ZANU-PF en Amérique du
Nord, a rappelé que le Zimbabwe avait été soumis à
des mesures coercitives unilatérales visant à
forcer un changement de régime depuis 2001.
Il a expliqué que les États-Unis avaient
l'intention de détruire l'économie de son pays
parce que, du point de vue des États-Unis et
d'autres qui cherchent à recoloniser l'Afrique, la
lutte du Zimbabwe pour l'indépendance et la
restitution des terres au peuple représente un
mauvais exemple pour la Namibie et d'autres pays
de la région. Il a dit que, s'appuyant sur son
expérience antérieure dans la gestion des
catastrophes naturelles et des épidémies, le
Zimbabwe a été en mesure de limiter l'impact de la
COVID-19. Il a qualifié les sanctions contre le
Zimbabwe de déclaration de guerre, ajoutant que
c'est une guerre « que nous devons gagner ».
L'ambassadeur du Nicaragua aux États-Unis,
Francisco Campbell, a expliqué que les États-Unis
utilisaient leur influence internationale pour
restreindre l'accès du Nicaragua aux prêts en
violation du droit international. Il a dit qu'en
dépit des sanctions américaines affectant le
système de santé du Nicaragua et sa capacité à
gérer la COVID-19, le travail de ses brigades de
santé publique dans les communautés, la mise en
oeuvre de politiques liées à la distanciation
sociale et à la recherche des contacts, les
accords de contrôle des frontières avec les pays
voisins et l'aide fournie par la Chine, Cuba et
d'autres pays ont permis de limiter
considérablement la propagation du virus.
L'ambassadeur permanent de la Syrie auprès des
Nations unies, Bachar Jaafari, a souligné que deux
milliards de personnes - près de 20 % de
l'humanité - sont touchées par des mesures
coercitives unilatérales à l'heure où la lutte
contre la pandémie de coronavirus exige la
coopération de tous les gouvernements. De plus,
a-t-il dit, les États-Unis et d'autres qui suivent
leur exemple dans l'application de mesures
coercitives unilatérales font des ravages sur la
question du droit fondamental à des choses telles
que les soins de santé et l'éducation. Le
représentant syrien a déclaré que tous les
secteurs économiques de base de la Syrie sont
touchés par des sanctions illégales et
illégitimes. « La Banque centrale de Syrie n'est
pas en mesure d'accéder à ses fonds, gelés par les
sanctions et les pressions américaines sur les
banques internationales. Les sanctions équivalent
à du terrorisme sanitaire, en plus du terrorisme
politique, économique, financier, médiatique et
militaire des États-Unis », a-t-il déclaré.
Bachar Jaafari a expliqué que les soi-disant
exemptions humanitaires accordées par le
département du Trésor américain ont été et sont
toujours soumises à des considérations politisées,
de sorte que cette aide qui, selon lui, comprend
des armes, est livrée exclusivement dans les zones
sous le contrôle de groupes terroristes armés.
L'ambassadeur de la Syrie s'est félicité des
récentes déclarations faites au Conseil de
sécurité des Nations unies contre les mesures
coercitives unilatérales et par le secrétaire
général de l'ONU, Antonio Guterres, qui a appelé à
la levée des sanctions, mais il a noté que
plusieurs projets de résolution et de déclaration
présentés par des dizaines de membres de l'ONU ne
contiennent aucune référence à l'appel de Guterres
en raison de l'infiltration de ceux qu'il appelle
les faux humanitaires occidentaux.
Le vice-ministre des Affaires étrangères de
l'Amérique du Nord de la République bolivarienne
du Venezuela, Carlos Ron, a rappelé que son pays
était soumis à des mesures coercitives
unilatérales depuis 2006, mais que celles-ci
se sont intensifiées en 2014, juste avant
qu'Obama ne publie son décret de 2015
déclarant le Venezuela « une menace extraordinaire
pour la sécurité des États-Unis ». Il a
également précisé que toutes les tentatives du
Venezuela d'importer des produits alimentaires et
médicaux qui, selon les États-Unis, sont exemptés
de leurs sanctions, sont en fait bloquées,
généralement par des banques qui refusent de
recevoir des paiements du Venezuela, étant donné
la domination américaine dans le système financier
international. Comme dans le cas de la Syrie, de
l'Iran et de Cuba, il a déclaré que les mesures
punitives illégales américaines ciblaient tous les
secteurs de l'économie du Venezuela. Les
fournisseurs ne vendront pas au Venezuela par
crainte de sanctions des États-Unis ou facturent
deux ou trois fois le prix de leurs produits. Il
en va de même pour les assureurs d'expédition et
les expéditeurs.
Carlos Ron a
expliqué que le Venezuela a entrepris un recours
contre les États-Unis à la Cour pénale
internationale pour leurs actes de châtiment
collectif et d'extermination contre le peuple
vénézuélien. Il a également dénoncé le fait qu'au
milieu de la pandémie de la COVID-19, les
États-Unis organisent leurs plus grands exercices
militaires depuis 30 ans dans les Caraïbes,
non loin des côtes du Venezuela. Il a toutefois
rappelé que, face à tout cela, avec la solidarité
de Cuba, de la Chine et de la Russie, avec l'aide
de l'Organisation mondiale de la santé et en
s'appuyant sur ses mesures originales de santé
publique et sur les efforts des organisations
populaires, le Venezuela réussit à gérer la
pandémie, notant que c'est le pays qui administre
le plus de tests dans la région.
L'ambassadeur iranien auprès de l'ONU, Madjid
Takht-Ravanchi, a déclaré que les mesures
coercitives unilatérales contre l'Iran étaient les
plus drastiques jamais imposées à un pays et
qu'elles gênent sa capacité de traiter les
personnes atteintes de la COVID-19 malgré le
niveau professionnel élevé du personnel médical
iranien. Il a également souligné qu'il était faux
que les sanctions américaines ne s'appliquent pas
aux fournitures médicales, rappelant que la
filière suisse que l'Iran utilise pour les
transactions internationales est soumise à une
pression féroce de la part des États-Unis et que
plusieurs fournisseurs médicaux ont récemment
cessé leurs expéditions vers l'Iran parce que les
États-Unis les ont rendues pratiquement
impossibles. Tout le monde craint d'être
accidentellement pris dans la toile des sanctions
américaines en raison de l'ampleur de leur portée,
a-t-il souligné.
Sanctions Kill a annoncé qu'il parrainera des
webinaires et d'autres efforts et actions sur les
sanctions pendant la crise de la COVID-19 et
préparera une semaine internationale d'actions
contre les sanctions imposées par les États-Unis
et la guerre économique du 25 au 31 mai.
De plus amples informations, ainsi que des liens
vers le webinaire, sont disponibles sur sanctionskill.org.
Note
1. Gibson Dunn, l'un des
nombreux cabinets d'avocats qui ont proliféré dans
le monde entier à titre de conseillers
d'entreprises sur la façon d'éviter de tomber sous
le coup des mesures coercitives unilatérales
américaines de tous types, déclare dans sa mise à
jour des sanctions de fin d'année
pour 2019 :
« Les sanctions promulguées par l'Office of
Foreign Assets Control du département du Trésor
américain (OFAC) sont devenues une partie de
plus en plus importante de la politique
étrangère américaine sous l'administration
Trump. Pour la troisième année consécutive,
l'OFAC a mis sur la liste noire plus d'entités
qu'il n'en avait sous aucune administration
précédente, ajoutant une moyenne
de 1 000 noms à la liste des
ressortissants spécialement désignés et des
personnes bloquées (SDN) chaque année - plus de
deux fois l'augmentation moyenne annuelle
observée sous la présidence de Barack Obama ou
de président George W. Bush. Les cibles
incluaient les grandes compagnies pétrolières
publiques telles que Petroleos de Venezuela, SA
(PdVSA), des alliés américains ostensibles tels
que la Turquie (et - presque - l'Irak), les
grandes compagnies maritimes, des responsables
étrangers impliqués dans des allégations de
corruption et d'abus, les trafiquants de drogue,
les fraudeurs, etc. Comme si une seule liste
noire ne suffisait pas, certaines entités ont eu
le malheur d'être désignées plusieurs fois sous
différentes autorités réglementaires - chaque
nouvelle annonce entraînant une large couverture
médiatique, mais peu d'impact pratique. Au
dernier décompte, le Corps des gardiens de la
révolution islamique (CGRI) iranien a été
sanctionné en vertu de sept autorités de
sanctions distinctes. Désireux d'exercer ses
propres pouvoirs dans ce qui était
traditionnellement une prérogative uniquement
présidentielle, le Congrès américain a proposé
en 2019 des dizaines de projets de loi pour
accroître le recours aux sanctions. S'ajoutant à
l'impact de nouvelles sanctions expansives, les
sanctions de l'OFAC ont atteint un record de
plus de 1,2 milliard de dollars américains.
« Alors que le président Obama a décrit son
équipe de sanctions comme étant
son 'commandement combattant' préféré (le
comparant aux forces militaires traditionnelles
employées par les États-Unis), le président
Trump a véritablement décuplé le pouvoir des
sanctions de l'OFAC - les employant fréquemment,
rapidement et unilatéralement. L'administration
Trump a annoncé de nouvelles sanctions 82
fois en 2019, éclipsant le record précédent
établi en 2018. »
Dans sa mise à jour, Gibson Dunn fait référence
aux « directives de conformité » de l'OFAC
pour les sanctions qu'il administre, montrant
comment les blocus américains ont ciblé des pays
tels que Cuba, le Venezuela, l'Iran et d'autres en
prenant des mesures punitives extraterritoriales
contre des pays et entités non sanctionnés pour
violation de ses sanctions économiques et autres
sanctions illégales contre les pays et les
individus visés. Ces mesures pernicieuses sont
également appelées sanctions secondaires. L'OFAC
met en garde les organisations et les individus
qui voudraient éviter les pénalités pour violation
des sanctions américaines de ne pas recourir aux
pratiques telles que « faciliter les transactions
par des personnes non américaines ; exporter
ou réexporter des biens, des technologies ou des
services d'origine américaine vers des personnes
ou des pays sanctionnés par l'OFAC ; et
utiliser des méthodes de paiement ou des pratiques
commerciales inhabituelles. »
Monsieur le ministre François-Philippe
Champagne,
Je vous écris aujourd'hui pour vous faire part de
nos préoccupations face au cas particulier de Cuba
dans sa lutte pour répondre à la pandémie de la
COVID-19 à l'ombre du blocus injuste et illégal
imposé par le gouvernement des États-Unis.
Les sanctions économiques,
commerciales et financières imposées depuis de
nombreuses décennies ont eu de graves
répercussions sur l'économie cubaine et, par
conséquent, ont gravement détérioré les conditions
de vie essentielles du peuple cubain. Aussi, en
raison de leur portée extraterritoriale, ces
sanctions nuisent aux relations commerciales,
économiques et financières externes de Cuba et ont
un impact sur les intérêts d'affaires et les
relations commerciales légitimes d'autres pays
avec Cuba, puisque ces nations tentent d'éviter de
contrevenir à la législation américaine.
Le 7 novembre 2019, pour la 28e
année consécutive, l'Assemblée générale des
Nations unies a adopté, à majorité écrasante (187
pays, y compris le Canada, contre 3) la
résolution exigeant que les États-Unis mettent fin
au blocus imposé à Cuba.
Cependant, les États-Unis font fi de cette
revendication mondiale et continuent d'intensifier
les sanctions unilatérales, avec des conséquences
encore plus brutales au moment où Cuba lutte
contre la pandémie de la COVID-19. Le blocus est
une entrave majeure à l'achat de médicaments,
d'équipement et de produits dont Cuba a grandement
besoin dans sa réponse à la pandémie, ainsi qu'à
l'aide internationale qu'elle reçoit et qu'elle
accorde.
De plus, les restrictions imposées par le blocus
aux banques et aux compagnies maritimes et
aériennes pour les empêcher de faire affaire avec
Cuba empêchent l'arrivée au pays
d'approvisionnements médicaux et de dons.
Le manque de carburant dû au blocus sape la
capacité d'opération et de réponse rapide du
système national de santé.
En raison de la pandémie mondiale, il y a eu des
condamnations ouvertes de cette politique, par
exemple celle du secrétaire général des Nations
unies, qui a appelé à la suspension des sanctions
imposées à différents pays pour que ceux-ci aient
accès à la nourriture, aux fournitures de santé
essentielles et au soutien médical pour affronter
la COVID-19.
Cette crise appelle à la solidarité. Nous
appelons le gouvernement du Canada à travailler
avec les pays membres des Nations unies pour lever
le blocus des États-Unis imposé à Cuba.
Sincèrement,
Hassan Yussuff, président
Attaque terroriste contre le
Venezuela
Prononcée par Samuel Moncada, représentant
permanent de la République bolivarienne du
Venezuela auprès des Nations unies, le 20
mai 2020
Monsieur le président,
1. Je vous remercie d'avoir convoqué cette
réunion pour discuter des derniers événements au
Venezuela, en particulier ceux qui se sont
produits le 3 mai, ainsi que de la menace
imminente d'une attaque armée, d'une rupture
imminente de la paix dans mon pays et dans toute
la région si l'agression continue.
Monsieur le
président,
2. En signant la Charte des Nations unies, nous
nous sommes tous engagés à « prendre des mesures
collectives efficaces en vue de prévenir et
d'écarter les menaces à la paix et de réprimer
tout acte d'agression ou autre rupture de la paix,
et réaliser, par des moyens pacifiques,
conformément aux principes de la justice et du
droit international, l'ajustement ou le règlement
de différends ou de situations, de caractère
international, susceptibles de mener à une rupture
de la paix ». Aujourd'hui, cette disposition
a été violée en toute impunité et au mépris total
de la Charte.
3. Dans une lettre au Conseil de sécurité, datée
du 13 mai 2020, nous avons étalé au
monde l'agression armée contre mon pays[1] qui, selon des
preuves publiques et irréfutables partagées à
l'époque, a démontré que les gouvernements des
États-Unis d'Amérique et la République de Colombie
ont assuré la planification, la formation, le
financement et que, encore aujourd'hui, ils
protègent des groupes de mercenaires et de
terroristes qui ont perpétré une attaque armée
dans le but de 1) tuer sans discrimination
des civils innocents ; 2) perpétrer des
meurtres sélectifs contre de hauts fonctionnaires
de mon gouvernement ;
et 3) assassiner le président Nicolas
Maduro.
4. Il s'agit là d'une violation évidente de la
Charte des Nations unies, du droit international
et de plusieurs résolutions de ce Conseil de
sécurité, qui sont juridiquement contraignantes
pour tous les États Membres. Les gouvernements de
la Colombie et des États-Unis d'Amérique ont violé
leurs obligations en vertu du droit international,
en particulier celles prévues dans les quatre (4)
résolutions suivantes :
a. Résolution 239 (1967) du Conseil de
sécurité qui condamne tout État qui autorise ou
tolère « le recrutement de mercenaires ainsi
que la fourniture de facilités à ces derniers, en
vue de renverser les gouvernements d'États Membres
de l'Organisation des Nations unies ».
b. Résolution 1269 (1999) du Conseil de
sécurité dans laquelle les États sont invités à «
prévenir et réprimer sur leur territoire par tous
les moyens licites, la préparation et le
financement de tout acte de terrorisme ».
c. Résolution 1373 (2001) du Conseil de
sécurité, dans laquelle il est décidé que tous les
États s'abstiennent d'apporter quelque forme
d'appui que ce soit aux entités ou personnes
impliquées dans des actes de terrorisme, notamment
en réprimant le recrutement de membres de groupes
terroristes et en mettant fin à
l'approvisionnement en armes des terroristes et
refusent de donner asile à ceux qui financent,
organisent, appuient ou commettent des actes de
terrorisme.
d. Résolution 1456 (2003) du Conseil de
sécurité dans laquelle les États sont invités à «
s'entraider dans toute la mesure possible pour
prévenir, instruire, poursuivre en justice et
punir les actes de terrorisme, où qu'ils se
produisent » , tout en soulignant que « les
États doivent traduire en justice ceux qui
financent, planifient, appuient ou commettent des
actes de terrorisme ou donnent asile à leurs
auteurs, conformément au droit international, en
particulier en appliquant le
principe 'extrader ou juger' ».
À ce jour, les gouvernements des États-Unis
d'Amérique et de la Colombie continuent de refuser
toute assistance et coopération aux autorités
vénézuéliennes compétentes afin d'établir les
faits et d'éviter l'impunité en veillant à ce que
les responsables soient traduits en justice. En
conséquence, ces gouvernements violent leurs
obligations en vertu des traités bilatéraux
existants d'entraide judiciaire en matière pénale.
En outre, à ce jour, le gouvernement des
États-Unis continue de fournir un refuge sûr aux
personnes qui ont manifestement affirmé être les
chefs de la dernière incursion armée contre le
Venezuela.
Monsieur le président,
6. Aujourd'hui, je dois signaler que des
opérations pour capturer les personnes qui ont
participé à cette agression armée sont en cours,
car nous sommes conscients de l'existence d'autres
groupes de mercenaires et de terroristes qui
tentaient de mener à bien leurs plans criminels
dans d'autres régions de notre pays. En fait,
le 14 mai, il y a eu une attaque contre notre
système national d'approvisionnement en eau qui,
en plus de constituer une violation manifeste de
la résolution 2341 (2017) du Conseil de
sécurité sur la protection des infrastructures
essentielles contre les attaques terroristes,
confirme la véracité des déclarations publiques de
criminels qui demeurent en liberté, dans le cadre
des préparatifs d'une nouvelle attaque et de la
formation de nouveaux groupes de mercenaires et de
terroristes. Tout cela se produit au
moment où de nouvelles preuves continuent
d'orienter clairement les soupçons vers Washington
et Bogota en tant que principaux comploteurs de
l'agression.
7. En outre, il y a au moins trois (3) événements
supplémentaires très préoccupants que je dois
également signaler aujourd'hui, car ils font
partie de la campagne d'agression continue et
systématique contre mon pays :
a. Premièrement, le 13 mai, le gouvernement
des États-Unis a inscrit le Venezuela sur une
liste illégale et unilatérale pour blâmer
faussement mon pays de ne pas coopérer pleinement
aux efforts de lutte contre le terrorisme. Rien
n'est plus cynique qu'une accusation de ce type,
qui survient quelques jours seulement après la
perpétration d'une attaque armée par des
mercenaires et des terroristes, avec le plein
soutien de responsables du gouvernement américain
et la participation directe de citoyens et
d'entreprises américains. En outre, le lendemain,
le 14 mai, un haut responsable de
l'administration Trump a déclaré à l'agence de
presse Reuters que l'administration Trump envisage
de désigner plusieurs services de sécurité
vénézuéliens comme « organisations terroristes ».
Il s'agit là d'une menace évidente pour la paix et
la sécurité de mon pays, car le gouvernement des
États-Unis essaie de fabriquer un récit qui, selon
ses notions suprémacistes, déclare que ses lois
nationales sont universelles, qu'il peut prendre «
une action défensive décisive » et assassiner
des responsables de haut niveau des agences
vénézuéliennes de sécurité et de renseignement,
et, en faisant appel à sa machine de propagande,
dénaturer plus tard le crime pour le présenter
comme une opération antiterroriste. C'est un
triste fait de notre époque que le gouvernement
américain espère s'en tirer ouvertement en
normalisant le meurtre illégal de hauts
responsables nationaux du monde entier grâce à la
force brutale.
b. Deuxièmement, comme nous l'avons dénoncé dans
des lettres précédentes au Conseil de sécurité, le
gouvernement américain a ouvertement admis qu'il
faisait pression sur des entreprises pour qu'elles
s'abstiennent de fournir de l'essence au
Venezuela, ce qui a conduit à la pénurie actuelle
qui existe aujourd'hui dans tout le pays. Dans ce
contexte, permettez-moi de poser la question
suivante : et si, au milieu de la pandémie de
la COVID-19, la ville de New York était
délibérément privée d'essence ? Cela
constituerait sans aucun doute un crime contre
l'humanité, ce qui est précisément ce que le
gouvernement du président Donald Trump commet
actuellement contre trente (30) millions de
Vénézuéliens. Aujourd'hui, la coercition
s'accompagne d'un nouveau danger : la menace
de recourir à la force militaire contre cinq (5)
pétroliers iraniens à destination du Venezuela,
violant, entre autres, la liberté de commerce et
de navigation. Si la menace se concrétisait, elle
constituerait une véritable agression armée contre
un navire civil iranien et contre l'ensemble du
peuple vénézuélien. Le gouvernement des États-Unis
insiste pour se présenter comme notre «
sauveur », prétendant être le « principal
donateur » de l'aide humanitaire au Venezuela
et ose même maintenant accuser notre gouvernement
d'entraver la fourniture de l'aide américaine,
alors que la vérité est que tous ceux qui sont
prêts à soutenir notre pays en ce moment ont pu le
faire, par le biais des organismes compétents des
Nations unies.
c. Et troisièmement, il y a un peu moins d'une
semaine, le 13 mai, les médias internationaux
ont révélé l'existence d'une « Unité de
reconstruction vénézuélienne » au sein du
ministère des Affaires étrangères du Commonwealth
britannique, à travers laquelle des conversations
ont eu lieu entre des fonctionnaires du
Royaume-Uni et des personnalités de l'opposition
vénézuélienne ainsi que des conspirateurs de la
récente incursion armée, faisant valoir la
nécessité d'accorder des garanties de statut
préférentiel aux entreprises britanniques dans mon
pays, après la réalisation de l'acte d'agression.
Ces nouvelles preuves qui sont maintenant
révélées, ainsi que le pillage de plus de 1,7
milliard de dollars d'or vénézuélien par la Banque
d'Angleterre, démontrent une fois de plus que le
gouvernement britannique est un complice
opportuniste du pillage colonial des richesses du
Venezuela. En outre, les navires de guerre
britanniques restent tout près de nos eaux
territoriales, adoptant une attitude hostile basée
sur la confrontation, avec les navires de guerre
néerlandais, français et américains,
convenablement déguisés en opérations antidrogue,
mais en réalité destinés à établir illégalement un
blocus naval contre notre nation. La combinaison
de provocations militaires et d'opérations
d'information est une répétition de cette vieille
ruse de déni plausible lors d'agressions secrètes.
Monsieur le président,
8. Le 14 décembre 1974, l'Assemblée
générale a approuvé à l'unanimité la
résolution 3314 (XXIX), qui définit
l'agression comme « l'emploi de la force armée par
un État contre la souveraineté, l'intégrité
territoriale ou l'indépendance politique d'un
autre État, ou de toute autre manière incompatible
avec la Charte des Nations unies », et
comprend en tant que tels à la fois « le blocus
des ports ou des côtes d'un État par les forces
armées d'un autre État » et « l'envoi par un
État ou en son nom de bandes ou de groupes armés,
de forces irrégulières ou de mercenaires qui se
livrent à des actes de force armée contre un autre
État ». Ce texte, qui correspond parfaitement
à la description des événements les plus récents
au Venezuela, reconnaît également qu'aucune
considération, quelle qu'en soit la nature, ne
peut justifier un acte d'agression.
9. C'est pourquoi, tout en exhortant le Conseil
de sécurité à s'acquitter des devoirs et
responsabilités qui lui sont confiés par la Charte
des Nations unies en matière de maintien de la
paix et de la sécurité internationales, nous lui
demandons de déterminer une fois pour toutes non
seulement les menaces que les politiques
bellicistes des gouvernements de Colombie et des
États-Unis d'Amérique font peser sur la paix au
Venezuela et dans toute la région, mais aussi de
reconnaître les actes d'agression qui ont été
commis contre mon pays et d'exiger que les auteurs
cessent immédiatement leurs pratiques criminelles,
y compris le recours ou la menace de recours à la
force et la commission de nouvelles attaques
armées, notamment par le recours à des mercenaires
et des terroristes.
10. Le gouvernement des États-Unis et ses alliés
créent un espace sans loi dans les relations
internationales où ils peuvent ignorer leurs
obligations en vertu du droit international et
imposer des pratiques tyranniques, arbitraires et
coloniales au reste du monde. Ainsi, la suprématie
de leurs intérêts nationaux justifie les crimes
les plus abominables, comme le cas de la
protection des « bons terroristes et
mercenaires » qui ont attaqué le Venezuela
s'ils servent l'expansion de la puissance des
États-Unis. Le Conseil de sécurité doit faire
respecter les notions de moralité et de légalité
dans les relations internationales, en vertu du
principe qu'« aucune considération de quelque
nature que ce soit, politique, économique,
militaire ou autre, ne saurait justifier une
agression ». C'est le seul moyen de
promouvoir la paix et la sécurité entre les
nations.
11. Aujourd'hui, au milieu d'une pandémie
meurtrière qui affecte toute l'humanité et qui
requiert toute l'attention de notre gouvernement
national pour protéger la vie de notre peuple,
nous sommes également confrontés à une attaque
armée imminente qui, en raison de ses effets
génocidaires, équivaut à un crime contre
l'humanité. Compte tenu de la gravité de la
situation et de son escalade potentielle,
l'inaction du Conseil de sécurité à ce stade
encouragera ces gouvernements à poursuivre leurs
plans bellicistes et criminels, comme cela a été
le cas jusqu'à présent, compte tenu du fait que
les gouvernements de la Colombie et des États-Unis
ont redoublé leur agression contre le Venezuela,
au mépris du droit international et de la Charte
des Nations unies, et en démontrant leur nature
impénitente et répétée.
12. Permettez-moi de terminer en insistant sur le
fait que notre pays ne constitue une menace pour
personne et espère que tout le monde apprendra
cette leçon : le Venezuela n'est pas à
vendre, il ne sera jamais la colonie de quiconque
et son peuple remplira, avec sérénité et
détermination, son devoir de liberté.
Merci beaucoup monsieur le président.
Note
1. Pour lire la lettre
adressée au président du Conseil de sécurité des
Nations unies par Samuel Moncada, représentant
permanent de la République bolivarienne du
Venezuela auprès des Nations unies (en anglais),
cliquer ici.
L'intensification des exercices de
guerre durant la COVID-19
- Tony Seed -
Le 17 mai, un avionTutor de l'Aviation royale
canadienne (ARC) s'est écrasé dans un quartier
résidentiel près de Kamloops, en
Colombie-Britannique. Il faisait partie de
l'escadron de démonstration aérienne des Forces
canadiennes, les Snowbirds, en tournée de
relations publiques pancanadienne. Du nom
d'Opération Inspiration, la tournée a été lancée
le 2 mai en Nouvelle-Écosse, en pleine pandémie
mondiale de la COVID-19 et immédiatement après
l'Opération America Strong des Thunderbirds des
Forces aériennes américaines qui a été débuté à la
mi-avril dans l'État du Colorado, où siège NORAD.[1]
L'accident a coûté la vie à la capitaine Jennifer
Casey, une jeune officière des affaires publiques
avec les Forces armées canadiennes et NORAD. Le
pilote, pour sa part, a survécu après s'être
éjecté. Le 24 mai, l'ARC organise une
procession commémorative publique dans les rues de
Halifax, en Nouvelle-Écosse, sa province
d'origine. Il n'y a pas eu de tels hommages
publics pour les cinquante aînés qui sont décédés
de la COVID-19 au manoir Northwood, la résidence
de soins de longue durée à but lucratif située
dans cette même ville.
La tournée
des neuf chasseurs organisée par le ministère de
la Défense nationale devait être un divertissement
pour « remonter le moral ». Le 29 avril,
le premier ministre Justin Trudeau a
déclaré : « Lorsque nous regarderons les
Snowbirds survoler nos maisons, souvenons-nous que
nous traversons tout cela tous ensemble ». La
tournée a été promue avec zèle par les médias
monopolisés, alors qu'au lancement de la tournée à
Halifax en mai, CBC-TV montrait en primeur des
images vidéo prises de l'intérieur d'un chasseur.
Mais selon le ministère de la Défense nationale et
contrairement aux prétentions du premier ministre,
les Snowbirds sont avant tout un « important outil
de relations publiques et de recrutement ».
Le 22 avril, le président des États-Unis
Donald Trump a annoncé un programme panaméricain
de spectacles aériens mettant en vedette les USAF
Thunderbirds et les Blue Angels de la marine
américaine. « Ce que nous faisons c'est rendre
hommage à nos travailleurs de la santé aux
premières lignes dans la lutte contre la COVID-19.
Et c'est vraiment un signal pour tous les
Américains d'être vigilants pendant cette
pandémie. C'est un hommage qu'on leur rend, à nos
guerriers. Parce qu'ils sont des guerriers au même
titre que ces pilotes incroyables et tous les
combattants que nous avons dans les combats plus
traditionnels que nous gagnons et nous sommes
gagnants. »
Conjointement, le 27 avril, des avions de
combat américains et canadiens sous le
commandement du NORAD ont participé à un exercice
de guerre au-dessus de la région métropolitaine de
Toronto, un des principaux foyers du virus.
Le 29 avril, la Presse canadienne a reconnu
que « certains Canadiens ont pris d'assaut les
réseaux sociaux mercredi pour remettre en question
la nécessité de ces vols, compte tenu du fait
qu'un grand nombre de gens continuent de lutter
contre la COVID-19 et d'en mourir. Ces critiques
reflétaient celles dirigées contre la décision des
forces militaires américaines de déployer leurs
équipes de Blue Angels et de Thunderbirds. »
NORAD est dirigé par le Commandement du Nord du
Pentagone en tant que partie intégrante de la
Sécurité intérieure des États-Unis. Pour donner un
aperçu de comment le déploiement de forces
militaires américaines est un sujet sensible, même
si l'opération était censée être sous un «
contrôle binational », NORAD s'est senti
obligé de tout faire pour rassurer le public que
cet exercice était indépendant de tout programme
canadien. « Cette activité de formation n'est liée
d'aucune façon à la réponse du gouvernement du
Canada à la COVID-19 », a-t-il été annoncé
dans un communiqué de presse, qui encourageait les
résidents à lever les yeux vers le ciel et à
admirer les chasseurs en action.
Selon NORAD, les chasseurs américains
travaillaient avec le secteur de la défense
aérienne canadienne de la 22e Escadre North
Bay, en Ontario, et le contrôle du trafic aérien
civil dans la région de Toronto pour « pratiquer
des opérations d'entraînement dans un espace
aérien de forte densité ». Le tout a été
organisé dans le cadre de l'Opération Noble Eagle
qui se concentre sur la surveillance et le
contrôle de l'espace aérien au-dessus du Canada,
et a duré de 10 h à 11 h 30 le matin. « En
s'assurant que l'espace aérien était dégagé, NORAD
a pu mener son opération dans ce qui est
normalement un espace aérien de forte
densité. »
On n'explique pas pourquoi il en a été ainsi,
pourquoi pendant cette période et pourquoi sur
l'heure du midi au-dessus de la plus grande ville
du Canada.[2]
Leurs chasseurs CF18-Hornets sont partis de
la 3e Escadre Bagotville, au Québec, et se
sont envolés vers Toronto. Les contrôleurs de NAV
CANADA au centre de contrôle aérien de Toronto ont
ouvert la voie aux chasseurs à réaction en
maintenant les autres aéronefs à l'écart de la
zone d'opérations réglementée. « Cette zone est un
espace aérien préétabli qui permet aux aéronefs du
NORAD d'effectuer des missions militaires telles
que le ravitaillement en vol, la surveillance et
les scénarios d'entraînement, sans
interférence. »
L'exercice faisait partie d'une série d'exercices
qui ont été peu publicisés. Le 23 avril,
NORAD a mené « un exercice de défense aérienne
binationale près de la frontière des États-Unis et
du Canada pour renforcer l'interopérabilité et
maintenir nos capacités de réaction rapide pendant
la réponse à la COVID 19 ». La zone
frontalière n'a pas été rendue publique, mais
l'exercice a eu lieu alors que le 26 mars la
vice-première ministre Chrystia Freeland affirmait
d'un ton ferme, au nom de la souveraineté, les
objections du gouvernement canadien face au
stationnement de troupes américaines sur la
frontière tel que proposé par Trump. « Ce que nous
avons dit est 'Nous ne croyons pas du tout
que la santé publique serve de justification pour
que vous entrepreniez une telle action' » et
« Nous ne prenons pas d'ordres de personne »,
a-t-elle dit.
De telles bravades ne servent pas à grand-chose
si ce n'est que de faire oublier les autres
exercices militaires transfrontaliers. Le 13
mai, des CF-18 Hornets et un CC-150 Polaris de
ravitaillement en vol ont « mené une patrouille
dans le nord du Canada » sans rendre public
l'endroit ni la raison de l'exercice, ni invoquer
la « santé publique » comme justification.
Trump a aussi annoncé que le 4 juillet il
compte organiser un spectacle aérien comme ceux du
mois d'avril. L'événement qu'il avait organisé
l'an dernier a mis en vedette un déploiement
militaire qui a coûté 2,5 millions de
dollars.
Dans le
vaste éventail de déploiements militaires pendant
une crise de la santé publique et, dans le même
contexte, les spectacles aériens des Snowbirds, on
retrouve constamment la métaphore véhiculée par
Trudeau et Trump d'être « en guerre », tandis
qu'ils mettent sur un pied d'égalité le personnel
militaire et les professionnels de la santé en
tant que « héros » et « guerriers ». En
ce sens, les militaires font partie de l'agence
dirigeante durant la crise de santé publique à la
fois au Canada et aux États-Unis. Aux États-Unis,
près de 64 000 troupes ont été
déployées. Au Canada, des troupes ont été
déployées dans les résidences pour aînés — près
de 1 700 membres des Forces armées
canadiennes ont été déployés dans près de 30
résidences pour aînés, soit 25 CHSLD au
Québec et cinq en Ontario, plus que
les 1 400 du début— et dans les
communautés autochtones. Aussi, près
de 2 000 soldats sont déployés dans 20
missions militaires outremer tandis que le Canada
continue de participer dans les exercices
militaires provocateurs de l'OTAN en Europe et
dans la Méditerranée. Le désastre de l'écrasement
d'un hélicoptère Sikorsky Cyclone sur le HMCS
Fredericton dans la mer Ionienne le 28 avril
et la propagation du coronavirus parmi les Forces
armées ont relativement été passés sous silence et
il en va de même pour le déploiement de navires de
guerre canadiens qui participent aux exercices de
guerre RIMPAC qui doivent se tenir à proximité
d'Hawaï et dans le Pacifique au mois d'août, le
plus grand exercice de guerre maritime au monde.
La propagande menée pour Opération Inspiration
vise autant les rangs militaires que le public,
tout comme l'engagement d'inspecter les aéronefs
vieux de 57 ans utilisés par les Snowbirds.
Les inquiétudes au sujet de la sécurité du
personnel des forces armées face au coronavirus
sont à la hausse, surtout dans la marine où la
revendication juste et légitime de rapatrier les
troupes se fait maintenant entendre.[3] Sept membres du
personnel ont perdu la vie en vain durant une
période de deux semaines et un autre soldat a
perdu la vie en juin dernier lors d'un exercice de
parachutage mené par les États-Unis dans le cadre
d'un exercice de l'OTAN en Bulgarie. À ce
moment-là aussi on a promis une enquête. La
culture du secret est telle que le Pentagone,
suivi de près par le ministère canadien de la
Défense nationale, a imposé une interdiction
draconienne sur la publication de statistiques sur
les infections dans les rangs des forces armées.
Cette mesure va de pair avec une offensive
idéologique visant à la fois le personnel des
forces armées et le public comme quoi il faut
maintenir « l'équilibre entre la santé et la
sûreté et la sécurité » au moment où les
préparatifs de guerre et l'insécurité des peuples
du monde s'intensifient. La prémisse qui sous-tend
tous les appels à l'intégration complète des
Forces armées canadiennes à la machine de guerre
américaine est que défendre la sécurité c'est «
maintenir » la « patrie »
nord-américaine « libre et prospère » -
c'est-à-dire, contre tout ce qui menace le règne
des oligopoles sous l'influence des impérialistes
américains, une approche de la sécurité qui est
totalement dépourvue d'une conception moderne axée
sur l'être humain.
C'est une situation dangereuse. Les déclarations
du président Trump qu'il pourrait appeler les
militaires à distribuer les vaccins laissent
présager l'application de la loi martiale face au
coronavirus. La loi martiale pourrait aussi être
invoquée sous prétexte de l'éclosion de la
COVID-19 en Chine et dans d'autres pays étrangers
et ses répercussions continues possibles sur les
États-Unis pendant les élections américaines. En
d'autres mots, les militaires, plutôt que les
autorités civiles de la santé du pays, prendraient
en charge la santé, ce qui est déjà en partie ce
qui se produit. Notamment, en mars, le
gouvernement Trudeau examinait les pouvoirs
contenus dans la Loi sur les mesures d'urgence,
une législation qui autorise le recours sans
restriction aux pouvoirs militaires et de la
police, au nom de protéger le public de la
pandémie.
En dépit d'inquiétudes grandissantes sur la
sécurité du programme des Snowbirds, le ministre
de la Défense, Harjit Saijan déclare qu'il compte
le continuer.[4]
Il est temps de tirer les conclusions qui
s'imposent sur la nature de l'intégration du
Canada à la machine de guerre américaine.
L'alliance militaire NORAD est toujours décrite
comme étant responsable de la défense de
l'Amérique du Nord, mais, tout comme l'OTAN, il
s'agit d'une alliance militaire agressive.
Note
1. Jusqu'à tout récemment,
nous entendions que NORAD est « l'organisation
militaire binationale la plus puissante au
monde » (et non seulement militaire). Le site
web de NORAD se vante de défendre « les États-Unis
continentaux » et la « patrie en tant que mission
sacrée ». Le NORAD définit notre pays comme
étant « la région canadienne ». NORAD
répond spécifiquement au Commandement du Nord,
partie intégrante de la Sécurité intérieure des
États-Unis. Sur son site web, NORAD se vante
d'être « en tête » quant au déploiement
américain de 19 000 troupes et
de 45 000 membres de la Garde nationale.
Chaque État, trois territoires et Washington ont
placé en service actif du personnel de l'armée et
de la garde nationale aérienne. En vertu de la
constitution américaine, tous les commandants
militaires américains sont subordonnés au
commandant-en-chef des Forces armées américaines,
le président des États-Unis. En fait, cela veut
dire qu'en vertu du traité du NORAD, Donald Trump
est le commandant-en-chef des Forces armées
canadiennes — l'homme face à qui, selon les
médias, la politique de Trudeau serait différente,
voir même dirigée contre lui !
Pour un historique plus approfondi, voir «
Le 60e anniversaire du NORAD - Démanteler le
NORAD est plus urgent que jamais »,
LML, 2 juin 2018
2. Noble Eagle a été lancé
au lendemain du 11 septembre. Rompant avec la
tradition militaire, les gestionnaires de la
perception se sont chargés de nommer les guerres.
À l'origine, le choix des noms de code militaires
était une question de sécurité. Dans la façon
actuelle des États-Unis de mener la guerre,
cependant, les noms de code militaires font partie
d'une stratégie de « marketing ». Il y a eu
Opération Noble Eagle, Opération Valiant Strike,
Opération Provide Comfort, Opération Enduring
Freedom, Opération Uphold Democracy, Opération
Iraqi Freedom et, maintenant, Opération
Reassurance, Opération American Strong et
Opération Inspiration.
3. Parlant de l'incident du
USS Roosevelt, où près de 1 000
marins ont été infectés par le virus, Scott
Taylor, éditeur et rédacteur de Esprit de
Corps, écrivait le 22 avril: « La leçon
que la Marine royale canadienne devrait tirer de
cet incident, c'est que puisque nous ne sommes pas
en guerre et que le virus, lui, est réel, la
sécurité de nos marins doit l'emporter sur les
engagements opérationnels ». « Faites de la
sécurité du personnel pendant la crise du
coronavirus une priorité », dit-il, tel que
cité dans le Hill Times, 22 avril
2020.
4. Dès 2003, une étude
du ministère de la Défense nationale
signalait : « Chaque nouvelle année, le
risque technique, sécuritaire et financier associé
à prolonger la vie des Tutor au-delà de la
cinquième décennie augmentera. Ces risques sont
importants. » Citation de Michael Byers, «
Les Snowbirds — cloués au sol », National
Post, 12 mai 2014.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
PDF
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca Courriel:
redaction@cpcml.ca
|