Attaque terroriste contre le
Venezuela
Déclaration de la délégation du Venezuela lors de la session publique virtuelle du Conseil de sécurité des Nations unies
Prononcée par Samuel Moncada, représentant
permanent de la République bolivarienne du
Venezuela auprès des Nations unies, le 20
mai 2020
Monsieur le président,
1. Je vous remercie d'avoir convoqué cette
réunion pour discuter des derniers événements au
Venezuela, en particulier ceux qui se sont
produits le 3 mai, ainsi que de la menace
imminente d'une attaque armée, d'une rupture
imminente de la paix dans mon pays et dans toute
la région si l'agression continue.
Monsieur le
président,
2. En signant la Charte des Nations unies, nous
nous sommes tous engagés à « prendre des mesures
collectives efficaces en vue de prévenir et
d'écarter les menaces à la paix et de réprimer
tout acte d'agression ou autre rupture de la paix,
et réaliser, par des moyens pacifiques,
conformément aux principes de la justice et du
droit international, l'ajustement ou le règlement
de différends ou de situations, de caractère
international, susceptibles de mener à une rupture
de la paix ». Aujourd'hui, cette disposition
a été violée en toute impunité et au mépris total
de la Charte.
3. Dans une lettre au Conseil de sécurité, datée
du 13 mai 2020, nous avons étalé au
monde l'agression armée contre mon pays[1] qui, selon des
preuves publiques et irréfutables partagées à
l'époque, a démontré que les gouvernements des
États-Unis d'Amérique et la République de Colombie
ont assuré la planification, la formation, le
financement et que, encore aujourd'hui, ils
protègent des groupes de mercenaires et de
terroristes qui ont perpétré une attaque armée
dans le but de 1) tuer sans discrimination
des civils innocents ; 2) perpétrer des
meurtres sélectifs contre de hauts fonctionnaires
de mon gouvernement ;
et 3) assassiner le président Nicolas
Maduro.
4. Il s'agit là d'une violation évidente de la
Charte des Nations unies, du droit international
et de plusieurs résolutions de ce Conseil de
sécurité, qui sont juridiquement contraignantes
pour tous les États Membres. Les gouvernements de
la Colombie et des États-Unis d'Amérique ont violé
leurs obligations en vertu du droit international,
en particulier celles prévues dans les quatre (4)
résolutions suivantes :
a. Résolution 239 (1967) du Conseil de
sécurité qui condamne tout État qui autorise ou
tolère « le recrutement de mercenaires ainsi
que la fourniture de facilités à ces derniers, en
vue de renverser les gouvernements d'États Membres
de l'Organisation des Nations unies ».
b. Résolution 1269 (1999) du Conseil de
sécurité dans laquelle les États sont invités à «
prévenir et réprimer sur leur territoire par tous
les moyens licites, la préparation et le
financement de tout acte de terrorisme ».
c. Résolution 1373 (2001) du Conseil de
sécurité, dans laquelle il est décidé que tous les
États s'abstiennent d'apporter quelque forme
d'appui que ce soit aux entités ou personnes
impliquées dans des actes de terrorisme, notamment
en réprimant le recrutement de membres de groupes
terroristes et en mettant fin à
l'approvisionnement en armes des terroristes et
refusent de donner asile à ceux qui financent,
organisent, appuient ou commettent des actes de
terrorisme.
d. Résolution 1456 (2003) du Conseil de
sécurité dans laquelle les États sont invités à «
s'entraider dans toute la mesure possible pour
prévenir, instruire, poursuivre en justice et
punir les actes de terrorisme, où qu'ils se
produisent » , tout en soulignant que « les
États doivent traduire en justice ceux qui
financent, planifient, appuient ou commettent des
actes de terrorisme ou donnent asile à leurs
auteurs, conformément au droit international, en
particulier en appliquant le
principe 'extrader ou juger' ».
À ce jour, les gouvernements des États-Unis
d'Amérique et de la Colombie continuent de refuser
toute assistance et coopération aux autorités
vénézuéliennes compétentes afin d'établir les
faits et d'éviter l'impunité en veillant à ce que
les responsables soient traduits en justice. En
conséquence, ces gouvernements violent leurs
obligations en vertu des traités bilatéraux
existants d'entraide judiciaire en matière pénale.
En outre, à ce jour, le gouvernement des
États-Unis continue de fournir un refuge sûr aux
personnes qui ont manifestement affirmé être les
chefs de la dernière incursion armée contre le
Venezuela.
Monsieur le président,
6. Aujourd'hui, je dois signaler que des
opérations pour capturer les personnes qui ont
participé à cette agression armée sont en cours,
car nous sommes conscients de l'existence d'autres
groupes de mercenaires et de terroristes qui
tentaient de mener à bien leurs plans criminels
dans d'autres régions de notre pays. En fait,
le 14 mai, il y a eu une attaque contre notre
système national d'approvisionnement en eau qui,
en plus de constituer une violation manifeste de
la résolution 2341 (2017) du Conseil de
sécurité sur la protection des infrastructures
essentielles contre les attaques terroristes,
confirme la véracité des déclarations publiques de
criminels qui demeurent en liberté, dans le cadre
des préparatifs d'une nouvelle attaque et de la
formation de nouveaux groupes de mercenaires et de
terroristes. Tout cela se produit au
moment où de nouvelles preuves continuent
d'orienter clairement les soupçons vers Washington
et Bogota en tant que principaux comploteurs de
l'agression.
7. En outre, il y a au moins trois (3) événements
supplémentaires très préoccupants que je dois
également signaler aujourd'hui, car ils font
partie de la campagne d'agression continue et
systématique contre mon pays :
a. Premièrement, le 13 mai, le gouvernement
des États-Unis a inscrit le Venezuela sur une
liste illégale et unilatérale pour blâmer
faussement mon pays de ne pas coopérer pleinement
aux efforts de lutte contre le terrorisme. Rien
n'est plus cynique qu'une accusation de ce type,
qui survient quelques jours seulement après la
perpétration d'une attaque armée par des
mercenaires et des terroristes, avec le plein
soutien de responsables du gouvernement américain
et la participation directe de citoyens et
d'entreprises américains. En outre, le lendemain,
le 14 mai, un haut responsable de
l'administration Trump a déclaré à l'agence de
presse Reuters que l'administration Trump envisage
de désigner plusieurs services de sécurité
vénézuéliens comme « organisations terroristes ».
Il s'agit là d'une menace évidente pour la paix et
la sécurité de mon pays, car le gouvernement des
États-Unis essaie de fabriquer un récit qui, selon
ses notions suprémacistes, déclare que ses lois
nationales sont universelles, qu'il peut prendre «
une action défensive décisive » et assassiner
des responsables de haut niveau des agences
vénézuéliennes de sécurité et de renseignement,
et, en faisant appel à sa machine de propagande,
dénaturer plus tard le crime pour le présenter
comme une opération antiterroriste. C'est un
triste fait de notre époque que le gouvernement
américain espère s'en tirer ouvertement en
normalisant le meurtre illégal de hauts
responsables nationaux du monde entier grâce à la
force brutale.
b. Deuxièmement, comme nous l'avons dénoncé dans
des lettres précédentes au Conseil de sécurité, le
gouvernement américain a ouvertement admis qu'il
faisait pression sur des entreprises pour qu'elles
s'abstiennent de fournir de l'essence au
Venezuela, ce qui a conduit à la pénurie actuelle
qui existe aujourd'hui dans tout le pays. Dans ce
contexte, permettez-moi de poser la question
suivante : et si, au milieu de la pandémie de
la COVID-19, la ville de New York était
délibérément privée d'essence ? Cela
constituerait sans aucun doute un crime contre
l'humanité, ce qui est précisément ce que le
gouvernement du président Donald Trump commet
actuellement contre trente (30) millions de
Vénézuéliens. Aujourd'hui, la coercition
s'accompagne d'un nouveau danger : la menace
de recourir à la force militaire contre cinq (5)
pétroliers iraniens à destination du Venezuela,
violant, entre autres, la liberté de commerce et
de navigation. Si la menace se concrétisait, elle
constituerait une véritable agression armée contre
un navire civil iranien et contre l'ensemble du
peuple vénézuélien. Le gouvernement des États-Unis
insiste pour se présenter comme notre «
sauveur », prétendant être le « principal
donateur » de l'aide humanitaire au Venezuela
et ose même maintenant accuser notre gouvernement
d'entraver la fourniture de l'aide américaine,
alors que la vérité est que tous ceux qui sont
prêts à soutenir notre pays en ce moment ont pu le
faire, par le biais des organismes compétents des
Nations unies.
c. Et troisièmement, il y a un peu moins d'une
semaine, le 13 mai, les médias internationaux
ont révélé l'existence d'une « Unité de
reconstruction vénézuélienne » au sein du
ministère des Affaires étrangères du Commonwealth
britannique, à travers laquelle des conversations
ont eu lieu entre des fonctionnaires du
Royaume-Uni et des personnalités de l'opposition
vénézuélienne ainsi que des conspirateurs de la
récente incursion armée, faisant valoir la
nécessité d'accorder des garanties de statut
préférentiel aux entreprises britanniques dans mon
pays, après la réalisation de l'acte d'agression.
Ces nouvelles preuves qui sont maintenant
révélées, ainsi que le pillage de plus de 1,7
milliard de dollars d'or vénézuélien par la Banque
d'Angleterre, démontrent une fois de plus que le
gouvernement britannique est un complice
opportuniste du pillage colonial des richesses du
Venezuela. En outre, les navires de guerre
britanniques restent tout près de nos eaux
territoriales, adoptant une attitude hostile basée
sur la confrontation, avec les navires de guerre
néerlandais, français et américains,
convenablement déguisés en opérations antidrogue,
mais en réalité destinés à établir illégalement un
blocus naval contre notre nation. La combinaison
de provocations militaires et d'opérations
d'information est une répétition de cette vieille
ruse de déni plausible lors d'agressions secrètes.
Monsieur le président,
8. Le 14 décembre 1974, l'Assemblée
générale a approuvé à l'unanimité la
résolution 3314 (XXIX), qui définit
l'agression comme « l'emploi de la force armée par
un État contre la souveraineté, l'intégrité
territoriale ou l'indépendance politique d'un
autre État, ou de toute autre manière incompatible
avec la Charte des Nations unies », et
comprend en tant que tels à la fois « le blocus
des ports ou des côtes d'un État par les forces
armées d'un autre État » et « l'envoi par un
État ou en son nom de bandes ou de groupes armés,
de forces irrégulières ou de mercenaires qui se
livrent à des actes de force armée contre un autre
État ». Ce texte, qui correspond parfaitement
à la description des événements les plus récents
au Venezuela, reconnaît également qu'aucune
considération, quelle qu'en soit la nature, ne
peut justifier un acte d'agression.
9. C'est pourquoi, tout en exhortant le Conseil
de sécurité à s'acquitter des devoirs et
responsabilités qui lui sont confiés par la Charte
des Nations unies en matière de maintien de la
paix et de la sécurité internationales, nous lui
demandons de déterminer une fois pour toutes non
seulement les menaces que les politiques
bellicistes des gouvernements de Colombie et des
États-Unis d'Amérique font peser sur la paix au
Venezuela et dans toute la région, mais aussi de
reconnaître les actes d'agression qui ont été
commis contre mon pays et d'exiger que les auteurs
cessent immédiatement leurs pratiques criminelles,
y compris le recours ou la menace de recours à la
force et la commission de nouvelles attaques
armées, notamment par le recours à des mercenaires
et des terroristes.
10. Le gouvernement des États-Unis et ses alliés
créent un espace sans loi dans les relations
internationales où ils peuvent ignorer leurs
obligations en vertu du droit international et
imposer des pratiques tyranniques, arbitraires et
coloniales au reste du monde. Ainsi, la suprématie
de leurs intérêts nationaux justifie les crimes
les plus abominables, comme le cas de la
protection des « bons terroristes et
mercenaires » qui ont attaqué le Venezuela
s'ils servent l'expansion de la puissance des
États-Unis. Le Conseil de sécurité doit faire
respecter les notions de moralité et de légalité
dans les relations internationales, en vertu du
principe qu'« aucune considération de quelque
nature que ce soit, politique, économique,
militaire ou autre, ne saurait justifier une
agression ». C'est le seul moyen de
promouvoir la paix et la sécurité entre les
nations.
11. Aujourd'hui, au milieu d'une pandémie
meurtrière qui affecte toute l'humanité et qui
requiert toute l'attention de notre gouvernement
national pour protéger la vie de notre peuple,
nous sommes également confrontés à une attaque
armée imminente qui, en raison de ses effets
génocidaires, équivaut à un crime contre
l'humanité. Compte tenu de la gravité de la
situation et de son escalade potentielle,
l'inaction du Conseil de sécurité à ce stade
encouragera ces gouvernements à poursuivre leurs
plans bellicistes et criminels, comme cela a été
le cas jusqu'à présent, compte tenu du fait que
les gouvernements de la Colombie et des États-Unis
ont redoublé leur agression contre le Venezuela,
au mépris du droit international et de la Charte
des Nations unies, et en démontrant leur nature
impénitente et répétée.
12. Permettez-moi de terminer en insistant sur le
fait que notre pays ne constitue une menace pour
personne et espère que tout le monde apprendra
cette leçon : le Venezuela n'est pas à
vendre, il ne sera jamais la colonie de quiconque
et son peuple remplira, avec sérénité et
détermination, son devoir de liberté.
Merci beaucoup monsieur le président.
Note
1. Pour lire la lettre
adressée au président du Conseil de sécurité des
Nations unies par Samuel Moncada, représentant
permanent de la République bolivarienne du
Venezuela auprès des Nations unies (en anglais),
cliquer ici.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 36 - 27 mai 2020
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