Cette année marque le 60e anniversaire de
l'Accord sur la défense aérospatiale de l'Amérique
du Nord (NORAD) signé le 12 mai 1958. C'est par cet
accord, avec l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord
(OTAN) fondée en 1948, que les forces armées
canadiennes
sont intégrées à celles des États-Unis et
placées sous
commandement américain.
L'adhésion du Canada à l'OTAN et au NORAD
a entraîné le Canada dans les guerres d'agression des
États-Unis contre la volonté des Canadiens et l'exigence
que le Canada accepte en sol canadien le déploiement et les
essais de missiles américains, y compris des missiles
nucléaires. Les Canadiens s'opposent largement à l'OTAN
et au
NORAD et exigent que le Canada se retire de ces pactes agressifs et
leur
démantèlement. Ces traités sont incompatibles avec
les aspirations du peuple à une conception moderne et humaine de
la sécurité fondée sur la défense des
droits de tous, à une politique étrangère
indépendante fondée sur faire du Canada une zone de paix
et sur l'édification
nationale moderne. L'intégration du Canada à la
Forteresse Amérique du Nord au service des objectifs de guerre
des oligopoles impliqués dans la production de guerre est plus
grande aujourd'hui qu'elle ne l'a jamais été.
La lutte de ces oligopoles pour établir leur
domination sur les ressources énergétiques et les autres
ressources mondiales et les zones d'influence stratégiques
augmente chaque jour la menace d'une guerre mondiale cataclysmique.
C'est cette question que le gouvernement du Canada a
ignorée lors de ses célébrations du 60e
anniversaire de la création du NORAD. Malgré le fait que,
par l'entremise du NORAD, le commandant en chef des États-Unis
soit effectivement le commandant des forces armées canadiennes,
le premier ministre Trudeau a qualifié le NORAD
de « commandement militaire binational unique ». Il a
qualifié le NORAD de « symbole constant du partenariat
important qui unit le Canada et les États-Unis, une relation
essentielle à nos deux pays. Ils ont décidé de se
confier la défense et la sécurité de leurs pays et
de leurs citoyens », a-t-il déclaré. «
La clé du succès du NORAD
réside dans sa capacité à évoluer et
à relever les nouveaux défis ainsi qu'à saisir les
nouvelles opportunités. Nous pouvons être certains qu'il
continuera de s'adapter aux besoins qui se présenteront à
l'avenir. »
Ces besoins sont révélés par
l'histoire de l'implication du Canada dans le NORAD, qui montre que
tous
les changements qui ont eu lieu au cours des 60 dernières
années visaient à établir un contrôle plus
complet des États-Unis sur les forces armées canadiennes,
à déployer des armes de destruction massive en sol
canadien et, plus
récemment, à poster de forces spéciales
américaines
sur le territoire canadien et à militariser la culture pour
déformer les objectifs de la guerre et ce qui constitue
l'intérêt national.
Le contexte
Les premières mesures vers l'intégration
des forces armées du Canada et des États-Unis sous le
commandement des États-Unis ont été prises pendant
la Deuxième Guerre mondiale avec la signature des accords
d'Ogdensburg et de Hyde Park sur la défense et la
coopération conjointes. Dans le cadre des mesures
antisoviétiques, des militaires
américains ont été déployés au
Canada pour mettre en place un réseau de stations radar dans le
nord. À peine la guerre terminée, les États-Unis
ont déclenché la soi-disant guerre froide pour provoquer
la contrerévolution en Union soviétique et endiguer le
communisme dans le monde entier. En 1946, le Comité de
coopération militaire a
été formé pour formuler les « plans de
défense conjoints » du Canada avec les
États-Unis. La
même année, les États-Unis et le Canada ont convenu
d'établir une « défense aérienne
conjointe ». En 1948, le Canada a adhéré
à l'alliance militaire de l'OTAN dominée par
l'impérialisme américain.
Dans les années qui ont suivi la Deuxième
Guerre mondiale, et surtout dans les années 1950
et 1960, l'impérialisme américain, sorti de la
guerre considérablement renforcé, a pris rapidement de
l'expansion à l'échelle mondiale. Le capital financier
américain a inondé le Canada et est parvenu à
dominer les secteurs clés de
l'économie canadienne et à exercer une domination
multiforme sur les sphères politique, militaire, sociale et
culturelle.
De 1958, année de la création du
NORAD, à 2006, l'accord a été
renouvelé tous les cinq ans. Lors de la visite de Ronald Reagan
à Ottawa en 1981, le nom de « Commandement de la
défense aérienne » a été
changé pour « Commandement de la défense
aérospatiale » afin de tenir compte des «
responsabilités
élargies de surveillance et d'alerte antimissile » de
l'alliance. En 2006, sous l'ère Harper, l'accord du NORAD a
été rendu permanent, sous réserve d'un examen tous
les quatre ans ou « à la demande de l'une ou l'autre
partie ». La mission du NORAD a également
été étendue afin d'y inclure une fonction d'alerte
maritime, mais
il est affirmé que les forces navales des deux pays conservent
des commandements distincts.
Les responsabilités déclarées du
NORAD sont de donner l'alerte en cas d'attaque aérospatiale
lancée contre l'Amérique du Nord et de diriger les
opérations de défense aérienne du Canada et des
États-Unis. En fait, comme pour l'OTAN, l'adhésion du
Canada au NORAD a entraîné le Canada dans les guerres
d'agression américaines et le
Canada subit la pression des demandes répétées des
États-Unis pour que le Canada accepte le déploiement des
armes de destruction massive des États-Unis sur son territoire.
Le NORAD est également un instrument de la
stratégie militaire nucléaire des États-Unis.
C'est dans le cadre du NORAD que se déroulent les exercices
militaires américains comme ceux de la série «
Global Shield » au cours desquels des bombardiers B-52
équipés d'armes nucléaires survolent le Canada.
Dans le cadre du NORAD, les
militaires américains participent régulièrement
à des exercices militaires au Canada dans des endroits comme les
champs de tir aérien de Cold Lake en Alberta et dans l'Arctique.
Le traité NORAD prévoit un système
de direction unifiée des opérations de «
défense » de l'Amérique du Nord. Le NORAD a
son quartier général à Colorado Springs, au
Colorado, avec un commandant des États-Unis, un commandant
suppléant canadien et un personnel provenant des forces
armées des États-Unis et des forces armées
du Canada. La direction unifiée relève des
autorités supérieures de la défense du Pentagone
et
du quartier général de la Défense nationale et est
sous le commandement d'un général américain.
La base des Forces canadiennes North Bay, en Ontario,
est le centre des opérations du NORAD au Canada, sous le
commandement de la Région canadienne du NORAD de Winnipeg. Des
militaires américains appartenant au Detachment 2, First
Air Force de la US Air Force (USAF) oeuvrent au centre des
opérations aériennes de North
Bay.
En vertu de l'accord du NORAD, les impérialistes
américains ont construit le « réseau d'alerte
avancée (réseau DEW) », une chaîne de
stations radar dans le nord, ainsi que la ligne « Pine
Tree », plus au sud, démantelée depuis.
La domination des États-Unis sur le Canada dans
le domaine militaire par l'entremise du NORAD a été
illustrée très concrètement à plusieurs
reprises. Lorsque les États-Unis ont
décrété illégalement le blocus de Cuba en
octobre 1962, John F. Kennedy a exigé que les forces
canadiennes soient mises en état d'alerte. Le premier ministre
canadien, John Diefenbaker, a insisté pour consulter le Cabinet,
mais le personnel canadien du NORAD a été mis en
état d'alerte avant que l'autorisation du Cabinet ne soit
donnée. Au cours de la guerre d'agression israélienne
de 1973, le commandant américain du NORAD a mis les forces
canadiennes en état d'alerte sans même avertir le
ministre de la Défense du Canada.
L'opposition au déploiement des missiles Bomarc
en sol canadien
Une manifestation sur la rue Sparks à Ottawa, vers 1963, pour
s'opposer à l'accord du gouvernement libéral de Pearson
visant à autoriser les missiles nucléaires
américains
en sol canadien.
L'une des premières décisions
découlant de l'accord du NORAD a été le
déploiement des missiles antiaériens Bomarc à la
base de North Bay, en Ontario, et à La Macaza, au Québec,
sous la haute direction du commandant en chef américain. Le
premier ministre John Diefenbaker a conclu l'entente sous la pression
des États-Unis, mais il était
contre l'armement des missiles avec des ogives nucléaires, car
ce n'était pas conforme à la politique du Canada de ne
pas participer directement à la course aux armements
nucléaires. Les États-Unis ont exercé une grande
pression sur le Canada, affirmant que les missiles Bomarc armés
d'ogives nucléaires étaient essentiels au système
de «
défense » nord-américain. Il y avait une large
opposition parmi les Canadiens aux armes nucléaires en sol
canadien et des rassemblements et des manifestations ont eu lieu
partout au pays. Le chef de l'opposition, Lester B. Pearson, a fait
volte-face et a déclaré qu'il était maintenant en
faveur du déploiement des armes nucléaires au Canada.
Les États-Unis ont alors commencé à travailler
ouvertement pour influencer l'élection et provoquer la
défaite de Diefenbaker. En janvier 1963, le commandant
suprême de l'OTAN, à la veille de sa retraite, a
donné une conférence de presse à Ottawa au cours
de laquelle il accusait le Canada de ne pas respecter ses engagements
envers le
NORAD. Le Département d'État américain a
publié un
communiqué de presse disant que le gouvernement canadien «
n'a proposé aucune solution pratique pour contribuer
efficacement à la défense
nord-américaine ». L'ambassadeur des
États-Unis a donné des notes à la presse, et
Kennedy a envoyé des conseillers pour aider Pearson et les
libéraux à gagner les élections. Les
libéraux ont formé un gouvernement minoritaire et ont
accepté rapidement le déploiement des ogives
nucléaires.
Les manifestants tiennent un sit-in à l'entrée de la base
de missiles Bomarc, à La Macaza, Québec, le 9 septembre
1964.
En 1969, le gouvernement libéral du premier
ministre Pierre-Elliott Trudeau, annonce que le Canada retire
à
ses forces armées leur capacité nucléaire et
dès 1971, les missiles Bomarc sont abandonnés.
Manifestation à Toronto contre le renouvellement de l'accord du
NORAD par le Canada, 1968.
Les Canadiens disent Non ! aux essais de missiles
de croisière
Manifestation à Toronto contre les essais de missiles de
croisière au Canada, 1983
En 1982, les Canadiens ont découvert que le
gouvernement négociait en catimini un accord avec les
États-Unis pour des essais de missiles de croisière au
Canada. Les missiles de croisière sont considérés
comme une arme de première frappe et peuvent être
armés d'ogives conventionnelles ou nucléaires et
lancés du sol, de la
mer ou de l'air. La raison pour laquelle les États-Unis ont
choisi le Canada était qu'ils voulaient tenir les essais du
missile dans des régions semblables aux régions
septentrionales de l'Union soviétique, ce qui indique clairement
que les États-Unis envisageaient d'utiliser le missile pour
lancer des frappes « préventives ». Le
gouvernement
canadien a également soutenu que des essais étaient
nécessaires pour permettre au NORAD d'acquérir une
capacité antimissile. Les États-Unis ont par la suite
utilisé des missiles de croisière pendant la
première guerre du Golfe.
Manifestation contre les essais de missiles de croisière et
l'adhésion du Canada à l'OTAN et
au NORAD, lors d'une conférence sur la sécurité
à l'Université de Guelph, à laquelle le
premier ministre Trudeau a assisté le 28 octobre 1983
La participation du Canada à la guerre du Golfe
et à la guerre en Irak
Manifestation à Halifax contre la première guerre du
Golfe et la participation du Canada à cette guerre sous le
gouvernement conservateur de Mulroney, en 1991.
La guerre du Golfe et la guerre en Irak ont brutalement
mis en évidence que l'adhésion à l'OTAN et au
NORAD porte atteinte à la souveraineté canadienne et au
droit des Canadiens de décider de la politique
étrangère et de la politique défense. Plus
de 4 000 membres des Forces armées canadiennes ont
servi dans la région du
golfe en 1990-1991 dans le cadre de la « coalition des
volontaires » des États-Unis. Le Canada a
participé au blocus de l'Irak, qui a été
responsable de la mort de plus de 500 000 enfants irakiens.
Les systèmes du NORAD ont fourni un soutien en
matière de surveillance et de communication pendant la guerre
de 1991 en Irak ainsi que pendant l'invasion de l'Irak
en 2003. Anciens Combattants Canada indique sur son site Web
que : « À partir des bases canadiennes 'Canada
Dry', situées au Qatar, des
escadrons de chasseurs à réaction CF-18, avec à
leur bord environ 500 militaires, exécutaient des missions
de
surveillance aérienne, d'escorte et de reconnaissance au combat.
Pour la première fois depuis la guerre de Corée, les
Forces canadiennes se sont engagées dans des opérations
de combat air-sol lors d'un conflit. »
Les Canadiens ont exprimé massivement leur
opposition à la guerre en Irak de 2003 et, officiellement,
le gouvernement Chrétien ne s'est pas joint à la «
coalition des volontaires » parce qu'elle n'avait pas la
sanction du Conseil de sécurité de l'ONU. Cela a
ramené au premier plan la question que l'adhésion
à
l'OTAN et au NORAD
signifiait que le Canada était entraîné dans des
guerres d'agression américaines sans le consentement des
Canadiens, sans même qu'ils en soient informés. Même
le Parlement n'a pas un mot à dire sur les questions de guerre
et de paix qui sont des questions de prérogative du pouvoir
exécutif. En réalité, le Canada a participé
à la guerre en
Irak : des pilotes de la Force aérienne du Canada
déployés par le NORAD ont effectué des missions de
combat à bord des E-3 Sentry de l'US Air Force et des officiers
d'échange ont combattu dans des unités
américaines. Des pilotes canadiens ont également
piloté des Boeing C-17 en Irak pour « former et
entraîner » les équipages
canadiens.
Manifestation contre la deuxième guerre en Irak, à
Windsor, le 25 octobre 2003
L'intégration militaire après le 11
septembre
Après les attentats terroristes du 11
septembre 2001 aux États-Unis, le 21
novembre 2001, le ministre de la Défense du Canada, Art
Eggleton, a participé à une rencontre avec le
secrétaire à la Défense des États-Unis,
Donald Rumsfeld, au cours de laquelle le Canada a accepté
d'entamer des pourparlers sur le « niveau
d'intégration militaire le plus large possible »
entre les États-Unis et le Canada. Les Canadiens n'ont pas
été informés que le Canada participait à
ces rencontres qui établissaient des précédents,
alors que se produisaient des transformations fondamentales.
Traditionnellement, l'armée américaine n'était pas
utilisée à des fins de sécurité
intérieure, mais cela a changé après le 11
septembre 2011. Le National Post a indiqué que
l'examen entrepris portait sur « les plus de 80 accords
ayant valeur de traité en matière de défense et
plus de 250 protocoles d'entente qui régissent à
l'heure actuelle les relations de sécurité entre le
Canada et les
États-Unis ». Le journal a également
rapporté que « M. Eggleton avait laissé entendre
que le Canada et les États-Unis envisageaient la pleine
intégration de bataillons de l'armée ou de groupes
opérationnels. »
L'année suivante, le département de la
Défense des États-Unis a annoncé son plan de
commandement unifié (PCU) de 2002. Le PCU a établi
une zone militaire du Commandement Nord à qui était
confié la responsabilité du commandement des forces
interarmées pour la « défense du
territoire ». Sa zone d'opérations est les
États-Unis, le Canada, le Mexique, certaines parties des
Caraïbes, y compris Cuba et Porto Rico, ainsi que les eaux
périphériques dans les océans Atlantique et
Pacifique.
Le NORTHCOM rassemble le NORAD et la Force
opérationnelle interarmées pour le soutien civil qui
relève actuellement du Commandement des forces
interarmées, responsable devant les autorités civiles des
événements chimiques, biologiques, radiologiques,
nucléaires et d'explosifs conventionnels majeurs.
Le fait que le NORTHCOM réunissait le NORAD et
la sécurité intérieure des États-Unis a eu
des conséquences immédiates pour les forces armées
canadiennes. Le fait que le quartier général du NORTHCOM
et celui du NORAD sont tous les deux à la base de Cheyenne
Mountain, au Colorado, et qu’ils ont le même
général américain a de profondes implications pour
la souveraineté du Canada et le contrôle de ses forces
armées. Malgré cela, le ministre de la Défense
Eggleton a prétendu que NORTHCOM « n'est qu'une structure
interne de l'armée américaine »
L'amendement à l'accord du NORAD de 2004
En 2004, le gouvernement canadien a annoncé
qu'il avait amendé l'accord du NORAD avec les
États-Unis. Cet amendement permet au NORAD de rendre sa fonction
d'alerte antimissile disponible pour les commandements
américains chargés de la défense antimissile
balistique. Le gouvernement a déclaré que l'amendement
«
sauvegarde et soutient le NORAD indépendamment de la
décision qui sera éventuellement prise par le
gouvernement du Canada sur la défense antimissile
balistique. » Dans son communiqué, le gouvernement a
déclaré que : « Depuis près d'un
demi-siècle, le NORAD a évolué et s'est
adapté aux nouvelles menaces. »
Les Canadiens ont tenu des manifestations partout au
Canada contre le bouclier antimissile américain, connu sous le
nom de « guerre des étoiles ». Leurs actions
ont montré une fois de plus le niveau d'inquiétude que
suscitent les négociations tenues à huis clos qui ont des
conséquences si graves pour la guerre et la paix. Des gens de
tous les milieux, y compris des travailleurs et leurs syndicats, ainsi
que des jeunes et des étudiants, ont exprimé leur
opposition et la revendication des Canadiens d'exercer un
contrôle souverain sur leur pays et sa politique
étrangère. Les gens ont souligné que loin
d'assurer la sécurité du Canada, le « bouclier
antimissile » mènerait à une
escalade de la course aux armements et menacerait donc la
sécurité des Canadiens en intensifiant les
préparatifs de guerre. « Nous avons dit non à la
guerre de Bush contre l'Irak et nous voulons que vous disiez non
à la guerre des étoiles de Bush », ont
déclaré les Canadiens au gouvernement.
Dans la lutte contre le bouclier antimissile, les
Canadiens ont appris l'existence d'initiatives comme le Plan d'action
sur la frontière intelligente, les amendements à
l'accord du NORAD et la réorganisation des forces armées
canadiennes que le gouvernement mettait en oeuvre pour intégrer
le Canada aux États-Unis sous prétexte que
le Canada doit être un « digne partenaire ». La
véritable nature de la « défense
antimissile » en tant qu'outil d'agression et de frappe
préventive est également devenue plus claire.
Une intégration plus poussée sous Stephen
Harper
Manifestation à Calgary contre l'intégration du Canada
aux États-Unis par l'entremise du Partenariat pour la
sécurité et la prospérité, le 19 août
2007
Durant l'ère Harper, de 2006
à 2015, de nouvelles mesures ont été prises
pour rendre permanent le déploiement de l'armée et des
organismes de sécurité américains en sol canadien,
ainsi que pour intégrer le commandement de l'armée
canadienne à celui des États-Unis. Ces mesures
comprenaient l'intégration de l'armée
canadienne à de soi-disant agences civiles qui relèvent
des structures de commandement conjointes. Ces mesures ont
été et continuent d'être mises en place au nom de
la « sécurité », y compris des mesures
pour que l'armée assure la sécurité et
l'économie de l'Amérique du Nord.
Un document intitulé « Cadre de
coopération militaire renforcée entre le Commandement de
la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord, le
Commandement du Nord des États-Unis et le Commandement
Canada » a été publié le 25
novembre 2010. Le document traite des problèmes qui doivent
être résolus pour mettre
complètement les forces canadiennes sous le NORTHCOM par
l'entremise du NORAD. Le document a été
préparé par le général américain
Victor Rencart, commandant du NORAD et du NORTHCOM, et le vice-amiral
Bruce Donaldson, commandant du Commandement Canada.
Le document expose l'étendue de l'infiltration
des forces armées canadiennes par l'armée
américaine au plus haut niveau de commandement, non seulement en
plaçant des officiers militaires américains au Canada,
mais aussi en intégrant des commandants militaires canadiens
dans l'appareil militaire américain.
Partant de la définition de la
sécurité contenue dans ce document, il est
expliqué
comment les forces militaires canadiennes et américaines doivent
travailler plus étroitement afin de «
sécuriser » la « patrie
nord-américaine ». La «
sécurité » est définie comme «
l'utilisation de l'armée à la demande des
autorités civiles à
l'appui de la sécurité publique, des urgences
intérieures, de l'application de la loi et d'autres
activités. »
Conformément à cette définition,
le document-cadre décrit comment des événements
comme le sommet du G8 de juin 2010, les Jeux olympiques de
Vancouver et les sommets des dirigeants nord-américains
étaient utilisés pour élaborer un commandement
militaire unifié « homogène ». Cette
« homogénéité » est
assurée par
les lois et des règlements principalement au Canada dans des
domaines comme le partage d'information, la « surveillance
civile » et la structure militaire que les États-Unis
veulent modifier, supprimer ou introduire.
Dans le chapitre Opérations, le document-cadre
explique les problèmes qui ont surgi lors de grands
événements politiques au Canada. Il est proposé
que l'option privilégiée à l'avenir soit un
commandement unique, probablement du NORAD, c'est-à-dire un
commandement américain, afin de surmonter les «
différences dans les
pouvoirs ».
Le document décrit les différences dans
les structures de commandement des États-Unis et du Canada, avec
l'implication que les forces armées canadiennes doivent
être réorganisées pour s'aligner sur les
États-Unis. Le rapport indique : « Les
différences de concepts rendent difficile pour USNORTHCOM et
Commandement Canada de
maintenir leur rapport habituel au niveau tactique/opérationnel
parce que les participants du côté américain
varieront en fonction de la situation et que les participants du
côté canadien varieront selon leur
emplacement. »
La politique publique d'infiltration actuelle des
forces militaires américaines au Canada et l'objectif de faire
en sorte que le Canada se conforme aux exigences militaires
américaines sont également abordés dans ce
document. Il est indiqué : « Il y a actuellement deux
officiers de liaison de l'USNORTHCOM affectés au Commandement
Canada, ces officiers de liaison offrent des avantages significatifs
à tous les commandements. » Le rapport
préconise ensuite une plus grande «
interaction » entre les responsables militaires.
En 2012, le Canada a annoncé qu'un
partenariat à long terme avait été établi
avec le Département de la Défense des États-Unis
concernant le programme de surveillance de l'espace (SSA). En vertu de
l'entente, les données du satellite Sapphire du ministère
de la Défense nationale du Canada sont intégrées
au réseau de surveillance de
l'espace des États-Unis. Le gouvernement a affirmé que le
but de cette intégration était « d'éviter
les collisions entre satellites ou avec des débris
spatiaux ». Ce partenariat fait suite à des ententes
semblables dans le cadre desquelles le Canada est intégré
aux dispositifs américains de militarisation de l'espace.
Par exemple, en novembre 2011, il a
été annoncé que le Canada
dépensait 477 millions $ pour se joindre au
système mondial de communications par satellite à large
bande (WGS) du Département de la Défense des
États-Unis. Le système est conçu pour les «
combattants américains, alliés et partenaires de la
coalition à tous
les niveaux de conflit, à part une guerre
nucléaire ».
Le programme actuel du NORAD et la participation du
Canada à la défense antimissile américaine
Le gouvernement de Justin Trudeau a pris un certain
nombre d'initiatives en vue d'étendre le contrôle des
États-Unis sur l'espace aérien et le territoire du Canada
par l'entremise du NORAD et a accepté de céder le
territoire canadien aux États-Unis pour qu'ils y installent
leurs missiles et leurs capteurs au nom de la « protection du
Canada ».
Le gouvernement a recruté Derek Burney, ancien
chef de cabinet de Brian Mulroney, pour « ouvrir des
portes » à Washington. Burney a affirmé que
les actions du Canada le 11 septembre 2001 étaient
« quelque chose de spontané et de volontaires »
et
que cela n'est pas suffisant.
Cependant, le ministre de la Défense, Harjit
Sajjan, a précisé que ce n'était pas le cas
lorsqu'il a répondu à plusieurs questions
détaillées à la Chambre des communes. Le NORAD a
en fait « pris le contrôle » de l'espace
aérien canadien le 11 septembre, a-t-il dit. Les remarques
de Burney indiquent donc que le Canada, qui est déjà
à 100 % sous commandement américain, doit
être utilisé d'une manière que les Canadiens
désapprouvent. Burney a également déclaré
que le Canada devrait envisager de se joindre au système
continental américain de défense antimissile et que cela
constituerait un « terrain d'entente » permettant au
Canada d'être « plus présent à
la table ».
Soulevant la fausse affirmation que la
République populaire démocratique de Corée
(RPDC)
est
une
menace
pour
le
Canada,
Burney
a déclaré : « La
Corée du Nord possède la capacité de lancer un
missile aussi loin qu'en Amérique du Nord, a-t-il dit. Pourquoi
ne pas au moins nous asseoir à la table et au moins explorer la
possibilité de nous joindre aux Américains ;
pourquoi
ne pas rénover le NORAD avec quelque chose qui va nous
protéger contre les menaces du XXIe siècle de la
même manière que le NORAD nous a aidés pour notre
défense au XXe siècle ? »
En 2004 et en 2005, les Canadiens ont
clairement fait savoir qu'ils s'opposaient à la participation du
Canada au programme américain de défense antimissile
balistique, tout comme au programme de « guerre des
étoiles » de Ronald Reagan. Malgré cela, les
libéraux ont préparé le terrain depuis plusieurs
années pour relancer
ce débat dangereux que les Canadiens considéraient comme
clos en 2005. L'examen de la politique de défense du
gouvernement publié en 2016 demandait si «
étant donné l'évolution des technologies et des
menaces changeantes », le Canada devrait revoir sa
décision de ne pas participer au système de
défense antimissile
balistique des États-Unis. C'était un autre pas dans
cette direction.
L'examen de la politique de défense a
été effectué par un groupe consultatif
ministériel composé de quatre personnes, dont Bill
Graham, ministre de la Défense, sous le gouvernement
libéral de Paul Martin. Graham était le plus grand
défenseur de la défense antimissile à
l'époque et a exprimé son regret que le gouvernement se
soit retiré du
programme de défense antimissile en 2005 sous la pression
de l'opposition des Canadiens. M. Graham a déclaré
à un
comité sénatorial en 2014 que c'était
l'opinion négative des Canadiens à l'égard de
George W. Bush qui avait forcé le gouvernement à rester
en dehors de ce programme.
Pendant les réunions du comité de la
défense avant la publication de l'examen de la défense,
les députés libéraux ont posé des questions
aux militaires canadiens qui envisageaient des scénarios
cauchemardesques de missiles d'origine inconnue se dirigeant vers des
villes canadiennes et ont demandé ce que le Canada pouvait faire
devant une telle
situation. Selon les libéraux et ces experts militaires, une
fois qu'un missile est identifié, la décision de
l'intercepter au moyen du système de défense antimissile
appartiendrait uniquement aux États-Unis.
C'est une propagande intéressée
calculée pour présenter tout opposant aux
préparatifs de guerre comme une menace à la
sécurité nationale et aux intérêts nationaux.
Le gouvernement libéral de Trudeau a ensuite
dévoilé sa nouvelle politique de défense en
juin 2017. Le document intitulé « Protection,
Sécurité, Engagement : La politique de
défense du Canada » a laissé ouverte la
décision de se joindre au système américain de
défense antimissile balistique (BMD). Le ministre de la
Défense, Harjit Sajjan, a déclaré : «
Notre politique ne change pas concernant le bouclier antimissile. Nous
allons examiner toutes ces menaces, des airs, des mers et
sous-marines. »
Au nom de la « modernisation », la
politique affirmait que le Canada compte « accroître sa
capacité à respecter ses engagements en vertu du NORAD en
améliorant sa capacité de surveillance et de
réaction dans les domaines aérospatial et maritime et en
améliorant sa capacité de satellite. Nous allons
également nous munir de chasseurs
perfectionnés et nous assurer de demeurer interopérables
avec nos alliés américains. »
Le NORAD et le programme de défense antimissile
sont présentés comme étant purement
destinés à la défense, niant la
réalité du long passé de guerre agressive et de
frappe préventive des États-Unis. Les doctrines de Bush
et d'Obama affirmaient le « droit » de mener des
frappes préventives et le bombardement des villes et la doctrine
a été réaffirmée par Trump avec ses menaces
contre la RPDC. Les frappes préventives et la destruction
massive des villes ont été une caractéristique des
guerres américaines depuis l'incendie de Tokyo la nuit du 9 au
10 mars 1945, qui a fait 100 000 morts parmi les civils et
détruit 14 km carrés de la ville, laissant un million de
personnes sans abri. Cet acte criminel a étés uivi cinq
mois plus part par les bombardements
nucléaires américains des villes d'Hiroshima et de
Nagasaki les 6 et 9
août 1945, qui ont fait 4 millions de morts et le massacre
sans précédent de
plus d'un million de Japonais puis, en 1950-53 de la destruction
de 78
villes de la RPDC pendant la guerre de Corée et le massacre de
quatre millions de personnes.
Sortons le Canada de toutes les alliances militaires
impérialistes!
Faisons du Canada une zone pour la paix!
Le 60e anniversaire du NORAD est l'occasion de
tirer les conclusions qui s'imposent sur la nature de l'alliance
militaire. Le NORAD est toujours décrit comme ayant la
responsabilité de la défense de l'Amérique du
Nord. Le NORAD a été conçu et mis en place pendant
la guerre froide, qui a pris fin depuis longtemps. Sa continuation
est maintenant justifiée en prétendant que le danger
vient des « États voyous ». Cependant, le
NORAD, comme l'OTAN, est une alliance militaire agressive.
Depuis la création
du NORAD, les Canadiens se sont opposés à toutes les
étapes à l'annexion du Canada dans la Forteresse
Amérique du Nord et à ce que les ressources et le
territoire du Canada soient mis au service des préparatifs de
guerre des impérialistes américains. L'adhésion
à l'OTAN et au NORAD est incompatible avec la position
des Canadiens de faire du Canada une zone de paix qui exige le retrait
de toutes les alliances militaires agressives. Cette position est
conforme au rôle de maintien de la paix que les Canadiens veulent
que le Canada joue et ils l'ont défendue pendant
les 60 années
au cours desquelles le Canada a été mis sous commandement
américain par
l'entremise du NORAD.
Soixante ans plus tard, l'opposition entre la
conception de la « sécurité » du
gouvernement et celle des Canadiens est devenue très forte. Les
mots d'ordre du gouvernement de « défense de
l'Amérique du Nord » et «
sécurité partagée » ont comme objectif
d'accélérer les préparatifs de guerre et
l'insécurité des peuples du
monde. La prémisse qui soustend tous les appels à
l'intégration complète des forces armées
canadiennes à la machine de guerre américaine est que la
sécurité signifie « sécuriser »
la « patrie » nord-américaine pour la garder
« libre et prospère », contre toute menace
à la domination des oligopoles. Elle rejette toute conception de
sécurité moderne et centrée sur l'humain.
Cette poussée belliciste se heurte à la
conception moderne et centrée sur l'humain de la
sécurité qui est intégralement liée
à la défense des droits de tous, ici et à
l'étranger. Les Canadiens doivent continuer de s'unir aux
peuples du monde pour défendre leur indépendance, leur
souveraineté et la paix.
(Archives du LML, Centre de
ressources Hardial Bains, L'Encyclopédie
canadienne, CBC, Globe and Mail)
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