Numéro 2 - 16 janvier 2021

Une administration désespérée désigne Cuba
comme État parrainant le terrorisme

Cuba n'est pas un État qui
parraine le terrorisme

Quand l'agresseur blâme la victime

- Réseau canadien pour Cuba -

Non à la nouvelle décision du gouvernement des États-Unis d'inclure Cuba sur la liste des États qui appuient le terrorisme

- Table de concertation de solidarité Québec-Cuba -

Cuba condamne énergiquement et absolument la qualification mensongère qui veut en faire un État parrainant le terrorisme

- Déclaration du ministère cubain des Relations extérieures -

Les ultimes salves de Trump-Pompeo nuisent aux Caraïbes

- Sir Ronald Sanders -


La Marche du 26 janvier sur Delhi

Les fermiers indiens s'organisent vaillamment pour
affirmer leurs droits

- J. Singh -



Une administration désespérée désigne Cuba comme État parrainant le terrorisme

Cuba n'est pas un État qui parraine le terrorisme

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) condamne la décision de l'administration Trump, dans ses derniers jours, de désigner Cuba comme État parrainant le terrorisme, comme l'a fait le département d'État américain le lundi 11 janvier. Nous appelons tous les Canadiens à dénoncer cette désignation sans fondement et à exiger qu'elle soit immédiatement retirée. Nous appelons les Canadiens à exhorter le gouvernement du Canada à se dissocier de ce geste infâme et appelons la communauté internationale à refuser de le reconnaître et à ne pas l'accepter de quelque façon que ce soit.

Cuba rejette le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, où qu'il soit commis, par qui ou contre qui. Cuba a été à maintes reprises victime du terrorisme d'État américain et des attaques terroristes orchestrées par des agents et des agences d'État américains. À Cuba, 3 478 personnes ont été tuées et 2 099 vivent avec un handicap à cause des actions menées par des gouvernements américains ou perpétrées et parrainées depuis le territoire américain et avec la connivence des autorités américaines.

Les États-Unis n'ont aucune autorité morale pour désigner d'autres pays comme des États terroristes. Il est répréhensible que le département d'État le fasse dans les derniers jours de la présidence de Trump. L'administration Trump fait beaucoup de choses impardonnables en plus de son attaque sans précédent contre le Congrès américain, pour laquelle le président Trump fait face à une procédure de destitution pour la deuxième fois, cette fois-ci accusé d'incitation à l'insurrection. En outre, des agents provocateurs payés pour inciter à la violence et perpétrer des attentats terroristes tiennent le pays tout entier en otage avec des menaces d'attentats terroristes contre des institutions fédérales et d'autres actes de violence contre des individus à six jours de l'investitude de la nouvelle administration le 20 janvier.

Le sénateur du Vermont Patrick Leahy a dénoncé la désignation de Cuba comme État parrainant le terrorisme, déclarant que « ... le terrorisme intérieur aux États-Unis représente une menace bien plus grande pour les Américains que Cuba ».

Nous soutenons entièrement la déclaration du gouvernement cubain qui a condamné dans les termes les plus fermes et sans équivoque cette décision frauduleuse, arbitraire, injuste et sans fondement de l'actuelle administration américaine. Nous réitérons sans équivoque les points suivants :

- Cuba est largement reconnue par la communauté internationale comme un pays qui promeut la paix et la solidarité dans le monde entier. Il n'appartient pas à une liste d'États soutenant le terrorisme.

- Cette désignation par le département d'État américain n'est pas motivée par une quelconque préoccupation légitime liée au terrorisme ou à ses conséquences.

- Son but est uniquement de dénigrer Cuba et de justifier l'imposition de mesures économiques coercitives plus sévères durant la dernière semaine de l'administration Trump, en plus des plus de 230 sanctions unilatérales mises en oeuvre qui ont causé des dommages irréparables à l'économie et au peuple cubains.

- Sa véritable motivation est d'imposer des obstacles supplémentaires à tout rétablissement éventuel des relations bilatérales entre Cuba et les États-Unis.

Montrez votre soutien à l'établissement de relations normales avec Cuba en participant aux piquetages virtuels contre le blocus américain multilatéral de Cuba qui ont lieu le 17 janvier.

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Quand l'agresseur blâme la victime


À Cuba, le 6 octobre est la journée de commémorations pour les victimes du terrorisme d'État.

Le Réseau canadien pour Cuba condamne vigoureusement et sans équivoque la désignation trompeuse et hypocrite de Cuba par le régime Trump comme pays qui parraine le terrorisme. C'est un acte d'opportunisme et de cynisme flagrant et une désignation qui est démentie par la réalité. C'est Cuba qui a été victime de toutes sortes d'attentats terroristes qui ont été perpétrés avec la complicité, la participation et le parrainage de Washington.

Depuis le triomphe de la Révolution cubaine en 1959, Washington mène un assaut incessant, à la fois militaire et économique, contre le peuple cubain, a organisé un débarquement, perpétré des assassinats et des attaques terroristes contre des civils et se livre à un sabotage économique systématique. Beaucoup de ces actes ont été directement lancés et/ou planifiés aux États-Unis. Ces actes de terreur contre Cuba comprennent l'attentat à la bombe d'un avion de ligne civil cubain en 1976 qui a coûté la vie à 73 personnes et les attentats à la bombe dans un hôtel de La Havane en 1997 dont un  a coûté la vie à Fabio Di Celmo, un jeune Montréalais d'origine italienne. En fait, 3 478 Cubains ont été tués et 2 099 blessés à la suite de ces actes terroristes.

Cette décision méprisable du régime Trump sent le désespoir; elle reflète l'échec de Washington à isoler Cuba dans les relations internationales et dans l'opinion publique. Cet échec est souligné de façon poignante par les acclamations, les éloges et la gratitude internationales que Cuba continue de recevoir pour son rôle unique dans la lutte mondiale contre la pandémie de la COVID-19, illustré par les nombreuses nominations du contingent médical internationaliste de Cuba, la Brigade Henry Reeve, pour le prix Nobel de la paix 2021. En effet, c'est précisément Cuba qui montre au monde un modèle de relations internationales diamétralement opposé au terrorisme. C'est un modèle basé sur la création et la promotion de relations entre pays fondées sur une véritable solidarité humaine.

Le Réseau canadien pour Cuba se tient aux côtés de Cuba et du reste du monde pour dénoncer ce plus récent acte d'agression méprisable contre l'héroïque nation insulaire. Il appelle le gouvernement canadien à adopter une position de principe en rejetant ce deux poids deux mesures hypocrite, totalement immoral et intéressé qui est une violation flagrante du droit international. Malgré cette action inacceptable et grotesque du gouvernement américain, le Réseau canadien pour Cuba est convaincu que la justice et la vérité finiront par l'emporter.

Non à la plus récente agression des États-Unis contre Cuba !
La justice et la vérité l'emporteront !

(13 janvier 2021)

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Non à la nouvelle décision du gouvernement des États-Unis d'inclure Cuba sur la liste des États qui appuient le terrorisme

La Table de concertation de solidarité Québec-Cuba tient à joindre sa voix au reste du monde pour dénoncer fermement la décision du gouvernement des États-Unis d'inclure Cuba sur la liste des États qui soutiennent le terrorisme. Le 11 janvier, [le secrétaire d'État américain] Mike Pompeo a annoncé : « Le département d'État a classé Cuba comme État soutenant le terrorisme pour avoir apporté son soutien de manière répétée à des actes de terrorisme international en donnant refuge à des terroristes », à neuf jours de la fin de mandat de Donald Trump et de l'entrée en fonction du nouveau président.

La TCSQC considère que cette dernière mesure est un acte de grand désespoir et non de force de la part de l'administration Trump. C'est un tissu de mensonges et un acte revanchard de la part des États-Unis contre Cuba, son peuple courageux et son gouvernement, refusant depuis la victoire de la révolution cubaine de 1959 d'établir des relations d'égal à égal avec Cuba, de respecter la souveraineté du peuple cubain et son droit d'être. Que les États-Unis déclarent que Cuba apporte son soutien à des activités terroristes dévoile à nouveau son hypocrisie honteuse, alors que les véritables terroristes sont les États-Unis.

La réalité est que Cuba est victime d'un blocus inhumain imposé par le gouvernement des États-Unis depuis plus de 60 ans, ainsi que d'assassinats, d'attaques terroristes contre des civils et de sabotage économique systématique, qui ont fait l'objet d'une condamnation internationale.

Malgré ces activités de sabotage systématique, Cuba a gagné le coeur et l'appui des peuples du monde pour sa défense courageuse de sa souveraineté, son droit de décider de ses propres affaires et son internationalisme mondial dynamique. La Brigade Henry Reeve, entre autres, qui parcourt le monde pour apporter son aide en période de calamités naturelles, de tremblements de terre, de pandémies, etc., est acclamée internationalement et est maintenant candidate au prix Nobel de la paix 2021. L'année dernière, les Cubains se sont rendus dans plus de 39 pays pour porter secours et apporter leur contribution indéfectible en aidant l'humanité à vaincre la COVID-19.


Des membres de la Brigade médicale internationale Henry Reeve se préparent à aller en Afrique du Sud, le 25 avril 2020.

La TCSQC demande au gouvernement canadien d'adopter une position de principe et de rejeter officiellement cette dernière mesure immorale imposée par le gouvernement américain à Cuba.

Les efforts lamentables de Washington pour isoler Cuba sont voués à l'échec; ils vont à l'encontre de l'élan de Cuba et de celui des peuples du monde, qui exigent des relations entre les peuples et les pays fondées sur l'avantage réciproque et des échanges égaux entre les pays, grands ou petits, qui s'opposent aux ingérences, agressions, sanctions et blocus contre les peuples et aspirent à une véritable solidarité humaine et internationale.

Vive Cuba ! Vive la solidarité entre les peuples !

(Le 14 janvier 2021)

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Cuba condamne énergiquement et absolument la qualification mensongère qui veut en faire un État parrainant le terrorisme

Le ministère cubain des Relations extérieures condamne dans les termes les plus énergiques et les plus absolus l'inscription de Cuba, comme le vient d'annoncer le gouvernement des États-Unis en un acte cynique et hypocrite, sur la liste mensongère des États parrainant le terrorisme.

Voilà des mois que les rumeurs couraient au sujet de la possibilité que Cuba soit inscrite sur la liste unilatérale par laquelle le département d'État qualifie, sans le moindre mandat ni la moindre légitimité, sans aucune véritable motivation, d'autres États en matière de terrorisme et de ses séquelles, et qui n'est rien d'autre qu'un instrument de diffamation permettant d'appliquer des mesures économiques coercitives aux nations qui refusent de céder aux caprices de l'impérialisme étasunien.

L'annonce formulée par le secrétaire d'État Michael Pompeo prouve l'arrogance d'un gouvernement discrédité, malhonnête et en banqueroute morale. La véritable motivation de cette action est, tout le monde le sait, de dresser de nouveaux obstacles face à la moindre perspective de redressement des relations entre Cuba et les États-Unis.

Cuba n'est pas un État parrainant le terrorisme, et c'est une vérité connue de tous. Notre pays a une politique officielle et une conduite impeccable en ce domaine : il rejette le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, notamment le terrorisme d'État, par qui que ce soit, contre qui ce soit et où que ce soit.

Cuba est précisément un État victime du terrorisme. Notre population l'a souffert dans sa chair, au prix de 3 478 morts et de 2 099 invalides, par suite d'actes commis précisément par le gouvernement des États-Unis lui-même ou perpétrés et parrainés depuis son territoire avec la tolérance de ses autorités officielles. Nous rejetons et méprisons, en tant que Cubains, toute manigance qui vise à manipuler un thème aussi sensible à des fins misérables relevant de l'opportunisme politique.

La Havane, le 11 janvier 2021

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Les ultimes salves de Trump-Pompeo
nuisent aux Caraïbes

Alors qu'elle se prépare à quitter la Maison-Blanche et le département de l'État le 20 janvier, l'administration sortante de Donald Trump laisse au gouvernement de Joseph Biden Jr. une politique étrangère parsemée d'explosifs.

Déjà, une grenade a été lancée dans la politique qu'Antony Blinken, le secrétaire d'État nommé par Biden, pourrait chercher à mettre en oeuvre envers Cuba et, par conséquent, dans la région des Caraïbes.

Dans les derniers jours de son mandat en tant que secrétaire d'État et seulement neuf jours avant que Blinken n'assume ses fonctions à la tête de la politique étrangère américaine, Mike Pompeo a désigné Cuba comme État parrainant le terrorisme, sur la base d'une décision unilatérale des États-Unis.

Comme l'a déclaré le 13 janvier le Mouvement des non-alignés (MNA), désigner Cuba comme pays parrainant le terrorisme est « non fondé ». Les chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ont affirmé sans équivoque que « la conduite internationale de Cuba ne mérite aucunement cette appellation ».

En adoptant cette politique agressive envers Cuba, après avoir démantelé la politique élaborée à grand peine par l'administration Obama pour tenter de normaliser les relations entre Cuba et les États-Unis, le gouvernement Trump cherche à préserver l'appui de Cubains-Américains de la Floride pour assurer le financement de ses activités politiques dans les années à venir, mais aussi pour gagner l'appui de cet État à un candidat présidentiel que lui-même appuiera — et qui sera peut-être lui-même, en 2024. Comme l'a souligné Juan Gonzalez, le prochain directeur principal du Conseil de sécurité nationale de Biden pour l'hémisphère occidentale, le fait d'avoir remporté la Floride dans les élections présidentielles de 2020 a été la principale motivation de la politique cubaine de Trump tout au long de son mandat.

Ce qui est resté dans l'ombre, ce sont les contre-coups de la politique Trump-Pompeo envers Cuba pour les pays de la CARICOM. Il y a moins d'un mois, le gouvernement américain a fait parvenir un questionnaire aux pays des Caraïbes. Les réponses à ce questionnaire serviront à finaliser le rapport annuel sur le trafic d'êtres humains qui est présenté au Congrès américain. Le questionnaire de décembre comprenait un volet à la fois nouveau et inquiétant, spécifiquement en lien avec les travailleurs provenant de la Chine et de Cuba.

Puisque tous les pays des Caraïbes ont demandé et reçu de l'aide essentielle de Cuba en termes de personnel médical, les États-Unis posent des questions tout à fait indiscrètes pour un État souverain, ou pour les États souverains qui ont signé des contrats. Ces questions sont une intrusion flagrante dans les droits d'un État. Si ces questions étaient dirigées vers le gouvernement des États-Unis, ceux-ci, avec raison, les rejetteraient catégoriquement.

La traite de personnes est une activité extrêmement troublante. C'est une activité que chaque pays devrait combattre avec vigueur. En ce sens, il est vrai de dire que les pays des Caraïbes ont oeuvré assidûment avec les États-Unis pour tenter d'éliminer ce phénomène, lié à ce qui est devenu la pire forme d'esclavage moderne, et pour tout faire pour mettre fin à l'exploitation criminelle de personnes vulnérables, en particulier les femmes et les jeunes filles.

Cependant, cette tentative de l'administration sortante de Trump d'inclure les travailleurs et professionnels de la santé cubains, au service de gouvernements des Caraïbes, vise à politiser ce qui n'est rien de moins qu'une noble cause. On semble vouloir faire en sorte que le personnel médical cubain soit classé comme « personnes trafiquées », laissant ainsi entendre que les gouvernements de Cuba et des Caraïbes s'adonneraient à des activités criminelles. Pour pouvoir agir par coercion, les États-Unis ont recours à l'instrumentalisation d'une politique contre des pays qui auraient refusé la coopération contre le crime.

Les ramifications de telles politiques sont très sérieuses et seront un sujet prioritaire lors des travaux des pays des Caraïbes avec l'administration Biden et le Congrès américain, en raison des dangers qu'elles représentent.

En vertu de la Loi sur le trafic d'êtres humains (TIP Act,) des États-Unis, toute aide non-humanitaire ou non-commerciale peut être retirée de tout pays qui déroge « aux normes minimales d'élimination du trafic » et « ne fait pas des efforts importants pour se conformer à de telles normes ». Bien sûr, ce qui constitue des « normes minimales » et « des efforts importants » est entièrement déterminé par des fonctionnaires du gouvernement des États-Unis.

Chaque année, le rapport sur le trafic d'êtres humains procède à un classement des pays selon qu'ils sont de catégorie 1 (les plus acceptables) allant à la catégorie 3 (les moins acceptables). Des quatorze pays indépendants de la CARICOM, deux d'entre eux — les Bahamas et la Guyane — ont été cotés catégorie 1 en 2020. Sept pays ont été cotés catégorie 2. Ce sont : Antigua et Barbuda, Haïti, la Jamaïque, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le Suriname, et Trinidad-et-Tobago. Dans la catégorie 2 des pays à surveiller, il y avait la Barbade et Belize. Pour des raisons inconnues, la Dominique, la Grenade et Saint-Kitts-et-Nevis ne se retrouvent dans aucun classement. Toujours est-il qu'aucun pays des Caraïbes est au pire niveau — la catégorie 3.

Cependant, si la présence de personnel cubain dans les pays de la CARICOM devient un critère pour que les États-Unis déclarent unilatéralement un délit pour trafic humain, les relations entre les États-Unis et les pays de la CARICOM s'en trouveront ternies, sans raison valable, puisque la sécurité des États-Unis et leurs valeurs ne sont aucunement menacées.

L'ajout au questionnaire sur la traite de personnes d'un volet sur les travailleurs cubains et chinois était conforme à la position antichinoise et anti-cubaine de l'administration Trump au service de l'ordre du jour de sa politique intérieure.

À quel point les tenants et aboutissants de cette boîte piégée dont héritera l'administration Biden sont connus de son département d'État et de ses équipes de la Sécurité nationale n'est pas clair, mais les Caraïbes doivent les en aviser sans tarder. Le prochain rapport sur le trafic d'êtres humains sera publié et envoyé au Congrès américain en juin.

La publication américaine, Foreign Policy, a récemment cité un représentant des États-Unis selon lequel l'équipe Pompeo fait retentir « d'ultimes salves pour délibérément nuire à la politique étrangère de la nouvelle administration ». Là où les intérêts des Caraïbes seront touchés par ces « ultimes salves », la région devra agir de façon unitaire pour les défendre.

Sire Ronald Sanders est l'ambassadeur d'Antigua-et-Barbuda aux États-Unis et à l'Organisation des États américains. Il est aussi chercheur principal à l'Institut des Études du Commonwealth à l'Université de London et au collège Massey de l'Université de Toronto.

(Antigua Breaking News, 14 janvier 2021. Traduit de l'anglais par LML)

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La Marche du 26 janvier sur Delhi

Les fermiers indiens s'organisent vaillamment pour affirmer leurs droits

Les fermiers de l'Inde poursuivent leur lutte sans relâche. Ils continuent d'exiger l'abrogation des trois lois agricoles qui favorisent l'industrie agroalimentaire à leurs dépens. Ils ont rejeté l'annonce par la Cour suprême de l'Inde de suspendre pour l'instant la mise en oeuvre des trois lois agricoles dont les agriculteurs exigent l'abrogation. Neuf rondes de pourparlers avec le gouvernement n'ont rien donné. Le gouvernement s'obstine dans son refus d'abroger les lois. Entretemps, la Cour suprême a créé un groupe d'experts composé en grande partie de personnes qui soutiennent les lois et de grandes compagnies agroalimentaires pour mener une consultation auprès des fermiers pour trouver des solutions aux problèmes auxquels ces derniers sont confrontés. Les fermiers considèrent cela comme une autre manoeuvre de l'élite dominante pour les mettre à bout puis les attaquer. Ils ont annoncé qu'ils ne retourneront pas chez eux sans que ces lois ne soient abrogées. Ils ont annoncé un programme d'agitation intense qui culminera dans une caravane de tracteurs à Delhi le 26 janvier, la Journée de la République de l'Inde.

Ils ont organisé des actions les 15, 16, 18, 20 et 23, menant au 26 janvier. Le 6 janvier, ils ont organisé un rassemblement avec des milliers de tracteurs, décrits par certains comme un « avant-goût » de la Marche des tracteurs sur Delhi le 26 janvier.


Le 8 janvier, l'anniversaire de Chhotu Ram a été souligné. Il fut un des dirigeants du mouvement des fermiers contre leur endettement en 1905, qui a forcé les Britanniques à abroger la loi dénoncée à cette époque. Pour souligner cet anniversaire, les fermiers sont allés dans chaque village de l'Inde et ont discuté avec les gens pour les mobiliser. Ils demandent aussi aux gens de se rendre à Delhi le 26, et de s'y rendre avec le plus grand nombre possible de tracteurs et de chariots.

Le 13 janvier, le jour de la célébration du Lohri, des copies des trois lois anti-fermiers ont été brûlées dans des feux de joie et les fermiers ont déclaré que ces lois étaient leur « arrêt de mort ». Lohri souligne l'arrivée des journées plus longues à la suite du solstice d'hiver. Il est célébré depuis des millénaires, possiblement aussi loin que le Stri Rajyas (l'ère du Royaume des femmes). On célèbre la mémoire des femmes qui ont découvert le feu (agni devi) et l'ont maîtrisé. Encore aujourd'hui, on fait d'énormes feux de joie ainsi que des offrandes des récoltes d'hiver  le gur, le sésame, le maïs et la moutarde. Les gens s'assoient autour du feu, dansent, chantent et célèbrent la naissance de leur progéniture. Dans les 500 dernières années ou plus, le nom Dulla Bhatti a aussi été associé au Lorhi. Dulla Bhatti a combattu l'oppression d'Akbar. Des chants traditionnels honorant le courage et la générosité de Dulla Bhatti étaient chantés dans tous les campements de fermiers aux abords de Delhi.

Le 18 janvier, à l'occasion de la Journée des femmes fermières, de grands rassemblements auront lieu menant au 26 janvier, la Marche des tracteurs sur Delhi. Les tracteurs dans la Marche des tracteurs seront conduits par des femmes.

Le 23 janvier est l'anniversaire d'Azad Hind Fauj (l'Armée nationale libre), qui était l'armée du gouvernement provisoire de l'Inde libre, mobilisée pendant la Deuxième Guerre mondiale et composée d'expatriés et de prisonniers de guerre indiens dans l'Asie du Sud-Est. Cet anniversaire est célébré par un rassemblement de soldats et de fermiers à l'occasion de la Journée de l'Azad Hind Kisan (le Jour de la libération des travailleurs de l'Inde).

Des soldats à la retraite se joignent aux actions des fermiers.

Entretemps, le boycottage des produits et des services d'Ambani et d'Adani se poursuit partout au pays. Les agriculteurs mettent aussi les gens en garde contre les « Guerriers de Facebook » des cellules IT de l'élite dirigeante qui tentent d'induire le peuple en erreur.

À la frontière Singhu de Delhi, les fermiers du Pendjab et d'Harayana, qui ont dressé des campements depuis plus de 50 jours, se sont rappelés la lutte pluricentenaire contre Delhi. Ils ont évoqué le soulèvement des paysans contre Akbar dirigé par Dulla Bhatti, les batailles contre Nadir Shah et Abdali et leur détermination à poursuivre leur lutte contre le nouveau Nadir Shah de Delhi  Modi et ses acolytes et l'élite dirigeante. Pendant tout le mois de Poh (du 14 décembre au 13 janvier est le mois des Martyrs), ils ont commémoré les batailles contre Aurangzeb et le courage et le sacrifice des gurus et de leurs fils. Les uns après les autres, les orateurs ont honoré la mémoire d'Ahmad Khan Kharal, Nizam Lohar, Malangi, Jabroo, Ajit Singh, Chhotu Ram, Bhagat Singh, Rajguru, Sukhdev, Kartar Singh Sarabha, Barkatullah, Udham Singh, Rajguru, Sukhdev, Kartar Singh Sarabha, Baraktullah, Udham Singh, Baba Sohan Singh Bhkhna, Baba Hari Singh Mrigind, Baba Bujha Singh et tant d'autres qui se sont battus pour la cause du peuple.

Plusieurs orateurs ont souligné que tous les partis politiques de l'establishment ont trahi le peuple. Le sentiment exprimé est que le temps est venu de saisir le pouvoir politique sans les partis de l'establishment, sans les membres de l'Assemblée législative, les députés et les juges, qui prêtent serment à l'État que les Britanniques leur ont laissé entre les mains et qui existe présentement. Le système actuel de gouvernement de partis hérité des Britanniques n'a jamais servi le corps politique indien, mais agit comme gardien du pouvoir des dirigeants. Des fermiers ont donné des exemples de comment ils gèrent les postes de péage et organisent la morcha (résistance) en comptant sur leurs propres forces. Ils ont aussi déclaré que la morcha est le Beghampura en devenir, tel qu'envisagé par Guru Ravidassji dans son hymne du même nom, pendant le mouvement bhakti qui a eu lieu aux XIVe et XVe siècles. Écrit bien avant la Révolution française, il loue les vertus d'une société basée sur l'égalité, la liberté et une confrérie universelle, dans laquelle il n'y a ni discrimination ni taxes, ni oppression. Il est en fait l'expression du contenu de la pensée indienne fondée sur une expérience riche et millénaire.

D'autres ont souligné la pensée indienne héritée de Guru Nanak qui appelait à une nouvelle société fondée sur le Sarbat Da Bhalla  le bien-être de tous.

De nombreux fermiers se sont inspirés des remarques du Darshan pendjabi sur le devoir de l'État de garantir le Sukh et le Raksha de tous (bonheur et sécurité). Si l'État ne le fait pas, le peuple a alors le devoir de le renverser. Plusieurs ont dit qu'il ne s'agit pas uniquement d'une lutte économique. C'est une lutte pour leur Hond et leur Vajud, pour leur être même. Ce n'est pas seulement une lutte pour Fasal (les récoltes), mais pour Nasal (les générations à venir); pas seulement pour Kanak (le blé), mais aussi pour Anakh (la dignité); pas seulement pour Anaj (le grain), mais aussi pour Samaj (la société). Des centaines d'artistes et d'interprètes évoquent les luttes que le Pendjab a menées. De nombreux artistes de l'ouest du Pendjab ont aussi exprimé leur unité avec leurs frères et soeurs de l'est du Pendjab. Certains de leurs chants se sont propagés rapidement. Selon une agence de nouvelles, plus de 100 000 Pendjabis sont revenus de l'étranger pour se joindre à la lutte des fermiers du Pendjab.

La conscience pendjabi pour l'autodétermination et l'unité des Pendjabis a émergé avec beaucoup de force dans cette lutte. L'appel de Dulla Bhatti à l'autodétermination du Pendjab est repris par les manifestations des fermiers. Plusieurs demandent la décolonisation du Pendjab, qui a été occupé par les Britanniques en 1849, dont le joug néocolonial s'est poursuivi après 1947, avec la suppression des droits nationaux, sociaux et culturels du Pendjab et des Pendjabis et qui a mené finalement à la division brutale de la nation pendjabie en 1947, de même que de la nation bengalie.

Le Raj actuel à Delhi a tenté de diaboliser la lutte des fermiers et les aspirations des Pendjabis en les associant au terrorisme, mais cela ne fonctionne pas. Les Pendjabis se sont soulevés à plusieurs reprises depuis 1947 pour affirmer leurs droits, la quête et les aspirations du Pendjab. Cela s'est exprimé de diverses façons. Dans les années 1950, cela s'est exprimé dans le mouvement pour la langue pendjabie; dans les années 1970 et 1980, dans le mouvement pour l'autonomie et le Khalistan. Cela s'exprime aujourd'hui dans un appel à un référendum sur l'indépendance du Pendjab. De nombreux commentateurs soulignent que cette aspiration et cette détermination ne vont que grandir, que la lutte des fermiers soit victorieuse ou soit noyée dans le sang par Delhi. La fin de l'État des oligarques à Delhi est inévitable. La gouvernance est intenable sans le renouveau et la rénovation par lesquels le peuple s'investit du pouvoir. Mais, comme ce fut le cas d'Aurangzeb avant elle, l'élite dirigeante de Delhi préférerait l'effondrement au renouveau. Elle n'a appris aucune leçon de l'histoire, ni de l'effondrement de l'Union soviétique et ni de ce qui se produit aux États-Unis et dans d'autres pays.

La lutte des fermiers démontre que toutes les institutions néocoloniales qui ont été imposées à l'Inde par les Britanniques et leurs collaborateurs, avant et après 1947, comme le transfert de l'appareil d'État colonial, comme le gouvernement, le système parlementaire, le système judiciaire, les entreprises et le système électoral et du gouvernement de partis, servent uniquement les bâtisseurs d'empires, les exploiteurs et une infime élite dirigeante et concentrent toutes les ressources naturelles et humaines entre leurs mains. Dans les 74 dernières années, neuf monopoles ont acquis plus de richesses que n'en possèdent les 600 millions d'habitants de l'Inde pris ensemble. Les droits du peuple sont violés en toute impunité.


Action à Toronto le 26 décembre 2020 en appui aux fermiers indiens

On rapporte que les lois anti-fermiers ont été recommandées par la Banque mondiale il y a 30 ans. Ce document de la Banque mondiale était intitulé : L'Inde : mémorandum économique sur le pays, Vol. II

La lutte des fermiers illustre aussi la nécessité de développer le propre matériel de pensée du peuple pour que les problèmes auxquels lui et la société font face soient résolus. Les fermiers, les travailleurs, les artistes et les intellectuels, les musiciens et les poètes pendjabis à la frontière de Singhu expriment et présentent en public des solutions qui s'inspirent du Darshan pendjabi, développé depuis des siècles comme guide à l'action dans les conditions actuelles. Ils s'inspirent et développent les concepts et les catégories élaborés par les révolutionnaires, les combattants, les gurus, les sufis, les saints, les bhagats et les penseurs du Penbdjab qui remontent à plusieurs siècles. Ils rejettent les phrases empruntées d'Europe, des États-Unis et d'autres endroits. Le Darshan pendjabi et le Reet pendjabi sont robustes, riches et capables d'aborder les problèmes du présent et d'énoncer une vision pour l'avenir. Des centaines de poètes, de chanteurs, de musiciens, d'écrivains et de conteurs expriment la quête et les aspirations du peuple et ses traditions de combat sur les scènes, dans les médias sociaux, dans les rues et les parcs des villes et des villages.

La ligne de marche demeure l'appui aux fermiers de l'Inde et l'unité d'action pour revendiquer l'abrogation des trois lois agricoles. Tant qu'elles ne seront pas abrogées, les fermiers n'ont aucune intention de mettre fin à leur morcha (leur résistance).

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