Numéro 81 - 1er décembre 2020
Projet de loi 47 de l'Alberta, Loi de 2020
sur la sécurité et
la réduction
des formalités administratives
Non à la légalisation de la négation
des droits des travailleurs!
Piquet à Spruce Grove contre les compressions du
PCU, le 3 novembre 2020 (Epyke)
• Les
modifications à la Loi sur l'indemnisation
des travailleurs accidentés
• La Fédération du travail
de Nouvelle-Écosse condamne le projet de
loi 47
Une demande
pour une action urgente en Alberta pour freiner
la COVID-19
• Résolution de la
Fédération du travail de l'Alberta
Les
travailleurs de la santé du Québec s'opposent
aux arrêtés ministériels
• Un profond besoin
objectif de nouveaux arrangements -
Pierre Soublière
Projet de loi 47 de
l'Alberta, Loi de 2020 sur la sécurité et
la réduction des formalités administratives
« Réduire les formalités administratives »
et « défendre les droits des travailleurs »
ont été le mantra des forces néolibérales depuis
le début des années 1990, lorsqu'elles ont
commencé à restructurer les arrangements de l'État
pour intensifier les stratagèmes pour payer les
riches. Les arrangements néolibéraux ont
systématiquement brisé les arrangements établis au
XXe siècle qui, dans une mesure limitée,
reconnaissaient les droits collectifs des
travailleurs en échange de la paix ouvrière. Tout
droit collectif est considéré comme interférant
avec les intérêts des grandes entreprises de faire
ce qu'elles veulent quand elles veulent, et
maintenant que les intérêts privés contrôlent
directement le pouvoir de l'État, ils gouvernent
en toute impunité. Tout le monde le sait et les
travailleurs condamnent catégoriquement
l'arrogance d'un gouvernement comme le
gouvernement du Parti conservateur uni (PCU) qui
agit comme il le fait parce qu'il est capable de
le faire. Comment tenir les gouvernements
redevables de leurs actions est en effet devenu la
question la plus préoccupante.
Les modifications que le gouvernement de
l'Alberta apporte à la Loi sur l'indemnisation
des travailleurs accidentés dans le projet
de loi 47 sont fondés sur la conception que
les travailleurs sont remplaçables et que les «
décisions d'affaires », et non les droits des
travailleurs, doivent prévaloir. Le seul objectif
est de réduire les cotisations et les obligations
des employeurs en refusant les réclamations, en
réduisant les indemnités, en introduisant des
mesures arbitraires pour mettre fin aux
prestations, et en rendant plus difficile pour les
travailleurs de faire des réclamations et de faire
appel de décisions injustes.
Le gouvernement n'essaie même pas de cacher le
fait que le Conseil des gouverneurs de la
Commission des accidents de travail (CdG de la
CAT) ne fait qu'avaliser les décisions et qu'il a
recours au diktat pour contrôler toutes les
commissions et les agences « indépendantes »
et qu'il le fait ouvertement. Le feuillet
d'information publié par le gouvernement indique
que le projet de loi 47 réduira les
prestations des travailleurs accidentés
d'environ 112 millions de dollars par an et
d'un autre 240 millions de dollars
supplémentaires grâce aux réductions de
l'ajustement lié au coût de la vie (COLA). Les
réductions estimées comprennent les «
économies » découlant de décisions du CdG de
la CAT, qui est censé représenter les intérêts des
« travailleurs, des employeurs et du
public ».
Les cotisations des employeurs reflètent le taux
et la gravité des accidents du travail, ainsi que
la mesure dans laquelle les travailleurs blessés
reçoivent l'indemnisation qui leur est due en
échange d'un accord en vertu duquel ils ne
poursuivent pas leur employeur en justice. Il est
de la responsabilité de tout gouvernement digne de
ce nom de faire respecter les droits des
travailleurs à des endroits de travail salubres et
sécuritaires et de tenir les employeurs
responsables. Des lieux de travail sécuritaires
exigent la participation active des travailleurs à
la prise de décision dans tous les aspects de leur
santé et sécurité au travail. Mais le gouvernement
empêche les travailleurs de participer à la prise
de décision, prive les travailleurs de
l'indemnisation lorsqu'ils sont blessés et offre
aux employeurs des réductions de cotisations, ce
qui est un de ses stratagèmes pour payer les
riches.
Cette attaque survient à un moment
où 28 000 travailleurs dans tout le
Canada ont déposé des réclamations à la Commission
des accidents de travail (CAT) après avoir été
infectés de la COVID-19 au travail, un nombre qui
ne représente probablement qu'une infime fraction
des personnes infectées. En outre, les
travailleurs luttent activement pour contrôler la
pandémie de la COVID-19 en exigeant des conditions
sécuritaires sur leurs lieux de travail qui
permettront de contrôler la propagation de la
maladie et de protéger leurs propres conditions de
travail. Imposer leurs conditions de travail par
la loi sur la base des critères les plus
antihumains et refuser de les indemniser
lorsqu'ils sont épuisés ou blessés ou que leur vie
de famille est bouleversée est une mesure
totalement antidémocratique. C'est quelque chose
d'inacceptable pour l'humanité au XXIe siècle.
Cela montre que le principal problème auquel est
confronté le mouvement ouvrier en Alberta, comme
c'est le cas dans tout le pays, est qu'est-ce
qu'il faut faire lorsqu'un gouvernement comme
celui du PCU nie ce qui lui appartient de droit.
Agir ainsi en pleine pandémie est d'autant plus
odieux. Cela aggravera sérieusement les conditions
d'appauvrissement et de souffrance auxquelles les
travailleurs sont confrontés, rendant encore plus
lourd l'énorme fardeau de l'offensive antisociale
sur le dos de tous.
Avant de déposer le
projet de loi 47, le gouvernement du PCU
a mené une « consultation » du 9 juillet
au 14 août 2020[1]. Le rapport de
la consultation a été publié le 5 novembre,
le jour même de la première lecture du projet de
loi 47 à la législature. Le rapport
indiquait : « Les priorités du gouvernement
et les contributions, sous forme de soumissions de
réduction de la lourdeur administrative et des
agences du système d'indemnisation des accidents
du travail, ont alimenté un guide de soumission
écrit ». Il n'y a aucune mention du droit à
une indemnisation ou des principes sur lesquels
repose le système d'indemnisation des
travailleurs.
Le rapport indique que quatre-vingt-cinq réponses
ont été reçues, dont 32 de « parties
prenantes invitées » qui étaient
principalement des employeurs, 49 d'« autres
Albertains intéressés », indiqués comme
représentant en grande majorité des employeurs, et
4 soumissions exprimant leur soutien à une autre
soumission. Cela contraste avec la vaste
participation au Comité d'examen de la CAT, qui a
débuté en 2016 et a publié son rapport en
2017, reconnaissant la « culture du déni » à
la CAT et la nécessité d'un changement substantiel[2].
Le rapport indique que « Les parties prenantes
étaient particulièrement intéressées par quatre
sujets : le plafond maximum de la
rémunération assurable, l'obligation de
l'employeur de réintégrer, la présomption de
couverture dans le cas de traumatismes
psychologiques et les excédents de la caisse des
accidents », et note les réponses des
employeurs et des travailleurs. Sur chacun de ces
quatre sujets, le projet de loi 47 répond aux
demandes des employeurs et il répond aussi à
d'autres de leurs demandes[3].
Ce numéro de Forum ouvrier rend compte du
projet de loi 47. Forum ouvrier félicite
la classe ouvrière de l'Alberta qui défend
résolument les droits de tous et de toutes dans
les batailles qu'elle mène. Ses combats révèlent
avant tout que lorsque l'objectif de la défense
des droits de tous est pris en main, la manière et
les moyens peuvent et seront trouvés pour
atteindre cet objectif.
Notes
1. Voir «
Le gouvernement de l'Alberta intensifie ses
attaques contre
les droits des travailleurs : joignez-vous
aux mobilisations à la défense des droits de
tous! », Forum ouvrier, 20
août 2020
2. Voir «Justice
pour les travailleurs accidentés! :
L'indemnisation est un droit!» et «Réponse aux
recommandations du Groupe d'étude de la
Commission de l'indemnisation des travailleurs
de l'Alberta», Forum ouvrier, 19
octobre 2017.
3. Voir «Gouvernement
de l'Alberta, examen de la Commission des
accidents du travail (CAT), ce que nous avons
entendu», 2017 (en anglais)
Coupures aux prestations
La Commission des accidents du travail (CAT) peut
établir un plafond de rémunération au-dessus
duquel elle ne paie pas de prestations. Elle peut
décider du niveau de l'indemnisation (actuellement
et historiquement 90 % des revenus) et
du montant de l'ajustement lié au coût de la
vie (COLA), le cas échéant. Le COLA est maintenant
fixé au taux d'inflation de l'Alberta. Le feuillet
d'information du gouvernement estime que ces
changements réduiront les paiements aux
travailleurs d'environ 112 millions de
dollars par an, en plus de voler environ 240
millions de dollars aux travailleurs grâce à des
réductions du COLA. Le Conseil des gouverneurs de
la CAT (CdG de la CAT), qui est censé représenter
les travailleurs, les employeurs et le public, est
chargé de fixer le COLA et le niveau
d'indemnisation. Le PCU est convaincu que le CdG
de la CAT apportera tous les changements que le
gouvernement dictera. Le PCU ne cache pas qu'il
dicte ce que peuvent faire les commissions et les
autorités prétendument « indépendantes ».
La réduction du COLA sera plus préjudiciable aux
travailleurs ayant une invalidité permanente,
alors qu'ils se retrouveront avec des revenus
moindres et une pauvreté croissante.
Obligation de réintégrer les travailleurs
Le projet de loi n'oblige plus les employeurs à
réintégrer les travailleurs prêts à retourner au
travail. Les travailleurs non réintégrés doivent
déposer une plainte auprès de la Commission des
droits de la personne de l'Alberta selon laquelle
l'employeur a violé l'obligation de les
accommoder, un processus qui peut prendre des
années.
Continuation des prestations de santé
Les employeurs ne seront plus tenus de continuer
à contribuer aux prestations médicales, dentaires
et autres pour les travailleurs couverts par la
CAT. Les prestations font partie des revenus des
travailleurs, et cette mesure enfreint le principe
de base de la CAT. La CAT ne couvre que le coût
des prestations médicales liées aux accidents, et
uniquement pour le travailleur accidenté, mais pas
sa famille, qui se retrouvera sans prestations de
santé.
Présomption de couverture dans le cas de
traumatismes psychologiques
Le projet de loi 47 élimine la présomption
de couverture dans le cas de traumatismes
psychologiques pour presque tous les travailleurs
à l'exception des premiers intervenants, définis
comme étant les pompiers, les paramédicaux, les
agents de la paix, les policiers, les agents
correctionnels et les répartiteurs d'urgence. Même
les infirmières des salles d'urgence et les
travailleurs des soins de longue durée et des
services liés à la COVID-19 ne seront pas
couverts. Les travailleurs autres que ceux
désignés comme premiers intervenants devraient
prouver que leur état psychologique était lié à
leur travail.
Depuis que le PCU a nommé un nouveau conseil
d'administration à la CAT, une expérience
traumatique au travail a été définie de façon
restrictive comme : « spécifique, soudaine,
effrayante ou choquante; et/ou une mort réelle ou
mort probable, ou une blessure grave à soi-même ou
à autrui, ou une menace à son être
physique ». Le PCU estime que le retrait de
la présomption de couverture réduira les
réclamations de 70 millions de dollars par
an.
Capacité à réduire ou suspendre l'indemnisation
Le projet de loi introduit un « devoir de
coopération » pour les travailleurs.
L'indemnisation peut être suspendue ou réduite si
les travailleurs ne coopèrent pas et/ou ne sont
pas disponibles pour des programmes de formation
professionnelle ou de réadaptation. La coopération
et la disponibilité ne sont pas définies. Les
travailleurs peuvent également voir leurs
indemnités coupées s'ils sont licenciés pour «
conduite extrême » qui n'est pas non plus
définie. On ne peut qu'imaginer le pouvoir
arbitraire que cela donne à la fois à la CAT et
aux employeurs de priver les travailleurs de ce
qui leur appartient de droit.
Abolition du Bureau des pratiques équitables et
modifications des recours
Le Bureau des pratiques équitables est aboli et
la CAT reverra maintenant ses propres pratiques en
matière d'équité, en mettant le renard en charge
du poulailler. Les travailleurs sont laissés à
eux-mêmes pour savoir comment naviguer dans le
système de la CAT et faire accepter leur
réclamation. L'aide minimale fournie aux
travailleurs pour les recours revient désormais à
la Commission des recours. Les travailleurs auront
désormais un an pour déposer un recours, pas deux.
Bénéfice du doute
Si une divergence d'opinions médicales existe et
que les preuves sont à peu près égales, le projet
de loi ne stipulera plus que la décision
sera résolue en faveur du travailleur.
Limiter la participation et les examens
Le Comité consultatif sur les maladies
professionnelles et les accidents a été supprimé.
Ce comité comprenait des experts médicaux et au
moins un membre nommé par une organisation de
travailleurs. Son objectif est de mettre à jour
les connaissances médicales sur les maladies
professionnelles et d'inclure les nouvelles
connaissances médicales dans la législation. Des
examens législatifs de la législation de la CAT ne
sont maintenant requis que tous les 10 ans.
Fonds « excédentaires »
Le PCU semble également demander au conseil
d'administration de la CAT de revoir les
politiques de financement concernant les fonds «
excédentaires » dans la caisse des accidents,
probablement afin d'obliger le retour des «
surplus » aux employeurs. Le comité d'examen
de la CAT a recommandé de mettre fin à la pratique
de distribution des « excédents » de la
caisse des accidents aux employeurs, et a été
incorporé dans la Loi en 2018.
Le 27 novembre, la Fédération du travail de
Nouvelle-Écosse (NSFL) a publié une déclaration
intitulée « La NSFL condamne la Loi de l'Alberta
qui met les profits avant la sécurité des
travailleurs ». Voici le texte intégral de la
déclaration.
Le président de la NSFL Danny Cavanagh a écrit au
premier ministre Jason Kenney cette semaine.
Lorsque votre gouvernement du Parti conservateur
uni (PCU) a présenté récemment le projet de
loi 47, la Loi de 2020 sur la
sécurité et la réduction des formalités
administratives, il était très clair que
cette nouvelle loi va faire en sorte que plus de
travailleurs vont se blesser ou être tués au
travail et que les travailleurs qui se blessent
auront moins accès à l'appui dont ils ont besoin
en tant que travailleurs accidentés.
Le projet de loi n'a rien à voir avec la
réduction des formalités administratives,
mais est juste un exemple de plus des actions du
PCU qui mettent les profits des employeurs avant
la santé et la sécurité des travailleurs. Cette
nouvelle loi est une autre attaque contre les
travailleurs de l'Alberta, qui les mettra encore
plus en péril dans des endroits de travail encore
moins sécuritaires et fournira moins
d'indemnisation aux travailleurs tués ou blessés
au travail.
Nous sommes très préoccupés des modifications qui
sont apportées à la Loi sur l'indemnisation
des travailleurs, en particulier
l'élimination de l'exigence juridique pour les
employeurs de réintégrer un travailleur accidenté,
l'établissement d'un plafond pour le montant que
reçoit un travailleur accidenté, la fin de la
présomption de couverture présumée dans les cas de
traumatismes psychologiques pour la plupart des
travailleurs, et la fermeture du Bureau des
pratiques équitables, le seul endroit qui existe
pour la plupart des travailleurs accidentés pour
recevoir de l'aide afin de s'y retrouver dans le
système.
Nous ne comprenons pas non plus votre approche
qui consiste à remplacer la Loi sur la santé
et la sécurité du travail au lieu de la
modifier. Cependant, il est clair que le
changement le plus préoccupant qui est proposé est
de limiter le droit du travailleur de refuser un
travail non sécuritaire, lequel est un droit
crucial qui sauve des vies, surtout pendant la
pandémie de la COVID-19.
Le droit de refus a été crucial pour les
travailleurs afin de garantir que les endroits de
travail sont sécuritaires pendant la pandémie
actuelle de la COVID-19. S'attaquer au droit du
travailleur de refuser un travail non sécuritaire
pendant la pandémie actuelle est quelque chose de
dangereux.
Avec la présentation du projet de loi 47, il
est clair que vous n'êtes pas du côté des
travailleurs albertains. Nous vous enjoignons à
retirer ce projet de loi et à appuyer les
travailleurs de votre province au lieu de
travailler contre eux.
Une demande pour une action
urgente en Alberta pour freiner la COVID-19
Manifestation à Red Deer
contre les compressions du gouvernement Kenney,
le 23 octobre 2020 (AUPE)
Le 19 novembre, le conseil exécutif de la
Fédération du travail de l'Alberta (AFL) a adopté
à l'unanimité une résolution qui présente une
série d'actions concrètes nécessaires pour stopper
la propagation de la COVID-19 et appuyer les
Albertains pendant la deuxième vague de la
pandémie, et qui appelle le gouvernement à mettre
en oeuvre ces mesures immédiatement. La résolution
demande aussi au gouvernement de mettre fin à ses
attaques contre les médecins et les travailleurs
de la santé, d'abandonner ses manoeuvres de
privatisation, et de mettre fin à ses gestes qui
minent la santé et la sécurité des travailleurs de
l'Alberta.
La résolution demande au gouvernement de prendre
immédiatement les mesures suivantes :
- mettre en place un confinement «
coupe-circuit » qui brise les chaînes de
transmission et ralentit la propagation du virus,
comme le recommandent les médecins, les experts en
politique de la santé et les plus grands syndicats
de la santé de l'Alberta;
- mettre en oeuvre un mandat de port du masque à
l'échelle de la province dans les centres de soins
de longue durée;
- rétablir la politique du site unique dans les
centres de soins de longue durée (selon la
résolution de l'AFL, la politique n'a jamais été
vraiment fonctionnelle pendant la première vague);
- instaurer des congés de maladie payés afin que
les gens puissent demeurer à la maison lorsqu'ils
sont malades ou qu'ils doivent s'isoler;
- garantir un revenu et un appui financier de la
part du gouvernement provincial pour les
Albertains qui perdent leur emploi à cause du
confinement, y compris un moratoire sur les
évictions et les saisies;
- adopter l'application de notification
d'exposition du gouvernement fédéral;
- accroître considérablement le financement des
écoles pour que nous soyons capables d'engager
plus de personnel pour remplacer le personnel qui
est en isolement et pour réduire la taille des
classes afin de promouvoir la distanciation
physique;
- reconnaître officiellement les données
nouvelles de la science au sujet de la
transmission de la COVID-19 par les aérosols;
- investir des montants significatifs et
suffisants de fonds publics provinciaux pour la
ventilation adéquate des écoles, des
établissements de santé et des endroits de
travail, conformément aux nouvelles preuves
scientifiques de transmission par aérosols de la
COVID-19;
- mettre à jour les guides relatifs aux ÉPI pour
tous les travailleurs, particulièrement ceux du
secteur de la santé, pour nous conformer au
nouveau consensus scientifique sur la transmission
par aérosols de la COVID-19;
- adopter officiellement le principe de
précaution et reconnaître qu'il doit guider toutes
les décisions de santé et sécurité liées à la
COVID-19 dans les endroits de travail en Alberta;
- fournir l'information entière sur les éclosions
dans les endroits de travail du secteur privé (la
promesse avait été faite en avril, mais elle n'a
jamais été entièrement tenue, note l'AFL);
- inspecter de manière proactive les endroits de
travail de l'Alberta et imposer des amendes aux
employeurs qui font courir des risques aux
travailleurs en ne suivant pas les guides de la
santé publique;
- adopter une stratégie
d'« écrasement et d'endiguement » tous
azimuts de la COVID, semblable à celles adoptées
par différents pays dans le monde qui ont le mieux
réussi à endiguer la COVID-19, comme la
Nouvelle-Zélande, l'Australie et Taiwan (de même
que les provinces de la « bulle atlantique »
ici au Canada);
- développer un plan de vaccination provinciale
afin que nous soyons capables de distribuer les
vaccins rapidement lorsqu'ils deviennent
disponibles et de surmonter les campagnes
dangereuses de désinformation.
Le gouvernement doit aussi :
- cesser de chasser les médecins de la province
pendant une pandémie;
- renoncer à son plan de mettre à
pied 11 000 travailleurs et
travailleuses de la santé pendant une pandémie;
- arrêter de sous-financer nos systèmes de santé
et d'éducation;
- renoncer aux plans de privatisation du
dépistage public et des laboratoires de l'Alberta,
qui continuent d'être une composante importante de
notre réponse à la pandémie;
- retirer le projet de loi 47 qui prive les
Albertains de leur droit de refuser un travail
dangereux. Ce droit est important en tout temps,
mais il est choquant de voir que le gouvernement
essaie de l'éliminer pendant une pandémie alors
qu'il est très clair que ce ne sont pas tous les
employeurs qui suivent les directives de la santé
publique, souligne la résolution.
Les travailleurs de la santé du
Québec s'opposent aux arrêtés ministériels
- Pierre Soublière -
Manifestation devant l'hôpital de Gatineau
contre les décrets ministériels, le 6
novembre 2020
Depuis quelques semaines au Québec, en
particulier face à la deuxième vague de la
pandémie et au refus du gouvernement de mobiliser
le peuple pour surmonter les problèmes, le fossé
se creuse entre l'autorité et la légitimité du
gouvernement et les conditions engendrées par les
forces productives modernes d'une économie
hautement socialisée.
D'abord les travailleurs de la santé font de plus
en plus connaître leur mécontentement et mettent
de plus en plus de l'avant les solutions qui vont
leur permettre d'assurer leur propre protection
ainsi que celle des patients et résidents dont ils
ont la responsabilité. Le mot d'ordre
incontournable d'améliorer les conditions de
travail se fait de plus en plus entendre. Ces
améliorations ne sont pas des idées vagues, mais
se traduisent par des mesures très précises en
termes de ratios personnel/patients, d'horaires
fixes, etc. Se rajoutent à ces mesures une
préoccupation générale croissante pour le sort de
nos aînés, et une des questions qui est soulevée
est pourquoi le sort de nos êtres aimés est remis
entre les mains d'entreprises privées dont la
seule raison d'être est le profit. Il y a aussi un
consensus à l'effet que la capacité de vaincre le
coronavirus a été sapée par des décennies de
compressions et de désinvestissement, de
privatisation et de réformes en santé qui ont
rendu le système de soins de santé de plus en plus
inaccessible, et surtout pas assez solide pour
surmonter des crises telles que la présente
pandémie.
Face aux propositions de
la part des travailleurs, mais aussi de diverses
sections du peuple, la réponse du gouvernement,
qui est toujours initialement de montrer un
semblant d'« empathie », est de poursuivre
comme si de rien n'était, suivant son propre ordre
du jour en l'imposant par décrets, arrêtés
ministériels et en proférant des menaces. Ces
arrêtés ministériels en soins de santé ont aggravé
la situation déjà précaire en santé, parce qu'ils
ouvrent la porte aux employeurs qui continuent
d'abuser des conditions de travail des employés,
avec des conséquences dangereuses à la fois pour
ces derniers et pour les personnes qu'ils
soignent. Dans certaines résidences pour aînés où
il y a eu des éclosions, on annonce qu'une des
mesures prises a été d'embaucher des gardiens de
sécurité pour faire des tournées et voir à ce que
tout le monde « respecte les
consignes » !
Lorsque le gouvernement du Québec a annoncé la
fermeture à nouveau des centres de conditionnement
physique, des restaurants et cinémas, plusieurs
ont soulevé que lorsqu'ils ont réouvert à la suite
de la première vague, ils avaient respecté à la
lettre les directives des organismes de santé
publique, et qu'une nouvelle fermeture allait
possiblement les pousser à la faillite. Le
gouvernement Legault, qui comme ses prédécesseurs
ne jure que par les PME et comment il est là pour
eux, a fait la sourde oreille. Une association qui
représente 200 centres de conditionnement
physique du Québec a fait une sortie dans les
médias, disant très clairement comment leurs
services contribuaient à la santé physique et
mentale de la population, comment ils n'avaient
été la source d'aucune éclosion en mettant en
place les mesures appropriées. Lorsque les
porte-paroles ont laissé entendre qu'ils
contreviendraient peut-être à la directive du
gouvernement en restant ouverts, le gouvernement
Legault a menacé d'imposer une amende salée à
quiconque se pointerait à un de ces centres.
Une association de 700 médecins, portant le
nom de Regroupement québécois pour une
décentralisation du système de santé, se dit
freinée par les administrations locales dans leurs
efforts pour « mettre en place des mesures et des
solutions concrètes pour freiner la pandémie dans
les milieux de soins ». Elle soulève que
l'autonomie du personnel sur le terrain est encore
plus essentielle en cette deuxième vague parce que
le réseau doit désormais soigner autant les
patients atteints de la COVID-19 que ceux qui
doivent être traités pour un cancer ou un
infarctus, en pleine pénurie de personnel. La
première démarche du regroupement pour parler au
gouvernement a été tentée en juin, et encore
récemment, le gouvernement Legault a fait savoir
qu'il refusait de les rencontrer.
Aussi, récemment, dans une lettre ouverte, le
maire de la ville de Gatineau a soulevé le point
suivant : « Il est clair que du seul point de
vue de la santé publique, nous devrions être en
zone orange, même orange pâle...Qu'est-ce qui
cloche ? Ce qui cloche, c'est la fragilité de
notre réseau de la santé, l'autre critère pour
déterminer les zones, celui dont on parle peu. Les
directions de la santé publique en Outaouais et au
national sont très claires : si ce n'était de
la faiblesse du réseau de la santé en Outaouais,
du nombre de lits disponibles, du nombre
d'infirmières disponibles, du nombre de médecins
disponibles, nous serions en zone orange. Nous
sommes, encore aujourd'hui, victimes de décennies
de négligence en matière d'investissement en
santé. » Le maire poursuit en disant que,
n'eut été de cette injustice, « nous pourrions
briser l'isolement qui nous pèse, nos aînés
souffriraient moins, nous perdrions moins
d'emplois, car l'essentiel de nos pertes se fait
dans les domaines qui seraient ouverts en zone
orange. »
La société a un urgent besoin de nouveaux
arrangements qui font en sorte que toutes les
sections du peuple, en commençant par les
travailleurs, sont mises à contribution pour
surmonter autant les problèmes qui sévissent
présentement qu'en tout temps. Des nouvelles
formes sont nécessaires pour répondre à ce besoin
de résoudre les problèmes sociaux, en tenant
compte des intérêts individuels et collectifs et
ceux de la société dans son ensemble dans un
mouvement démocratique. Les tentatives de
criminaliser les revendications, opinions et
propositions du peuple font partie du problème et
constituent un obstacle majeur à l'avancement
démocratique de la société.
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