Projet de loi 47 de l'Alberta, Loi de 2020 sur la sécurité et
la réduction des formalités administratives

Non à la légalisation de la négation des droits des travailleurs!

« Réduire les formalités administratives » et « défendre les droits des travailleurs » ont été le mantra des forces néolibérales depuis le début des années 1990, lorsqu'elles ont commencé à restructurer les arrangements de l'État pour intensifier les stratagèmes pour payer les riches. Les arrangements néolibéraux ont systématiquement brisé les arrangements établis au XXe siècle qui, dans une mesure limitée, reconnaissaient les droits collectifs des travailleurs en échange de la paix ouvrière. Tout droit collectif est considéré comme interférant avec les intérêts des grandes entreprises de faire ce qu'elles veulent quand elles veulent, et maintenant que les intérêts privés contrôlent directement le pouvoir de l'État, ils gouvernent en toute impunité. Tout le monde le sait et les travailleurs condamnent catégoriquement l'arrogance d'un gouvernement comme le gouvernement du Parti conservateur uni (PCU) qui agit comme il le fait parce qu'il est capable de le faire. Comment tenir les gouvernements redevables de leurs actions est en effet devenu la question la plus préoccupante.

Les modifications  que le gouvernement de l'Alberta apporte à la Loi sur l'indemnisation des travailleurs accidentés dans le projet de loi 47 sont fondés sur la conception que les travailleurs sont remplaçables et que les « décisions d'affaires », et non les droits des travailleurs, doivent prévaloir. Le seul objectif est de réduire les cotisations et les obligations des employeurs en refusant les réclamations, en réduisant les indemnités, en introduisant des mesures arbitraires pour mettre fin aux prestations, et en rendant plus difficile pour les travailleurs de faire des réclamations et de faire appel de décisions injustes.

Le gouvernement n'essaie même pas de cacher le fait que le Conseil des gouverneurs de la Commission des accidents de travail (CdG de la CAT) ne fait qu'avaliser les décisions et qu'il a recours au diktat pour contrôler toutes les commissions et les agences « indépendantes » et qu'il le fait ouvertement. Le feuillet d'information publié par le gouvernement indique que le projet de loi 47 réduira les prestations des travailleurs accidentés d'environ 112 millions de dollars par an et d'un autre 240 millions de dollars supplémentaires grâce aux réductions de l'ajustement lié au coût de la vie (COLA). Les réductions estimées comprennent les « économies » découlant de décisions du CdG de la CAT, qui est censé représenter les intérêts des « travailleurs, des employeurs et du public ».

Les cotisations des employeurs reflètent le taux et la gravité des accidents du travail, ainsi que la mesure dans laquelle les travailleurs blessés reçoivent l'indemnisation qui leur est due en échange d'un accord en vertu duquel ils ne poursuivent pas leur employeur en justice. Il est de la responsabilité de tout gouvernement digne de ce nom de faire respecter les droits des travailleurs à des endroits de travail salubres et sécuritaires et de tenir les employeurs responsables. Des lieux de travail sécuritaires exigent la participation active des travailleurs à la prise de décision dans tous les aspects de leur santé et sécurité au travail. Mais le gouvernement empêche les travailleurs de participer à la prise de décision, prive les travailleurs de l'indemnisation lorsqu'ils sont blessés et offre aux employeurs des réductions de cotisations, ce qui est un de ses stratagèmes pour payer les riches.

Cette attaque survient à un moment où 28 000 travailleurs dans tout le Canada ont déposé des réclamations à la Commission des accidents de travail (CAT) après avoir été infectés de la COVID-19 au travail, un nombre qui ne représente probablement qu'une infime fraction des personnes infectées. En outre, les travailleurs luttent activement pour contrôler la pandémie de la COVID-19 en exigeant des conditions sécuritaires sur leurs lieux de travail qui permettront de contrôler la propagation de la maladie et de protéger leurs propres conditions de travail. Imposer leurs conditions de travail par la loi sur la base des critères les plus antihumains et refuser de les indemniser lorsqu'ils sont épuisés ou blessés ou que leur vie de famille est bouleversée est une mesure totalement antidémocratique. C'est quelque chose d'inacceptable pour l'humanité au XXIe siècle. Cela montre que le principal problème auquel est confronté le mouvement ouvrier en Alberta, comme c'est le cas dans tout le pays, est qu'est-ce qu'il faut faire lorsqu'un gouvernement comme celui du PCU nie ce qui lui appartient de droit. Agir ainsi en pleine pandémie est d'autant plus odieux. Cela aggravera sérieusement les conditions d'appauvrissement et de souffrance auxquelles les travailleurs sont confrontés, rendant encore plus lourd l'énorme fardeau de l'offensive antisociale sur le dos de tous.

Avant de déposer le projet de loi 47, le gouvernement du PCU a mené une « consultation » du 9 juillet au 14 août 2020[1]. Le rapport de la consultation a été publié le 5 novembre, le jour même de la première lecture du projet de loi 47 à la législature. Le rapport indiquait : « Les priorités du gouvernement et les contributions, sous forme de soumissions de réduction de la lourdeur administrative et des agences du système d'indemnisation des accidents du travail, ont alimenté un guide de soumission écrit ». Il n'y a aucune mention du droit à une indemnisation ou des principes sur lesquels repose le système d'indemnisation des travailleurs.

Le rapport indique que quatre-vingt-cinq réponses ont été reçues, dont 32 de « parties prenantes invitées » qui étaient principalement des employeurs, 49 d'« autres Albertains intéressés », indiqués comme représentant en grande majorité des employeurs, et 4 soumissions exprimant leur soutien à une autre soumission. Cela contraste avec la vaste participation au Comité d'examen de la CAT, qui a débuté en 2016 et a publié son rapport en 2017, reconnaissant la « culture du déni » à la CAT et la nécessité d'un changement substantiel[2].

Le rapport indique que « Les parties prenantes étaient particulièrement intéressées par quatre sujets : le plafond maximum de la rémunération assurable, l'obligation de l'employeur de réintégrer, la présomption de couverture dans le cas de traumatismes psychologiques et les excédents de la caisse des accidents », et note les réponses des employeurs et des travailleurs. Sur chacun de ces quatre sujets, le projet de loi 47 répond aux demandes des employeurs et il répond aussi à d'autres de leurs demandes[3].

Ce numéro de Forum ouvrier rend compte du projet de loi 47. Forum ouvrier félicite la classe ouvrière de l'Alberta qui défend résolument les droits de tous et de toutes dans les batailles qu'elle mène. Ses combats révèlent avant tout que lorsque l'objectif de la défense des droits de tous est pris en main, la manière et les moyens peuvent et seront trouvés pour atteindre cet objectif.

Notes

1. Voir « Le gouvernement de l'Alberta intensifie ses attaques contre
les droits des travailleurs : joignez-vous aux mobilisations à la défense des droits de tous! », Forum ouvrier, 20 août 2020

2. Voir «Justice pour les travailleurs accidentés! : L'indemnisation est un droit!» et «Réponse aux recommandations du Groupe d'étude de la Commission de l'indemnisation des travailleurs de l'Alberta», Forum ouvrier, 19 octobre 2017.

3. Voir «Gouvernement de l'Alberta, examen de la Commission des accidents du travail (CAT), ce que nous avons entendu», 2017 (en anglais)


Cet article est paru dans

Numéro 81 - Numéro 81 - 1er décembre 2020

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Projet de loi 47 de l'Alberta,: Non à la légalisation de la négation des droits des travailleurs!


    

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