Numéro 55 - 20 août 2020
Le gouvernement de l'Alberta intensifie ses
attaques contre
les droits des travailleurs
Joignez-vous aux mobilisations à la
défense des droits de tous!
• Révision
de la loi albertaine sur la santé et la sécurité
au travail
• Santé et sécurité au
travail : l'expérience des travailleurs de
Cargill
• Une révision frauduleuse
de l'indemnisation des travailleurs
• Révision législative de
2020 de l'indemnisation des travailleurs
accidentés
Défendons les
droits de tous et de toutes
• Manifestation à Montréal
pour régulariser le statut de tous les
travailleurs essentiels
• Journée d'action
nationale le 23 août pour exiger un statut pour
tous et toutes
Le gouvernement de l'Alberta
intensifie ses attaques contre
les droits des travailleurs
En plein été et en pleine pandémie mondiale, le
gouvernement de l'Alberta a lancé une attaque
majeure contre les travailleurs avec la révision
de deux textes de loi importants, la Loi de
l'Alberta sur la santé et la sécurité au travail
(OHS Act ou Loi sur la SST) et la Loi
sur l'indemnisation des travailleurs accidentés.
Cette révision a été lancée quelques jours
seulement après que ce gouvernement a déposé le
projet de loi 32, Loi de 2020 sur la
restauration de l'équilibre dans les endroits de
travail en Alberta, qui a été adopté
le 29 juillet [1].
Forum ouvrier fournit des informations
sur la révision de la Loi sur la SST et de la Loi
sur l'indemnisation des travailleurs accidentés.
Tout dans la révision du gouvernement attaque
les droits, la dignité et la voix des travailleurs
et sert les intérêts privés étroits des riches
employeurs qui se plaignent constamment de la
paperasserie et des charges administratives en
matière de santé et de sécurité aux endroits de
travail.
Une attention
particulière doit être portée au processus et aux
méthodes par lesquels le gouvernement renonce à la
responsabilité de l'État de veiller à la santé et
à la sécurité de tous. Ce processus concentre
systématiquement le pouvoir entre les mains de
l'exécutif pour dicter une ligne de marche qui
prend partie pour les intérêts privés étroits.
Afin de manigancer le passage de sa législation
antiouvrière, dans ces deux cas et pour la loi 32,
le gouvernement a affiché en ligne des sondages et
des guides pour des présentations écrites,
lesquelles sont traités derrière des portes
closes. Le gouvernement qualifie ce processus de «
consultation » avec les Albertains.
L'introduction au sondage sur la Loi sur la SST
dit : « Vos commentaires nous aideront à
déterminer les changements qui pourraient être
nécessaires dans la Loi sur la SST pour améliorer
les processus pour les employeurs et les
travailleurs. »
Le sondage se présente sous forme d'une série de
questions auxquelles les répondants doivent
répondre. Les présentations écrites ont également
été acceptées. Ni les résultats des sondages ni
les contributions écrites ne sont destinés à être
rendus publics, mais deviennent plutôt la
propriété privée du ministère de l'Emploi et de
l'Immigration.
Les questions posées dans le cadre du sondage
sont manipulatrices et laissent entendre que toute
reconnaissance des droits et toute protection des
travailleurs doivent être éliminées, car elles
constituent un obstacle à la relance de l'économie
et aux employeurs qui sont appelés « créateurs
d'emplois ».
Le sondage sur la SST a pris fin le 12 août
et a disparu depuis. Aucune des personnes ayant
répondu n'a pu consulter ses propres réponses ni
les modifier ou compléter le sondage après cette
date. À la place, les répondants ont reçu un
courriel laconique : « Ce sondage est clos.
Merci de votre intérêt. » Les travaillleurs
avec qui Forum
ouvrier a parlé disent qu'ils
s'attendent maintenant à ce que des réponses
manipulées apparaissent soudainement et soient
citées pour renforcer les modifications
antiouvrières contenues dans la loi.
La situation requiert qu'on tienne une discussion
publique comprenant des consultations et des
présentations formelles. Ce ne sont pas de simples
formalités mais un prélude à l'introduction de
lois et d'amendements aux lois qui peuvent être
perçus comme étant légitimes et justes. Le
processus que le gouvernement utilise est
intéressé et perçu comme une attaque directe
contre les droits des travailleurs au nom de
l'urgence de la réouverture de l'économie.
Il devient de plus en plus évident que des
intérêts privés étroits dictent que soit enlevée
toute restriction qui limite la capacité des
riches de s'enrichir. Ils imposent la destruction
des anciennes institutions, organisations,
traditions ou façons de procéder dans le travail
du gouvernement pour qu'elles ne puissent entraver
leurs intérêts privés.
Cette
situation menace dangereusement les conditions de
travail et de vie des travailleurs et leur droit à
la parole sur les questions qui touchent leur vie.
En fait, la mainmise de puissants intérêts privés
sur l'exécutif gouvernemental menace la société
dans son ensemble et la capacité du peuple à
identifier les problèmes, à présenter ses points
de vue et des solutions prosociales, et à
revendiquer ce qui leur appartient de droit. Les
intérêts privés qui ont pris le contrôle de
l'exécutif veulent balayer tous les obstacles à
leur enrichissement et au renforcement de leur
pouvoir aux dépens du peuple, notamment de sa
santé et de sa sécurité.
Les travailleurs albertains se mobilisent contre
cette tentative de les réduire au silence et de
bafouer leurs droits. Forum ouvrier appelle
tous les travailleurs du Québec et du Canada à se
joindre à ces mobilisations pour lutter pour les
droits de tous et de toutes et pour que le
gouvernement Kenney et les autres gouvernements
rendent des comptes pour leurs activités
antiouvrières et antisociales.
Par la mobilisation de masse, les travailleurs
peuvent défendre leur dignité, vaincre ces
attaques contre leurs droits et ouvrir une voie
pour que leur voix et leurs besoins deviennent
décisifs dans les affaires de la société.
Note
1. Pour plus d'informations
sur la Loi 32, lisez le Forum
ouvrier du 30 juillet 2020.
La Loi sur la santé et
la sécurité au travail (Loi sur la SST)
est
un
texte
majeur
des
lois sur le travail de l'Alberta. La Loi stipule
que son but est la promotion et le maintien du
plus haut degré de bien-être des travailleurs, la
prévention des incidents, des accidents au travail
et des maladies professionnelles, et la protection
des travailleurs contre les facteurs et conditions
défavorables à leur santé et sécurité. Selon la
Loi, les travailleurs ont trois droits
fondamentaux en ce qui a trait à leur santé et à
leur sécurité : le droit d'être informé des
dangers sur le lieu de travail qui peuvent avoir
un impact sur leur santé et leur sécurité ;
le droit de participer aux questions de santé et
de sécurité sur le lieu de travail ; et le
droit de refuser un travail qui est dangereux ou
qu'ils ne sont pas compétents à faire en toute
sécurité.
La révision de la Loi sur la SST a été menée au
moyen d'un sondage avec des questions fournies par
le ministère de l'Emploi et de l'Immigration. Dans
l'introduction du questionnaire, le ministère
déclare son intention d'apporter des changements
importants à la Loi pour atténuer son caractère
contraignant afin de donner plus de souplesse et
de responsabilités aux parties aux endroits de
travail.
Le document dit : « Alors que la Loi établit
et fixe les normes minimales, le gouvernement est
responsable de l'élaboration et de l'application
de la Loi, mais non de la gestion de la santé et
de la sécurité au travail sur les lieux de travail
individuels. La Loi établit le cadre pour assurer
la santé et la sécurité d'un lieu de travail par
la participation directe des parties concernées
sur les lieux de travail. »
En fait, tout le sondage repose sur le désir des
employeurs et des entrepreneurs d'alléger ce
qu'ils considèrent comme des fardeaux
réglementaires et contraignants afin qu'ils
puissent fouler aux pieds les droits des
travailleurs qui sont officiellement reconnus dans
la loi.
Voici quelques exemples.
Comités mixtes de santé et de sécurité
La Loi sur la
SST prescrit qu'un employeur doit établir
un comité mixte de santé et de sécurité sur le
lieu de travail si l'employeur emploie 20
travailleurs ou plus et que le travail doit
durer 90 jours ou plus.
Le ministère estime que cette clause de la Loi
est trop restrictive pour les parties et les
empêche d'agir avec innovation et flexibilité sur
le lieu de travail. La solution proposée par le
ministère est l'introduction dans la Loi du
concept d'« endroit de travail à faible
risque ». À ces endroits de travail,
l'exigence d'un comité mixte de santé et sécurité
au travail ne s'appliquerait pas. Le questionnaire
demande aux répondants de commenter les conditions
dans lesquelles un endroit de travail peut être
déclaré « endroit de travail à faible
risque ».
Il est important de garder à l'esprit que les
réponses que le ministère reçoit à cette question
ne sont révélées sous aucune forme et ne sont donc
pas soumises à un examen public. C'est une
manoeuvre pragmatique pour justifier les
changements que le ministère et les intérêts
privés veulent mettre en place. Le fait qu'une
telle question soit même soulevée au milieu de la
pandémie de la COVID-19, où il n'y a manifestement
pas d'endroit de travail à « faible risque »,
montre le caractère intéressé et malhonnête des
exécutifs gouvernementaux et des oligarques
financiers et qu'ils tentent d'imposer à la
société des objectifs antisociaux. Cela montre
également à quel point est dommageable pour la
société le refus de tenir des discussions
publiques sur comment on peut fournir des
solutions aux problèmes sérieux auxquels la
société fait face. En fait, quels que soient les
problèmes auxquels une société est confrontée, des
alternatives qui sont sécuritaires sont à notre
portée. Ce n'est pas inévitable que des gens
doivent mourir de la COVID-19 ou de toute autre
pandémie. C'est possible de les protéger et
l'économie n'a pas à être fermée. Mais rien de
tout cela n'est discuté.
Le droit de refuser un travail dangereux
Un autre exemple important est la question du
travail dangereux et du droit du travailleur de
refuser un travail dangereux, un droit fondamental
qui est formellement reconnu par la loi.
Sous le sous-titre « Droit de refuser »,
l'introduction stipule :
« Le droit de refuser vise à remédier
aux situations où le droit de savoir et le droit
de participer n'ont pas résolu un problème de
santé et de sécurité. En Alberta, les travailleurs
ont le droit de refuser un travail qui présente un
danger. Les employeurs ne peuvent pas pénaliser
les travailleurs qui refusent de travailler ou
posent tout autre geste en vertu de la Loi sur la SST.
Un travailleur peut refuser un travail qui peut le
mettre en danger. Cependant, la Loi sur la SST
ne définit pas le « danger » ni ne limite les
refus lorsque d'autres travailleurs ou le public
peuvent être mis en danger. Fournir plus de clarté
dans la Loi sur
la SST aidera à équilibrer la protection
des travailleurs avec celle d'autres qui peuvent
être touchés par un refus de travailler. »
Le sondage comporte les questions suivantes sous
le sous-titre « Droit de refuser » :
« 1. Comment le terme 'danger' peut-il être
mieux défini pour clarifier le moment où le droit
de refuser un travail dangereux s'applique ?
Y a-t-il des circonstances selon lesquelles le
droit de refuser un travail dangereux devrait être
limité ? Veuillez expliquer et donner des
exemples.
Comment la procédure décrite dans la Loi sur la SST
peut-elle être rationalisée pour donner aux
parties dans un endroit de travail une plus grande
flexibilité pour traiter les refus de travailler à
l'endroit de travail ? »
Le droit de remédier à des conditions dangereuses
par un refus de travailler est nié lorsque les
gouvernements adoptent des lois qui décrètent
qu'un endroit de travail est sécuritaire. On
cherche en fait à rendre illégal tout refus de ce
qu'un individu, un syndicat ou un autre collectif
considèrent non sécuritaires. Premièrement, aucune
opinion publique n'est créée pour justifier le
fondement d'une loi qui est adoptée. Ensuite, si
un individu ou un collectif posent un geste
conformément à leur conscience de comment ils
perçoivent que leurs intérêts sont servis, ils
sont criminalisés. Le résultat est que les niveaux
de confusion, d'anxiété, d'anarchie et de violence
montent en flèche.
En fait, dans une société moderne, il est de la
responsabilité des gouvernements de protéger le
corps politique et tous ses membres et d'insister
pour que les employeurs fassent de même, peu
importe qui ils sont. Le même devoir incombe à
tous les membres et collectifs de la société. Si
les gouvernements abdiquent leur responsabilité et
protègent les employeurs qui eux aussi abdiquent
leur responsabilité, alors il est du devoir des
individus et de leurs organisations de défense
d'intervenir. Le fait que les gouvernements
déclarent que cette intervention est illégale
montre simplement le genre de lutte que les
travailleurs ont devant eux. Cela révèle que les
travailleurs doivent tenir des forums entre eux où
ils peuvent discuter de la façon dont ces
problèmes se posent, afin que personne ne soit
forcé de se débrouiller seul sans le poids de
leurs pairs organisés pour les appuyer.
Aujourd'hui, prendre position pour ce qui est
juste exige de défendre les principes comme une
question de droit. Défendre la dignité du travail,
s'opposer à l'ordre du jour antisocial de payer
les riches, lutter pour les droits de tous, sont
autant de positions de principe qui ouvrent la
voie à une société qui progresse en humanisant
l'environnement naturel et social. Les
travailleurs doivent établir pour eux-mêmes la
base de principe de leurs revendications et s'unir
dans l'action avec leurs pairs pour les réaliser.
L'exécutif gouvernemental semble vouloir
emprunter la voie du gouvernement Harper qui, en
2014, a modifié le Code canadien du travail
pour que le ministre de l'Emploi, qui est tenu par
le code d'enquêter sur l'exercice d'un droit de
refus, puisse décider de ne pas enquêter s'il
estime que l'affaire est insignifiante, frivole ou
vexatoire, ou que le refus continu de travailler
est de mauvaise foi. Dans ce cas, le travailleur
qui a refusé d'effectuer le travail dangereux est
considéré comme ayant enfreint le Code du travail
et est sujet à des mesures disciplinaires.
Le gouvernement Harper a également introduit une
nouvelle définition du danger dans le Code du
travail, selon laquelle un danger est une «
situation, tâche ou risque qui pourrait
vraisemblablement présenter une menace imminente
ou sérieuse pour la vie ou pour la santé de la
personne qui y est exposée avant que, selon le
cas, la situation soit corrigée, la tâche modifiée
ou le risque écarté. » C'est l'imminence de
la menace qui a été ajoutée. Qui décide des «
limitations » au droit de refuser un travail
dangereux est une question clé parce que c'est sur
cette base que des jugements seront faits qui
justifieront ou pénaliseront un individu ou un
collectif pour avoir exercé son droit de refuser
un travail non sécuritaire. Lorsqu'un ministre ou
un gouvernement usurpent le pouvoir de décider
tout ce qu'ils veulent d'une manière qui empêche
ceux qui sont affectés par la décision de les
rendre redevables, ou que toute la question est
ramenée à des poursuites devant les tribunaux
alors que les décisions prises par les tribunaux
sont elles aussi manipulées, c'est un signe
évident de tyrannie.
Les questions qui sont posées sur des problèmes
relatifs à la santé et à la sécurité du travail
sont toutes intéressées et posées de façon à ce
que le gouvernement et les employeurs n'aient pas
à rendre des comptes en ce qui concerne ce que
sont les devoirs tels que définis et requis par
une société démocratique moderne. Elles révèlent
un gouvernement qui cherche à abdiquer encore plus
sa responsabilité sociale et à permettre aux
employeurs de faire la même chose. Attaquer les
droits des travailleurs au nom de la flexibilité
et de la relance de l'économie n'est pas
acceptable. Le simple fait d'utiliser un sondage
comme consultation sur des questions de vie ou de
mort, en particulier en cette période de crise de
la COVID-19, est inacceptable et doit être rejeté.
Lorsque l'usine de Cargill à High River a rouvert
après l'éclosion de la COVID-19 c'est la section
locale 401 du syndicat des TUAC qui a rencontré
les travailleurs avec des masques et de
l'information sur la sécurité.
En vertu de la Loi en vigueur en Alberta, Santé
et sécurité au travail (SST) est chargée de faire
respecter la loi provinciale. La Loi stipule que
l'application se fait par « l'éducation, les
inspections des lieux de travail et d'autres
mesures exécutoires », y compris « des
inspections proactives et la réponse aux plaintes
et aux incidents aux endroits de travail sous
réglementation provinciale ».
La récente révision par le gouvernement de
l'Alberta de la loi relative à la santé et la
sécurité au travail est basée sur des mantras
néolibéraux qui parlent du besoin de «
flexibilité », de débarrasser la Loi des
réglementations « contraignantes » et « trop
normatives » qui empêchent «
l'innovation ». Un objectif central de la
révision est de mettre fin à toute autorité
publique chargée d'établir et de faire appliquer
des normes dans l'intérêt public et de la
remplacer par la gouverne des intérêts privés
étroits.
L'expérience des
travailleurs de l'usine de transformation de
viande de Cargill à High River en Alberta et de
leur communauté révèle ce que signifient dans la
vie réelle un tel objectif, des phrases
accrocheuses et une autoréglementation au service
des intérêts privés. Ce n'est que lorsque des
centaines de travailleurs ont été testés positifs
pour la COVID-19, dont beaucoup sont tombés
malades et dont deux travailleurs et un membre de
leur famille sont décédés, que la SST a finalement
« inspecté » l'endroit de travail. Elle n'a
pas informé le syndicat de l'inspection comme
l'exige la loi ; elle n'a pas parlé à un seul
travailleur et n'a pas informé ni convoqué le
comité SST de l'endroit de travail. Personne
de la SST n'est entré dans l'usine. L'«
inspection » a été réalisée par la direction
de Cargill qui a montré aux inspecteurs de la SST
une partie de l'usine avec une caméra vidéo, à un
moment où le plancher d'abattage n'était même pas
en opération.
Malgré les affirmations selon lesquelles « tout
le monde » était impliqué dans l'inspection,
c'est la compagnie qui a tout pris en main. Elle a
activement travaillé pour empêcher les
travailleurs et le syndicat de recevoir même des
informations, sans parler du respect de leur droit
de participer à la prise de décision sur les
questions de santé et sécurité.
La SST a suivi les directives du premier ministre
qui tenait mordicus à garder les usines de
transformation de viande ouvertes. Il n'a imposé
aucune sanction à Cargill pour ce qui est
largement perçu par les Albertains comme une
négligence grave. La SST a conclu que tout allait
bien et n'a pas ordonné que l'usine ferme jusqu'à
ce que des alternatives soient mises en place pour
protéger les travailleurs dans cet environnement
de travail particulier.
Les actions des travailleurs et de leur syndicat
ont finalement forcé Cargill à agir, mais à
contrecoeur. Aussi longtemps que possible, Cargill
a résisté à la mise en oeuvre des mesures
proposées par la section locale 401 des
Travailleurs unis de l'alimentation et du
commerce. Elle a résisté à la fermeture de l'usine
et a fait pression sur les travailleurs pour
qu'ils retournent au travail pendant la période de
quarantaine. La conséquence de cela est que près
de 1000 travailleurs ont été testés positifs,
deux travailleurs et un membre de leur famille
sont décédés, et le virus a été transmis à de
nombreux membres de la communauté qui sont
également tombés malades.
Tout au long de cette épreuve stressante, le
gouvernement a permis à Cargill d'agir en toute
impunité. La résistance organisée des
travailleurs, leur affirmation de leur droit de
refuser un travail dangereux, leur courage de
parler et de dénoncer les conditions à Cargill, et
le travail résolu de la section locale 401
des TUAC ont finalement forcé l'entreprise à
fermer et à assurer les normes et équipements
sécuritaires qu'ils exigeaient, ce qui a permis de
maîtriser la pandémie à l'usine.
Pour les
travailleurs, le problème de la santé et la
sécurité à l'usine et partout au Canada est clair.
Les consultations sont frauduleuses, les
conclusions qui s'imposent dans une situation
donnée ne sont pas tirées et ne sont pas perçues
comme étant tirées et le pouvoir décisionnel a été
usurpé par des intérêts privés étroits. Du point
de vue de ceux qui détiennent le privilège de
classe et exercent le pouvoir pour servir leurs
intérêts privés étroits, on a besoin de lois qui
entravent toute résistance de la part des
travailleurs. Les élites dirigeantes disent que le
problème vient des travailleurs qui sont
paresseux, cupides ou déraisonnables et ils
accusent notamment les travailleurs et leurs
actions de mettre en péril la sécurité des autres
et l'économie. Selon ces élites, une période
exceptionnelle requiert des mesures
exceptionnelles qui justifient le retrait de
règles « trop contraignantes », «
coûteuses », etc. Elles disent qu'il faut de
la « flexibilité » afin de supprimer les
obstacles à « l'innovation ». Plus elles
donnent des excuses, plus est évident le besoin de
les démettre de leurs fonctions et de faire place
à ceux qui mettent en oeuvre un ordre du jour
prosocial.
Des circonstances exceptionnelles requièrent en
fait que des normes et des protocoles soient mis
de l'avant et utilisés pour faire avancer les
choses. Les éliminer du revers de la main au nom
de grands idéaux est en fait un gage d'anarchie,
de violence et de terrorisme et non de sécurité,
de cohérence et d'unité du peuple pour qu'on
affronte calmement ces dangers. Ce qui est requis
aujourd'hui, c'est de renforcer les protocoles de
santé et de sécurité pour protéger les
travaillleurs, leurs familles et leurs communautés
et le pays dans son ensemble.
Les travailleurs de Cargill sont sortis de cette
épreuve avec le sentiment accru de leur force
collective pour défendre leurs droits. Ils
demeurent proactifs et vigilants pour s'assurer
que des mesures de sécurité continuent d'être
mises en oeuvre. En s'exprimant et en défendant
leurs droits, les travailleurs de Cargill ont
attiré l'attention sur les problèmes existant bien
avant la pandémie des conditions qui menacent leur
santé, leur sécurité et leur bien-être. Ils
revendiquent essentiellement le droit d'avoir une
voix effective et le pouvoir de décider de ce qui
sert les intérêts des travailleurs et les intérêts
généraux de la société.
Le 14 août, le gouvernement albertain a
arrêté d'accepter les soumissions à sa révision
législative de l'indemnisation des travailleurs
accidentés qui a commencé le 10 juillet.
Pendant toute la procédure, le gouvernement a agi
dans le plus grand secret. Le 10 juillet, le
ministère de l'Emploi et de l'Immigration a publié
ses « directives pour faire des soumissions
écrites » à la révision avec un calendrier
de 30 jours pour les soumissions, sans faire
de communiqué de presse ou d'annonce publique.
Le document annonçant la révision affirme :
« Le [système d'indemnisation des travailleurs
accidentés] doit demeurer viable, abordable et
équitable pour les travailleurs et l'employeur,
aujourd'hui et dans les années à venir. »
Il y est dit qu'une
révision approfondie de la Loi sur
l'indemnisation des travailleurs accidentés et
du système lui-même avait eu lieu en 2016
et 2017, que la loi et le système avaient
subi des changements majeurs en 2018, et que
plusieurs recommandations du comité de révision
étaient entrées en vigueur. On y affirme aussi que
« Depuis que le nouveau système est entré en
vigueur, plusieurs partenaires ont soulevé de
sérieuses préoccupations au sujet de
l'accessibilité, de la viabilité et de la lourdeur
administrative ». Les mots à la mode de
l'offensive antisociale tels que «
partenaires », « viable », « alléger la
lourdeur administrative » et « réduire la
paperasserie » servent à dissimuler le but
des changements au système d'indemnisation dont la
vie a démontré qu'ils sont entièrement intenables
en ce qui concerne la santé et la sécurité de la
population et l'environnement naturel.
Le système d'indemnisation des travailleurs fut
un « compromis historique » par lequel les
travailleurs ont renoncé au droit d'intenter une
action contre leur employeur en cas d'accident ou
de maladie industrielle. En échange, on devait
s'occuper d'eux lorsqu'ils se blessaient. En vertu
du système, les travailleurs ne peuvent pas
intenter de poursuite contre leur employeur.
Entretemps, un grand nombre de travailleurs
accidentés sont marginalisés socialement et
obligés de subvenir à leurs propres besoins. Ils
doivent souvent compter sur l'assistance sociale
ou le Programme de revenu assuré pour les
personnes gravement handicapées (AISH). Il s'agit
d'une violation du droit des travailleurs qui
permet aux employeurs d'échapper à leurs
responsabilités et de les nier.
Le questionnaire en ligne était composé de
dix-neuf sujets que les personnes interrogées
devaient discuter ou commenter. D'après les sujets
proposés, il est clair que le Parti conservateur
uni réagit exclusivement aux plaintes et aux
revendications des « partenaires », autrement dit
des intérêts privés, qui cherchent à réduire les
indemnisations et à réduire ou éliminer la
responsabilité des employeurs liée aux
travailleurs blessés et aux conditions de travail
insalubres. Les problèmes des petits employeurs
auxquels on pourrait trouver des solutions sont
mélangés avec le refus des conglomérats d'assumer
leurs responsabilités sociales.
La pandémie a mis en lumière l'urgence de
répondre aux revendications des travailleurs
accidentés pour un système d'indemnisation qui
couvre chaque travailleur accidenté ou malade en
raison de son travail pour toute la période de
temps pendant laquelle il ne peut pas travailler.
L'Alberta a connu les plus importantes éclosions
de COVID-19 de tous les endroits de travail du
Canada. Seulement à Cargill, 981 travailleurs
ont eu un résultat positif et il y a eu plus de
1 500 cas liés à l'usine. On a dit que ce fut
la plus grande éclosion de toutes les usines
d'Amérique du Nord mais, en fait,
on n'a pas encore un rapport adéquat au sujet des
autres usines de transformation de viande et des
autres usines des États-Unis.
Les travailleurs de la
santé et de la production et de la transformation
alimentaires ont été et sont toujours plus à
risques de contracter la COVID-19 que l'ensemble
de la population. De nombreux problèmes de
demandes d'indemnisation des travailleurs
requièrent une solution depuis longtemps. La
pandémie de la COVID-19 a mis en lumière à quel
point une réforme prosociale est nécessaire, comme
en témoigne la situation dans les soins de santé
et la transformation alimentaire.
La réouverture des écoles de l'Alberta a aussi mis
en relief le fait que les enseignants albertains
ne sont pas couverts par l'indemnisation des
accidentés du travail. En plus, la situation des
enseignants suppléants est particulièrement
précaire car non seulement ils ne sont pas
couverts par le régime d'indemnisation mais ils
n'ont pas de congés de maladie payés ou de
prestations d'invalidité. C'est une situation qui
doit être prise en compte et rectifiée sans délai.
La révision menée par le gouvernement albertain
au service des oligarques mondiaux, qui veulent
avoir la voie libre pour attaquer le droit des
travailleurs à des conditions de travail saines et
sécuritaires, vise clairement à empêcher les
travailleurs d'agir comme une force organisée pour
défendre leurs droits et les droits de tous. Cela
n'a rien à voir avec une discussion sur ce qui est
requis pour protéger les êtres humains et leur
société. Les conclusions déjà toutes faites
auxquelles vont mener les questions et les
méthodes du gouvernement ne rendront pas l'ordre
du jour du gouvernement légitime. Le processus ne
produit pas le consentement des gouvernés. Cela ne
doit pas passer !
Les travailleurs ont des droits en tant que
producteurs de la richesse, et le seul objectif
légitime du système d'indemnisation des
travailleurs doit être de veiller à ce que les
droits des travailleurs soient défendus.
L'objectif doit être l'indemnisation des
travailleurs en raison de blessures ou de
souffrances liés aux problèmes de santé au
travail, et non l'indemnisation de l'employeur.
Questions
liées
au
guide
de
soumission écrite
Le guide demande des opinions sur 19
questions, dont la plupart concernent des
changements apportés en 2018 à la législation
sur la Commission des accidents du travail (CAT).
Dans de nombreux cas, un espace pour les
répondants indique s'ils veulent maintenir le
statu quo, modifier une prestation ou condition,
ou l'éliminer complètement.
Forum ouvrier résume les enjeux de cette
révision
- Les gains assurables : les
prestations des accidentés du travail sont
maintenant basées sur 90 % des gains
sans limite. Devrait-il y avoir une limite sur le
maximum de gains assurables ?
- Le coût de la vie : les
ajustements liés au coût de la vie (COLA) sont
présentement au maximum. Devraient-ils être
réduits ?
- L'indemnisation dans les cas de présomption :
L'indemnisation
dans
les
cas
de
présomption pour les traumatismes psychologiques
devrait-elle être préservée, enlevée ou
modifiée ? Lorsqu'un travailleur reçoit un
diagnostic de lésion psychologique à la suite d'un
ou plusieurs événements traumatisants identifiés à
l'endroit de travail, la lésion est présumée être
liée au travail à moins de preuve contraire. Le
guide affirme qu'en raison de ce changement, le
nombre de demandes d'indemnisation accepté pour
des traumatismes psychologiques a augmenté
de 40 %.
- Les avantages sociaux en santé : les
employeurs devraient-ils être obligés de continuer
de maintenir les avantages sociaux en santé pour
les travailleurs qui reçoivent des indemnisations
liées aux accidents du travail ?
- L'aide intérimaire : l'aide
intérimaire en raison de difficultés financières
disponible aux travailleurs et aux employeurs
devrait-elle être maintenue ou retirée de la
législation ? Selon le guide, il y a 98
demandes pour de l'aide intérimaire en attente
d'une décision, dont 96 proviennent des
travailleurs et 2 des employeurs. Quinze
demandes seulement ont été accordées.
- La réintégration des travailleurs
accidentés : les employeurs
devraient-ils être obligés de réintégrer des
travailleurs accidentés lorsque ceux-ci sont prêts
à retourner au travail ? L'information
disponible laisse entendre que le gouvernement
pourrait exonérer des petits employeurs et imposer
un délai maximum après l'accident. La
responsabilité juridique de l'employeur
d'accommoder le travailleur est mentionnée, ainsi
que le fait que le seul recours du travailleur est
une plainte relative aux droits humains, ce qui
peut prendre jusqu'à 793 jours en Alberta
avant d'être résolu.
- La résiliation du travail modifié :
on note dans le guide que certaines parties
prenantes exigent qu'un travailleur congédié avec
cause devrait perdre ses prestations d'accidenté
du travail. Les commentaires dans le guide
indiquent que le ministère n'est pas intéressé à
prendre en main cette proposition en raison de son
illégalité évidente.
- Tous les montants « excédentaires »
devraient-ils être retournés aux employeurs ?
On définit un montant excédentaire comme étant le
montant qui excède le ratio entièrement financé
(114 à 128 %). Les montants
excédentaires en ce moment peuvent servir à des
initiatives de gestion de la santé, de la sécurité
et de l'invalidité, mais ils peuvent aussi être
retournés à l'employeur.
- Une demande de réexamen : un
processus en trois étapes pour le réexamen des
décisions de la Commission des appels a été mis en
place avec la législation de 2018. La législation
devrait-elle revenir à un processus à une
étape ?
- Les délais pour appels : les
travailleurs ont maintenant deux ans pour en
appeler d'une décision de la commission d'examen
de la CAT à la Commission des appels. Ce délai
devrait-il rester tel quel ou être réduit à un
an ?
- Le bénéfice du doute : ce libellé
a été ajouté en 2018. Selon le guide, ce
changement n'est pas majeur et n'a pas besoin
d'être révisé.
- Les associations industrielles :
le contrôle législatif des sept associations
industrielles de santé et de sécurité financées
par des cotisations obligatoires des employeurs
devrait-il être maintenu ou un tel contrôle est-il
« intrusif » ?
- Le Comité consultatif des maladies et
lésions professionnelles : ce comité a
été créé en 2018, sans que la liste des
maladies et lésions professionnelles n'ait été
mise à jour depuis 4 décennies. Devrait-il
être maintenu ou dissolu ?
- Le choix d'un médecin indépendant : un
travailleur peut présentement choisir un médecin
indépendant à partir d'un répertoire du Bureau des
panels médicaux plutôt que de se voir assigner un
médecin. Selon le guide, ceci n'occasionne pas de
délais ni de problèmes, cependant, le guide oublie
de mentionner que souvent la question de choix ne
se pose même pas puisque dans le répertoire de
spécialistes ne figure parfois qu'un seul médecin.
-La sélection de la CAT et du panel d'examen
de la CAT : la Commission et le panel
d'examen périodique sont présentement choisis à
partir de nominations proposées par des
organisations représentant les travailleurs, les
employeurs et le public. Les commentaires laissent
entendre que le gouvernement compte revenir à ce
que le gouvernement soit le seul à décider.
La dernière question est : « Avez-vous des
suggestions pour uniformiser la loi et ses
règlements connexes afin de réduire la
paperasserie, les fardeaux réglementaires et/ou
administratifs, tout en appuyant les travailleurs
accidentés ? »
Défendons les droits de tous et
toutes
Montréal
Samedi, 22 août à partir de 10 h
Ministère de
l'Immigration, de la Francisation et de
l'Intégration
1200, boulevard Saint-Laurent
Facebook
Debout pour la Dignité vous invite à vous joindre
à cette manifestation qui s'inscrit dans le cadre
de l'intensification de nos actions jusqu'à ce que
les gouvernements fédéral et provincial revoient
leur position et proposent un programme de
régularisation qui inclut TOUS les travailleurs
essentiels qui se sont sacrifiés pour le Québec et
le Canada durant la pandémie.
L'élite dirigeante a concocté des catégories de
personnes sur la base de critères déterminés par
l'État - citoyens, résidents permanents,
travailleurs temporaires à la recherche d'un
statut permanent, travailleurs temporaires sans
droit de recherche de statut permanent,
travailleurs étrangers invités, étudiants
étrangers avec et sans droit de demander un statut
permanent qui paient des sommes énormes pour
étudier au Canada et ont le droit de travailler
pendant leurs études, travailleurs sans papiers
sans statut légal ou civil, etc. La division du
peuple en ces catégories permet à l'élite
dirigeante de surexploiter ceux à qui moins de
droits sont accordés, une situation qui est
exacerbée par la pandémie de la COVID-19. Ces
divisions servent à priver le peuple d'une
conscience de ce qui se passe, ce qui contribue à
affaiblir la résistance de la classe ouvrière et
sa capacité à défendre tous ses membres.
Le 23 août, joignez-vous aux travailleurs de
tout le pays pour prendre une position audacieuse
à la défense des droits de tous ! Plein
statut permanent d'immigration pour tous. Plus de
racisme, plus de morts, plus d'exploitation, UN
STATUT MAINTENANT !
SIGNEZ LA PÉTITION:
ici.
INFORMEZ-VOUS:
ici
Sherbrooke
14 h à 16 h
Bureau
de circonscription d'Élizabeth Brière
1650, rue King
Ouest
Facebook
Montréal
14 h à 17 h
Des marches
festives auront lieu dans quatre quartiers :
Parc Extension, Montréal-Nord, Côte-des-Neiges
et au centre-ville.
Facebook
Ottawa
14 h à 15 h
Commission de
l'immigration et du statut de réfugié du
Canada
Édifice Canada
344, rue Slater, Ottawa.
Facebook
Toronto
14 h à 16 h
Bureau de la
Commission de l'immigration et du statut de
réfugié et
de l'Agence
des services frontaliers du Canada
74, rue Victoria.
Facebook
Niagara
13 h
Centre de détention
de Niagara, 1355, Uppers Lane
Facebook
Windsor
15 h à 17 h
Bureau de la
Commission de l'immigration et du statut de
réfugié et
de l'Agence des services frontaliers du Canada
1250, chemin Walker
Facebook
Regina
13 h
Bureau de
circonscription de Michael Kram
2723, rue Quance
Est
Facebook
Vancouver
15 h - 17 h
Bureau de
Citoyenneté et Immigration, 877, boulevard Expo
Facebook
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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