Numéro 73 - 27 octobre 2020
Des actions militantes des travailleurs de
la santé de l'Alberta
Des travailleurs d'hôpitaux débraient
partout en Alberta à la défense de leurs droits
et des soins de santé publics
• Déclaration
en
solidarité avec les travailleurs de la santé en
grève - Friends of Medicare
Un an de
refus de négocier avec les travailleurs du
secteur public
• La position
irresponsable et dangereuse du gouvernement du
Québec - Pierre Chénier
• Aucune convention
collective signée, aucun progrès dans les
négociations
Les
travailleurs réclament la sécurité d'emploi en
temps de pandémie
• Des actions à l'échelle
du Canada par les travailleurs de
l'hôtellerie - Brian Sproule
Des actions militantes des
travailleurs de la santé de l'Alberta
Les débrayages commencent tôt le matin à l'hôpital
Royal Alexandra à Edmonton.
Le 26 octobre, des travailleurs d'hôpitaux,
membres du Syndicat des employés provinciaux de
l'Alberta (AUPE), ont débrayé dans 31
hôpitaux et centres de santé de 23 villes et
communautés de l'Alberta. Les débrayages ont eu
lieu à Athabaska, Calgary (Foothills, Peter
Lougheed, Rockyview, South Health Campus et
Sheldon Chumir), Canmore, Cardston, Claresholm
(Hôpital général et Centre de santé mentale et de
toxicomanie). Cold Lake, Edmonton (Hôpital de
l'Alberta, Royal Alexandra, Université de
l'Alberta, Hôpital Glenrose et le Centre Remand
d'Edmonton), Evansburg, Fort Saskatchewan, Grande
Prairie, High Level, High Prairie, Leduc,
Lethbridge, Okotoks, Ponoka, Red Deer, Sherwood
Park, Slave Lake, Stony Plain, Westlock,
Wetaskiwin et Whitecourt.
Un communiqué de presse publié par l'AUPE
le 26 octobre cite le président du syndicat
Guy Smith :
« La colère gronde parmi les membres depuis des
mois. [...] L'annonce récente par le ministre
de la Santé Tyler Shandro de supprimer 11 000
emplois au milieu d'une pandémie mondiale mortelle
a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
[...]
« Les travailleurs des
soins infirmiers et de soutien ont décidé
aujourd'hui qu'ils n'avaient pas d'autre choix que
de se battre pour protéger les Albertains en
danger, en particulier pendant la pandémie la plus
meurtrière depuis un siècle. En réduisant
constamment les effectifs des soins de santé
publics, ce gouvernement pousse nos membres vers
un point de rupture exactement au moment où les
Albertains en ont le plus besoin.
« Partout dans cette province, les travailleurs
se lèvent contre les politiques destructrices
d'emplois de Jason Kenney et se joignent à la
lutte par solidarité. C'était une décision prise
par les membres eux-mêmes. L'AUPE est un syndicat
démocratique et nous respectons le souhait de nos
membres ».
Le communiqué de presse mentionne que « les
membres de l'AUPE s'engagent à assurer la sécurité
des patients lors de tout conflit », et cite
Guy Smith :
« Les membres feront tout ce qui est en leur
pouvoir pour assurer la sécurité des Albertains.
C'est pour la sécurité publique qu'ils font cette
action. Ils savent que supprimer des milliers
d'emplois de première ligne pendant une pandémie
est insensé. Cela entraînera une baisse des
niveaux de soins et des coûts plus élevés. Cela
mènera à des tragédies. [...]
« [Le ministre de la Santé de l'Alberta] Shandro
et [le premier ministre de l'Alberta] Kenney ont
nié avec arrogance le rôle vital que jouent nos
membres dans les soins de santé de première ligne.
Après avoir risqué leur vie en venant travailler
chaque jour pendant plus de sept mois, pour
soigner les patients, prévenir les infections,
faire fonctionner les hôpitaux, leur
récompense est de voir leurs emplois supprimés et
confiés à des entreprises qui cherchent à profiter
des soins aux patients. C'est honteux. »
Hôpital d'Athabasca
|
Guy Smith a appelé les autres Albertains à se
joindre à la lutte. « Tous les Albertains sont
visés par ce gouvernement. Si vous êtes un
travailleur du secteur public ou privé, un parent,
un élève, un enseignant, une personne handicapée
ou souffrant d'une déficience, vous êtes tous
attaqués. C'est votre combat à vous aussi. »
Les Services de santé de l'Alberta ont
immédiatement demandé à la Commission des
relations de travail de l'Alberta (ALRB) d'émettre
une ordonnance de cesser et de s'abstenir qui
ordonne aux travailleurs de reprendre le travail,
qualifiant la grève d'« illégale ». La
Commission a émis l'ordonnance à 21 heures
le 26 octobre. À la suite de cette décision,
l'AUPE a publié la déclaration suivante :
« Après avoir attiré l'attention sur la
privatisation des soins de santé en Alberta, le
personnel de santé représenté par le Syndicat des
employés provinciaux de l'Alberta (AUPE) reprend
le travail le mardi 27 octobre, conformément
à l'ordonnance de la Commission des relations de
travail de l'Alberta de cesser et de s'abstenir de
faire leur grève-surprise.
« Les membres de l'AUPE se sont gagné l'appui
partout en Alberta pour leur geste héroïque, et
ils ont prouvé une fois pour toutes que le
personnel de santé comprend plus que les médecins
et les infirmières. L'AUPE informe ses membres de
leur obligation de se conformer à l'ordonnance de
l'ALRB en retournant au travail aux horaires
réguliers. »
Pendant toute la journée du 26 octobre, le
message était clair que le débrayage indique le
début d'une lutte qui doit être remportée. Les
travailleurs de la santé prennent soin des gens à
chaque jour en risquant leur vie. Ils luttent pour
les conditions requises pour fournir des soins et
des services, tandis que le gouvernement est
résolu à mettre en oeuvre ses gigantesques
stratagèmes pour payer les riches, privatiser et
transférer les services publics aux intérêts des
entreprises mondiales super riches. La bataille
pour l'opinion publique est en marche !
Comment le gouvernement Kenney ose-t-il diminuer
les services et abaisser les conditions des
travailleurs de la santé en pleine pandémie, ont
dit les Albertains en exprimant leur appui pour
les travailleurs. Les travailleurs de première
ligne savent qu'il est désastreux de remettre les
laboratoires médicaux et confier le contrôle de la
propreté des hôpitaux, des services de buanderie,
d'alimentation des patients et plus de choses
encore à des intérêts privés dont le seul objectif
est de réaliser le profit maximum. Comment
pouvez-vous traiter nos héros comme des zéros,
ont-ils dit.
Tous les jours, les travailleurs prennent leurs
responsabilités, tandis que les gouvernements qui
servent les riches refusent d'assumer la
responsabilité des conséquences de leurs décisions
antisociales et antiouvrières. Au lieu de cela,
ces gouvernements utilisent le pouvoir
de l'État pour déclarer « illégales » les
actions des travailleurs. Ça n'est pas de la
justice. Cela montre qu'ils ne sont pas aptes à
gouverner et ne peuvent pas se voir confier le
pouvoir de décision. Forum ouvrier appelle
tous les Albertains et tous les Canadiens à
prendre la parole et à fournir tout l'appui
possible aux travailleurs d'hôpitaux !
Annulez immédiatement
toutes les mises à pied !
Augmentez le financement des soins de santé
et des programmes sociaux !
Non à la privatisation !
Arrêtez de payer les riches !
Edmonton
Calgary
Red Deer
- Friends of Medicare -
Les travailleurs d'hôpitaux de première ligne
représentés par le Syndicat des employés de la
fonction publique de l'Alberta ont débrayé
aujourd'hui à plusieurs endroits en Alberta pour
défendre leur emploi et le système de santé public
qui assure la sécurité et la santé des Albertains.
C'est une décision qu'aucun travailleur de la
santé ne prend à la légère. Ces travailleurs
savent mieux que quiconque l'importance d'un
système de santé public fort et doté de ressources
suffisantes, et ils savent ce qui risque d'être
perdu si le gouvernement continue de faire ses
compressions sans fin. Les travailleurs de la
santé sont en grève aujourd'hui parce qu'ils
doivent être assurés qu'ils ont ce qu'il faut pour
fournir les meilleurs soins possibles aux
patients, et ils savent que le gouvernement s'y
oppose.
Depuis qu'il a formé le
gouvernement, le Parti
conservateur uni (PCU) a
indiqué clairement qu'il ne souhaitait pas
soutenir notre système de santé public
indispensable. Jason Kenney a poursuivi un
programme agressif de réduction et de
privatisation des services publics dont dépendent
tous les Albertains. Même face à une pandémie
mondiale, alors que les travailleurs de la santé
se sont révélés être la première ligne de défense
dans la réponse à la pandémie dans la province, ce
gouvernement a simplement suspendu temporairement
la mise à pied d'environ 16 000
travailleurs de la santé à l'échelle de la
province. Le projet de sous-traiter et de
privatiser leurs emplois est une insulte aux
travailleurs et une trahison des patients qui
dépendent d'eux.
« Le gouvernement du PCU de Kenney continue de
n'exprimer que du mépris pour les travailleurs des
soins de santé de première ligne. Ce gouvernement
a montré qu'il ne reculera devant rien pour faire
avancer son programme de privatisation »,
déclare Sandra Azocar, directrice exécutive de
Friends of Medicare. « Ne vous y trompez pas, tout
ce qu'ils ont fait jusqu'à présent est
intentionnel. Leurs panels, leurs examens, leurs
modifications législatives ont tous servi à
fournir les munitions politiques et le cadre
juridique pour décimer les services que nous
apprécions en tant que grands égalisateurs de la
société, en éducation et en soins de santé. »
Nous avons un gouvernement qui n'a pas tiré les
leçons de cette pandémie et qui ne répond pas aux
rassemblements, aux campagnes de lettres et
d'appels téléphoniques. Il méprise les pétitions
et il compte sur le fait que nous ne pouvons pas
descendre dans la rue pour manifester contre ses
lois destructrices pendant une pandémie. Par son
refus d'écouter les préoccupations des Albertains
au nom de notre système de santé public, ce
gouvernement n'a laissé aux travailleurs de la
santé d'autre choix que de faire la grève.
« Ce gouvernement a déclaré la guerre aux
travailleurs de la santé de première ligne de
cette province en annonçant qu'il supprimait plus
de 11 000 bons emplois dans le secteur
de la santé à un moment où les Albertains sont
déjà en difficulté », dit Sandra Azocar. «
Jason Kenney n'était pas en Alberta en 2012,
lorsque les mêmes travailleurs dont il veut
attaquer les emplois ont fait une grève-surprise
et ont fermé les hôpitaux. Kenney n'a pas vu la
lutte que les Albertains ont menée maintes et
maintes fois pour protéger nos soins de santé
publics. Durant cette grève-surprise, la
solidarité et le pouvoir du peuple n'ont jamais
sonné aussi vrai et nécessaire contre
l'absolutisme de ce gouvernement. »
Friends of Medicare est solidaire des
travailleurs de la santé en grève pour le bien des
patients partout dans la province et pour la
protection de notre système de santé public
essentiel.
Un an de refus de négocier avec
les travailleurs du secteur public
- Pierre Chénier -
Le gouvernement du Québec agit de manière
irresponsable et dangereuse en ce qui concerne les
efforts des travailleurs du secteur public pour
négocier de nouvelles conventions collectives.
Bien que celles-ci soient terminées depuis
le 31 mars 2020, après plus d'un an à la
table de négociations avec le gouvernement et les
employeurs, les choses n'avancent pas.
D'une part, le gouvernement du Québec n'a
manifesté aucune intention de retirer l'arrêté
ministériel du 21 mars qui donne au cabinet
des ministres le pouvoir d'annuler toutes les
conventions collectives négociées avec les
travailleurs de la santé et des services sociaux
afin que leurs conditions de travail puissent être
changées unilatéralement et à volonté. Le
gouvernement Legault a été très silencieux sur cet
aspect de ses arrêtés ministériels. Il représente
pourtant une épée de Damoclès suspendue au-dessus
des travailleurs, car toute convention collective
qu'ils négocient peut être annulée. Le
gouvernement Legault doit retirer immédiatement
cet arrêté ministériel.
D'autre part, depuis
maintenant un an, ce même gouvernement a refusé de
négocier avec les travailleurs du secteur public
sur la base de leurs revendications. Il agit de
façon très manipulatrice. Il prétend qu'il veut
signer les nouvelles conventions collectives le
plus rapidement possible afin de pouvoir se
concentrer sur la lutte à la pandémie et qu'il
espère qu'une entente est possible avec les
syndicats. En même temps, aux tables de
négociation, il invoque le même argument
néolibéral usé à la corde que les gouvernements
répètent depuis plus de 30 ans, que son cadre
financier est serré, et il fait même des demandes
de concessions.
En agissant ainsi, non seulement nie-t-il les
droits et les justes revendications des
travailleurs, mais il met en péril leur sécurité
et celle des communautés, parce que les
revendications des travailleurs sont un élément
nécessaire à la lutte contre la deuxième vague de
la pandémie, qu'il dit être son objectif premier.
Les travailleurs voient que l'offensive
antisociale qui a saccagé la société depuis plus
de trente ans se poursuit, cette fois en pleine
crise et avec la crise comme prétexte.
L'argument d'un cadre financier serré ne tient
pas la route. Il repose sur l'affirmation fausse
que la pandémie doit inévitablement se traduire en
un effondrement économique, dont le fardeau doit
être rejeté sur les travailleurs. Ce cadre
financier a été décidé par les partis cartellisés
à partir de la position qu'il faut payer les
riches quelles que soient les circonstances. Le
peuple n'a jamais eu son mot à dire sur ce qui est
appelé le « cadre financier ».
C'est le temps maintenant de penser et d'agir en
faveur du peuple et de la société dans cette
situation des plus difficiles. Les revendications
des travailleurs du secteur public doivent être
satisfaites, en tant que droit et en tant
qu'urgence. Il doit y avoir une discussion
publique où l'on examine comment amasser le revenu
public nécessaire pour financer les services
publics, et notamment fournir aux travailleurs du
secteur public les salaires et les conditions de
travail dont ils ont besoin pour assurer les
services. Dans ce contexte, la revendication Arrêtez
de payer les riches - Augmentez les
investissements dans les programmes
sociaux ! nous donne un guide à
l'action. Les notions préconçues selon lesquelles
il n'y a pas d'alternative au saccage néolibéral
de la société et que nous devons abandonner nos
revendications doivent être rejetées.
Demandons que de réelles négociations se tiennent
avec les travailleurs du secteur public sur la
base de leurs revendications !
Les conventions collectives des
quelque 550 000 travailleurs syndiqués
du secteur public au Québec sont échues depuis
le 31 mars 2020. Les négociations en vue
de leur renouvellement ont débuté il y a environ
un an. Aucune convention collective n'a encore été
signée et, selon les syndicats, aucune convention
n'est en vue dans un avenir rapproché à moins que
le gouvernement ne se mette à négocier
sérieusement sur la base des revendications
pressantes des travailleurs.
Quelques faits de base
Les travailleurs engagés dans la négociation se
répartissent comme suit : 58 500 de
la fonction publique; 260 000 dans la santé
et les services sociaux; 32 000
enseignants et travailleurs de l'éducation dans
les collèges; et 195 000 enseignants et
travailleurs de l'éducation.
Les négociations se déroulent sur une base
sectorielle et intersectorielle. Les négociations
sectorielles portent sur les conditions de travail
et l'organisation du travail et la liberté
d'action syndicale. C'est là que sont traités des
enjeux comme la tâche de travail, les horaires de
travail, l'affichage des postes vacants, la santé
et la sécurité, le statut des postes à temps
plein/partiel, etc.
Les négociations intersectorielles portent sur
les salaires, le régime de retraite, les régimes
collectifs d'assurance, les droits parentaux et
les disparités régionales pour tous les
travailleurs de tous les secteurs.
Les négociations intersectorielles se font
directement avec le Secrétariat du Conseil du
trésor. Il en est de même pour les négociations
sectorielles de la fonction publique. Les
négociations sectorielles des autres secteurs se
tiennent avec des comités patronaux formés de
représentants d'associations d'employeurs et de
représentants ministériels. Ces comités reçoivent
leurs directives du Secrétariat du Conseil du
trésor.
Pour cette ronde de négociations, il n'y a pas de
front commun syndical. Chaque syndicat mène ses
propres négociations. Cependant, l'Alliance du
personnel professionnel et technique de la santé
et des services sociaux (APTS) et la Fédération
interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
ont formé une alliance pour la négociation
intersectorielle. Les syndicats ont conclu un
accord de non-maraudage en vertu duquel ils
s'engagent, pendant la période de négociations, à
ne pas encourager les membres d'un syndicat à se
joindre à un autre syndicat.
La question des salaires
Le gouvernement, depuis
maintenant un an, maintient son offre salariale
à 5 % sur trois ans, plus certains
montants forfaitaires pour certaines catégories
d'emplois. Cela correspond uniquement à
l'inflation et constitue en fait un gel des
salaires. Tous les syndicats ont rejeté l'offre
salariale du gouvernement comme une insulte. Les
travailleurs demandent des augmentations
salariales qui leur permettent de rattraper les
salaires perdus après des dizaines d'années
d'austérité antisociale et d'améliorer leurs
conditions de vie, de maintenir le personnel et
d'attirer du personnel.
Selon l'étude de 2019 de l'Institut de la
statistique du Québec, les travailleurs de la
fonction publique, de l'éducation et de la santé
et des services sociaux, accusent un retard
d'environ 20 % en salaire par rapport aux
autres employés du secteur public (Hydro-Québec
par exemple), et d'environ 18 % sur les
travailleurs syndiqués du secteur privé.
Dans cette négociation, les syndicats s'y
prennent de différentes façons pour revendiquer
leurs augmentations salariales.
L'alliance APTS-FIQ revendique une augmentation
de 12,4 % sur trois ans, ce qui comprend
7,4 % en rattrapage salarial. La CSN
(Confédération des syndicats nationaux) met de
l'avant des demandes salariales à montant
fixe : 2 dollars l'heure la première
année, 0,75 dollar la deuxième
année, 0,75 dollar la troisième année. Elle
veut ainsi effectuer un rattrapage pour les bas
salariés. Pour quelqu'un qui gagne 20 dollars
de l'heure, 3,50 dollars sur trois ans
équivaut à une augmentation salariale
de 17 %.
Dans le but de contrer la désinformation
entretenue par le gouvernement sur les
travailleurs du secteur public « grassement
payés », la FTQ (Fédération des travailleurs
et travailleuses du Québec) a publié ces
statistiques sur la moyenne salariale de ses
quelque 52 000 membres du secteur :
moyenne salariale des employés du secteur
public : 36 155,49 dollars; moyenne
salariale des employés occasionnels et temporaires
du secteur public (autres que
réguliers) : 28 490,15 dollars;
pourcentage de femmes dans le
secteur : 73,7 % .
Conditions de travail
Les revendications concernant les conditions de
travail sont multiples et ne peuvent pas être
traitées en détail dans un bref article.
L'orientation générale est la suivante :
Une charge de travail acceptable
La charge de travail est intenable, causée par
plus de 30 années de compressions budgétaires
qui ont causé des départs massifs, des absences
pour blessures et maladies, des chambardements
d'horaires, etc. Les demandes sont variées :
par exemple, des ratios acceptables personnel
soignant/patients; embauche de personnel; quarts
de travail stables avec des tâches bien définies,
etc.
L'arrêt du temps supplémentaire obligatoire
La transformation de postes à temps partiel en
postes à temps plein et la valorisation des
postes à temps plein
L'un est impossible sans l'autre. Lorsque les
postes à temps plein, comme c'est le cas en ce
moment, signifient temps supplémentaire
obligatoire, incapacité de prendre les congés
fériés et d'autres congés négociés, les gens ne
postulent pas sur ces emplois.
L'arrêt de la mobilité entre les
établissements de santé, des équipes de travail
stables
C'est particulièrement important dans la santé où
la mobilité de la main-d'oeuvre entre les
établissements en temps de pandémie est non
sécuritaire pour les travailleurs et les patients
et où elle affecte aussi la qualité des soins.
L'amélioration de la santé et de la sécurité
Le secteur de la santé est devenu le premier
secteur au Québec en ce qui concerne les accidents
de travail et les maladies contractées au travail.
Pourtant le secteur de la santé n'est même pas
considéré secteur prioritaire par la Loi sur
la santé et la sécurité du travail, ce qui
fait que les mécanismes prévus par la Loi pour les
secteurs prioritaires comme les comités mixtes de
santé et de sécurité et les représentants en
prévention n'existent même pas dans le secteur.
Les travailleurs réclament des mesures de
prévention sur lesquelles ils ont un mot décisif à
dire.
Chez les enseignants, les revendications sont
centrées sur la réduction de la taille des classes
pour des conditions propices à un enseignement et
des apprentissages de qualité. Dans les conditions
de la COVID-19, cette revendication prend un
caractère particulièrement urgent pour la sécurité
du personnel, des élèves et des communautés. Les
enseignants revendiquent aussi des services aux
élèves qui correspondent à leurs besoins, une
tâche de travail humainement viable, la
reconnaissance de leur profession
(particulièrement par des salaires acceptables) et
une réduction du niveau de précarité dans l'emploi
tel que le travail à temps partiel et occasionnel.
Rejet des revendications des travailleurs et
demandes de concessions du gouvernement et des
employeurs
Alors que leurs revendications sont justes,
favorables à leurs membres, aux services et à la
société, les travailleurs du secteur public
affrontent une fin de non-recevoir de la part du
gouvernement et des associations d'employeurs.
Les travailleurs rapportent qu'après un an, les
négociateurs gouvernementaux et patronaux se
présentent encore aux tables en disant qu'ils
n'ont pas le mandat de négocier sur la base des
demandes des travailleurs. Ils invoquent le cadre
budgétaire serré du gouvernement pour refuser
d'aborder les revendications syndicales ou les
rejeter carrément. Ils disent que les
revendications sur les conditions de travail
seront abordées en comité mixte uniquement une
fois que les conventions collectives seront
signées !
Les travailleurs sont aussi renversés de voir que
le gouvernement et les représentants des
employeurs se présentent aux tables avec des
demandes de concessions. Par exemple, alors que le
gouvernement proclame sur la place publique qu'il
veut mettre fin à la mobilité du personnel entre
les établissements d'un même CISSS ou CIUSS, c'est
précisément cette demande de mobilité qui est mise
de l'avant aux tables.
Ou encore cette demande gouvernementale et
patronale de l'établissement du paiement du temps
supplémentaire sur la base de la moyenne d'heures
travaillées pendant une semaine de travail,
laquelle serait maintenant prolongée par les
employeurs selon leur bon vouloir. Au lieu de
payer le temps supplémentaire pour les heures
effectuées par un travailleur au-delà des heures
normales de travail telles que définies, une
personne pourrait travailler douze ou seize heures
pendant une journée et être payée à taux
simple ! Ce vol serait qualifié de «
réduction du temps supplémentaire » !
Dans ce contexte, aucune convention collective
n'a été signée jusqu'à présent et aucune nouvelle
convention collective n'est en vue alors que le
temps presse et que la situation est urgente.
Les travailleurs réclament la
sécurité d'emploi en temps de pandémie
- Brian Sproule -
Ligne de piquetage de la
section locale 75 du syndicat UNITE HERE à
Toronto, le 22 septembre 2020
Les travailleurs de l'hôtellerie de Vancouver,
de Toronto et d'Ottawa ont organisé des actions
le 22 octobre pour mettre de l'avant leurs
revendications pour la protection de leurs
emplois. Dans un communiqué de presse de la
section locale 40 de UNITE HERE en
Colombie-Britannique et de la section
locale 75 représentant les travailleurs
d'Ottawa et de Toronto, publié le jour des
actions, on lit : « UNITE HERE ! Canada
exhorte le gouvernement à faire en sorte que ses
mesures de sauvetage sectorielles rendent
obligatoire la pleine participation des employeurs
à la Subvention salariale d'urgence du Canada
(SSUC) afin que leurs travailleurs actifs et mis à
pied soient couverts. Il faut aussi des garanties
que les travailleurs mis à pied aient le droit de
reprendre leur emploi sur une période allant
jusqu'à 24 mois et que la rétention des
postes s'applique aux travailleurs contractuels
dans les aéroports du Canada. Peu d'employeurs du
secteur de l'hôtellerie ont recours à la SSUC pour
couvrir les travailleurs mis à pied même si le
programme le prévoyait. Sans protections, la
plupart des travailleurs mis à pied n'auront pas
le droit de retourner à leur emploi lorsque
l'industrie se rétablira. »
L'action de Toronto a eu
lieu devant l'hôtel Marriott et celle d'Ottawa a
eu lieu en ligne. Les hôtels ciblés étaient ceux
dont le propriétaire est InnVest, le plus grand
propriétaire d'hôtels au Canada. La PDG de
InnVest, Lydia Chen, est membre du conseil
d'administration de l'Association des hôtels du
Canada qui fait du lobbying pour des mesures de
sauvetage comme le font les associations de lignes
aériennes et de tourisme. Le gouvernement fédéral
s'est engagé à venir en aide à l'industrie du
transport aérien et du tourisme et il est bien
connu que les représentants de ces industries font
du lobbying depuis longtemps et qu'ils ont
l'écoute du gouvernement. Les travailleurs, sans
qui aucune de ces industries ne peut fonctionner,
les producteurs de la valeur ajoutée qui enrichit
les propriétaires privés, n'ont aucun autre forum
que la rue où ils peuvent faire entendre leurs
revendications. Les travailleurs de la
Colombie-Britannique qui manifestaient
paisiblement sur le terrain de l'Assemblée
législative se sont vu interdire l'accès à la
tribune des visiteurs de cette institution. Ils
n'ont pas pu obtenir non plus une rencontre avec
les députés avec qui ils tentaient de
s'entretenir.
Près de 100 travailleurs et leurs
sympathisants ont participé à l'action à Vancouver
devant l'hôtel Hyatt Regency, un autre hôtel
InnVest. Un militant syndical a dit à Forum
ouvrier qu'environ 10 % seulement
des travailleurs du secteur de l'hôtellerie, la
plupart étant des employés d'hôtels et de
restaurants, travaillent
présentement. Des travailleurs rapportent qu'ils
ont été rappelés pour de brèves périodes et que la
plupart des employeurs n'ont pas recours au
programme de la SSUC du gouvernement fédéral pour
les maintenir sur la liste de paie. Plusieurs ont
été mis à pied de façon permanente dans les trois
villes. Les travailleurs de Vancouver ont obtenu
des améliorations de leurs salaires et de leurs
conditions de travail à la suite d'une grève
en 2019 et les employeurs se servent
maintenant de la pandémie comme prétexte pour leur
retirer ces gains, forçant les travailleurs à
accepter des salaires et des conditions de travail
inférieurs s'ils veulent être rappelés.
En Colombie-Britannique,
les travailleurs ont maintenu une pression
soutenue sur le gouvernement provincial pour qu'il
prolonge les clauses des lois du travail en raison
des circonstances extraordinaires occasionnées par
la pandémie, y compris la période de temps durant
laquelle un travailleur peut conserver son droit
d'être rappelé à son ancien emploi. Le ministre du
Travail Harry Bains a annoncé le 1er
septembre que le programme de relance du
gouvernement de la Colombie-Britannique
comprendrait un « engagement de la part des
employeurs d'offrir un premier droit de refus aux
employés actuels lorsque le travail
reprendra ». En d'autres mots, il s'agit
d'une option pour que les employeurs « agissent
correctement ». Jusqu'à ce jour, le
gouvernement du NPD a refusé d'assumer sa
responsabilité sociale de protéger les emplois de
ces travailleurs et d'autres travailleurs de la
Colombie-Britannique vivant une situation
semblable en garantissant le droit de rappel. En
Ontario, plusieurs actions ont été organisées pour
exiger que les employeurs garantissent que les
employés mis à pied puissent retourner à leur
emploi au fur et à mesure que l'industrie se remet
sur pied.
La question se pose : dans quels intérêts et
selon quelles conditions les ententes seront-elles
réglées entre l'industrie et le gouvernement
fédéral ? Les travailleurs de l'hôtellerie
déclarent que le gouvernement a la responsabilité
sociale de reconnaître qu'ils ont des droits.
Personne n'est dupe que les travailleurs n'ont pas
à s'inquiéter en espérant que les employeurs «
agissent correctement », surtout que ces
employeurs se sont servis de la pandémie pour se
débarrasser d'un grand nombre de travailleurs et
pour en faire chanter d'autres. Le gouvernement
fédéral doit veiller à ce qu'il n'y ait pas
d'ententes sans la protection du droit des
travailleurs de retourner à leur emploi selon les
règles et conditions qui existaient avant qu'ils
ne soient mis à pied.
Actions des travailleurs de l'hôtellerie
le 22 octobre 2020. À partir du haut à
gauche : Vancouver, Toronto, Ottawa
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