Les travailleurs réclament la
sécurité d'emploi en temps de pandémie
Des actions à l'échelle du Canada par les travailleurs de l'hôtellerie
- Brian Sproule -
Ligne de piquetage de la
section locale 75 du syndicat UNITE HERE à
Toronto, le 22 septembre 2020
Les travailleurs de l'hôtellerie de Vancouver,
de Toronto et d'Ottawa ont organisé des actions
le 22 octobre pour mettre de l'avant leurs
revendications pour la protection de leurs
emplois. Dans un communiqué de presse de la
section locale 40 de UNITE HERE en
Colombie-Britannique et de la section
locale 75 représentant les travailleurs
d'Ottawa et de Toronto, publié le jour des
actions, on lit : « UNITE HERE ! Canada
exhorte le gouvernement à faire en sorte que ses
mesures de sauvetage sectorielles rendent
obligatoire la pleine participation des employeurs
à la Subvention salariale d'urgence du Canada
(SSUC) afin que leurs travailleurs actifs et mis à
pied soient couverts. Il faut aussi des garanties
que les travailleurs mis à pied aient le droit de
reprendre leur emploi sur une période allant
jusqu'à 24 mois et que la rétention des
postes s'applique aux travailleurs contractuels
dans les aéroports du Canada. Peu d'employeurs du
secteur de l'hôtellerie ont recours à la SSUC pour
couvrir les travailleurs mis à pied même si le
programme le prévoyait. Sans protections, la
plupart des travailleurs mis à pied n'auront pas
le droit de retourner à leur emploi lorsque
l'industrie se rétablira. »
L'action de Toronto a eu
lieu devant l'hôtel Marriott et celle d'Ottawa a
eu lieu en ligne. Les hôtels ciblés étaient ceux
dont le propriétaire est InnVest, le plus grand
propriétaire d'hôtels au Canada. La PDG de
InnVest, Lydia Chen, est membre du conseil
d'administration de l'Association des hôtels du
Canada qui fait du lobbying pour des mesures de
sauvetage comme le font les associations de lignes
aériennes et de tourisme. Le gouvernement fédéral
s'est engagé à venir en aide à l'industrie du
transport aérien et du tourisme et il est bien
connu que les représentants de ces industries font
du lobbying depuis longtemps et qu'ils ont
l'écoute du gouvernement. Les travailleurs, sans
qui aucune de ces industries ne peut fonctionner,
les producteurs de la valeur ajoutée qui enrichit
les propriétaires privés, n'ont aucun autre forum
que la rue où ils peuvent faire entendre leurs
revendications. Les travailleurs de la
Colombie-Britannique qui manifestaient
paisiblement sur le terrain de l'Assemblée
législative se sont vu interdire l'accès à la
tribune des visiteurs de cette institution. Ils
n'ont pas pu obtenir non plus une rencontre avec
les députés avec qui ils tentaient de
s'entretenir.
Près de 100 travailleurs et leurs
sympathisants ont participé à l'action à Vancouver
devant l'hôtel Hyatt Regency, un autre hôtel
InnVest. Un militant syndical a dit à Forum
ouvrier qu'environ 10 % seulement
des travailleurs du secteur de l'hôtellerie, la
plupart étant des employés d'hôtels et de
restaurants, travaillent
présentement. Des travailleurs rapportent qu'ils
ont été rappelés pour de brèves périodes et que la
plupart des employeurs n'ont pas recours au
programme de la SSUC du gouvernement fédéral pour
les maintenir sur la liste de paie. Plusieurs ont
été mis à pied de façon permanente dans les trois
villes. Les travailleurs de Vancouver ont obtenu
des améliorations de leurs salaires et de leurs
conditions de travail à la suite d'une grève
en 2019 et les employeurs se servent
maintenant de la pandémie comme prétexte pour leur
retirer ces gains, forçant les travailleurs à
accepter des salaires et des conditions de travail
inférieurs s'ils veulent être rappelés.
En Colombie-Britannique,
les travailleurs ont maintenu une pression
soutenue sur le gouvernement provincial pour qu'il
prolonge les clauses des lois du travail en raison
des circonstances extraordinaires occasionnées par
la pandémie, y compris la période de temps durant
laquelle un travailleur peut conserver son droit
d'être rappelé à son ancien emploi. Le ministre du
Travail Harry Bains a annoncé le 1er
septembre que le programme de relance du
gouvernement de la Colombie-Britannique
comprendrait un « engagement de la part des
employeurs d'offrir un premier droit de refus aux
employés actuels lorsque le travail
reprendra ». En d'autres mots, il s'agit
d'une option pour que les employeurs « agissent
correctement ». Jusqu'à ce jour, le
gouvernement du NPD a refusé d'assumer sa
responsabilité sociale de protéger les emplois de
ces travailleurs et d'autres travailleurs de la
Colombie-Britannique vivant une situation
semblable en garantissant le droit de rappel. En
Ontario, plusieurs actions ont été organisées pour
exiger que les employeurs garantissent que les
employés mis à pied puissent retourner à leur
emploi au fur et à mesure que l'industrie se remet
sur pied.
La question se pose : dans quels intérêts et
selon quelles conditions les ententes seront-elles
réglées entre l'industrie et le gouvernement
fédéral ? Les travailleurs de l'hôtellerie
déclarent que le gouvernement a la responsabilité
sociale de reconnaître qu'ils ont des droits.
Personne n'est dupe que les travailleurs n'ont pas
à s'inquiéter en espérant que les employeurs «
agissent correctement », surtout que ces
employeurs se sont servis de la pandémie pour se
débarrasser d'un grand nombre de travailleurs et
pour en faire chanter d'autres. Le gouvernement
fédéral doit veiller à ce qu'il n'y ait pas
d'ententes sans la protection du droit des
travailleurs de retourner à leur emploi selon les
règles et conditions qui existaient avant qu'ils
ne soient mis à pied.
Actions des travailleurs de l'hôtellerie
le 22 octobre 2020. À partir du haut à
gauche : Vancouver, Toronto, Ottawa
Cet article est paru dans
Numéro 73 - Numéro 73 - 27 octobre 2020
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Les travailleurs réclament la
sécurité d'emploi en temps de pandémie: Des actions à l'échelle du Canada par les travailleurs de l'hôtellerie - Brian Sproule
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