Numéro 72 - 22 octobre 2020
Les gouvernements continuent de manquer à
leur devoir
La réouverture des écoles et la reprise de
l'économie ne sont pas censées être
un désastre pour la société
- Steve Rutchinski -
• Avis
d'expert sur comment se protéger contre la
transmission de la COVID-19 dans les écoles
La lutte des
travailleurs de la santé pour leurs droits
s'intensifie
• Des professionnelles en
soins bloquent des ponts au Québec pour forcer
le gouvernement à négocier
Rapport sur
la tragédie au CHSLD Herron à Dorval, au Québec
• Un statu quo intenable
- Pierre Soublière
Les gouvernements continuent de
manquer à leur devoir
- Steve Rutchinski -
On peut dire, sans l'ombre d'un doute, que la
reprise des classes et la réouverture de
l'économie n'auraient pas dû être le désastre pour
la société qu'elles le sont présentement. En fait,
avec le début de la nouvelle année scolaire et la
reprise des activités économiques, le Canada
connaît une recrudescence des infections, des
éclosions, des hospitalisations et même des décès.
L'« option » devant nous n'a jamais été une
reprise dangereuse des classes pour redémarrer
l'économie ou alors le retour au confinement
total. Ce n'est pas ainsi que le problème se pose.
Il existe des mesures de prévention pratiques qui
peuvent et doivent être prises aussi longtemps que
la pandémie est parmi nous, ce qui peut durer
encore un bon moment.
En mai
dernier, lors de la première vague, le Marxiste-léniniste
a publié un article intitulé : Pourquoi la
pandémie devrait-elle paralyser l'économie[1] ?
« Le plus grand problème », y lit-on, « reste
celui de savoir qui détermine l'ordre du jour du
pays et qui décide des politiques à adopter. Les
citoyens subissent simplement ce qui est décidé et
n'ont pas leur mot à dire pour établir leurs
conditions de vie et de travail ou sur la manière
dont ils peuvent contribuer au bien-être de
tous. » C'est encore plus vrai aujourd'hui.
L'ordre du jour est établi par les riches, les
oligarques mondiaux qui possèdent et contrôlent
notre économie. Les mesures qui doivent être
prises pour assurer une reprise sécuritaire des
activités économiques, y compris la réouverture
des écoles, qui est essentielle, sont considérées
par les oligarques comme un obstacle à leur quête
de profit.
En conséquence, la nouvelle année scolaire a
commencé et l'économie a redémarré avec un mépris
total pour les conclusions que la science a tirées
pour empêcher la propagation de l'infection de la
COVID-19. Ce n'est pas sorcier :
distanciation physique, hygiène des mains,
création de bulles pour limiter les interactions,
port du masque, éviter les espaces clos pendant
des périodes prolongées, etc.
De plus, les enseignants, les éducateurs, le
personnel soignant de première ligne, les
travailleurs du transport en commun et les
travailleurs de tous les secteurs de l'économie
sont empêchés de participer à établir un ordre du
jour pour la société. Les nombreuses propositions
qu'ils ont mises de l'avant reposent sur des
preuves scientifiques, mais elles sont ignorées.
Par exemple, si les recommandations des
enseignants et des travailleurs de l'éducation,
comme une limite à la taille des classes, le
regroupement des élèves en cohortes, une
ventilation adéquate dans tous les espaces clos et
une distanciation adéquate dans le transport par
autobus scolaire, avaient été suivies, cela aurait
certainement ralenti la montée de la deuxième
vague.
Pourtant, dans chaque
province et au Québec, les autorités
gouvernementales, quel que soit le parti
cartellisé qui forme le gouvernement, ont ouvert
les écoles sans préparation ni mesures de sécurité
adéquates. Ils l'ont fait au mépris total des avis
de leur propre santé publique (sur la
distanciation physique et les bulles restreintes,
par exemple) et contre l'avis des experts médicaux
et scientifiques. Forum ouvrier reproduit
ci-dessous des extraits de l'avis d'un de ces
experts.
Avec des mesures appropriées, les écoles peuvent
être à la fois des institutions puissantes pour la
socialisation des jeunes de tous âges, un facteur
de comportement sécuritaire pendant la pandémie et
des institutions essentielles pour une économie
moderne. Cependant, sans que les mesures
appropriées ne soient prises, les écoles exposent
les enseignants, les élèves et la société dans son
ensemble à d'énormes risques et à des
superpropagations.
L'irrationalité que nous vivons soulève la
question : qui décide ? Cette
irrationalité appelle à des changements
substantiels basés sur le renouveau démocratique.
C'est le peuple qui doit être investi du pouvoir
décisionnel de façon à ce que ceux qui sont
concernés par les décisions prises, peu importe
lesquelles, puissent faire des choix informés et
assumer la responsabilité de leurs conséquences.
En ce moment, les travailleurs n'ont d'autre choix
que de continuer à se battre pour des mesures
rationnelles pour faire face à la pandémie. À
mesure qu'ils le font, le refus des cercles
dirigeants de reconnaître le droit qui appartient
à chacun de participer aux décisions sur ce qui
doit être fait, renforcera certainement la
conscience et la conviction que les travailleurs
eux-mêmes doivent devenir les décideurs. Pour que
cela se réalise, le problème posé et à résoudre
est comment renouveler le processus politique pour
mettre fin à ses tendances antidémocratiques qui
donnent naissance à des gouvernements de partis
qui paient les riches.
Note
1. «
Pourquoi la pandémie devrait-elle paralyser
l'économie ? », Le
Marxiste-léniniste, 16 mai 2020
Le docteur David Fisman est un expert en
épidémiologie de renommée mondiale sur la
transmission de la COVID-19. Son avis d'expert
faisait partie de la requête faite auprès de la
Commission des relations de travail de l'Ontario
(CRTO) par les quatre syndicats d'enseignants et
des travailleurs en éducation qui ont demandé un
plan de remédiation à l'échelle de la province
face aux conditions dangereuses dans lesquelles
les écoles ont repris. Le CRTO a rejeté la requête
pour « défaut de compétence ». Forum
ouvrier reproduit des extraits de l'avis
d'expert du docteur Fisman.
Les qualifications du témoin expert
David Fisman : professeur titulaire à la
Dalla Lana School of Public Health de l'Université
de Toronto (DLSPH) ; ancien chef de la
division d'épidémiologie de la DLSPH ;
nouveau chef du volet Préparation à la pandémie au
nouvel Institut des pandémies de l'Université de
Toronto ; médecin-hygiéniste adjoint de la
ville de Hamilton de 2001 à 2003 ;
plus de 200 publications dont « 15
articles liés à l'épidémiologie de la
COVID-19 » depuis février 2020 ; a
été financé par les Instituts de recherche en
santé du Canada (IRSC) pour des études menées sur
la COVID-19 ; a récemment présidé un
symposium international sur la transmission de la
COVID-19 ; conférencier invité au récent
symposium de l'Organisation mondiale de la santé
(4 août 2020) sur la transmission de la
COVID-19 et « membre de la table de modélisation
et de la table des sciences de l'Ontario, qui
prodiguent des conseils au gouvernement provincial
de l'Ontario sur la COVID-19 ».
Comment la COVID-19 se propage
12. « ... au début de la pandémie, les
transmissions par fomes (c'est-à-dire les
infections résultant d'un contact physique avec un
objet contaminé) étaient considérées comme une
voie importante... Cependant, les preuves montrent
maintenant que les fomes sont un facteur beaucoup
moins important de la COVID-19 qu'on ne le pensait
à l'origine. »
13. « ... les aérosols sont de plus en plus
reconnus comme un mode de transmission important
de la COVID-19... Ceci est susceptible d'expliquer
la propension de la COVID-19 à provoquer de
grandes grappes dans un
environnement 'cloisonné, rapproché,
surpeuplé', comprenant les établissements de soins
de longue durée, les usines de transformation des
aliments et les refuges pour itinérants. »
15. « ... Les restaurants, bars et autres lieux
de rassemblement intérieurs tels que les églises
sont très présents dans l'histoire des événements
à superpropagation de la COVID-19. »
16. « Le fait que les grands rassemblements en
plein air... n'ont pas semblé avoir entraîné la
propagation de la COVID est une preuve
supplémentaire du rôle important joué par les
aérosols. »
17. « La transmission par aérosol est plus
probable pendant la phase présymptomatique de
l'infection... »
18. « L'infection asymptomatique semble courante
... Les enfants âgés de moins de 10 ans
étaient trois fois plus susceptibles d'être
asymptomatiques que les autres. »
19. « ... Les enfants âgés de 10 ans et plus
sont aussi susceptibles que les adultes d'être
infectés par la COVID-19... »
21. « ... Les charges virales chez les enfants
sont similaires, et peut-être plus élevées, que
les charges virales chez les adultes. »
24. « ... Les idées fausses à propos des enfants
et de la COVID-19 sont attribuables à la
probabilité accrue d'infection asymptomatique chez
les enfants (probabilité multipliée par trois dans
les données sur l'Ontario)... »
Une revue des mesures de la santé publique pour
contrôler
la propagation de la COVID-19
32. « ... les meilleures pratiques à l'échelle
mondiale montrent qu'il est possible de réduire la
transmission de la COVID-19 à de faibles niveaux
en combinant la distanciation, le port du masque,
la réduction de la taille des rassemblements, la
ventilation et d'autres mesures non
pharmaceutiques. »
36. « Le port du masque
est probablement le moyen le plus efficace de
contrôler la source : ... les masques
réduisent le risque de transmission aérienne de la
COVID-19 à courte et longue distance. ...
Puisqu'il semble que les individus sont les plus
infectieux avant l'apparition des symptômes, et
que de nombreuses personnes infectées sont
complètement asymptomatiques, il est important que
le port du masque soit effectué de manière
universelle dans tous les endroits
intérieurs. »
41. « ... il est remarquable qu'en juillet et
août 2020 la Colombie-Britannique a connu une
recrudescence du nombre effectif de
reproduction... tandis que l'Ontario et le Québec
ont traversé une période de faible recrudescence
de cas [nombres de reproduction] par suite des
exigences du port du masque, malgré des ouvertures
substantielles d'activités économiques dans ces
provinces. ... la réduction relative du risque
associé aux ordonnances du port du masque en
Ontario a probablement été de l'ordre
de 38 % dans l'ensemble de la province,
plus élevée dans la région métropolitaine de
Toronto... »
42. « ... il n'y a aucune raison de s'attendre à
des sévices, physiques ou psychologiques, par le
port de masque chez les enfants... »
43. « ... des espaces intérieurs mal ventilés,
des endroits surpeuplés et des contacts étroits
augmentent la probabilité que ces aérosols
infectent des cas secondaires. ... l'utilisation
de masques est une intervention qui aide. ... Un
autre mécanisme est une ventilation accrue...
c'est-à-dire éliminer l'air à l'intérieur d'un
espace clos et le remplacer par de l'air
extérieur... »
45. « La distanciation réduit la probabilité de
transmission... la distanciation est plus efficace
à des distances supérieures à 1,5
mètre. »
46. « ... aucune de ces mesures n'est un
substitut à l'autre. Au contraire, elles doivent
toutes être utilisées simultanément et de manière
cohérente afin de réduire efficacement le taux de
reproduction de la COVID-19. »
Les écoles et la COVID-19
57. « Je pense que la réouverture non sécurisée
des écoles entraînera probablement des
augmentations soudaines de la maladie qui
causeront une augmentation du nombre de malades et
de décès dans la communauté... »
58. « À mon avis, une attention particulière
portée sur la réduction de la taille des classes,
l'amélioration de la ventilation dans les écoles
et l'utilisation de masques aideraient à réduire
les augmentations soudaines de cas de la COVID-19
liées aux écoles au Canada cet automne.
Le Guide relatif à la réouverture des écoles de
l'Ontario
59. « J'ai examiné le Guide relatif à la
réouverture des écoles de l'Ontario (le Guide).
(...) Le Guide ne contient pas de mesures
suffisantes pour protéger adéquatement les élèves,
les enseignants et les autres adultes qui
travaillent dans les écoles, ou le public en
général. »
60. « ... il y a au moins cinq défauts majeurs
dans le Guide : le fait de ne pas exiger à
l'intérieur un port universel du masque à tous les
niveaux d'âge ; le fait de ne pas exiger une
ventilation améliorée ; le fait de ne pas
établir de normes minimales pour la distanciation
physique ; ne pas exiger de réduction de la
taille des classes à l'extérieur des conseils
désignés d'écoles secondaires et de graves lacunes
dans son approche face aux cohortes.
64. « La ventilation des espaces intérieurs n'est
pas abordée par le Guide... En raison du fait que
les salles de classe sont cloisonnées, rapprochées
et surpeuplées ... une ventilation adéquate est
essentielle pour réduire le risque
d'infection. »
69. « ... le Guide n'établit pas de règles
minimales de distanciation. »
71. « ... le Guide n'oblige pas les écoles à
réduire la taille des classes... »
72. « La réduction de la
taille des classes est l'un des outils les plus
efficaces pour réduire le risque... le Document de
référence mis à jour de SickKids pour la
réouverture des écoles indique que 'la
réduction de la taille des classes devrait être
une stratégie prioritaire' pour la réouverture des
écoles. La réduction de la taille des classes
produit quatre formes de protection simultanément
:
- ... réduit la probabilité que tout membre d'une
classe soit infecté
- ... réduit le nombre de cas secondaires pouvant
résulter d'un cas principal
- ... permet une plus grande distanciation
- ... réduit la production globale d'aérosols
plus fins dans un espace intérieur fixe ... »
78. « À mon avis, l'absence totale de limites de
la taille des classes dans la plupart des classes
est une approche déraisonnable de la réouverture
des écoles du point de vue de la santé publique.
(...) des classes d'une vingtaine d'élèves
produisent des taux d'infection sous-jacents
significativement plus élevés que des classes en
comprenant la moitié. »
82. « Le regroupement des élèves dans une seule
classe, combiné à des classes moins nombreuses, à
une distanciation avec port du masque universel
d'au moins 1,5 mètre et à des taux de
ventilation adéquats constitue un moyen efficace
de garantir que les écoles ne deviennent pas les
vecteurs de la propagation de la pandémie de la
COVID-19. »
84. « ... Le Guide indique que les enseignants
spécialistes... continueront de passer d'une
classe à l'autre pour dispenser un enseignement.
Cela augmente le risque d'infection tant pour
l'enseignant que pour les élèves. Nous avons déjà
vu un exemple clair de comment ce type de
déplacement d'une cohorte à l'autre peut être le
moteur de la pandémie en Ontario : le cas des
établissements de soins de longue durée. »
86. « Au niveau des écoles secondaires, les
écoles sont tenues... de garder les élèves à
environ 100 contacts directs et indirects par
jour et de les limiter au sein de deux cohortes de
classe ... Les conseils de santé publique incitent
les individus à maintenir des cercles sociaux
de 10, mais le Guide utilise la règle des
contacts dix fois plus importants comme
objectif. »
88. « ... Les autres stratégies préconisées par
le Guide [hygiène des mains, autodépistage,
lunettes et écrans faciaux - note de FO] ne
sont pas des substituts adéquats à l'exigence du
port universel du masque, à la mise en oeuvre
d'une distanciation physique de 1,5 mètre ou
plus, à la réduction de la taille des classes, à
une ventilation adéquate et elles ne remédient pas
aux lacunes sur les règles de cohorte dans le
Guide. »
La lutte des travailleurs de la
santé pour leurs droits s'intensifie
Sur le pont Jacques-Cartier, à Montréal,
le 19 octobre 2020
Le 19 octobre au matin, des membres de la
Fédération interprofessionnelle de la santé du
Québec (FIQ) ont bloqué la circulation du pont
Jacques-Cartier à Montréal et du pont de la ville
de Québec entre Ste-Foy et Lévis pendant près
d'une heure. Elles ont organisé ces manifestations
comme moyen d'informer tout le monde de leur
situation. Ces professionnelles de la santé
exigent que leurs négociations avec le
gouvernement du Québec aboutissent et que celui-ci
respecte et reconnaisse leurs revendications pour
une amélioration urgente immédiate de leurs
salaires et de leurs conditions de travail. Elles
appellent à un débat télévisé public avec le
ministre de la Santé.
« Tant au sens propre
qu'au sens figuré, c'est un signal de détresse que
nous lançons une fois de plus au gouvernement
Legault. Au cours des derniers jours, nous avons
été claires : le gouvernement retrouvera les
professionnelles en soins où il n'a pas l'habitude
de les voir. Nous n'avons plus d'autre choix.
Depuis trop longtemps, et sur toutes les tribunes,
nous répétons que l'épuisement a raison des
professionnelles en soins et les pousse vers la
maladie, la retraite ou la démission. Nous sommes
à la table de négociation depuis des mois et nos
propositions concrètes continuent d'être ignorées.
Si nos mots ne sont plus entendus, nos actions,
elles, devront l'être. Aujourd'hui, nous voulons
que tout le Québec sache que nous en avons assez,
nos conditions de travail doivent changer »,
a déclaré Nancy Bédard, présidente de la FIQ.
La FIQ a lancé un appel public au ministre de la
Santé et des Services sociaux, Christian Dubé,
pour la tenue d'un débat ouvert avec la
fédération, diffusé par les médias pour que tout
le monde puisse voir et entendre l'état des
conditions de travail des professionnelles de la
santé.
« Comment se fait-il que nous soyons encore à
l'étape de convaincre le gouvernement du
bien-fondé de nos demandes ? J'invite
monsieur Dubé, sur le média de son choix, à une
discussion franche qui permettra à la population
de juger par elle-même de la question de la
surcharge de travail, du temps supplémentaire
obligatoire et du réaménagement des horaires de
travail à temps complet. Il est maintenant temps
que les voeux du ministre Dubé se transforment en
actions concrètes », a déclaré la présidente
de la FIQ.
La fédération a annoncé qu'elle entreprendra
d'autres actions dans les semaines qui suivent
pour que la voix de ses membres soit entendue par
tout le monde. Les 24 et 25 octobre, les
membres de la FIQ refuseront de faire du temps
supplémentaire obligatoire (TSO). Les
travailleuses vont s'en tenir à leur quart de
travail normal et ne travailleront en temps
supplémentaire que sur une base volontaire, tout
en refusant le TSO.
Un survol des revendications de la FIQ
Voici certaines des
principales revendications de la fédération :
- une charge de travail raisonnable et
sécuritaire
- des ratios professionnelles en soins/patients
sécuritaires
- la stabilisation des équipes de travail
- l'élimination du recours aux heures
supplémentaires obligatoires comme outil de
gestion
- la réalisation des postes à temps plein plus
attractifs [en éliminant l'imposition du temps
supplémentaire obligatoire et d'autres abus —
note de FO]
- le respect du jour chômé lors de congés fériés
statutaires négociés
- le droit des travailleurs à avoir leur mot à
dire pour établir les horaires
Pour ce qui est des salaires, la FIQ demande une
augmentation salariale de 12,4 % sur
trois ans, dont 7,4 % est un rattrapage
pour l'écart grandissant entre les travailleurs de
la santé et les autres travailleurs du secteur
public comme les travailleurs d'Hydro-Québec ou
universitaires. Le gouvernement du Québec s'en
tient à une « offre » provocatrice
de 5 % d'augmentation sur 3 ans, ce
qui représente à toutes fins pratiques zéro
augmentation compte tenu de l'inflation. Cette
offre salariale est restée la même depuis le mois
de mai.
Rapport sur la tragédie au CHSLD
Herron à Dorval, au Québec
- Pierre Soublière -
Le « Rapport d'enquête sur les événements
survenus dans le cadre de la pandémie de la
COVID-19 au CHSLD Herron » fut mandaté par le
gouvernement du Québec à la suite du décès, entre
le 28 mars et le 10 avril, de 31
personnes aînées, résidentes du Centre de soins de
longue durée Herron. L'auteur du rapport retourne
jusqu'en 2017 pour chercher les facteurs qui,
au cours de ces années, peuvent avoir mené à une
telle tragédie. Voici les faits saillants de ce
rapport qui a seulement été rendu public
le 23 septembre.
Diverses organisations avaient observé un grand
nombre de problèmes majeurs dès 2017 dans les
soins accordés à la résidence Herron. Parmi les
organisations, il y avait : le Conseil
québécois d'agrément, le ministère de la Santé et
des Services sociaux, le Protecteur du citoyen,
l'Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires
du Québec et l'Ordre des infirmières et infirmiers
du Québec. Quelles ont été les principales
préoccupations soulevées par l'ensemble de ces
organisations ? Elles sont :
- des mesures de contrôle des infections
inadéquates
- un ratio personnel/résidents élevé
- un haut taux de roulement de personnel évalué à
plus de 20 % sur une base annuelle
- une formation inadéquate du personnel sur les
symptômes psychologiques et comportementaux de la
démence
L'auteur du rapport observe que, comme dans
plusieurs autres CHSLD au Québec, Herron opère
dans un contexte permanent de pénurie de
personnel. Il affirme : « Cela se traduit par
de l'absentéisme au travail, des ratios
infirmières/résidents élevés. Ces situations
créent un supplément de travail pour le personnel
en poste, de l'épuisement et le départ
d'employés. »
Au niveau organisationnel, au moment de
l'éclosion de la pandémie, il y avait un manque de
fournitures d'assistance telles que des piqués et
des culottes d'incontinence ainsi que des
équipements médicaux de base comme des appareils
de prise de tension artérielle et des
thermomètres.
Le 8 avril, lors de l'intervention d'urgence
menée par le CIUSSS ODIM (Centre intégré
universitaire de Santé et de Services sociaux de
l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal), voici certains des
nombreux soins de santé qu'il y a apportés :
- un nombre suffisant d'équipements de protection
individuelle
- la présence de médecins spécialistes en
gériatrie et en médecine interne
- une équipe de pharmaciens pour assurer la
logistique et la sécurité dans le circuit des
médicaments
- des professionnels en renfort pour contrer la
malnutrition, la déshydratation et la dénutrition
des résidents
- du travail fait avec le service alimentaire
afin de revoir le fonctionnement, la texture, la
qualité et la température des aliments
- le dépistage du coronavirus pour tous les
résidents
Une chose qui est
définitivement mise en relief dans l'intervention
d'urgence du 8 avril est que les niveaux de
soins de la résidence Herron étaient complètement
inadéquats, bien avant la pandémie. À cet égard,
l'auteur affirme : « Est-ce que des
promoteurs privés peuvent parvenir à répondre à
l'ensemble des besoins qu'exigent les conditions
d'une lourde perte d'autonomie ? Enfin,
est-ce que les conditions pour les travailleurs et
travailleuses dans ces organisations concourent à
une offre de services stable, continue et de
qualité ? L'expérience des trois dernières
années du CHSLD Herron porte à croire que non.
Dans ce contexte, le statu quo pour ce type de
ressources en 2020 est-il toujours
possible ? »
Dans sa propre déclaration lors de la publication
du rapport, le gouvernement du Québec dit que ce
rapport servira « à mieux prendre soin de nos
aînés et de nos populations vulnérables dans tous
les milieux de vie au Québec ».
Aussi longtemps que le gouvernement du Québec
refusera d'augmenter les investissements dans la
santé, y compris pour les travailleurs qui
dispensent les soins et qui exigent des conditions
qui leur permettront de voir à la santé et à la
protection de tous au mieux de leur capacité, la
situation ne changera pas.
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