La lutte des travailleurs de la santé pour leurs droits s'intensifie

Des professionnelles en soins bloquent des ponts au Québec pour forcer le gouvernement à négocier


Sur le pont Jacques-Cartier, à Montréal, le 19 octobre 2020

Le 19 octobre au matin, des membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) ont bloqué la circulation du pont Jacques-Cartier à Montréal et du pont de la ville de Québec entre Ste-Foy et Lévis pendant près d'une heure. Elles ont organisé ces manifestations comme moyen d'informer tout le monde de leur situation. Ces professionnelles de la santé exigent que leurs négociations avec le gouvernement du Québec aboutissent et que celui-ci respecte et reconnaisse leurs revendications pour une amélioration urgente immédiate de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Elles appellent à un débat télévisé public avec le ministre de la Santé.

« Tant au sens propre qu'au sens figuré, c'est un signal de détresse que nous lançons une fois de plus au gouvernement Legault. Au cours des derniers jours, nous avons été claires : le gouvernement retrouvera les professionnelles en soins où il n'a pas l'habitude de les voir. Nous n'avons plus d'autre choix. Depuis trop longtemps, et sur toutes les tribunes, nous répétons que l'épuisement a raison des professionnelles en soins et les pousse vers la maladie, la retraite ou la démission. Nous sommes à la table de négociation depuis des mois et nos propositions concrètes continuent d'être ignorées. Si nos mots ne sont plus entendus, nos actions, elles, devront l'être. Aujourd'hui, nous voulons que tout le Québec sache que nous en avons assez, nos conditions de travail doivent changer », a déclaré Nancy Bédard, présidente de la FIQ.

La FIQ a lancé un appel public au ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, pour la tenue d'un débat ouvert avec la fédération, diffusé par les médias pour que tout le monde puisse voir et entendre l'état des conditions de travail des professionnelles de la santé.

« Comment se fait-il que nous soyons encore à l'étape de convaincre le gouvernement du bien-fondé de nos demandes ? J'invite monsieur Dubé, sur le média de son choix, à une discussion franche qui permettra à la population de juger par elle-même de la question de la surcharge de travail, du temps supplémentaire obligatoire et du réaménagement des horaires de travail à temps complet. Il est maintenant temps que les voeux du ministre Dubé se transforment en actions concrètes », a déclaré la présidente de la FIQ.

La fédération a annoncé qu'elle entreprendra d'autres actions dans les semaines qui suivent pour que la voix de ses membres soit entendue par tout le monde. Les 24 et 25 octobre, les membres de la FIQ refuseront de faire du temps supplémentaire obligatoire (TSO). Les travailleuses vont s'en tenir à leur quart de travail normal et ne travailleront en temps supplémentaire que sur une base volontaire, tout en refusant le TSO.

Un survol des revendications de la FIQ

Voici certaines des principales revendications de la fédération :

- une charge de travail raisonnable et sécuritaire

- des ratios professionnelles en soins/patients sécuritaires

- la stabilisation des équipes de travail

- l'élimination du recours aux heures supplémentaires obligatoires comme outil de gestion

- la réalisation des postes à temps plein plus attractifs [en éliminant l'imposition du temps supplémentaire obligatoire et d'autres abus — note de FO]

- le respect du jour chômé lors de congés fériés statutaires négociés

- le droit des travailleurs à avoir leur mot à dire pour établir les horaires

Pour ce qui est des salaires, la FIQ demande une augmentation salariale de 12,4 % sur trois ans, dont 7,4 % est un rattrapage pour l'écart grandissant entre les travailleurs de la santé et les autres travailleurs du secteur public comme les travailleurs d'Hydro-Québec ou universitaires. Le gouvernement du Québec s'en tient à une « offre » provocatrice de 5 % d'augmentation sur 3 ans, ce qui représente à toutes fins pratiques zéro augmentation compte tenu de l'inflation. Cette offre salariale est restée la même depuis le mois de mai.

(Photos : FIQ)


Cet article est paru dans

Numéro 72 - Numéro 72 - 22 octobre 2020

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