Forum ouvrier

Numéro 57 - 1er septembre 2020

Discussion en Alberta sur un retour sécuritaire
à l'école et le droit à l'éducation

Vaste opposition au plan de «retour à la normale» du gouvernement albertain


Des actions pour exiger que le gouvernement de l'Alberta prenne des mesures pour assurer
un retour à l'école en toute sécurité ont eu lieu partout en Alberta le 21 août 2020. Ci-dessus: Sherwood Park.

Le nouveau programme d'étude doit servir les Albertains - Dougal MacDonald

Pour un retour à l'école dans un environnement sécuritaire au Québec
Une approche proactive s'impose - Pierre Soublière

Les étudiants britanniques défendent leur droit à l'éducation
Le gouvernement est forcé de renoncer à l'algorithme antihumain pour l'attribution des notes finales
La position insensible et dangereuse du gouvernement britannique sur la réouverture des écoles est inacceptable et indéfendable - Workers' Weekly


Discussion en Alberta sur un retour sécuritaire à l'école et le droit à l'éducation

Vaste opposition au plan de «retour à la normale» du gouvernement albertain

Depuis que le gouvernement de l'Alberta a annoncé son plan imprudent de réouverture des écoles dans un scénario d'un retour « presque à la normale » sans mesures pour assurer la sécurité des élèves, l'opposition se fait entendre partout en Alberta. Les groupes de parents, les étudiants, les enseignants, les travailleurs de l'éducation et les citoyens concernés sont tous mobilisés, parlant en leur propre nom à la défense du droit à une éducation en sécurité. Des groupes comme Support Our Students, le réseau d'éducateurs RAD et le groupe de médecins AlbertaDocs4Patients prennent la parole, comme le fait aussi l'Association des enseignants et enseignantes de l'Alberta (ATA). Les élèves retournent en classe pendant la semaine du 31 août au 4 septembre. Présentement, le nombre de cas actifs de COVID-19 en Alberta est comparable à celui de la mi-mai.

Le 21 août, des piquetages ont été organisés devant les bureaux de circonscription d'environ 27 des 63 députés du Parti conservateur uni (PCU) pour exiger une rentrée sécuritaire dans les écoles en septembre. Des actions out eu lieu partout en province, de Fort McMurray au nord à Lethbridge au sud. Elles attestent l'existence d'une formidable force organisée pour exiger un financement accru de l'éducation afin de garantir des conditions sécuritaires dans les écoles. Les rassemblements ont montré la détermination des éducateurs et des travailleurs de première ligne, des parents, des élèves et de nombreux membres de la communauté à garantir une rentrée sécuritaire pour tous. Des pancartes et des messages inscrits à la craie sur les trottoirs ont exprimé la préoccupation que le plan du gouvernement de rouvrir les écoles sans distanciation sociale et sans les mesures nécessaires, à un moment où la transmission communautaire de la COVID-19 n'est pas maîtrisée, entraînera une augmentation de la transmission.

Un enseignant de la circonscription de Calgary Bow a déclaré : « Nous avons vraiment l'impression que nous ne sommes pas soutenus pour faire le meilleur travail possible pour nos élèves. »

Kyla Stack, parent de Calgary, lors d'un piquetage devant le bureau du ministre de la Santé Tyler Shandro, a dit : « L'année dernière, la classe de ma plus jeune fille comptait 38 élèves. Il n'y avait pas de place pour une distance entre les élèves. »

Stephen Yanover, enseignant d'une école secondaire de Calgary, a déclaré : « Nous ressentons de la colère, de la frustration, du dégoût. Parce qu'ils ne font rien. Ils n'écoutent personne. »

Un étudiant participant au rassemblement devant le bureau de circonscription du premier ministre Jason Kenney a dit : « Ce n'est vraiment pas juste que les étudiants doivent choisir entre risquer d'être malades et ruiner leurs études. »

Jason Schilling, le président de l'ATA, a rencontré la ministre de l'Éducation Adriana LaGrange le 19 août pour discuter des préoccupations de l'ATA concernant le manque de soutien pour une rentrée en toute sécurité, mais la rencontre n'a rien changé. Il a ajouté qu'il pensait que ceux qui sont en première ligne de ce plan de réintégration, le personnel de soutien, les enseignants et les directeurs « devraient faire entendre leurs préoccupations, car en fin de compte, ce sont eux qui doivent s'occuper directement des élèves et des parents ».


Edmonton Sud-Ouest, 21 août 2020

L'ATA présente un plan en sept points qui comprend les éléments suivants :

- un groupe de travail formé de représentants de la santé publique, des enseignants, des administrateurs et directeurs pour élaborer des normes communes ;

- un plan clair pour faire passer les écoles de l'apprentissage à temps plein à l'apprentissage à temps partiel ou en ligne, au besoin ;

- une distanciation physique accrue par la réduction de la taille des classes ;

- un meilleur financement pour le personnel, les équipements de protection et une amélioration des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation ;

- de meilleurs plans pour le dépistage et le testage des étudiants et du personnel et

- des ressources et un soutien pour assurer la sécurité et la disponibilité des enseignants suppléants.

Les enseignants suppléants sont particulièrement vulnérables, car ils se rendent dans plusieurs écoles. Les enseignants de l'Alberta ne sont pas couverts par la Commission de la sécurité professionnelle et des accidents du travail et les enseignants suppléants ne bénéficient d'aucune prestation en cas de maladie prolongée ou de complications dues à la COVID-19.

Comment rouvrir les écoles de manière à garantir le droit à l'éducation et la sécurité des élèves, des enseignants, des travailleurs de l'éducation et de la communauté dans son ensemble est une question sérieuse qui nécessite un large débat public et la participation de la population. Les voix de ceux et celles qui sont directement concernés dans les écoles doivent être entendues et un processus doit être mis en place pour susciter la confiance dans le système d'éducation. Des circonstances exceptionnelles exigent que les normes et les protocoles soient respectés et utilisés comme base pour établir une marche à suivre. Au lieu de cela, sous couvert d'autonomie locale en matière décisionnelle, le gouvernement de l'Alberta tourne le dos à la responsabilité de l'État de veiller à la santé et à la sécurité de tous. La réponse du PCU est que les parents ont le « choix » d'envoyer ou non leurs enfants à l'école, et c'est à eux de peser les risques et les avantages et de décider. Cette approche ne peut qu'affaiblir davantage le système d'éducation publique, ce qui est précisément ce que le PCU veut faire. Devant ce vide, les Albertains se mobilisent et doivent continuer de se mobiliser et d'assumer la responsabilité sociale. Il est crucial que nous continuions de nous organiser et de faire connaître nos revendications pour un financement accru et la sécurité pour tous et toutes.

Calgary Fish Creek; Calgary Glenmore


Calgary, Klein; Calgary Nord-Est


Edmonton, Sud-Ouest


Fort Saskatchewan


Fort McMurray


Grand Prairie


Lacombe


Lethbridge


Spruce Grove

(Avec des informations de CBC News, CTV, Global, Calgary Herald, Edmonton Journal, Lethbridge News, ATAT. Photos: S. Loeser, YouSeePeeYYC, Teacher Alberta, K. Hertlein, T. Was, J. Burgess, D. Gustabson, N. Pike, J. Comartin, Mister DW, U. Faye, K. Campbell, D. Hart, YQL Solidarity, K. Shackleton.)

Haut de page


Le nouveau programme d'étude doit
servir les Albertains

Le gouvernement du Parti conservateur uni (PCU) de l'Alberta a publié récemment les noms des huit membres du comité consultatif de révision du programme d'étude, à ne pas confondre avec le comité consultatif de révision du programme d'étude formé de 12 membres, créé en août 2019 et qui existe toujours. Ce dernier est présidé par le soi-disant représentant de la réforme de l'éducation publique de l'Institut atlantique d'études de marché, un groupe de réflexion réactionnaire pris en charge par l'Institut Fraser, un organisme de propagande néolibéral financé par les entreprises. Dans un discours décousu et quelque peu incohérent le 5 août, le président du comité a affirmé qu'en raison de la COVID-19, le comité de révision albertain n'avait somme toute rien à rapporter, bien qu'il ait vanté le métier de vendeur de voitures usagers comme étant une carrière prometteuse pour les étudiants.

La nécessité et l'urgence d'une réforme du programme d'étude albertain ne font aucun doute. De nombreux programmes sont périmés depuis longtemps. Le programme d'étude de science au primaire a 24 ans. Le programme d'art au primaire a 35 ans. Ces programmes et plusieurs autres doivent définitivement être modernisés pour que les étudiants puissent comprendre le monde d'aujourd'hui. L'état sclérosé du monde de l'éducation est la conséquence de 44 années de gouvernements conservateurs successifs qui ont, année après année, dépouillé l'éducation des fonds requis afin de mieux subventionner les compagnies énergétiques  pour la plupart de propriété étrangère  qui continuent de dominer l'économie, la politique et la culture de l'Alberta.

Le PCU prétend que son comité de révision du programme d'étude et son nouveau comité consultatif sont « non partisans », ce qui est risible. Aucun des 12 membres du comité de révision n'est un enseignant albertain. On y trouve cependant un ancien ministre adjoint de l'époque des gouvernements conservateurs de Getty et de Klein, le cofondateur de l'Institut Petrarch de la « libre entreprise » et un éducateur américain grand défenseur des écoles privées. Le parti pris du comité consultatif de 8 membres, lui, est évident en raison des gens qui ne s'y trouvent pas. Aucun membre n'est un enseignant ou un membre du personnel du primaire. Il n'y a aucune femme au comité bien que les femmes représentent 71 % des professionnels de l'éducation en Alberta. Aucun des membres du comité consultatif n'est autochtone et plusieurs sont liés de près au PCU ou à l'idéologie au coeur de ce parti.

C.P. (Chris) Champion, par exemple, est le conseiller des études sociales du PCU au sein du comité de 8 membres. Il a travaillé pour les conservateurs dans l'opposition au fédéral, l'ancien parti du premier ministre de l'Alberta Jason Kenney, pendant six ans, à titre de conseiller auprès de Kenney lui-même de 2007 à 2015. Champion a fondé la revue de droite Dorchester Review en 2011 dont il est toujours le rédacteur et qui prétend « contester la vision plate et politiquement correcte de l'histoire que l'on retrouve souvent dans les médias et les milieux universitaires ». Un article sans signataire du premier numéro, republié en ligne cette année, critique le programme d'histoire mis en place par les gouvernements « de gauche ». Il se moque d'un programme d'histoire australien qui contiendrait « peu de faits, mais entretiendrait la culpabilité vis-à-vis les aborigènes et les immigrants ». Dans l'article, on soulève aussi qu'« au Canada, le fait de jouer aux victimes était surtout lié aux Canadiens d'origine japonaise et aux survivants des pensionnats autochtones ». Champion est membre de l'Association canadienne du renseignement militaire et ses articles ont été publiés dans le Journal of Intelligence and National Security.

Plusieurs personnes choisies par le PCU au poste de conseiller sont loin de leur domaine d'expertise. Le conseiller en art et littérature est un avocat qui s'adonne à être membre du conseil d'administration d'une compagnie de théâtre, sans doute pour y offrir des conseils juridiques. Le conseiller en sciences est un professeur agrégé en informatique. Le hic est qu'il n'y a pas de science en informatique. Une science dans le vrai sens du mot, comme la physique, la chimie ou la biologie, étudie et explique une dimension de la réalité physique. Elle n'est pas centrée sur la conception et la construction de machines, qui sont le domaine de l'ingénierie. Il serait plus convenable de remplacer ce qui est faussement appelé « science de l'informatique » par informatique tout court, soit l'étude de processus liés à l'ordinateur. La nomination d'un non-scientifique pour donner des conseils sur la science est un problème en soi, puisque la démarche scientifique, qui est l'approche principale dans l'enseignement de la science dans les écoles, est basée sur l'investigation scientifique par de vrais scientifiques.

Le PCU crée de nombreux comités dans le contexte de la réforme des programmes d'étude sur trois ans lancée par le gouvernement du NPD, auquel s'est opposé dès le départ le PCU sur la base qu'il avait un « parti pris de gauche ». Étonnamment, lorsque questionné à ce sujet, le ministre de l'Éducation n'a pas pu donner un seul exemple d'un tel parti pris. Le premier ministre Kenney a aussi attaqué le processus de réforme du gouvernement précédent parce qu'il aurait été à la fois « partial » et « opaque », même s'il avait recueilli de l'information provenant de milliers d'enseignants et que les modifications proposées avaient été publiées en ligne.

Kenney a aussi affirmé à plusieurs reprises que le nouveau programme devrait être axé sur les « compétences de base », une notion qui vient du monde de la formation professionnelle qui elle-même est née avec le mouvement discrédité de retour à la base de l'époque Thatcher-Reagan, sans jamais tirer au clair quelles sont en fait ces compétences. Le fait que Kenney mette sur un pied d'égalité l'éducation et la formation professionnelle devrait sonner l'alarme. Cette formation consiste à transmettre une connaissance procédurale où l'apprenant absorbe passivement ce qu'on lui dit plutôt que de participer à la construction d'une compréhension large et complexe. Le fait de préconiser des compétences de base comme principal objectif de l'éducation scolaire ressemble étrangement à une tentative d'endoctriner les étudiants plutôt que de leur enseigner.

La vraie question qui ressort de toute cette querelle politique intestine est : qui le nouveau programme devrait-il servir ? S'il faut s'en tenir à la composition des comités, nous devons conclure que le gouvernement du PCU croit de toute évidence qu'il devrait refléter son idéologique néolibérale qui sert les intérêts de l'industrie énergétique de l'Alberta. En revanche, les Albertains pensent que le programme devrait servir les intérêts du peuple, c'est-à-dire qu'il devrait comprendre ce qui peut contribuer à créer une société qui est humanisée dans toutes ses facettes et ce qui permet au peuple de participer aux prises de décision qui le concernent, y compris les décisions concernant le contenu du programme.

Une chose est claire : si les programmes actuels ne sont pas refaits en fonction des changements et des besoins du peuple, l'éducation deviendra dépourvue d'intérêt et obsolète, mettant en danger les générations à venir. Mais l'éducation est un droit qu'on ne peut retirer. C'est pourquoi il est nécessaire de constamment veiller à ce que le programme actuel réponde aux besoins du peuple et à faire ce qui s'impose pour constamment l'améliorer dans les intérêts du peuple. La lutte pour un programme moderne et un système d'éducation moderne doit être indissociable de la lutte pour une nouvelle société fondée sur la garantie des droits de tous et toutes.

(Photos : FO, M. Sardinha)

Haut de page


Pour un retour à l'école dans un environnement sécuritaire au Québec

Une approche proactive s'impose

Depuis le 31 août, les étudiants du Québec sont de retour à l'école, de la maternelle au secondaire. Les enseignants du primaire et du secondaire sont de retour à l'école depuis le 24 août, alors que les étudiants ont amorcé leur retour plus tard dans la semaine, pour aller chercher leurs livres par exemple ou encore suivre quelques cours pendant une demi-journée. Le retour complet à l'école a eu lieu le lundi 31 août. Selon les reportages, c'est pendant la période du retour progressif qu'on a appris que des professeurs ont été déclarés positifs à la COVID-19. La date de leur test et du résultat n'a pas été révélée. Ces cas se sont produits dans des écoles primaires et secondaires de l'est de Montréal et dans la région des Laurentides.

Dans cette polyvalente des Laurentides, quatre enseignants ont maintenant été déclarés positifs. Près de 20 autres enseignants qui avaient été en contact étroit avec les quatre enseignants ont été renvoyés à la maison en isolement préventif. Ils doivent revenir à l'école le 10 septembre. Les étudiants du 4e et 5e secondaire, qui ont été en contact avec ces enseignants, ont aussi été renvoyés à la maison et ils sont revenus à l'école le 31 août.

C'est pourquoi l'annonce du ministère de l'Éducation qu'il n'y aurait pas de masques ni de distanciation physique est considérée comme étant très inappropriée par de nombreux enseignants, travailleurs de l'éducation et parents. Le ministère suggère que ceux qui veulent porter un masque peuvent le faire, ce qui est un non-sens. Cela réduit également la discussion et les guides sur les mesures qui doivent être prises à un non-sens parce que  l'efficacité du port du masque est directement proportionnelle au nombre de personnes qui le portent. Lors d'une manifestation le 23 août à Montréal, les participants ont fait valoir qu'ils ne comprenaient pas que le ratio élèves-enseignant soit resté le même qu'avant, alors que la distanciation sociale est de mise dans les endroits publics fermés. En effet, la taille des classes empêchant la distanciation physique est sans doute le facteur le plus important qui fait en sorte que la réouverture prévue est tout sauf « prudente ».

L'expérience de telles situations exceptionnelles nous apprend qu'il faut « pécher par excès de prudence ». Pour y arriver, il faut une approche proactive qui tient compte des réalités qui sont que la pandémie n'a pas été enrayée et qu'il y a toujours la possibilité d'une deuxième vague. Manifestement, les personnes les mieux indiquées et les plus motivées pour adopter cette approche proactive sont celles engagées dans l'éducation : les profs, les intervenants en éducation à tous les niveaux soutien scolaire et professionnel, entretien, etc.  les élèves, les parents et la communauté au sein de laquelle l'école évolue.

À la demande des syndicats, le ministère de l'Éducation du Québec a récemment publié un « document du nombre de cas positifs dans les commissions scolaires entre le 11 mai et le 3 juin ». Selon cette liste, 43 élèves et 33 enseignants ont eu un résultat positif à la COVID-19. Durant cette période, les écoles avaient repris dans certaines régions à l'exception de Montréal. Aussi, de façon générale, le nombre d'élèves était réduit de plus de la moitié, plusieurs parents ayant décidé de ne pas envoyer leurs enfants à l'école. La distanciation physique était donc beaucoup plus facile à respecter. Malgré tout, un nombre assez important d'élèves et d'enseignants ont été infectés. Au lieu de se baser sur cette expérience, le ministère de l'Éducation a adopté une approche selon laquelle les étudiants et les éducateurs qui deviennent malades sont un « dommage collatéral » regrettable.

Les écoles ne sont pas des îlots à l'écart de la réalité. En raison de leur place dans la communauté, elles peuvent, au contraire, jouer un rôle clé dans la lutte contre la propagation de la pandémie et possiblement contre la résurgence d'une deuxième vague, avec comme principe directeur que ce sont les personnes sur les premières lignes qui doivent décider comment tout doit et peut être organisé de la façon la plus sécuritaire possible.

Par exemple, les conventions collectives prévoient des comités de santé et sécurité. Si jamais il y a eu un moment pour que ces comités soient fonctionnels, c'est bien maintenant. Ils peuvent jouer un rôle clé en ce moment, ne serait-ce qu'en veillant à des choses de base comme l'efficacité des systèmes de ventilation et l'état des moustiquaires afin de pouvoir aérer les classes le plus possible. D'autres décisions peuvent être prises sur l'efficacité des visières, par exemple. Le port du masque devrait-il être obligatoire en classe, surtout lorsque la distanciation physique est impossible ? Si oui, serait-il possible d'avoir en alternance certains cours dans des plus grands locaux tels que le gymnase où la distanciation sociale est possible et où on peut se reposer un peu du masque ? Ce printemps, pour les nouvelles inscriptions, les enseignantes de la maternelle ont installé des bureaux et rencontré les parents dehors. Ou encore quelle serait l'efficacité de séparateurs faits de pellicule transparente un peu comme lorsque les élèves placent un isoloir autour d'eux pour se concentrer ou pour faire un examen ?

Évidemment, les problèmes ne se poseront pas toujours de la même façon selon qu'il s'agit du primaire ou du secondaire. Si les jeunes sont partie prenante des décisions pour vivre, travailler et apprendre dans un environnement sécuritaire, ils ne seront pas à court de solutions. D'autres questions non moins importantes qui pourraient être considérées sont la présence d'infirmières dans chaque école, la prise de température et les tests de dépistage de COVID-19.

Tout le monde a intérêt à fonctionner dans un environnement le plus sécuritaire possible. Il y a déjà une pénurie d'enseignants, et la perspective de revivre les fermetures et le confinement en raison d'une recrudescence de la COVID-19 dans le système scolaire n'est pas souhaitable pour personne.

(Photo : H. Nadeau)

Haut de page


Les étudiants britanniques défendent leur droit à l'éducation

Le gouvernement est forcé de renoncer à l'algorithme antihumain pour l'attribution des notes finales

Les étudiants britanniques luttent contre la décision du ministère de l'Éducation et du Bureau de contrôle des examens et diplômes (Ofqual) d'utiliser un algorithme pour noter les étudiants de niveau avancé (niveau A) et de ne pas tenir compte des notes évaluées par les enseignants, en l'absence d'examens finaux en raison de la pandémie. Les résultats de l'algorithme, publiés le 13 août, donnent des notes de 40 % inférieures aux résultats prévus par leurs enseignants  certains étudiants étant notés deux ou trois fois moins bien  ayant pour conséquence que beaucoup d'étudiants ont perdu leur place à l'université pour l'année qui vient. L'algorithme aurait également fait échouer certains étudiants si leur école avait eu de mauvais résultats dans le passé. Pire encore, l'algorithme a eu une incidence plus prononcée pour les étudiants dont les classes étaient moins nombreuses, favorisant ainsi les étudiants des écoles privées. Plus de 21 000 étudiants ont obtenu la note U, qui est généralement attribuée à ceux qui ne se présentent pas à l'examen ou qui remettent une copie blanche. Selon plusieurs reportages, le secrétaire à l'Éducation, Gavin Williamson, avait été averti six semaines plus tôt par Sir Jon Coles, un ancien directeur général des normes du ministère de l'Éducation, que l'algorithme n'aurait qu'une précision de 75 % ; l'évaluation d'Ofqual lui-même était que ses résultats n'étaient qu'à 60 % précis.

Immédiatement après la publication des résultats, les étudiants britanniques sont descendus dans les rues dans toute la Grande-Bretagne pour défendre à la fois leur propre avenir et le caractère et les valeurs d'un système d'éducation moderne. Leur lutte a reçu le soutien total des enseignants et des travailleurs de l'éducation et de leurs syndicats. Le 17 août, le gouvernement a été forcé de revenir sur sa position et de nouvelles notes seront attribuée basées sur les évaluations des enseignants.

Workers' Weekly souligne : « C'est une victoire pour les étudiants en colère, mais elle expose également les problèmes au coeur du système d'éducation que la pandémie a révélés de façon criante. Cela montre que le droit à l'éducation doit être défendu.

« Le gouvernement avait pensé qu'il pourrait bafouer le droit à l'éducation supérieure des étudiants de niveau A en raison des conditions de la pandémie. Les élèves ont montré que la pandémie ne peut pas servir de justification pour compromettre et jouer avec l'avenir des jeunes.

« En fait, la lutte se poursuit, car entre l'annonce des résultats de l'algorithme Ofqual et le recul du gouvernement, les étudiants ont pris d'autres mesures pour s'inscrire dans des universités qui n'étaient pas leur premier choix. Le 17 août, le secrétaire à l'Éducation, Gavin Williamson, a confirmé qu'un plafond sur le nombre d'étudiants pouvant être acceptés par les universités serait levé, mais que les universités ont besoin de fonds supplémentaires pour accueillir un plus grand nombre d'étudiants.

« De plus, le gouvernement et, en particulier, le secrétaire à l'Éducation, refusent de prendre la responsabilité de ce fiasco qui a démontré le mépris des autorités pour l'avenir des jeunes ainsi que la tentative de nier le facteur humain. La revendication à l'ordre du jour maintenant est de trouver des places à l'université pour tous les étudiants qui en ont besoin. »

Les mesures prises par le gouvernement pour noter les étudiants de niveau A ne sont que le plus récent exemple de son approche antisociale de l'éducation, en particulier pendant la pandémie, qui élimine le facteur humain, celui des enseignants, et qui attaque le droit à l'éducation des jeunes.

Comme le souligne Workers' Weekly : « Comme pour tous les problèmes surgis pendant cette pandémie, en particulier celui de l'ouverture des écoles en toute sécurité, la nécessité pour les personnes concernées de participer au processus décisionnel et surtout leur droit d'y participer ont été ignorés ou niés. Et comme sur la question de l'ouverture des écoles en toute sécurité et de la mise en place de l'apprentissage en ligne, le droit des enseignants, des professeurs, des étudiants et des autres personnes concernées par les mesures prises, ainsi que par la procédure pour décider quels étudiants poursuivront leurs études à l'université ou dans un autre établissement, a soulevé la question de la nature de l'éducation elle-même et de la participation des étudiants eux-mêmes à cette élaboration. »

Workers' Weekly écrit en conclusion : « Cette question a également soulevé le problème du financement de l'éducation, en particulier celui du financement de l'éducation supérieure et de la formation continue. Il faut un changement de direction dans le financement de l'éducation. Toute la question du caractère, des valeurs et du financement de l'éducation supérieure et de la formation continue montre la nécessité d'un débat public sur la manière de résoudre les problèmes. Depuis un certain temps, avec la montée de l'offensive antisociale, tous les secteurs d'une éducation complète visant à préparer la nouvelle génération à assumer ses responsabilités envers la société sont attaqués, en particulier les sciences humaines. De plus, l'imposition de frais d'inscription alors que les étudiants sont endettés pour la vie est remise en question. Il est révoltant de voir que les personnes défavorisées, comme l'ensemble des travailleurs, sont traitées avec mépris par l'élite au pouvoir. »

(Photos : Workers' Weekly)

Haut de page


La position insensible et dangereuse du gouvernement britannique sur la réouverture des écoles est inacceptable et indéfendable

Le début de la nouvelle année scolaire approche à grands pas et l'on s'attend à ce que tous les enfants retournent à l'école à partir du 1er septembre, comme le gouvernement l'a décrété. En même temps, les enseignants, les parents, les écoles et les syndicats de l'éducation ont clairement indiqué qu'il fallait apporter des solutions à tous les problèmes qui se posent en faisant passer le bien-être de la population au premier plan. L'objectif explicite doit être de garantir le droit à l'éducation pour tous et toutes dans les conditions de la pandémie de la COVID-19.

La condition première est que le bien-être de la population soit garanti en veillant à la mise en place de lignes directrices nécessaires pour endiguer la contagion. Il est de la plus haute importance de tenir compte de la santé et de la sécurité de tous, y compris celles du personnel enseignant et du personnel de soutien, des élèves et du personnel administratif, du personnel de l'entretien ménager et des services de cafétéria, des agents de sécurité et de tous les autres intervenants du milieu scolaire, en plus des parents, des familles et de la communauté au sens large. Cela s'applique à toutes les écoles  des garderies à la maternelle, des écoles primaires aux écoles secondaires, jusqu'aux collèges et universités.

Deuxièmement, il n'y a aucune raison que le droit à l'éducation ne soit pas respecté et garanti pour tous dans ces circonstances exceptionnelles. L'expérience des peuples du monde au cours des quelques 200 dernières années montre que même dans des conditions de guerre, où les bombes pleuvent, même pendant les blitz à Londres et ailleurs en Grande-Bretagne durant la Deuxième Guerre mondiale, il est possible de créer les conditions pour que les enfants continuent d'aller à l'école.

La position prise par le gouvernement est extrêmement dangereuse et ne peut être décrite que comme insensible et profondément cynique. Les décisions ne reposent que sur les demandes dictées par les intérêts privés les plus étroits qui exigent leur droit de tirer profit de la crise économique et financière provoquée justement par la mise en oeuvre de stratagèmes pour payer les riches pendant la période précédente en Angleterre, au Pays de Galles, en Écosse et dans le nord de Irlande. La thèse du gouvernement est qu'il y a un « équilibre » à trouver entre la santé et la sécurité du personnel et des étudiants et les exigences de l'économie, et qu'il faut tout simplement se faire à l'idée qu'il y aura certains « dommages collatéraux », y compris un certain nombre de décès, et des bouleversements dans le fonctionnement de la société.

Il est important de démystifier cette thèse corrompue et intéressée et de rejeter les mesures imposées qui ne tiennent compte du bien-être de personne. En effet, les déclarations et décisions arbitraires du gouvernement tout au long de cette crise de la COVID-19 semblent calculées expressément pour étouffer les voix qui luttent pour garantir le bien-être et le droit à l'éducation pour tous, et qui jouent un rôle dans l'élaboration des solutions nécessaires pour résoudre les problèmes à mesure qu'ils surgissent.

On pourrait dire que la pandémie a exposé une crise d'autorité. Depuis le début, le gouvernement agit de manière autoritaire, revendiquant l'autorité de prendre des décisions au nom du corps politique, notamment en annonçant des dates arbitraires de retour en classe, la création de classes « bulles » pouvant contenir jusqu'à 300 enfants et des règles de distanciation sociale qui changent constamment. Pendant ce temps, il refuse de consulter les enseignants, les parents, les écoles et les syndicats et agit avec insouciance et cynisme, allant fréquemment à l'encontre des préceptes de sa propre « science ». Le cas le plus récent est l'annonce que toutes les écoles seront ouvertes pour tous les élèves à partir du 1er septembre, et ce, bien que le nombre de décès liés à COVID-19 demeure toujours alarmant et que les craintes d'une deuxième vague du virus cet hiver soient justifiées.

En revanche, les syndicats de l'éducation, en consultation avec leurs membres, les écoles, les parents et la communauté au sens large, ont agi de manière responsable et avec une véritable autorité. Leur intérêt est de garantir le bien-être de chacun dans la société. Leur autorité réside dans leur détermination à parler en leur propre nom dans le cadre de la lutte pour la défense des droits de tous et toutes. Ils cherchent à garantir l'éducation comme un droit pour tous, quelles que soient les conditions, pour l'ensemble de la société.

(Traduit de l'anglais par LML)

Haut de page


(Pour voir les articles individuellement, cliquer sur le titre de l'article.)

PDF

NUMÉROS PRÉCÉDENTS | ACCUEIL

Site web:  www.pccml.ca   Courriel:  forumouvrier@cpcml.ca