Pour un retour à l'école dans un
environnement sécuritaire au Québec
Une approche proactive s'impose
- Pierre Soublière -
Depuis le 31 août, les
étudiants du Québec sont de retour à l'école, de
la maternelle au secondaire. Les enseignants du
primaire et du secondaire sont de retour à l'école
depuis le 24 août, alors que les étudiants ont
amorcé leur retour plus tard dans la semaine, pour
aller chercher leurs livres par exemple ou encore
suivre quelques cours pendant une demi-journée. Le
retour complet à l'école a eu lieu le lundi 31
août. Selon les reportages, c'est pendant la
période du retour progressif qu'on a appris que
des professeurs ont été déclarés positifs à la
COVID-19. La date de leur test et du résultat n'a
pas été révélée. Ces cas se sont produits dans des
écoles primaires et secondaires de l'est de
Montréal et dans la région des Laurentides.
Dans cette polyvalente des Laurentides, quatre
enseignants ont maintenant été déclarés positifs.
Près de 20 autres enseignants qui avaient été en
contact étroit avec les quatre enseignants ont été
renvoyés à la maison en isolement préventif. Ils
doivent revenir à l'école le 10 septembre. Les
étudiants du 4e et 5e secondaire, qui ont été en
contact avec ces enseignants, ont aussi été
renvoyés à la maison et ils sont revenus à l'école
le 31 août.
C'est pourquoi
l'annonce du ministère de l'Éducation qu'il n'y
aurait pas de masques ni de distanciation physique
est considérée comme étant très inappropriée par
de nombreux enseignants, travailleurs de
l'éducation et parents. Le ministère suggère que
ceux qui veulent porter un masque peuvent le
faire, ce qui est un non-sens. Cela réduit
également la discussion et les guides sur les
mesures qui doivent être prises à un non-sens
parce que l'efficacité du port du masque est
directement proportionnelle au nombre de personnes
qui le portent. Lors d'une manifestation
le 23 août à Montréal, les participants ont
fait valoir qu'ils ne comprenaient pas que le
ratio élèves-enseignant soit resté le même
qu'avant, alors que la distanciation sociale est
de mise dans les endroits publics fermés. En
effet, la taille des classes empêchant la
distanciation physique est sans doute le facteur
le plus important qui fait en sorte que la
réouverture prévue est tout sauf «
prudente ».
L'expérience de telles situations exceptionnelles
nous apprend qu'il faut « pécher par excès de
prudence ». Pour y arriver, il faut une
approche proactive qui tient compte des réalités
qui sont que la pandémie n'a pas été enrayée et
qu'il y a toujours la possibilité d'une deuxième
vague. Manifestement, les personnes les mieux
indiquées et les plus motivées pour adopter cette
approche proactive sont celles engagées dans
l'éducation : les profs, les intervenants en
éducation à tous les niveaux – soutien scolaire et
professionnel, entretien, etc. – les élèves, les parents
et la communauté au sein de laquelle l'école
évolue.
À la demande des syndicats, le ministère de
l'Éducation du Québec a récemment publié un «
document du nombre de cas positifs dans les
commissions scolaires entre le 11 mai et
le 3 juin ». Selon cette liste, 43
élèves et 33 enseignants ont eu un résultat
positif à la COVID-19. Durant cette période, les
écoles avaient repris dans certaines régions à
l'exception de Montréal. Aussi, de façon générale,
le nombre d'élèves était réduit de plus de la
moitié, plusieurs parents ayant décidé de ne pas
envoyer leurs enfants à l'école. La distanciation
physique était donc beaucoup plus facile à
respecter. Malgré tout, un nombre assez important
d'élèves et d'enseignants ont été infectés. Au
lieu de se baser sur cette expérience, le
ministère de l'Éducation a adopté une approche
selon laquelle les étudiants et les éducateurs qui
deviennent malades sont un « dommage collatéral »
regrettable.
Les écoles ne sont pas des îlots à l'écart de la
réalité. En raison de leur place dans la
communauté, elles peuvent, au contraire, jouer un
rôle clé dans la lutte contre la propagation de la
pandémie et possiblement contre la résurgence
d'une deuxième vague, avec comme principe
directeur que ce sont les personnes sur les
premières lignes qui doivent décider comment tout
doit et peut être organisé de la façon la plus
sécuritaire possible.
Par exemple, les conventions collectives
prévoient des comités de santé et sécurité. Si
jamais il y a eu un moment pour que ces comités
soient fonctionnels, c'est bien maintenant. Ils
peuvent jouer un rôle clé en ce moment, ne
serait-ce qu'en veillant à des choses de base
comme l'efficacité des systèmes de ventilation et
l'état des moustiquaires afin de pouvoir aérer les
classes le plus possible. D'autres décisions
peuvent être prises sur l'efficacité des visières,
par exemple. Le port du masque devrait-il être
obligatoire en classe, surtout lorsque la
distanciation physique est impossible ? Si
oui, serait-il possible d'avoir en alternance
certains cours dans des plus grands locaux tels
que le gymnase où la distanciation sociale est
possible et où on peut se reposer un peu du
masque ? Ce printemps, pour les nouvelles
inscriptions, les enseignantes de la maternelle
ont installé des bureaux et rencontré les parents
dehors. Ou encore quelle serait l'efficacité de
séparateurs faits de pellicule transparente un peu
comme lorsque les élèves placent un isoloir autour
d'eux pour se concentrer ou pour faire un
examen ?
Évidemment, les problèmes ne se poseront pas
toujours de la même façon selon qu'il s'agit du
primaire ou du secondaire. Si les jeunes sont
partie prenante des décisions pour vivre,
travailler et apprendre dans un environnement
sécuritaire, ils ne seront pas à court de
solutions. D'autres questions non moins
importantes qui pourraient être considérées sont
la présence d'infirmières dans chaque école, la
prise de température et les tests de dépistage de
COVID-19.
Tout le monde a intérêt à fonctionner dans un
environnement le plus sécuritaire possible. Il y a
déjà une pénurie d'enseignants, et la perspective
de revivre les fermetures et le confinement en
raison d'une recrudescence de la COVID-19 dans le
système scolaire n'est pas souhaitable pour
personne.
(Photo : H. Nadeau)
Cet article est paru dans
Numéro 57 - Numéro 57 - 1er septembre 2020
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Pour un retour à l'école dans un
environnement sécuritaire au Québec: Une approche proactive s'impose - Pierre Soublière
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