Numéro 45 - 30 juin 2020
De nouveaux assauts néolibéraux
contre l'éducation
De nouveaux assauts néolibéraux contre
l'éducation
• La
ministre de l'Éducation de l'Alberta étend le
diktat du gouvernement sur les commissions
scolaires locales - Kevan Hunter
• Démantèlement du système
d'éducation postsecondaire avec l'aide de la
firme McKinsey & Company - Dougal MacDonald
• Les indicateurs de
performance: une autre idée zombie -
George Allen
• Les défis de
l'enseignement postsecondaire en Ontario
- Steve Rutchinski
• La situation de
l'éducation supérieure en Ontario -
Entrevue avec Colleen Burke
De nouveaux assauts néolibéraux
contre l'éducation
- Kevan Hunter -
À la suite d'une étude du cabinet de consultants
multinational Grant Thornton LLP, la ministre de
l'Alberta Adriana LaGrange a signé un arrêté
ministériel concernant les opérations de la
Commission scolaire de Calgary (CSC) le 21
mai. Cet arrêté établit 19 conditions que la
Commission doit respecter avant le 30
novembre sans quoi la ministre démantèlera la
commission scolaire élue et nommera des
commissaires qui obéiront docilement au diktat du
gouvernement.
L'étude a été
parrainée par la ministre de l'Éducation en
novembre 2019 pour punir la CSC d'avoir
ouvertement parlé des conséquences des compressions
du gouvernement au financement de l'éducation. Alors
que cette année la CSC avait ultimement obtenu
l'autorisation de puiser dans ses fonds
d'infrastructure et d'entretien pour conserver son
personnel, elle s'attendait à devoir supprimer 300
postes d'enseignants au beau milieu de l'année
scolaire en raison du budget annoncé par le
gouvernement albertain.
En ciblant la CSC par ces mesures, la ministre de
l'Éducation veut envoyer un message à toutes les
autres commissions scolaires de la province sur la
façon dont le gouvernement compte fonctionner et
comment elles doivent se mettre au pas ou en subir
les conséquences.
Ce qui se passe dans l'éducation publique à
Calgary est une préoccupation pour tous les
Canadiens, car elle illustre comment l'offensive
antisociale est menée par les cercles dirigeants
pour miner l'éducation publique et élargir
l'espace pour la privatisation et la destruction
encore plus grande du système public.
Le mandat confié à Grant Thornton par le
gouvernement était d'examiner « la gestion des
coûts financiers et de gouvernance » en
ciblant les questions telles « le coût de
prestation des services » et « les centres
spécifiques de dépenses » qui comprennent,
entre autres, « les niveaux de personnel et la
rémunération qui leur est liée ». Grant Thornton
se présente comme un conseiller des gouvernements
municipaux et d'autres niveaux de gouvernement sur
la « viabilité financière », ce qui en bon
français veut dire conseiller les gouvernements
sur quelles compressions effectuer.
L'étude est au service de la prise en charge de
l'éducation publique par des intérêts privés. Le
point de départ n'est pas que tous les enfants
vivant en Alberta ont le droit à l'éducation et
que nous devons déterminer comment garantir ce
droit. Plutôt, la perspective est que le
financement de l'éducation est un fardeau et une
perte pour la société et les autres secteurs de
l'économie.
Le rapport se veut une série d'observations sur
ce que seraient les points positifs et les points
négatifs des finances de la CSC. Du côté négatif,
la CSC avait signé un bail à long terme pour son
centre administratif avant que les prix du pétrole
ne chutent et, par conséquent, elle déboursera des
sommes beaucoup plus élevées que le taux actuel du
marché. Du côté positif, toujours selon Grant
Thornton LLP, la « CSC est présentement au haut de
l'échelle en termes d'efficience, comparativement
à d'autres juridictions scolaires en ce qui
concerne les coûts du personnel
d'entretien ». La CSC se vante du fait
qu'elle assigne à chaque préposé à
l'entretien 2 361 mètres carrés, en
moyenne, à nettoyer. Aucune enquête n'est faite à
savoir si ceci est adéquat ni même réaliste dans
des conditions normales. Le rapport ne reconnaît
même pas que, dans les conditions de la pandémie
mondiale, les écoles ne peuvent pas être rouvertes
de façon sécuritaire sans augmenter de façon
considérable le niveau et la fréquence du
nettoyage.
La CSC est critiquée parce qu'elle n'avait pas
suffisamment d'argent dans son compte de réserves
d'opération « dans un moment d'incertitude
financière à la suite de l'élection d'un nouveau
gouvernement ». En d'autres mots, le
gouvernement peut fixer le financement de
l'éducation comme bon lui semble, n'aurait aucune
responsabilité sociale d'assurer un financement
conforme aux besoins des élèves, des enseignants
et des travailleurs de l'éducation et la CSC
serait fautive parce qu'elle ne serait pas prête à
faire face à la situation.
Voici le résumé que fait le rapport de ses
conclusions :
« Dans l'ensemble, les conclusions révèlent une
organisation qui a connu sa part de tourmente au
niveau de la gouvernance en faisant passer le
processus avant la fonctionnalité et en raison
d'une vision à court terme de la viabilité
financière. Cela étant dit, au niveau opérationnel
de la gestion financière nous avons trouvé
plusieurs exemples de solides processus et
contrôles financiers ainsi que d'autres aspects
sur lesquels nous avons fait des recommandations
pour les améliorer. »
La ministre a choisi les recommandations du
rapport qui faisaient son affaire pour brosser le
portrait désiré d'une institution publique
défaillante qui a perdu son chemin et a besoin de
l'intervention du gouvernement pour se remettre
sur les rails. Le contenu du rapport est déformé
pour que celui-ci semble être plus critique envers
la CSC qu'il ne l'est en réalité.
Comme la CSC a supposément « mis l'accent sur les
questions liées au processus interne et sur
l'interprétation de la politique plutôt que sur
les questions stratégiques à l'ordre du
jour », la solution est d'apporter différents
amendements aux politiques de prévisions
opérationnelles, d'avoir un formateur en matière
de gouvernance approuvé par la ministre et
d'améliorer le programme de gestion de risques.
Le jargon
d'affaires est renversant, mais un élément se
démarque : la gestion de risques. Les
conditions requises pour que les étudiants
puissent s'épanouir et que les enseignants et les
travailleurs de l'éducation puissent répondre à
ces besoins et défendre leurs droits sont perçues
comme autant de boulets par les riches parce
qu'elles réduisent le montant de valeur sociale
reproduite (richesse) qu'ils peuvent exproprier et
réclamer comme profit privé. Pour les riches, le
système d'éducation est la source de travailleurs
dont ils ont besoin et qui possèdent les
qualifications précises qu'ils requièrent. Les
intérêts privés exigent aussi le contrôle sur
tout, de la construction des écoles (partenariats
publics-privés), à la planification des
programmes, en passant par l'enseignement
supérieur où ils veulent contrôler la recherche.
Nous devons garantir le droit à l'éducation
parce que la société a besoin d'enseignants, de
travailleurs de l'éducation, d'écoles, de collèges
et d'universités à l'esprit éclairé pour aider à
élever nos enfants et à ouvrir une voie au progrès
de la société. Nous avons besoin d'un système
d'éducation qui reconnaît que garantir ce droit
signifie qu'il faut veiller aux besoins de tous
les étudiants et fournir les programmes
pertinents. Plus particulièrement, les enfants
autochtones, dont la langue première n'est ni
l'anglais ni le français, et les enfants ayant des
besoins particuliers, doivent pouvoir bénéficier
de tout ce dont ils ont besoin pour s'épanouir.
Mais le gouvernement Kenney a un ordre du jour
différent. Son objectif est de servir les intérêts
privés de ceux qui contrôlent l'économie qui
constituent l'oligarchie financière et, en
Alberta, plus spécifiquement les oligarques de
l'énergie et leurs financiers. Tout ce qui ne sert
pas cet intérêt est sacrifiable.
Entre autres, la ministre LaGrange a avisé la CSC
qu'elle doit « fixer des mesures de performance
qui peuvent servir à évaluer la qualité des
programmes et quelle information est requise pour
contrôler l'efficacité éducationnelle et en termes
de coûts des programmes supplémentaires ».
Ce qu'on laisse entendre, c'est que la CSC doit
se recentrer sur son « activité principale »
d'éduquer les étudiants dans le contexte d'une
école régulière. Dans le cadre du système
d'éducation public de Calgary, il y a de nombreux
programmes alternatifs, comme les programmes
d'immersion, d'apprentissage axé sur les arts,
l'éducation axée sur les sciences, des classes
pour les étudiantes enceintes et les nouvelles
mères, et des programmes de sensibilisation pour
les élèves à risque qui ne réussissent pas dans
les écoles traditionnelles. Avec ces programmes
viennent des dépenses supplémentaires liées au
transport des étudiants sur de longues distances
ou, dans certains cas, pour les élèves ayant des
besoins particuliers, ce qui requiert des classes
avec moins d'étudiants.
Le fait de restreindre la portée de l'éducation
publique est conforme aux objectifs de la Loi 15,
Choice in Education Act, qui a été adoptée
le 24 juin par l'Assemblée législative de
l'Alberta. La Loi 15 centralise davantage le
processus d'approbation des écoles à charte entre
les mains du ministre de l'Éducation et élargit
les critères sur lesquels les écoles à charte
peuvent être approuvées. La Loi supprime également
l'obligation que la commission scolaire soit
invitée à organiser un programme alternatif avant
qu'il puisse être établi comme une école à charte.
C'est aussi conforme à la politique du Parti
conservateur uni de « financement par étudiant
équitable en fonction du choix d'école ».
L'Alberta finance déjà les écoles privées à 70 %
du système public et Kenney a clairement dit qu'il
est favorable à l'expansion d'écoles privées et à
charte. Forcer la CSC à se recentrer sur ses «
affaires principales » plutôt que sur les «
programmes supplémentaires » peut servir à
éliminer des programmes qui ne répondent pas aux
besoins de l'oligarchie financière, comme les
écoles alternatives. C'est un processus en vertu
duquel les étudiants les plus vulnérables seraient
abandonnés, ce qui ne semble pas être une grande
préoccupation pour le gouvernement ni pour la
ministre de l'Éducation ni pour le
gouvernement de l'Alberta.
La CSC est avisée
qu'elle doit « soutenir la salle de classe de
façon plus directe (c'est-à-dire, avec des
enseignants « réguliers » et moins de
spécialistes, de dirigeants, d'administration,
etc.). Rediriger les ressources aux « premières
lignes » est devenu un mantra dans le
contexte de l'offensive antisociale. Cela déforme
la réalité parce que la plupart des enseignants
qui sont des dirigeants désignés enseignent à
temps plein ou presque, et les quelques
spécialistes qui existent fournissent aussi des
services essentiels aux étudiants et aux
enseignants.
D'autres mesures de « gestion financière »
envisagées sont d'éliminer tous les services de
transport scolaire aux étudiants vivant dans un
rayon de moins de 2,4 km de l'école et
d'augmenter les frais de transport.
Comme le fait valoir l'organisation Appuyez nos
étudiants, la ministre de l'Éducation devrait
avoir comme priorité en ce moment la réouverture
des écoles en toute sécurité. En fait, en ce
moment, les écoles ont besoin de plus de
ressources, pas de moins de ressources. Les
étudiants souffrent déjà de la façon arbitraire
dont la décision de fermer les écoles et de mettre
à pied un grand nombre de travailleurs de
l'éducation a été prise. Le refus de consulter les
enseignants et de faire en sorte qu'ils
participent aux prises de décision cause des
dommages aux étudiants et au système d'éducation.
Le gouvernement n'a pas assumé sa responsabilité
sociale de financer adéquatement l'éducation, et
lorsqu'il y a des failles dans le système, il
cherche à infliger le coup de grâce. Alors que
tout le monde se concentre sur la façon de
surmonter la crise, le gouvernement a saisi
l'occasion pour promouvoir un ordre du jour de
privatisation. C'est un comportement éhonté.
Entretemps, ce sont les enseignants et les
travailleurs de l'éducation qui assument leur
responsabilité sociale puisque le gouvernement
refuse de le faire. Lorsque les écoles ont été
fermées, les enseignants et les travailleurs de
l'éducation n'ont pas attendu qu'on leur dise quoi
faire. Ils se sont immédiatement mis en action
pour veiller au bien-être des étudiants et
développer ensemble comment l'apprentissage en
ligne devait se faire. C'est dans cet esprit
qu'ils continueront de défendre l'éducation
publique.
-
Dougal MacDonald -
Le 11 juin, le premier ministre de
l'Alberta, Jason Kenney, a annoncé que son
gouvernement avait signé un contrat de 3,7
millions de dollars avec McKinsey Calgary, filiale
d'une société géante mondiale de conseil en
gestion aux États-Unis, pour revoir le système
d'enseignement postsecondaire de la province.
McKinsey & Company, ou « la firme », est
la plus grande société de conseil en gestion au
monde ; bon nombre de ses employés sont
devenus PDG de grandes sociétés ou de hauts
fonctionnaires. L'ancien associé directeur de
McKinsey, Dominic Barton, est maintenant
ambassadeur du Canada en Chine. L'ancien employé
Robert Greenhill est devenu président de l'Agence
canadienne de développement international (ACDI).
À première
vue, la sélection de McKinsey par le Parti
conservateur uni (PCU) pour passer en revue
l'enseignement postsecondaire semble étrange.
Selon le biographe de McKinsey, Duff McDonald, la
firme « fournit des services de conseil en
stratégie et en gestion, tels que des conseils sur
une acquisition, l'élaboration d'un plan de
restructuration d'une force de vente, la création
d'une nouvelle stratégie commerciale ou des
conseils sur la réduction des effectifs ». De
toute évidence, aucun de ces services ne concerne
l'éducation. Cependant, ils ne contredisent
certainement pas la campagne néolibérale en cours
pour financer et privatiser l'enseignement
postsecondaire et en faire le valet de
l'industrie.
Aucun des quatre partenaires de McKinsey Calgary
ne revendique une expertise en éducation
postsecondaire. En fait, trois d'entre eux citent
comme principal domaine d'expertise leurs services
rendus à l'industrie pétrolière et gazière, tandis
que l'autre se concentre sur l'accompagnement
professionnel de cadres. Il est difficile de voir
en quoi cela les qualifie pour passer en revue
l'enseignement postsecondaire. Mais il ne faut pas
se surprendre puisque l'actuel ministre de
l'Enseignement supérieur est parvenu à son poste
en fournissant des conseils en communication au
secteur privé. Sa seule expérience d'enseignement
postsecondaire est dans des établissements
d'études commerciales qui n'ont pas de raison
d'être associées aux universités, car elles
traitent le monde des affaires de manière non
critique.
Cela ne veut pas dire que McKinsey & Company
n'a jamais produit de rapports sur l'éducation
postsecondaire. Par exemple, en 2012, elle a
publié une étude intitulée « Refonte 101 : Un
nouvel ordre du jour pour les dirigeants des
universités et du système d'enseignement
postsecondaire ? » Aucune des
recommandations du rapport n'est une surprise. Le
rapport ne fait que recycler les divagations
habituelles des gouvernements réactionnaires comme
celles de plus de partenariats avec l'industrie,
les services donnés en sous-traitance, la
réduction des avantages sociaux des employés,
l'élimination des activités « non
essentielles » et la consolidation des cours.
Le rapport ne dit rien sur les conditions
d'apprentissage des élèves ou les conditions
d'enseignement des instructeurs et comment elles
peuvent être améliorées. Il traite l'éducation
comme une entreprise qui doit être gérée plus «
efficacement », ce qui correspond à peu près
à la façon dont McKinsey traitera l'enseignement
postsecondaire de l'Alberta.
La deuxième raison pour laquelle le choix de
McKinsey semble étrange est qu'un certain nombre
d'entreprises qu'elle a conseillées ont par la
suite connu certaines des plus grandes faillites
commerciales de ces dernières décennies. Cela
comprend l'effondrement d'Enron, la chute du
fabricant de médicaments Valeant, l'échec du fonds
spéculatif Galleon et diverses transactions
louches liées aux frères Gupta d'Afrique du Sud.
En outre, McKinsey a formulé des recommandations
controversées pour certains clients douteux,
notamment l'Agence fédérale du service de contrôle
de l'immigration et des douanes des États-Unis
(ICE) sous l'administration Trump, l'Arabie
saoudite et le fabricant américain de médicaments
Purdue Pharma. Les conseils de McKinsey à Purdue
ont porté sur la façon de stimuler les ventes
d'opioïdes. Purdue fait désormais face à 12
milliards de dollars de poursuites pour avoir
provoqué et entretenu la crise des opioïdes.
Le PCU semble avoir
une relation assez privilégiée avec McKinsey.
Le 1er mai 2019, il a embauché David
Knight Legg, ancien employé de McKinsey, en tant
que conseiller en chef pour les affaires
commerciales et financières. Celui-ci a accompagné
le premier ministre Kenney lors de plusieurs
voyages à l'étranger pour promouvoir les
investissements. Le 5 juin, le ministre de
l'Enseignement supérieur du PCU, Demetrios
Nicolaides, a publiquement cité un rapport de la
firme McKinsey publié en 2015 et intitulé La
jeunesse en transition, qui conclut que
seulement 34 % des employeurs
et 44 % des étudiants pensaient qu'ils
étaient préparés à affronter le marché du travail.
Cela correspond parfaitement à l'ordre du jour du
PCU qui est de lier plus étroitement l'éducation à
l'offre de formation gratuite aux monopoles.
Depuis son élection en 2018, le PCU a mis en
place un certain nombre de « refontes » pour
tenter d'amener les Albertains à appuyer ses
politiques. Chaque fois, il a veillé à ce que ceux
qui mènent la mascarade parviennent à ses
conclusions prédéterminées et l'examen de McKinsey
ne fera pas exception. Une grande partie sera
probablement des banalités néolibérales. Si
l'examen comprend une véritable consultation de la
population de l'Alberta, tout ce qui contredit les
conclusions prédéterminées sera ignoré. Le PCU
dira alors que les experts et le public appuient
l'examen et ses conclusions.
L'aspect le plus révoltant de l'examen de
l'enseignement postsecondaire sera peut-être la
façon dont les administrateurs des échelons
supérieurs de divers établissements
postsecondaires de l'Alberta accueilleront sans
hésitation les « constatations », quelles
qu'elles soient. Cela a été le modèle jusqu'à
présent, même lorsque les compressions du PCU dans
le financement de l'enseignement postsecondaire
ont entraîné des pertes d'emplois, des gels
d'embauche, des annulations de programmes, une
augmentation des frais de scolarité, l'abandon de
bibliothèques, etc. Cette destruction est acceptée
de façon complaisante par les administrateurs au
sommet des établissements postsecondaires qui
répètent les dogmes tels que : « Nous devons
nous adapter aux réalités fiscales
actuelles ». Bien sûr, l'une des raisons pour
lesquelles les administrateurs ont cédé aux
campagnes anti-éducation du PCU est qu'en août
2019, le PCU a remplacé les présidents actuels des
conseils d'administration de nombreuses
institutions d'enseignement postsecondaires par
ses propres agents, principalement du secteur de
l'énergie.
L'examen du PCU de 3,7 millions de dollars
laisse entendre qu'il y a un grand mystère sur ce
qui doit être fait en ce qui concerne l'éducation
postsecondaire en Alberta, mais il n'y a pas de
mystère. Pour commencer, voici quatre étapes qui,
selon plusieurs, devraient être prises dès que
possible. Premièrement, le droit à l'éducation
doit être légiféré. Deuxièmement, le financement
de l'éducation doit être considérablement accru.
Troisièmement, les frais de scolarité doivent être
gelés, puis diminués et finalement éliminés.
Quatrièmement, la pratique consistant à exploiter
le corps professoral en embauchant selon un statut
« saisonnier », sans sécurité d'emploi, sans
avantages sociaux et avec des salaires
insuffisants, doit cesser. Ces quatre étapes à
elles seules contribueraient grandement à
revigorer l'enseignement postsecondaire en Alberta
afin qu'il puisse mieux s'acquitter de sa vraie
mission, qui est de contribuer à l'avancement de
la société en servant l'intérêt public.
- George Allen -
Comme des zombies qui sortent de leur cercueil,
les indicateurs de performance (IP) sont de
nouveau un enjeu brûlant parmi les représentants
du gouvernement albertain et les administrateurs
des établissements d'enseignement postsecondaire
(EPS). Le 20 janvier, le ministre de
l'Éducation supérieure, Demetrios Nicolaides, a
annoncé que les IP seraient mis en place en
Alberta à partir du 1er avril et seraient
utilisés pour déterminer le financement des
universités, des collèges et des écoles de
formation technique. Le 27 mars, Nicolaides a
reculé par rapport à sa déclaration originale et a
dit que les IP seraient reportés à la fin de mai
en raison des problèmes créés par la pandémie de
la COVID-19, mais a affirmé que l'idée serait
bientôt réactivée.
L'idée néolibérale des IP, qui tire son origine
du monde des affaires, tente de lier « les
coûts » de production d'un bien en
particulier à l'intention fondamentale de réduire
les coûts. C'est pour cela que la montée des IP
est toujours accompagnée d'incessantes
compressions budgétaires dans le système
d'éducation public. Dans le domaine de
l'enseignement postsecondaire, les IP les plus
fréquents sont liés au nombre d'étudiants
inscrits, au taux de diplomation et au taux
d'embauche des diplômés. Mais dès le départ, il y
a deux choses fautives avec l'idée des IP. En
premier lieu, l'éducation est un investissement et
non un coût. Deuxièmement, l'éducation n'est pas
une marchandise ; c'est un bien public qui
doit être constamment élargi pour engendrer
l'amélioration continue de la société.
Les IP existent depuis longtemps, mais ce n'est
pas fortuit qu'ils soient devenus à la mode durant
l'époque Reagan/Thatcher comme un aspect du
mouvement néolibéral de transformer les
universités en des places d'affaires, le tout avec
des structures de la base au sommet qui favorisent
le secteur des entreprises. Des détails mineurs
tels que la gouvernance collégiale (qui est
maintenant réduite à celle d'un rituel dans la
plupart des institutions d'EPS) et la liberté
académique (qui est maintenant attaquée sous
différents prétextes, tels que le « manque de
civilité ») ont été qualifiés d'entraves à
pouvoir « faire des affaires », de manière
similaire aux droits des travailleurs et à la
réglementation environnementale. Comme l'a déjà
déclaré de manière infâme Thatcher : « Il n'y a
pas de société ; il n'y a que les
marchés ». Alors la perspective néolibérale
est que le soi-disant libre marché devrait
gouverner les IP, et les gérants d'affaires
devraient faire fonctionner les établissements
d'enseignement postsecondaire avec cela en tête.
Dans le passé, les IP ont atteint des sommets
d'absurdité. C'est surtout ainsi en raison des
tentatives de tout réduire à des chiffres. Dans
les années 1980, en Nouvelle-Zélande, le
gouvernement a fait la proposition ridicule « coût
par pied carré » comme un véritable
indicateur de l'efficacité des institutions d'EPS.
D'autres gouvernements ont suggéré de traiter les
diplômés comme un « produit » du personnel,
de la bibliothèque, de l'informatique et des
autres coûts nécessaires à « leur »
production. Une troisième approche consiste à lier
la « performance » directement aux seuls taux
d'embauche des diplômés, comme si cela était même
possible dans l'économie à la demande
d'aujourd'hui, alors que beaucoup sont des
travailleurs à temps partiel sans sécurité, même
dans les établissements d'enseignement
postsecondaire.
Des tentatives
maladroites d'appliquer « l'approche
numérique » à l'évaluation de l'efficacité
des EPS montrent encore et encore qu'il est
presque impossible de mesurer ce que les
établissements d'enseignement postsecondaire font
ou devraient faire. Les taux de diplomation
peuvent être mesurables. Mais comment, par
exemple, attribuer un chiffre à la contribution
sociale, à la pensée critique, à la créativité, à
la tolérance, aux compétences en résolution de
problèmes, au leadership, à la sagesse, à l'accès
pour les groupes marginaux, à la diversité du
personnel enseignant, etc. ? Les chercheurs
ont passé des décennies à essayer de clarifier ce
que sont ces choses, sans parler de la façon de
les mesurer. Les IP ignorent donc simplement ces
facteurs importants. Les gouvernements et les
administrateurs qui font leurs appels d'offres, en
faisant la promotion des IP, affirment
essentiellement que ce qui ne peut pas être
quantifié n'a pas de valeur et peut donc être
ignoré. Peut-être devraient-ils écouter de plus
près la célèbre maxime d'Einstein : « Ce qui
compte ne peut pas toujours être compté et ce qui
peut être compté ne compte pas forcément. »
Un autre point est que les éléments qui doivent
être « mesurés » par les IP ne sont souvent
même pas sous le contrôle de l'université ni de
son personnel enseignant. Par exemple, lorsqu'un
gouvernement réduit ses budgets de fonctionnement,
la réponse de l'université ne peut être que de
s'opposer aux compressions ou de plier l'échine et
de trouver des moyens d'éliminer du personnel et
des programmes pour respecter les nouvelles
directives budgétaires, sans tenir compte du fait
que le personnel est le producteur de toute la
valeur. Malheureusement, la deuxième alternative
est celle que les établissements postsecondaires
de l'Alberta ont choisie. Pas une seule
institution d'EPS n'a résisté aux compressions du
gouvernement du PCU ou à la prescription des IP.
Bien sûr, le fait qu'en août dernier le PCU ait
remplacé les présidents actuels des conseils
d'administration des établissements d'enseignement
postsecondaire par leurs propres représentants de
l'industrie a contribué à miner la résistance
interne.
Il est illusoire de penser que les IP garantiront
en quelque sorte la « reddition de
comptes » ou produiront «
l'excellence » en matière d'EPS. L'idée est
une insulte aux éducateurs, aux étudiants et au
personnel de soutien ainsi qu'une fausse
représentation des véritables objectifs de
l'éducation. L'éducation n'est pas une entreprise
et ne doit pas non plus être un simple valet de
l'industrie. Les chiffres des IP ne fourniront
aucune indication si l'objectif est vraiment
d'améliorer nos établissements d'enseignement
postsecondaire.
Cependant, l'autre point est qu'il est tout aussi
possible que les IP puissent produire exactement
la conclusion opposée à celle des réducteurs de
coûts. Si c'est le cas, ils pourraient être
utilisés pour montrer que ce dont les universités
ont réellement besoin, ce ne sont pas des
compressions, mais davantage de financement, une
législation affirmant le droit à l'éducation, plus
des professeurs avec un statut permanent et des
avantages sociaux, un équipement plus nombreux et
de meilleure qualité ainsi que le gel, la
diminution et éventuellement l'élimination de tous
les frais de scolarité.
- Steve Rutchinski -
Des défis importants existent dans tout le
secteur de l'enseignement postsecondaire à
l'approche de la session d'automne 2020-2021 alors
que la pandémie de la COVID-19 continue. Le
façonnement de l'enseignement postsecondaire au
cours de décennies de régression et d'offensive
antisociale a laissé à l'ensemble du système peu
d'options: soit un changement de direction au
service du progrès de la société canadienne, soit
encore davantage de crises et de chaos.
Le directeur général de l'Association canadienne
des professeures et professeurs d'université
(ACPPU), David Robinson, a récemment fait le point
que « la pandémie de la COVID-19 a nettement mis
en relief les failles présentes depuis longtemps
au sein de nos universités et collèges. La
dépendance croissante de nos établissements au
financement privé, l'exploitation de la
main-d' uvre précaire et le virage vers les
programmes d'études et les projets de recherche
répondant aux besoins du marché ont fait en sorte
que nous sommes mal préparés à faire face à la
crise actuelle[1]
».
« Au cours des 30 dernières années,
écrit-il, les gouvernements de différentes
allégeances politiques ont progressivement refilé
aux étudiants le coût de l'éducation
postsecondaire et graduellement diminué le
financement public. Cette transition a été d'une
ampleur stupéfiante. Alors qu'en 1990 un peu plus
de 80 % des fonds de fonctionnement des
universités provenaient de subventions
gouvernementales, ce chiffre avait plongé en 2018
à environ 47 %. » Le résultat, fait-il remarquer,
est que « nos établissements sont devenus
financièrement dépendants des droits de scolarité
et notamment, des frais scandaleusement élevés
imposés aux étudiants internationaux. Les
établissements qui en sont venus à compter sur ces
frais pour soutenir leurs opérations risquent
d'être confrontés à une chute dévastatrice de ces
revenus si la pandémie doit se poursuivre dans la
prochaine année académique ».
Entre 2008 et
2018, il y a eu une baisse de 11 % du
financement provincial par étudiant à temps
plein. Au total, 53 % du financement
universitaire provient des frais de
scolarité. Les universités dépendent en
moyenne des frais de scolarité des étudiants
étrangers pour 20 % de leurs revenus. En
2018, plus de 500 000 étudiants
internationaux ont étudié au Canada,
rapportant plus de 6 milliards de dollars en
frais de scolarité[2].
Piller les étudiants étrangers pour qu'ils
poursuivent des études postsecondaires est une
autre expression du racisme organisé par l'État au
Canada, tout comme la traite des êtres humains
perpétrée dans le cadre de programmes de
travailleurs migrants parrainés par le
gouvernement qui refuse à ces travailleurs «
invités » le statut de résident canadien.
Les universités et les collèges ont été
encouragés par le gouvernement fédéral, en
particulier depuis la crise économique de 2008, à
résoudre leurs difficultés financières en
augmentant les frais de scolarité et en recrutant
des étudiants étrangers. Alors que les banques et
les oligarques financiers ont été renfloués et que
la société était aux prises avec le fardeau de la
dette, le coût de l'enseignement postsecondaire a
été de plus en plus transféré aux étudiants et à
leur famille sous la forme de frais de scolarité
et de dettes plus élevés. Cela a également
entraîné une augmentation de la taille des classes
pour les étudiants et une explosion de
l'enseignement contractuel précaire pour les
professeurs.
La plupart des gens dans le secteur de
l'éducation postsecondaire - des étudiants aux
professeurs en passant par le personnel
administratif, d'entretien, de service et de
nettoyage - s'inquiètent de la perspective d'une
nouvelle série de compressions dans le financement
de l'éducation publique par divers niveaux de
gouvernement une fois que les mesures de
financement d'urgence dues à la COVID-19 prendront
fin. Selon le magazine en ligne University
Affairs, le Manitoba et l'Alberta ont
demandé aux établissements d'enseignement
supérieur d'élaborer des scénarios de réduction
budgétaire pouvant aller jusqu'à 30 % et, dans ce
sens, certaines universités licencient déjà du
personnel non universitaire à court terme[3].
Les universités de tout le pays semblent élaborer
leurs plans avec peu ou pas de participation des
membres du milieu universitaire. L'Union des
associations des professeurs des universités de
l'Ontario (OCUFA) s'est opposée à cette situation
lors d'une récente consultation tenue avec le
Conseil consultatif du ministère des Collèges et
Universités, sous les auspices du Comité ontarien
de l'emploi et de la relance. Le mémoire de
l'OCUFA souligne que « Depuis mars, les membres du
personnel académique se sont consacrés à traverser
le trimestre tout en prenant le plus grand soin
possible de leur famille et de leur communauté.
Sur le campus, les membres ont dû en l'espace de
24 heures se mettre à faire de l'enseignement à
distance d'urgence (ERT) » qui a été définie par
les administrations universitaires comme une
décision temporaire. C'est un changement qui a
créé une myriade de défis pour le corps
professoral.
L'OCUFA poursuit: « Il semble que les programmes
d'enseignement à distance ne seront probablement
pas aussi temporaires que nous l'espérions tous.
Bien que certaines recherches et opérations sur le
campus puissent reprendre d'ici le début du
semestre d'automne, la plupart des universités ont
officiellement annoncé que la majeure partie de la
session d'automne se fera à distance ... Il est
également prévu que, là où la distanciation
physique est possible, certains projets de
recherche reprendront également sur les campus.
Cette dépendance à l'ERT crée de nouveaux défis et
exacerbe certaines des tensions que le corps
professoral a connues lors de la transition vers
l'enseignement à distance. À cette tension
s'ajoute le fait que la plupart des universités ne
consultent les professeurs que superficiellement
ou pas du tout au sujet de ces défis imminents. Si
nous voulons réussir à dispenser un enseignement
postsecondaire durant cette pandémie, il est
primordial que la gouvernance collégiale et les
droits de la négociation collective des
professeurs soient respectés[4]. »
Les étudiants, les professeurs et le personnel -
ceux qui sont les plus touchés par les conditions
dans les établissements postsecondaires - ont été
essentiellement marginalisés, sans avoir leur mot
à dire sur la sécurité ou la qualité de leurs
conditions de travail et d'apprentissage. On ne
peut pas permettre que se perpétue la situation où
d'autres prennent des décisions qui peuvent
affecter négativement leur vie et que leur seul
rôle est de réagir une fois que la décision est
prise. Les membres de la communauté universitaire
doivent continuer à faire entendre leurs voix et
adopter des positions proactives afin de
déterminer leurs conditions de travail et
d'apprentissage et la direction même de
l'enseignement postsecondaire.
Notes
1. « L'éducation
postsecondaire post-pandémie », David Robinson,
Bulletin de l'ACPPU, mai-juin 2020.
2. « Containing
the Impact of COVID-19 on Higher Education »,
par Michael A. O'Neill, policyoptions.irpp.org
3.
Ibid
4. « COVID019
and the Academy », mémoire d'énoncé de politique
de l'OCUFA.
- Entrevue avec Colleen Burke -
Des étudiants de niveau postsecondaire manifestant
à Toronto le 18 janvier 2020 contre les coupes
budgétaires du gouvernement Ford en éducation.
Forum ouvrier s'est entretenu avec Colleen
Burke, présidente de la section locale 1998 du
Syndicat des Métallos, sur ce qui se passe à
l'Université de Toronto et dans les
établissements d'enseignement supérieur en
général. Le personnel administratif et technique
de l'Université de Toronto, représenté par la
section locale 1998 du Syndicat des Métallos,
est essentiel au fonctionnement de
l'enseignement supérieur. Les cadres supérieurs
de l'Université de Toronto et de tout
l'enseignement supérieur aiment à dire « Merci
pour tout ce que vous faites », mais ils
décident avec arrogance quels seront les
protocoles de « retour au travail » tandis que
les travailleurs n'ont pas leur mot à dire et
sont censés réagir aux décrets de la direction.
Forum ouvrier : Commençons par
une brève introduction.
Colleen Burke : D'accord. Je
suis présidente de la section locale 1998 du
Syndicat des Métallos. Nous représentons plus de 8
000 membres - le personnel administratif et
technique de l'Université de Toronto, de
l'Université Victoria, du Collège St. Michael et
de l'École de l'Université de Toronto.
Nos membres travaillent à domicile depuis environ
le 20 mars. L'université fonctionne toujours. Bien
que la plupart des bâtiments soient fermés, il
existe quelques exceptions telles que les édifices
des résidences, les services de santé pour ceux
qui se trouvent sur le campus, et ainsi de suite.
Organiser le travail de tout le monde pour qu'il
se fasse à domicile a été une transition énorme
et, bien sûr, il y a des techniciens de
laboratoire, des gens de la restauration et
d'autres qui ne travaillent pas parce que leur
travail ne peut pas être fait à domicile. Beaucoup de contrats se sont
poursuivis jusqu'au 30 avril. Ensuite, il y a ceux qui
sont employés dans des camps d'été pour enfants
ou embauchés pour les huit semaines de remise
des diplômes et ainsi de suite. Nous
avons également environ 3 000 à 3 500 occasionnels
et l'université a également prolongé la garantie
de rémunération pour nos membres occasionnels. Ça,
c'était très bien.
Nous avons également connu
des licenciements temporaires dans quelques
départements. Environ 70 personnes à plein temps
ont été licenciées pendant 13 semaines. Elles
seront admissibles à la prestation canadienne
d'urgence et, encore une fois, l'université est
intervenue avec 1 000 $ de plus par mois et en
payant les deux portions de leurs prestations
médicales.
FO : Quels sont les principaux
problèmes auxquels le syndicat et vos membres sont
confrontés ?
CB : Avant la fermeture,
beaucoup étaient inquiets et voulaient travailler
à domicile, mais ils ont été empêchés de le faire
dans la plupart des cas. Ce n'est que lorsque la
province a déclaré une situation d'urgence que
l'enjeu du travail à domicile a été résolu.
Jusque-là, nous étions très occupés par les
problèmes de santé et de sécurité. Même
maintenant, nous traitons les problèmes de santé
et de sécurité des membres qui fournissent des
services aux étudiants sur le campus, dans les
résidences, les services de santé pour les
étudiants, les services informatiques, etc. Pour
les personnes travaillant à domicile, la garde
d'enfants est un gros problème. Les gestionnaires
s'appuient sur le personnel qui travaille et sont
à la fois des parents à domicile. Officiellement,
la position de l'université est que les
gestionnaires devraient être flexibles, mais
certains gestionnaires harcèlent beaucoup nos
membres. Nos membres s'inquiètent également des
licenciements. Certains départements ordonnent aux
gens de prendre des vacances. Le syndicat a
accepté cela comme moyen d'atténuer les
licenciements.
FO : Est-ce qu'on entend
parler de la façon dont vous allez faire la
transition vers le retour au travail ?
CB : Le plan de santé et de
sécurité pour le retour au travail est un gros
enjeu pour le syndicat. L'université a publié une
feuille de route sur le retour au travail. Nos
comités mixtes de santé et de sécurité n'ont
jamais participé à l'élaboration du plan de santé.
L'université se réserve cela comme une prérogative
de gestion. Il en va de même pour les protocoles
de retour au travail. Cela entraînera
inévitablement toutes sortes de plaintes après
coup. Nous avons un responsable de santé et de
sécurité à plein temps, mais ce ne sera pas
facile. Notre section locale des Métallos
collabore avec d'autres syndicats et d'autres sur
le campus pour élaborer des protocoles appropriés
de retour au travail dans les divers milieux de
travail. C'est ainsi que ça se passe dans tous les
établissements d'enseignement postsecondaire, je
pense.
La section locale 1998 du
Syndicat des Métallos travaille au sein des
syndicats et des associations d'employés de
l'Université de Toronto (UTEAU), un groupe de
coordination informel d'associations
étudiantes, de syndicats et d'associations de
professeurs sur les trois campus de
l'Université. Nous travaillons sur un document
commun concernant nos valeurs, nos aspirations,
etc. à la lumière de la COVID-19, afin
d'identifier nos revendications immédiates à
l'université et nos revendications à plus long
terme au gouvernement provincial. Les
universités sont déjà sous-financées et nous
sommes inquiets de ce qui va se passer quand
cette crise immédiate sera résorbée.
Les services de garde vont
poser un autre sérieux problème. Environ 70 % de
nos membres sont des femmes et ce sont elles qui
en portent et en porteront le plus gros fardeau.
Je connais une membre qui a dû prendre un congé
pour raison de stress parce que travailler à la
maison pendant qu'elle s'occupait des enfants
était trop difficile. Certaines personnes
raccourcissent leur semaine de travail en
prenant des jours de vacances ici et là.
D'autres peuvent opter pour le temps partiel, si
possible, car c'est trop compliqué sans services
de garde.
Comment les gens vont-ils
même se rendre au travail et en revenir en toute
sécurité ? Les gens sont à juste titre
préoccupés par le transport en commun. Qui est
responsable de veiller à la santé des usagers
des transports en commun ? Au fur et à mesure
que les activités recommencent, ce sera une
sérieuse préoccupation.
FO : Y a-t-il autre chose que
tu aimerais partager avec nos lecteurs ?
CB : Nous sommes tous très
préoccupés par l'impact financier de la pandémie
de la COVID-19. Tout le monde au niveau
postsecondaire regarde ce qui se passera en
septembre. Combien d'élèves se présenteront ?
Combien d'étudiants internationaux viendront ? La
réalité ici est que les étudiants internationaux
sont considérés comme une vache à lait. Les frais
de scolarité des étudiants internationaux
représentent environ 20 % des revenus en frais de
scolarité de l'Université de Toronto. Combien
seront prêts à payer un prix exorbitant pour une
expérience d'éducation en ligne, c'est-à-dire sans
enseignement en classe ?
Il n'y a eu aucune annonce de financement fédéral
de soutien à l'éducation postsecondaire. Nous
voulons obtenir un soutien financier pour
surmonter l'impact de cette pandémie. Je sais que
les étudiants veulent également des réductions de
frais de scolarité et j'appuie cela. Mais
l'enseignement postsecondaire lui-même va avoir
d'énormes problèmes sans financement
supplémentaire. Et lorsque nous en sortirons,
verrons-nous une autre série de mesures
d'austérité ?
Cette année 2020 est une année de négociation des
conventions collectives à l'Université de Toronto
et tous les travailleurs du secteur de l'éducation
postsecondaire négocient dans le cadre des mesures
d'austérité de 1 % imposées par le projet de loi
124. Curieusement, depuis le début de la pandémie,
ces problèmes sont loin d'être les seuls auxquels
nous devons faire face.
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