Numéro 36 - 26 mai 2020
Tous à la défense des droits des
travailleurs étrangers temporaires et des
demandeurs d'asile!
• Dénonçons
les
tentatives inacceptables des gouvernements de
criminaliser les demandeurs d'asile et de
justifier les crimes immoraux commis contre eux - Diane Johnston
• Le gouvernement du
Québec fait rejeter la motion reconnaissant la
contribution des demandeurs d'asile et demandant
au gouvernement canadien de régulariser leur
statut
• Appel à régulariser le
statut des travailleurs essentiels -
Guillaume
Cliche-Rivard, président de l'Association
québécoise des avocats et avocates en droit de
l'immigration
• Les travailleurs
agricoles migrants en Ontario infectés par la
COVID-19 - Steve Rutchinski
• La fédération du travail
de la Nouvelle-Écosse demande que la couverture
médicale soit étendue aux résidents qui ne sont
pas assurés
Le besoin de
sécurité des travailleurs du transport en commun
• Les travailleurs
réclament des masques faciaux dans les
transports en commun
• Entrevue avec Tynan
Liebert, membre du conseil exécutif, section
locale 2 du SCFP, représentant les travailleurs
de la Commission de transport de Toronto
États-Unis
• Les éboueurs de la
Nouvelle-Orléans en grève pour exiger de
meilleures conditions de travail et un meilleur
salaire
Tous à la défense des droits des
travailleurs étrangers temporaires
et des demandeurs d'asile!
- Diane Johnston -
De nombreuses organisations au Québec et au
Canada travaillent ensemble à soutenir les droits
des demandeurs d'asile et des travailleurs
étrangers temporaires qui sont aux premières
lignes de la lutte contre la COVID-19. En plus de
les secourir de la situation horrible dans
laquelle le traitement injuste des gouvernements
les a placées, ces organisations soutiennent la
juste revendication que les gouvernements du
Québec et fédéral doivent créer un programme
spécial qui régularisera le statut de ces
travailleurs dans le pays.
Le 18 mars 2020, lorsqu'un journaliste
lui a posé une question sur les demandeurs d'asile
qui entrent de façon irrégulière au Canada, le
premier ministre du Québec, François Legault, a
répondu ceci :
« Il n'est pas acceptable que des demandeurs
d'asile entrent illégalement au pays par le chemin
Roxham sans être par la suite placés en
isolement ». Il a ajouté avoir eu des
discussions avec le gouvernement fédéral à ce
sujet. Le lendemain, le premier ministre Justin
Trudeau, dans le cadre de sa décision de fermer la
frontière entre le Canada et les États-Unis, a
annoncé que son gouvernement n'allait plus
permettre aux demandeurs d'asile d'entrer
irrégulièrement au Canada en passant par le chemin
Roxham, dans les Cantons-de-l'Est au Québec.
Les
personnes qui cherchent la sécurité au Canada
traversent la frontière de façon irrégulière afin
d'éviter d'être renvoyées aux États-Unis en vertu
de l'Entente entre le Canada et les États-Unis sur
les tiers pays sûrs, qui ferme la porte du Canada
à la plupart des demandeurs d'asile aux points
d'entrée officiels. En fermant ces voies d'entrée,
c'est le Canada qui agit « de façon irrégulière »,
en violation de l'essence même des conventions qui
établissent comment et pourquoi les pays doivent
accueillir les réfugiés et la norme du traitement
qu'ils doivent recevoir.
Ce manque flagrant d'humanité envers les
demandeurs d'asile de la part du gouvernement
fédéral, du gouvernement du Québec et du Parti
conservateur démontre leur mépris pour les
demandeurs d'asile et pour l'état de droit. En
fait, c'est au nom de l'état de droit qu'ils
traitent de façon aussi méprisable les demandeurs
d'asile. Ils gouvernent et font ces choses en
notre nom. Cela ne doit pas passer !
L'affirmation du premier ministre Legault et
d'autres que les demandeurs d'asile entrent au
Canada de manière illégale est sans fondement.
Elle fait la promotion de la même notion de
criminalité que le gouvernement libéral de Justin
Trudeau a cherché à faire en juillet 2018
quand le premier ministre a nommé l'ancien chef de
la police de Toronto, Bill Blair, à la nouvelle
position de ministre de la Sécurité frontalière et
de la Réduction du crime organisé. Par un tour de
passe-passe, le gouvernement libéral a trouvé la
façon d'établir un lien entre les migrants
vulnérables et la sécurité frontalière et le crime
organisé. En faisant de la traversée irrégulière
des demandeurs d'asile par le chemin Roxham et
ailleurs au Canada une question de loi et d'ordre,
le gouvernement a transformé les demandeurs
d'asile en une catégorie criminelle, au nom d'un
traitement équitable et de l'état de droit. C'est
inacceptable. Cela montre que ces gouvernements ne
sont pas aptes à gouverner et que les Canadiens
doivent s'opposer au concept de la loi du plus
fort.
Plus récemment, le 8 mai, lors d'une
rencontre de mise à jour de la COVID-19 entre des
ministres fédéraux et de hauts représentants de la
santé, un journaliste du Québec a souligné que
bien que de nombreux demandeurs d'asile haïtiens
entrés au Canada en 2017 travaillent à
Montréal dans des établissements résidentiels et
de soins de longue durée et dans des résidences
pour personnes âgées au risque de leur vie, leurs
demandes d'un statut de réfugié ont été rejetées.
« En ce qui a trait au problème des demandeurs
d'asile, comme vous le savez très bien, le Canada
possède un système, un système juste, bien
réglementé, pour déterminer qui a le droit
d'asile », a répondu la vice-première
ministre Chrystia Freeland avec toute la
suffisance et l'arrogance dont elle est capable. «
Et c'est important, en tant que pays où existe
l'état de droit, que nous continuions à
l'être », a-t-elle dit.
Cette fanfaronnade évasive typiquement
néolibérale démontre le mépris complet des
libéraux et de leur gouvernement pour l'état de
droit. Le système canadien n'est pas juste et il
ne soutient pas les principes du droit
international en ce qui concerne les réfugiés, et
il est inhumain. Les libéraux sont des maîtres du
deux poids deux mesures qui fait en sorte que
l'essence d'un problème est évacuée ou laissée
dans l'ombre. Leurs réponses aux questions qui
préoccupent le corps politique et le peuple sont
inadmissibles. Cela montre que les Canadiens
doivent appuyer les demandeurs d'asile, les
réfugiés, les travailleurs migrants, les
travailleurs étrangers temporaires et tous ceux
qui sont très vulnérables face aux gouvernements
néolibéraux qui les traitent comme une « proie
facile ». Tout pouvoir aux organisations à
l'échelle du pays qui n'épargnent aucun effort
pour soutenir les droits des personnes les plus
vulnérables de la société !
Condamnons l'arrogance des gouvernants qui
commettent des crimes contre des êtres humains au
nom des droits, de la justice et de la loi.
Notre sécurité est dans la
lutte pour les droits de tous !
Le 13 mai, lors d'une session à l'Assemblée
nationale du Québec, où les précieuses
contributions des travailleurs de la santé aux
premières lignes de la lutte contre la pandémie
étaient discutées et soulignées, Catherine
Fournier, membre indépendante pour la
circonscription de Marie-Victorin, d'un commun
accord avec Monique Sauvé, membre du Parti libéral
(Fabre), Sol Zanetti, membre de Québec Solidaire
(Jean-Lesage), et Guy Ouellette, membre
indépendant (Chomedey), s'est levée pour présenter
la motion sans préavis suivante :
« Que l'Assemblée nationale
reconnaisse la contribution des centaines de
demandeurs d'asile, majoritairement d'origine
haïtienne, oeuvrant présentement comme préposés
aux bénéficiaires dans les CHSLD du Québec ;
« Qu'elle demande au gouvernement canadien de
régulariser rapidement leur statut d'immigration,
dans un souci de reconnaissance du travail
accompli durant la crise sanitaire
actuelle. »
Pour pouvoir débattre de la motion à l'Assemblée
nationale, le consentement unanime de tous les
partis est nécessaire. Le président de l'Assemblée
nationale a ensuite demandé à la Coalition avenir
Québec (CAQ) s'il y avait consentement, et le
leader parlementaire adjoint de la CAQ, Éric
Caire, a répondu qu'il n'y avait pas de
consentement, ce qui a mis fin à toute discussion
sur la motion.
Deux jours plus tard, lors d'un des points de
presse quotidiens sur la COVID-19, un journaliste
d'In Texto, un journal de la communauté
haïtienne de Montréal, a demandé au premier
ministre si ce qui avait été décidé à l'Assemblée
nationale reflétait sa position à lui.
« Commençons par parler de façon générale des
demandeurs d'asile », a répondu Legault. « On
a parlé longuement dans la dernière année de ceux
qui arrivaient par le chemin Roxham. Dans le cadre
de la pandémie, même M. Trudeau ne souhaite pas
qu'on reçoive des demandeurs d'asile qui passent
par le chemin Roxham. On a barré les frontières et
on a discuté hier soir avec M. Trudeau pour
reporter cette fermeture d'un mois, ça c'est une
chose. Ce qui ne veut pas dire que dans les
demandeurs d'asile incluant les membres de la
communauté haïtienne, qu'il n'y a pas du bon monde
qui est venu travailler dans nos CHSLD. C'est deux
dossiers séparés. [...] D'ailleurs
on a deux membres de la communauté haïtienne dans
notre conseil des ministres puis je suis conscient
du problème de la communauté haïtienne dans
certains quartiers haïtiens de Montréal. C'est
d'ailleurs pour ça qu'on donne un million de
masques entre autres à Valérie Plante [la mairesse
de Montréal] pour qu'elle les distribue
gratuitement dans les quartiers où c'est plus
difficile.
« Donc je pense qu'il faut séparer les deux
dossiers. Les demandeurs d'asile c'est une
chose », a poursuivi Legault. « Donc ne
mélangeons pas le dossier des réfugiés qui passent
par Roxham et celui de la communauté
haïtienne. »
Le journaliste a répondu : « N'empêche qu'ils
sont ici M. Legault, mais ça ne répond pas à ma
question. Est-ce que vous soutenez la position de
Simon Jolin-Barrette ? »
Legault de répondre : « Écoutez. Ce que je
comprends de votre question c'est qu'on demandait
d'appuyer la venue de demandeurs d'asile. »
Le journaliste est intervenu pour clarifier que
sa question n'avait rien à voir avec l'affaire sur
laquelle Legault avait donné son opinion, en
disant: « Non, il ne s'agissait pas de leur
arrivée ici ...», et à ce moment-là, il a
été interrompu par quelqu'un d'autre qui a posé
une autre question.
- Guillaume Cliche-Rivard,
président de l'Association québécoise des avocats
et avocates en droit de l'immigration -
Au front auprès de nos aînés dans les CHSLD ou
encore à l'arrière-scène dans nos épiceries et
usines de transformation alimentaire, ces
travailleurs essentiels jouaient, jouent et
continueront de jouer un rôle névralgique dans le
bon fonctionnement de notre vie en société. Nous
estimons qu'il est temps de reconnaître leur
contribution et nous appelons le gouvernement
fédéral à régulariser rapidement leur statut
d'immigration.
En effet, au moment où les risques se sont
accentués et où il n'a jamais été aussi dangereux
de se rendre au travail, ces derniers ne
rebroussent chemin devant rien et nous font la
démonstration jour après jour de leur loyauté, de
leur courage et de leur amour indéfectible pour
leur terre d'accueil. En effet, ils veillent sur
nous toutes les heures du jour et de la nuit et
luttent auprès de nous pour venir à bout d'un
adversaire qui ne connaît pas de frontières.
Loin des projecteurs, ils représentent une pièce
maîtresse dans l'équilibre parfois déjà précaire
de nos institutions, notamment dans le domaine de
la santé, et s'attellent souvent à une tâche peu
enviable sans toutefois savoir combien de temps
leur propre sécurité et celle de leur famille
pourront, elles, être assurées.
C'est effectivement sans garantie quant à leur
avenir au Canada qu'ils et elles nous font la
preuve quotidienne de leur rôle essentiel dans
notre société.
C'est sans savoir s'ils pourront rester au pays
avec leurs enfants pleinement intégrés dans nos
écoles, se développant et se forgeant une identité
canadienne auprès de leurs amis et professeurs,
que ces travailleurs essentiels risquent leur vie
pour nous. C'est sans savoir s'ils devront
abandonner famille et amis avec qui ils ont tissé
de forts liens au Canada qu'ils cumulent tous les
jours les quarts de travail dans des conditions
souvent très difficiles.
C'est sans savoir si les vies qu'ils ont
construites ici finiront par s'envoler en fumée
qu'ils contribuent, jour après jour, au mieux-être
de notre société. C'est même sans savoir s'ils
resteront eux-mêmes en sécurité bien longtemps au
Canada qu'ils se rendent au travail sauver des
vies, nos vies.
Ce véritable enfer d'incertitude peut durer
plusieurs années pendant lesquelles le risque
d'être expulsé du pays devient de plus en plus
difficile à porter et où la dignité s'envole peu à
peu face au sentiment d'être invisible et de ne
pas exister. Chaque jour, le poids porté sur leurs
épaules devient de plus en plus lourd, au point où
leur détresse psychologique devient palpable.
À notre tour, ne serait-il pas grand temps de
leur faire part de notre gratitude, de régulariser
leur statut et de reconnaître formellement leur
contribution à notre société ? À notre tour,
ne serait-il pas temps de sortir nos anges
gardiens de l'enfer causé par l'incertitude liée à
leur avenir et à celui de leurs enfants ?
Il est temps que nous veillions, à notre tour, à
les protéger.
- Steve Rutchinski -
Les travailleurs agricoles migrants de Greenhill
Produce à Kent Bridge, dans le sud-ouest de
l'Ontario, seraient les premiers à avoir été
infectés par l'éclosion de la COVID-19 dans une
ferme de l'Ontario. Greenhill Produce est une
opération hydroponique spécialisée dans la culture
d'une variété de poivrons. L'éclosion a été
signalée pour la première fois le 28 avril et le
nombre de cas infectés a continué d'augmenter pour
atteindre, le 21 mai , le nombre de cent.
Le bureau de la
santé publique de Chatham-Kent a signalé 14
nouveaux cas le 15 mai, ce qui porte le total à
Greenhill à 81 cas confirmés - 78 d'entre eux
étant des travailleurs migrants vivant dans des
dortoirs et les trois autres des résidents de
Chatham-Kent. Cela représente les deux tiers des
121 cas confirmés de la COVID-19 à Chatham-Kent.
Les 100 cas confirmés rapportés le 21 mai incluent
13 « travailleurs contractuels » amenés tous les
jours de Leamington où ils sont logés dans des
hôtels et motels et sont présentement en
isolement. Leurs cas ne sont pas inclus dans les
nombres rapportés par le bureau de la santé
publique de Chatham-Kent, mais par le bureau de la
santé publique du comté de Windsor-Essex.
Pendant ce temps, dans une serre de Leamington, 14
autres travailleurs contractuels migrants se sont
révélés être positifs, leurs cas étant
comptabilisés par le bureau de la santé publique
du comté de Windsor-Essex.
Pendant ce temps, dans une serre de Leamington,
14 autres travailleurs contractuels migrants,
également inclus dans les chiffres rapportés par
le Bureau de santé publique de Windsor-Essex,
auraient été testés positifs. Le 25 mai, le
médecin hygiéniste de Windsor-Essex a annoncé dans
sa mise à jour quotidienne que 33 des 36 nouveaux
cas confirmés étaient des travailleurs agricoles
liés à « bon nombre » des 170 établissements
agroalimentaires de la région. Il a dit que les
personnes touchées étaient à la fois des
travailleurs migrants vivant dans des résidences
attachées à des fermes et des travailleurs locaux
vivant dans la communauté. Ailleurs, l'unité de
santé publique de Haldimand-Norfolk a signalé que
huit travailleurs agricoles temporaires avaient
été déclarés positifs à la COVID 19 et s'est dite
préoccupée par la viabilité des installations
médicales de la région étant donné le grand nombre
de travailleurs agricoles migrants qui y sont
employés.
Discutant de l'éclosion de la COVID-19 chez
Greenhill Produce, Chris Ramsaroop, au nom de
Justice pour les travailleurs migrants, qui défend
les travailleurs étrangers contractuels, a déclaré
: « C'est quelque chose qui aurait pu être évité
». Il a dit : « Au cours des deux dernières
semaines, nous avons essayé de sonner l'alarme sur
la propagation de la pandémie sur les fermes. »
Ramsaroop réclame une augmentation des inspections
et une réglementation accrue pour ces logements de
type baraquement et un meilleur accès à
l'équipement de protection individuelle pour les
travailleurs agricoles, afin de prévenir la
propagation de la COVID-19.
À leur arrivée au
Canada, les travailleurs agricoles migrants sont
mis en quarantaine pendant 14 jours. Cela signifie
que ceux qui sont devenus infectés ont contracté
la maladie ici. Les conditions de vie des dortoirs
sont un facteur qui y contribue de manière
importante. Alors que les gouvernements fédéral et
provinciaux affirment avoir pris les mesures
appropriées et fourni une aide financière aux
agriculteurs pour améliorer les conditions de vie
et minimiser la propagation de l'infection à la
COVID-19 parmi ces travailleurs, Justice pour les
travailleurs migrants a récemment publié
une vidéo qui montre que ces
travailleurs sont toujours logés dans de grands
espaces confinés.
On rapporte que les exploitations agricoles de
l'Ontario comptent sur quelque 20 000 travailleurs
migrants chaque année. Le Canada embauche environ
60 000 travailleurs agricoles migrants par an au
total. Ils viennent des Caraïbes, du Mexique et
d'ailleurs. Ils préparent des vignes, des vergers
et des champs. Ils plantent et récoltent. Ils
travaillent également dans des environnements plus
industriels tels que les serres, les fermes
hydroponiques et les fermes de culture de
champignons.
Ces travailleurs migrants sont des travailleurs
hautement qualifiés, très productifs et dévoués.
L'agriculture canadienne en dépend. La première
chose qui est nécessaire pour protéger ces
travailleurs est de reconnaître qu'ils sont
essentiels à l'économie canadienne, une partie
importante de la classe ouvrière canadienne, et de
leur accorder le statut de résident permanent et
la citoyenneté.
(Chatham Daily News, Chatham
Voice, CTV)
Le 11 mai, la Fédération du travail de la
Nouvelle-Écosse a fait parvenir une lettre au
gouvernement provincial l'exhortant à étendre,
pendant la pandémie de la COVID-19, la couverture
médicale aux résidents de la Nouvelle-Écosse qui
ne sont pas présentement assurés et qui ne
répondent pas aux critères d'admissibilité.
La lettre, qui est signée par le président de la
fédération, Danny Cavanagh, se lit en
partie :
« Nous savons que les travailleurs migrants, les
étudiants internationaux et les travailleurs
migrants sans-papiers ne peuvent retourner à la
maison et/ou que certains d'entre eux vont venir
dans notre province pour travailler. Nous devons
veiller à ce qu'ils soient couverts par un régime
de santé au moment où la crise de la COVID-19 se
poursuit.
« Nous savons que la santé de notre province
dépend de la santé de tous les Néo-Écossais.
Lorsque les personnes les plus vulnérables sont
privées de soins de santé et croient qu'elles ne
peuvent avoir accès à des tests de dépistage
gratuits et à des traitements pour la COVID-19,
toute notre communauté est mise à risque d'une
propagation encore plus rapide et importante du
virus. Les travailleurs migrants, les étudiants
internationaux et les migrants sans papiers qui
ont perdu leur statut sont tous à risque de
contracter le virus et de le propager s'ils n'ont
pas facilement accès à des soins de santé
publics. »
Il est aussi souligné dans la lettre que ces
travailleurs et les étudiants internationaux ont
peut-être une assurance d'urgence privée, qui
pourrait ne même pas couvrir les évaluations, les
dépistages ou les traitements pour la COVID-19.
D'autres devront faire l'impossible, c'est-à-dire,
payer directement pour les services et attendre
que des compagnies d'assurance les remboursent
advenant que leurs assurances couvrent des
situations comme la COVID-19. D'autres finalement
n'ont simplement aucune assurance de santé.
Ce qui veut dire, poursuit la lettre, qu'en plus
de la crainte d'une possible détention ou d'une
déportation qui leur pend au-dessus de la tête,
cette situation devient une pression de plus sur
ces membres de la communauté pour qu'ils n'aient
pas recours aux services de santé, ce qui augmente
les risques de propager le virus dans la
communauté.
Un accès libre et facilement accessible aux gens
les plus vulnérables est donc nécessaire pour
protéger leur santé, contribuer à aplanir la
courbe de la COVID-19 et protéger la santé et la
sécurité de tous, dit la lettre en conclusion.
Le besoin de sécurité des
travailleurs du transport en commun
Le 8 mai, la section locale 113 du Syndicat
uni du transport (SUT), qui
représente 11 500 hommes et femmes qui
font fonctionner et entretiennent le troisième
plus grand système de transport en commun en
Amérique du Nord, ainsi que les opérateurs de
Transdev Canada dans la région de York, juste au
nord de la ville de Toronto, a réclamé que le port
d'un masque facial soit obligatoire dans le
transport en commun afin de prévenir la
transmission de la COVID-19. Son communiqué de
presse se lit ainsi :
« Le syndicat qui représente 12 000
travailleurs de la Société des transports de
Toronto (TTC) demande à la ville de Toronto de
rendre obligatoire, pour les passagers de la TTC,
le port d'un masque facial ou d'un couvre-visage
dans le transport en commun local.
« À la veille de la coupure de 15 % du
service du transport en commun, qui entre en
vigueur le dimanche 10 mai, la section
locale 113 du Syndicat uni du transport (SUT)
s'inquiète que les coupures de services mènent à
un achalandage accru sur plusieurs routes de la
TTC, augmentant du même coup le risque de
propagation du virus à la TTC.
« 'Ce qui va se produire est très clair :
alors que plus d'entreprises rouvrent, plus de
gens utiliseront le transport en commun tandis que
le nombre de véhicules sur la route diminuera', a
dit Carlos Santos, le président de la section
locale du SUT. 'La ville de Toronto doit
protéger les travailleurs et le public en rendant
obligatoire le port du masque à la TTC'.
« De nombreuses municipalités nord-américaines,
dont New York et Montréal, ont rendu obligatoire
le port du masque dans le transport en commun ou
songent à le faire.
« La revendication de la section locale 113
du SUT du port d'un masque dans le transport en
commun local est mise de l'avant au moment où le
gouvernement de l'Ontario et la ville de Toronto
entreprennent la réouverture de l'économie, ce qui
augmentera le nombre de passagers de la TTC.
« 'Alors que l'Ontario se prépare à rouvrir
l'économie, ce n'est pas le temps de vaciller en
ce qui concerne la protection du public et des
travailleurs', a dit Carlos Santos. 'Nous
devons être prêts pour l'augmentation du nombre de
passagers, car un plus grand nombre de personnes
dépendront maintenant de la TTC pour se rendre au
travail de façon sécuritaire.' »
« En dépit de la demande faite par de nombreuses
organisations, dont la section locale 113 du
SUT, les gouvernements fédéral et provinciaux
n'ont toujours pas fourni un appui financier
d'urgence à la TTC et aux autres services de
transport en commun. Sans une action urgente de la
part des plus hauts niveaux de gouvernement, la
TTC prévoit mettre à pied 1200 travailleurs
et faire une coupure de 15 % dans les
services de transport. Ces compressions dans les
services auront un impact significatif sur les
nombreux travailleurs essentiels à bas revenu qui
dépendent de la TTC pour se rendre dans les
hôpitaux, dans les établissements de soins de
longue durée, dans les épiceries, les pharmacies
et les autres services essentiels durant la
pandémie de la COVID-19.
« 'Les travailleurs du transport en commun
ont été aux premières lignes de la pandémie à
coronavirus depuis les tout débuts', a dit Carlos
Santos. 'Au lieu d'appuyer les travailleurs
de la TTC qui se sont mis à risques, eux et leurs
proches, le gouvernement, par son inaction, a
préparé le terrain à la mise à pied d'un grand
nombre de travailleurs du transport en commun et
va heurter les personnes parmi les plus
vulnérables de notre ville, qui dépendent de la
TTC. Comment cela est-il juste ?' »
États-Unis
- People's Dispatch -
En raison de la pandémie du coronavirus, partout
dans le monde les travailleurs aux premières
lignes de la lutte contre la propagation de la
maladie s'organisent pour exiger des gouvernements
et des employeurs qu'ils leur fournissent une plus
grande protection. À La Nouvelle-Orléans, un
groupe d'éboueurs en sous-traitance qui
travaillent à l'arrière des camions à ordures sont
en grève depuis le mardi 5 mai, pour exiger une
rémunération tenant compte du risque et des
équipements de protection individuelle (ÉPI).
Les travailleurs de La Nouvelle-Orléans ont dit
que l'employeur ne leur fournit pas d'ÉPI et
qu'ils sont exposés au coronavirus et à d'autres
dangers liés à l'emploi. En raison de ces dangers,
ils exigent un taux quotidien standard de 135
dollars plus 150 dollars de rémunération
qui tient compte du risque, par jour jusqu'à la
fin de la pandémie. Ils exigent aussi qu'on leur
fournisse de l'équipement de protection adéquat
tous les jours ainsi que les sept jours de congés
de maladie auxquels ont droit les éboueurs en
vertu de l'Ordonnance de la ville sur le salaire
décent.
Les travailleurs ne sont pas embauchés
directement par la ville, et leurs conditions sont
dues à leur situation précaire en tant que
sous-traitants. La ville de La Nouvelle-Orléans a
un contrat de 10 millions de dollars avec
Metro Services Group, une société privée, pour des
services de cueillette d'ordures et de matières
recyclables pour la ville. Le groupe d'éboueurs en
grève n'est même pas embauché directement par
Metro Services Group, mais par le biais de People
Ready, une agence de placement temporaire par
application mobile.
La réponse de la mairesse de La Nouvelle-Orléans,
LaToya Cantrell, à la grève des éboueurs a été
essentiellement de rejeter la responsabilité de la
sécurité des travailleurs sur Metro Services
Group. Elle a publié un communiqué où elle
dit : « Metro est responsable de fournir aux
travailleurs ce dont ils ont besoin pour leur
sécurité, ce qui comprend masques, gants,
etc. »
L'éboueur Greg Woods a parlé aux nouvelles
locales de La Nouvelle-Orléans et a expliqué que
plusieurs des problèmes que les travailleurs
soulèvent « existaient avant la venue du
coronavirus. Nous recevons nos salaires en retard,
rien ne fonctionne ». Il a aussi souligné que
les horaires de travail sont extrêmement exigeants
— de 4 h 20 le matin à 16 h avec un
salaire qui n'est pas à la hauteur d'un tel
travail.
En 2015, la ville de La Nouvelle-Orléans a
adopté une résolution pour garantir que les
travailleurs en sous-traitance de la ville aient
un salaire décent. Selon une étude de 2017 de
l'Association de Centraide de La Louisiane dans la
paroisse d'Orléans, qui comprend la région
métropolitaine de La Nouvelle-Orléans, un salaire
décent pour une famille de quatre
est 26 $ de l'heure, et ces éboueurs qui
travaillent pour la ville touchent un salaire
beaucoup plus bas.
Les travailleurs se battent aussi pour le droit
de former un syndicat — le Syndicat des éboueurs —
dans le but d'obtenir de meilleures conditions de
travail. Ils ont lancé une pétition pour soulever
leurs revendications auprès de la mairesse
Cantrell et pour l'appeler à intervenir en leur
nom auprès de Metro Services Group. On peut y
lire : « Certains de nos travailleurs les
plus essentiels ne sont pas traités avec la
dignité et le respect qu'ils méritent. Pendant la
crise de la COVID-19, les éboueurs de La
Nouvelle-Orléans travaillent pendant de longues et
pénibles heures dans des conditions difficiles,
sans équipement de protection adéquat et pour de
bas salaires. Nos éboueurs risquent leur vie tous
les jours pour maintenir la sécurité et la
propreté de cette ville, et maintenant nous devons
les appuyer dans leurs efforts d'organisation pour
défendre leurs droits. »
La Nouvelle-Orléans et l'État de La Louisiane ont
été un foyer d'éclosion au début de la propagation
de la COVID-19 aux États-Unis. L'État de La
Louisiane a eu 30 652 cas confirmés
et 2 135 décès, et 1 432
personnes ont été hospitalisées.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
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