Forum ouvrier

12 mars 2020

Résistance aux réformes antisociales de l'éducation en Ontario

Une campagne de relations publiques de mauvaise foi pour masquer la dégradation et la privatisation de l'éducation publique


  Forte présence des travailleurs de l'éducation au Congrès d'orientation des progressistes-conservateurs de l'Ontario à Niagara Falls, le 22 février 2020.

Opposons-nous aux tentatives d'éliminer notre voix - Enver Villamizar
Les éducateurs doivent continuent de parler et d'agir en leur propre nom - Laura Chesnik
Réunions annuelles des syndicats de l'éducation: les défis auxquels sont confrontés les enseignants et les travailleurs de l'éducation
Forum sur l'apprentissage électronique à Windsor

Les grutiers du Québec expriment leurs préoccupations en matière de sécurité
Campagne pour rétablir la formation professionnelle obligatoire des grutiers - Pierre Chénier



Résistance aux réformes antisociales de l'éducation en Ontario

Une campagne de relations publiques de mauvaise foi pour masquer la dégradation et la privatisation
de l'éducation publique


Encerclement de Queen's Park par un piquetage massif le 21 février 2020 alors que les travailleurs de l'éducation des quatre syndicats en Ontario font une grève commune contre les compressions du gouvernement Ford dans l'éducation.

Il y a près d'un an, le gouvernement Ford annonçait des changements arbitraires, unilatéraux et antisociaux dans le système d'éducation en Ontario.

Ceux-ci comprenaient :

- augmentation de la taille moyenne des classes de la 9e à la 12e année du secondaire de 22 :1 à 28 :1
- apprentissage électronique obligatoire pour obtenir le diplôme au secondaire
- élimination du financement pour les priorités locales des conseils scolaires
- élimination de toute entente passée sur des exceptions à la moyenne de la taille des classes de 24,5 :1 pour les classes de la 4e année du primaire jusqu'à la 8e année.


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Le gouvernement ontarien semble en voie de procéder à d'autres changements, qu'il présente comme des concessions de sa part aux syndicats pour qu'ils mettent fin à leur mouvement de grève. Le 3 mars, le ministre de l'Éducation Stephen Lecce a tenu une conférence de presse où il a présenté comme des « concessions » de nouveaux changements arbitraires aux mesures imposées par le gouvernement.

Ces changements qui ont été faits sans qu'ils soient négociés avec les syndicats comprennent :

- augmentation de la taille moyenne des classes à 23 :1, de la 9e à la 12e année
- apprentissage électronique obligatoire assorti d'une option pour les parents de ne pas y inscrire leurs enfants
- rétablissement du fonds pour les priorités locales sous un nouveau nom mais élimination de toute voix au chapitre sur l'utilisation des fonds pour les syndicats qui représentent les enseignants et les travailleurs de l'éducation.

En plus de démontrer que les grèves des enseignants et des travailleurs de l'éducation ont forcé le gouvernement à trouver de nouvelles manoeuvres pour imposer son programme, les plus récentes annonces du gouvernement ont montré une fois de plus qu'un de ses objectifs principaux est de maintenir que les enseignants et les travailleurs de l'éducation n'ont pas le droit de négocier leurs salaires et leurs conditions de travail qui sont les conditions d'apprentissage de leurs étudiants.

Même lorsqu'il opère une certaine retraite, le gouvernement essaie d'imposer son contrôle unilatéral sur la prise de décision et sur la direction de l'éducation en excluant les travailleurs de l'éducation, les étudiants, les parents et les autres Ontariens préoccupés par la question.

Lecce a fait son annonce quelques jours à peine après que le gouvernement a eu à faire face à une contestation de son annonce arbitraire d'il y a un an sur les changements de la taille des classes de la part de l'Association des enseignantes et des enseignants catholiques anglo-ontariens (OECTA). L'OECTA a déclaré que le gouvernement ne négocie pas de bonne foi en imposant des changements à la réglementation au lieu de les négocier avec ceux qui vont devoir travailler en étant régis par eux. Il est clair que les nouveaux changements arbitraires constituent une déclaration que le gouvernement n'a pas besoin de négocier, et un signal au président de la Commission des relations de travail de l'Ontario (CRTO), qui pilote le dossier, qu'il doit affirmer la volonté du gouvernement.

Le gouvernement a parlé à plusieurs reprises de consultations publiques qu'il a tenues avant ses annonces du 15 mars 2019 pour prétendre avoir un mandat pour tous ses changements antisociaux. Ironiquement, le gouvernement a tenu à garder complètement secret le contenu de ces consultations. Une fois que les résultats ont été finalement révélés, grâce à la contestation de l'OECTA devant la CRTO, ils ont illustré à quel point le gouvernement a menti en prétendant avoir agi en respectant ce que les parents lui ont dit pendant les consultations. Les résultats de ces consultations démontrent qu'en dépit de tous les efforts du gouvernement, il n'a pas été capable de détruire l'opinion publique, qui considère l'augmentation de la taille des classes et l'apprentissage électronique obligatoire comme des attaques contre la société et en particulier contre les jeunes. Maintenant, au lieu de reculer et de respecter l'opinion publique, le gouvernement essaie de détourner l'attention de ce qui a été révélé en faisant d'autres annonces arbitraires.

Il est clair que ces annonces sont une réponse du gouvernement à la crise qu'il a lui-même créée. Il pense qu'une campagne de relations publiques va lui permettre d'éviter la réalité. Avec ces modifications mineures à ses attaques initiales contre l'éducation, le gouvernement cherche à cacher son programme qui vise à saper l'éducation. Par exemple, sa proposition de permettre aux parents de ne pas inscrire leurs enfants à l'apprentissage électronique cache un recours à un plan B, qui est d'imposer l'apprentissage électronique par le biais du nombre et du type de classes qui seront financées. Cela va obliger les conseils scolaires à offrir plus de cours d'apprentissage électronique lorsque la taille moyenne des classes atteint 35 élèves pour un enseignant. Les parents auront alors le « choix » de ne pas inscrire leurs enfants à l'apprentissage électronique obligatoire mais de se trouver dans une situation où les cours que leurs enfants veulent ou doivent suivre pour obtenir leur diplôme ne seront plus offerts dans une salle de classe. Cette méthode d'utiliser son contrôle sur le financement pour forcer les conseils scolaires à s'engager plus à fond dans l'apprentissage électronique a été révélée par le Toronto Star comme étant le plan A initial du gouvernement, présenté maintenant comme une «  concession » sous la forme d'un plan B.

En ce qui concerne sa prétention qu'il maintient la moyenne de taille des classes actuelles en instaurant le 23 :1, cela masque également ce que le gouvernement est réellement en train de faire. Le gouvernement a démontré pendant les négociations qu'il veut éliminer les plafonds locaux de taille des classes dans un certain nombre mais pas dans toutes les conventions collectives. En augmentant la moyenne de la taille des classes à 23 :1 l'année prochaine sans faire du 23 :1 la limite maximum de la taille des classes, le gouvernement ne fait que poursuivre ce qu'il a fait depuis le 15 mars 2019. Cette moyenne n'a rien à voir avec l'établissement d'un plafond de la taille des classes individuelles. C'est seulement si on établit un plafond de la taille des groupes qu'on peut prévenir la manipulation des moyennes. En maintenant des tailles de groupes qui sont tantôt petits ou grands mais qui ensemble respectent la taille moyenne requise de 23 :1 à l'échelle des conseils scolaires, on bafoue les efforts  et l'aspiration de maintenir la taille des classes dans les limites d'un nombre maximum d'étudiants, lequel fait l'objet d'un accord.

Enfin, la réintroduction d'un fonds négocié dans le passé et appelé « Fonds pour les priorités locales », sous le nouveau nom « Appui au fonds pour les étudiants », masque le fait que les syndicats de l'éducation ont lutté pour cette initiative et l'ont remportée et exerçaient un certain contrôle sur elle. Les enseignants et leurs syndicats voulaient ainsi dédier ce fonds à l'appui des étudiants les plus vulnérables et ayant des besoins spéciaux par l'engagement d'aides-enseignants, de personnel travaillant auprès des enfants et des jeunes et d'autre personnel de soutien qui sont au coeur de l'éducation spécialisée. L' « Appui au fonds pour les étudiants » élimine tout rôle des syndicats et des enseignants dans les décisions sur le déploiement de ces fonds. Les conseils scolaires pourront donc les utiliser comme bon leur semble, sans nécessité aucune de négocier cette question avec ceux qui fournissent l'éducation.

La résistance des enseignants et de tous les travailleurs de l'éducation est le facteur principal qui force le gouvernement à modifier ses tactiques dans sa campagne de relations publiques. Les relations publiques ne sont pas de la politique. Telles que pratiquées par le gouvernement actuel, elles sont une forme de manipulation dont l'objectif est de désinformer l'opinion publique qui existe et de présenter le noir pour le blanc. C'est l'art des coins sombres, qui semble être la profession de ce gouvernement ontarien et de son ministre de l'Éducation. Cependant, aussi futé que le ministre puisse paraître, il lutte contre le mouvement croissant des êtres humains qui n'acceptent pas le recul comme étant le progrès parce qu'ils savent d'expérience ce qui est nécessaire à l'amélioration de l'éducation et qu'ils parlent en peur propre nom.


«Cut the Clowning» par Megan Simon-Beaudoin

(Photos : FO, FEESO, G. Barrister Clarke)

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Opposons-nous aux tentatives d'éliminer notre voix

Un défi auquel sont confrontés les enseignants et les éducateurs à la veille des assemblées annuelles de la Fédération des enseignantes et des enseignants de l'élémentaire de l'Ontario et de l'Association des enseignantes et des enseignants catholiques anglo-ontariens est la nécessité d'exposer et de s'opposer aux tentatives d'éliminer leur autorité décisionnelle sur leurs conditions de travail au jour le jour, qui sont aussi les conditions d'apprentissage des élèves. Progressivement, depuis les années 1990, la classe dirigeante a tout fait pour restreindre le droit des enseignants et des travailleurs de l'éducation ainsi que des conseillers locaux élus de décider des questions qui touchent à l'éducation. Afin de soutirer des milliards de dollars des fonds consacrés à l'éducation au primaire et au secondaire et de transformer l'éducation en une source de profits pour les monopoles mondiaux de haute technologie, de garderies et d'éducation, on a sapé le droit légal des enseignants et des travailleurs de l'éducation de dire Non !, à un point tel que les négociations sur les conditions de travail locales entre les syndicats locaux mandatés pour le faire et les conseils scolaires ont à toutes fins pratiques été éliminées.

Cette ronde de négociations a comme objectif de codifier l'emprise du cabinet provincial sur toutes les décisions d'importance. Cela comprend l'intention d'établir de nouvelles façons de changer le contenu de l'apprentissage des élèves dans le but de mieux servir les monopoles privés qui veulent des changements « juste à temps » à la façon dont les jeunes sont instruits. La grande crainte de la classe dirigeante est que les enseignants et les travailleurs de l'éducation ne se soumettront pas et qu'ils trouveront de nouvelles façons de se défaire des limitations qu'on leur impose.

La décision récente de la Commission des relations de travail de l'Ontario qui établit que toutes les questions monétaires en éducation doivent être négociées centralement, et les audiences actuelles sur le droit ou non du gouvernement d'imposer par règlement la taille des classes sans négocier, illustrent bien les nouveaux précédents créés au cours de cette ronde de négociations. Un autre exemple est le vieux refrain du gouvernement Ford qui prétend que peu importe le gouvernement, ce sont les enseignants et les éducateurs qui sont le problème, et non l'offensive antisociale que mènent ces gouvernements, chacun à sa façon. Le gouvernement Ford tente de préparer le terrain pour éliminer le droit légal des enseignants et des travailleurs de l'éducation de faire la grève, espérant ainsi étouffer une fois pour toutes leur résistance à ses manigances visant à privatiser davantage l'éducation publique.

Cette situation met en lumière l'importance que les travailleurs de l'éducation prennent la parole sur ces questions et établissent de nouvelles façons d'organiser au sein et en dehors des structures actuelles, que ce soit l'affiliation syndicale, la catégorie d'emploi, le lieu géographique etc, pour faire en sorte que leur Non ! uni contre les compressions et la privatisation ne puisse être supprimé. Donner vie à ce Non ! au moyen de nouvelles formes d'organisation démontrera clairement que peu importe leurs efforts, ceux qui veulent usurper le pouvoir décisionnel de la classe ouvrière ne pourront pas éliminer son Non, qui est son droit de parler et d'agir en son propre nom. un droit humain fondamental.

Partout dans le monde, y compris au Canada, les enseignants et les travailleurs de l'éducation sont aux premières lignes de défense contre le saccage néolibéral de leurs sociétés. Ils se dressent comme un rempart contre la privatisation et d'autres réformes néolibérales parce qu'ils en voient les répercussions tous les jours et subissent le fardeau de la détérioration de la société et de son tissu social qui est la conséquence inévitable des tentatives d'imposer une situation où chacun doit se débrouiller seul. Plus les enseignants et les éducateurs s'en tiennent à leur propre expérience directe et luttent pour des solutions aux problèmes qu'ils vivent jour après jour, y compris comment l'éducation devrait être financée, plus ils surmonteront toutes les tentatives de semer la division dans leurs rangs et d'éliminer leur voix. Ils trouveront ainsi une voie vers l'avant pour passer une fois pour toutes de la résistance au pouvoir décisionnel. Cela peut se faire !

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Les éducateurs doivent continuer de parler
et d'agir en leur propre nom

Un des défis auxquels fait face le mouvement pour les droits des travailleurs et le droit à l'éducation est de s'assurer que le système de démocratie représentative ne le détourne pas dans un cul-de-sac. Dans la période menant à l'élection provinciale de 2022, les tenants de la démocratie représentative et ses partis cartels tenteront de détourner tout mouvement indépendant pour qu'il devienne une banque de votes pour un des partis qui rivalisent pour des postes de pouvoir à l'Assemblée législative.

À l'heure actuelle, aucune alternative n'est proposée au sein de l'Assemblée législative au programme d'austérité néolibéral. Les travailleurs eux-mêmes et leur mouvement indépendant ont mis en place un programme alternatif et le mettent de l'avant par leurs actions et leur voix.

Les partis cartels, tant au niveau provincial que fédéral, se fondent sur l'hypothèse néolibérale que les travailleurs sont un coût de production et que le rôle du gouvernement de garantir le droit de monopole et de payer les riches doit être soutenu avant toute chose. Ils affirment que c'est seulement par le biais de leurs préjugés néolibéraux que l'économie peut prospérer.

Réduire le « coût » que représente les travailleurs et mettre les fonds économisés entre les mains des riches est le mantra, et voilà, l'économie fleurira. Bien sûr, les partis cartels se disputent sur la meilleure façon de le faire et sur qui devrait contrôler la distribution des fonds publics aux riches. Ils essaient d'inciter les travailleurs à choisir pour quel parti cartel voter et quelles politiques ils devraient préférer et seraient les meilleures ou le moindre mal pour les travailleurs et la société. Ils cherchent à légitimer leur programme d'austérité illégitime. Il va sans dire que cette perspective néolibérale n'a permis de résoudre aucun des problèmes persistants qui affectent l'économie et le système d'éducation de l'Ontario d'une manière qui favorise le peuple.

De la façon dont le système électoral fonctionne, les partis cartels sont censés faire tout ce qu'ils peuvent pour tenter d'apparaître comme les représentants du mouvement ouvrier et s'attirer les faveurs de tel ou tel groupe dans l'espoir de remporter l'élection. Une fois élus, ils sont libres de déclarer que les fonds destinés à l'éducation et aux autres services publics doivent être réduits, soit parce que de nouveaux investissements ne seraient pas possibles, soit parce que des réductions sont inévitables à cause de la taille de la dette et du déficit, qui doivent bien sûr être remboursés et même augmentés parce que les institutions des riches en profitent. Dans cette façon de gouverner, la voix des travailleurs n'est pas censée avoir sa propre expression. Elle est simplement censée devenir l'écho de ce que les différents partis cartels présentent comme étant les enjeux, les solutions et l'ordre du jour.

De plus en plus, les enseignants et les autres travailleurs de l'éducation ont montré qu'ils sont tout à fait capables de penser par eux-mêmes et de parler en leur propre nom sur ce qui est nécessaire pour améliorer le système d'éducation de l'Ontario et résoudre ses problèmes afin qu'il devienne un système vraiment moderne qui garantit le droit à l'éducation pour tous, au plus haut niveau possible. Ils l'ont montré à la fois par leur résistance à l'ordre du jour d'austérité des riches et dans l'arène électorale.


Au cours des actions de grève menées durant les derniers mois en Ontario, les enseignants et les travailleurs de l'éducation ont également fait sauter la notion selon laquelle ils ne sont qu'un groupe de pression qui recherche une bonne couverture médiatique et ne tient pas à exercer son contrôle sur ce qui se produit. Ils parlent en leur propre nom et mobilisent l'opinion publique d'une façon qu'ils définissent eux-mêmes. Ils ont commencé à utiliser de nouvelles formes et de nouvelles technologies pour créer leurs propres forums afin de s'unir et lutter pour leurs droits et les droits de tous, et forger une voie vers l'avant qui favorise le peuple et non l'oligarchie financière.

L'expérience d'avoir eu une enseignante comme candidate indépendante dans Windsor-Tecumseh aux dernières élections provinciales montre également que les travailleurs de l'éducation ne laissent pas l'arène politique à d'autres provenant des partis cartels, qui l'occupent et l'utilisent pour détourner le peuple de la présentation de son propre programme basé sur sa propre vision des choses.

Toutes ces expériences sont le signe d'un mouvement qui se porte bien et deviennent un rempart contre les efforts et le tapage du système de partis cartels qui bloquent les avancées du mouvement et le détournent afin qu'il renonce à sa propre initiative, sa perspective, son ordre du jour et sa voix, et accepte les choix que le système électoral de démocratie représentative impose au peuple.

Pour les enseignants et les autres travailleurs de l'éducation, s'en tenir à leur propre expérience et à un ordre du jour indépendant, tout en continuant d'agir et de parler en leur propre nom et non par le biais de tel ou tel représentant d'un parti cartel, est quelque chose d'essentiel pour aller de l'avant.

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Réunions annuelles des syndicats de l'éducation:
les défis auxquels sont confrontés les enseignants
et les travailleurs de l'éducation

La Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l'Ontario et l'Association des enseignantes et des enseignants catholiques anglo-ontariens tiendront leurs assemblées générales annuelles du 13 au 16 mars. [Au moment où le journal allait être publié, la FEESO et l'OECTA ont toutes deux annoncé, le 12 mars, qu'à cause des préoccupations envers la propagation de la pandémie COVID-19, leurs rencontres annuelles qui devaient se tenir à Toronto dans les jours qui viennent ont été reportées - Note de FO] Des milliers de délégués de partout dans la province discuteront et débattront de sujets de préoccupation. Les réunions ont lieu au milieu des grèves en cours des enseignants et des travailleurs de l'éducation dans le réseau des écoles de la maternelle à la 12e année et à l'éducation aux adultes, dont les syndicats ont essayé de négocier de nouvelles conventions collectives pour leurs membres. Ils se heurtent à un gouvernement déterminé à gouverner par réglementation en utilisant ses pouvoirs de prérogative pour imposer ce qu'il veut au mépris de l'opinion publique et des recherches qui ont été faites, et qui refuse d'assumer sa responsabilité envers le bien-être des jeunes et le droit moderne à l'éducation pour tous.

Les rencontres ont également lieu avant la publication d'un budget par le gouvernement Ford et dans la foulée de l'élection d'un nouveau chef du Parti libéral de l'Ontario, Stephen Del Duca, qui, selon certains, représente un « virage à droite » pour ce parti.

De nombreux enseignants et travailleurs de l'éducation pensent à la façon de faire avancer leur lutte résolue pour leur droit de négocier leurs salaires et leurs conditions de travail et de résoudre les problèmes qui affligent le système d'éducation en Ontario dans les circonstances d'une offensive antisociale dirigée par le gouvernement. Les enseignants et les travailleurs de l'éducation ont relevé le défi d'être la première ligne de défense contre le démantèlement de l'éducation publique et ont fait de grands progrès pour surmonter les divisions entre leurs syndicats et entre ceux qui occupent différentes catégories d'emplois. Le travail que tous accomplissent est vital pour garantir que les jeunes soient éduqués et sains d'esprit et de corps. Les lignes de piquetage communes d'un jour tenues simultanément par tous les enseignants et les travailleurs de l'éducation à l'échelle de la province le 21 février sont un signe que les divisions du passé alimentées par le système de partis cartels ne suffisent plus à contrôler ce mouvement et le garder prisonnier de luttes intestines, au lieu qu'il utilise sa force collective pour s'assurer que ses demandes soient satisfaites.

Forum ouvrier est pleinement convaincu que, par leurs délibérations et leur travail d'organisation indépendant, les enseignants et les travailleurs de l'éducation de l'Ontario continueront de progresser et d'apporter une grande contribution au renforcement de la société et du droit moderne à l'éducation pour tous au niveau le plus élevé possible.

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Forum sur l'apprentissage électronique à Windsor

Les Enseignants pour l'éveil global et le balado - l'Éducation est un droit - ont organisé le 29 février un forum communautaire sur l'apprentissage en ligne en Ontario. Le forum de Windsor comprenait le discours principal de la Dr. Beyhan Farhadi sur sa thèse de doctorat sur l'apprentissage électronique au Conseil scolaire du district de Toronto, le deuxième plus grand conseil scolaire en Amérique du Nord. Le forum a également réuni d'autres enseignants et étudiants en apprentissage électronique de l'Ontario de même que du Michigan où suivre une classe d'apprentissage électronique est obligatoire. Les forums sont diffusés en baladofiffusion par l'Éducation est un droit et disponibles à edisaright.ca

Le forum a informé les participants des expériences d'apprentissage en ligne en cours et on a discuté des impacts que cela aura sur les jeunes si de tels cours deviennent obligatoires pour l'obtention d'un diplôme. Les panélistes et les membres de l'auditoire ont discuté de plusieurs aspects de l'apprentissage en ligne et ouvert le sujet à la discussion. Un point de vue important qui a été exprimé est que personne, même ceux qui travaillent dans l'apprentissage électronique et veulent élargir son utilisation, ne pense que le rendre obligatoire va améliorer la qualité de l'éducation. Une autre question qui a été soulevée est comment l'apprentissage électronique est une façon pour les grandes entreprises d'extraire de la valeur de l'éducation et de contrôler ce que les étudiants apprennent et comment ils l'apprennent.

Les membres de l'auditoire ont aussi partagé l'expérience importante de ceux qui enseignent ces cours en ligne, y compris l'effet sur la métacognition, ou la façon dont les élèves pensent de leur propre apprentissage, et l'effet sur les enseignants et les étudiants du taux d'abandon massif qu'on observe dans ces cours.

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Les grutiers du Québec expriment leurs préoccupations en matière de sécurité

Campagne pour rétablir la formation
professionnelle obligatoire des grutiers

Les grutiers du Québec intensifient leurs interventions pour mobiliser l'opinion publique afin de forcer le gouvernement du Québec et la Commission de la construction du Québec à cesser leur abus de pouvoir et rétablir la formation professionnelle obligatoire des grutiers. Par leurs efforts, les grutiers et leur syndicat ont convaincu certains médias de commencer à publier des reportages qui donnent de l'information sur la situation. Le 7 mars, le Journal de Montréal a publié un article intitulé « Le manque de formation génère une série d'accidents de grutiers ». Le président de l'Union des opérateurs grutiers, Evans Dupuis, a été interviewé lors d'une émission télévisée où il a parlé de la situation qui existe depuis que le gouvernement et la CCQ ont abaissé le niveau de formation nécessaire pour devenir grutier.

Forum ouvrier félicite les grutiers qui persistent dans leur travail pour percer le mur du silence sur leurs conditions. La lutte qu'ils mènent pour leur sécurité et notre sécurité à tous est d'une grande importance.

Le public est de plus en plus au courant que les accidents impliquant des grues se multiplient depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation qui abolit le caractère obligatoire du Diplôme d'études professionnelles (DEP) de 870 heures. Il devient de plus en plus conscient que cette nouvelle réglementation est arbitraire et abusive, qu'elle a été introduite sans la contribution ou le consentement des grutiers et des travailleurs de la construction. Ceux-ci ont fermement dénoncé le fait que ce changement n'a pas été discuté ou négocié avec eux mais a été imposé par le gouvernement et la CCQ, même s'il affecte directement leur bien-être.

Le gouvernement et la CCQ se sont arrogé le droit de remplacer la formation professionnelle obligatoire de 870 heures par une formation très inférieure, contrôlée directement par les entreprises de construction. L'affaiblissement de la norme de formation constitue un conflit d'intérêts flagrant impliquant les entreprises de construction. Le gouvernement et la CCQ ont imposé le changement en ayant recours au pouvoir de la machine d'État bien que cela mette en péril la vie des travailleurs et du public. Les méthodes qui ont été utilisées pour faire cela, sans le consentement des travailleurs, comprennent un appareil de propagande et de désinformation qui présente l'abaissement du niveau de formation comme une mesure nécessaire pour faire face à la pénurie de main-d'oeuvre.

Les travailleurs de la construction ont exposé sans relâche ce lien frauduleux et sans principe que font le gouvernement et la CCQ entre une pénurie de main-d'oeuvre alléguée et la qualification nécessaire aux grutiers. En ce qui concerne une soi-disant pénurie de grutiers, le président de l'Union des opérateurs grutiers a fait remarquer qu'en 2019, près d'un grutier sur six a travaillé moins de 500 heures.

Camion-flèche renversé à Laval,
septembre 2019

L'article du Journal de Montréal décrit les six accidents qui se sont produits impliquant l'opération d'une grue depuis septembre dernier au Québec. Dans tous ces cas, la personne opérant la grue n'avait pas obtenu de DEP. L'article cite aussi un porte-parole de l'Association des entrepreneurs en coffrage structurel du Québec qui expose la charade de la formation en entreprise qui a remplacé le DEP obligatoire. L'entrepreneur admet que quelqu'un comme lui n'est pas bien placé pour former un apprenti grutier à toutes les situations qu'il va rencontrer dans son travail. Tout au plus, ce que la compagnie peut faire est de lui montrer à manipuler certaines commandes. Selon l'entrepreneur, le DEP de 870 heures est un « minimum ».

L'article fait aussi référence à des données gouvernementales qui montrent que la formation professionnelle dans l'ensemble des métiers au Québec est en baisse. Selon les chiffres fournis par le ministère de l'Éducation, pour l'ensemble des métiers, la formation professionnelle compte près de 8800 étudiants de moins aujourd'hui qu'en 2014-2015.

Avant le changement effectué unilatéralement par le gouvernement, la formation professionnelle était obligatoire pour devenir grutier. Depuis l'imposition de la nouvelle réglementation, le nombre des nouveaux grutiers sans formation professionnelle est plus élevé que celui des grutiers qui ont complété leur formation avec succès et reçu le DEP. Sans une formation professionnelle obligatoire, toute mention d'une formation sur le tas dans quelque métier que ce soit est frauduleuse et arbitraire. Le gouvernement et les agences comme la CCQ sont en train de déqualifier les métiers de la construction et les autres métiers pour servir les grandes entreprises. Ils ont recours à ces méthodes pour tirer les salaires vers le bas et permettre à ceux qui possèdent et contrôlent le secteur de la construction de manipuler la classe ouvrière pour favoriser leurs propres intérêts privés étroits, sans égard à la sécurité et à d'autres enjeux importants.

Le gouvernement ne peut pas échapper au blâme et à la honte pour l'augmentation des accidents impliquant l'opération de grues. L'opinion publique est en train de devenir plus informée grâce aux interventions des grutiers et des syndicats de la construction. La pression devient plus grande sur le gouvernement pour qu'il recule et rétablisse la formation professionnelle obligatoire des grutiers.

(Photos : FTQ-Construction, E. Dupuis)

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