Les grutiers du Québec expriment leurs préoccupations en matière de sécurité

Campagne pour rétablir la formation professionnelle obligatoire des grutiers

Les grutiers du Québec intensifient leurs interventions pour mobiliser l'opinion publique afin de forcer le gouvernement du Québec et la Commission de la construction du Québec à cesser leur abus de pouvoir et rétablir la formation professionnelle obligatoire des grutiers. Par leurs efforts, les grutiers et leur syndicat ont convaincu certains médias de commencer à publier des reportages qui donnent de l'information sur la situation. Le 7 mars, le Journal de Montréal a publié un article intitulé « Le manque de formation génère une série d'accidents de grutiers ». Le président de l'Union des opérateurs grutiers, Evans Dupuis, a été interviewé lors d'une émission télévisée où il a parlé de la situation qui existe depuis que le gouvernement et la CCQ ont abaissé le niveau de formation nécessaire pour devenir grutier.

Forum ouvrier félicite les grutiers qui persistent dans leur travail pour percer le mur du silence sur leurs conditions. La lutte qu'ils mènent pour leur sécurité et notre sécurité à tous est d'une grande importance.

Le public est de plus en plus au courant que les accidents impliquant des grues se multiplient depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation qui abolit le caractère obligatoire du Diplôme d'études professionnelles (DEP) de 870 heures. Il devient de plus en plus conscient que cette nouvelle réglementation est arbitraire et abusive, qu'elle a été introduite sans la contribution ou le consentement des grutiers et des travailleurs de la construction. Ceux-ci ont fermement dénoncé le fait que ce changement n'a pas été discuté ou négocié avec eux mais a été imposé par le gouvernement et la CCQ, même s'il affecte directement leur bien-être.

Le gouvernement et la CCQ se sont arrogé le droit de remplacer la formation professionnelle obligatoire de 870 heures par une formation très inférieure, contrôlée directement par les entreprises de construction. L'affaiblissement de la norme de formation constitue un conflit d'intérêts flagrant impliquant les entreprises de construction. Le gouvernement et la CCQ ont imposé le changement en ayant recours au pouvoir de la machine d'État bien que cela mette en péril la vie des travailleurs et du public. Les méthodes qui ont été utilisées pour faire cela, sans le consentement des travailleurs, comprennent un appareil de propagande et de désinformation qui présente l'abaissement du niveau de formation comme une mesure nécessaire pour faire face à la pénurie de main-d'oeuvre.

Les travailleurs de la construction ont exposé sans relâche ce lien frauduleux et sans principe que font le gouvernement et la CCQ entre une pénurie de main-d'oeuvre alléguée et la qualification nécessaire aux grutiers. En ce qui concerne une soi-disant pénurie de grutiers, le président de l'Union des opérateurs grutiers a fait remarquer qu'en 2019, près d'un grutier sur six a travaillé moins de 500 heures.

Camion-flèche renversé à Laval,
septembre 2019

L'article du Journal de Montréal décrit les six accidents qui se sont produits impliquant l'opération d'une grue depuis septembre dernier au Québec. Dans tous ces cas, la personne opérant la grue n'avait pas obtenu de DEP. L'article cite aussi un porte-parole de l'Association des entrepreneurs en coffrage structurel du Québec qui expose la charade de la formation en entreprise qui a remplacé le DEP obligatoire. L'entrepreneur admet que quelqu'un comme lui n'est pas bien placé pour former un apprenti grutier à toutes les situations qu'il va rencontrer dans son travail. Tout au plus, ce que la compagnie peut faire est de lui montrer à manipuler certaines commandes. Selon l'entrepreneur, le DEP de 870 heures est un « minimum ».

L'article fait aussi référence à des données gouvernementales qui montrent que la formation professionnelle dans l'ensemble des métiers au Québec est en baisse. Selon les chiffres fournis par le ministère de l'Éducation, pour l'ensemble des métiers, la formation professionnelle compte près de 8800 étudiants de moins aujourd'hui qu'en 2014-2015.

Avant le changement effectué unilatéralement par le gouvernement, la formation professionnelle était obligatoire pour devenir grutier. Depuis l'imposition de la nouvelle réglementation, le nombre des nouveaux grutiers sans formation professionnelle est plus élevé que celui des grutiers qui ont complété leur formation avec succès et reçu le DEP. Sans une formation professionnelle obligatoire, toute mention d'une formation sur le tas dans quelque métier que ce soit est frauduleuse et arbitraire. Le gouvernement et les agences comme la CCQ sont en train de déqualifier les métiers de la construction et les autres métiers pour servir les grandes entreprises. Ils ont recours à ces méthodes pour tirer les salaires vers le bas et permettre à ceux qui possèdent et contrôlent le secteur de la construction de manipuler la classe ouvrière pour favoriser leurs propres intérêts privés étroits, sans égard à la sécurité et à d'autres enjeux importants.

Le gouvernement ne peut pas échapper au blâme et à la honte pour l'augmentation des accidents impliquant l'opération de grues. L'opinion publique est en train de devenir plus informée grâce aux interventions des grutiers et des syndicats de la construction. La pression devient plus grande sur le gouvernement pour qu'il recule et rétablisse la formation professionnelle obligatoire des grutiers.

(Photos : FTQ-Construction, E. Dupuis)


Cet article est paru dans

Numéro 11 - 12 mars 2020

Lien de l'article:
Les grutiers du Québec expriment leurs préoccupations en matière de sécurité : Campagne pour rétablir la formation professionnelle obligatoire des grutiers - Pierre Chénier


    

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