Les éducateurs doivent continuer de parler et d'agir en leur propre nom

Un des défis auxquels fait face le mouvement pour les droits des travailleurs et le droit à l'éducation est de s'assurer que le système de démocratie représentative ne le détourne pas dans un cul-de-sac. Dans la période menant à l'élection provinciale de 2022, les tenants de la démocratie représentative et ses partis cartels tenteront de détourner tout mouvement indépendant pour qu'il devienne une banque de votes pour un des partis qui rivalisent pour des postes de pouvoir à l'Assemblée législative.

À l'heure actuelle, aucune alternative n'est proposée au sein de l'Assemblée législative au programme d'austérité néolibéral. Les travailleurs eux-mêmes et leur mouvement indépendant ont mis en place un programme alternatif et le mettent de l'avant par leurs actions et leur voix.

Les partis cartels, tant au niveau provincial que fédéral, se fondent sur l'hypothèse néolibérale que les travailleurs sont un coût de production et que le rôle du gouvernement de garantir le droit de monopole et de payer les riches doit être soutenu avant toute chose. Ils affirment que c'est seulement par le biais de leurs préjugés néolibéraux que l'économie peut prospérer.

Réduire le « coût » que représente les travailleurs et mettre les fonds économisés entre les mains des riches est le mantra, et voilà, l'économie fleurira. Bien sûr, les partis cartels se disputent sur la meilleure façon de le faire et sur qui devrait contrôler la distribution des fonds publics aux riches. Ils essaient d'inciter les travailleurs à choisir pour quel parti cartel voter et quelles politiques ils devraient préférer et seraient les meilleures ou le moindre mal pour les travailleurs et la société. Ils cherchent à légitimer leur programme d'austérité illégitime. Il va sans dire que cette perspective néolibérale n'a permis de résoudre aucun des problèmes persistants qui affectent l'économie et le système d'éducation de l'Ontario d'une manière qui favorise le peuple.

De la façon dont le système électoral fonctionne, les partis cartels sont censés faire tout ce qu'ils peuvent pour tenter d'apparaître comme les représentants du mouvement ouvrier et s'attirer les faveurs de tel ou tel groupe dans l'espoir de remporter l'élection. Une fois élus, ils sont libres de déclarer que les fonds destinés à l'éducation et aux autres services publics doivent être réduits, soit parce que de nouveaux investissements ne seraient pas possibles, soit parce que des réductions sont inévitables à cause de la taille de la dette et du déficit, qui doivent bien sûr être remboursés et même augmentés parce que les institutions des riches en profitent. Dans cette façon de gouverner, la voix des travailleurs n'est pas censée avoir sa propre expression. Elle est simplement censée devenir l'écho de ce que les différents partis cartels présentent comme étant les enjeux, les solutions et l'ordre du jour.

De plus en plus, les enseignants et les autres travailleurs de l'éducation ont montré qu'ils sont tout à fait capables de penser par eux-mêmes et de parler en leur propre nom sur ce qui est nécessaire pour améliorer le système d'éducation de l'Ontario et résoudre ses problèmes afin qu'il devienne un système vraiment moderne qui garantit le droit à l'éducation pour tous, au plus haut niveau possible. Ils l'ont montré à la fois par leur résistance à l'ordre du jour d'austérité des riches et dans l'arène électorale.


Au cours des actions de grève menées durant les derniers mois en Ontario, les enseignants et les travailleurs de l'éducation ont également fait sauter la notion selon laquelle ils ne sont qu'un groupe de pression qui recherche une bonne couverture médiatique et ne tient pas à exercer son contrôle sur ce qui se produit. Ils parlent en leur propre nom et mobilisent l'opinion publique d'une façon qu'ils définissent eux-mêmes. Ils ont commencé à utiliser de nouvelles formes et de nouvelles technologies pour créer leurs propres forums afin de s'unir et lutter pour leurs droits et les droits de tous, et forger une voie vers l'avant qui favorise le peuple et non l'oligarchie financière.

L'expérience d'avoir eu une enseignante comme candidate indépendante dans Windsor-Tecumseh aux dernières élections provinciales montre également que les travailleurs de l'éducation ne laissent pas l'arène politique à d'autres provenant des partis cartels, qui l'occupent et l'utilisent pour détourner le peuple de la présentation de son propre programme basé sur sa propre vision des choses.

Toutes ces expériences sont le signe d'un mouvement qui se porte bien et deviennent un rempart contre les efforts et le tapage du système de partis cartels qui bloquent les avancées du mouvement et le détournent afin qu'il renonce à sa propre initiative, sa perspective, son ordre du jour et sa voix, et accepte les choix que le système électoral de démocratie représentative impose au peuple.

Pour les enseignants et les autres travailleurs de l'éducation, s'en tenir à leur propre expérience et à un ordre du jour indépendant, tout en continuant d'agir et de parler en leur propre nom et non par le biais de tel ou tel représentant d'un parti cartel, est quelque chose d'essentiel pour aller de l'avant.


Cet article est paru dans

Numéro 11 - 12 mars 2020

Lien de l'article:
Les éducateurs doivent continuer de parler et d'agir en leur propre nom - Laura Chesnik


    

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