Résistance aux réformes
antisociales de l'éducation en Ontario
Une campagne de relations publiques de mauvaise foi pour masquer la dégradation et la privatisation de l'éducation publique
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Encerclement de Queen's Park par un piquetage
massif le 21 février 2020 alors que les
travailleurs de l'éducation des quatre syndicats
en Ontario font une grève commune contre les
compressions du gouvernement Ford dans
l'éducation.
Il y a près d'un an, le gouvernement Ford
annonçait des changements arbitraires, unilatéraux
et antisociaux dans le système d'éducation en
Ontario.
Ceux-ci comprenaient :
- augmentation de la taille moyenne des classes
de la 9e à la 12e année du secondaire
de 22 :1 à 28 :1
- apprentissage électronique obligatoire pour
obtenir le diplôme au secondaire
- élimination du financement pour les priorités
locales des conseils scolaires
- élimination de toute entente passée sur des
exceptions à la moyenne de la taille des classes
de 24,5 :1 pour les classes de la 4e
année du primaire jusqu'à la 8e année.
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Le gouvernement ontarien semble en voie de
procéder à d'autres changements, qu'il présente
comme des concessions de sa part aux syndicats
pour qu'ils mettent fin à leur mouvement de grève.
Le 3 mars, le ministre de l'Éducation Stephen
Lecce a tenu une conférence de presse où il a
présenté comme des « concessions » de
nouveaux changements arbitraires aux mesures
imposées par le gouvernement.
Ces changements qui ont été faits sans qu'ils
soient négociés avec les syndicats
comprennent :
- augmentation de la taille moyenne des classes
à 23 :1, de la 9e à la 12e
année
- apprentissage électronique obligatoire assorti
d'une option pour les parents de ne pas y inscrire
leurs enfants
- rétablissement du fonds pour les priorités
locales sous un nouveau nom mais élimination de
toute voix au chapitre sur l'utilisation des fonds
pour les syndicats qui représentent les
enseignants et les travailleurs de l'éducation.
En plus de démontrer que les grèves des
enseignants et des travailleurs de l'éducation ont
forcé le gouvernement à trouver de nouvelles
manoeuvres pour imposer son programme, les plus
récentes annonces du gouvernement ont montré une
fois de plus qu'un de ses objectifs principaux est
de maintenir que les enseignants et les
travailleurs de l'éducation n'ont pas le droit de
négocier leurs salaires et leurs conditions de
travail qui sont les conditions d'apprentissage de
leurs étudiants.
Même lorsqu'il opère une certaine retraite, le
gouvernement essaie d'imposer son contrôle
unilatéral sur la prise de décision et sur la
direction de l'éducation en excluant les
travailleurs de l'éducation, les étudiants, les
parents et les autres Ontariens préoccupés par la
question.
Lecce a fait son annonce quelques jours à peine
après que le gouvernement a eu à faire face à une
contestation de son annonce arbitraire d'il y a un
an sur les changements de la taille des classes de
la part de l'Association des enseignantes et des
enseignants catholiques anglo-ontariens (OECTA).
L'OECTA a déclaré que le gouvernement ne négocie
pas de bonne foi en imposant des changements à la
réglementation au lieu de les négocier avec ceux
qui vont devoir travailler en étant régis par eux.
Il est clair que les nouveaux changements
arbitraires constituent une déclaration que le
gouvernement n'a pas besoin de négocier, et un
signal au président de la Commission des relations
de travail de l'Ontario (CRTO), qui pilote le
dossier, qu'il doit affirmer la volonté du
gouvernement.
Le gouvernement a parlé à plusieurs
reprises de consultations publiques qu'il a tenues
avant ses annonces du 15 mars 2019 pour
prétendre avoir un mandat pour tous ses
changements antisociaux. Ironiquement, le
gouvernement a tenu à garder complètement secret
le contenu de ces consultations. Une fois que les
résultats ont été finalement révélés, grâce à la
contestation de l'OECTA devant la CRTO, ils ont
illustré à quel point le gouvernement a menti en
prétendant avoir agi en respectant ce que les
parents lui ont dit pendant les consultations. Les
résultats de ces consultations démontrent qu'en
dépit de tous les efforts du gouvernement, il n'a
pas été capable de détruire l'opinion publique,
qui considère l'augmentation de la taille des
classes et l'apprentissage électronique
obligatoire comme des attaques contre la société
et en particulier contre les jeunes. Maintenant,
au lieu de reculer et de respecter l'opinion
publique, le gouvernement essaie de détourner
l'attention de ce qui a été révélé en faisant
d'autres annonces arbitraires.
Il est clair que ces annonces sont une réponse du
gouvernement à la crise qu'il a lui-même créée. Il
pense qu'une campagne de relations publiques va
lui permettre d'éviter la réalité. Avec ces
modifications mineures à ses attaques initiales
contre l'éducation, le gouvernement cherche à
cacher son programme qui vise à saper l'éducation.
Par exemple, sa proposition de permettre aux
parents de ne pas inscrire leurs enfants à
l'apprentissage électronique cache un recours à un
plan B, qui est d'imposer l'apprentissage
électronique par le biais du nombre et du type de
classes qui seront financées. Cela va obliger les
conseils scolaires à offrir plus de cours
d'apprentissage électronique lorsque la taille
moyenne des classes atteint 35 élèves pour un
enseignant. Les parents auront alors le «
choix » de ne pas inscrire leurs enfants à
l'apprentissage électronique obligatoire mais de
se trouver dans une situation où les cours que
leurs enfants veulent ou doivent suivre pour
obtenir leur diplôme ne seront plus offerts dans
une salle de classe. Cette méthode d'utiliser son
contrôle sur le financement pour forcer les
conseils scolaires à s'engager plus à fond dans
l'apprentissage électronique a été révélée par le
Toronto Star comme étant le plan A initial
du gouvernement, présenté maintenant comme une
« concession » sous la forme d'un plan B.
En ce qui concerne sa prétention qu'il maintient
la moyenne de taille des classes actuelles en
instaurant le 23 :1, cela masque
également ce que le gouvernement est réellement en
train de faire. Le gouvernement a démontré pendant
les négociations qu'il veut éliminer les plafonds
locaux de taille des classes dans un certain
nombre mais pas dans toutes les conventions
collectives. En augmentant la moyenne de la taille
des classes à 23 :1 l'année prochaine
sans faire du 23 :1 la limite maximum de
la taille des classes, le gouvernement ne fait que
poursuivre ce qu'il a fait depuis le 15
mars 2019. Cette moyenne n'a rien à voir avec
l'établissement d'un plafond de la taille des
classes individuelles. C'est seulement si on
établit un plafond de la taille des groupes qu'on
peut prévenir la manipulation des moyennes. En
maintenant des tailles de groupes qui sont tantôt
petits ou grands mais qui ensemble respectent la
taille moyenne requise de 23 :1 à
l'échelle des conseils scolaires, on bafoue les
efforts et l'aspiration de maintenir la
taille des classes dans les limites d'un nombre
maximum d'étudiants, lequel fait l'objet d'un
accord.
Enfin, la
réintroduction d'un fonds négocié dans le passé et
appelé « Fonds pour les priorités locales »,
sous le nouveau nom « Appui au fonds pour les
étudiants », masque le fait que les syndicats
de l'éducation ont lutté pour cette initiative et
l'ont remportée et exerçaient un certain contrôle
sur elle. Les enseignants et leurs syndicats
voulaient ainsi dédier ce fonds à l'appui des
étudiants les plus vulnérables et ayant des
besoins spéciaux par l'engagement
d'aides-enseignants, de personnel travaillant
auprès des enfants et des jeunes et d'autre
personnel de soutien qui sont au coeur de
l'éducation spécialisée. L' « Appui au fonds pour
les étudiants » élimine tout rôle des
syndicats et des enseignants dans les décisions
sur le déploiement de ces fonds. Les conseils
scolaires pourront donc les utiliser comme bon
leur semble, sans nécessité aucune de négocier
cette question avec ceux qui fournissent
l'éducation.
La résistance des enseignants et de tous les
travailleurs de l'éducation est le facteur
principal qui force le gouvernement à modifier ses
tactiques dans sa campagne de relations publiques.
Les relations publiques ne sont pas de la
politique. Telles que pratiquées par le
gouvernement actuel, elles sont une forme de
manipulation dont l'objectif est de désinformer
l'opinion publique qui existe et de présenter le
noir pour le blanc. C'est l'art des coins sombres,
qui semble être la profession de ce gouvernement
ontarien et de son ministre de l'Éducation.
Cependant, aussi futé que le ministre puisse
paraître, il lutte contre le mouvement croissant
des êtres humains qui n'acceptent pas le recul
comme étant le progrès parce qu'ils savent
d'expérience ce qui est nécessaire à
l'amélioration de l'éducation et qu'ils parlent en
peur propre nom.
![](https://cpcml.ca/images2020/Education/CuttheClowning.JPG)
«Cut the Clowning» par Megan Simon-Beaudoin
Cet article est paru dans
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Numéro 11 - 12 mars 2020
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